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A la révolte du peuple de la Nouvelle Calédonie, l’Etat français répond par la répression coloniale

vendredi 12 août 2011, par Robert Paris

A lire sur la Nouvelle Calédonie et la lutte du peuple kanak

A la révolte du peuple de la Nouvelle Calédonie, l’Etat français répond par la répression coloniale et en s’appuyant sur des chefs coutumiers vendus et des chefs religieux

En Nouvelle-Calédonie, des milices patronales ont tué des personnes et en ont blessé bien d’autres.

Ce conflit social est présenté par les autorités coloniales sur place et par la métropole comme un conflit tribal.

Parfaite lecture coloniale de la part du gouvernement Fillon, il charge les autorités religieuses d’une médiation !

Silence presque total des medias toxiques en France.

Imagine-t-on un instant quelle serait la réaction si une milice privée aux ordres du patronat assassinait 4 manifestants en France ?

8 personnes sont mortes et 23 personnes ont été blessées lors d’affrontements à l’aérodrome de La Roche en Nouvelle-Calédonie samedi dernier.

Des usagers mécontents suite à la hausse des prix des billets d’Air Calédonie bloquaient l’accès à l’aérodrome depuis le 22 juillets dernier.

Parmi les usagers il y aurait des proches du syndicat indépendantiste USTKE et de son antenne politique, le Parti travailliste.

En conflit avec la compagnie aérienne locale AirCal pour la réintégration d’une employée, plusieurs militants de l’Union Syndicale des Travailleurs Kanaks et des Exploités (USTKE), dont notamment son secrétaire, ont été jetés en prison.

En Nouvelle-Calédonie, la cour d’appel de Nouméa a décidé le maintien en détention du président du syndicat indépendantiste USTKE Gérard Jodar, après l’avoir condamné à neuf mois d’emprisonnement ferme pour « entrave à la circulation d’un aéronef ». Si la cour d’appel n’a pas suivi le parquet qui avait requis quinze mois de prison ferme, elle maintient toutefois le syndicaliste en détention, ainsi que cinq autres militants de l’USTKE incarcérés.

Leur crime ? Le 28 mai dernier, plusieurs centaines de militants de l’USTKE avaient envahi le tarmac de l’aéroport Magenta de Nouméa pour soutenir une employée dont le licenciement était jugé abusif, et certains d’entre eux, pour se protéger de l’intervention brutale des policiers, s’étaient réfugiés à bord de deux appareils de la compagnie Aircal.

Ce n’est pas la première fois que le patronat et les autorités locales s’en prennent violemment à des syndicalistes, notamment à ceux de l’USTKE. Gérard Jodar avait déjà été condamné à douze mois de prison, dont trois fermes, pour des affrontements aux abords de l’entreprise de transport Carsud, en janvier 2008. Il se pourrait d’ailleurs que le sursis de neuf mois dont il avait bénéficié dans cette affaire soit révoqué en raison de sa nouvelle condamnation.

Le 21 avril 2008, en Nouvelle-Calédonie, le tribunal correctionnel de Nouméa a rendu son jugement contre les militants de l’Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités (USTKE), poursuivis pour « attroupement armé, violences aggravées et destruction de biens publics et privés ». Ils ont tous été condamnés à des peines de prison allant de un mois à un an ferme. Bien qu’absent au moment des faits, le président de l’USTKE Gérard Jodar a pour sa part été condamné à douze mois de prison dont six ferme et à trois ans de privation de droits civiques pour « provocation à attroupement armé ».

L’affaire remonte aux heurts qui ont opposé durant une douzaine d’heures, les 16 et 17 janvier 2008, 200 gendarmes et policiers à des syndicalistes venus manifester aux abords de la société de transport urbain Carsud, une filiale de Veolia. Ces manifestations faisaient suite au renvoi d’un chauffeur, délégué syndical de l’USTKE.

Selon des témoins et comme le montrent des vidéos prises lors de ces manifestations, les forces de l’ordre ont fait preuve d’une violence particulière contre les membres de l’USTKE (usage de balles en caoutchouc, tirs tendus de grenades lacrymogènes, etc.).

Ces faits et les peines infligées aux vingt-trois syndicalistes poursuivis prouvent l’extrême tension qui règne en Nouvelle-Calédonie où le patronat local, soutenu par le haut commissaire de la République représentant l’État français, a engagé un bras de fer avec l’USTKE, le premier syndicat indépendantiste de l’archipel, qui revendique 5 000 adhérents ainsi que 25 % des voix aux élections professionnelles. Les grèves et les manifestations ouvrières organisées par ce syndicat sont systématiquement déclarées illégitimes par les juges, et le haut commissaire fait régulièrement intervenir la police contre les grévistes.

Le conflit semble d’ailleurs dépasser la question du droit de grève et des libertés syndicales. En effet l’USTKE est à l’origine du Parti Travailliste, créé en novembre 2007, formation politique qui a obtenu un certain succès aux dernières élections municipales, notamment dans la province du Nord, à majorité kanak. De quoi inquiéter les autorités françaises ainsi que les partis traditionnels, de droite comme de gauche, alors que se profilent les élections territoriales de mai 2009 et, au-delà, le référendum qui doit se prononcer sur l’avenir de l’archipel en 2014.

La section STKE de la province des Iles apporte son soutien total aux collectifs des usagers des Iles (DREHU, NENGONE, IAAI, KUNIE) contre la nouvelle politique tarifaire d’Air Calédonie.

Et dénonce le manque de considération de la part des élus politiques de la province des Iles ainsi que le gouvernement vis-à-vis de la population des Iles.
La politique des tarifs à Air Calédonie doit réellement prendre en compte le développement économique et le pouvoir d’achat des usagers des îles.

En tant que travailleurs vivant aux îles nous sommes concernés au premier plan par la situation.

A cette occasion nous réaffirmons la devise de l’USTKE qui est : Usine-Tribu Même Combat.

Pour la section STKE P.I.L
Le SG Mr Robert Xowié NYIPIE

En avril 2008, l’USTKE avait déjà été la cible des attaques du gouvernement et du patronat. Gérard Jodar avait été condamné à un an de prison, dont six ferme, et à trois ans de privation de droits civiques pour « provocation à attroupement armé ». Il avait déjà eu le tort de protester contre le licenciement d’un chauffeur d’une société de transport urbain, Carsud, qui était aussi délégué syndical de l’USTKE.

Des affrontements ont opposé lundi 3 août 2009 la police à de nombreux manifestants dans les rues de Nouméa. Mardi 4 août de nouvelles manifestations dans les zones industrielles de l’île ont amené l’arrestation de onze manifestants. Ceux-ci protestaient contre la répression qui frappe des militants du syndicat USTKE (Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités), dont le président Gérard Jodar, condamné fin juin à un an de prison ferme. Avec lui vingt-huit militants avaient été poursuivis et six condamnés à des peines de prison allant de quatre à douze mois ferme.

Le syndicat a en outre dénoncé l’envolée incessante des prix (+ 2,7% sur les 12 derniers mois) et la stagnation des salaires malgré une décennie de croissance économique soutenue en Nouvelle-Calédonie.
Lors du défilé du 1er mai, le deuxième syndicat calédonien a aussi mis l’accent sur "l’échec scolaire et l’exclusion, qui frappe en priorité la jeunesse kanak. Des chiffres viennent de révéler que 40% des jeunes sortent du système scolaire sans formation. Ils sont dans une situation de révolte, qui un jour va exploser car ce pays est pour d’autres un Eldorado", a déclaré Marie-Pierre Goyetche, présidente de l’USTKE.

