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Le gouvernement canadien prêt à tuer pour préserver les profits de l’industrie de l’amiante...

jeudi 16 juin 2011, par Robert Paris

Thetford, mine d’amiante au Canada

Abestos, mine d’amiante au Canada

Lac d’amiante du Canada, à Black Lake

Malgré un nombre de victimes en constante augmentation, l’utilisation de l’amiante continue...

Et l’amiante d’Abestos parcourt le monde... propageant le cancer !!!!

Mais le gouvernement canadien n’y voit que des bénéfices....

« Le gouvernement ne mettra pas l’industrie canadienne dans une position où elle fait l’objet d’une discrimination dans un marché où la vente est permise », avait expliqué le premier ministre.

« Le seul parti qui défende l’industrie de l’amiante chrysotile est le nôtre, le Parti conservateur », avait déclaré le premier ministre de passage à Asbestos pendant la campagne électorale d’avril.

Les revenus générés par l’exportation de l’amiante s’élèvent à environ 100 millions de dollars par année.

Pour ne pas mettre en péril ses exportations mondiales d’amiante chrysotile, dont il est l’un des principaux producteurs, le gouvernement canadien bloque depuis mars 2008 un rapport accablant sur le lien entre cet amiante et le cancer du poumon.

En mai 1998, le Canada avait porté plainte contre la France et la Communauté Européenne auprès de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), soutenant que l’interdiction de l’amiante en France était contraire à l’Accord Général sur les Tarifs douaniers et le commerce (GATT).

Le Canada continue à exporter 120 000 tonnes d’amiante chaque année, principalement vers des pays émergents.

Non seulement le Canada continue-t-il d’exporter l’amiante, mais il fait la promotion de son utilisation sécuritaire et contrôlée, en dépit des avis provenant de ses propres ministères.

Ainsi, Santé Canada a recommandé dès 2006 l’ajout de l’amiante chrysotile à la liste des produits dangereux, mais le gouvernement fédéral a préféré passer outre à cet avis, a-t-on appris cette semaine.

Le Canada, qui prône l’utilisation sécuritaire de l’amiante chrysotile, devrait accepter de donner plus d’information aux pays importateurs d’amiante, soutiennent 48 médecins qui ont adressé cette semaine une lettre au premier ministre Stephen Harper pour lui demander de changer cette position.

Christian Paradis, ministre de l’Industrie du Canada, prétend toujours que l’utilisation l’amiante canadien est sécuritaire. « Notre position reste la même. Pendant 30 ans, le Canada a fait la promotion de l’utilisation sécuritaire et contrôlée », dit Pascale Boulet, attachée de presse de M. Paradis. Le Canada ne devrait-il pas, justement, partager son savoir avec les pays importateurs ? « Chaque pays définit ses lois », dit Mme Boulet, qui estime aussi qu’il y a « beaucoup d’ignorance » au sujet de l’amiante.

Le gouvernement de Jean Charest soutient lui aussi l’industrie de l’amiante. En avril dernier, Québec a donné le feu vert à un projet de relance de la mine Jeffrey, à Asbestos, avec une garantie de prêt de 58 millions.

Les conséquences :
les victimes de l’aveuglement canadien

Contrairement aux mensonges répandus par l’Institut du Chrysotile, qui s’efforce d’accréditer la fable de l’innocuité de ce matériau cancérogène, l’amiante chrysotile tue

Au Québec

La province du Québec possède un des plus haut taux de mortalité par mésothéliome de la planète.

De 1992 à 2006, le nombre annuel des cas de mésothéliome au Québec s’est accru de 92 à 142.

En 2009 la Commission de la Santé et Sécurité au Travail du Québec a reconnu 102 décès dus à l’amiante parmi les travailleurs, dont 23 ayant travaillé dans les mines.

Ce chiffre qui représente plus de la moitié des décès reconnus comme maladie professionnelle est très inférieur à la réalité.

Faire reconnaître une maladie professionnelle due à l’amiante relève littéralement du parcours du combattant au Québec, ce qui permet entre autres de faire baisser les statistiques déjà accablantes.

C’est un désastre de santé publique qui n’aurait jamais dû se produire, si le déni des risques de l’amiante n’avait pas été savamment entretenu par les industriels de l’amiante avec la complicité des autorités.

Dans le reste du monde

Le Canada dépense des millions de dollars pour désamianter son parlement. Cela ne l’empêche pas de promouvoir avec cynisme le commerce de l’amiante vers les pays en voie de développement (Inde, Pakistan, Indonésie) et de s’opposer à l’ajout de l’amiante chrysotile sur la liste des produits dangereux prévus par la Convention de Rotterdam.

Un rapport d’une commission parlementaire canadienne saluait les « grands efforts » de l’industrie canadienne « pour garantir une livraison sécuritaire de son produit à ses clients de toute la planète. Le chrysotile est ainsi placé dans des sacs hermétiquement fermés sur lesquels figurent des instructions claires quant à la façon d’utiliser le produit de façon sécuritaire. D’autres mesures sont aussi prises à l’étape de la réception du produit pour s’assurer de ne pas compromettre la santé et la sécurité des travailleurs des pays importateurs ». L’hypocrisie de ce discours est flagrante : les « instructions » (sur les sacs) sont dans une langue inconnue des habitants des pays destinataires !

