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Les candidats « socialistes » et la crise

dimanche 18 septembre 2011, par Robert Paris

Martine Aubry : "Je le dis à François, on ne peut pas dire qu’on va arriver à zéro déficit en 2017 dans l’incertitude qui est celle aujourd’hui de l’Europe et du monde. Je ne veux pas m’engager sur cela. Je m’engage pour 2013 (à un retour du déficit à 3 % du PIB)".

François Hollande : "Il faut donner une direction (...) qui doit aller vers la maîtrise de notre endettement. Je ne serai pas le président qui accroîtra la dette comme Nicolas Sarkozy l’a fait - dans un contexte de crise, il est vrai, mais en dégradant les comptes publics. Tout ce que j’ai proposé (...) sera financé par des économies équivalentes, notamment sur les exonérations de cotisations sociales et sur les niches fiscales. Rien dans ce que je propose n’est de nature à dégrader les comptes publics." "Nous ferons ce que les disponibilités de la croissance nous offriront. C’est un devoir que de dire cette évidence."

Manuel Valls : "Nous ne pouvons pas dépenser un euro supplémentaire et si nous voulons le faire, il faut le faire au détriment d’une autre dépense publique."

Ségolène Royal : "Il faut résoudre le déficit et la dette en relançant l’activité économique."

Les candidats « socialistes » et la crise

Tous les candidats socialistes à la candidature du PS aux présidentielles l’affirment : le point numéro un consiste à payer les frais de la dette de l’Etat. Priorité à la « lutte contre les déficits » : payer et faire des efforts pour sauver le système, pour sauver l’économie, pour sauver le pays. Donc austérité au programme !

Il faut faire des efforts pour sortir de la crise grâce à l’intervention de l’Etat, nous dit-on à gauche comme à droite.

Et quelle est leur solution ? Les peuples doivent faire des efforts parce que les Etats sont ruinés. Mais ce n’est pas pour sauver les peuples que les Etats se sont ruinés : c’est pour aider les banques, aider les bourses, aider les financiers, aider les capitalistes, tous les Etats du monde n’ont fait que cela ! L’Islande a fait faillite pour sauver ses banques. L’Irlande engage deux fois son PIB pour garantir les siennes !

Et ces « socialistes » n’avaient rien contre le fait que l’Etat intervienne pour aider le système capitaliste en 2008 et depuis : plus de 2500 milliards de dollars dans le monde (à comparer aux 300 milliards nécessaires pour éradiquer définitivement la faim dans le monde), 350 milliards d’euros en France, plus d’un mois de PIB de l’Europe et des Etats unis, plus de 10 000 euros par foyer fiscal français, 6 ans d’impôt sur le revenu ! Aujourd’hui, ils sont incapables d’expliquer que c’est de là que vient la ruine des Etats et l’austérité !

La dette Française (1 654 milliards d’euros) représente 7% du PIB, Sarkozy se propose de la ramener à 3% dès 2013, le week-end dernier, son engagement a séduit François Hollande en premier lieu, puis Martine Aubry s’y est rallié. Pour Martine Aubry le plan d’austérité de Sarkozy est tout simplement insuffisant…

L’Etat fait des cadeaux aux capitalistes, mais il leur paie cher les intérêts de tous ses emprunts ! Là encore, les socialistes, au gouvernement ou dans l’opposition, n’ont jamais eu rien contre cet enrichissement des capitaux privés sur le dos des finances publiques…

