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Non ! Les Pharaons n’ont pas donné naissance à la civilisation en Egypte...

mardi 30 août 2011, par Robert Paris

Le site archéologique chalcolithique de Nagada, en Haute-Égypte, a donné son nom à la culture de Nagada (-3 800 / -3 150). Nagada n’était pas la seule civilisation qu’ait connu l’Egypte, loin de là... Quatre cent cinquante ans après la disparition de Nagada, naissait le régime dictatorial des Pharaons d’Egypte. Ils n’avaient pas créé l’Egypte, ni sa prospérité, ni son artisanat, ni son art, ni son irrigation du Nil, ni l’état d’esprit si particulier de son peuple. Ils n’avaient fait qu’en profiter pour chanter au travers de monuments impressionnants la gloire de la dictature qui écrasait tous les peuples voisins.

Statuette de Nagada

Non ! Les Pharaons n’ont pas donné naissance à la civilisation en Egypte...

Bien plus que la formation d’un pouvoir central étatique, la véritable source de la civilisation égyptienne est le Nil. Non seulement, il irrigue la région, lui fournit des alluvions fertiles, a une crue en plein été qui inonde largement les terres, mais il forme des barrages de terre naturels et des digues naturelles. Entouré de zones désertiques, il attire les populations nomades alentour et constitue d’autant plus facilement des noyaux de sédentarisation que les buttes de terre où se forment les villes sont obligées d’accueillir une bonne partie de l’année les paysans de la région quand, en période de crue, les terres sont inondées. D’où une sédentarisation importante. Enfin, le Nil est une voie d’eau praticable qui fournit un moyen de communication appréciable dans un pays qui sait fabriquer des navires adaptés. Dernier point et non le moindre, le facteur d’unité du pays, c’est encore le Nil… Il a permis, très tôt, un développement d’une agriculture très profitable entraînant un enrichissement important, des différenciations sociales considérables avec le développement d’une grande division du travail, d’un artisanat important et le développement des échanges marchands. Tous ces développements n’ont pas nécessité la mise en place du régime policier des Pharaons, avec leurs contrôleurs, leurs surveillants de travaux, leurs policiers, leur armée de fonctionnaires, leur encadrement idéologique et militaire...

L’Egypte est un don du Nil, mais c’est aussi le Nil qui a socialisé les populations qui sont venues du Sahara quand celui ci s’est complètement desséché. L’histoire de cette civilisation est d’abord celle de la "domestication du fleuve". Pour mener à bien cette rude tâche, la coopération d’un grand nombre d’hommes est nécessaire. En effet, il faut établir des digues parallèles au fleuve et d’autres perpendiculaires, la construction de bassins de retenue, ainsi que l’aplanissement du sol, le tout sur une grande échelle. Mais cette aventure n’a pas attendu les Pharaons. Elle a commencé deux mille ans avant eux… L’aventure égyptienne commence au Prédynastique vers - 5500. Dès le Vème millénaire, des contacts sont attestés avec le Sinaï et la Mésopotamie et peut être avec le Nil soudanais. A la fin de cette période, plusieurs confédérations se sont constituées en Haute comme en Basse Egypte. En Haute Egypte, ces trois confédérations sont Thinis, Noubt et Hierakonpolis. Après une lutte pour la suprématie, pendant l’époque Nagada II (- 3600 - 3300), Hierakonpolis l’emporte. En Basse Egypte, à partir de - 3500, le niveau de la Méditerrannée commence à baisser, découvrant ce qui va former le Delta. Les nomes du Delta s’organisent en coalitions. Les nomes de l’Ouest s’opposent à ceux de l’Est et sont vainqueurs. Deux royaumes se forment avant la fin du Protodynastique ( - 3500 - 3150).

Au 4 ème millénaire, les premières tentatives d’unification entre la Haute et la Basse Egypte sont à l’initiative du Delta, mais demeurent brèves. En fait, ce sont 3 principautés du Sud qui sont à l’origine de l’unification de l’Egypte : This, Nagada et Hierakonpolis.

Une modification exceptionnelle du climat a transformé les terres arables en désert. Une sécheresse sévère dure une vingtaine d’années et la famine qui élimine la moitié de la population provoque une grave crise politique, religieuse et sociale, entre - 2200 et - 2100, l’Egypte se morcelle. Sous la 6 ème dynastie, les grands fonctionnaires locaux se transforment en une noblesse féodale. Ils font entrer dans leur héritage non seulement leurs charges, mais aussi les terres et les paysans. En face, les pharaons se montrent faibles et régularisent par des chartes cet état de chose. La décadence est irrémédiable. La révolution sociale ruine l’autorité royale et l’unité politique de l’Egypte. Le régime féodal s’établit dans les provinces. Les princes d’Héracléopolis en Moyenne Égypte, usurpent la couronne et font de leur ville, une capitale royale. Les fonctionnaires se servent dans le Trésor et les cités se combattent entre elles.

L’Egypte avant les pharaons

Comme chacun sait, l’Egypte des Pharaons est caractérisée par l’importance de l’Etat. C’est lui qui dirige tout, l’économie, la vie sociale, l’art, la construction, les transports, les relations entre les hommes, la religion, etc... Et c’est l’un des premiers états centralisés et dirigés de manière bureaucratique au monde. La splendeur des monuments, la richesse des techniques et des arts est d’autre part impressionnante à une époque aussi reculée. Les dynasties pharaoniques commencent en effet en 2700 avant J.-C.

Et pourtant la civilisation d’Egypte est très loin d’être née à l’époque des Pharaons, d’être née avec l’Etat et sous son égide.

On a souvent expliqué cependant que l’irrigation du Nil nécessitait cet Etat centralisé et que l’on n’aurait pas pu développer l’agriculture sans la centralisation des travaux de digues et de canalisations organisées par cette bureaucratie.

Ce n’était pas exact et pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la civilisation est née des centaines d’années avant l’Etat. Qu’il s’agisse de la sédentarisation, des grandes villes, de l’agriculture, de l’irrigation, de l’art, de l’artisanat et même de la participation à un grand commerce international avec le Moyen-Orient.

D’autre part, l’Etat n’est pas né pour permettre l’irrigation, mais pour permettre la stabilité sociale. Le Pharaon disait : je lutte contre le chaos. Quel chaos ? Aucune armée voisine ne menaçait l’Egypte à cette époque.

Le chaos qui menaçait sans cesse les riches des grandes villes avait un autre nom : la révolution sociale qui emportait régulièrement la société...

L’Etat s’est bâti pour éradiquer la révolution...

Quelques dates

Les restes archéologiques précédant les dynasties pharaoniques abondent et ils représentent non une mais plusieurs civilisations précédentes et plusieurs sortes de régimes, royaux ou pré-royaux...

 avant 7000 ans avant J.-C., il y a trois régions où se développent trois sociétés différentes, trois civilisations :

* une économie produisant des poteries à Khartoum (Haute-Nubie)

* la société dite de Nabta Playa 1 en Basse-Nubie

* la société dite Garounien au Fayoum

 de 6900 ans avant J.-C. à 6400 avant J.-C., civilisation de Nabta Playa 2 en Basse-Nubie

puis un "trou" de 600 ans au moins, dans lequel on ne trouve plus aucune trace de civilisation... sans qu’il y ait une trace qu’une guerre, qu’une invasion ait détruit les sociétés précédentes.

Au 6ème millénaire, une phase aride, avec baisse considérable du niveau du Nil, entraîne la chute de la civilisation, probablement par révolte sociale et déstabilisation politique.

 de 5800 à 5400 ans avant J.-C., civilisation néolithique du Fayoum

 de 5400 à 5000 ans avant J.-C., civilisation de Mérindé Beni Salamé, au nord de la vallée du Nil

 de 5000 à 4500 ans avant J.-C., il y a simultanément deux civilisations différentes :

*Celle d’El Omari au nord de la vallée du Nil

* celle néolithique de Khartoum en Haute-Nubie

 de 4200 à 3800 ans avant J.-C., la culture dite de Badari dans le sud de la Moyenne-Egypte, ensemble culturel homogène dont le matériel funéraire révèle déjà une société complexe et inégalitaire.

 de 3800 à 3500 ans avant J.-C., la civilisation Nagada 1 ou Amratien, en Haute-Egypte a une aire d’occupation qui s’étend vers le Sud, l’agriculture céréalière s’intensifie et le phénomène de hiérarchisation s’accélère. Cette phase porte le nom d’Amratien (du site d’El Amrah) ou Nagada I.

À la même époque en Basse-Égypte se développe une culture de pasteurs-agriculteurs entretenant des relations privilégiées avec le Proche-Orient. En revanche, les importations de Haute-Égypte sont très modestes.

Deux autres sociétés coexistaient en Egypte avec Nagada 1 :

 de 4000 à 3300 ans avant J.-C., la culture dite du "groupe A" de Basse-Nubie

 de 4100 à 3500 ans avant J.-C., les cultures du nord de la vallée du Nil avec les villes de Maadi, Ouadi Digla, Héliopolis et Bouto

 de 3500 à 3400 ans avant J.-C., la civilisation Nagada 2 au nord de la vallée du Nil (Maadi). La situation change au milieu du IVe millénaire. Les chefferies nagadiennes s’étendent vers le Nord jusqu’au-delà du Delta et vers le Sud jusqu’à la deuxième cataracte.
Le processus de hiérarchisation s’accentue, les tombes de l’élite révèlent des objets luxueux : poignards au manche décoré, bijoux, palettes à fard... On donne à cette phase le nom de Gerzéen (du site de Gerzeh) ou Nagada II.

