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La révolte du monde arabe est-elle une révolution démocratique bourgeoise ou nécessite-t-elle la construction d’un monde nouveau débarrassé de l’exploitation capitaliste ?

Friday 25 March 2011

La révolte du monde arabe est-elle une révolution démocratique bourgeoise ou nécessite-t-elle la construction d’un monde nouveau débarrassé de l’exploitation capitaliste ?

Des pays comme la Tunisie, l’Égypte, le Yémen, Bahreïn, la Libye, la Syrie, etc., des villes comme Tunis, Gafsa, Sfax, Kasserine, Le Caire, Alexandrie, Suez, Sanaa, Aden, Tripoli, Benghazi, Misrata, Tobrouk, Damas, Deraa, Latakieh, Homs, etc. sont en feu et brûlent de notre colère sociale. Protestations et manifestations, affrontements avec la police et les unités spéciales, grèves massives et violentes, pillages, incendies de banques et d’institutions de l’État, actions de solidarité et agitation, mise en place de comités et de «shoras»… tout cela et beaucoup d’autres choses sont des expressions du mouvement prolétarien qui s’est développé à travers ces régions. C’est notre perspective de classe qui émerge de ces «révoltes populaires» — tant en organisant des structures afin de distribuer de la nourriture et de l’aide médicale en-dehors et contre les rapports d’échange comme à Misrata par exemple, que lorsque des ouvriers détruisent le quartier général du syndicat officiel égyptien, ou encore lorsque des manifestations de défaitisme révolutionnaire éclatent en Arabie Saoudite contre leurs «propres» troupes qui sont envoyées pour écraser la rébellion au Bahreïn.

Les médias continuent cependant à décrire le mouvement soit comme une lutte contre la dictature et pour la démocratie, soit comme une action de vandales irresponsables et d’agents provocateurs payés par la CIA ; ces deux versions ayant pour but de toujours occulter et falsifier la véritable et profonde nature de notre mouvement de classe. Sarkozy, Obama, Cameron, Ban Ki-Moon, Schwarzenberg ou Chavez, aussi bien que d’innombrables autres analystes et journalistes politiques et militaires, tous nous offrent telle ou telle explication du mouvement. Ce n’est pas surprenant. Ils le dépeignent de la façon qui corresponde le mieux aux intérêts bourgeois. Et ces intérêts sont clairs : maintenir son ordre mondial, ébranlé par le mouvement prolétarien, par tous les moyens possibles en poussant ses fractions indésirables à quitter le pouvoir et en proclamant «la révolution victorieuse» d’un côté (comme en Égypte ou en Tunisie), et écraser les rebelles en envoyant des unités spéciales et des armées contre eux (comme au Bahreïn) d’un autre côté. Quelle que soit la méthode, la tâche est la même — prévenir l’extension du mouvement à «nos pays bien-aimés» en insistant sur le fait que les événements sont déterminés par les conditions spécifiques comme les «régimes autoritaires», la «mentalité moyen-orientale», les «rapports tribaux», l’«avidité pour le pétrole des conspirateurs impérialistes», etc. En dépit du fait qu’une telle possibilité n’est pas encore à l’ordre du jour ici, son fantôme hante la bourgeoisie européenne (sûrement plus en Grèce, au Portugal ou en Irlande qu’en République tchèque) et la bourgeoisie dans le monde entier.

C’est parce que c’est la réalité matérielle de la vie partagée par tous les prolétaires autour du globe ; la réalité de l’exploitation, de la pauvreté et de la terreur d’État qui est la véritable raison de toute lutte de classe. Hausse des prix des produits de base comme la nourriture, l’essence, l’eau et l’électricité, augmentation du taux de chômage et généralisation des conditions de travail précaires pour ceux qui ont encore un boulot, baisse du salaire réel, problèmes de logement, les prolétaires à travers le monde doivent faire face à cette situation, de l’Europe centrale à la Russie, de l’Amérique du Nord à l’Indonésie, et tout ces problèmes sont aussi la vraie cause du mouvement de l’actuelle lutte de classe au Maghreb et au Machrek.

C’est parce qu’aucun changement de gouvernement ou de régime ne peut résoudre ces problèmes car ils sont le modus vivendi du capital. Grèves, émeutes et expropriation collective de marchandises continuent encore même après que Moubarak et Ben Ali aient été renversés, et que de nombreux gouvernements soient tombés. Les ouvriers du textile d’El-Mahalla El-Koubra ainsi que les ouvriers du canal de Suez ou les ouvriers agricoles et d’autres partout en Égypte ont lancé un mouvement de grève massif pour une augmentation du salaire minimum et contre les prix élevés de la nourriture. Farouchement dénoncé par toutes les fractions bourgeoises en Égypte (l’armée mais aussi les Frères musulmans ou la clique de Mohamed El-Baradei), le mouvement de grève continue en Égypte (comme en Tunisie), en défiant directement son interdiction émise par le gouvernement militaire. Le «Conseil National de Transition» libyen (CNT) revendique comme objectif la «restauration de la vie civile habituelle», ce qui en réalité signifie la dépossession des prolétaires de leur propre vie et de son organisation. En désarmant les insurgés et en restaurant le monopole de la violence en faveur de l’État, le CNT organise des gardes armés pour maintenir l’ordre sur les champs pétroliers et les raffineries qui avaient subi des actions de grève au début du soulèvement.