Et puis, aucun des problèmes économiques et sociaux qui avaient poussé une partie de la population kanake à se révolter en 1988 n’a été résolu à ce jour. La Nouvelle-Calédonie est un territoire potentiellement riche, qui recèle pas moins de 30% des réserves mondiales de nickel, mais elle reste socialement coupée en deux entre le Sud plus prospère, majoritairement peuplé de Blancs descendants des colons, et le Nord kanak bien plus pauvre. Et les Kanaks savent bien, par expérience, que l’exploitation du nickel ne profitera pas à la population pauvre de l’île.

L’armée française s’était violemment emparée de cette île, en se heurtant à ses habitants kanaks à partir de 1853, créant là-bas un bagne, entre autres pour les Communards de 1871. La « civilisation » française de l’époque a montré alors toute son inhumanité : la tête du chef kanak rebelle a été conservée dans un bocal envoyé à Paris. Quelques décennies plus tard, on exhibait des Kanaks présentés comme de primitifs cannibales lors de l’Exposition coloniale de 1931. Les colons venus d’Europe se sont emparés des meilleures terres. Après la Deuxième Guerre mondiale les énormes ressources de nickel du pays ont beaucoup rapporté aux colonisateurs. Aujourd’hui le nickel rapporte toujours beaucoup mais pas à la population kanak.

En avril 1988, lors de la campagne présidentielle en France, une fraction du parti indépendantiste FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) avait attaqué une gendarmerie, tué quatre militaires français et pris vingt-sept autres en otages. Les otages avaient été emmenés dans une grotte de l’île d’Ouvéa. Les preneurs d’otages exigeaient, en échange de la libération des prisonniers, le retrait des forces de l’ordre françaises du secteur et la nomination d’un médiateur.

L’assaut fut donné le 5 mai 1988, par des dizaines d’hommes du GIGN et des militaires du 11e Choc, une unité habituée à effectuer toutes les sales besognes coloniales. Ce jour-là, la « barbarie » et la « sauvagerie » furent dans le camp des militaires français. L’assaut se solda par un véritable massacre : tous les preneurs d’otages, au nombre de 19, furent tués, dans des circonstances plus que troubles, puisqu’il semble que certains militants furent abattus après s’être rendus.

300 personnes dirigées par le Chef Nidoish Naisseline (président de la compagnie Air Calédonie) sont venus pour les déloger et après des échanges de jet de pierre, des coups de feu ont été tirés.
Quatre jeunes calédoniens sont morts samedi durant ces affrontements dont un neveu de Nidoish Naisseline.

Selon la secrétaire d’état à l’outre-mer, Marie-Luce Penchard, l’origine du conflit est plus profonde car un différend foncier oppose plusieurs clans.

Les barrages routiers ont été levés autour de l’aéroport et les gendarmes ont pu à nouveau y avoir accès ce lundi.

La compagnie Air Calédonie serait proche du dépôt de bilan selon ses dirigeants. C’est un chantage à la fermeture !

Quatre jeunes ont été tués par balle samedi, sur fond de blocage d’un aérodrome. Lundi, les barrages routiers sur l’île de Maré ont été levés.

Journée de deuil à Maré, une des quatre îles Loyauté qui dépendent de la Nouvelle-Calédonie, après l’explosion de violence de samedi dernier. Quatre jeunes gens ont trouvé la mort et 23 personnes ont été blessées lors d’un affrontement qui a dégénéré en fusillade sur l’île située à 200 km au large de la Grande Terre et peuplée par quelque 6000 habitants. Dimanche, le climat restait tendu à Maré, selon le haut-commissaire Albert Dupuy, représentant du gouvernement dans cette collectivité d’outre-mer. « La situation s’est stabilisée », rassure Marie-Luce Penchard, ministre de l’Outre-Mer.
À l’origine des heurts meurtriers de ce week-end : le blocage, depuis plusieurs semaines, de l’aérodrome de La Roche par un collectif d’usagers qui protestent contre la hausse du prix des billets d’Air Calédonie, dite « Aircal ». Cette compagnie intérieure, pour la majeure partie propriété des trois provinces de Calédonie et du gouvernement local, se dit proche du dépôt de bilan.

Samedi, des centaines d’habitants du district de Ghuama, dont le grand chef, Nidoish Naisseline, président d’Aircal, ont affronté le collectif d’usagers en colère. Ce dernier, mené par d’autres chefs coutumiers de l’île, compterait dans ses rangs des proches du syndicat indépendantiste USTKE et de son antenne politique, le Parti travailliste.

La ministre a annoncé que les chefs coutumiers kanaks avaient accepté une médiation des autorités religieuses avec un prêtre et un représentant de l’Église évangélique « pour renouer le fil du dialogue ». Lundi, les barrages routiers sur l’île de Maré ont ainsi été demantelés.
Une centaine de gendarmes ont été déployés à Maré après l’épisode sanglant de samedi. Ces événements ne remettent pas en cause le voyage de Nicolas Sarkozy en Nouvelle-Calédonie, du 26 au 28 août, à l’occasion des Jeux du Pacifique, avance-t-on enfin au ministère de l’Outre-Mer. Le PS dénonce de son côté des « retards dramatiques » dans la mise en œuvre du volet économique et social de l’accord de Nouméa - qui prévoit un référendum d’autodétermination - et appelle à des mesures urgentes de soutien. « Le processus de l’accord de Nouméa a été relancé » et de « nombreuses avancées ont été réalisées depuis quatre ans », se défend Marie-Luce Penchard. Un référendum d’autodétermination doit être organisé dans l’archipel entre 2014 et 2018.

Le conflit survenu sur l’aérodrome de l’île de Maré, l’une des quatre îles Loyauté, est lié à un différend sur le prix des billets de la compagnie aérienne Air Calédonie. « Il faut absolument une voie qui permettra d’établir le dialogue pour faire en sorte que le calme s’installe à l’île de Maré. C’est la raison pour laquelle nous avons proposé une médiation des autorités religieuses », a dit Marie-Luce Penchard après une réunion à son ministère. Le principe a été accepté par les deux camps et la médiation devrait commencer très prochainement, selon elle. La ministre assure aussi avoir obtenu la levée des barrages érigés autour de l’aérodrome de La Roche afin que les gendarmes puissent prendre position aujourd’hui et libérer l’accès aux pistes. La ministre pense que le conflit est en fait un différend « plus profond, lié à la répartition des terres » et veut ouvrir un dialogue également sur ce point. Le haut-commissaire de la République de Nouvelle-Calédonie, Albert Dupuy, est sur place, mais, pour le moment, la ministre ne pense pas se déplacer.

Les affrontements de samedi sont survenus lorsque 300 personnes, originaires du district de Guahma du grand chef Nidoish Naisseline, par ailleurs président de la compagnie Air Calédonie, ont gagné l’aérodrome de La Roche pour déloger les membres du collectif des usagers qui en bloquaient l’accès depuis une dizaine de jours. Les usagers protestaient contre la hausse du prix des billets d’Air Calédonie, communément appelée Aircal. Après un échange de jets de pierres, les affrontements ont dégénéré dans l’après-midi et des coups de feu ont été tirés. Quatre jeunes ont été tués, dont un neveu de Nidoish Naisseline. « Maré a vécu une journée de cauchemar. C’est un résultat dramatique », a déclaré Albert Dupuy. L’aéroport de Maré, tout comme ceux de Lifou et de l’île des Pins, sont bloqués depuis le 22 juillet par le collectif des usagers de la compagnie Aircal qui réclament une forte réduction du prix des billets d’avion. Avec des pertes estimées à 1,2 million d’euros depuis le début du conflit, Aircal affirme être au bord du dépôt de bilan. Le président Nicolas Sarkozy est attendu fin août en Nouvelle-Calédonie. Territoire français situé dans le Pacifique, la province a vécu déjà de violents conflits dans les années 1980, temporairement réglés par un accord en 1988 modifiant la répartition des pouvoirs avec la métropole. Un référendum sur l’autodétermination doit être tenu entre 2014 et 2019.

