Accueil > 02 - SCIENCES - SCIENCE > Introduction à la dialectique de la nature > Introduction à la dialectique de la nature

Introduction à la dialectique de la nature

dimanche 15 août 2010, par Robert Paris

Engels écrivait dans l’« Anti-Dühring » : « La nature est le banc d’essai de la dialectique et nous devons dire à l’honneur de la science moderne de la nature qu’elle a fourni pour ce banc d’essai une riche moisson de faits qui s’accroît tous les jours. » C’est ce mouvement sans cesse renouvelé, ce dialogue contradictoire permanent entre nature et philosophie, qui permet que la pensée sur le monde, à la fois matérialiste et dialectique, reste dynamique et proche de la réalité sans s’enliser dans une espèce de métaphysique. Lorsqu’à nouveau, la science fournit cette « riche moisson », il est nécessaire de recommencer à y plonger notre philosophie, c’est-à-dire d’enrichir la conception dialectique et matérialiste d’exemples tirés des sciences contemporaines pour en tirer de nouvelles analyses. Qu’y a-t-il de fondamentalement nouveau en sciences, peut se demander le lecteur assidu des revues scientifiques qui constate bien des progrès mais peu d’idées vraiment nouvelles par leur contenu fondamental, peu de nouvelles conceptions philosophiques. Nous allons tenter de montrer que les représentations novatrices sont bel et bien là, même si les revues donnent plus volontiers la place au caractère technique des découvertes qu’au changement conceptuel qu’elles représentent.

La littérature spécialisée en philo/sciences a surtout choisi de retenir au plan philosophique que la physique quantique et la relativité semblaient indiquer une limite à l’Homme dans sa capacité de connaître le monde. On a même parlé d’indéterminisme à ce propos. Avec le quanta, la connaissance sur la matière/lumière avait soi-disant atteint une frontière. On ne pouvait descendre en dessous de cette limite dans notre connaissance. Mais ce n’est pas ainsi que la physique quantique parle : elle affirme que la nature ne descend pas en dessous du quanta en termes d’objet, de mouvement, d’interaction, de précision. Et aussi que les quantités ne peuvent être que des multiples d’un quanta, donc des nombres entiers. Ce n’est pas la même chose du tout. Mais ceci ne concerne que la matière/lumière. Reste la question : le vide contient-il des éléments qui descendent en dessous du quanta ? En effet, on a découvert la structure du vide et cela change fondamentalement nos idées en la … matière. Le vide n’est plus l’opposé de la matière et de la lumière mais une matière fugitive, dite virtuelle, qui fait le lien entre matière et lumière, qui explique l’existence même de la matière, de sa durabilité. C’est le vide qui produit la lumière et la matière, sous leurs diverses formes. Du coup, le monde de la matière n’est plus limité par les inégalités d’Heisenberg, ces fameuses limitations dues aux quanta. Dans le vide, il existe une « matière » qui descend d’un niveau d’organisation en dessous, et même plusieurs sortes de matière qui descendent de plusieurs niveaux d’organisation, puisque qu’existe le virtuel de virtuel, etc… Le vide se matérialise donc. Et nous verrons, inversement, que la matière se bâtit à partir du vide. Enfin, le passé pénètre le présent. On savait qu’on allait vers le passé en portant notre regard dans les étoiles et galaxies lointaines. On sait maintenant qu’en entrant dans les échelles inférieures, on va également vers le passé. Dans le vide, en l’absence de matière, il n’y a même plus de directivité du temps. Passé et présent, matière et vide sont donc interpénétrés à l’infini. La flèche du temps est bien un phénomène émergent issu d’un grand nombre d’interactions de la matière et du vide. La matière est issue du vide mais, en même temps, elle en est la négation. De même que le vide est la négation du virtuel de virtuel.

Cette interpénétration des contraires et cette émergence des structures issues de leurs interactions, on les retrouve ici comme on les a trouvés dans l’étude de la vie et de la mort, dans le combat permanent des gènes et des protéines de la vie et de celles de la mort. Nos images de la matière et de la vie, et même de l’homme, sont profondément changées. Notre philosophie aurait également besoin de l’être, mais ce n’est pas dans ce domaine que les idées avancent le plus vite, la société restant, à juste titre, craintive des effets qu’une philosophie du changement pourrait produire. En ce sens, il ne faut pas attendre des seuls progrès des sciences un changement des mentalités. A ce niveau aussi, ce sont les contradictions qui progressent et non le progrès qui augmente harmonieusement dans tous les domaines (science, technique, société, idéologie). L’ordre social dominant a besoin d’une philosophie de l’ordre. Ce n’est pas pour satisfaire à un point de vue sur les sciences et la nature mais pour défendre sa position dirigeante menacée par d’autres contradictions. Le maintien de l’oppression sur des milliards d’individus sur la planète nécessite une idéologie de la fatalité, de la passivité, le mythe d’un pouvoir supérieur s’imposant aux hommes et justifiant les souffrances de ceux-ci. Si l’étude des sciences est une arme pour ceux qui veulent construire une pensée révolutionnaire, elle ne peut suppléer aux idées révolutionnaires ni à la révolution sociale elle-même. Il ne s’agir pas de demander aux scientifiques, aux économistes, aux historiens, ni aux philosophes de devenir des révolutionnaires. La plupart ne le veulent pas et ce n’est pas étonnant. Par contre, nous réaffirmons la nécessité, pour ceux qui veulent comprendre le monde afin de le changer, d’appréhender la philosophie du changement, la dialectique. Les résultats récents des sciences peuvent, pour cela, être d’une aide fondamentale. Un rapide tour d’horizon de ces changements conceptuels réalisé dans ce chapitre sera suivi d’un examen domaine par domaine.

On a bien remarqué un progrès régulier des sciences et plus encore des techniques mais de là à parler de nouvelles découvertes fondamentales. Quelles sont ces innovations conceptuelles de la deuxième moitié du 20e siècle qui auraient marqué le développement des sciences, au point de mériter le terme de révolution scientifique et de nous amener à devoir modifier notre pensée sur le monde ?

Read here - lire ici

Messages

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.