Et à quoi ont servi ces milliards pour relancer l’économie ? Le PIB des USA n’a augmenté que de 63 milliards au premier trimestre 2011 alors que la dette publique a augmenté de 380 Mds en trois mois. Aucun média n’a mis en parallèle ces deux chiffres (heureusement ! car cela aurait peut-être provoqué la panique des marchés et des consommateurs). Le rendement est catastrophique : il faut 380 Mds de dette nouvelle pour obtenir 63 Mds de PIB supplémentaire. De plus en plus de dette pour de moins en moins de croissance ! La première économie mondiale est comparable à une voiture, qui a besoin d’un litre d’huile tous les 300 mètres. A tout moment, elle peut casser une bielle et le moteur va exploser. D’autant que la réserve d’huile est bientôt vide : comme les investisseurs privés se détournent des Bons du trésor émis par le gouvernement, la Banque centrale a du acheter 85 % des Bons émis depuis huit mois et créer pour ce faire 600 milliards de dollars ex-nihilo. Pour quel résultat ? En mai, la consommation des ménages a baissé pour le deuxième mois consécutif. Malgré des politiques budgétaire et monétaire exceptionnellement favorables, les Etats-Unis sont en train de retomber en récession. Et voilà les politiques qui ont « une solution pour la France » !

Le journal « Le Monde » titre : « Des socialistes convertis à l’économie libérale ». Jugez-en :

François Hollande clame : « retour sous les 3% du PIB de déficit public d’ici 2013 ». Après d’autres dirigeants socialistes, François Hollande, dans une interview publiée dans Le Monde du 19-20 septembre, a mis en garde contre ceux qui, au sein de son parti ou ailleurs, oublieraient qu’il est un parti de gouvernement, un parti responsable devant la bourgeoisie.

Il y explique que l’antisarkozisme ne suffit plus, et qu’il faut que le PS gagne en crédibilité ; ou, pour dire les choses autrement, qu’il ne soit pas un parti qui promet, sans rien pouvoir tenir. Car, explique-t-il, « notre pays est vulnérable et affiche des déficits parmi les plus élevés parmi les pays développés, avec une dette publique qui (...) sera voisine de 90 % du produit intérieur brut ». Cela signifie, insiste-t-il, « qu’il faudra faire des choix, hiérarchiser nos dépenses et nos recettes ». « Nous ne pourrons pas, ajoute-t-il, répondre « plus de fonctionnaires » à toute demande sociale » (...) « Nous ne serons pas là non plus pour accorder des allocations universelles en plus, mais pour être plus sélectifs. »

Hollande revient sur un sujet d’actualité : les retraites. Cela permet de juger des orientations du PS, sans avoir à attendre 2012 et l’éventuelle élection d’un de ses candidats à l’Élysée. « Il faut précise-t-il afficher comme principe que la durée de cotisation est fonction de l’espérance de vie. Je salue la responsabilité des syndicats qui, dans les manifestations, n’appellent pas au refus de toute réforme ».

Il rejoint là, sans surprise, les positions défendues par Martine Aubry qui s’était déclarée, non sans quelques hésitations, favorable au maintien du départ en retraite à 60 ans, sans que cela se fasse forcément à taux plein. Quant à Strauss-Kahn, autre futur engagé socialiste dans la course à l’Élysée, il déclarait, lui, tout net qu’il ne faisait pas un dogme du maintien de la retraite à 60 ans.

Ségolène Royal a déclaré « J’ai travaillé dur parce que je vais demander aux Français de travailler dur ». Elle a déclaré sur la règle d’or d’austérité budgétaire (proposée par Sarkozy) : « La règle d’or est une très bonne règle. Je l’inscrirai dans la Constitution, mais en début de mandat, en 2012. » Durant sa visite à Lyon, la candidate à la primaire du Parti Socialiste a par ailleurs rencontré des groupes de femmes chefs d’entreprises. Elle a ainsi pu détailler ses propositions pour les entreprises, petites et moyennes : le laboratoire régional qu’elle vient de mettre en place dans sa région préfigure, selon elle, une réforme majeure "pour faire de la France un pays d’entrepreneurs, développer les petites et moyennes entreprises, relancer massivement la croissance et créer des milliers d’emplois". On peut lire dans son « contrat avec la nation » : « Face à la crise et à l’explosion des inégalités, je ferai inscrire dans la Constitution la règle d’une bonne gestion des fonds publics. Elle comprend la juste répartition des efforts, la contribution équitable du capital et du travail, la garantie des ressources pour la Sécurité Sociale, la lutte contre la fraude et les gaspillages. Je m’engage à réduire la dette et à associer les Français à la réforme pour la justice fiscale, sans augmenter les impôts. » « Devant le peuple français, moi Ségolène Royal, je m’engage à construire avec vous la République du Respect par l’ordre social juste et la participation active des citoyens ». L’ordre social juste qu’est-ce que c’est ? L’ordre juste pour les Français n’existe pas, il dépend des catégories de Français. C’est un ordre qui varie du bas de l’échelle au haut de l’échelle sociale des Français. Serait-ce celui des classes populaires, de ceux qui ont des difficultés pour vivre, pour se loger ?