En août 2009

Une trentaine de blessés dont deux graves. C’est le bilan humain, très important, des affrontements qui ont opposé les forces de l’ordre aux manifestants d’un syndicat indépendantiste, l’USTKE.

Des billes de fer, des boulons et des pierres. Dimanche et lundi, de violents affrontements ont opposé les gendarmes stationnés en Nouvelle-Calédonie à des manifestants liés à l’Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités (USTKE). Le syndicat indépendantiste avait lancé la semaine dernière un appel au blocage de l’île suite à un conflit social qui s’éternise au sein d’une compagnie aérienne locale, l’Aircal. Les manifestants réclament notamment la libréation d’un de leurs leaders historiques, Gérard Jodar, condamné à un an de prison ferme pour des violences lors d’un conflit social. « Sur deux jours, 28 gendarmes ont été blessés par des jets de pierres et de billes d’acier à l’aide de frondes », a déclaré une porte-parole de la direction de la gendarmerie. « Deux ont été gravement blessés, l’un ayant eu la jambe cassée », a-t-elle ajouté.

En mars dernier, une employée de la compagnie Aircal a dénoncé à sa mère les agissements adultérins de son père, qui voyageait sur un vol avec sa maîtresse.

Pour avoir brisé le secret professionnel, l’employée a été licenciée par la compagnie aérienne dont le président est un chef influent sur l’île de Maré, dont est originaire la famille en question. Une première grève a été prononcée. Pour obtenir la réintégration de l’employée licenciée, l’UTSKE s’est mobilisé au mois de mai dernier. C’est à ce moment-là que Gérard Jodar a été emprisonné, après avoir empêché le décollage d’un aéronef. En juin, un accord avait semble-t-il était trouvé mais le président d’Aircal, Nidoish Naisseline a refusé de le signer.

Même si les évènements récents ne mobilisent jusqu’à présent qu’une faible partie de la population, les élus locaux craignent un embrasement de l’île, sur le modèle guadeloupéen de février dernier. Les accords de Nouméa, signés en mai 1998, prévoient un transfert de souveraineté en 2018, avec une indépendance relative (la défense, la sécurité, la justice et la monnaie resteraient des compétences de la République française). Lundi, une contre-manifestation a été organisée par des chefs d’entreprises installés en Nouvelle-Calédonie, qui protestent contre la prise en otage de l’économie de l’île.

Comment le gouvernement français a fait entériner par les leaders nationalistes kanaks la prolongation du statut colonial

La Nouvelle-Calédonie, l’un des derniers vestiges de l’empire colonial français, est un petit archipel dont l’île principale, « la Grande Terre », s’étend sur 400 km de long et 42 km de large dans l’Océan Pacifique, à 1 500 km de l’Australie... et 22 000 km de la France.

L’archipel n’a que 150 000 habitants (l’équivalent d’une ville de province française de taille à peine moyenne) qui se partagent aujourd’hui ainsi : 70 000 Mélanésiens (les « Kanaks », le vieux terme péjoratif des premiers colons à l’égard des Noirs autochtones que ces derniers reprirent ensuite par défi), qui pour la plupart sont toujours cantonnés dans la brousse, dans les petites îles ou les réserves du fond des vallées de la Grande Terre, après avoir été chassés des meilleures terres par les colons français ; 55 000 Blancs, dont 30 000 « Caldoches » (descendants des premiers colons, là aussi le terme à l’origine péjoratif employé cette fois par les Mélanésiens à l’égard des colons est passé depuis dans le langage courant) ; et 25 000 « métropolitains », fonctionnaires en tous genres et affairistes venus de France s’enrichir récemment dans l’île. Aujourd’hui, la plupart des Caldoches ont déserté la brousse. 80 % des Blancs avec la plupart des 25 000 Polynésiens et Asiatiques qu’ils ont fait venir comme main-d’oeuvre, sont concentrés dans la ville de Nouméa et ses environs. Avec la chute des cours mondiaux du nickel, à partir de 1972, conjuguée à la qualité médiocre du minerai de Nouvelle-Calédonie, l’exploitation des mines de nickel revient aujourd’hui plus cher au gouvernement français qu’elle ne lui rapporte, et les industriels privés qui y ont fait fortune ont placé l’essentiel de leurs capitaux ailleurs (en particulier en Australie ou en Nouvelle-Zélande).

Aujourd’hui, la Nouvelle-Calédonie, c’est d’un côté Nouméa, la ville blanche parasitaire, avec ses commerces de luxe, ses night-clubs, ses bateaux de plaisance et ses grands hôtels, vivant artificiellement des subventions du gouvernement français, sans autre activité productrice que la spéculation immobilière, le commerce de distribution alimenté par les importations de luxe, et le trafic sur l’import. De l’autre, la brousse sous-développée, dont la population mélanésienne consomme pour l’essentiel ce qu’elle produit dans les villages, et ne bénéficie en aucune façon de la prospérité factice de Nouméa.
Les colonisations de la nouvelle-caledonie

L’histoire de la colonisation de la Nouvelle-Calédonie remonte à 135 ans. Elle a été une des plus féroces qui soient : spoliation des terres, constitution de réserves pour indigènes chassés de tous leurs villages de la côte Ouest, récoltes indigènes dévastées par le bétail des colons, incendies des cases par les gendarmes, réquisition des hommes pour les travaux forcés, enrôlement forcé enfin, pour les tranchées de la guerre 14-18. Au 19ème siècle, plusieurs révoltes embrasèrent la brousse, en 1858, 1860, en 1864 aussi quand les tribus regroupées autour du chef Ataï tinrent en échec plusieurs mois 5 000 soldats armés de chassepots, et qui se termina par le massacre de 1 200 indigènes et la déportation d’autant au bagne. Les révoltes continuèrent pour culminer en 1917 après le refus de certains Kanaks de s’enrôler pour la guerre en Europe. Aux exactions permanentes, s’ajoutèrent les maladies inconnues, l’alcool, la sous-alimentation dans les réserves trop petites. Estimée entre 60 000 et 100 000 personnes lors de la prise de possession française en 1853, la population autochtone n’était plus que de 20 000 en 1920. Les Kanaks ont échappé de justesse à un génocide définitif.