En fait les industriels et les députés de cette commission se moquent de savoir comment est utilisé leur amiante en Asie. Ils sont incapables de dire ce que serait l’ « usage sécuritaire » du chrysotile, une fois que les sacs d’amiante sont ouverts.

Le coût humain de ce commerce se chiffrera par centaines de milliers de vies perdues. En parfaite connaissance de cause.

On peut donc s’attendre à presque 30,000 morts en Asie, comme résultat des 5 million tonnes d’amiante qu’exporterait dans les prochaines 25 années la mine Jeffrey, si le consortium d’investisseurs étrangers reçoivent un financement de 58 $ million de la part du gouvernement du Québec. Un sondage commissionné par l’Association canadienne des médecins pour l’environnement a démontré que 76% de québécois s’opposent à ce financement. Seulement 14% sont en faveur.

Une forme virulente de cancer associée à l’amiante fait plus de victimes que jamais au pays, des décennies après la période de forte utilisation de la substance toxique dans la construction d’édifices.

Le nombre de nouveaux cas de mésothéliome rapportés annuellement a grimpé de 67 pour cent depuis une quinzaine d’années, étant passés de 276 à 461 à travers le pays, selon les plus récentes statistiques fédérales.

Les spécialistes préviennent que cette tendance à la hausse va se poursuivre pendant des années et sera vraisemblablement accentuée dans les pays en voie de développement continuant d’utiliser largement les exportations canadiennes d’amiante.

La plupart des personnes aux prises avec le mésothéliome ont une espérance de vie de six mois à deux ans.

En Colombie-Britannique, les décès associés à l’amiante ont augmenté de pas moins de 69% entre 2002 et cette année, selon les données de la commission d’indemnisation de la province.

Pendant cette même période au Québec, où l’amiante continue d’être extraite du sol, le taux de mortalité a augmenté de 39%.

Le mésothéliome, forme de cancer difficile à traiter, est associé à l’exposition à l’amiante dans plus de 80% des cas.

Cette maladie a tué 32% de plus de Canadiens en 2005 que cinq ans auparavant, démontrent les plus récentes données nationales de Statistique Canada.

Et ces chiffres pourraient ne livrer qu’une partie de la vérité. De nombreux spécialistes de la santé croient en effet que le taux de mortalité associé au mésothéliome pourrait être beaucoup plus élevé.

En raison de son excellente capacité d’isolation, l’amiante a été largement utilisée au Canada durant les années 50, 60 et 70.

Toutefois, des études portant sur le minéral naturel ont démontré qu’il pose des risques pour la santé, de sorte qu’il est désormais étiqueté substance dangereuse.

Kathleen Ruff, ancienne directrice la Commission des droits de la personne de la Colombie-Britannique, affirme que la plupart des Canadiens croient, à tort, que les problèmes de santé découlant de l’amiante sont chose du passé.

« C’est comme les mines terrestres, ça se poursuit pendant des décennies et des décennies », a-t-elle affirmé lors d’une entrevue téléphonique accordée depuis Smithers, en Colombie-Britannique.

Messages

  • Voici les tactiques douteuses qu’utilise le gouvernement canadien pour promouvoir la vente d’amiante canadien :

    * Donner des millions de dollars de fonds publics à l’Institut Chrysotile pour promouvoir la vente de l’amiante dans les pays en développement ;

    * Diffuser de la mésinformation sur les dangers de l’amiante de façon à « fabriquer l’incertitude » ;

    * Empêcher que les gens qui manipulent de l’amiante canadien soient avertis de ses dangers ;

    * Recourir à l’intimidation, aux menaces commerciales et à l’interférence politique dans les affaires des autres pays afin d’empêcher l’interdiction de l’amiante ou de sa réglementation ;

    * Détruire un Plan d’aide stratégique pour les régions du monde à risque, plan visant à nettoyer les débris contaminés par l’amiante à la suite du tsunami meurtrier de 2004 en Asie ;

    * Refuser l’aide aux victimes canadiennes exposées à l’amiante ;

    * Conclure un accord décret pour exploiter la bonne image du Canada dans le monde en vue d’augmenter les ventes d’amiante ; et

    * Tenter à répétition de saboter la Convention de l’ONU, de façon à empêcher que les pays en développement soient informés des dangers de l’amiante chrysotile.

  • Mardi 29/11/2011 à 20:40 sur Arte,

    Poussière mortelle - Le grand procès de l’amiante

    L’amiante n’en finit pas de tuer. Tournée en Italie, au Brésil et en Inde, cette enquête remarquable plonge au coeur d’une catastrophe industrielle et raconte son procès historique à Turin

  • La grève de l’amiante

    La plus longue grève encore jamais vécue dans l’histoire du Québec éclate le 13 février 1949 à Asbestos.
    Voir ici.

    Jean-Jules Richard :le feu dans l’amiante ; un roman unique sur la grève de 1949. Lire ici un mémoire sur ce livre.

    "Aussi,à peine remis des limitations que leur avàit imposé la guerre ,les syndicats présentent en1948, treize demandes négociables. Comme on le verra plus en détail tout à l’heure, les représentants des mineurs demandent d éliminer la poussière d’amiante qui tue les travailleurs ou les handicape sérieusement"

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