 à partir de 3000 ans avant J.-C., la civilisation dite Nagada s’unifie dans la vallée du Nil et le delta. C’est Nagada 3. Elle est marquée par le début de l’écriture et le développement de la direction politique de la société.

C’est une société très civilisée, très riche déjà, qui fait du grand commerce, qui connaît quasi toutes les techniques, arts et artisanat qui seront ceux de l’Egypte des Pharaons. Elle se développe pendant deux cent ans, mais elle est menacée par une nouvelle crise sociale révolutionnaire du type de celles qui ont détruit de multiples civilisations en Egypte précédemment.

 3000 ans avant J.-C., développement des villes de This, Memphis, Saqqarah avec constructions en brique crue et pierres de taille

 à partir de 3100 ans avant J.-C., les première tentatives de construire un ordre social stable en créant une direction centralisée commencent. Ce sont les souverains de Hiérakonpolis qui tentent de gouverner à la fois la haute et la basse Egypte

 à partir de 2700 ans avant J.-C., naissance de l’Etat pharaonique de l’Ancien Empire

 2600 ans avant J.-C., structuration de l’administration

 2480 ans avant J.-C., renforcement de la hiérarchie du clergé et développement de la bureaucratie

 2260 ans avant J.-C., la révolution sociale renverse pour 150 ans l’Etat pharaonique

 2110 ans avant J.-C., naissance du deuxième empire pharaonique dit Moyen Empire

5000 ans avant J.-C. au sud de Kémèt (Haute-Égypte)

Statuette de El Badari

Céramique de la nécropole de Deir Tasa en Haute Egypte. Culture de Badari

Les trois précédentes photos représentent quelques restes des civilisations de Nabta Playa

Au dessus et en dessous des poteries de l’époque de la civilisation Nagada 1

Au dessus et au dessous des poteries de l’époque de la civilisation Nagada 2

Tombe nagadéenne (origine : Egypte-antique.org)

Manche de couteau de Gebel el Arak (en - 3400)

Une poterie de l’époque de la civilisation Nagada 3

Agriculture à l’époque prédynastique

Epoque des premiers rois : palette de Narmer

Les grandes époques de civilisation en Egypte avant les Pharaons

La révolution civilisationnelle s’est faite avant l’arrivée des Pharaons et non grâce à eux. Ils ont été la contre-révolution sociale. C’est bien avant eux qu’est apparue la sédentarisation, l’agriculture, l’élevage, l’irrigation, les grandes villes, l’artisanat, l’art, le grand commerce international avec le Moyen-Orient. L’empire des Pharaons, très loin d’être marqué par les innovations artistiques et technologiques, est d’un grand conservatisme sur tous ces plans, comme sur le plan social.

Les thèses sur la nécessité des Pharaons sont légion. Les unes avancent que sans eux pas de grandeur de l’art. Les autres que sans eux pas d’unification. Les troisième développent que sans eux pas d’irrigation...

L’aménagement du Nil date du début du 4ème millénaire et les pharaons de la fin du même millénaire... Entre les deux quelques centaines d’années...

Les Pharaons datent de 2700 ans avant J.-C. alors que, dès 3800 avant J.-C., deux centres distincts de civilisation sont évidents : l’un au nord et l’autre au sud. Les sites du Nord possèdent une industrie de la pierre supérieure (armes, vases) alors que les sites du Sud se distinguent par la qualité de la poterie incrustée et rouge à bord noir. Et l’unification a eu lieu vers 3500-3300 avant J.-C., c’est-à-dire bien avant les Pharaons...

La première étape, le prédynastique "primitif", du milieu du VIe au milieu du Ve millénaire, voit le dernier stade de l’évolution du Fayoum A dans le Nord et du Badarien (d’après le site de Badari) dans le Sud. Les populations du Fayoum vivaient davantage de la pêche et semblaient posséder une meilleure technique dans la fabrication des vases de pierre et des armes et outils en silex. On remarque, durant cette période, une amélioration du mobilier et du matériel agricole ainsi qu’une évolution sensible des pratiques funéraires. Le défunt est enterré à l’abri d’une peau animale et sa tombe prend un aspect de plus en plus architectural. Les formes plastiques naissent : les céramiques du Nord atteignent un stade très achevé, des objets d’or et d’ivoire apparaissent (peignes, cuillères à fard, figurines, bijoux, amulettes à figures humaines ou animales).

Vers 4 500 avant notre ère, l’Amratien, deuxième étape du processus d’unification, se fait sans modifications profondes. Elle correspond à la première phase connue du site d’El-Amra à environ 120 km au sud de Badari, en plein cœur de cette région qui, d’Assiout à Gebelein, recèle les gisements prédynastiques les plus riches. Cette phase a pour correspondant, 150 km encore plus au sud, la première occupation du site de Nagada, dite Nagada I.

La céramique connaît une double évolution : dans la forme et dans le décor, avec des motifs géométriques tirés du règne végétal et animal peints ou incisés. La vallée s’ouvre sur l’extérieur par besoin de matières premières : en Nubie, probablement par caravanes, à l’Ouest en passant par les oasis, au bord de la mer Rouge, dans le Sinaï… L’exploitation des carrières, localisées dans des zones éloignées des terres cultivées, oblige les Égyptiens à organiser de véritables expéditions au cours desquelles ils doivent s’assurer le contrôle des lieux d’extraction et des voies de transit. Cette contrainte déterminera l’un des aspects majeurs de la politique extérieure des pharaons afin de garantir ces zones contre les incursions de peuples étrangers. La vaisselle de pierre trouvée à El-Amra prête à penser que les relations entre les groupes culturels du Nord et du Sud se sont intensifiés.

La découverte de la culture d’El-Gerzeh a permis de déterminer une troisième période, le Gerzéen, qui correspond à la seconde phase de Nagada (ou Nagada II).

Le Gerzéen diffère par la production d’une céramique qui développe des motifs stylisés : géométrisants pour reproduire des thèmes végétaux ; naturalistes pour représenter la faune (autruche, bouquetins, cervidés). De plus, les poteries et les palettes de fard s’animent de personnages et de barques transportant des emblèmes divins. Les tombes deviennent des répliques des demeures terrestres comportant meubles, amulettes, figurines et objets d’apparat décorés de thèmes représentant des animaux (lions, taureaux et bovidés, hippopotames, faucons…) qui symbolisent les divinités.

La quatrième étape mesure l’influence du Nord sur le Sud jusqu’à produire une culture mixte, le prédynastique récent (Nagada III), qui précéda immédiatement l’unification du pays et que l’on situe aux environs de 3 500 à 3 150 av. J.-C. Ainsi, les données archéologiques montrent que le passage de la Préhistoire à l’Histoire est le résultat d’une lente évolution et non d’un brusque bouleversement.

Barque de l’époque Nagada

Navire de commerce de l’Egypte pré-dynastique

Les richesses issues du travail ont été découvertes depuis belle lurette en Egypte : élevage des animaux, agriculture, techniques agraires, techniques d’irrigation, techniques d’extraction de la pierre, fabrication de la farine, stockage des grains en silos, fabrication de la bière avec la farine d’orge, fabrication du pain, pêche, chasse, … Les néolithiques savaient déjà élever les chiens pour la chasse et la garde des troupeaux. Les civilisations suivantes emploient les ânes pour tirer les fardeaux, les vaches à la charrue, les bœufs pour tirer les traineaux de grosses pierres, les ânes, les bœufs et les moutons au dépiquage, … Les deux sortes de bœufs antiques viennent d’Afrique : le bœuf neg et le bœuf ioua. Orge, froment amidonnier sont les céréales les plus fréquentes. On trouve aussi lin, laitue, oignon, pastèque, concombre, huile de sésame, ricin, palmier… On chasse l’oryx, le daim, le bouquetin, le mouflon, la gazelle, l’hippopotame, le crocodile, … On pêche dans le Nil toutes sortes de poissons. Dans le delta du Nil, les paysans fabriquaient le papyrus, qu’ils bottelaient, liaient et produisaient déjà industriellement pour écrire, pour confectionner des paniers.
Les métiers et artisanats d’Egypt ont fleuri et se sont développés bien avant les Pharaons : orfèvres, parfumeurs, maçons, potiers, fabricants de briques de limon ou de plâtre, constructeurs de bateaux, tailleurs de pierre, bronziers, peintres, tourneurs de vase, peaussiers, menuisiers, bronziers, tisserands, fileurs de lins, chirurgiens, droguistes, médecins,…

Les plus anciennes civilisations ont leur artisanat. On les trouve à Tasa en Moyenne Egypte, au Fayoum près d’Hélouan, et à Merrindé Beni Salam. La nécropole de El Badari montre qu’ils travaillent le cuivre, fabriquent des vases de pierre et des statuettes.

Bien entendu, personne n’a fabriqué autant de monuments que les Pharaons, mais les techniques ont peu évolué pour extraire la pierre et les anciens égyptiens en trouvaient déjà à proximité de leurs villes : partout du calcaire, du grès compact au sud de la haute Egypte, du basalte et de la quartzite ocre et rouge à Gebel el Ahmar à l’Est du Nil, du calcaire blanc à Ro-aon à Memphis, de l’albâtre dans le désert oriental, du granit à Assouan, …

D’où viennent les Pharaons ?

La domination des premiers rois n’est pas issue des habitants de villes ni des campagnes mais des guerriers nomades du désert. Les chefs nomades se sont servi de l’hostilité des agriculteurs à l’égard des nomades qui pillaient, enlevaient les bêtes. Par exemple, le dieu du désert Seth est considéré comme le diable. Les cultivateurs tiennent à s’habiller de lin pour se distinguer des nomades qui s’habillent de laine. Le roi Scorpion, le premier, s’est appuyé sur les guerriers Belamnite et du Loup pour vaincre les guerriers libyens, et battre les peuples Vanneaux et Arcs.