Ségolène Royal n’est pas la seule candidate socialiste à se tourner vers les "entrepreneurs". En visite chez les patrons de Seine Maritime, Aubry déclarait ainsi : "l n’y a pas d’économie forte sans industrie forte. L’industrie conserve une place centrale dans l’économie. C’est le véritable moteur de l’innovation, des exportations, des services et du progrès social.
Il n’y a pas d’industrie sans Etats forts. L’Etat a un rôle décisif à jouer par l’investissement, la commande publique, les règles qui doivent être favorables au long terme, à l’innovation, à l’emploi."

Manuel Valls n’est pas en reste, lui qui affirme : « La situation financière, les risques de récession, la nécessité de réviser incontestablement les perspectives de croissance nous amènent nous aussi à avoir un débat sur le bouclage financier de notre projet », a-t-il demandé lundi lors d’une conférence de presse. Le député maire d’Évry (Essonne) propose d’affecter « l’intégralité de ce qu’on appelle les marges de manœuvre dites conventionnelles, hausse des impôts jusqu’au seuil historique de 45% du PIB et baisse des dépenses publiques de gestion » à la réduction des déficits et non plus la moitié comme le projet du PS le prévoit. Dans ce cas, chaque politique nouvelle serait financée par la « suppression » d’une politique existante. Manuel Valls estime que "la fragilité de la France nous oblige à faire un certain nombre d’efforts", il considère qu’on "ne pourra pas revenir sur la retraite à 60 ans" et prévient qu’il faut "dire" que les impôts "vont augmenter".

L’université d’été du PS d’août 2011, à La Rochelle, avait annoncé la couleur : pas de mesures contre les banquiers, pas d’embauches de fonctionnaires, pas d’augmentation de salaire, et de la rigueur pour les salariés !

Le Parti socialiste est-il redevenu le parti des économistes ? A l’université d’été de La Rochelle, le week-end du 25 août, les héritiers de Keynes siégeaient à la tribune tandis que leurs arguments imprégnaient les discours des six candidats à la primaire.

Aux côtés de Martine Aubry, le médiatique Daniel Cohen, de l’Ecole normale supérieure, a fustigé les cadeaux fiscaux de l’ère Sarkozy et plaidé pour une politique de synthèse entre le combat des déficits publics et la nécessaire relance sans laquelle la France pourrait choir dans le "piège grec".

Au même pupitre le lendemain, Jean-Paul Fitoussi, grand manitou de l’Observatoire français des Conjonctures économiques, a participé à la séance plénière de François Hollande consacrée à la croissance. Mais, en fin politique, il a su se montrer œcuménique : "J’ai beaucoup d’amitié pour François et Martine, j’ai beaucoup d’amitié pour tous les candidats."

"Discussion libre, sans tabous"

A chacun ses économistes ! En ces temps de crise financière et de récession annoncée, la caution des experts est plus que jamais recherchée. Très en vu, Thomas Piketty coauteur du best-seller "Pour la révolution fiscale", est le plus souvent cité par les candidats socialistes. Mais après avoir été le conseiller de Ségolène Royal en 2007, il ne s’engage pas pour l’un ou l’autre des prétendants. "Nous sommes choisis pour nos idées. Mais nous acceptons les invitations à débattre en fonction de nos affinités", précise Philippe Aghion.

