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La révolte sociale gronde en Corse

samedi 18 juin 2011, par Robert Paris

Le conflit est passé un peu inaperçu en dehors de Corse. Depuis deux semaines, les services administratifs de tous les hôpitaux de l’île ainsi que l’ARS (agence régionale de la santé) sont occupés par des grévistes du STC (syndicat des travailleurs corses). Les revendications portent notamment sur l’augmentation du coefficient correcteur géographique qui permet de compenser les handicaps des régions éloignées et sur la construction d’un hôpital neuf à Ajaccio, une mesure promise en 2006 par Xavier Bertrand.

Depuis deux semaines plusieurs réunions de négociations entre les organisations syndicales et le directeur de l’ARS, Dominique Blais ont tourné court. La dernière de ces réunions a eu lieu mardi et s’est achevée tout aussi rapidement que les autres.

À de nombreuses reprises, les représentants du STC en ont appelé à la médiation de la préfecture, tandis que trois députés sur quatre Paul Giacobbi (MRG), Sauveur Gandolfi Scheit (UMP) et Simon Renucci (Corse social démocrate) et le président de l’assemblée de Corse, Dominique Bucchini (PCF) soutenaient la justesse de leurs revendications.

Actions sporadiques

Dans la journée d’aujourd’hui alors que des actions de retard du départ des bateaux ont émaillé les jours précédents et que les deux dépôts pétroliers de l’île étaient bloqués, une délégation du STC était reçue par le préfet Patrick Strzoda. Il devait prendre contact, dans la soirée, avec le ministère de la Santé.

En attendant, le préavis de grève générale déposé depuis une semaine est maintenu pour la journée de jeudi. De nombreuses actions de blocages sont prévues dans toute l’île.

Une manifestation est également programmée ce jeudi matin devant l’assemblée de Corse.

Un mois et demi de grève dans les services de santé et… Rien ! Mercredi après-midi, la préfecture décide de faire appliquer la décision de justice prise six jours plus tôt et ordonne l’évacuation de l’ARS, au besoin par la force.

Pour le STC, comme pour la CGT, FO et le SNCH, il ne restait désormais plus qu’une option. Montrer que ce conflit – dont les effets visibles ont été très limités – emporte l’adhésion d’une grande partie de la population.

Et appeler à une manifestation régionale dans les rues d’Ajaccio samedi en fin de matinée. Pour les organisations syndicales, ce choix est une vraie prise de risque. Un samedi matin, à la fin du mois de juin, avec une météo plus qu’incitative au farniente sur la plage, la mobilisation n’est pas gagnée. Un signe cependant, les appels à descendre dans la rue se multiplient. Venant de tous les horizons. Même si de rares notes discordantes se font jour (du côté de l’union départementale FO de Corse-du-Sud notamment ou la CFDT qui condamne le recours à la force mais n’appelle pas à manifester).

La FSU, la Ligue des droits de l’homme et Ghjuventù Paolina appellent à rejoindre le cortège ce matin. La LDH estime notamment qu’il « ne s’agit pas de problèmes uniquement syndicaux mais du droit à la santé qui est un droit de l’homme… »

Corsica Libera appelle également à manifester ce matin à Ajaccio. « Nous renouvelons le soutien que nous avons exprimé, dès le début, à l’action engagée par le STC il y a plus d’un mois », rappelle le parti indépendantiste. « Chaque Corse doit se sentir concerné, car les enjeux sont importants » estime-t-il. Le groupe des élus Corsica Libera appelle, bien évidemment, à manifester et se joindra au défilé. Tout comme les élus de Femu a Corsica qui demandent que « l’ensemble des sensibilités territoriales qui a soutenu la motion votée le 26 mai soit présent pour que l’État change sa position… ».

Même état d’esprit de la part des élus communistes et Front de gauche de l’assemblée de Corse qui déplorent qu’ « alors qu’une issue semblait se dégager après la conférence de presse de la CGT et du STC, l’évacuation de l’ARS ne donne pas le signe d’une reprise des négociations… » Des élus qui seront eux aussi dans le cortège. Paul-Jo Caïtucoli qui appelle à la mobilisation estime que la situation actuelle était prévisible. « L’organisation et le déroulement de la conférence régionale de la santé et la conférence des territoires avaient déjà laissé entrevoir l’avant-goût d’un mépris certain pour la démocratie », a-t-il commenté. Les représentants du Parti de gauche de Corse-du-Sud et de Haute-Corse demandent également à la population de venir dans la rue et y seront eux-mêmes, considérant que « la santé n’est ni un luxe pour les riches, ni une marchandise pour les profiteurs… »

La santé va-t-elle rater le... train ?