Ces guerriers bédouins nomades ont fondu sur les campagnes pacifiques comme la plaie sur le monde, pillant, tuant, volant, violant. Finissant par unir une force militaire capable de prendre la tête des plus grands groupes bédouins, ces armées ont conquis le sud puis la totalité de l’Egypte sous le roi Narmer. Il ne s’agit pas encore de Pharaons. Les guerriers ont-ils pour origine l’Arabies saoudite ? Il semble que les Payt qui fondent le royaume en viennent. En tout cas, ils ont pour emblème le faucon (hourou) qui en vient et va être considéré comme unificateur de l’Egypte. N’oublions pas que l’Egypte a été unifiée plusieurs fois avant ces rois, notamment par les gerzéens. La seule différence, c’est que les Pharaons écrasent méthodiquement les peuples qu’ils conquièrent. Les Vanneaux du delta du Nil et les Arcs sont torturés et pendus. Les Henmyt, premiers habitants de la vallée, sont écrasés.

Per-aon signifie la maison du roi, c’est-à-dire l’ensemble des fonctionnaires, et non un individu. Le Pharaon, c’est l’Etat qui veille à imposer l’ordre contre les peuples. Il écrit sous son nom : j’ai écrasé tel ou tel peuple, je les ai emmenés attachés, je les ai tués, je les ai pendus, etc… D’ailleurs, la personne du roi des dynasties égyptiennes ne se dit « pharaon », mais le roi (« nesout ») ou le seigneur (« neb ») ou « sa majesté ». Le mot pharaon (« par-ô ») s’emploie pour tous les hauts fonctionnaires car il signifie l’Etat du pharaon.

Ce n’est pas la Pharaons qui ont unifié l’Egypte

D’après l’Égyptologue Italien Maurizio Damiano-Appia : « A Nagada, quelques tombes, les plus grandes et les plus riches, forment un cimetière distinct (la « Nécropole T » ; d’après la nomenclature archéologique), et l’hypothèse selon laquelle il pourrait s’agir des premiers souverains d’une Vallée du Nil, culturellement et peut-être politiquement unie, n’est pas invraisemblable. »

Ce qui veut dire que l’Égypte était déjà unifiée sous les « Shemsou Hor » (C’est un dogme fondamental de l’Égyptologie qui s’effondre) et la langue égyptienne était déjà formée, toutes les composantes du peuple égyptien parlait une même langue. Ils avaient un même dieu..

Cet égyptologue ajoute, circonstance aggravante : « Dans les parages, on trouve également les traces d’une implantation archaïque, d’une date probablement postérieure à 3600 av. J.-C., qui fut le centre principal de la Haute Égypte avant d’être remplacée par Abydos et Hiérakonpolis » (c’est à dire Nékhen). « Cette cité (l’idée qu’il y a une cité avant Nékhen, avant Hiérakonpolis, c’est un deuxième dogme qui s’effondre) fortifiée, aujourd’hui dénommée ‘Cité Sud’, était appelé Nubet (Noubet) par les Égyptiens, ce qui signifiait ‘or’, sans doute pour faire allusion aux mines aurifères du Désert Oriental qui, à l’époque, étaient encore riches. » Donc, Nubet était la Capitale du Royaume de Haute Égypte. Nous voyons bien, qu’a cette époque, il n’y avait pas de Royaume au nord (Basse-Égypte).

La Civilisation égyptienne est née au sud. Les Égyptiens anciens sont les descendants des Soudanais de l’Antiquité (les Grecs anciens l’ont dit). C’est au Soudan que l’on trouve les plus anciennes traces de civilisation (ces faits sont prouvés scientifiquement).
Toutes les plus anciennes cultures protodynastiques se situent au Sud
Nagada, c’est au sud ; Nékhen, c’est au sud ; Abydos, c’est au sud ; Noubet, c’est au sud ; Thinis, c’est au sud.

Tous les premiers pharaons de Kémet et en particulier les « Suivants d’Horus » sont originaires du sud. (dynasties zéro, une, deux )
Toutes les plus anciennes nécropoles royales, les plus anciens cimetières royaux sont au sud. ( Nécropole d’Abydos)
Tous les plus anciens dieux et en particulier le dieu dynastique Horus sont originaires du sud.

L’origine des dieux est la Nubie appelée Pount ou To-neter qui veut dire pays des dieux. Le plus reculé des dieux est Min qui vient du Pount. La Nubie d’alors n’a pas de Pharaons et pas d’Etat. La religion égyptienne n’a pas d’origine royale, contrairement à ce que l’on a souvent prétendu.

La question qui est posée dans ce texte n’est pas ethnique, de couleur de peau, noir ou pas noir, ni culturelle mais politique : est-ce que l’Etat a construit l’une des plus grandes et des premières civilisations du monde ? Notre réponse est non ! L’Etat est né beaucoup plus tard, des centaines d’années plus tard et il a ponctionné, volé, détourné, pillé les richesses de cette civilisation, en la transformant en un vaste éloge de quelques grands profiteurs érigés en dieux vivants. C’est très différent. Le problème n’est pas de savoir si le pharaon était noir ou pas. La question est de savoir si ce sont ces grands rois dictatoriaux qui ont permis le développement économique, artistique et artisanal parmi les plus importants de l’Histoire. La thèse selon laquelle l’Etat est source de progrès est mensongère.

L’ancienne Egypte civilisée ne connaissait pas l’Etat, mais elle connaissait quasiment toutes les techniques, tous les arts qui seront ceux de l’Egypte des Pharaons. Quant aux origines ethniques, rappelons que la basse Egypte est bien moins ancienne que l’Egypte du sud, c’est-à-dire la Haute Egypte ou Nubie (aujourd’hui Egypte noire et Soudan), car le delta du Nil qui est au Nord (ou basse Egypte) était encore sous la mer au début des civilisations d’Egypte, donc sans peuplement très ancien. C’est avec le réchauffement climatique (commençant 5000 ans avant J.-C.) que la zone entourant le Nil s’est désertifiée et que le niveau des mers a baissé. Le delta a commencé seulement alors d’être peuplé souvent par des peuples venus de la mer.

L’ancienne Nubie civilisée n’avait pas de pharaons et il ne s’agit donc pas de la thèse des pharaons noirs. Puisque la Nubie sans Etat est à l’origine de la civilisation égyptienne, pourquoi ne pas dire que c’est une civilisation noire ? Parce que l’Egypte était un carrefour de peuples, de presque tous les peuples de la terre ! Il est venu en Egypte des peuples d’Asie, du Moyen-Orient, d’Europe et d’Afrique et ils se sont mêlés, ce qui n’a nullement empêché ce peuple de développer ses particularités culturelles qui n’ont rien d’ethniques… La culture, la civilisation, l’art, les développements idéologiques et philosophiques ou scientifiques étonnants de l’Egypte antique, avant les Pharaons, n’ont rien d’étatiques et ils n’ont rien d’ethniques !

D’ailleurs, même si quelqu’un démontrait que les premiers Pharaons étaient des Noirs, cela n’aurait rien de glorieux car les Pharaons étaient des tyrans sanguinaires qui ont opprimé un peuple pacifique de cultivateurs, de pêcheurs et de chasseurs...

Les Pharaons ont-ils inventé l’écriture ?

L’étude des représentations nagadiennes sur vases permet de voir le cheminement de la stylisation des végétaux en passant par les animaux pour aboutir aux enseignes divines qui sont déjà des hiéroglyphes. Il est possible que les premières inscriptions procèdent par représentation directe, la notation phonétique ultérieure pouvant alors être considérée comme un progrès technique.

L’écriture égyptienne associe idéogrammes, phonogrammes et déterminatifs. Les hiéroglyphes sont réservés aux inscriptions lapidaires et plus généralement murales et sont gravées, incisées ou peintes.

On a longtemps prétendu que les Pharaons avaient été à l’origine de l’invention de l’écriture. C’est une erreur. L’ouvrage collectif "L’Histoire de l’écriture" dirigé par Anne-Marie Christin écrit : "Il est désormais acquis que l’écriture apparaît dans la Vallée du Nil quelque temps avant la naissance de l’Etat pharaonique."

En fait, l’invention de l’écriture remonte à l’époque chalcolithique. Il n’y a pas de traces de signes dans les tombes néolithiques, ni même dans les tombes amratiennes, mais les enseignes des clans dessinées sur les vase gerzéens sont déjà de l’écriture. Or le Gerzéen, c’est 3500 avant J.-C. et les Pharaons, c’est au plus 2700 avant J.-C. Donc l’écriture date de huit cent ans avant les premiers Pharaons, rien que ça !!!

Ce sont en effet les Gerzéens qui ont commencé par utiliser pour signes distinctifs de reconnaissance des bateaux des dessins stylisés qui vont donner naissance à l’écriture hiéroglyphique. Ces emblèmes sont fixés en haut d’une perche verticale. Les signes hiéroglyphiques sont d’abord l’éléphant, le disque solaire, les flèches croisées, le faucon dans une nacelle, un harpon ou une chaîne de montagnes... Par la suite, les mêmes emblèmes vont représenter à la fois des territoires, des villes et des dieux. A tort, certains historiens ont prétendu que les signes hiéroglyphiques ont inventés pour écrire le nom des Pharaons.

Hiéroglyphes de l’époque prédynastique

Cartouche de l’époque prédynastique

Pour conclure, relisons les deux premières phrases de l’article "Egypte antique" de wikipedia :

"L’Égypte antique est une ancienne civilisation d’Afrique du Nord-Est concentrée le long du cours inférieur du Nil, dans ce qui constitue aujourd’hui l’Égypte. Cette civilisation de l’Égypte antique prend forme autour de -3150 avec l’unification politique de la Haute et de la Basse-Égypte sous le règne du premier roi et se développe sur plus de trois millénaires."