La Constitution de 1946 fit des Kanaks des citoyens français. Mais ce n’est qu’en 1957 que le droit de vote est acquis à tous (depuis 1945, seuls les anciens combattants, les pasteurs et les grands chefs pouvaient voter... malgré la gauche au gouvernement à l’époque !). Mais à partir des années 60, les Kanaks sont en passe de redevenir majoritaires dans la population de l’île. Les petits notables kanaks, aux côtés des Blancs, commencent à militer dans « l’Union Calédonienne » favorable à l’autonomie du territoire, sous le slogan « deux couleurs, un seul peuple ». Les colons, eux, commencent à s’inquiéter. Le maire de Nouméa, Roger Laroque, lance en 1970 le slogan « il faut faire du Blanc ». En 1972, le premier ministre français de l’époque, Pierre Messmer, écrit à son secrétaire d’État aux DOM-TOM (départements et territoires d’outre-mer) : « i A court et à moyen terme, l’émigration massive de citoyens français devrait permettre d’éviter le danger de revendication indépendantiste en maintenant et en améliorant le rapport numérique des communautéi s » . En métropole, le gouvernement fait des campagnes publicitaires vantant le « paradis calédonien ». Et à raison de multiples avantages fiscaux, de primes d’installation et de prêts à bas taux, effectivement, on « va planter du Blanc ». Le boom du nickel (quand le marché mondial connaît un temps une pénurie), de 1969 à 1972, va accélérer les choses. La production de nickel augmente de 63 % en 1971. Des fortunes se bâtissent en quelques semaines. Des milliers d’immigrants arrivent de France, vivement encouragés : entre 15 et 20 000 de 1969 à 1976. Au recensement de 1976, un quart de la population est née hors du territoire mais peut y exercer son droit de vote. Le peuple indigène est redevenu minoritaire. La colonisation « démocratique » est faite !
La naissance du mouvement independantiste

Les Kanaks n’ont pas profité du boom du nickel. De toute façon, les colons ont préféré importer de la main-d’oeuvre de Polynésie, principalement des Wallisiens, qu’ils estimaient plus dociles. En 1970, un quart du personnel minier est polynésien et il n’y a que 6 % de Kanaks. Mais les jeunes, même peu nombreux, qui sont allés tenter leur chance dans les mines et reviennent dans leur village (on appelle les villages kanaks, les « tribus » ), sont plus rétifs, plus impatients. Ils ont appris à se défendre sur les chantiers, ils s’irritent à présent de la passivité des vieux. Ils n’admettent plus qu’il n’y ait plus d’espace dans les « tribus » tandis que dans les vallées, certains Blancs ont tant d’espace qu’ils le laissent en friche.

Parallèlement, les rares étudiants kanaks qui ont pu faire leurs études en France, ont connu Mai 68 à la Sorbonne. Ils en reviennent avec de nouvelles idées. Ils créent un groupe « extrémiste », les « foulards rouges », qui parle de nation kanake. Les Blancs qui faisaient partie de l’Union Calédonienne, la quittent pour la plupart pour suivre Jacques Lafleur, le blanc le plus riche de l’île, à la tête du « parti de la fidélité ».

Seuls les Blancs se sont enrichis du boom du nickel de 1969-1972. Les Mélanésiens n’y ont même pas vraiment trouvé d’emplois. Après le boom, l’amertume de la population mélanésienne s’accroît. les tensions sociales aussi. C’est dans ce contexte, entre 1975 et 1979, que le mouvement indépendantiste sort de son état groupusculaire : juin 1975, création d’un comité de coordination pour l’indépendance canaque ; mai 1976, création du Parti de Libération Kanake (PALIKA, qui reprend la vieille orthographe du mot kanak) ; 1977, ralliement de l’Union Calédonienne, dont Jean-Marie Tjibaou et Eloi Machoro viennent d’accéder à la direction, à la revendication d’indépendance ; 1979, fusion de la même Union Calédonienne dans un « Front indépendantiste ».

Le gouvernement français, sous la présidence de Giscard d’Estaing, octroie un plan de réformes et un nouveau statut accordant à l’île une autonomie contrôlée. Les réformes promises font partie d’un « plan de développement économique et social à long terme pour la Nouvelle-Calédonie » . Le plan de Rocard soumis au dernier référendum est tout à fait semblable à celui de Giscard d’Estaing en 1976 !

Depuis quelque temps, le gouvernement français se préoccupe de « promotion mélanésienne ». Rocard n’a rien inventé. L’administration française attribue quelques fonds pour l’hygiène, la scolarisation, la desserte des tribus, puis songe à promouvoir une « culture mélanésienne ». Un homme est tout trouvé pour cela, Jean-Marie Tjibaou qui a abandonné la carrière de prêtre en 1970 pour devenir animateur culturel et se consacrer à la « jeunesse et aux sports » dans l’administration territoriale. Il organise avec l’aide de l’administration, et le secrétaire d’État aux DOM-TOM, Olivier Stirn, un festival culturel mélanésien : « Melanesia 2 000 », prévu pour septembre 1975. A cette époque, l’ancien prêtre se fait d’abord insulter par les siens. Les militants de l’Union Calédonienne, dont il est membre, condamnent l’opération : « du pain et des jeux pour distraire les canaques de leurs problèmes » . On accuse Tjibaou d’être « vendu au pouvoir colonial » qui moyennant ce festival, s’assure tranquillité et bonne conscience. L’opération fut un succès : 50 000 entrées. C’était le temps où la « culture kanake » ne faisait pas encore partie de l’idéologie indépendantiste, mais n’était qu’une façon de donner le change de la part de l’administration française... qui avait trouvé en Tjibaou, déjà, un interlocuteur privilégié.
Les premiers projets de reformes

A l’époque, sous Giscard donc, le gouvernement français va même plus loin. Le boom du nickel n’aura pas duré très longtemps. Mais il aura suffi à enrichir encore plus les colons français qui commencent à vouloir faire fortune ailleurs. Parallèlement, cela fait beau temps que les terres des colons ne rapportent plus grand-chose. les quelques grandes familles françaises de Nouvelle-Calédonie, les plus gros propriétaires terriens de l’île, qui ont investi, après le nickel, dans l’immobilier, dans l’import ou ailleurs, vendraient volontiers leurs terres à l’État en échange de confortables indemnités. C’est l’époque où le gouvernement de droite de Giscard d’Estaing envisage une sorte de décolonisation douce du territoire, en rétrocédant aux Mélanésiens une partie des terres qui leur ont été confisquées. On prépare à Paris la première réforme foncière de la Calédonie. Oh, il ne s’agit pas de rendre aux Kanaks tout ce qu’on leur a pris, ni de partager avec eux la richesse accumulée en un siècle de spoliation. Il s’agit seulement de calmer la montée des mécontentements chez les Kanaks en leur rétrocédant chichement des terres qui n’intéressent plus vraiment les colons, tout en les cantonnant ainsi à la brousse de plus en plus désertée par ceux qui ont le choix de s’installer ailleurs. En réalité, cette promesse de réforme foncière va susciter beaucoup d’espoir chez les paysans kanaks. De l’espoir, puis au fil des années qui suivent de plus en plus d’impatience. En 1980-81, les chefs des tribus s’exaspèrent et veulent savoir quand ils vont accéder aux nouvelles terres promises. Car l’inventaire a été fait des « terres claniques » qui doivent leur être rendues. Des hommes, des gendarmes même, dépêchés par l’administration métropolitaine, sont venus, revenus, pour préciser, ajuster, négocier avec les Kanaks. Mais au bout du compte rien n’est venu. Les terres ne sont toujours pas distribuées. Comme toujours en Nouvelle-Calédonie, l’administration se trouve paralysée quelque part, dès qu’une mesure est envisagée en faveur des Kanaks. Une sourde colère commence à naître.

Au fil des mois, ce n’est plus 120 000 hectares, mais 200 000, puis 270 000, au titre de terres claniques, que les chefs kanaks revendiquent. Et puis, vient un autre espoir : François Mitterrand est élu président de la République en mai 1981. La gauche revient au gouvernement après en avoir été écartée pendant 23 ans. L’Union Calédonienne a appelé à voter pour lui parce que ses dirigeants, dont Tjibaou, ont reçu, en privé, des assurances de Mitterrand. En 1979, le Parti socialiste avait affirmé sa « pleine solidarité au Front indépendantiste dans la lutte qu’il mène contre la politique de la droite, et il a réaffirmé sa volonté de soutenir et de garantir le droit du peuple kanak à décider de son avenir » ... Une promesse d’indépendance en quelque sorte.

