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La République Soviétique de Hongrie (1919) : un texte d’Alan Woods. 2ème partie : du début de la guerre en 1914 à la vague de grève de 1917

jeudi 26 août 2010

La République Soviétique de Hongrie (1919) : un texte d’Alan Woods. 2ème partie : du début de la guerre en 1914 à la vague de grève de 1917

Dans cette deuxième partie on voit que la Hongrie, la partie la plus pauvre de l’empire d’Autriche-Hongrie, comme la Russie, voit un effondrement progressif de l’état vers la fin de la guerre. Le coup de grâce est donné par l’impact de la révolution russe d’octobre 17. La Russie était dans le camp opposé, mais la politique des bolcheviks à Brest-Litovsk crée les bases pour que les travailleurs qui se tuaient les uns les autres lorsqu’ils étaient menées par leurs bourgeoisie, commencent à s’unir politiquement après que la classe ouvrière a pris le pouvoir en Russie. Car leur objectif est le même en 1917 : avant tout mettre fin à la guerre. Avec un décalage de quelques mois, la situation en Hongrie est parallèle à celle de la Russie : en 1917, suite à une vague de grève qui commence à ébranler le pouvoir, Karoly, un "Kerenski russe" pointe son nez, anticipant l’effondrement de l’empire Austro-hongrois ...

L’éclatement de la première guerre mondiale

Le traitement brutal et dégradant des minorités nationales tout au long de l’histoire hongroise s’avérera être le talon d’Achille de la classe dirigeante hongroise. Il y avait besoin d’une force sociale capable de galvaniser ces forces dans l’assaut final contre l’oligarchie régnante.

En vertu de son rôle clé dans la production, sa cohésion, organisation et conscience de classe, seule la classe ouvrière, malgré son infériorité numérique, était capable de jouer ce rôle.

Le prolétariat hongrois était une classe plus récente et moins puissante que ses cousins autrichiens et allemands. En 1910 seulement 17% de la population travaillait dans l’industrie, et 49% parmi eux dans les usines de moins de 20 ouvriers.

Mais à Budapest et ses environs, la grande industrie se développait, nourrie par une large infusion de capital étranger.

Plus de 50% de l’industrie y était concentrée. De plus le développement inégal de l’industrie est illustré par le fait que 38% de la force de travail était concentrée dans des usines de plus de 500 ouvriers. Ces bastions géants du travail allaient jouer un rôle décisif dans les événements de 1918-1919. 82 cartels géants contrôlaient l’ensemble de l’industrie (26 d’entre eux hongrois, 56 austro-hongrois).

A la veille de la première guerre mondiale, la Hongrie était clairement en situation de dépendance semi-coloniale par rapport à l’Autriche et l’Allemagne, constituant une colonie agricole qui exportait de la nourriture en Autriche en échange de produits industriels. Les intérêts de la bourgeoisie hongroise étaient inextricablement liés à ceux de l’état policier bureaucratique Austro-hongrois et l’oligarchie des grands propriétaires, dont l’expression politique était le Parti libéral.

Derrière le clinquant de la phraséologie nationaliste par lequel le bourgeois hongrois s’évertuait à maintenir sa base dans les masses, la réalité de son impuissance absolue et de sa dépendance servile envers l’impérialisme austro-hongrois se révéla brutalement en 1914.

LA guerre impérialiste jeta toute la société dans le creuset. Supporté avec enthousiasme par l’oligarchie et l’Eglise, la guerre contre la Sibérie reçue la bénédiction du parti de 1848, le parti de la bourgeoisie « libérale » qui avait depuis longtemps abandonné ses rêveries de jeunesse pour lier son sort à celui des brigands impérialiste de Vienne et Berlin.

Au début de la guerre, comme dans les autres pays, la classe ouvrière fut paralysée par la première vague d’enthousiasme patriotique. Les leaders sociaux-démocrates, en dépit de leurs précédentes phrases « de gauche » empruntées à ceux qu’on appelle les « austro-marxistes », prirent en marche le train du patriotisme. Il justifiaient la guerre comme « défense de la démocratie contre la barvbarie russe » et même « pour une journée de travail plus courte et de meilleurs salaires », pr^chant la collaboration et la « paix des classes ».