Ancien membre de la commission Attali, ce professeur à Harvard tient par-dessus tout à sa liberté de chercheur. Mais il est l’organisateur du groupe d’experts réunis autour de François Hollande, le 24 août dernier. Dans cet aréopage figurent Elie Cohen, directeur de recherche au CNRS, l’expert européen André Sapir, le spécialiste des marchés financiers Romain Rancière et Jean-Hervé Lorenzi, du Conseil d’Analyse économique - un think tank censé éclairer Matignon.

Thème de la première rencontre : sortie de crise et politique économique de la France. "La discussion était très libre, sans tabous. François Hollande a surtout écouté nos propositions", indique Aghion. Sans trancher. Puis le candidat s’est exprimé seul devant la presse, revenant sur son triptyque favori : "vertu budgétaire", "réforme fiscale d’ensemble" et "relance". "Il ne voulait pas être photographié aux côtés d’économistes partisans du libéralisme", grince Liêm Hoang Ngoc, économiste et député européen affilié à la gauche du Parti socialiste de Benoît Hamon et Henri Emmanuelli.

Chargé de chiffrer les propositions de la candidate, le prof de l’Ecole normale supérieure a réuni, le 25 août, un groupe d’expertise comprenant, outre Laurent Fabius et Jacques Delors, une brochette de financiers - Lionel Zinsou (PAI Partners), Charles-Henri Filippi - et d’économistes d’entreprises. "Certains patrons et banquiers qui nous ont rejoints restent anonymes, mais ils nous aident à comprendre les effets de la crise financière sur l’économie réelle : la contraction du crédit contraint les entreprises à suspendre leurs investissements avec le risque d’une grave panne de croissance", résume Jean-Marc Germain, le directeur de cabinet d’Aubry.

Les maîtres à penser des dirigeants socialistes, le « think tank » du PS, qui s’intitule comiquement « la Gracques » écrit : « Le retour à la rigueur… C’est notre cinquième proposition, certainement pas la moins douloureuse. (…) Notre chemin de sortie de crise passe pour moitié par une réforme fiscale, pour moitié par des économies budgétaires. Dans beaucoup de domaines, il faut radicalement changer d’objectif. Par exemple, il faut sortir de l’idée que tous les Français doivent être propriétaires ou que les classes marchent mieux avec moins d’élèves. Cela multiplie les postes, mais ça ne sert à rien. » Parmi les Gracques on trouve : Mathieu Pigasse (Banque Lazard frères), François Villeroy de Galhau (crédit Cétélem), Denis Olivennes (Bilderberg).

