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Editorial 21-09-2010 - Qu’est-ce qui se trame au Niger, en Mauritanie, au Mali, au Tchad et dans tout le Sahel ?

mercredi 22 septembre 2010

Mine d’uranium pour Areva

La PDG d’Areva en conversation avec l’ancien dictateur du Niger

L’armée française au Sahel

Coup d’état au Niger

Coup d’état en Mauritanie


Qu’est-ce qui se trame dans le Sahel ?

La France est entrée en guerre à la fois dans quatre pays, mais la gauche et les syndicats sont incapables de dénoncer cette action. En effet, Sarkozy se fait passer pour l’attaqué et, pas par n’importe qui, par le terrorisme d’Al Qaïda ! Qui oserait dénoncer l’intervention militaire française alors que des civils français ont été enlevés et qu’un a été assassiné ?

Cela fait un moment que Sarkozy cherchait un thème pour détourner de la question sociale, des emplois, des salaires, des services publics et des retraites, un thème sur lequel il pourrait intervenir sans que l’on puisse le critiquer. Il a essayé l’identité française, les jeunes de banlieue, les sans-papiers, les Roms. Et maintenant, c’est le terrorisme islamiste…

Voilà une accusation qui peut sembler gratuite : ce n’est pas Sarkozy qui a inventé Al Qaïda et les travailleurs ne peuvent qu’être opposés au terrorisme. Sous-entendu, chacun doit être aux côtés de l’armée française quand elle intervient contre Al Qaïda, que ce soit au Niger, en Mauritanie, au Tchad, au Mali et, pourquoi pas, au Maroc et en Algérie, dans tout le Sahel où sévit le groupe dit AQMI, « Al Qaïda au Maghreb islamique »…

Mais les travailleurs doivent être contre tous les terrorismes et, particulièrement, contre le plus puissant : celui des impérialismes comme la France et les USA. Il y a bien plus de victimes civiles dans le monde dues aux armées de ces deux puissances que du fait des groupes intégristes. Et, dans le cas présent, en plus des victimes françaises, il y a déjà des victimes civiles des interventions françaises aux côtés des armées locales. Par exemple, deux femmes ont été tuées dans une intervention française aux côtés de l’armée mauritanienne. Cela aussi, c’est du terrorisme et nous devons le dénoncer.

Quand la France soutient toutes ces dictatures, ce n’est pas pour combattre le terrorisme, mais pour défendre leur exploitation du territoire, comme l’uranium du Niger… Un minerai qui allait servir pour le nucléaire militaire français (les bombes atomiques quoi de plus terroriste comme à Hiroshima et Nagasaki, même si, pour le moment on ne s’en sert pas). Qui, sinon la France, a aidé à organiser les coups d’états militaires au Niger et en Mauritanie ? Quelles concurrences avec la Chine et les USA sont à la source des interventions françaises, bien plus que la lutte contre le terrorisme ? N’est-ce pas plutôt une lutte contre l’influence chinoise, notamment à Agadez et Arlit, pour le contrôle des mines d’uranium ? L’ancien dirigeant du Niger n’avait-il pas trop tendu la main à la Chine aux yeux de la France ? N’est-ce pas du terrorisme contre les civils d’exploiter ainsi les mines de ces régions en contaminant gravement les population et en refusant de les indemniser ? N’est-ce pas ignoble de piller ces richesses en enlevant le bénéfice aux peuples ? N’est-ce pas ainsi que l’on favorise la propagande des idéologies des intégristes ?

Mais, direz-vous, Sarkozy n’y est pour rien si AQMI a attaqué des civils français ? Il ne fait que les défendre et tenter de les récupérer en attaquant ces terroristes ? Les protéger dites vous ? Mais on apprend que dès le début des vacances, le gouvernement français savait que des groupes agissaient près des mines d’uranium du Niger où travaillaient des salariés de Areva, le trust du nucléaire. Et il n’a rien fait pour les avertir ni les protéger. D’autre part, il a mené des opérations militaires dans ces divers pays en annonçant ainsi qu’il déclarait la guerre à AQMI. Il a cherché à se faire de la publicité en montrant que, lui contrairement aux autres puissances comme l’Espagne, réussissait à libérer des otages grâce à ses forces armées. Résultat : l’otage français a été tué.

