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Camille Claudel, une femme libre, une artiste libre, une passionnée, une révoltée, dérangeante pour la bonne société bourgeoise qui l’a finalement détruite...

lundi 1er août 2011, par Robert Paris

« Je réclame la liberté à grand cri »

Camille Claudel

Femme, artiste et libre, indépendante et prétendant faire reconnaître son art, voilà ce qui a justifié d’isoler Camille Claudel, la condamnant à la misère puis la poussant à la folie. Sa mère, son frère, sa soeur, tous ses proches, Rodin, tous ont préféré l’institution sociale et leur tranquillité et ont préféré laisser enfermer Camille. Son frère Paul Claudel écrivait : « On était les Claudel, dans la conscience tranquille et indiscutable d’une espèce de supériorité mystique. »

Depuis l’enfance, Camille est passionnée par la sculpture et commence très jeune à travailler la glaise. Appuyée constamment par son père qui prend conseil auprès d’Alfred Boucher, Camille doit affronter la très forte opposition de sa mère, laquelle aura toujours une violente aversion pour cet art qui passionne son aînée.

En 1882, alors que les Claudel séjournent à Wassy, Camille persuade sa famille d’emménager à Paris, à l’exception de son père retenu par ses obligations professionnelles. Cela, afin de perfectionner son art auprès des maîtres. Avec son frère Paul, elle habite au 36, boulevard de Port-Royal. Ensuite Camille vit et travaille dans son atelier du 19 quai de Bourbon, dans l’Ile Saint-Louis de 1889 jusque son internement en 1913.

Elle suit, tout d’abord, des cours à l’Académie Colarossi. Par la suite, elle loue un atelier avec des étudiantes anglaises dont Jessie Lipscomb avec qui elle se liera d’une profonde amitié.

Camille a d’abord étudié avec Alfred Boucher. Celui-ci était à Paris pour mettre en place La Ruche, un phalanstère, une communauté d’artistes. Mais lorsqu’il gagne le Prix de Rome et s’installe à la Villa Médicis, il demande à Auguste Rodin de le remplacer pour son cours de sculpture qu’il donne au groupe de jeunes filles. Ainsi Camille et Rodin font connaissance.

Très vite, la connivence puis la complicité artistique s’installent ; devant le génie de Camille, l’originalité de son talent et sa farouche volonté, Rodin ne résiste pas longtemps ; tel qu’il le dit lui même : « Mademoiselle Claudel est devenue mon praticien le plus extraordinaire, je la consulte en toute chose ». Et à ceux qui la critiquent, Rodin répondra : « Je lui ai montré où trouver de l’or, mais l’or qu’elle trouve est bien à elle ». Camille influence profondément Rodin, qui modèlera « l’Éternelle idole », « le Baiser » (ils y travaillèrent à deux), ainsi que la monumentale « Porte de l’Enfer »… Suivront également des œuvres comme la Danaïde ou Fugit Amor.
Camille Claudel glisse de l’expressivité passionnée et exclusive du corps nu, propre à ce dernier, à une science des attitudes plus originale et maîtrisée qui relève de son génie propre. Des drapés très art nouveau enveloppent de plus en plus les corps. Un chef-d’œuvre tel que « la Valse » (qui compte plusieurs versions) montre l’étendue de son talent. Mais l’artiste ne s’arrête pas là, elle explore une nouvelle voie, profondément originale. « J’ai beaucoup d’idées nouvelles », confie-t-elle à son frère Paul. Elle en donne quelques croquis étonnants, parmi lesquels on reconnaît « les Causeuses ». Des œuvres nombreuses et remarquables naissent alors sous ses doigts. C’est l’invention d’une statuaire de l’intimité qu’elle seule a pu atteindre. La voie amorcée par Camille Claudel vise à saisir sur le vif le vécu d’un geste simple, dans l’intensité de l’instant. Elle s’attarde au moment qui s’échappe et réussit magistralement à en faire sentir toute la densité tragique.