Le journal « socialiste » Marianne écrit : « A l’austérité mise en œuvre par le gouvernement, le PS compte répondre par la rigueur. Mais une rigueur qui se veut « de gauche », synonyme de « justice ». Un exercice très délicat… « En 2012, ça n’est pas plié, mais nous pouvons gagner. La plus grande difficulté, pour nous, va être de montrer que la rigueur fait partie du patrimoine de la gauche et qu’elle n’a rien à voir avec l’austérité ». Cette confidence d’un des plus hauts dirigeants de Solférino illustre à merveille sur quel chemin étroit et périlleux compte s’engager le Parti socialiste à la rentrée dans la perspective de l’élection présidentielle. D’ailleurs, d’après un proche de Jean-Marc Ayrault, les élus socialistes lors de leurs prochaines journées parlementaires devraient plancher sur le sujet : « Il nous faudra insister sur le fait, explique ce dernier, que notre rigueur, c’est la justice ». Mais dès ce samedi, alors que le parti était réuni au Carrousel du Louvre pour débattre de sa fameuse « rénovation », Martine Aubry a commencé à préparer le terrain, prenant même des accents quasi jospiniens : « Nous le dirons très simplement : tout ne sera pas possible. Mais ce que nous dirons, nous le ferons. Parce que nous devons être cette gauche à la fois ambitieuse et sérieuse. » En clair, les caisses du pays étant vides, le PS ne pourra pas tout promettre. Il lui faudra être raisonnable et responsable. Il lui faudra être réaliste… et n’exiger que le possible ! Il lui faudra faire dans la rigueur, mais une rigueur qui n’a surtout rien à voir, a insisté Martine Aubry, avec l’austérité qui, elle, ajoute « de la crise à la crise » : « Nous avons calculé que les plans d’austérité qui sont connus aujourd’hui en Allemagne, en France, en Grande-Bretagne, ceux qui ont été imposés à la Grèce et à l’Espagne, que l’ensemble de ces plans vont conduire à 4 à 5 millions d’emplois en moins dans l’année qui vient en Europe, dont quelque 600 000 en France. Voilà la réalité de cette politique d’austérité qui n’est pas, encore une fois, une politique de rigueur qui permet de bien gérer, qui permet de réduire les déficits et la dette. Mais comment faire dans la rigueur de gauche ? Pour Martine Aubry, il existe des leviers : « Il y a des dépenses fiscales injustifiées que l’on pourrait réduire dans cette période ». À commencer par ce qu’elle nomme « le symbole des symboles » : le bouclier fiscal. Et de poursuivre : « Mais ce n’est pas le moment de casser encore les services publics, de réduire les dépenses sociales, de réduire — comme cela est prévu par la réforme des retraites — des avantages sociaux aux PME qui sont en train d’embaucher. Non, ce n’est pas le temps de faire cela. » L’exercice auquel commence à se livrer le PS est délicat. Entre rigueur et austérité, la frontière est parfois aussi fine que du papier à cigarette. »

En laissant Le Pen être la seule à défendre la nécessité de faire payer les riches, les "socialistes" pavent d’or le chemin du fascisme...

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Le programme du Parti Socialiste en France est dirigé contre la classe ouvrière

Par Anthony Torres - WSWS

Le samedi 28 mai, après deux années de discussion, le Parti Socialiste (PS) a adopté à l’unanimité un projet servant de socle commun pour l’ensemble des futurs candidats du PS pour les élections présidentielles de 2012. Le PS indique qu’il est prêt à succéder à Nicolas Sarkozy en 2012, tout en menant les mêmes politiques que ce dernier.

Dans l’article de Sylvain Courage du Nouvel Observateur intitulé Projet du PS pour 2012 : la grande messe de Martine Aubry du 29 mai, le journaliste écrit : « Aubry emploie le « nous » pour dire « nous sommes prêts pour redresser la France comme en 1981 et en 1997 dans un grand élan démocratique. » ». Le projet 2012 du PS signifie que ce parti est prêt à prendre le pouvoir pour mener les attaques contre la classe ouvrière qui sont indispensables pour la bourgeoisie française.

D’après les sondages, si les élections présidentielles avaient eu lieu aujourd’hui, le PS serait élu. Suite à la réforme des retraites, le président Sarkozy est devenu très impopulaire. Des personnalités de droite comme Jean-Louis Borloo et Dominique De Villepin réfléchissent à l’éventualité de se présenter pour les élections présidentielles. Le FN fait une montée dans les sondages grâce aux lois contre la burqa et le débat sur l’identité nationale lancés par Nicolas Sarkozy et qui avaient obtenu le soutien du PS et de ces partis satellites.

Néanmoins, le programme du PS est profondément pessimiste et n’annonce aucune mesure sérieuse pour améliorer les conditions de vie des travailleurs. Il reflète la peur de la bourgeoisie française face à la montée des pays émergeants et au déclin de pays moyens comme la France—et en particulier une peur du développement de la lutte des classes qui est parti du Moyen Orient et en particulier en Afrique du Nord.

Le PS reconnaît que les bases de la stabilité économique en France à la sortie de la deuxième guerre mondiale « ont volé en éclats ». L’amélioration économique de la France et de l’Europe était liée au rôle joué par les Etats-Unis comme puissance dominante du monde avec sa monnaie comme référence mondiale.

