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L’extrême droite raciste et fasciste monte aux USA

lundi 3 octobre 2011, par Robert Paris

Que se passe-t-il aux USA depuis Obama ?

Morgan Freeman explique : "Le racisme est toujours bien vivant aux États-Unis et pas seulement dans le Sud-Est". Très engagé dans la lutte pour l’égalité raciale et contre le racisme dans son pays, l’acteur Morgan Freeman a fait un point de la situation aux États-Unis.

Les groupuscules d’extrême droite connaissent une recrudescence, après une décennie de déclin. Selon une étude publiée mercredi par le Southern Poverty Law Center (SPLC), une association reconnue pour son travail sur l’extrême droite, ils connaissent un nouvel essor ces derniers mois.

Au mois de février déjà, le SPLC avait publié une étude selon laquelle le nombre des groupes racistes avait augmenté de 54% entre 2000 et 2008, passant de 602 à 926. Selon l’association, ces chiffres pourraient encore grimper en 2009.

Sur fond de crise économique et du fait de l’élection de Barack Obama, l’idéologie raciste, antigouvernementale et anti-immigration recueille de plus en plus d’adhésions aux Etats-Unis.

Le nombre de groupuscules extrémistes ou paramilitaires d’extrême droite a plus que triplé l’an dernier aux Etats-Unis, une flambée alimentée par l’élection du premier président noir de l’histoire du pays et par la crise économique, selon l’étude annuelle d’une association.

Le Southern Poverty Law Center, qui surveille ces mouvements, a dénombré l’an dernier 512 groupuscules actifs, contre 149 en 2008. Sur ce total, 127 étaient de véritables milices paramilitaires, contre 42 un an plus tôt. Le nombre de groupes d’autodéfense anti-immigrés ("nativistes") est passé de 173 à 309.

"Nous avons constaté une explosion du nombre de milices et du mouvement patriote antigouvernemental en général", a expliqué Mark Potok, qui dirige le Southern Poverty Law Center. "Il s’agit d’un mouvement qui voit dans l’Etat l’ennemi public numéro un et qui se laisse entièrement dévorer par tout un tas de théories sur des complots présumés", a-t-il ajouté. "Pour eux, l’Etat fait partie d’une conspiration malfaisante qui a décidé d’éliminer les Américains."

Les néonazis visent la Maison Blanche.

Ils sont blancs et ils en sont fiers. Depuis l’élection d’Obama, les rangs des groupuscules d’extrême droite ne cessent de grossir. Anciens du Ku Klux Klan, admirateurs d’Hitler... leurs leaders misent cette fois sur la conquête des urnes. En toute légalité. Par Par Louise Couvelaire

Assis à la table de la salle à manger, Ben (1) ne dit pas un mot. Cela fait vingt minutes qu’il a la tête penchée sur sa copie, très appliqué. Il finit par lever le bout de son nez, la mine réjouie, et se précipite vers son père, Jeff. « C’est pour toi papa », dit le petit garçon de 9 ans en souriant. Il a écrit quelques mots sur une feuille de papier blanc : « Am white and am proud », « Je suis blanc et j’en suis fier ». Daddy est aux anges. Jeff Hall a 32 ans et cinq enfants obéissants. Séparé de sa première femme, il est remarié à Krista, une blonde un peu ronde âgée de 26 ans. La famille habite Riverside, une ville conservatrice à 80 kilomètres à l’est de Los Angeles, en Californie.

La maison, située au bout d’une impasse tranquille en forme de cercle, ressemble à toutes les autres du quartier propret de Sycamore Highlands : un étage, une façade de stuc et un carré de pelouse impeccablement tondue. Chez les Hall, les fenêtres sont ornées de brise-bise fleuris, les portes vitrées sont couvertes d’autocollants, les étagères exposent photos de vacances et DVD de Cendrillon, la cuisine, en bois sculpté, est ouverte sur le salon où trônent un imposant canapé beige à petits motifs et... deux immenses drapeaux nazis, suspendus au plafond. Un troisième représente la république de Californie.

