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La vague de révolte atteint Israël

jeudi 4 août 2011, par Robert Paris

Israël : Tous unis, Palestiniens et Israéliens, religieux et anti, jeunes et vieux, tous unis contre la cherté de la vie et les classes dirigeantes

Pendant des décennies, les classes dirigeantes ont instrumentalisé la question palestinienne pour éviter la question sociale. C’est fini !

Des manifestations massives pour la "justice sociale" dans dix villes
Depuis plus de deux semaines, le visage du boulevard Rothschild, à Tel-Aviv, s’est transformé. Des centaines de tentes ont été érigées en son centre, sur un îlot de verdure traversé par une piste cyclable. Certains ont apporté fauteuils et chaises de plastique. D’autres ont installé des petites piscines gonflables.

Le phénomène n’est pas unique à un tronçon du chic boulevard, bordé de restaurants et de commerces. Dans d’autres secteurs de la métropole et dans plusieurs grandes villes israéliennes, des manifestants ont créé leur propre « village de tentes ». Ils manifestent contre le coût élevé de la vie et exigent des changements politiques sur les questions sociales.

Le mouvement a commencé par l’invitation d’une jeune Tel-Avivienne sur Facebook. Avec une dizaine d’amis, Daphni Leef s’est installée sur le boulevard Rothschild, forcée de quitter son appartement et incapable de trouver un logis abordable.

Son appel a résonné dans tout le pays. Le mouvement a pris de l’ampleur. Les protestataires exigent des loyers abordables, mais aussi une plus grande justice sociale et des réformes dans les systèmes d’éducation et de santé. Des groupes d’Arabes israéliens, qui, avec les Juifs ultra-orthodoxes, constituent une des franges les plus pauvres de la société, se sont aussi joints aux manifestations la semaine dernière. Un sondage publié par Haaretz montre que 87% des Israéliens soutiennent le mouvement populaire, qui se veut apolitique.

« J’imagine que le terreau était fertile pour recevoir ce genre de manifestation, à cause du contexte socio-économique, confie Yigal Rambam, l’un des organisateurs. L’écart entre les gens de la classe moyenne et les riches est tel que même avec un bon salaire, on a de la difficulté à arriver, parce que les loyers sont tellement élevés. »
Le revenu moyen net par ménage israélien était d’environ 3165$ par mois en 2009, selon le Bureau central des statistiques d’Israël. Le coût moyen mensuel d’un logement à Tel-Aviv était alors de 877$. Mais le prix des loyers dans la métropole aurait bondi dans les dernières années.

Devant l’ampleur des contestations, le premier ministre Benyamin Nétanyahou a annoncé hier qu’une équipe évaluerait des réformes dans le domaine économique. Les vacances de la Knesset pourraient aussi être repoussées.

Mais les manifestants rencontrés sur place se sont dits insatisfaits des réponses du gouvernement jusqu’à maintenant. Ce qu’ils veulent, ce sont des résultats concrets. Un appel à une grève d’une journée a été lancé pour aujourd’hui.

« Si les choses ne changent pas, la prochaine étape deviendra probablement plus violente. Maintenant, ça ressemble à Woodstock. Mais ensuite, ce sera la place Tahrir », croit Moshe Gant, un des protestataires de Tel-Aviv, en référence au mouvement de contestation égyptien.

Par ailleurs, un appel à une grève de 24 heures des salariés a été lancé lundi par des internautes via le réseau social Facebook. Quelque 24’000 Israéliens ont annoncé qu’ils n’iraient pas au travail, ont indiqué les médias qui n’ont pas été en mesure de mesurer si cette initiative avait été suivie.

La protestation, qui visait au départ la flambée des prix des logements, porte plus généralement sur l’aggravation des inégalités sociales et la dégradation des services publics, notamment dans le domaine de la santé et de l’éducation.