Sous l’égide d’Alfred Boucher, Camille suit les cours de l’académie Colarossi et crée un atelier de sculpture avec des amies anglaises rue Notre-Dame-des-Champs. En 1883, Alfred Boucher part pour l’Italie et demande à son ami Rodin de le remplacer auprès de ses élèves. Auguste Rodin (1840 - 1917), de vingt-quatre ans plus âgé que Camille, est ébloui par sa beauté et sa précocité.

Va naître alors entre les deux sculpteurs, malgré la distance de l’âge, une liaison sans précédent dans l’histoire de l’art : d’élève, Camille devient, dans l’atelier de Rodin, rue de l’Université, le modèle, la praticienne, l’amante et l’émule. Pendant la période où les amants travaillent de connivence, la main de Camille se confond avec celle de Rodin dans certaines œuvres du génial sculpteur.

Des esquisses modelées par Camille s’identifient aux damnés de la Porte de l’enfer et des Bourgeois de Calais.

La Tête d’esclave, l’Avarice et la Luxure, l’Homme aux bras croisés, Giganti, l’Homme penché sont enrôlés parmi les réprouvés de Rodin.
La Jeune fille à la gerbe resurgit sous la signature du maître en Galatée ou Frère et sœur.

Pendant ces premières années de liaison, Camille poursuit son œuvre de portraitiste de ses proches avec la Vieille Hélène, le Jeune Romain et sa sœur Louise.

En 1887, Camille quitte le domicile familial et vit dans un atelier loué pour elle par Rodin la Folie Neubourg ou Clos Payen, 68 boulevard d’Italie.

En 1888, Camille est lauréate de la société des artistes français pour Cacountala. Son buste d’Auguste Rodin émerveille le modèle et avec Psaume Camille conquiert définitivement la pleine maîtrise de son style.

Le drame d’un avortement en 1892 consomme la rupture avec Rodin, et le départ de son frère Paul pour les Etats-Unis détermine Camille à s’affranchir de l’emprise du maître.

Des inspirations communes

La sculpture est née du « besoin de toucher, de la joie presque maternelle de la terre plastique entre les mains ».

On peut dire cela de tout sculpteur vraiment né pour son art. Camille comme Rodin sculpte par profils, produisant des œuvres dont les surfaces miroitent de bosses et de creux, qui agissent de l’intérieur.
Si les thèmes sont fréquemment voisins chez Rodin et chez Camille, l’esprit qui les anime est différent.

Les thèmes du couple et de la danse sont interprétés selon leur sensibilité particulière.

L’ Abandon a souvent été rapproché de l’Éternelle idole(Rodin) ou du Baiser (Rodin), la Valse de l’Eternel printemps.

Chez Camille, l’amour inspire un état d’âme partagé, un échange ; chez Rodin l’amour est un acte érotique.

Le thème de la vieillesse chez Camille signifie la tristesse du temps qui passe (Clotho) et non la déchéance du corps (la Vieille Heaulmière) comme chez Rodin.

Comprenant que le monde de l’art continuera à ne voir en elle que l’élève de Rodin, Camille Claudel décide de quitter celui-ci. Les dix années qui suivront seront les plus productives de sa carrière, mais elle ne recevra pas de commandes de l’État (commandes demandées à grands cris par son admirateur enthousiaste Octave Mirbeau, qui proclama à trois reprises son génie dans la grande presse). En effet, Camille défie la morale sexiste du monde de l’art de l’époque en sculptant le nu avec la même liberté que les hommes. A la fin de sa carrière, elle reçoit enfin une commande lorsqu’elle sculpte le nu saisissant d’une femme seule et mourante Niobide blessée.
En 1893, Camille loue un atelier 113 boulevard d’Italie. Période la plus créatrice où naîtront ses chefs-d’œuvre : la Valse, Clotho, la Petite Châtelaine. La trahison de l’amant sera transposée dans l’œuvre maîtresse l’ Âge mur. Dans les dernières années du siècle, Camille reçoit ses premières commandes privées de mécènes, dans la mouvance de Rodin, qui lui permettront d’exprimer son talent de marbrière.