Le gouvernement socialiste crée un « office foncier » chargé de restituer les terres revendiquées. En 1982, Jean-Marie Tjibaou succède au RPCR Dick Ukeiwé (un notable kanak rallié à Jacques Lafleur, maire de Nouméa) à la tête de l’Assemblée territoriale, grâce à une coalition avec les centristes. Tjibaou, en tant que vice-président de l’Assemblée territoriale (le président en est le « haut-commissaire de la République », représentant le pouvoir central de la métropole) a désormais sous son autorité un conseil de gouvernement de la Nouvelle-Calédonie composé de six ministres. Il tient alors à prouver aux Noirs, comme aux Blancs, qu’il est capable de gouverner. Il croit l’indépendance à portée de la main, confiant dans les assurances qu’il a reçues de l’Elysée.

Interlocuteur privilégié de Giscard en ce qui concerne la promotion culturelle mélanésienne, il devient sous Mitterrand, pendant deux ans, le plus haut fonctionnaire kanak du territoire. Il se voit sans doute déjà futur chef d’un gouvernement indépendant.

Seulement, les socialistes ne tiennent pas leurs promesses, pas plus à l’égard des indépendantistes kanaks qu’en métropole ils ne tiennent leurs promesses sociales. La droite métropolitaine, elle, ne veut surtout pas faire cadeau aux socialistes d’une décolonisation sans histoire en Nouvelle-Calédonie, même s’il n’a jamais été question de toucher en quoi que ce soit aux privilèges et aux prébendes des colons de Nouméa. Le RPR en France téléguide au travers de la droite calédonienne du RPCR de Jacques Lafleur, toute une campagne de plus en plus hystérique contre les indépendantistes et les réformes promises. Mitterrand cède sur la Nouvelle-Calédonie comme il a cédé sur l’école privée en métropole et sur bien d’autres choses. Les mois passent. Les réformes restent lettre morte, comme sous Giscard, et le gouvernement français ne parle plus d’indépendance. Quant aux pouvoirs de Tjibaou sur l’Assemblée territoriale, ils sont aussi symboliques que ceux de ses prédécesseurs face au puissant lobby colonialiste de l’île. Un nouveau statut du territoire est adopté en mai 1984, qui doit préparer un scrutin d’autodétermination dans un délai de cinq ans, sans changer quoi que ce soit au corps électoral de Nouvelle-Calédonie comprenant outre les Caldoches, tous ceux qui sont arrivés depuis peu en Nouvelle-Calédonie. Toutes les promesses d’autodétermination deviennent dans ces conditions une simple escroquerie, les Kanaks étant désormais électoralement minoritaires dans leur propre pays.
Le FLNk.s.

Se sentant flouées, les différentes organisations indépendantistes se mettent d’accord pour boycotter les élections territoriales de novembre 1984, et décident d’exercer une pression sur le terrain en organisant des barrages en brousse dès l’été 84. Le Front indépendantistes se transforme en FLNKS (Front de Libération Kanake Socialiste) en septembre 1984, regroupant la plupart des tendances indépendantistes, y compris la principale, l’Union Calédonienne, celle de Tjibaou et Machoro). Le nouveau Front se charge d’organiser le boycott des élections de novembre 84. A Thio, Eloi Machoro (l’un des dirigeants les plus populaires du FLNKS) brise à coups de hache une urne devant les photographes, et les indépendantistes installent des barrages un peu partout en brousse, pour bloquer la circulation des colons isolés et les empêcher d’aller voter. Dans la cité minière de Thio, Machoro fait occuper un temps la gendarmerie, puis désarme les colons.

En réalité, même en 1984, il n’y a eu jamais ni véritable insurrection, ni lutte armée de la population kanake pour obtenir son droit à l’indépendance. Mais il a suffi que les chefs indépendantistes mobilisent largement la population sur le terrain et boycottent activement un scrutin, pour que l’impérialisme français, revenant aux bonnes vieilles méthodes coloniales, décrète l’état d’urgence sur le territoire et envoie un corps expéditionnaire en Nouvelle-Calédonie : gendarmes mobiles, CRS et forces militaires vont quadriller le pays presque sans interruption pendant les quatre années qui vont suivre. Le 12 janvier 85, alors même que Mitterrand par l’intermédiaire de Pisani a entamé des négociations avec Tjibaou, il donne le feu vert aux gendarmes du GIGN (le corps d’élite de la gendarmerie française) pour liquider Eloi Machoro et l’un de ses lieutenants qui entouraient avec une cinquantaine d’hommes armés la ferme d’un colon européen.

Désormais, on verra, après chaque vague répressive, le gouvernement « renouer le dialogue » à ses conditions avec Jean-Marie Tjibaou. En janvier 85, Pisani au nom de Mitterrand, propose à Tjibaou une « indépendance association » sous forme d’un découpage de l’île en plusieurs régions. Tjibaou accepte, après avoir laissé tuer Eloi Machoro, qui apparaissait alors comme le leader le plus radical.

La droite revient au gouvernement au printemps 1986. En 1987, le gouvernement Chirac décide un scrutin d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie auquel pourront participer tous les résidents depuis plus de trois ans sur le territoire, ce qui laisse toujours les Kanaks minoritaires dans le corps électoral. Les chefs indépendantistes cette fois, décident de boycotter le scrutin « pacifiquement ». La population kanake suivra très largement les consignes de boycott, les abstentions sont massives du côté de la population kanake, même si le résultat donne un vote écrasant en faveur du maintien de l’archipel au sein de la République Française. La droite coloniale, quant à elle, fait preuve de plus en plus d’arrogance.

Entre temps, les militaires français sur le territoire se comportent comme toute armée d’occupation, l’encadrement retrouvant par la même occasion certaines pratiques de la guerre d’Algérie. La gendarmerie passe sur le territoire par escadrons entiers. « A Koné, dans le courant de l’année 1987, après que deux gendarmes eurent été tués, plusieurs tribus durent vivre un véritable enfer pour qu’elles dénoncent les meurtriers : confiscation des outils, privation de nourriture, saccage des habitations, des écoles, dévastation des cultures, interdiction de libre circulation, longues expositions au soleil, accomplissement des besoins naturels sous surveillance, pièges constitués de grenades offensives placées dans des récipients emplis de grenaille et dissimulés sur les chemins alentour... jeunes embarqués en hélicoptère et menacés d’être jetés dans le vide s’ils ne parlaient pas... Ces méthodes hallucinantes ont été utilisées pendant de longues semaines contre les populations tribales de la région » ( « Le dossier calédonien » de Jean-Paul Bessel - Ed. « La Découverte » ).

Le summum va être atteint entre les deux tours des élections présidentielles françaises, en avril 1988, quand le FLNKS avait décidé à nouveau un boycott actif de l’élection en Nouvelle-Calédonie. Le gouvernement Chirac avait quadrillé l’île de 11 000 soldats (un soldat pour 7 Kanaks, femmes et enfants compris), plus encore que pour le référendum d’autodétermination de décembre 87. Dans la petite île d’Ouvéa, le comité de lutte local du FLNKS prend des gendarmes en otages à Fayaoué. Il y a quatre morts chez les militaires après un échange de coups de feu, et les indépendantistes se réfugient avec leurs otages dans la grotte d’Ouvéa.

