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Explosion à la centrale nucléaire de Marcoule !

lundi 12 septembre 2011, par Robert Paris

Les informations sortent au compte-goutte suite à l’explosion d’un four dans une centrale nucléaire en France, dans le Gard. On sait qu’un four a explosé dans la centrale de Marcoule. On ne sait pas pour le moment le degré de danger et le risque de radiations pour la population limitrophe.

UN homme est mort, quatre autres personnes sont grièvement blessées. C’est l’alerte générale dans la centrale nucléaire de Marcoule qui traite les déchets d’EDF. La Préfecture et les pompiers s’inquiètent de possibles fuites radioactives, pour leur part l’Autorié de sûreté nucléaire (ASN), EDF et le ministère de l’Ecologie assurent qu’il n’y a pas de fuite, ni chimique ni radioactive. L’explosion d’un des fours s’est produite vers 11h45 ce matin. Vers 15h00 nous apprenions que la ministre de l’Ecologie Nathalie Kosciuscko-Morizet était attendue cet après-midi sur le site nucléaire de Centraco à Codolet, proche du site de Marcoule. Alors que les informations sont parcellaires, et qu’il est difficile de se faire une véritable opinion sur l’état environnemental autour du site concerné, Cécile Duflot, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, a demandé aujourd’hui au gouvernement « la plus grande transparence, en temps réel, sur la situation et les conséquences environnementales et sanitaires ».

Peu avant 15h30, le ministère de l’Intérieur se voulait rassurant, en publiant un communiqué dans lequel il était indiqué qu’ "Aucune mesure de confinement ou d’évacuation" des salariés n’a été nécessaire sur le site nucléaire de Marcoule. Les blessés "n’ont pas été contaminés" et la personne décédée est "morte dans l’explosion". Selon la Criirad, qui reste un organisme indépendant, « Actuellement, les vents du secteur soufflent en direction du sud.

Quoi qu’en disent EDF et Areva, nos 19 centrales – l’Hexagone possède le deuxième plus grand parc atomique après les Etats-Unis – ne nous garantissent pas une sécurité absolue. En 2009, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) y a recensé 795 incidents, un chiffre en augmentation constante. Si la plupart étaient tout à fait bénins, 96 d’entre eux étaient plus inquiétants. En décembre 2009, par exemple, le refroidissement des réacteurs de Cruas, en Ardèche, a été interrompu après que des algues, charriées par le Rhône, eurent obstrué les arrivées d’eau. En janvier précédent, des dégazages radioactifs avaient déjà obligé EDF à évacuer son personnel. Pas étonnant que Cruas soit régulièrement épinglée pour son manque de rigueur. C’est aussi le cas de nos 18 autres centrales qui, selon l’ASN, n’améliorent pas assez leur niveau de sécurité, la protection de leurs salariés et la réduction de leurs rejets dans l’environnement.

Plutôt inquiétant, car plusieurs d’entre elles sont installées dans des zones sismiques, notamment en Alsace, dans les Alpes ou dans le sillon rhodanien. Les précautions prises lors de leur construction ont-elles été suffisantes ? A première vue, oui. Fessenheim, dans le fossé rhénan, peut, par exemple, résister à une secousse de 6,7 sur l’échelle de Richter, alors que le plus puissant séisme de la région, enregistré à Bâle en… 1356, n’aurait pas dépassé la magnitude 6. « Mais rien ne nous assure qu’on ne franchira pas un jour ces niveaux », avertit Jérôme Van der Woerd, de l’Institut de physique du globe. Quant à la façade atlantique, elle n’a, certes, jamais eu à affronter les vagues d’un tsunami. Mais cela n’a pas empêché la grande tempête de décembre 1999 de noyer la centrale du Blayais, située au bord de la -Gironde. Cette fois encore, la situation était critique.

Marcoule, capitale explosive de l’industrie nucléaire française

L’explosion mortelle qui vient d’avoir lieu à Marcoule (Gard) et les inquiétudes sur d’éventuelles fuites radioactives pointent une fois de plus les risques inhérents à la filière nucléaire, y compris dans le retraitement des déchets radioactifs. Et montrent qu’il n’y a pas que dans les centrales que peut se produire un accident pouvant déboucher sur une contamination.

Si l’industrie nucléaire française devait avoir sa capitale, Marcoule pourrait y prétendre. Le site nucléaire gardois, situé en face d’Orange, avec Avignon sous le vent, accueille toute la chaîne de l’industrie nucléaire : une usine de fabrication de combustible MOX à base de plutonium, exploitée par Areva ; un réacteur nucléaire expérimental à neutrons rapides du CEA (Commissariat à l’énergie atomique, principal actionnaire d’Areva) ; et un centre de traitement et de conditionnement de déchets nucléaires, exploité par une filiale d’EDF, la Socodei. Ces déchets sont ensuite destinés à être stockés et enfouis. C’est là, au sein du Centre de traitement et de conditionnement de déchets de faible activité (Centraco), que s’est produite une explosion, ce 12 septembre, tuant un employé et en blessant plusieurs autres.