Jeff réclame la sécession. Il est directeur du NSM 88 pour la Californie du Sud. Krista, elle, dirige la section des femmes. NS pour National Socialiste. M pour Mouvement. Huit pour la huitième lettre de l’alphabet. 88 = HH = Heil Hitler. Le salut nazi. Un hommage au Führer. Jeff est grand, très grand, il porte un pantalon noir, un tee-shirt noir, des croquenots à lacets noirs, il a le crâne rasé, tatoué à l’arrière : une croix celtique dans laquelle s’inscrit une tête de mort. L’homme n’est pas très avenant. Il ne sourit pas, tend froidement la main et exige une pièce d’identité avant de vous faire asseoir sur son canapé. Il se méfie, dans l’ordre : des espions à la solde du gouvernement, des faux journalistes aux ordres des communistes et des vrais journalistes à la botte des gauchistes. De tous ces traîtres à la nation qui pourraient infiltrer et saboter sa mission.

Pas question de parler de lui ni de sa famille. « Je ne préfère pas, je n’ai pas envie d’attirer des problèmes à mes parents ou à mes enfants », dit-il en tirant nerveusement sur sa cigarette. Imp

ossible de connaître la nature exacte de son emploi : « Je ne veux pas qu’on vienne m’embêter sur mon lieu de travail. » Un instant, on comprend qu’il est plombier, l’instant d’après, qu’il est agent de sécurité. Un peu des deux sûrement. Il donne un coup de main dans un magasin de la ville, ou bien est-ce dans un entrepôt ? Pas de précision. Jeff esquive. Krista, sa femme, dresse sommairement le portrait de son mari : « Il a grandi à Rialto, il a été harcelé par les Mexicains, ça l’a mis en colère. » A l’évidence.

Charles Wilson rassemble les troupes avant une manifestation à Los Angeles, en avril 2010. Photo : Julie Platner Charles Wilson rassemble les troupes avant une manifestation à Los Angeles, en avril 2010. Photo : Julie Platner DR

« Moi, j’étais raciste dès le départ, dit-elle tout en berçant son dernier-né. Mais c’est l’école qui a tout déclenché : les Latinos ne me laissaient aucun répit, ils prenaient pour cible la petite Blanche. Plus vous êtes politiquement correct, pire c’est. J’ai décidé de riposter. » Pas question d’imposer à ses enfants le même « calvaire ». Après quelques années passées sur les bancs de l’école publique, les plus âgés ont été rapatriés sous le toit familial : « L’école du coin est très majoritairement fréquentée par des Afro-Américains, explique-t-elle. Ma fille a été traitée de "sale petite Blanche" et poussée dans les escaliers. »

Désormais les enfants Hall suivent leur scolarité avec maman. A la maison. Ce samedi-là est un grand jour pour Jeff et sa vingtaine d’activistes. Ils fêtent l’anniversaire de la renaissance de l’antenne californienne du NSM. C’était en novembre 2008, soit trois semaines après l’élection de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis. Créé en 1974, le NSM était en sommeil depuis plusieurs décennies : « A nos débuts, nous avions du succès, puis plus du tout, raconte Jeff. Nous regagnons désormais du terrain, à une vitesse fulgurante. »

Aujourd’hui, le NSM 88 a son site Web, son propre label de musique, sa radio, ses réseaux sociaux spécialisés et même ses candidats. En 2010, Jeff a testé sa popularité auprès des électeurs : il a fait campagne pour un poste dans l’administration des eaux de Riverside et obtenu près de 30 % des votes. Insuffisant pour remporter l’élection, mais assez pour faire taire et frémir tous ceux qui le prenaient à la légère. Comme lui, de plus en plus de militants de la suprématie blanche briguent des mandats officiels aux quatre coins des Etats-Unis.