Donc, on continue à diffuser l’idée que les rois qui ont donné les Pharaons on créé l’Egypte. Eh bien, c’est faux !

Qu’en disent les historiens ?

Les historiens n’en ignorent rien aujourd’hui. Cela ne les empêche pas de continuer de parler de « l’Egypte des Pharaons ». C’est le cas, par exemple, de l’ouvrage « une histoire du monde antique » qui titre le chapitre sur l’Egypte par « l’Egypte des Pharaons ». Pourtant, ce livre parle de l’Egypte avant les Pharaons. On y lit : « Au 4ème millénaire avant notre ère (…) on sait déjà dessiner des scènes de la vie quotidienne, modeler des vases en calcaire, sculpter des bas reliefs, fabriquer du fard pour les yeux, etc, etc… »

Ils présentent les faits sur l’ancienne Egypte comme si ces vieilles civilisations étaient « prédynastiques », c’est-à-dire menaient logiquement aux dynasties par un développement logique.
Les rois prédynastiques et les Pharaons qui leur ont succédé ne se situent même pas dans une « continuité du progrès » par rapport aux civilisations précédentes fondées sur des sociétés où apparaissent des classes sociales et des luttes de classe mais sans Etat. Une telle continuité n’existe pas ni au plan social, ni historique, ni humain. L’Etat a été imposé de l’extérieur au peuple égyptien par des guerriers extérieurs qui ont volé les progrès de la civilisation comme ils ont volé toutes les richesses de l’Egypte. Ces guerriers n’avaient rien à voir avec les progrès de l’agriculture et de l’artisanat et n’en étaient nullement issus. Ils étaient des produits du nomadisme, guerrier et pillard, venu d’Arabie saoudite et qui avaient d’abord conquis les déserts d’Egypte avant d’écraser les campagnes et les villes, faisant du peuple égyptien une plèbe exploitable à merci…

Extraits de l’ « Egypte éternelle » de Pierre Montet

« Les Egyptiens dans la vallée du Nil

L’homme est apparu en Egypte de très bonne heure. Les outils que les géologues Sandford et Arkell ont recueilli sur les terrasses qui dominent la vallée du Nil s’échelonnent depuis l’abbevillien primitif jusqu’au moustérien. Auparavant, le R.P. Bovier-Lapierre avait trouvé dans les carrières de l’Abassieh, à un endroit où le Nil s’élargit, les outils de ces mêmes périodes, arrachés par le fleuve et déposés en couches régulières. L’industrie acheuléenne est également représentée à l’oasis de Kargeh. Le moustérien abondant dans les oasis caractérise une station un peu à l’ouest de Nag Hamadi. Dans la région voisine de Kom Ombo une population relativement nombreuse, les Sébiliens, a longtemps vécu sur les bords du lac alimenté par deux affluents du Nil et retenu par le prolongement du Gebel Silsileh. Détenteurs, au début, de la technique moustérienne, ils armaient vers la fin des flèches et des javelots avec des microlithes. Leur lac s’étant desséché, ils se sont répandus dans la vallée jusqu’au Fayoum. Des burins et des microlithes ont été recueillis à Assouan, à Medamoud, au Fayoum, à Kargeh et dans le désert libyque, mais aussi de l’autre côté du Nil, à Hélouan et dans le désert arabique. (…)

Au début du néolithique, vers 5000 avant Jésus-Christ, le changement de climat a contraint les descendants de ces tribus errantes à se rapprocher du Nil et des lacs, tout en restant à l’écart de l’inondation. Ils travaillent la terre, cultivent l’orge, le froment, le lin, édifient avec du limon d’humbles maisons, tentent de domestiquer quelques espèces et manifestent du goût pour la parure. Leur présence a été constatée à Tasa, en Moyenne-Egypte, au Fayoum, près d’Hélouan et à Merrindé Beni Salam, au nord-ouest des pyramides.

La nécropole explorée par Brunton à El Badari, en Moyenne-Egypte, nous met à même d’enregistrer des progrès dans toutes les activités. Le cuivre est connu, les tombeaux contiennent des vases de pierre et des statuettes. Héritiers à beaucoup d’égards de la civilisation néolithique, les Badariens ont eux-mêmes pour héritiers les Amratiens installés entre Erment et Siout. A ceux-ci succèdent les Gerzéens dont l’aire est beaucoup plus étendue ; ils habitent en effet tous les lieux des Amratiens, en outre leur présence se constate à Nekheno en Haute-Egypte et en divers points de la vallée, en face du Fayoum, à Hélouan où l’université du Caire explore un village dont les habitations ont livré des outils, des vases de pierre, des poteries, du cuivre et des accessoires de toilette. Les squelettes trouvés dans ces nécropoles et dans ces villages appartiennent principalement à des Méditerranéens et à des négroïdes, pour une part plus petite à des Méditerranéens et à des négroïdes, pour une part plus petite à des cromagnoïdes, et encore plus petite à des brachycéphales. (…) A l’époque l’Egypte est donc un carrefour. Aux autochtones, aux habitants des déserts qui se sont repliés sur la vallée se sont ajouté des étrangers venus des quatre points cardinaux, les uns ayant abordé la côte méditerranéenne, les autres ayant descendu le Nil.

Sédentaires, les Gerzéens étaient capables de construire de grandes barques allongées, munies de cabines, qui se distinguent les unes des autres par des emblèmes fixés en haut d’une perche verticale. Plusieurs de ces emblèmes désigneront plus tard des territoires, des villes, des dieux ; par exemple, le belemnite, le dieu Min, le neuvième nome de la Haute-Egypte ; ou l’éléphant représente l’île et la ville d’Eléphantine ; ou encore le faucon dans une nacelle, le dieu Anty ou le dix-huitième nome de la Haute-Egypte ; une chaîne de montagnes, le dieu Ha, une branche occidentale du Nil…

Ces clans menaient une existence difficile dont nous pouvons nous faire une idée grâce aux palettes de schiste et aux ivoires décorés qui sont antérieurs de peu de temps au début de l’époque historique. Ils organisaient contre les bêtes féroces des battues gigantesques. Mieux que leurs ancêtres néolithiques, ils parvenaient à domestiquer les espèces déjà habituées au voisinage de l’homme. Ils se faisaient une guerre acharnée et s’alliaient à deux ou à plusieurs contre des voisins ou des agresseurs venus de loin. Le Faucon et l’Ibis s’alliaient contre des guerriers barbus, à cheveux crépus. Leurs guerriers réunis à ceux de Bélemnite et du Loup se heurtent à ces mêmes ennemis retranchés dans des enceintes circulaires. Un autre épisode de cette lutte est figuré sur une face de la palette dite du tribut libyen. Le faucon, le lion, le scorpion, les deux faucons démolissent avec entrain les forteresses où se sont réfugiés le grand duc, un oiseau à aigrette, les deux jumeaux et d’autres clans symbolisés par une sorte de barrière, une plante, un objet indéfinissable. (…)

A l’aube des temps historiques, le roi Scorpion ne règne pas encore sur toute l’Egypte, car il est coiffé de la couronne du Sud. Il a pris la tête d’une confédération qui réunit aux clans déjà connus de la chaîne des montagnes et du Bélemnite deux nouveaux venus dont les emblèmes désigneront plus tard le dieu Seth et le dieu Chonsou. Ensemble, ces clans ont vaincu deux autres groupements, les Vanneaux et les Arcs, qui continueront à jouer en Egypte un rôle important.

Successeur probable du roi Scorpion, Nârmer porte selon les circonstances la couronne du Sud ou celle du Nord. Le Faucon, son dieu, lui amène par le bout du nez les habitants du To-mehou, la Basse-Egypte, auxquels on peut attribuer une origine asiatique à cause de leur nez busqué, de leur chevelure opulente et de leur barbe. Ces habitants qui, sur le document, ne seront pas désignés par leur nom ne sont autres que les Vanneaux.

D’où venait donc le Faucon que les documents nous présentent comme le principal fédérateur de l’Egypte ? La philologie permet de répondre à cette question. Le nom Herou du dieu que les Egyptiens vont bientôt, et jusqu’à la fin du paganisme, figurer comme un faucon est identique au nom du faucon hourou enregistré dans les dictionnaires arabes. Parti de la péninsule arabique d’où viendront tant d’invasions au cours de l’histoire, le Faucon a atteint la vallée du Nil. Il s’est installé à Edfou, qui possède encore un magnifique temple d’Horus, où l’on a représenté en une série de bas-reliefs la marche irrésistible du dieu et de ses alliés à la poursuite de Seth, qui est comme l’écho lointain de ce qui a pu se passer à l’époque de Scorpion et de Nârmer. (…)

Si diverses qu’aient été leurs origines, les Egyptiens de l’époque classique ont conscience de former une nation. (…) Le tombeau de Séti 1er représente quatre races : en premier lieu les romet, à tête ronde, petite barbe carrée et pagne court ; les Asiatiques, Aamon, vêtus d’un pagne de laine orné de glands, au profil aquilin, barbe fournie, abondante chevelure, les apparentant aux gens du To-mehou, subjugués par Nârmer. Ils présentent toutes les caractéristiques de la race noire : la couleur, la face horizontale, les cheveux crépus, portant un pagne long, des bandeaux en travers du corps ; les Timihou, de l’ouest de l’Egypte, proches des Asiatiques par le profil et la barbe, mais différents d’eux par la longue tresse qu’ils laissent pendre d’un côté et les plumes d’autruche plantées dans leurs cheveux, avec, par-dessus leur pagne, une jaquette courte, ouverte, à une manche. (…)

Dans une stèle, on peut lire que le Pharaon « a empoigné les Henmyt. Il s’est saisi des Rekhyt. Les Paÿt l’adorent. »
Les Paÿt sont associés au dieu Horus. Grands personnages, reines et rois des Pharaons sont des Paÿt. (…) Les Paÿt, guidés par le dieu Faucon, auraient imposé leur autorité à leurs prédécesseurs et seraient restés comme une sorte de noblesse et le plus ferme appui du Pharaon dans les moments difficiles. (…)

Les Henmyt ont un nom qui s’écrit au moyen d’un soleil rayonnant qui s’emploie également dans le mot akhou, l’éclat du soleil. Peut-être faut-il les identifier avec le vieux clan du soleil attesté déjà sur les vases gerzéens, et voir en eux les fondateurs de la ville du soleil, On, qui restera un des plus grands centres religieux de l’Egypte.