Le terrorisme n’a pas été vaincu par l’intervention française, loin de là. Pas plus qu’en Afghanistan où « la France » poursuit sa guerre terroriste. L’impérialisme français ne peut prétendre qu’en Afghanistan, il défendait des civils français, ni qu’il y établit la démocratie, ni qu’il a fait baisser le niveau du terrorisme, ni même que ce pays l’a attaqué. Et il est clair que si tous les pays riches y interviennent massivement et sans succès depuis dix ans, c’est que le peuple afghan ne semble pas convaincu du bien fondé de cette intervention...

De plus, les rodomontades de Sarkozy face à AQMI ont mis le peuple travailleur de France sous la menace de nouveaux attentats sur le sol français cette fois. S’ils avaient lieu, cela ne dérangerait même pas la stratégie du président, puisque cela polariserait la situation en France sur la crainte de nouveaux attentats et pousserait la population, plutôt que de se mobiliser sur la politique anti-sociale, à se fier au gouvernement pour la protéger…

Malgré tous ces éléments, les partis de gauche, des verts au parti socialiste et au parti communiste, ne s’estiment pas assez informés. C’est tout ! Ils n’émettent aucune critique sur l’exploitation des richesses de l’Afrique. C’est normal : ils ont toujours été pour, qu’ils soient au gouvernement ou dans l’opposition.

Quand aux syndicats de travailleurs, ces spécialistes en saucissonnage des luttes en journées d’action inoffensives, ils se taisent, faisant comme si la défense des intérêts des travailleurs pouvait se développer sans combattre les calculs des classes dirigeantes.

Voilà jusqu’où vont les crimes de l’impérialisme français et de la droite aujourd’hui au gouvernement, voilà jusqu’où va la complicité des soi-disant représentants politiques et syndicaux des travailleurs…

Messages

  • Areva en Afrique, à paraître en février 2012
    Une face cachée du nucléaire français.

    Contrecarrant « le mythe de l’indépendance énergétique de la France grâce au nucléaire », puisque l’uranium alimentant le nucléaire civil et militaire provient depuis longtemps et pour une large part du sous-sol africain, Raphaël Granvaud détaille les conditions dans lesquelles la France et Areva se procurent un uranium au meilleur coût, au prix d’ingérences politiques et de conséquences environnementales, sanitaires et sociales catastrophiques pour les populations locales.

    La suite ici .

  • Le groupe nucléaire français Areva s’est engagé à verser 35 millions d’euros au Niger, à titre de "compensation" pour l’année de retard prise dans le chantier de la mine d’uranium géante d’Imouraren.

    C’est un procédé un peu particulier, pour ne pas dire opaque, que certaines associations n’hésitent pas à comparer à un « don fort humiliant » : dans les prochaines semaines, la firme française spécialisée dans l’énergie nucléaire, Areva, devrait s’engager à verser une « aide exceptionnelle » de 35 millions d’euros à l’État du Niger. D’un côté comme de l’autre, on affirme que rien n’est signé et que les négociations sont toujours en cours. Mais on admet que ce n’est plus qu’une question de semaines. Et que la somme avancée est la bonne.

    Selon Hassoumi Massaoudou, le directeur de cabinet du président nigérien Mahamadou Issoufou (un ancien cadre d’Areva), la firme française, qui exploite trois gisements au Niger, s’est engagée à verser cette « aide » à titre de « compensation » pour l’année de retard prise dans le chantier de la mine d’uranium d’Imouraren. Lorsqu’en 2009, Areva s’était vu accorder le permis d’exploitation de ce gisement très convoité qui contient l’une des plus importantes réserves du monde (180 000 tonnes estimées), il était prévu qu’elle démarre l’exploitation en 2012. Puis, après l’enlèvement d’un de ses salariés (ainsi que de son épouse et de quatre employés d’une filiale, tous français) en septembre 2010, l’échéance avait été repoussée à 2014. Maintenant, on parle de 2015, plus sûrement de 2016, et peut-être même de 2017… Inacceptable pour les autorités nigériennes, qui ont haussé le ton en octobre.

    Lire l’article sur Jeuneafrique.com : Areva "cadeaute" le Niger

  • Au Niger le président de la République depuis 2011 est un ancien très haut cadre de la multinationale AREVA, vous savez ce producteur d’électricité made in France, qui est un des trusts du nucléaire le plus puissant au monde.