« Selon les premières informations, il s’agit d’une explosion d’un four servant à fondre les déchets radioactifs métalliques de faible et très faible activité », explique un communiqué de l’Autorité de sûreté du nucléaire (ASN). L’usine compte un four à incinération et une « unité de fusion ». C’est dans cette seconde unité que l’explosion a eu lieu, comme le confirme le CEA qui indique « un four de fusion métallurgique ». Ce four prend en charge les déchets métalliques radioactifs issus de l’industrie nucléaire : « Des structures métalliques, des vannes, des pompes, des outils en inox, en acier ou en métaux non ferreux qui proviennent des opérations de maintenance ou de démantèlement des installations nucléaires », détaille le site web du centre de conditionnement. Les pièces radioactives y sont fondues « à une température variant entre 1 300 °C et 1 600 °C ». Puis assemblées en barres métalliques qui sont soit réutilisées dans l’industrie nucléaire soit expédiées vers un centre de stockage. Avec le démantèlement toujours en cours de Superphénix (Isère), de l’usine d’extraction du plutonium de Marcoule (UP1) ou de la centrale de Brennilis (Finistère), les fours ne doivent pas chômer (d’autant que le gouvernement a ouvert la voie au recyclage de ces déchets en dehors de l’industrie nucléaire, mais c’est une autre histoire).

Quels dangers de radioactivité ?

Existe-t-il des risques de fuites radioactives suite à l’explosion mortelle ? Tout dépend du type de déchets traités et, surtout, de la résistance ou non de l’enceinte du bâtiment abritant le four. Les communiqués du CEA et de l’ASN évoquent des déchets « faiblement radioactifs » et « très faiblement radioactifs ». Ils peuvent correspondre à plusieurs types de déchets, classés par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) en fonction de leur radioactivité et la durée de celle-ci. Les déchets « très faible activité » (TFA) et « faible et moyenne activité à vie courte » (FMA-VC) d’abord. Ils possèdent une période radioactive inférieure ou égale à 31 ans. Outils, fûts ou tuyauteries contaminés au Tritium, au Césium 137 ou au Cobalt 60 entrent dans cette catégorie. Les déchets « faible activité à vie longue » (FA-VL) ensuite, principalement issus des anciens réacteurs graphite-gaz exploités par EDF ou expérimentés par le CEA. Malgré leur « faible activité », l’Andra prend quelques précautions pour les stocker. Les « TFA » sont enterrés sous quelques mètres d’argile. Les « FMA » sont confinés dans des ouvrages « en béton armé de 25 mètres de côté et de 8 mètres de hauteur », fermés « par une dalle de béton dont l’étanchéité est assurée par un revêtement imperméable » puis recouverts d’une couche « argileuse définitive de plusieurs mètres d’épaisseur ».

Qu’en est-il de l’enceinte abritant le four à fusion ? L’explosion l’a-t-elle endommagée ? Le CEA assure que « le confinement de l’installation et la ventilation sont opérationnels ». Pour l’instant, selon l’exploitant de l’usine, « les mesures effectuées ne mettent pas en évidence de rejet radioactif à l’extérieur de l’installation ». L’incendie qui s’est déclenché après l’explosion aurait été maîtrisé en trois quarts d’heure. Restent des doutes, que soulève le Réseau sortir du nucléaire : « Claude Guéant, notre ministre de l’Intérieur, affirme qu’il n’y aurait pas de fuite radioactive. L’explosion du four a-t-elle mis en cause l’intégrité du système de confinement du bâtiment et de filtration des éléments radioactifs ? Comment notre ministre peut-il affirmer qu’il n’y a aucune fuite ? Des mesures ont-elles été effectuées sur le site ? ». De leur côté, les experts indépendants de la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) ont placé « en vigilance accrue » leurs balises atmosphériques et aquatiques en aval de Marcoule. A 14h15, soit près de 2 heures après l’accident, aucune contamination n’avait été détectée.

« Devant le constat de lacunes dans la culture de sûreté au sein de l’installation Centraco, le directeur général de l’ASN a demandé à l’exploitant de définir et de mettre en œuvre des actions visant à améliorer la sûreté de l’exploitation ». C’était en 2010. L’usine Centraco, comme toutes les autres installations nucléaires, connaît régulièrement des dysfonctionnements et incidents techniques classés niveau 1 (panne du dispositif de contrôle des rejets gazeux, panne d’alarmes incendie, perte de l’alimentation électrique). Cette fois, l’accident devrait être classé niveau 2 ou 3, compte tenu de la mort d’un travailleur. Un nouvel avertissement, six mois après Fukushima ? I. du Roy

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Messages

  • NUCLEAIRE - L’Autorité de sûreté nucléaire contrôle régulièrement tous les sites nucléaires français, mais est-ce vraiment suffisant ?