Le nom de Rekhyt s’écrit au moyen d’un vanneau. Nous sommes donc fondés à croire que les Rekhyt quelque peu méprisés de l’époque historique seraient les descendants de ces Vanneaux lamentablement pendus par le cou aux enseignes des alliés du roi Scorpion. (…) Un vieux titre d’Horus reste « le frappeur des Vanneaux ». Il est tentant d’identifier les Vanneaux du roi Scorpion avec les habitants du to-mehou matés par le roi Nârmer, ce qui revient à assigner aux Vanneaux comme habitat la partie septentrionale du pays. La côte méditerranéenne est en effet appelée « le cercle des vanneaux ». (…) Les Vanneaux sont représentés comme des hommes ayant sur la tête une petite huppe semblable à celle qui caractérise l’oiseau. On leur a donné une place qui les met en relation avec le Delta, les habitants du Delta étant souvent en opposition avec ceux de la Haute-Egypte.
Tout se passe en somme comme si les Egyptiens avaient conservé un vague souvenir de leur plus ancienne histoire. Les Henmyt, adorateurs du soleil, seraient les premiers habitants de la vallée du Nil, des autochtones véritables dont le souvenir se perdure dans la nuit des temps. Les Vanneaux, venus de l’est ou de l’ouest, ou les deux, auraient solidement occupé le Delta. Les Paÿt, guidés par le dieu faucon, auraient imposé leur autorité à leurs prédécesseurs et seraient restés comme une sorte de noblesse. »

L’empire des Pharaons va vivre plusieurs révolutions sociales, profondes et violentes, qui sont retracées dans les écrits de l’époque.
« Ramses III affirme (papyrus Harris) : « Le pays d’Egypte était à l’envers. Chacun était son propre juge, il n’y avait pas de maître, pendant de nombreuses années auparavant jusqu’à d’autres temps. Chacun tuait son frère, riche ou pauvre. D’autres temps survinrent à la suite de cela avec des années vides. (…) Chacun tuait son propre frère pour le voler. Ils traitaient les dieux de la même manière que les hommes. On ne présentait plus d’offrande à l’intérieur des sanctuaires. »

A l’époque ptolémaïque, une période nouvelle période de crise et de troubles, l’auteur du papyrus Jumillhac (…) écrit : « Si les dons sont peu nombreux sur les tables d’offrandes, il arrive la même chose dans le pays tout entier et la vie est misérable pour tous les vivants (…)quand cet endroit est privé de libations et d’offrandes pour les humeurs divines qui sont là, … il y a une année de famine pour la terre entière… Si on néglige toutes les cérémonies d’Osiris en leur temps dans ce district et toutes les fêtes du calendrier civil, ce pays sera privé de ses lois, la plèbe abandonnera son maître et il n’y aura plus de règlement pour la foule. » (…) Ainsi, Ramsès II se vit, tout à coup, entouré d’ennemis, à Qadesh, entouré d’ennemis.

Pépi II avait, le premier, connu la révolution. Ses excès l’avaient rendu impopulaire. Il avait fait bâtir non seulement une pyramide pour lui mais aussi pour trois de ses épouses. Chose qui ne s’était jamais vue : la haine populaire était telle que même la hiérarchie religieuse avait émis un avis défavorable à son égard.

Pierre Montet écrit : « La période comprise entre la fin du règne de Pépi II et l’avènement d’Amenemhat 1er, sous la douzième dynastie, a vu la décadence de l’art, la division du pays, l’affaiblissement du pouvoir et même des troubles, des invasions et des famines. La littérature de ce temps est le reflet de cette décadence. Posener dans « Rev d’Egypte » rapporte qu’un récit qui nous est parvenu mutilé accuse Pépi II de mœurs scandaleuses. Les sages de cette époque sont volontiers très pessimistes, ils ne se bornent pas à recommander une certaine règle de conduite. Ils jettent un regard désabusé sur tous les grands changements qui se sont produits. Ipouer compare le chaos présent à la vie heureuse d’autrefois. (…) Depuis que les bateaux n’arrivent plus à Byblos, on ne trouve même pas une planche de sapin pour fabriquer les cercueils des prêtres. (…) L’auteur du « Dialogue du désespéré » fait dialoguer un homme et son âme. (…)
L’auteur du « Desespéré » n’est pas un cas isolé. Un papyrus du Nouvel Empire nous a conservé le chant qui se trouvait dans la maison du roi Antef (onzième dynastie) où nous trouvons des pensées analogues : « Les dieux qui vécurent autrefois et reposent dans leurs pyramides, les nobles et les bienheureux de même sont ensevelis dans leurs tombeaux. Ils avaient bâti des maisons dont la place n’existe plus. Qu’est-il advenu d’eux ? (…) Que sont devenus les lieux qui leur appartenaient ? Leurs murs se sont écroulés, leurs places ont disparu, comme s’ils n’avaient jamais existé. Aucun ne revient de là-bas qui nous dise quel est leur sort, qui nous compte ce dont ils ont besoin. »

Pierre Montet rapporte :

« Pendant très longtemps, le passé lointain de l’Egypte s’était dérobé à toute recherche. La civilisation apparaissait à l’époque de Djéser dans tout son éclat, semblable à la déesse qui avait jailli tout armée du front de Zeus. A la vérité, le géologue Arcelin avait découvert en 1868 un gisement de silex dont il avait reconnu la parenté avec le gisement de Saint-Acheul, mais les égyptologues ont prétendu pendant longtemps que les silex d’Egypte étaient d’âge pharaonique. Les observations faites par de Morgan, directeur du service des Antiquités à partir de 1893, ont prouvé que les silex d’Egypte étaient pour la plupart antérieurs à l’époque historique. En Egypte, comme en Europe, la pierre taillée avait précédé la pierre polie et celle-ci l’âge des métaux.

L’Egypte chalcothique et celle des deux premières dynasties se sont révélées en même temps. Fl Petrie, qui venait de travailler à Coptos, s’est transporté de l’autre côté du Nil, entre Toukh et Ballas, où il a découvert des tombeaux d’un type tout à fait nouveau, de simples fosses où le mort couché sur le côté était entouré d’un mobilier composé de vases décorés de dessins à l’encre violette. Ces dessins furent l’occasion d’une sorte de querelle entre les égyptologues. Pour les uns, ils représentaient un village, pour les autres des bateaux. Cette dernière opinion a prévalu. Après des discussions assez vives, il fut admis de tous que cette nouvelle civilisation était antérieure à l’époque historique. »

Dans « Le proche-orient et l’Egypte antiques » de J.-C. Margueron et L.Pfirsch, on peut lire :

« L’Egypte du 6ème et le 5ème millénaire
C’est autour du Fayoum, en rapport avec le désert occidental et la vallée, qu’apparaissent les premiers traits nettement néolithiques égyptiens, malgré l’absence de véritables structures d’habitat repérables au sol. Les nombreux silos et foyers des « kôms W et K » s’apparentent à des installations de campement de base, proches des caractères du néolithiques du Sahara oriental. La production céramique, l’agriculture et la domestication sont bien attestées, associées sans doute à une exploitation saisonnière des ressources lacustres, par une population touchée par les changements climatiques du 6ème millénaire.

Dans la dernière partie du 6ème et au début du 5ème millénaire, les premiers habitats structurés repérables font leur apparition en bordure du delta et de la vallée du Nil. Le plus ancien site témoin d’une réelle sédentarisation est Mérindé Beni Salamé, au sud-ouest du delta. Sur plus de 20 hectares, s’organise un ensemble de petites maisons de plan ovale (2 à 3 mètres de diamètre), en partie enterrées, bâties de part et d’autre de « rues » non rectilignes. Un mur de pisé supporte soit un toit conique soutenu par un pilier central soit un toit à double pente. A l’intérieur sont disposés un foyer et une jarre enterrée qui servait de réserve d’eau. A l’extérieur de nombreux silos, des aires à grain ont pu être identifiés. Une poterie rouge et noire, vernissée ou non, assez fruste, et un outillage de silex abondant caractérisent encore ce bourg agricole. En effet, l’élevage (bovidés, ovins, porcs) et la culture céréalière (blé et orge surtout) étaient pratiqués non seulement sur les terres inondables mais aussi sur les autres, plus éloignées de la vallée en raison d’une pluviosité suffisante. Mais cette activité agricole ne constituait qu’une partie de la vie de mérimdé, la chasse (oies et canards, hippopotames et crocodiles, antilopes) et surtout la pèche continuant à fournir une part essentielle des ressources. Dans un cimetière séparé, établi à proximité, les défunts étaient inhumés dans des tombes à fosses ovales, couchés sur le côté en position fœtale. Seuls les jeunes enfants ont été enterrés dans l’habitat même. L’évolution du site peut être suivie en stratigraphie et en extension horizontale sur presque un demi-millénaire. Les fouilleurs ont vu dans la première époque des liens avec le sud-ouest du Proche-Orient, des traces plus africaines (saharo-soudanaises) ensuite. Les derniers niveaux ont livré les premières figurines humaines de terre cuite connues en Egypte.
Le site d’El-Omari se trouve sur la bordure nord-est de la vallée, en retrait d’elle. Des installations légères y étaient associées à des puits-silos de stockage, peu profonds. Plusieurs sortes de blé, d’orge, de seigle, de fêves ainsi que du lin étaient cultivés et mis en réserve. L’élevage semblable à celui de Mérimdé, mais la chasse se limite essentiellement à l’hippopotame (…) L’âne domestique, ici attesté pour la première fois en Egypte, permettait des contacts avec le Sinaï et la mer Rouge (silex, coquillages, galène). (…)