Plus d’un mois après le début du conflit avec l’ARS, les syndicats parient sur une forte mobilisation, demain à Ajaccio, pour la défense du service public de la santé. Leurs responsables refusent de baisser la garde, après l’évacuation du siège, cette semaine.

La population se mobilisera-t-elle pour une cause qui la... concerne ? A-t-elle conscience que le conflit qui oppose les syndicats à l’agence régionale de Santé (ARS) de Corse la touche directement ? La réponse est attendue pour demain matin, 10h30, place de la gare à Ajaccio.

Politiques. Car c’est bien le devenir des services de santé en Corse qui se joue depuis plus d’un mois. Au-delà des positions discordantes entre la CFDT et le STC, au sujet du désormais fameux coefficient correcteur géographique, auquel beaucoup d’usagers ne semblent pas comprendre grand-chose. Etabli à 6%, pour contrebalancer les inégalités géographiques, puis rehaussé d’un point au cours du conflit, celui-ci est identique à l’Ile de France. On se demande d’ailleurs, pourquoi.
Les élus de l’assemblée de Corse, qui avaient signé à l’unanimité deux motions portant sur sa revalorisation (à hauteur de 15%), participeront-ils aussi à cette manifestation ? Une motion n’engage certes à rien, mais tout de même... Du côté de Corsica libera, on y sera.

Force. Après avoir été délogé par les forces de l’ordre du siège social de l’ARS, le STC tient désormais son QG à l’hôpital de Castelluccio. Là-même où, avec la CGT, FO et le SNCH, il a organisé une petite soirée, histoire de préparer la dite manifestation, et se remettre en forme avant d’entamer, peut-être, une nouvelle période de négociations. Ces nouvelles discussions verront-elles l’ensemble des syndicats, CFDT inclus, s’accorder enfin ? Sachant que le coefficient, point d’achoppement et principale revendication, a été revu à la baisse : il est désormais passé à 8,5%. Qui dit mieux ?

Rideau. Pendant ce temps, à la gare d’Ajaccio justement, les cheminots des Chemins de fer de la Corse (CFC) expriment depuis trois jours leur propre mécontentement. « Charlot Fora », peut-on lire sur un rideau de fer. Et le spectacle est le même à Bastia. Charlot, de son prénom Philippe, est le directeur des CFC, dont la CGT conteste la légitimité. Une réunion est prévue cette après-midi dans les locaux de l’inspection du Travail à Bastia, afin de débuter les négociations. Le syndicat dénonce « la dégradation du service public », un « problème récurrent d’effectifs des agents de conduite », « l’état dégradé du parc existant » et ce sans même parler des nouveaux autorails AMG 800.
En attendant, tout le monde reste à quai.

Messages

  • En attendant, le préavis de grève générale déposé depuis une semaine est maintenu pour la journée de jeudi. De nombreuses actions de blocages sont prévues dans toute l’île.

  • Pas de vacances pour la colere , pas de luttes qui restent sur leurs iles, pas de revolutions sans pouvoirs des opprimes, pas de conges sans balades sur la greve...

  • Les agents des Chemins de Fer de la Corse veulent être entendus
    A quelques jours du débat à l’Assemblée de Corse sur l’avenir de l’entreprise, plusieurs salariés ont débuté une grève vendredi matin à l’appel du STC en signe de solidarité avec leurs collègues en grève de la faim depuis le 20 juillet.
    Les cheminots des CFC craignent une privatisation du réseau à partir de septembre prochain, date de la fin de la convention avec la SNCF.

    Cette grève de la faim est pour les agents en grève le dernier moyen de se faire entendre. Depuis 1983, le réseau est exploité par la SNCF par une convention qui prendra fin au 31 août. Or il est peu probable qu’elle soit renouvelée.
    Après cette date l’avenir est incertain.
    Deux options sont à l’étude.
    Faire des CFC un EPIC, un établissement public à caractère industriel et commercial ou une société d’économie mixte, à capital public et privé.
    Du côté du conseil éxécutif, on affirme que tout sera fait pour que les Chemins de fer de la Corse restent dans le giron public. Une situation aggravée par le problème des AMG, ces 12 nouvelles rames toujours à l’arrêt pour cause de dysfonctionnements.
    L’avenir de l’entreprise sera à l’ordre du jour de la prochaine assemblée de Corse les 28 et 29 juillet.

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