Des manifestants ont demandé aux autorités de restreindre le pouvoir des industriels, accusés d’augmenter artificiellement le prix des produits de consommation par le biais de cartels tolérés par Benjamin Netanyahu et ses prédécesseurs.

"(...) Nous n’allons pas transformer les riches, les hommes d’affaires, les investisseurs et les industriels en ennemis du peuple, parce qu’ils contribuent à créer une économie saine", a-t-il poursuivi.
Un peu plus tôt dimanche, le directeur général du ministère israélien des Finances, Haim Shani, a démissionné sur fond de contestation sociale grandissante contre le coût de la vie.

"J’ai pris cette décision difficile en raison de désaccords de longue date sur des questions essentielles et sur la gestion globale", explique Shani dans un communiqué.
"Les évènements de ces derniers jours ont amplifié les problèmes que j’ai pu décrire et me confortent dans l’idée que je ne suis pas en mesure de remplir ma mission dans les circonstances actuelles."

La crise sociale a éclipsé les traditionnelles nouvelles sur la question palestinienne.

"Il faut comprendre que nos préoccupations principales passent de la sécurité au social", a déclaré le vice-Premier ministre Silvan Shalom à la télévision.

Louer un appartement avec 3 chambres dans le centre de Jérusalem peut coûter plus de mille dollars par mois et c’est encore plus à Tel Aviv. Un appartement standard de 100 mètres carrés peut atteindre 600 mille dollars dans les centres métropolitains comme Tel Aviv et Jérusalem, et 200 à 300 mille dollars dans les villes de moindre importance.

Un Israélien sur cinq est considéré comme « pauvre ». Pas moins de 87% des Israéliens soutiennent la « révolte des tentes » et 54% critiquent la gestion du gouvernement. Face à l’exigence d’un nouveau contrat social, Netanyahou a promis des réformes favorisant le « logement social », une baisse des impôts indirects et une action concertée pour réduire l’impact des monopoles. Mais les chefs de la « révolte des tentes » le jugent peu crédible et exigent de négocier avec lui « directement devant les caméras ». Le vent de fronde ne va pas se calmer en Israël, même si la solide majorité de droite au pouvoir semble pour l’heure épargnée.

La contestation sociale se durcit en Israël : après les manifestations de samedi, environ 150 000 employés municipaux sont en grève lundi. "Nous avons appelé à une journée de grève. Les mairies sont fermées au public, les éboueurs n’ont pas ramassé les poubelles", a affirmé Shlomo Buhbut, président de l’Union des autorités locales. "Si le gouvernement ne fait rien nous n’excluons pas la possibilité d’autres actions de soutien dans les prochains jours", a-t-il prévenu.

La contestation contre la cherté de la vie et pour la "justice sociale" s’est étendue samedi soir à dix villes israéliennes avec la participation de 80.000 à 120.000 manifestants, selon les estimations de la police ou celles des médias.
Les manifestants, en majorité des jeunes laïcs, ont pour principal slogan "Le peuple veut la justice sociale pas la charité". Ils réclament un retour à un "Etat providence" tel qu’il avait été mis en place par la gauche sioniste dans les premières années de l’Etat.

A Tel-Aviv, principal foyer de la contestation, plus de 50.000 manifestants ont marché au centre-ville, a indiqué à l’AFP le porte-parole de la police Micky Rosenfeld.

Les manifestants ont arboré dans une ambiance de kermesse des drapeaux israéliens ainsi que quelques drapeaux rouges.
"Je suis venue parce que je n’arrive plus à boucler les fins de mois et que l’argent des impôts va dans les poches des magnats", confie une manifestante, qui dirige un jardin d’enfants.

A Jérusalem, quinze mille manifestants se sont rassemblés devant la résidence du Premier ministre Benjamin Netanyahu, arborant des banderoles avec l’inscription "Toute une génération veut un avenir".
A Haïfa, dans le nord d’Israël, plus de dix mille manifestants sont descendus dans la rue, selon la police.