C’est entre 4400 et 3800 ans avant J.-C., à Badari, qu’il faut situer l’apparition d’une culture originale caractérisée par un ensemble de sites de nécropoles, localisés sur une trentaine de kilomètres au sud de la Moyenne-Egypte. Les principaux sont Badari et Hemamieh. Peu de traces d’habitat (structures légères) ont été retrouvées, mais des centaines de tombes, évoluant de la tombe à fosse ovale à la fosse rectangulaire, souvent inhumations multiples de deux ou trois individus, tapissées en vannerie, pouvant contenir un mobilier funéraire important, notamment en poterie d’offrandes. La belle qualité de la céramique caractérise le « badarien » : poterie rouge polie, à bord noir, parfois décorée (motifs géométriques en clair), ou brune à bord noir. Il s’y ajoute un artisanat de cuir, de l’os, de l’ivoire et du travail de la pierre des palettes à fard en schiste, des broyeurs, des colliers de perles en pierre (cornaline, jaspe, albâtre, brèche, calcite). La présence de perles de cuivre et de turquoise est notable. La ronde-bosse représente des figurines féminines en terre cuite ou ivoire, parfois aussi animales. Le contenu des pots d’offrandes atteste une pratique de l’agriculture (blé, orge, ricin), avec un riche outillage de faucilles de silex. La chasse et la pêche sont abondamment pratiquées. La richesse du matériel badarien témoigne de relations avec l’Orient, spécialement l’Asie antérieure du sud-ouest et le Sinaï (cuivre), peut-être avec la Mésopotamie (stéatite émaillée). La céramique rouge à bord noir laisse supposer des contacts avec le Nil soudanais (Néolithique de Khartoum), l’industrie lithique s’apparentant plutôt au domaine saharien. Nous observons ainsi le développement d’un fort centre de civilisation, fusionnant des apports multiples du nord-est, du sud et de l’ouest.

Au sud de Badari et en partie concomitant au badarien qui en adopte rapidement un certain nombre d’artefacts, la culture de Nagada 1est représentée par de nombreux sites de nécropoles localisés du nord d’Abydos à Louxor au sud. Les témoins les plus marquants en sont El-Amrah et Nagada. Ils amplifient considérablement les traits culturels du badarien. Les tombes à fosse rectangulaire sont pourvues d’un riche matériel qui montre de remarquables progrès techniques. On observe une très belle céramique polie rouge, pouvant être décorée de divers motifs figuratifs, peints en blanc, représentant la faune nilotique (hippopotames, crocodiles) ou de la steppe savanicole (girafes, gazelles, bovidés), des végétaux et toujours des motifs géométriques. De nombreuses figurines humaines en terre cuite, parfois en cuivre, paraissent spécifiques de certaines tombes. L’habitat évolue. Grandes huttes ovales de structure légère (Hemamieh), mais aussi des maisons rectangulaires bien structurées (…). A Hiérakonpolis, un habitat de hameaux dispersés tendant à se spécialiser selon leur fonction (habitat artisanal) (…). La civilisation de Nagada 1 développe une vie de relation et des contacts importants par le fleuve et vers le sud (groupe « A » de Nubie) et vers le nord (Maadi).

Au sud, en Nubie, la culture du groupe « A », localisée entre la première et la deuxième cataracte du Nil, apparaît à la fin de la période de Nagada 1 et en adopte nombre de traits culturels (Khor Bahan, au sud d’Assouan)
Les bourgades du nord (Maadi, Ouadi Digla, Héliopolis, Bouto) ont un carctère agricole et pastoral plus marqué, recourant moins à la chasse et à la pêche. La céramique, plus fruste que dans le sud, en imite cependant certaines techniques et certains décors. (…)

La seconde moitié du quatrième millénaire est marquée par l’évolution de la culture de Nagada (Nagada 2 vers 3500 avant J.-C.) et par son extension à l’ensemble de la vallée et du delta en fusionnant avec certains traits des cultures du nord (Nagada 3, vers 3300). Parallèlement, on constate le glissement des sites d’installation de l’habitat vers la vallée, quittant les zones de bordure , concentrant l’habitat sur des éminences, les « kôms », levées de terre naturelles échappant à la crue, se structurant architecturalement à l’intérieur d’enceintes.

A l’époque Nagada 2, la civilisation de l’Egypte se caractérise par une céramique de décor sombre sur une pâte claire, représentant toujours la chasse de la steppe savanicole, mais développant surtout le thème de la navigation soulignant l’intensité de la vie de relation par le fleuve (…)

Vers la fin de Nagada 3, la structure du schéma décoratif se modifie, les scènes s’organisent en registres, les premières notation hiéroglyphiques apparaissent. (…) La violence pénètre l’iconographie qui développe l’idéologie d’un pouvoir coercitif. (…)

C’est dès la fin de l’époque Nagada 3 (vers 3150 avant J.-C.) que l’on voit apparaître l’écriture hiéroglyphique, notations courtes de quelques signes, mais constituant déjà un code graphique fixant des énoncés linguistiques.

Dès la fin de l’époque de Nagada 3, le mouvement d’unification du pays est lié à un fort centre fédérateur Hiérakonpolis. Cent cinquante ans plus tard, aura lieu la mise en place de royautés qui, elles, se centreront ailleurs : à This, Abydos, Mamphis et Saqqarah. (…)
Des fouilles dans le delta du Nil (à Tell el-Far’a Buto) permettent de supposer des relations très anciennes entre l’Egypte de Nagada et la Mésopotamie (de la céramique d’Amuq notamment, des cônes d’argile d’Uruk). (…) Des mosaïques d’Uruk ont été retrouvées à Habuba Kabira / Tell Qannas. (…)

Vers 2500, les deux premières dynasties thinites apparaissent, provenant d’Abydos et Saqqarah. (…)

Vers 2700, naissent les premières dynasties de pharaons. (…)

Vers 2180, à la fin de la sixième dynastie, après le long règne de Pépi II, le système pharaonique subit une crise profonde, appelée par les égyptologues « première période intermédiaire » (…) effondrement rapide de l’échelon central du pouvoir, déposition du roi, saccage du palais de Memphis, pillage de ses nécropoles…le riche devient pauvre, le faible devient puissant…

Les excès des Pharaons ont eu raison du régime comme le rapporte « Une histoire du monde antique » sous la direction de Claude Mossé :
« Tandis que les défunts du peuple, roulés dans une modeste natte, sont simplement recouverts par le sable du désert et n’emportent dans l’au-delà qu’une poignée de dattes, parfois un modeste bijou, les princes et les plus hauts dignitaires sont toujours enterrés dans les mastabas, comme autrefois les pharaons. Le dimension même des monuments prouve leur richesse et leur puissance. A côté de la pyramide même des monuments prouve leur richesse et leur puissance. A côté de la pyramide du roi Téti, le vizir Merrouka se fait construire un grand mastaba de plus de vingt chambres. A cette époque, les hauts dignitaires reçoivent de plus en plus de terres et financent ces constructions somptueuses. Le pharaon aliène ainsi une grande partie de sa richesse foncière. Les nomarques, gouverneurs de province, usurpent une partie du pouvoir royal, épousent les filles du pharaon, participant ainsi de l’autorité mythique de celui-ci. (…) Le peuple est épuisé par des travaux forcés : il n’y a pratiquement pas d’esclaves en Egypte et ce sont les paysans qui travaillent sur les chantiers du pharaon quand leurs champs sont inondés par le Nil. Ils ne sont payés qu’en pain et en bière. C’est sans doute à ce travail écrasant que sont dus les contes épouvantables que se racontaient les Egyptiens, et qu’Hérodote a recueillis (…) L’ancien empire s’achève vers 2200 av.J.-C. avec les règnes de Pépi 1er et Pépi II : une révolution abat la 6ème dynastie. (…) Vers 2260 avant notre ère, l’Egypte se morcelle, une révolution brutale et sanglante éclate, les riches sont ruinés, leurs biens pillés, leurs tombeaux détruits et livrés aux voleurs. « La résidence royale a été ravagée en une heure », écrit un scribe. « Je médite, raconte un autre scribe, sur les événements… Des changements s’opèrent, ce n’est déjà plus comme l’an dernier, chaque année est plus pesante que l’autre. Le pays est bouleversé. » (…) Profitant des troubles, le peuple s’approprie les procédés rituels et magiques des rites funéraires, jusqu’alors réservés au roi et aux grands (…) Des rois sans pouvoir se bousculent pour le trône et se succèdent à un rythme effréné. « Soixante-dix rois en soixante-dix jours » écrira, des siècles plus tard, l’historien Manéthon dans une « Histoire d’Egypte ».

Navires gerzéens

Tombeaux gerzéens

Vases gerzéens

Bijoux gerzéens

Le Gerzéen, c’est 3500 ans avant J.-C. en Nubie (actuel sud Egypte et Soudan) soit 350 ans avant le premier roi et 800 ans avant le premier Pharaon ! Et ce n’étaient pas les premiers à développer une civilisation en Egypte...