    Construction de l’EPR de Flamanville, accident de Marcoule, prolongation de la durée de vie de Fessenheim… L’Autorité de sûreté nucléaire est responsable, en France, de la sûreté des sites nucléaires à travers un programme d’inspections qui doit permettre aux exploitants, EDF dans la plupart des cas, de procéder aux améliorations nécessaires. Mais les recommandations de l’ASN sont-elles vraiment suivies d’effets ?

    Des lettres non contraignantes adressées aux exploitants
    Interrogé par 20Minutes, Thomas Houdré, à la tête de la direction des centrales nucléaires de l’ASN, considère que l’autorité dispose « d’un panel d’outils qui lui permettent de se faire entendre ». Qu’il s’agisse d’inspections programmées ou déclenchées à la suite d’un incident, l’ASN est chargée de contrôler à la fois l’organisation des sites, en prenant en compte les compétences, la formation et le recrutement du personnel, et le matériel « en fonction des enjeux de sûreté », précise Thomas Houdré.

    Les inspecteurs de l’ASN avaient ainsi constaté en 2008 des lacunes dans la façon dont le personnel du centre de traitement et de conditionnement de déchets de faibles activités (Centraco) de Marcoule était sensibilisé aux règles de sécurité. Un constat suivi d’effets ? A la suite des inspections, l’ASN fait « des demandes d’amélioration, formalisées par une lettre, explique Thomas Houdré. Dans cette lettre, l’ASN donne à l’exploitant un délai de réponse et de mise en œuvre des actions préconisées. S’il tarde à répondre, on peut retourner en inspection et voir l’avancement des actions », explique Thomas Houdré.

    L’ « exemple » de Flamanville
    Si l’exploitant ne réagit toujours pas, l’ASN « a toute latitude pour prendre des mesures contraignantes, précise Thomas Houdré. Ce sont des mesures administratives via des décisions officielles, des mises en demeure devant la justice qui soumettent l’exploitant à des sanctions pénales, et enfin des suspensions temporaires ou définitives de l’activité. » C’est ce qui est arrivé en 2008 sur le site du Tricastin après un dépassement de la limite de rejet mensuelle de carbone 14 gazeux : « L’ASN avait alors suspendu le fonctionnement de l’installation Socatri », poursuit Thomas Houdré.

    L’exemple du chantier de l’EPR de Flamanville illustre bien le fonctionnement des contrôles de l’ASN : plusieurs recommandations ont été faites à EDF en mai 2011, parmi lesquelles « le renforcement de la formation des intervenants, la mise en place d’une surveillance renforcée par EDF et la réalisation d’une analyse d’impact des anomalies constatées » sur le bétonnage de l’enceinte interne. « L’ASN a demandé à EDF le 23 juin 2011 de suspendre le bétonnage de l’enceinte interne et de présenter un plan d’action permettant d’éviter tout nouvel écart », précise l’autorité. « Dans les jours suivants, EDF a présenté son plan d’action et, en particulier, les dispositions prises pour améliorer les compétences des équipes chargées de la pose des gaines de précontrainte », indique l’ASN, précisant qu’elle a autorisé EDF à reprendre les travaux le 1er juillet.

    Le système n’a pas été remis en cause après Fukushima, ni après Marcoule
    Ce système d’allers-retours de courriers, réponses, inspections et plans d’action n’a pas été remis en question après la catastrophe de Fukushima ou l’accident de Marcoule. Pourtant, en 2010, l’ASN avait confirmé une « réelle appropriation par l’exploitant de son plan d’amélioration de la sûreté » sur le site de Marcoule. « On a considéré que les mesures prises par l’exploitant allaient dans le bon sens, tout en disant qu’il fallait rester vigilant », a expliqué mercredi Jean-Christophe Niel, directeur général de l’ASN, refusant pour le moment d’établir un lien entre les lacunes de sûreté constatées et l’accident du 12 septembre

  • Il n’y a pas eu d’explosion, il n’y a pas eu de dégagement radioactif, juste un accident de type fonderie.
    Voilà quelques infos des rapports transmis à la commission gouvernementale pour la transparence des activités nucléaires, à propos de ce qui s’est passé à Marcoule le 12 sept.

    3 rapports de EDF,IRSN,et ASN de 10/12 page chacun, qui ne disent rien, juste une plaquette de publicité pour expliquer que tout est claire et surtout..TERMINE.

    Tellement enterré, que le fondeur a été autopsié par l’armée, que la famille n’a pu voir le corps et que le cerceuil est plombé, c’est à dire qu’il a une protection contre les rayonnements ionisants !

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