La protestation, qui visait au départ la flambée des prix des logements, porte plus généralement sur l’aggravation des inégalités sociales et la dégradation des services publics, notamment dans le domaine médical et de l’éducation.

Avançant toute une gamme de revendications, les manifestants ont fustigé le Premier ministre, accusant le pouvoir d’être au service de magnats de la finance, s’insurgeant contre la force des monopoles et des cartels en Israël, et réclamant la baisse des impôts indirects.
Pour la première fois depuis que le mouvement a été lancé il y a un mois, la minorité arabe, qui souffre de discriminations particulières, s’y est associée.

La contestation provient en premier lieu de classes moyennes écrasées par l’augmentation constante du coût de la vie, résultant d’une économie de marché contrôlée par quelques familles.
Lancée en juin via Facebook par le boycottage du fromage blanc, un aliment de base dont le prix avait flambé, la fronde a été ravivée par une étudiante qui a planté sa tente au centre de Tel-Aviv pour clamer sa détresse face aux loyers chers.

Soutenue par l’Association israélienne des étudiants, par les partis de l’opposition, par des artistes qui ont chanté lors des rassemblements et, plus récemment, par la centrale syndicale Histadrout, cette initiative s’est répandue comme une traînée de poudre.
Il y a aujourd’hui des camps de toile dans la plupart des villes du pays, et la protestation s’amplifie malgré les promesses lancées dans l’urgence par le Premier ministre Benjamin Netanyahu de réformer le marché de l’immobilier.

Il s’agit du plus important mouvement social en Israël en quatre décennies.

Selon un sondage publié mardi par le journal Haaretz, 87% des Israéliens soutiennent le mouvement de protestation et 54% se disent "mécontents" de la gestion de cette crise par M. Netanyahu.

Messages

  • Israël : Tous unis, Palestiniens et Israéliens, religieux et anti, jeunes et vieux, tous unis contre la cherté de la vie et les classes dirigeantes

  • Yuval Diskin, ancien directeur du Shabak (« Shin Bet »), l’agence de contre-espionnage israélienne, vient à son tour de sévèrement critiquer les positions défendues par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Ehud Barak.

    Concernant les relations entre les juifs israéliens et les autres groupes ethniques, M. Diskin affirme que « durant ces 15 dernières années, Israël est devenu de plus en plus raciste. Toutes les études le montrent. Il y a du racisme contre les arabes et contre les étrangers, et nous sommes devenus aussi une société plus belliqueuse ».

    Surtout, il affirme que les politiciens israéliens sont animés par des motifs irrationnels : « Je n’ai pas confiance dans les dirigeants actuels, je ne pense pas qu’ils soient à un niveau suffisant pour gérer un événement de l’ampleur d’une guerre régionale ou contre l’Iran (...) Je ne crois ni au Premier ministre, ni au ministre de la Défense. Je n’ai pas confiance dans une direction qui prend des décisions basées sur des sentiments messianiques ».

    Ces déclarations fracassantes de Yuval Diskin ont été appuyées par Meir Dagan, l’ancien directeur du Mossad, et elles font suite aux propos du chef d’état-major, le général Benny Gantz, qui a admis que l’Iran ne cherchait pas à fabriquer de bombe atomique.

    Ces prises de positions rapprochées des responsables de la sécurité israélienne visent à ramener les politiciens à la raison et à les dissuader de lancer le pays dans une guerre contre l’Iran.

    Alors que les médias occidentaux décrivent Israël comme un État moderne et « l’unique démocratie du Proche-Orient », le pays vit toujours sous état d’urgence et ses dirigeants actuels appartiennent à des sectes extrémistes.

    Ainsi Benjamin Netanyahu et Ehud Barak courtisent publiquement des rabbins ultra-ortodoxes comme Ovadia Yossef, leader du mouvement politique Shass. Celui-ci considère par exemple que les non-juifs sont nés uniquement pour servir le peuple d’Israël, ou encore que tous les Palestiniens doivent périr.

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