Il y a eu trente sculptures de Camille Claudel réalisées après sa rupture avec Rodin. L’artiste glisse de l’expressivité passionnée et exclusive du corps nu, propre à ce dernier, à une science des attitudes plus élégantes. Des drapés très art nouveau enveloppent de plus en plus les corps. Un chef-d’œuvre tel que La Valse (quatre versions présentées) montre l’originalité de cette manière. Mais l’artiste ne s’arrête pas là, elle explore une nouvelle voie, profondément originale, qu’elle expose dans une lettre fameuse à son frère (reproduite intégralement dans le livre de Reine-Marie Paris, Camille Claudel, Gallimard 1984, pp.68).

J’ai beaucoup d’idées nouvelles, lui confie-t-elle. En effet. Et elle en donne quelques croquis étonnants, parmi lesquels on reconnaît Les Causeuses, (présentée à l’exposition de Nogent). Ce sont beaucoup plus que des "scènes de genre", come il a été souvent écrit. C’est l’invention d’une statuaire de l’intimité. De même que la sculpture ouvriériste a voulu montrer l’héroïsme sans gloire du labeur quotidien, la voie amorcée par Camille Claudel veut mettre en scène, me semble-t-il, le vécu d’un geste simple, dans l’intensité de l’instant. Elle s’attarde au moment qui s’échappe, au frôlement de l’air qui passe, et elle en fait sentir toute la densité. Cette voie nouvelle a été brutalement brisée par sa maladie.

Elle s’émancipe de toute tradition avec ses croquis d’après nature sous l’influence de l’art japonais, les Causeuses en marbre et onyx, la Vague en onyx, la Profonde Pensée et Rêve au coin du feu.

Pour la comtesse de Maigret, elle traduit en marbre sa dernière grande œuvre Persée et la Gorgone qui symbolise son drame final et Vertumne et Pomone.

Après un bref séjour rue de Turenne en 1898, Camille s’installe en janvier 1899 dans l’Ile Saint Louis, 19 quai Bourbon. Eugène Blot, son marchand et ami, acquiert les droits de reproduction d’une vingtaine de plâtres pour les commercialiser en bronze dont la Fortune, la Joueuse de flûte, la Valse, l’Implorante, l’âge mûr, l’Abandon.

Les expositions à la galerie Blot en 1905 et en 1908 ne connurent pas un succès éclatant mais permirent la vente de nombreux exemplaires des petits modèles Rêve au coin du feu, l’Implorante, l’Abandon, la Valse et dans une moindre mesure la Fortune et la Profonde Pensée.

En 1906, l’Etat lui achète enfin une œuvre en matériau définitif la Niobide blessée. Camille entame une oeuvre qu’elle veut détacher de l’influence de Rodin. Elle vit seule dans son atelier du boulevard d’Italie ; son unique distraction consiste à regarder par la fenêtre le spectacle dans la rue dont elle recueille une somme considérable de notations modelées très éloignées du style rodinien : La Chienne affamée, le Vieil aveugle chantant, le Chat.

Peu de ces petites figurines ont été retrouvées, soit parce que détruites par Camille, ou simplement disparues. En 1906, après le départ de son frère Paul pour la Chine, Camille cesse toute activité créatrice et entreprend la destruction de ses œuvres. Elle est obsédée par le souvenir de Rodin qu’elle accuse de lui voler ses idées et ses œuvres.

Vivant misérablement, Camille Claudel s’enferme bientôt dans la solitude et sombre peu à peu dans la folie. Elle est âgée de presque cinquante ans lorsque son père meurt, le 2 mars 1913, sans que Camille semble en être prévenue — elle n’assistera d’ailleurs pas à l’inhumation. Sa famille la fait interner à l’asile de Ville-Évrard, où elle entre dès le 10 mars, et demande à ce que soient restreintes ses visites et sa correspondance.