Dans l’île, c’est alors l’état de guerre : interrogatoires musclés, brûlures par cigarettes, tortures à la matraque électrique, simulacres d’exécution. Le général Vidal, commandant en chef des forces armées en Nouvelle-Calédonie « déclare la guerre au peuple kanak » selon sa propre expression. Pendant plus d’une semaine, l’île d’Ouvéa est transformée en champ de bataille : investissement de villages au petit matin avec véhicules blindés, grenades lacrymogènes lancées dans les cases, saccages des magasins...

La grotte finit par être localisée par l’armée. Le 3 mai, Jacques Chirac donne son accord pour un assaut, alors même que des négociations sont entamées avec les preneurs d’otages. Trois jours avant le second tour de l’élection présidentielle, l’assaut est donné par des commandos d’élite de l’armée : 19 morts parmi les indépendantistes dont au moins trois exécutions sommaires.

Il y a donc seulement 7 mois, l’armée française quadrillait encore la Nouvelle-Calédonie, et y pratiquait selon la vieille tradition colonialiste des ratissages, regroupements de populations, hommes, femmes et enfants mêlés, sévices et tortures, et y faisait barouder ses unités d’élite. Jacques Chirac parlait des « sauvages ». Jacques Lafleur du « terroriste Tjibaou »... Mitterrand, président de la République avait laissé faire, pour le moins.

Un mois après la réélection de Mitterrand, changement de décor, du côté francais. Le gouvernement Rocard fait venir à Paris Tjibaou et Jacques Lafleur, le chef de la droite colonialiste de Nouméa, et obtient leur réconciliation spectaculaire. Tjibaou et Lafleur se serrent la main devant les caméras le 26 juin. On ne parle plus que de paix et de réconciliation en Nouvelle-Calédonie...
Les accords matignon

C’est Rocard, le Premier ministre de Mitterrand, qui est l’auteur de ce petit miracle. En fait, dans ces semaines qui ont suivi la réélection de Mitterrand et la défaite de la droite aux législatives, le nouveau gouvernement socialiste cherche à convaincre des hommes de droite d’entrer dans son gouvernement. C’est l’heure de « l’ouverture », l’ouverture à droite évidemment. Le premier terrain d’essai va être la Nouvelle-Calédonie, où Rocard va proposer une politique pleinement acceptable par la droite, tout en se portant garant de la sagesse des indépendantistes. Il aura le soutien de Raymond Barre dans l’opération.

Du côté indépendantiste, les espoirs reprennent après la réélection de Mitterrand. Une mission de dialogue est mise sur pied avec le gouvernement socialiste, et le bureau politique du FLNKS, le 15 juin, pose « ses conditions » : au cas où le gouvernement français proposerait un nouveau statut, il faudrait que celui-ci « débouche ouvertement sur l’accession à l’indépendance », que sa durée ne dépasse pas 1992, et qu’il empêche la partition future éventuelle du pays qui pourrait tout à fait convenir aux colons, transformant les régions kanakes « indépendantes » en simples réserves. Le bureau politique ajoute que le dédommagement du peuple kanak « ne doit pas servir de prétexte à un retardement de l’accession à l’indépendance », « le meilleur dédommagement, c’est lui donner sa souveraineté ». En outre, s’il était prévu un référendum national sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, le Front demanderait la consultation à part du peuple kanak (cité dans « Nouvelle-Calédonie, les sentiers de l’espoir » de Claude Gabriel et Vincent Kermel, éd. La Brèche). Tjibaou lui-même déclare qu’il part à Paris avec la perspective de l’indépendance. Voilà sur quelles bases la direction du FLNKS déclare engager des négociations avec le nouveau gouvernement socialiste.

Aucune des conditions de départ proposée par la direction du FLNKS n’est retenue dans l’accord signé le 26 juin par Tjibaou et Lafleur convoqués presque secrètement par Rocard. D’indépendance, point n’est question. L’accord ne prévoit un scrutin d’autodétermination... que dans dix ans ! Dix ans de répit supplémentaire pour le colonialisme français. Quant au corps électoral dans dix ans, il est prévu qu’il sera le même que celui d’aujourd’hui, plus bien sûr ceux accédant sur le territoire à leur majorité électorale. Après estimation, les organisations indépendantistes devront bien reconnaître que les Kanaks courent le risque d’y être toujours minoritaires... Empêcher la partition future du pays ? Il en est encore moins question. Le nouveau statut qui sera appliqué pendant ces dix ans, est la division de l’archipel en trois régions, la région sud autour de Nouméa à majorité blanche d’un côté, puis deux régions kanakes. Voilà comment Jacques Lafleur, très satisfait de l’accord quant à lui, l’interprète : « chacun va démontrer dans sa région ce qu’il est capable de faire dans une espèce de compétition. Nous, nous allons, je l’espère, transformer notre région en une sorte de paradis économique et social, culturel et humain. Nous avons d’immenses projets pour faire en dix ans de notre région la vraie vitrine de la France dans le Pacifique de l’an 2000 ». Ce qui veut dire qu’on peut très bien aboutir en 1998 à une région Sud prospère qui, ayant bénéficié tout comme auparavant des largesses financières de la métropole (sous le gouvernement Chirac, les trois régions à majorité kanake ont reçu un peu moins de trois millions de francs français ; la région Sud, où sont concentrés les Européens, a eu droit à elle seule à plus de trois milliards et demi de francs français !), pourrait décider de rester « française », face aux autres, les plus démunies, à qui on laisserait la possibilité de devenir « indépendantes ».

Tjibaou, Rocard et Lafleur se mettent ensuite d’accord pour faire ratifier cette énième réédition du statut colonial de la Nouvelle-Calédonie par un référendum national sur l’ensemble du projet, avant la fin de l’année 88. Rocard espère en retirer un consensus personnel auprès de la droite métropolitaine, malgré le fort taux d’abstention prévisible. Ce qui va s’avérer un mauvais calcul, la droite, au fil des mois, se désolidarisant plus ou mois hypocritement du référendum, le RPR allant jusqu’à appeler à l’abstention, alors que Chirac dans un premier temps s’était déclaré satisfait de l’accord.
Les reticences kanakes

Voilà donc ce qui a été signé derrière le dos des Kanaks, et même derrière le dos, apparemment, d’une partie de la délégation du FLNKS partie pour Paris ! Léopold Jorédié, membre de la délégation du FLNKS à Paris, remet fin juin au journal Le Monde une lettre de bilan très critique des accords dits de Matignon (du nom de l’Hôtel Matignon à Paris, siège des services du Premier ministre) : « l’accord a été symbolisé par une poignée de mains montrée à la télévision comme l’un des produits exotiques du bon vieux temps des expéditions de la marine à voile... Comme un produit ramené des antipodes, cette fois, pour être vendu aux centristes français « ... « Après tant de souffrance, d’humiliation, d’inconsidération et de sang versé pour un droit reconnu par les Français eux-mêmes, jamais nous n’aurions pensé un seul instant que ce serait au cours d’une nuit de juin 1988, à Matignon, que le mépris du peuple kanak atteindrait son paroxysme. Car avoir réussi à convaincre l’esclave d’accepter de serrer la main de son maître pour réconcilier les Français, cela constitue évidemment un exploit sans précédent... » (cité dans le livre de C. Gabriel et V. Kermel, p. 173).

