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Et si les banques faisaient faillite....

mardi 13 septembre 2011, par Robert Paris

Ce n’est pas Cantona qui a coulé les banques en France et dans le reste de l’Europe. Ce n’est pas les clients qui ont les premiers retiré leur argent. Ce n’est pas les salariés qui coulent le capitalisme. Ce n’est pas les esclaves qui ont fait chuter l’empire romain. Ce n’est pas non plus les « peuples voisins » dits « barbares ». Ce n’est pas les paysans qui ont, les premiers, mis en cause l’Ancien Régime. Ce n’est pas les opprimés qui ont amené les régimes et les systèmes à leur crise finale. La cause de ces crises est bien plus interne. Les sociétés chutent du fait que leurs propres contradictions prennent un caractère explosif quand ces sociétés ont atteint leurs limites.

Un vent de panique souffle sur les banques françaises, très exposées à la crise de la dette des pays à risque de la zone euro et en chute libre à la Bourse de Paris, poussant leurs dirigeants à multiplier les déclarations pour rassurer les marchés et les épargnants.

Après la Société générale, c’est BNP Paribas, première banque française, qui suscitait mardi l’affolement à la Bourse de Paris, prompte à réagir à la moindre rumeur ou information alarmiste.

BNP Paribas a ainsi été obligée de démentir formellement les propos prêtés à un cadre anonyme de la banque rapportés par le Wall Street Journal, faisant état de son incapacité à trouver des liquidités en dollars aux Etats-Unis.

La banque assure qu’elle "se finance tout à fait normalement en dollars". Mais son cours chutait de plus de 7% mardi en fin de matinée, tandis que la Société générale reculait de 3%, dans un marché en baisse de plus de 2%

Les investisseurs redoutent un blocage du système bancaire, tel qu’il s’était produit en 2008, après la faillite de Lehman Brothers. Les banques ne se prêtaient plus entre elles, et les Etats avaient dû intervenir massivement pour éviter un effondrement du système.

Les grandes banques françaises sont malmenées depuis plusieurs semaines en Bourse en raison de leur exposition à la crise de l’endettement en zone euro. BNP Paribas est ainsi exposée à 4 milliards d’euros à la dette souveraine grecque, et la Société générale à 1,1 milliard d’euros.

La Société Générale, considérée comme la plus fragile des banques françaises, a vu sa valeur fondre de plus de 60% depuis juillet. Pour elle, désormais, il s’agit autant de rassurer les investisseurs que les épargnants, que cette crise du secteur bancaire pourrait inciter à retirer leur argent.

Ce n’est pas la crise grecque qui a affecté les banques françaises. Elles ont coulé bien avant, en 2007. Pourquoi ? Parce qu’elles ne cherchent plus à miser sur le développement du capitalisme, mais, comme tous les investisseurs, ne misent que sur sa chute.
Sont-ils fous, masochistes, inconscients, ces capitalistes qui préfèrent acheter des dettes souveraines qu’investir dans la production et le commerce ? Non, ils se contentent d’obéir aux mêmes règles qu’avant, mais ces règles renversent leurs effets. La recherche du profit, au lieu de leur indiquer la voie des investissements, les pousse à désinvestir, fermer des sites, supprimer des emplois, réduire l’activité et réserver tous leurs capitaux à une spéculation immédiatement infiniment plus rentable. Même s’ils voient très bien que cela va à la catastrophe, ce n’est pas les possesseurs individuels de capitaux qui peuvent renverser le mouvement. Pour profiter, ils doivent accompagner tous les mouvements et, même, les anticiper. Il faut donc qu’ils anticipent la chute…

Bien entendu, tous les possesseurs de compte en banque, même les plus modestes, souhaitent que cela ne s’écroule pas. Ils n’ont pas encore commencé à retirer massivement leur argent. S’ils cessaient de faire confiance, cela suffirait pour que tout l’édifice s’écroule.
Si les banques coulaient, qu’arriverait-il aux avoirs des clients, aux épargnes, aux comptes, aux titres, aux assurances-vie ? Sont-ils protégés par les discours rassurants des dirigeants et des gouvernants ? Pas du tout ! Le fonds de garantie n’a que 1,8 milliards d’euros, ce qui ne couvre quasiment rien de toutes les sommes précédemment citées. Pour le moment, la panique n’amenant pas les clients à se retirer massivement, l’édifice instable tient par miracle… Il n’y a aucune raison que cela dure éternellement et, alors, aucun mécanisme, aucun Etat ne sera capable de faire face à la déferlante qui entraînera tout …

Quand tout repose sur un château de cartes de plus en plus fragile et que le vent de tempête se lève, ce n’est pas être devin que de deviner que tout va s’écrouler même si personne ne peut encore dire quand et comment. Alors adieu veaux, vaches, cochons, couvées….
Le capitalisme ne risque pas de mourir demain de la crise grecque, ni de la crise des banques, ni de la crise des dettes souveraines. Il est mort en 2007.

La cause de sa mort est qu’il a atteint ses limites. Les arbres ne vont pas au ciel et le capitalisme n’est pas plus éternel que les anciens empires…

Et il n’y a pas que la France...