Le déclin du capitalisme américain ainsi que l’arrivée de pays émergeants avec de bas salaires capable de concurrencer la France ont été un facteur important dans le déclin de pays moyens. C’est ce que le paragraphe 4 dit : « L’arrivée de nouveaux géants économiques qui réclament leur part de bien-être matériel, conjuguée à un mode de développement fondé sur l’exploitation de la nature, rapproche le monde d’un point de bascule ».

Dans le paragraphe 5 du projet, le PS parle de toutes les promesses liées à la chute du Mur de Berlin comme maintenant ajournée. Cet aveu de la part du PS est remarquable car finalement le capitalisme—contrairement à ce qui avait été dit lors de la dissolution de l’URSS par la bureaucratie stalinienne—n’est pas un système stable et assurant la liberté pour tous.

Comme l’a démontré le comportement des banques lors de la crise économique, il emploie des mesures criminelles pour réaliser des profits en s’attaquant aux acquis sociaux et aux droits démocratiques de la classe ouvrière. Le PS présente la France et le monde comme étant entrés dans une période de recul social plus ou moins inévitable.

Le PS n’est pas en mesure de proposer une autre alternative parce que—comme les gouvernements sociaux-démocrates de Geórgios Papandréou en Grèce ou de José Zapatero en Espagne—il sont d’accord avec les programmes d’austérité. Dans le paragraphe 7, le PS fait un bilan dévastateur de sa propre action. Il fait une tentative malhonnête de déclarer que le mouvement social-démocrate est seulement coupable de « passivité » : « Pour accroître les profits, les gouvernements libéraux ont affaibli la protection sociale et le pouvoir d’achat—avec en Europe la passivité de certains dirigeants sociaux-démocrates ».

Le PS ment lorsqu’il parle de passivité pour qualifier la politique anti-ouvrière des sociaux-démocrates. En fait, depuis la constitution du PS contemporain aux années 1970 en France, le PS au pouvoir a toujours servi à mater les luttes ouvrières et à rétablir l’ordre capitaliste aux dépens des travailleurs.

En 1983, soit deux ans après la première prise de pouvoir par le PS de François Mitterrand avec l’aide du Parti Communiste, il a fait adopter un plan de rigueur contre les travailleurs. Ceci a permis l’étranglement définitif de la vague de grèves d’après 1968, et la poursuite même plus déterminée par la bourgeoisie d’une politique de désindustrialisation de privatisation, notamment contre la sidérurgie en France.

Le gouvernement PS du Premier Ministre Lionel Jospin, arrivé pour stabiliser la présidence de Jacques Chirac ébranlée par les grèves de 1995, a fini par mener une politique brutale de privatisation.

A présent, avec la crise économique mondiale et la crise de la dette en Europe, les gouvernements sociaux-démocrates mènent tous des attaques profondes contre les acquis sociaux des travailleurs. Loin d’être passifs comme le prétend le PS, ils ont augmenté l’âge de la retraite en Grèce et en Espagne, tout en attaquant les acquis sociaux et les conditions de travail.

La politique des pays gouvernés par les sociaux-démocrates tourne de plus en plus vers la dictature. En réponse aux manifestations de l’année dernière, le gouvernement a envoyé les forces de l’ordre—contre la grève des contrôleurs aériens en Espagne, des routiers en Grèce, tout comme le gouvernement Sarkozy qui a envoyé les CRS contre les travailleurs des raffineries en lutte contre la réforme des retraites.

Le silence du PS sur cette question souligne qu’il se prépare à mener une politique semblable en France. Il est d’ailleurs complice de ces mesures d’austérité : à l’Assemblée Nationale il a voté pour l’application de mesures de rigueur en Grèce.

Le PS critique la politique étrangère de Sarkozy en Méditerranée, mais il donne finalement raison à Sarkozy sur sa principale initiative dans la région : l’agression militaire par la France contre la Libye. Ainsi le PS écrit que Sarkozy « a entamé le crédit de la France en déroulant le tapis rouge à Kadhafi le massacreur quand les autres démocraties dénonçaient ses forfaits. Lorsqu’il a agi, avec raison, trois ans plus tard, pour empêcher le régime libyen de massacrer son propre peuple, il l’a fait tardivement … »

Le PS reprend ainsi le mensonge cynique de Sarkozy—selon lequel la guerre en Libye est menée pour protéger les citoyens libyens—pour justifier son soutien à la guerre en Libye et aux bombardements par la France et l’OTAN des civils libyens.