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  • Le Gerzéen, c’est 3500 ans avant J.-C. en Nubie (actuel sud Egypte et Soudan) soit 350 ans avant le premier roi et 800 ans avant le premier Pharaon ! Et ce n’étaient pas les premiers à développer une civilisation en Egypte...

  • La domestication de l’âne date de 5000 ans avant J.-C à Abydos. Comme d’autres techniques, notamment celles de l’irrigation et de la canalisation de l’eau, cette domestication n’est nullement une invention de l’époque pharaonique. Ce sont les archéologues de l’équipe de Fionna Marshall qui viennent de le démontrer en étudiant les colonnes vertébrales d’anciens restes d’ânes. Une preuve de plus que les grandes découvertes et techniques ont pour l’essentiel été faites bien avant le régime pharaonique…

  • Le site archéologique chalcolithique de Nagada, en Haute-Égypte, a donné son nom à la culture de Nagada (-3 800 / -3 150). Nagada n’était pas la seule civilisation qu’ait connu l’Egypte, loin de là... Quatre cent cinquante ans après la disparition de Nagada, naissait le régime dictatorial des Pharaons d’Egypte. Ils n’avaient pas créé l’Egypte, ni sa prospérité, ni son artisanat, ni son art, ni son irrigation du Nil, ni l’état d’esprit si particulier de son peuple. Ils n’avaient fait qu’en profiter pour chanter au travers de monuments impressionnants la gloire de la dictature qui écrasait tous les peuples voisins.

  • Un fellah s’adresse à Thalès, visitant l’Egypte et admirant la pyramide de Khéops :

    « Sais-tu étranger, combien de morts a coûté cette pyramide que tu sembles admirer ? »

    « Des milliers, sans doute. »

    « Dis : des dizaines de milliers. »

    « Des dizaines de milliers ! »

    « Dis plutôt des centaines de milliers. »

    « Des centaines de milliers ! », dis Thalès incrédule.

    « Plus, peut-être, ajouta le fellah. Pourquoi tant de morts ? Pas pour construire un pont. Pas pour construire un canal. Pas pour construire une route. Même pas pour bâtir un palais ni un temple. Ni pour ouvrir une mine. Cette pyramide a été dressée par le pharaon Khéops pour persuader les humains de leur petitesse. La construction deviat excéder toute norme pour nous accabler : plus gigantesque elle serait, plus infimes nous serions. Pharaon et ses architectes ont voulu nous contraindre à admettre qu’entre cette pyramide et nous, il y la même mesure qu’entre nous et le pouvoir…. »

    Les Pharaons n’ont pas construit les canalisations, le tissage, le filage, les plantations, l’art, l’artisanat ni le commerce. Ils ont construit... la peur du pouvoir...

  • N’est-il pas exagéré de dire que la civilisation égyptienne n’est pas issue des pharaons, la langue hiéroglyphique, par exemple, n’est-elle pas un produit évident de leur règne ?

    • Les pharaons n’ont rien créé, ils se sont contenté de prendre le pouvoir par force. je suis d’accord.
      Voici quelques données et dont plusieurs seront à développer.
      1. Cours d’eau et désertification : conséquences. Avant 5500 avant le Christ, le Sahara était une contrée verdoyante avec population évoluée, art, agriculture et industrie lithique. C’était une zone très peuplée (Blancs, Noirs et métissage sans aucun complexe) alors que la Vallée du Nil était un vaste marécage.
      2. Vers 5500 avant le Christ, légère oscillation de la Terre qui a fait passer le Sahara à une Aridité sans précédent. La majorité des sites ont dû être abandonnés. Les grands fleuves comme le Tamanrasset (qui vient d’être redécouvert en 2015 et qui va du Soudan à la Mauritanie avec ses nombreux confluents permettait alors une socialité et des rapports entre individus) s’assèche brusquement. C’est à ce moment que l’Egypte va naître : le marécage s’assèche et devient un limon fertile. Des Berbères sahariens et probablement aussi nord-africains s’y installent. (Les migrations obligées par cette Aridité qui déstabilisent toute l’Afrique).
      3. L’écriture de ces Africains est formée de signes géométriques, le libyque en Afrique du Nord et au Sahara mais aussi dans beaucoup de contrées africaines où les signes géométriques sont utilisés. Ce ne sont pas de simples symboles comme on le suppose mais plus probablement de l’écriture. (voir la Culture des chasseurs du Nil et du Sahara de Jean Leclant et de Pierre Huard 1980). Les gens connaissant l’écriture peuvent-ils en créer une autre ailleurs, qui seront les hiéroglyphes ? D’autre part, plusieurs rois en Egypte vont se succéder bien avant Narmer dont l’un sera appelé "l’homme du désert".
      Durant toute les périodes pharaoniques, les pouvoirs doivent effectivement lutter contre le "chaos" qui sont des migrations incessantes venues de l’Ouest méditerranéen et saharien et qui entraîneront avec eux d’autres peuples. Les migrations n’ont pas cessé depuis cette date et continuent encore aujourd’hui.
      Vous avez raison, l’Histoire de l’Afrique est à écrire et à réécrire.
      Pr Mebarek Slaouti Taklit
      Université Bejaia Algérie

    • Merci de ton courrier et je t’approuve de dire que l’histoire est à réécrire car elle a été écrite par les vainqueurs : les étatistes contre les opprimés, les hommes contre les femmes, les classes dirigeantes contre les exploités, etc... Il nous faut la réécrire et la faire !!

  • Un spécialiste de la question, Pascal Vernus, écrit par exemple dans « Les écritures de l’Egypte ancienne » :

    « L’écriture apparaît dans la vallée du Nil quelques temps avant la naissance de l’Etat pharaonique… En effet, depuis au moins deux siècles avant cette date, pendant l’époque « proto-dynastique », on utilisait l’écriture hiéroglyphique dans le royaume de Haute Egypte, entre autres sur les objets d’apparat découverts sur le site d’Abydos… »

    La dynastie des pharaons débute en 3150 avant J.-C. et les témoignages d’écriture débutent vers 3000 avant J.-C. en Haute-Égypte. Or ces témmoignages sont sur des tombeaux de grands personnages et datent donc de bien après les débuts de l’usage d’une langue écrite sur des papyrus. On peut donc en conclure que les hiéroglyphes ont été employés bien avant les dynasties régnantes d’Egypte.

    Lire ici

  • Maspero nous indique de plus à propos des textes égyptiens : « La religion et les textes qui nous la font connaître étaient déjà constitués avant la première dynastie. C’est à nous de nous mettre, pour les comprendre, dans l’état d’esprit où était, il y a plus de sept mille ans, le peuple qui les a échafaudés. » (Revue de l’Histoire des Religions, t. XIX, p.12). Vous avez bien lu : « …avant la première dynastie. » !

  • Penchons nous d’abord sur les travaux d’un ancien égyptologue français, Emile Amelineau (1850-1915) qui se consacra aux premières dynasties et qui excava pour la première fois des tombes de pharaons de la première dynastie (officielle). Amélineau au fur et à mesure de ses excavations dans le sud de l’Egypte découvrit des preuves de l’existence d’un peuple déjà avancé avant les pharaons de la première dynastie. Il découvrit notamment le peuple de race noire « les ANU » (parfois nommés « aunu » - rien à voir avec les Annunaki, ce n’est pas parcequ’il existe la même sonorité de mot en plusieurs langues qu’il désigne la même chose), qui faisait de l’élevage et de l’agriculture extensivement tout le long du Nil et qui s’enfermaient à l’intérieur des murailles défensives de citées qu’ils construisaient. On constate qu’ils avaient fondé les villes d’Esna (Anutseni), d’Erment (Anu Menti), de Qush, de Gebelein (Anti) et même d’Héliopolis (qui se nommait à l’origine « Anu »), car ces villes comportent toutes dans leurs noms écrits les signes caractéristiques désignant le peuple Anu, les trois colonnes. Et selon bien des chercheurs (Chandler, etc), les plus grandes figures de l’Egypte ancienne tel Osiris, Isis, Hermes, Horus viendraient de cette ancienne race Anu. Je vous rappelle que selon les anciens textes, Osiris par exemple est dit « Fils de Geb et de Nut, né à Thèbes en Haute Egypte », lui conférant ainsi une réalité de vie historique (les textes mêmes racontent qu’il enseigna les arts de l’agriculture et installa des lois justes). Pour ma part je ne suis pas tout à fait d’accord avec la thèse d’une appartenance exclusive aux Anu de ces personnages.
    Les traces matérielles avérées : le peuple ANU
    En tout cas, les Anu connaissaient l’utilisation des métaux, de l’ivoire, étaient très organisés et savaient écrire. Ceci fut prouvé par nombre d’artefacts provenant d’eux trouvés dans la région d’Abydos par Amélineau et decrits dans ses « Fouilles d’Abydos ». L’archéologue précise « Si Osiris bien que né à Thèbes était d’origine nubienne [de la race noire du Soudan], il serait facile alors de comprendre pourquoi la lutte entre Osiris et Seth prit place en Nubie. ». (« Prolégomènes » p.124/123). Il fait remarquer aussi qu’Osiris semblait avoir « un épithète ethnique désignant son origine nubienne ». N’oublions pas que selon des chercheurs, Anu est un terme appliqué à Osiris lui-même et Amélineau cite le passage du chapitre XV du dit « Livre des morts » (véritable traduction du titre « Livre de la sortie à la Lumière ») : « Ô Toi Dieu Anu dans la terre montagneuse d’Antem ! Ô Grand Dieu de la double montagne solaire ! ». Or c’était le nom d’Osiris dans son rôle de 4ème Pharaon sur Terre que les Grecs ont traduit par Onnuphris, c’est à dire « Le Bon ». Nous avons un document prédynastique Anu extraordinaire trouvé cette fois par le grand égyptologue anglais Flinders Petrie (1853-1942) à Abydos. Il s’agit d’une tuile inscrite déterrée sous le temple dynastique. L’inscription comporte le portrait en faïence vernissée du chef ANU Tera-neter. Il y a même son adresse inscrite au dessus « Palais des ANU à Ermant, Tera–neter ».