L’Angleterre ?

La Royal Bank of Scotland a perdu 97% de sa valeur !

Si l’on en croit le Daily Telegraph, la Grande-Bretagne doit faire face à une situation douloureuse, comparable à certains égards à celle qu’a connu l’Islande il y a peu. La presse britannique s’inquiète d’ailleurs d’un scénario à l’islandaise. Dans un dossier sur la crise économique, l’Evening Standard titrait « Islande sur Tamise » en référence à l’effondrement de l’économie islandaise, tandis que le Financial Times se posait la question sans ambages : « Le Royaume-Uni peut-il faire faillite ? ».

L’économie britannique est officiellement entrée en récession, les économistes anticipent une baisse du PIB de près de 3 % cette année. Du jamais vu depuis 1946. Et les principales banques du pays commencent à présenter des signes de fatigue inquiétants, notamment la plus vieille d’entre elles : la Royal Bank of Scotland. Lourd symbole, en 2008, la RBS était encore la plus grande banque d’Écosse, la seconde du Royaume-Uni et d’Europe. Depuis le début de la crise de 2008, en raison des actifs dit toxiques qu’elle détenait, la banque a perdu 97,58 % de sa valeur ! Difficile de tomber plus bas.

Pour sauver ce qui peut encore l’être, le gouvernement envisagerait de recourir aux nationalisations. Un choix périlleux compte tenu des dettes extérieures accumulées par tous ces établissements. « Aujourd’hui, la Grande-Bretagne dispose de réserves de devises inférieures à 61 milliards de dollars, moins que la Malaisie ou la Thaïlande. Les dettes des banques britanniques vis-à-vis de l’étranger s’élèvent à 4 400 milliards de dollars -deux fois le PIB annuel du pays » écrit le Daily Telegraph. C’est l’une des raisons qui explique la dégringolade récente de la livre sterling.

C’est là que le parallèle avec l’Islande devient troublant. Le système bancaire dopait la croissance. Mais en asséchant les circuits de refinancement des banques, la crise a brutalement brisé le rêve le rêve islandais. Les trois banques du pays, qui avaient fortement investi à l’étranger se sont retrouvées sans le sous. Le pays a été ruiné par les égarements de ses trois principaux établissements bancaires qui avaient accumulé des dettes équivalentes à 900% du PIB plongeant l’Islande dans la crise et forçant le gouvernement à les renationaliser. Si l’agence de notation Standard’s & Poors estime que la situation britannique constitue un « test sévère » pour le gouvernement de Gordon Brown, la situation de la Grande Bretagne est différente de celle de l’Islande. Le Royaume-Uni peut toujours s’appuyer sur la livre sterling, qui reste l’une des principales monnaies mondiales.

Reste qu’un plan de sauvetage des banques du pays pourrait porter le déficit public à près de 10 % du PIB. Un dérapage qui commence à faire douter de la capacité du pays à pouvoir financer sa dette. Provocateurs, les conservateurs s’interrogent sur la possibilité d’en appeler au FMI, comme l’a fait l’Islande. Une hypothèse jugée « ridicule » par Gordon Brown.

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Messages

  • Ce n’est pas les salariés qui coulent le capitalisme.

    Ce n’est pas les esclaves qui ont fait chuter l’empire romain. Ce n’est pas non plus les « peuples voisins » dits « barbares ».

    Ce n’est pas les paysans qui ont, les premiers, mis en cause l’Ancien Régime.

    Ce n’est pas les opprimés qui ont amené les régimes et les systèmes à leur crise finale.

    La cause de ces crises est bien plus interne.

    Les sociétés chutent du fait que leurs propres contradictions prennent un caractère explosif quand ces sociétés ont atteint leurs limites.

  • Il faut arrêter ces discours alarmistes !

    Tout cela est irrationnel.... dixit Jean Hervé Lorenzi ce matin à la radio :

    « Il faut ramener la raison et quelques données et le sérieux de l’analyse.
    Il s’agit d’une crise de confiance.
    La zone euro doit s’exprimer, mettre en œuvre le plan du 21 juillet. Mettre en œuvre des eurobonds, mutualiser la dette en Europe. Seul moyen de revenir à la raison. »

    Voici ce que propose le Président du cercle des économistes.

    En clair, pour sortir de la crise, il faut .. préparer la future crise !

    Pour l’idéalisme de ce Professeur de l’Université Paris Dauphine la crise n’a rien de matériel, mais uniquement de l’irrationnel, de la confiance. Mais d’où vient la confiance ? La confiance des capitalistes dans leur système, des boursicoteur dans la bourse n’est plus là, mais pourquoi ?

    Ne serait-ce parce que le système est à bout de souffle ? Ne serait-ce parce que les dirigeants de ce monde et les conseillers qu’ils rémunère grassement n’ont plus aucune solution réelle pour faire fonctionner un système sous perfusion ?

    Si la vie de milliers et de millions de travailleurs et de chômeurs n’était en jeu, on pourrait croire à une bonne blague.... mais cet "économiste" parle très sérieusement.... quer cherche-t-il au juste ? à gagner du temps ? dans quel but ? préparer la guerre de classe ?