C’est parce que tout mouvement prolétarien contient les graines du renversement du capitalisme et exprime la perspective de la communauté humaine sans classe qui se construira sur les cendres de ce vieux monde. Le mouvement prolétarien au Maghreb et au Machrek exprime cette perspective d’une façon limitée et avec beaucoup de faiblesses mais de façon suffisamment forte pour révéler les intérêts prolétariens qui sont antagonistes à ceux des bourgeois. En Libye, le mouvement fit un pas en avant et a organisé une insurrection qui a obligé la bourgeoisie à intervenir (via les bombardements de l’OTAN ainsi que les négociations diplomatiques) et à créer deux camps : la nouvelle/vieille (la moitié d’entre eux sont des hauts fonctionnaires de l’ancien régime) fraction bourgeoise organisée dans le CNT et le «colonel socialiste» Kadhafi (l’associé commercial bien-aimé des fractions bourgeoises occidentales jusqu’à très récemment), afin de détourner la frontière entre prolétariat et bourgeoisie, et de transformer la guerre de classe en une guerre civile sanglante.

En Égypte, Tunisie, Libye, Irak, Syrie, au Yémen et Bahreïn, en Grèce et Chine, au Royaume-Uni, Wisconsin et Chili… en République tchèque… partout dans le monde, le capital nous offre soit de mourir lentement au turbin quand il a besoin de notre force de travail, soit la destruction physique de nos vies quand il n’en a plus besoin.

En Égypte, Tunisie, Libye… ce sont nos frères et sœurs de classe, c’est notre classe qui lutte contre le capital et son État.

Leur lutte est la nôtre !

Affirmons sa perspective prolétarienne contre toutes les mystifications démocratiques !

Groupe Guerre de Classe - avril 2011.

Forum posts

  • Alors que presque tous les intellectuels d’Orient ou d’Occident ont accueilli avec bonne humeur les «  révoltes arabes  », une bonne part des intellectuels et universitaires algériens ont eu un hochement de tête dubitatif, qualifiant cette saison historique de printemps «  gris  » ou de «  pseudo printemps  », et les révoltes arabes de «  pseudo révolutions  », de révolutions «  douteuses  » ou «  minuscules  ». Cet avis, dont on ne saurait dire s’il est majoritaire ou minoritaire dans le sens commun algérien, est néanmoins partagé par de larges couches sociales, en particulier celle des lettrés et plus généralement par la classe moyenne, émergée au début des années 2000 grâce à l’envolée des prix des hydrocarbures. Beaucoup ont mis cela sur le compte de la guerre civile qui a ensanglanté l’Algérie, une décennie durant, après l’arrêt du processus électoral des législatives remportées par le parti du Front islamique du Salut (FIS) en janvier 1992. En effet, entre 1992 et 2002, plusieurs intellectuels, universitaires, journalistes algériens, âgés pour la plupart d’une cinquantaine d’années, furent assassinés, chez eux ou dans leur quartier. Les sociologues furent parmi ceux qui payèrent l’un des plus lourds tributs au terrorisme. Nombreux furent ceux contraint à l’exil, en France notamment, où ils reçurent accueil et soutien. Le sens commun algérien, bien que feignant de condamner «  les violences d’où qu’elles viennent  », du pouvoir ou de l’opposition islamiste, semblent avoir été plus réceptifs aux partisans de la plate-forme de Rome6 qui, en coulisse, attribuaient à l’armée algérienne l’essentiel des actes terroristes commis contre les civils. Ajoutons à cela que les États voisins de l’Algérie, le Maroc et la Tunisie en particulier, ont vécu le drame algérien dans un mélange de crainte et de soulagement : crainte de voir le brasier algérien sauter les frontières, mais soulagement de constater que l’épisode démocratique qui risquait de déstabiliser ces pays, se clôturait dans le sang. À part le célèbre romancier Rachid Mimouni, on ne connaît pas d’autres noms d’universitaires ou d’intellectuels algériens réfugiés au Maroc, et selon quelques témoignages de sociologues algériens, la Tunisie n’était pas spécialement une terre d’accueil.

  • La Jordanie est à nouveau en révolte !!!

    La Jordanie, engagée auprès du Fonds monétaire international (FMI) à mener des réformes structurelles en échange d’un prêt de plusieurs centaines de millions d’euros, vient d’être secouée pendant une semaine par d’importantes manifestations contre des hausses de prix à répétition et un projet de loi fiscale. Le mouvement de protestation populaire a conduit à la démission du premier ministre. Pour calmer la rue, son successeur, qui doit encore former un gouvernement, a décidé de retirer le projet de loi controversé.

    Tous les autres régimes de dictature de la région se portent au secours du régime jordanien !!!

    L’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Koweït ont accordé une aide de 2,5 milliards de dollars à la dictature de Jordanie !!!

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