« Je soussigné, docteur Michaux, certifie que Mademoiselle Camille Claudel est atteinte de troubles intellectuels très sérieux ; qu’elle porte des habits misérables ; qu’elle est absolument sale, ne se lavant certainement jamais... ; qu’elle passe sa vie complètement renfermée dans son logement et privée d’air ; que depuis plusieurs mois elle ne sort plus dans la journée mais qu’elle fait de rares sorties au milieu de la nuit ; que d’après ses lettres (...) elle a toujours la terreur de la bande à Rodin que j’ai déjà constatée chez elle depuis 7 à 8 ans, qu’elle se figure être persécutée, que son état déjà dangereux pour elle à cause du manque de soins et même parfois de nourriture est également dangereux pour ses voisins. Et qu’il serait nécessaire de l’interner dans une maison de santé." A Paris, le 7 mars 1913, docteur Michaux.

Elle est arrivée, elle n’en est plus sortie.

Camille n’a pas tort, quand on connait les conditions qui lui ont été faites, d’écrire à propos de son internement : « Maman et ma soeur ont donné l’ordre de me séquestrer de la façon la plus complète, aucune de mes lettres ne part, aucune visite ne pénètre ». Ce qui est rigoureusement exact. Les seules visites ou lettres qui lui sont autorisées, sont celles de sa famille. Elle se résume à trois personnes depuis que le père est mort : la mère, qui ne lui rendra pas une seule visite jusqu’à sa mort en 1929, Louise sa sœur que dans ses délires elle appelle « la dame de Massary »

Dès les mois qui suivent son internement, celui-ci est condamné par les admirateurs de Camille Claudel, qui y voient un « crime clérical ». Ainsi, le journal l’Avenir de l’Aisne publie le 19 septembre 1913 une tribune s’indignant de ce qu’« en plein travail, en pleine possession de son beau talent et de toutes ses facultés intellectuelles, des hommes [soient] venus chez elle, l’ont jetée brutalement dans une voiture malgré ses protestations indignées, et, depuis ce jour, cette grande artiste est enfermée dans une maison de fous ». Une campagne de presse est alors lancée contre la « séquestration légale », accusant en particulier la famille de Camille Claudel de vouloir se débarrasser d’elle et demandant l’abrogation de la loi du 30 juin 1838 sur les aliénés.

Selon le dossier médical on propose régulièrement à la famille de relâcher Camille, mais chaque fois on bute sur un refus catégorique de sa mère, qui l’interdit aussi de recevoir du courrier de quelqu’un d’autre que son frère Paul Claudel.

Voici l’une de ses lettres. Celle du 25 février 1917. C’est un appel au secours.

"Monsieur le Docteur,

Vous ne vous souvenez peut-être pas de votre ex-cliente et voisine, Mlle Claudel, qui fut enlevée chez elle le 13 mars 1913 et transportée dans les asiles d’aliénés d’où elle ne sortira peut-être jamais. Cela fait cinq ans, bientôt six, que je subis cet affreux martyre, je fus d’abord transportée dans l’asile d’aliénés de Ville-Evrard puis, de là, dans celui de Montdevergues près de Montfavet (Vaucluse). Inutile de vous dépeindre quelles furent mes souffrances. J’ai écrit dernièrement à Monsieur Adam, avocat, à qui vous aviez bien voulu me recommander, et qui a plaidé autrefois pour moi avec tant de succès ; je le prie de vouloir bien s’occuper de moi. Mais, dans cette circonstance, vos bons conseils me seraient nécessaires car vous êtes un homme de grande expérience et, comme docteur en médecine, très au courant de la question. Je vous prie donc de bien vouloir causer de moi avec M. Adam et réfléchir à ce que vous pourriez faire pour moi. Du côté de ma famille, il n’y a rien à faire : sous l’influence de mauvaises personnes, ma mère, mon frère et ma sœur n’écoutent que les calomnies dont on m’a couverte. On me reproche (ô crime épouvantable) d’avoir vécu toute seule, de passer ma vie avec des chats, d’avoir la manie de la persécution ! C’est sur la foi de ces accusations que je suis incarcérée depuis cinq ans et demi comme une criminelle, privée de liberté, privée de nourriture, de feu, et des plus élémentaires commodités. J’ai expliqué à M. Adam dans une longue lettre les autres motifs qui ont contribué à mon incarcération, je vous prie de la lire attentivement pour vous rendre compte des tenants et des aboutissants de cette affaire.
Peut-être pourriez-vous, comme docteur en médecine, user de votre influence en ma faveur. Dans tous les cas, si on ne veut pas me rendre ma liberté tout de suite, je préférerais être transférée à la Salpêtrière ou à Sainte-Anne ou dans un hôpital ordinaire où vous puissiez venir me voir et vous rendre compte de ma santé. On donne ici pour moi 150 F par mois, et il faut voir comme je suis traitée, mes parents ne s’occupent pas de moi et ne répondent à mes plaintes que par le mutisme le plus complet, ainsi on fait de moi ce qu’on veut. C’est affreux d’être abandonnée de cette façon, je ne puis résister au chagrin qui m’accable. Enfin, j’espère que vous pourrez faire quelque chose pour moi, et il est bien entendu que si vous avez quelques frais à faire, vous voudrez bien en faire la note et je vous rembourserai intégralement.
J’espère que vous n’avez pas eu de malheur à déplorer par suite de cette maudite guerre, que M. votre fils n’a pas eu à souffrir dans les tranchées et que Madame Michaux et vos deux jeunes filles sont en bonne santé. Il y a une chose que je vous demande aussi, c’est quand vous irez dans la famille Merklen, de dire à tout le monde ce que je suis devenue."