    Mahamadou Issoufou est né en 1952 à Dandadji dans la région de Tahoua.
    Il est directeur national des Mines au ministère des Mines et de l’Énergie de 1980 à 1985, puis directeur d’exploitation de la mine d’Arlit (appartenant à AREVA), puis secrétaire-général de la Société des mines de l’Aïr (SOMAIR, filiale d’AREVA) jusqu’en 1991, avant de démissionner et d’entamer une carrière politique.

    Ce président a été formé à l’école des Mines en France, qui forme les cadres dirigeants de toutes les multinationales françaises.

    À la faveur des mouvements démocratiques des années 1990, il crée, avec plusieurs de ses anciens compagnons des mouvements estudiantins, notamment de lycée, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Taraya), d’obédience socialiste.

    Quand le socialiste Hollande vole "au secours" du Sahel en envoyant l’armée française génocidaire au Rwanda, c’est pour sauver l’uranium et les profits d’Areva et détourner la colère sociale des prolétaires d’ afrique et d’Europe, au prix peut être d’un nouveau bain de sang contre les peuples.

  • Mauritanie : contre qui la France est-elle en guerre au Sahel ? (Contre les peuples et contre les autres iméprialismes.)

    Publié le 7 septembre 2010 par Issa Bâ (survie est une assoc. qui dénonce de longue date la Françafrique)

    Comment le chiffon rouge du terrorisme permet aux puissances étrangères d’affirmer leur présence militaire dans la zone sahélienne.

    C’est le 22 juillet que la presse espagnole dévoilait l’opération militaire franco-mauritanienne dans le désert malien pour libérer le Français Michel Germaneau, retenu en otage par Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) depuis le 19 avril.

    Du côté des autorités françaises, ni le ministère des Affaires étrangères ni celui de la Défense, pas plus que Nicolas Sarkozy ne commentaient l’affaire.

    A l’inverse, le pouvoir mauritanien triomphait bruyamment et se félicitait du succès d’une opération militaire visant à prévenir l’attaque d’une base militaire par cent cinquante combattants de l’AQMI.

    Il remerciait aussi la France pour son soutien logistique et technique tandis qu’à Paris, le ministère de la Défense reconnaissait, du bout des lèvres, un appui à l’opération. La presse ibérique maintenait toutefois que des soldats français avaient participé directement à l’opération. Ce que semblait confirmer, contraint, le ministère français de la Défense en avouant la participation au raid de vingt à trente soldats des forces spéciales et que le but était bien la libération de Michel Germaneau.

    Libération d’un otage ou prévention d’une attaque ? Mauritaniens et Français ne sont visiblement pas sur la même ligne. Un décalage compréhensible dans la mesure où la lutte contre le terrorisme sert davantage l’image du président, Mohamed Ould Abdel Aziz qui évite ainsi de passer pour un larbin de l’armée française.

    Or l’armée mauritanienne n’a nullement les capacités, malgré les formations dispensées par les Français, de mener une telle opération. Si l’on rajoute que quelques dizaines d’hommes des forces spéciales, à la puissance de feu redoutable, se suffisent amplement à eux-mêmes, on peut estimer que les Mauritaniens ont seulement fourni quelques guides et véhicules.

    Qui pour contrôler la poltique de la France dans la région ?

    Mais au-delà de la forme, ce raid soulève de graves questions sur notre fonctionnement politique et nos relations avec les pays africains.

    D’une part, comme le dénoncent les députés mauritaniens de l’opposition, cette attaque constitue un authentique acte de guerre, sans qu’aucun parlementaire d’aucun pays n’ait jamais été consulté.

    Ensuite, les autorités maliennes ne furent même pas informées de cette attaque sur leur sol. C’est dire en quelle estime, on tient la souveraineté du Mali.

    Cela dévoile aussi la nature des relations entre la France et la Mauritanie. Celle-ci n’étant qu’un pion ou un vassal servant de paravent pour cette opération décidée vraisemblablement le 13 juillet, lors d’une rencontre Sarkozy-Abdel Aziz. C’est aussi un des dividendes du soutien élyséen au putsch et aux fraudes électorales qui ont permis au président mauritanien de s’installer au pouvoir.