Léopold Jorédié, l’un des principaux membres de la direction du FLNKS proteste contre Tjibaou (en fait comme la plupart des autres dirigeants du FLNKS) mais finira comme eux par s’incliner devant les accords et paiera lui aussi de sa personne pour les faire passer auprès des militants de Nouvelle-Calédonie, tout comme pour faire passer la consigne du oui au référendum dans les régions kanakes.

En attendant, en ces jours de juin et juillet, il reste à Tjibaou à « faire passer les accords » auprès des militants comme d’ailleurs des autres dirigeants du FLNKS Car c’est devenu une espèce de tradition entre Tjibaou et les différents représentants successifs des gouvernements français : les négociations, les tractations entre les deux parties sont toujours secrètes, précédées ou suivies de pourparlers « privés » (comme Mitterrand en 81 avait donné des assurances « privées » aux dirigeants indépendantistes). C’est ce qui s’était passé avec Pisani, en 1984 et 1985. C’est ce qui a été réédité en 1988, après le massacre d’Ouvéa. La direction du FLNKS s’employant ensuite « à convaincre la base ».

Dans une lettre à Rocard, Tjibaou demande un délai de trois semaines à un mois, pour faire passer les accords auprès du reste du FLNKS Dans un premier temps, les différentes tendances du FLNKS, y compris l’Union Calédonienne à laquelle appartiennent Tjibaou et Jorédié, n’acceptent pas l’accord, et évoquent même la possibilité d’un possible boycott du référendum. A la première Convention Nationale du Front, à Thio, le 16 juillet, en présence de 500 délégués, tous les groupes présents se déclarent hostiles aux accords de Matignon. Devant les réticences du FLNKS, le ministre des DOM-TOM s’impatiente : l’accord n’est pas amendable, il ne saurait y avoir de renégociation... et menace de revenir au statut en vigueur sous Chirac.

Le FLNKS se réunit alors pour une seconde convention nationale, le 24 juillet, à Ouvéa cette fois. Chacun affirme les mêmes désaccords, mais tous finissent par s’entendre sur une motion finale qui dit entre autres : « considérant que la volonté unanime des militants est de sauvegarder l’unité du FLNKS..Le FLNKS est disposé à s’engager plus en avant dans le processus ouvert par les accords de Matignon dès lors que le cadre du plan Rocard n’est pas figé et est susceptible d’aménagements sur des questions de fond... ». On n’a plus entendu parler par la suite de « ces aménagements sur les questions de fond », et le projet de loi soumis au référendum n’y fait aucune allusion ! Tjibaou se félicitera du document final en disant : « ce qui est prioritaire, c’est le FLNKS, c’est l’unité de notre peuple. Et ce minimum d’accord sauvegarde l’unité de notre peuple... ».
Le succes de tjibaou

Tjibaou aura donc réussi le tour de force de négocier un accord avec l’impérialisme français et la droite colonialiste qui recueille l’indignation de pratiquement toutes les tendances du FLNKS, puis de faire accepter cet accord aux mêmes tendances du FLNKS au nom... de « l’unité du FLNKS » ! En août, Tjibaou peaufine son coup de force sur le reste du mouvement, en emmenant avec lui une délégation pour Paris qui comprend cette fois deux membres du PALIKA (Parti de Libération Kanake) et un membre de USTKE (Union des Travailleurs kanaks et exploités), deux tendances qui se disent marxisantes dans le FLNKS et qui avaient refusé de participer au premier voyage de juin. C’est le ministre des DOM-TOM qui tire la leçon de l’histoire en déclarant à l’intention de la nouvelle délégation : « nous n’avons... pas à défaire ce qui a été bien fait, mais à expliquer ou à expliciter ». Le PALIKA et l’USTKE se feront tout « expliciter » et finiront par rentrer en Nouvelle-Calédonie en essayant de se convaincre eux-mêmes qu’ils « entendent faire des dix années de transition une réelle période de préparation à l’indépendance », selon la formule de Tjibaou.

En septembre, une nouvelle convention du FLNKS entérine la signature des accords (mais 18 comités sur trente-deux sont présents seulement) et appellent à voter OUI au référendum. Seul le FULK, tendance très minoritaire, déclare maintenir sa position de refus et appelle le premier octobre à voter NON au référendum. Le FULK (Front Uni de Libération Kanak), dirigé par Yann Céléné Urégueï, a l’habitude de prendre certaines positions plus radicales, tout en prônant un « parti unique » pour les Kanaks sur le modèle du FLN algérien...

En réalité, la quasi-totalité des dirigeants nationalistes composant le FLNKS vont finalement capituler devant les marchandages secrets de Tjibaou et de l’impérialisme français. On réglera les comptes « en famille », au sein des « groupes de pression » qui constituent la direction du FLNKS (comme les indépendantistes nomment eux-mêmes leurs différentes tendances), pour finalement adopter une position unique, derrière Tjibaou, devant la base et l’ensemble du peuple kanak. Mis à part le FULK qui a appelé à voter NON au dernier moment, l’acte le plus audacieux des autres dirigeants du FLNKS aura été la lettre de Jorédié au Monde, en juin dernier. Mais les Kanaks de la brousse de Nouvelle-Calédonie ne lisent sans doute pas Le Monde. Et Jorédié lui-même est vite rentré dans le rang. Car voilà en quoi consiste la conception démocratique des dirigeants nationalistes, la conception de leurs liens avec le peuple kanak : au nom de « l’unité du peuple kanak », ne jamais mettre le peuple kanak en garde contre ceux de ses dirigeants qui le trahiraient, et passeraient des accords derrière son dos avec l’adversaire.

C’est cela la force d’un Tjibaou, ce notable kanak qui depuis quinze ans n’a jamais manqué une occasion d’accéder aux postes de responsabilité que pouvait lui offrir l’impérialisme français : pouvoir être sûr, que quoi qu’il fasse derrière le dos des masses et des militants, l’immense majorité des chefs des autres tendances se garderaient bien de dénoncer ses actes publiquement, privilégiant leur solidarité de future équipe gouvernementale par rapport à leur solidarité avec le peuple kanak qu’ils ont eux-mêmes mobilisé et engagé dans des formes d’actions qui demandent pourtant bien des sacrifices et parfois même des morts...

En réalité, les différentes tendances du mouvement nationaliste kanak sont d’accord sur le fond : il s’agit de négocier avec l’impérialisme français, dans des limites acceptables pour lui, une voie d’accès au pouvoir... même si ce pouvoir doit être limité et en fait rester subordonné à l’impérialisme français. Quand les promesses ne sont pas tenues, les différents dirigeants du FLNKS, Tjibaou y compris, n’hésitent pas à mobiliser la population kanake, et à s’en servir comme moyen de pression, y compris sous des formes « musclées » pour reprendre une expression de Tjibaou. La répression par les troupes françaises n’empêche pas les mêmes nationalistes d’accepter de négocier ensuite dans les pires conditions, quitte à ce que la base ait le sentiment d’avoir laissé des morts sur le terrain pour rien. Pour excuse, des gens comme Tjibaou invoquent le rapport des forces écrasant en faveur de l’impérialisme français, et la nécessité de se contenter, alors, de « petites étapes » vers l’émancipation kanake. C’est d’ailleurs bien pour cela que bon gré, mal gré, les autres composantes nationalistes du FLNKS finissent par se ranger derrière Tjibaou, le leader nationaliste le plus en cour auprès des autorités françaises.