En 1914, la Première Guerre mondiale éclate et les hôpitaux sont réquisitionnés : elle est transférée le 9 septembre à l’asile d’aliénés de Montdevergues, à Montfavet, dans le Vaucluse, où elle restera jusqu’à la fin de ses jours. Elle y est affreusement malheureuse, ne sculpte plus, et ne recevra jamais une seule visite de sa mère, qui meurt en 1929, ni de sa sœur : seul son frère Paul viendra la voir, à douze reprises. Elle écrit de nombreuses lettres à son frère et à sa mère, dans lesquelles elle se plaint des conditions de son internement, et reçoit en retour de la nourriture et des affaires diverses.

A Montevergues, elle souffre de la faim, du froid, de l’isolement où elle est reléguée : « les maisons de fous sont des maisons faites exprès pour souffrir, surtout quand on ne voit jamais personne », « Quant à moi, je suis tellement désolée de vivre ici, que je ne suis plus une créature humaine. », de la promiscuité avec les pensionnaires : « Dis-toi bien Paul que ta soeur est en prison. En prison, et avec des folles qui hurlent toute la journée, font des grimaces, sont incapables d’articuler trois mots sensés. Voilà le traitement que, depuis près de vingt ans, on inflige à une innocente ! ».

"Cela fait cinq ans, que je subis cet affreux martyre, je fus d’abord transportée dans l’asile de Ville Evrard, puis dans celui de Mondevergues. Inutile de vous dépeindre quelles furent mes souffrances... On me reproche d’avoir vécu toute seule, de passer ma vie avec des chats, d’avoir la manie de la persécution. Je suis incarcérée comme une criminelle ; pire aucun avocat, ni ma famille ne veulent m’aider à sortir de cet enfer. Je suis privée de liberté, de nourriture, de feu et des plus élémentaires commodités. On fait de moi ce que l’on veut, même mes parents m’ont abandonnée et ne répondent à mes plaintes que par le mutisme le plus complet. C’est affreux d’être abandonné de cette façon ; je ne puis résister au chagrin qui m’accable.Maman et ma soeur ont donné l’ordre de me séquestrer de la façon la plus complète, aucune lettre, aucune visite. A la faveur de tout cela elles s’emparent de mon héritage et tiennent beaucoup à ce que je ne sorte jamais de cette prison."

Elle meurt le 19 octobre 1943 d’un ictus apoplectique, vraisemblablement par suite de la malnutrition sévissant à l’hôpital, à l’âge de 78 ans. Elle est inhumée quelques jours plus tard au cimetière de Montfavet, accompagnée du personnel de l’hôpital, puis ses restes seront transférés dans une fosse commune, son corps n’ayant pas été réclamé par ses proches.

Le Musée Rodin conserve une partie des quelque cinquante sculptures répertoriées à ce jour dans une salle qui lui est consacrée :

• L’Abandon (bronze)

• L’Âge Mûr (1re version en plâtre, 2e version en bronze.)