    En outre, la France, malgré l’échec de l’opération, montre qu’elle peut mener des opérations militaires n’importe où dans la région et personne n’a rien à en dire, même les autorités des pays où elle intervient.

    Au vu des discours martiaux tenus par MM. Sarkozy, Fillon, Morin et Kouchner, l’assassinat de Michel Germaneau va servir à légitimer une présence militaire française accrue, puisque « nous sommes en guerre contre AQMI » et que « nous allons renforcer notre présence », etc.

    L’armée française forme déjà officiellement des militaires dans la région, mais cette opération a permis de révéler quelques éléments inconnus sur la présence de soldats hexagonaux en Mauritanie. Selon des informations concordantes, l’opération militaire serait partie de la base de Bassikounou (à l’extrême sud est du pays) où la population faisait état, depuis un certain temps déjà, de va-et-vient d’hélicoptères (dont l’armée mauritanienne est dépourvue) et de la présence de militaires « blancs ». Ceux-ci ne circulant pas en dehors de la base, on ne peut que spéculer sur leur nationalité mais les américains étant installés ailleurs dans le pays, il est fort probable qu’ils soient français.

    Pourtant les autorités des deux pays ont toujours répondu aux députés mauritaniens que les seuls formateurs militaires français présents étaient bien plus au nord, à Atar qui dispose d’un aéroport.

    Plus grave, l’examen des photos de l’attaque franco-mauritanienne montre que le camp était plutôt celui de trafiquants et non pas de terroristes préparant une attaque d’envergure. Malgré les affirmations des autorités mauritaniennes selon lesquelles une grande quantité d’armes ont été saisies et brûlées, mais nulle photo d’un tel stock...

    C’est aussi l’avis de plusieurs informateurs ayant des relations dans l’appareil sécuritaire, tel que Jeremy Keenan, anthropologue britannique très au fait des dessous du terrorisme dans la région.

    Si cela est vrai, la France a mené un raid militaire illégal en territoire étranger pour, au final, assassiner sept personnes, seulement coupables d’être de petits trafiquants, sans que cela ne suscite le moindre questionnement.

    Par ailleurs, on peut s’interroger sur le contenu des photos diffusées par la télévision nationale mauritanienne montrant, sur le corps d’un des « terroristes » tués, des traces de coups, de lacérations, bref de tortures...

    Au retour du raid franco-mauritanien, l’enlèvement de deux éleveurs nomades maliens, « membres » d’AQMI, avait été dénoncé par des autorités locales maliennes. Ils ont finalement été relâchés quelques semaines plus tard, alors que les autorités françaises avaient nié la réalité de ces enlèvements, soit que les militaires français y ont directement participé, soit qu’ils ont cherché à couvrir leurs homologues mauritaniens.

    Quelle véracité pour la menace islamiste ?

    Toute cette affaire amène inévitablement à s’interroger sur Al Qaida au Maghreb islamique. AQMI est coupable d’avoir enlevé et/ou assassiné des ressortissants occidentaux, d’avoir attaqué à plusieurs reprises les armées mauritaniennes, maliennes et algériennes et de prélever des taxes sur les trafics de la région, notamment de drogue.

    Par ailleurs, alors qu’aucun contact n’a jamais été établi entre ces terroristes et quelques médias que ce soient, ces derniers sont toujours prompts à livrer un tas d’informations détaillées sur la structuration du mouvement : qui en est le chef, quelles sont les rivalités de pouvoir entre les émirs, leurs profils politico- psychologiques, lequel contrôle quelle région, leur armement, leur nombre variant de trois cents à mille etc.

    Les sources sont toujours les mêmes sources sécuritaires, presque exclu- sivement algériennes. Mais si les autorités algériennes sont capables de tant de détails, s’ils correspondent toutefois à une réalité, c’est qu’AQMI est infiltré.

    Il serait alors facile de l’anéantir, surtout avec les moyens de surveillance modernes ou traditionnels car contrairement à la représentation que l’on en a en Occident, le désert n’est pas une vaste zone aveugle, pour circuler, il y a des routes et les nomades sont aussi partout présents...

    L’Algérie, parrain régional ?