Le PS élabore une politique économique nationaliste, dont l’adoption éventuelle aurait l’effet de provoquer de profondes divisions dans le système commercial mondial. Il développe l’idée d’une position plus indépendante des Etats Unis, tournée vers l’Allemagne : « une défense réaliste de nos intérêts commerciaux face aux pays à bas salaires et aux espaces protégés par les Etats. Pour y parvenir, donnons vie aux ‘coopérations renforcées’, proposons les contours d’un groupe pionnier adossé à la France et à l’Allemagne ».

Le PS tente de donner une justification pseudo-sociale pour une politique commerciale européenne ayant des implications aux relents autarciques. Le PS veut créer des outils politiques pour mettre fin à l’accès en Europe aux produits des pays émergents, en fermant les frontières européennes : « En cas d’échec durable des négociations sur les normes dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), nous augmenterons les droits de douane au niveau européen sur les produits ne respectant pas les normes internationales en matière sociale, sanitaire, ou environnementale ».

Les mesures du PS sont dans la continuité de celles de Nicolas Sarkozy. Le PS souhaite qu’il y ait une conférence salariale annuelle avec les patrons, les syndicats et l’Etat pour établir un cadre général d’évolution des salaires.

Les syndicats ont participé à toutes les mesures proposées par le gouvernement Sarkozy pour essayer de réduire le niveau de vie de la classe ouvrière au maximum. Les syndicats ont fait en sorte de contenir les manifestations pour démoraliser la classe ouvrière et leur faire accepter les réformes voulues par le gouvernement comme ce fut le cas avec les retraites, la lutte des cheminots sans qu’il n’y ait d’explosions politiques.

Mises à part des mesures protectionnistes, le PS annonce surtout des mesures dont le contenu souligne le caractère anti-ouvrier de la politique qu’il mènera. Comme pour souligner que la désindustrialisation continuera sous un gouvernement PS, il propose de « renchérir le coût des licenciements collectifs pour les entreprises qui versent les dividendes ».

Une fois arrivé au pouvoir, comme en 1981 ou en 1997, le PS a toujours gouverné beaucoup plus à droite que les promesses qu’il avait faites lors de la campagne. Son programme de campagne de 2012 n’est pas de « gauche » (même de la « gauche » bourgeoise), mais un programme de droite défendant la guerre et l’austérité sociale. Arrivé au pouvoir au milieu d’une crise et d’une réorientation profonde du capitalisme mondial, un gouvernement PS en 2012 serait un gouvernement de la plus profonde réaction sociale.

Messages

  • Texte de l’affiche apposée avant l’élection de la Commune de Paris :

    « Citoyens, Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant votre vie, souffrant des mêmes maux. Défiez-vous autant des ambitieux que des parvenus ; les uns comme les autres ne consultent que leur propre intérêt et finissent toujours par se considérer comme indispensables. Défiez-vous également des parleurs, incapables de passer à l’action ; ils sacrifieront tout à un beau discours, à un effet oratoire ou à mot spirituel. Evitez également ceux que la fortune a trop favorisés, car trop rarement celui qui possède la fortune est disposé à regarder le travailleur comme un frère. Enfin, cherchez des hommes aux convictions sincères, des hommes du peuple, résolus, actifs, ayant un sens droit et une honnêteté reconnue. Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos suffrages ; le véritable mérite est modeste, et c’est aux électeurs à choisir leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter. Citoyens, Nous sommes convaincus que si vous tenez compte de ces observations, vous aurez enfin inauguré la véritable représentation populaire, vous aurez trouvé des mandataires qui ne se considèrent jamais comme vos maîtres."

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