Et dans la mesure où ses différents dirigeants apportent leur caution finale au dirigeant envers lequel ils auraient des raisons d’être méfiants, le peuple kanak lui-même s’incline, faute de dirigeants de rechange, avec sans doute cette sorte de résignation et de démoralisation qui consiste à penser qu’il n’a guère le choix, et que cela est dû à sa seule faiblesse. C’est ainsi qu’en Nouvelle-Calédonie, dans les régions à majorité Kanake, la consigne pour le OUI a été généralement suivie, sauf toutefois dans quelques régions comme les îles Loyauté où la proportion des abstentions a été beaucoup plus importante qu’ailleurs.

Bien sûr, la faiblesse numérique du peuple kanak, l’écrasante disproportion des forces en faveur de l’impérialisme français, font que la recherche d’un accord et d’un compromis semble la seule politique réaliste pour aller sur la voie de l’indépendance et de la liberté kanakes.

Et c’est sans doute vrai. Car créer un autre rapport de forces en faveur du petit peuple kanak, supposerait une tout autre perspective, qui lui ferait chercher des alliés, pour commencer parmi les autres Noirs pauvres de l’Océan Pacifique, y compris ceux qui subissent la dictature de l’impérialisme au travers de micros-États indépendants. Les 70 000 Kanaks de Nouvelle-Calédonie formeraient alors les premiers bataillons de la révolution en Océanie, le porte-parole et le flambeau de la révolution prolétarienne dans cette partie du monde.

Mais cette perspective-là, évidemment, elle ne peut être apportée au peuple kanak que par des internationalistes, pas par des nationalistes de quelque nuance que ce soit.

Messages

  • GWADLOUP KANAKY MENM KONBA !

    Le Haut Commissaire de l’Etat colonial français présente la mort de 4 personnes comme la conséquence d’un affrontement entre tribus. En vérité, il s’agit d’une attaque de la milice patronale d’Air Calédonie avec l’accord et le soutien l’Etat colonial français contre des usagers qui réclament l’arrêt de la pwofitasyon sur les prix des billets d’avion.

    C’est pour avoir dénoncé et s’être mobilisés depuis le 23 juillet dernier contre cette pwofitasyon, érigée en véritable système, que les Usagers de l’ile de NENGONE (MARE) ont fait l’objet d’attaques violentes par la milice patronale, autorisée par l’autorité coloniale française. Bilan : 4 morts et 23 blessés.

    Ce drame intervient après l’appel de l’USTKE (resté vain) à « l’ensemble des acteurs institutionnels, Gouvernement et Congrès afin d’engager rapidement les discussions et négociations avec le Collectif des usagers pour créer les conditions permettant un règlement du conflit et une reprise de l’activité de la compagnie. »

    L’alliance Patronat - Etat colonial français aura donc décidé de régler ce conflit dans le sang, comme toujours, en organisant division, confrontation et affrontement entre travailleurs. Rappelons-nous les condamnations à des peines de prison ferme dont ont été victimes six dirigeants de l’USTKE lors d’un précédent mouvement à Air Calédonie en 2009.

    L’UGTG réaffirme que la paix sociale ne peut exister quand la majorité des enfants sont exclus de tout et tient l’Etat colonial français pour principal responsable de cette tuerie.

    L’UGTG exhorte les Travailleurs et le Peuple Kanak à refuser la division instituée par le colonialisme français ; division destinée à servir les intérêts de la France et non ceux des Travailleurs et du Peuple Kanak.

    L’UGTG apporte son soutien militant aux Travailleurs et au Peuple KANAK qui luttent contre le mépris, pour le respect et l’amélioration du pouvoir d’achat et condamne sans réserve la répression dont ils font l’objet.

    Tout comme en Guadeloupe, l’UGTG exige le respect des travailleurs et du Peuple Kanak, la satisfaction de leurs justes et légitimes revendications ainsi que le respect des accords signés sur l’amélioration du pouvoir d’achat, la priorité d’emploi, la formation et l’insertion des jeunes et l’accès aux postes à responsabilités en faveur des gens du pays.

    NON AU MEPRIS – NON A LA REPRESSION !

    GWADLOUP KANAKY MENM KONBA !

  • Un jeune homme est décédé dans la nuit de samedi à dimanche à la suite d’un accident sur l’un des barrages érigés par les rouleurs de nickel, a annoncé dimanche le haut-commissaire de la République, Vincent Bouvier.

    Il s’agit du premier incident grave en marge de ce conflit avec les routiers transporteurs de nickel qui dure depuis trois semaines.

    "Ce matin vers 02H30, Roger Nui, âgé de 25 ans, circulait à bord de son véhicule sur la voie de dégagement ouest ; il s’est encastré sous un camion de rouleur qui bloquait la voie de Kowekara (sud de l’île, ndlr). Il est décédé des suites de ses blessures", a déclaré M. Bouvier.
    Une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances exactes de cet accident.
    Le conflit qui oppose les mineurs et les camionneurs transportant du nickel au gouvernement a débuté le 5 août. Ces derniers réclament notamment l’ouverture d’un canal d’exportation de minerai vers la Chine.

    Le Conseil consultatif du commerce extérieur des mines (CCEM) et le groupe de travail des présidents et signataires de l’accord de Nouméa (GTPS) ont donné un avis défavorable à leur requête.

    Depuis, les rouleurs campent devant l’immeuble du gouvernement avec leurs 30 tonnes et organisent des blocages dans la capitale calédonienne et en divers points de l’intérieur de la Grande Terre.

    La ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin, a appelé l’ensemble des acteurs "à renouer sans délai les fils du dialogue pour permettre, dès aujourd’hui, un retour à la normale sur toutes les voies de circulation et pour lever les obstacles à la résolution du conflit en cours", dans un communiqué.

    Le représentant de l’Etat a lancé un appel solennel aux rouleurs afin qu’ils mettent fin aux blocages à Nouméa et sur l’ensemble du territoire. "La tenue de la réunion de conciliation prévue dimanche après-midi est conditionnée à la levée des barrages", a-t-il précisé.
    Le gouvernement essaie de se servir du mort pour casser la grève !!!!

  • L’intersyndicale Vie chère a appelé à la grève générale le 1er septembre en Nouvelle-Calédonie pour exiger l’adoption par les élus de deux réformes économiques et fiscales, qui suscitent des controverses, a-t-elle fait savoir vendredi 26 août. Ces textes de loi, en gestation depuis plusieurs années, sont examinés le 1er septembre au Congrès de cet archipel français très autonome et en même temps très dépendant du pouvoir colonial.

  • Nouvelle-Calédonie : la visite de Macron à Ouvéa le 5 mai suscite la controverse !

    La petite île d’Ouvéa a été le théâtre du paroxysme des violences entre indépendantistes kanak et loyaliste caldoches dans les années 1980. Elle a été le site d’un véritable massacre colonial organisé par la France.

    Que Macron choisisse d’aller là pour sa visite et à cette date anniversaire, c’est de la provocation.

    Les indépendantistes ont rappelé dans la rue sa petite phrase à Macron en visite en Algérie : "La colonisation est un crime contre l’humanité" !!!

    Lire la suite

  • La Nouvelle Calédonie vote dimanche pour ou contre l’indépendance...

    La population kanak n’a pas vu un quelconque bénéfice à la colonisation !

    Le coût élevé de la vie à Nouméa pousse les Kanaks à vivre dans des bidonvilles. Ils doivent également faire face à une discrimination à l’embauche. Pour résoudre cette situation, ils placent beaucoup d’espoir dans l’indépendance et espèrent que le oui l’emportera lors du référendum dimanche.

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