  • Voilà ce qu’écrit un site de la finance : "Votre argent" :

    "« L’explosion de la zone euro n’est désormais plus impossible », selon Denis Kessler, ancien vice-président du patronat français. Des propos qui en disent long sur les tensions qui s’installent sur le système financier alors que les Européens sont incapables de s’entendre sur la mise en place d’un plan d’aide à la Grèce. Après toutes les déclarations et mauvaises nouvelles accumulées depuis des semaines sur la nécessaire recapitalisation ou l’insuffisance des ratios de liquidité des banques, les CDS sur l’Etat français (assurances sur le défaut de paiement) se sont envolés. Et les inquiétudes sur la solidité des banques ont atteint un niveau tel que Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, a dû intervenir en soutenant que les banques françaises pouvaient faire face à toutes les situations. Chacun est désormais en droit de s’interroger sur les conséquences pour ses propres placements d’une faillite d’un établissement.

    Risque maximal
    Ceux qui ont joué en Bourse le secteur bancaire et détiennent en direct sur leur compte-titres ou dans leur plan d’épargne en actions des titres de BNP Paribas, Crédit Agricole, Natixis, Société Générale, savent à quoi s’en tenir et n’ont plus qu’à faire le dos rond. La faillite d’un de ces établissements mettrait la ligne d’actions concernées à zéro.

    Risque élevé
    Tous les produits financiers soumis au risque de défaut de l’émetteur, qui correspond à l’incapacité totale ou partielle de celui-ci à honorer ses engagements, sont en risque. A commencer par les obligations émises par les établissements financiers. Mais aussi les certificats (produits financiers permettant de jouer à la hausse ou à la baisse une action), warrantsc’est une valeur mobilière cotée en Bourse émise par un établissement financier qui, comme une option, donne le droit, mais non l’obligation, à son détenteur d’acheter ou de vendre un support ou sous-jacent sur lequel il porte, à tout moment jusqu’à une date déterminée à l’avance (appelée échéance) et pour un prix fixé à l’avance (appelé prix d’exercice ou strike) moyennant le paiement d’une prime. (instrument donnant le droit d’acheter ou de vendre une action, un indice...) et en règle générale tous les produits dits structurés (combinaison de plusieurs produits financiers). "

  • D’après Goldman Sachs, 50 établissements européens sur 91 pourraient échouer aux futurs tests de résistance menés par l’Autorité bancaire européenne (ABE). Ils pourraient révéler des besoins de recapitalisation de 298 milliards d’euros, estime la banque américaine.

    Les nouveaux tests de résistance menés par l’autorité bancaire européenne (EBA) pourraient révéler des besoins de recapitalisation de 298 milliards d’euros, selon une simulation réalisée par les analystes de la banque américaine Goldman Sachs publiée vendredi. Pour obtenir ce résultat, les analystes ont repris les hypothèses macroéconomiques dégradées retenues lors de la précédente vague de tests, dont les résultats ont été publiés mi-juillet.

    Une hypothèse de décote de 60% sur les titres grecs

    Ils y ont ajouté une décote de 60% sur la valeur des titres grecs, de 40% sur les titres irlandais et portugais, et enfin de 20% sur les titres italiens et espagnols. Ils ont également relevé l’exigence minimale de ratio de fonds propres "durs" (capital et bénéfices mis en réserve rapportés aux crédits accordés). Le ratio a été fixé à 9%, niveau qui devrait être imposé comme référence par le régulateur européen dans un délai de trois à six mois, selon une source européenne.

    Une aide d’urgence requise

    Des 91 banques passées au crible, 50 échoueraient à ces nouveaux tests, faisant apparaître un besoin de fonds propres supplémentaires de 298 milliards d’euros. Les besoins les plus importants proviendraient des établissements grecs et chypriotes (65 milliards pour les deux pays), d’Espagne (58), d’Allemagne (43) et de France (40). Dans le détail, les établissements hellènes EFG Eurobank et National Bank of Greece (NBG) accuseraient des insuffisances respectives de 12,1 et 14,8 milliards ce qui, dans ce scénario, induirait une aide d’urgence pour les recapitaliser.

    BNP Paribas et Société Générale durement sanctionnées

    Seraient aussi durement sanctionnées les françaises BNP Paribas (13,0 milliards de besoins de fonds propres), Société Générale (11,6) et BPCE (10,5), ainsi que les allemandes Deutsche Bank (12,2) et Commerzbank (10,7). Jeudi, les analystes de la banque helvétique Credit Suisse avaient évalué les besoins de fonds propres au terme de tests de même nature à 221 milliards d’euros. Le régulateur européen (EBA) n’a pas confirmé à ce jour le lancement d’une nouvelle série de tests, de même qu’il n’a pas indiqué quelle décote il appliquerait et sur quels titres celle-ci porterait. Les Européens travaillent à un scénario de restructuration de la dette grecque avec une décote de 50% et n’envisagent pour le moment aucune autre restructuration de dette en Europe.

  • A nouveau, des banques en faillite, et on les sauve à nouveau...

    Banque Santander reprend Banco Popular au bord de la faillite !!!

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