    Mais les Anu ne sont qu’une contribution à la civilisation égyptienne. Il y en a d’autres et c’est ce qu’on découvre de plus en plus grâce aux toutes dernières trouvailles archéologiques dans le sud de l’Egypte. Il faut compter aussi avec les MESNITU (que certains chercheurs assimilent aux Shemsu-Hor) qui viendraient de Punt, plus exactement pour certains de Somalie. Leurs Terre se nommerait Ta Neteru (« La Terre des Dieux »). Ils étaient des métallurgistes et forgerons principalement et auraient fini par dominer les ANU et leur terre nubienne Ta Seti (« La Terre du Lien » ou « Terre de la Proue » selon les traductions) du Soudan. Petit à petit les deux Terres furent assimilées en une seule, Ta Khent (« La Terre du Commencement »). La différence physique entre les ANU et les MESNITU se note dans les mâchoires, celles des ANU étant plus arrondies et courtes alors que celles des MESNITU sont carrées comme celle de Narmer-Menes. Mais il y a aussi des sous-groupes à l’interieur de ces deux groupes comme les Beja (chez les MESNITU) et le peuple Rekhytu au nord (qui seraient arrivés dans la vallée du Nil par Coptos) et des groupes soutenant ou se mélangeant aux ANU provenant du Sinaï et de Libye.

    L’histoire est complexe car vous avez encore d’autres groupes de différentes provenances : les AAMU de style asiatique mais habillés comme des égyptiens et vivant dans les montagnes d’Egypte, les NEHESY vivant au delà du Soudan actuel, les TEMEHU du désert de l’Ouest, de Libye et des côtes du nord de l’Egypte. Tout ces peuples n’étaient pas de simples chasseurs et simples aborigènes comme certains le pensent ; ils avaient de hautes connaissances et une grande organisation - mais alors d’où venait leurs connaissances en des temps si reculés ?

    D’abord examinons ce qui existe tangiblement : les fragments humains accompagnés de signes de civilisation, les plus anciens que l’archéologie ait trouvé récemment en Egypte (mais on risque de trouver les mois prochains encore bien plus ancien), ont été trouvés à 250km au sud d’Assouan à Qadan, dans des sépultures élaborées avec rituels qui dateraient entre 13.000 à 9.000 avt JC officiellement. Cela est un fait avéré, ils n’étaient pas de simples aborigènes, ils avaient des outils, des connaissances en agriculture, des rituels complexes. Même si ce n’est pas encore la haute sophistication que nous cherchons, notons déjà qu’ils étaient bien plus anciens que les Sumériens et même les Ubaïdiens antérieurs. Il est temps que les gens se rendent compte que la civilisation sur Terre n’a sans doute pas commencé à Sumer (affirmation du 19ème siècle imposée par les mouvements bibliques !) ; c’est bien plus complexe que celà et les preuves affluent de plus en plus de partout.

    Extraits de Antoine Gigal

  • Il y a même des musées contenant des tonnes de matériel issu des époques précédent les pharaons : voir ici

  • Mêmes les dieux de l’Egypte antique ne sont pas produits par les pharaons...

    Les " principales divinités " qui vont émerger dans le culte populaire archaïque sont :

    Le dieu Râ ou Rê d’Héliopolis - représentant l’astre solaire

    La déesse BAT du 7è nome de Haute-Egypte, au visage de femme surmontées d’oreilles et de deux cornes de vache stylisées.

    Le dieu faucon Horus l’Ancien (pour ne pas le confondre avec le fils d’Osiris), exemple de pharaon qui veille sur son peuple.

    Le serpent mythique Apophis qui essaie de perturber la création

    Le dieu Seth adopté par le royaume du Sud (This-Abydos) souvent représenté par un chien rouge agressif : le dieu bébon.

    Le dieu MIN de la fertilité (l’homme au phallus en érection)

    Le couple de lions Shou (la vie) et Tefnout d’Héliopolis qui sont à l’origine du mythe de la Lointaine (inondation)

    Le couple de lions Shou (la vie) et Tefnout d’Héliopolis qui sont à l’origine du mythe de la Lointaine (inondation)

    Autre exemple : le système d’irrigation est pré-pharaonique, car achevé en - 3300 et l’unification des royaumes est seulement de - 3100

    L’apparition des grandes techniques de production est encore plus ancienne et date de Nagada soit - 5000 !!!

  • Comme le dit si bien l’égyptologue anglais Toby Wilkinson : « On dirait qu’ils n’ont ni ancêtres ni périodes de développement, ils semblent être apparu en une nuit. » Notre grand Maspero (1846-1916) nous indique de plus à propos des textes égyptiens : « La religion et les textes qui nous la font connaître étaient déjà constitués avant la première dynastie. C’est à nous de nous mettre, pour les comprendre, dans l’état d’esprit où était, il y a plus de sept mille ans, le peuple qui les a échafaudés. » (Revue de l’Histoire des Religions, t. XIX, p.12). Vous avez bien lu : « …avant la première dynastie. » ! Avant les pharaons !

  • Aujourd’hui, nous savons que la civilisation égyptienne est une création de la vallée du Nil, aboutissement de plusieurs siècles d’évolutions, de structurations et d’innovations.

    Depuis 30 ans, les recherches et découvertes sur la préhistoire égyptienne et sur la période prédynastique (avant le roi Narmer vers 3150-3050 av. JC), ont considérablement modifié la chronologie et les origines de la civilisation pharaonique. L’idée qu’elle soit née « subitement » avec le roi Narmer (administration, royaume unifié autour d’un roi, écriture, architecture, art) a longtemps été admise. Même si de nombreuses questions demeurent et que de nombreuses choses nous échappent totalement, notamment pour la préhistoire, les importantes fouilles allemandes près d’Abydos, à Umm el-Qaab, sur les cimetières de la dynastie 0 et des deux premières dynasties pharaoniques, ont révolutionné notre compréhension des origines de la civilisation.

    A elle seule, la tombe U-j, attribuée au mythique roi Scorpion, refouillée par Gunther Dreyer dans les 1990, a reculé les origines de l’administration, de l’écriture, des premiers artefacts royaux (sceptre pré-royal), de l’architecture « royale » de 150 ans ! Cette tombe est datée entre 3300 et 3250 av. JC ! C’est durant cette période que la civilisation va se structurer, que les multiples villes indépendantes vont se fédérer, se fondre dans des royaumes régionaux avant qu’un unique royaume ne naisse, Narmer n’étant que l’aboutissement de ce lent processus.

    Quid de l’influence mésopotamienne ? Si le commerce avec la lointaine Mésopotamie existe depuis le début du 4e millénaire, voire, sans doute dès le 5e millénaire avant notre ère, l’influence réelle des grandes villes mésopotamiennes demeure très incertaine. L’unique influence que l’on puisse dater et retrouver de manière certaine est le « maître aux lions ». Un personnage barbu, debout, en costume typiquement mésopotamien, maîtrisant deux lions. Ce décor n’est absolument pas égyptien et ne le sera jamais. Surtout, nous le trouvons sur un nombre très réduit de tombes ou d’objets, et ce, bien avant le roi Narmer.

    La plus belle représentation encore visible est le fameux couteau du Gebel el-Arak, conservé au Musée du Louvre (Paris). Cet objet, d’une finesse remarquable, est censé avoir été découvert au lieu-dit « Gebel el-Arak », dixit le vendeur de l’époque. Seul problème : de ce lieu-dit, nous ne connaissons que ce couteau.

  • Effectivement, et ceci est très important : ce ne sont pas les tueurs, les guerriers du pouvoir d’Etat, violeurs et assassins, ce ne sont pas les corrompus, oisifs et méprisants du pouvoir politique et religieux, qui ont construit l’agriculture, l’irrigation, la production d’objets d’usage ou d’objets d’art, l’artisanat, le commerce, la culture, toute la civilisation : ils en sont seulement les profiteurs, pas les créateurs !!!

  • Eh oui, ceux qui ont écrit l’histoire ce sont les classes dirigeantes et elles essaient partout de prétendre que c’est l’Etat qui a créé le pays, que c’est l’Etat qui défend le peuple, que c’est l’Etat qui est garant de la paix, de la sécurité, du bien-être du peuple et c’est tout le contraire : l’Etat est un fusil dirigé directement contre le peuple travailleur, celui qui a construit la société cicile, la civilisation, et prêt à tirer !

  • L’étude de la civilisation égyptienne a longtemps été exclusivement celle de la civilisation pharaonique, une société fastueuse, hiérarchisée, où le pouvoir est aux mains d’une minorité représentée par un seul homme : le pharaon, symbole du roi-dieu, garant de l’ordre cosmique, qui veille au bon fonctionnement de l’ordre social. Pourtant, cette civilisation, dont on fixe aujourd’hui l’origine autour de 3 000 avant notre ère, n’est pas apparue ex nihilo. Nous savons aujourd’hui qu’en Égypte la transition (tardive) d’une société nomade à une organisation sociale fondée sur l’agriculture et le stockage des denrées s’est accompagnée d’une forte hiérarchisation sociale.

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