• Buste de Rodin (version en plâtre, version en bronze)

• Les Causeuses (version en plâtre, version en onyx, version en bronze)

• Clotho (plâtre)

• L’Implorante (réduction, bronze)

• Jeune femme aux yeux clos (argile ?)

• La Jeune Fille à la gerbe (terre cuite)

• La Niobide blessée (bronze)

• Paul Claudel à trente-sept ans (bronze)

• Pensée (marbre)

• La Petite Châtelaine (marbre)

• Profonde Pensée (bronze)

• Profonde Pensée (marbre)

• Sakountala (statue mutilée en glaise)

• La Vague (onyx et bronze)

• La Valse (bronze)

• Vertumne et Pomone (marbre)

Au Musée Albert-André, à Bagnols-sur-Cèze

• L’Implorante (bronze)

Au Musée Dubois-Boucher de Nogent-sur-Seine (Aube)

• Persée et la Gorgone

cat Au Musée d’art de Toulon (Var)

• Mon frère en jeune romain (bronze)

Au Palais des beaux-arts, Lille

• Louise Claudel, buste en terre cuite, 1885
• Giganti, tête en bronze, 32 × 26 × 27 cm, 1885
Au Musée Sainte-Croix de Poitiers (Vienne)
• Niobide blessée, bronze
• Jeune femme aux yeux clos, buste en terre cuite

Lettre de l’asile de Camille Claudel :

"Aujourd’hui 3 mars, c’est l’anniversaire de mon enlèvement à Ville-Evrard : cela fait 7 ans ... faire pénitence dans les asiles d’aliénés. Après s’être emparées de l’oeuvre de toute ma vie, ils me font faire les années de prison qu’ils auraient si bien méritées eux-mêmes ...."

A Paul Claudel, elle écrit : « C’est l’exploitation de la femme, l’écrasement de l’artiste à qui l’on veut faire suer jusqu’au sang. »

Paroles de la chanson "Camille" de Serge Reggiani :

La petite drôl’ de fille
Avec des yeux trop grands
Pour ne pas être bleus,
La petite drôl’ d’anguille
Avalait en courant
La forêt quand il pleut
Et la terre sur laquelle elle jetait son corps
Comme on s’endort sur l’autre,
Ce lit où la vie se vautre,
Ell’ jurait que ses mains y défieraient la mort...
Paul, mon petit Paul, tu vois
Ces branches que la pluie
Dessine sur le ciel,
Il m’arrive quelquefois
D’imaginer la nuit
Des arbres artificiels
Et je sais très bien qu’un jour
J’animerai la pierr’ de mon ciseau-caresse,
Oui, le marbre a sa faiblesse
Et je veux lui donner la forme de l’amour.

Camille, la vie, c’est le seul vrai mélo,
Ça part d’un grand éclat de pleurs,
Ça rit avec des trémolos...
Camille, la vie, c’est un superbe enfer
Et Dieu est un curieux sculpteur
Qui tue les statues qu’il préfère...

La petite drôl’ de femme
Au fond de l’atelier
Du grand Monsieur Rodin,
La petite drôl’ de dame
En habit d’écolier
Ignorait le dédain
Et faisait sourire une âme
Aux lèvres de granit
Au milieu du grand vide
Où le temps sculpte des rides
Aux étangs de champagne
Et au front d’Aphrodite.
Oh ! Monsieur Rodin, le feu
Le feu, je veux pouvoir l’enfermer dans la pierre !
Oh ! Monsieur Rodin, mes yeux,
Pourquoi me font-ils mal le soir sous mes paupières ?...
La mort, je n’ai pas peur d’elle
Mais j’ai peur que l’amour nous oublie en chemin.
Nous, les amants immortels,
Toi, Auguste Claudel,
Moi, Camille Rodin ...

Camille, la vie, c’est le seul vrai mélo,
Ça part d’un grand éclat de pleurs,
Ça rit avec des trémolos...
Camille, la vie, c’est un superbe enfer
Et Dieu est un curieux sculpteur
Qui tue les statues qu’il préfère...

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