Mais avec la guerre qui se prolongeait, la douloureuse réalité revint chez les ouvriers et les paysans. La « guerre pour une journée de travail plus courte » signifiait pour les travailleurs trimer 60 heures par semaine. Les enfants de 10-12 ans travaillaient 12 heures par jour et encore plus à l’usine. Le profits montaient en flèche et les salaires chutaient régulièrement. En 1916 la monnaie valait 51% seulement de son cours d’avant-guerre, chutant brutalement par la suite. Les perturbations de la guerre causaient l’effondrement de l’industrie.

Les conditions au front étaient pires. Des centaines de milliers de soldats hongrois périrent misérablement lors du froid et neigeux hiver 1914-15 dans les montagnes de Carpates. Sur une armée de neuf millions, plus de cinq millions furent tués, blessés, faits prisonniers ou portés disparus à la fin de la guerre. Parmi eux deux millions de hongrois.

Le mécontentement dans la composante hongroise de l’armée Austro-hongroise conduit à des cas où les troupes étaient amenées au combat en sandwich entre des soldats allemands et autrichiens avec des mitrailleuses braquées dans leu dos. La désertion atteint des proportions massives à l’approche de la fin de la guerre.

Effets de la révolution d’Octobre

Tout au long de 1915 et 1916 il y eut une permanente augmentation du nombre de grèves. L’épuisement, la lassitude des masses face à la guerre fut aggravé dans le cas de la Hongrie par un brulant sentiment d’oppression national. L’agitation croissante dans les usines, les casernes, les quartiers ouvriers provoqua des dissensions dans les rangs de la classe dirigeante.

Dès 1915 le comte Karoly fonda son Parti de l’Indépendance, pacifiste et anti-germanique et tenta de rentrer en contact avec les alliés, indiquant que les plus clairvoyants représentants de la bourgeoisie, sentant la probabilité d’une défaite allemande, étaient près à se jeter dans les bras de l’impérialisme franco-anglais et se hisser au pouvoir appuyés par les baïonnettes des alliés plutôt que celles des allemands.

La Révolution de février en Russie donna une puissante impulsion au mouvement révolutionnaire en Hongrie. Le 1er mai 1917 une vague de grèves et de manifestation massive aboutit à la chute du gouvernement réactionnaire du comte Tisza le 23 mai. A un nouveau gouvernement fut formé par le comte Eszterhazy, qui tenta de louvoyer entre les classes avant que la situation devienne incontrôlable. LA coalition gouvernementale fut élargie pour inclure différents groupes bourgeois, alors que le SPD parti social-démocrate soutenait le gouvernement de l’extérieur.

Les travailleurs interprétèrent à juste titre ce pas comme un signe de faiblesse et profitèrent de l’avantage. Le nouveau gouvernement fut accueilli par une vague de grève, qui éclatèrent spontanément, malgré l’opposition des dirigeants syndicaux « modéré ». L’un d’eux, Samu Jasza, admit plus tard que « déjà en 1917 il y eut beaucoup de grèves bien que les syndicats insistaient pour qu’il n’y ait pas d’arrêts de travail ». Ces pauvres dirigeants ouvriers furent obligés d’être à la remorque, pour ne pas perdre toute leur influence sur les travailleurs.

La victoire de la Révolution d’Octobre en Russie eut l’effet d’une décharge électrique ne Hongrie. La magistrale agitation anti-guerre de Trotsky à Brest-Litovsk lors des négociations de paix reçut une réponse immédiate des travailleurs, soldats et paysans exténués. La revendication d’une « paix sans annexions et sans indemnités » eut de l’écho dans les usines, les villages et les tranchées ». Sous la pression irrésistible des masses, le parti anti-guerre de la bourgeoisie, conduit par Karoly, le « Kerenski » hongrois, trouva un nouveau courage pour appuyer leur demande.

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