    Est-ce à dire qu’AQMI bénéficierait de la complicité de l’Algérie ? Des analystes vont plus loin. Ainsi, François Géré, président de l’Institut français d’analyse stratégique et chargé de mission pour l’Institut des hautes études de la défense nationale, a déclaré, sur RFI le 24 juillet, à propos d’Abou Zeïd qui retenait en otage Michel Germaneau, qu’il y a « des doutes sur son indépendance totale à l’égard des services de sécurité algériens. »

    Jeremy Keenan affirme qu’« Abou Zeïd est lui-même considéré comme un agent du DRS », c’est-à-dire de la sécurité militaire algérienne réputée être le cœur du pouvoir algérien et dirigé par le général Mohamed Médiène, dit « Toufik ».

    Mais quel serait l’intérêt de l’Algérie à instrumentaliser ceux qui la menacent ? Pour Salima Mellah, animatrice de l’organisation de défense des Droits de l’homme algérienne Algeria-Watch, comme pour François Gèze, directeur des éditions La Découverte, « le terrorisme résiduel » du GSPC est un des instruments (des chefs de l’armée algérienne) pour consolider leur mainmise sur les richesses du pays et pour se légitimer auprès des puissances occidentales. »

    Pour Jeremy Keenan toujours, « toute la stratégie du DRS en créant l’AQMI dans la région sahélienne en 2006, a été de convaincre les Occidentaux, et en particulier les États-Unis, du rôle indispensable de l’Algérie comme gendarme régional » (Rue89, 9 août 2010).

    De même, en déstabilisant ses voisins sahéliens grâce à AQMI, et forte de sa puissance militaire, Alger se pose en parrain régional sans qui rien n’est possible dans la région. Les Algériens, très en froid avec les Français et les Américains (depuis 2006 et une sombre histoire d’espionnage), ont maintenant des tentations hégémoniques et cher- chent à chasser les Occidentaux du Sahel considérant la région comme leur chasse-gardée.

    Dans ce contexte, certains ont interprêté l’enlèvement de Pierre Camatte, en décembre 2009, comme un premier avertissement à destination des autorités françaises. Ce ne fut vraisemblablement pas suffisant. En avril, Michel Germaneau fut enlevé. Les revendications peu claires de ses ravisseurs et le refus de négocier sont vues comme une condamnation à mort, geste encore plus ferme à destination de Paris.

    Dans cette optique, l’assaut français pourrait être la réponse du berger à la bergère : non seulement, nous ne nous en allons pas, mais en plus, on intervient militairement avec nos forces spéciales, peu importe que Germaneau soit là ou non. Une version à considérer toutefois avec prudence tant il subsiste des zones d’ombres.

    Bataille géopolitique dans l’arrière-cour de la France

    Derrière ce « grand jeu » sahélien, où l’on retrouve aussi les Etats-Unis avec l’initiative pan-Sahel (PSI), la Chine (au Soudan), la Grande-Bretagne ou la Libye, il y a évidemment le contrôle des réserves énergétiques (pétrole, gaz, uranium, ainsi que le potentiel, pour l’instant assez lointain, d’énergie solaire) que recèle la région et des flux qui vont la traverser (comme par exemple, le Transsaharian. Gas Pipeline ou l’exportation du pétrole malien bientôt en exploitation). Et pour cela, rien de mieux que d’être présent militairement et d’avoir la mainmise sur les forces de sécurité de la région.

    Comme le souligne, Mehdi Taje, chercheur à l’Institut d’études stratégiques de l’Ecole militaire de Paris, « le jeu des puissances étrangères amplifie [la] menace [islamiste]. Parce que ça sert leurs intérêts. Ce qui leur permet de se positionner militairement. En agitant le chiffon de la menace islamique, la France s’aligne sur certaines ambitions américaines. » Pour lesquelles il dit qu’ « officiellement il s’agit de renforcer les capacités des armées locales. Officieusement c’est une manière d’affirmer leur présence militaire » (L’Humanité, 29 juillet).

    Au-delà des ambitions économiques, on peut aussi retrouver dans la geste sarkozyste, l’ambition mégalomaniaque d’une France puissance mondiale qui doit être présente, surtout là où d’autres veulent la chasser. C’est exactement la façon de faire de Nicolas Sarkozy, jamais en reste d’outrances, décrivant un axe du terrorisme allant du Pakistan jusqu’au Sahel.

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