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Editorial - Le prolétariat d’Egypte a fait chuter Pharaon

samedi 12 février 2011

Le prolétariat d’Egypte a fait chuter Pharaon - Lui seul peut en finir avec le système d’exploitation.

Ce n’est qu’un début, le combat continue...!

Moubarak est tombé. Si, aujourd’hui, tous s’en félicitent, y compris les grandes puissances comme la France ou les USA meilleurs amis jusque là du dictateur, il ne faut pas oublier qu’elles prétendaient toutes que "l’Egypte n’est pas la Tunisie", sous-entendant ainsi que l’armée pouvait lâcher Ben Ali mais pas Moubarak, ou encore prétendant que le premier était corrompu mais pas le second !

Et, effectivement l’Egypte n’est pas la Tunisie ! C’est l’un des pays les plus prolétarisés du monde avec un prolétariat très concentré dans un petit nombre de villes et qui a mené depuis 2005 de grandes luttes où il s’est organisé de manière autonome des syndicats réformistes. C’est d’ailleurs la grève des ouvriers du textile de 2008 qui avait lancé la liaison via internet entre les grévistes. Les blog, ce sont des travailleurs qui les ont utilisé en premier en Egypte, au prix de la liberté et de la vie.

Mercredi dernier, de manière massive, spontanée et autonome (sans consigne ni d’un El Baradei, ni des Frères musulmans, ni de personne), les travailleurs de tous les secteurs (du Textile au canal de Suez en passant par les cheminots et le personnel hospitalier) ont débuté une grève de masse impressionnante. Il est devenu clair pour les classes dirigeantes que le maintien de Moubarak n’était plus pour elles une protection mais un grand danger... Au bout d’une journée de mobilisation générale des prolétaires d’Egypte, le "raïs" est tombé...

Et maintenant ce sont tous les autres, les Bouteflika, Khadafi, Saleh, Hussein et Mohamed VI qui se demandent qui sera le prochain de la liste... C’est la crise mondiale du système capitaliste entamée en 2008, et pas seulement des circonstances propres à tel ou tel pays, qui est en train de frapper et elle remet à l’ordre du jour la révolution prolétarienne... malgré les discours de tous ceux qui prétendaient l’avoir définitivement enterrée ! Et, dans le Maghreb et le monde arabe, la révolution frappe le maillon faible de la chaîne impérialiste. Les dictatures qui y gouvernent ont été voulues et mises en place sous l’égide de l’impérialisme et pour son plus grand profit. Et c’est la crise de sa domination qui les a précipités dans la révolution.

Dès les premiers combats, en Tunisie et en Egypte, on a vu les masses populaires faire renaître des comités de quartiers, des conseils ouvriers, des formes d’armement élémentaires des masses qui caractérisent les révolutions sociales.

Le conseil militaire qui gouverne prétend d’abord rétablir l’ordre (l’ordre ancien’ et la sécurité (celle des riches... Et il l’a montré dès le premier jour en évacuant par la force des manifestants et en réprimant violemment une grève pour les salaires.

Même si la dictature de Moubarak a fédéré contre elle toutes les révoltes, cette révolution sociale pose des questions bien plus profondes, mettant en cause fondamentalement la dictature sociale de l’Egypte, un pays où se côtoient grandes fortunes et grandes misère. La misère, le chômage et le manque de logements sont des maux criants en Egypte et ce n’est pas le remplacement de Moubarak par un pouvoir militaire ou civil qui va changer cela car ce que veulent les militaires en mettant en place le nouvel ordre, c’est justement stabiliser la dictature sociale, des exploiteurs contre les exploités, c’est-à-dire le contraire de ce que veut le peuple travailleur !

L’Egypte est à la frontière entre une révolution sociale s’attaquant aux classes dirigeantes et détruisant l’Etat dictatorial de la bourgeoisie et une contre-révolution sanglante de l’armée... On ne peut pas rester longtemps devant un tel abîme... La révolution ne fait donc que commencer en Egypte comme en Tunisie !!

C’est bien ce que craignent toutes les bourgeoisies du monde comme le montre la dernière déclaration du chef du gouvernement français. Il ne se félicite pas de la victoire populaire mais de « la décision courageuse de quitter le pouvoir » ! Et il s’empresse auprès du roi, dictateur d’Arabie saoudite pour l’assurer de son soutien, lui qui venait d’exprimer son soutien à Moubarak !

C’est dire que les prétendues préoccupations démocratiques des grandes puissances sont surtout la préoccupation d’empêcher les peuples de Tunisie et d’Egypte notamment d’aller vers un véritable changement social.

A l’inverse, pour les travailleurs de France et du monde, nos espoirs doivent aller vers la poursuite de la lutte jusqu’à éradication de la dictature sociale et vers la prise de pouvoir par les comités d’ouvriers, de paysans et de soldats...

Messages

  • Elle s’appelait Shaimaa al-Sabbagh. Elle est morte au Caire, tuée par un tir d’arme à feu, au pied de la gerbe de fleurs qu’elle venait de déposer. Une gerbe de fleur en hommage à la révolution commencée quatre ans plus tôt sur cette même place Tahrir. Aujourd’hui, la révolution est morte. La liberté aussi. Shaimaa aussi. "Al-Sissi le sanguinaire !"

    La police égyptienne dément, explique qu’elle a tiré avec des gaz lacrymogènes. On parle de tir de chevrotine. Depuis l’éviction de Morsi, 1 400 militants islamistes et plus de 15 000 personnes ont été arrêtés, certains condamnés à mort. Le spectre de l’islamisme et du débordement salafiste instrumentalisé par l’armée sert maintenant à faire partir le spectre de la révolution. "La chasse aux barbus" est ouverte et beaucoup s’en accommodent très bien. Et cela couvre la chasse aux révolutionnaires... Le pouvoir militaire ne laisse que le choix : mourir sous la dictature de l’armée ou sous celle de la charia.

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