L’an dernier, le Southern Poverty Law Center (SPLC), qui suit de près le développement des groupes d’extrême droite, a recensé vingt-trois candidats issus de ces mouvements, dont neuf néonazis. Les autres étant des « patriotes » anti-immigration et antigouvernement et des partisans de la théorie du complot. Cinq d’entre eux ont été élus, notamment au Sénat et à la Chambre des représentants des Etats-Unis. Certains étaient soutenus par un nouveau parti, créé en 2010 et baptisé l’A3P, l’American Third Position (la position tierce, en référence aux deux grands partis qui dominent la vie politique américaine), dont la déclaration d’intention annonce « représenter les intérêts politiques des Américains blancs » (voir encadré page 67). Cette année, ils récidivent. David Duke, ancien grand sorcier du Ku Klux Klan qui vit en Europe, a fait savoir qu’il songe à se porter candidat à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle de 2012. Tandis que Brian Holland, une autre figure de la suprématie blanche, veut entrer dans la course au nom du NSM. « Nous nous rapprochons de notre but, se félicite Jeff. Nous allons reprendre notre terre. C’est à nous ! Nous ne renoncerons jamais, nous ne nous rendrons jamais ! » Les groupuscules d’extrême droite n’avaient jamais vraiment quitté la scène politique américaine mais, à force d’avoir été juridiquement poursuivis, arrêtés et condamnés, ils avaient disparu de la vie publique.

« C’est la croissance la plus importante à laquelle nous ayons assisté depuis 10 ou 12 ans », a indiqué un responsable de la police, cité par le SPLC dans son étude intitulée « La deuxième vague : le retour des milices ». « Il ne manque qu’une étincelle. Ce n’est qu’une question de temps avant de voir arriver des menaces et des violences », s’inquiète le responsable, non identifié.

En avril dernier, interrogé par CBS, le président et fondateur de SPLC, Morris Dees, s’inquiétait de cet essor. Il rappelait notamment que le fait d’arme le plus meurtrier orchestré par un Américain dans son propre pays était l’oeuvre d’un militant d’extrême droite, en 1995. Selon lui, les Américains ont beaucoup à craindre des « terroristes de leur pays ».

Après l’attentat perpétré par Timothy McVeigh, à Oklahoma City, en avril 1995 (qui avait fait 168 morts), on les disait même finis. Mais en 2009, le SPLC tirait la sonnette d’alarme pour la première fois depuis plus d’une décennie : « Les milices d’extrême droite, les opposants à l’impôt et les souverainistes réapparaissent en grand nombre dans le pays », notait le rapport intitulé « Seconde vague, le retour des milices ». Au même moment, une étude menée par le superministère de la sécurité intérieure, le Department of Homeland Security, faisait, elle aussi, état de cette résurgence. En 2011, le SPLC a confirmé son diagnostic initial : « Pour la seconde année consécutive, l’extrême droite explose, motivée par les changements démographiques et la frustration vis-à-vis de la façon dont le gouvernement gère la crise économique. Pour la plupart, leur colère est directement dirigée contre Obama, qui incarne, selon eux, tout "ce qui va mal dans le pays." »

Dans l’année qui a suivi son élection, les menaces d’assassinat à l’encontre du président étaient au nombre de trente par jour, soit 400 % de plus que sous le règne de Bush Junior. La présence d’un Noir à la Maison Blanche est, aux yeux des extrémistes, le symbole du déclin de la suprématie blanche. Une situation qui mobilise des militants toujours plus nombreux. Selon le SPLC, les groupes d’extrême droite ont atteint le nombre record de 2 000 à travers le pays, dont plus de 1 000 « groupes de haine », 824 « patriotes » et 329 nativistes (anti-immigration). Soit une augmentation de 70 % en deux ans, du jamais-vu depuis les années 1980.

« Le NSM est le groupe de défense des droits civiques des Blancs le plus important du pays, affirme Jeff. Nous avons des unités actives dans tous les Etats. Nous nous reconstruisons et nous grandissons. » Le NSM 88 est extrêmement structuré et hiérarchisé. Il obéit aux règles d’une organisation paramilitaire, avec grades et galons : stormtrooper (du nom des membres des sections d’assaut nazies), private 1st class, lieutenant, comme Jeff, et enfin sergent. Le plus haut gradé est le commander, « le commandant », un certain Jeff Schoep, basé à Detroit, dans le Michigan. Ne peuvent postuler que les non-juifs hétérosexuels de descendance européenne. Les petits nouveaux sont soumis à une période de probation de six mois. Six mois pendant lesquels ils doivent faire la preuve de leur engagement. « Si vous ne venez pas aux réunions, alors c’est que vous n’êtes pas un militant et c’est la porte », insiste Jeff. Les aspirants doivent également se montrer érudits. « Comme Rockwell le faisait, nous éduquons nos troupes à la politique, explique le lieutenant Hall. Ils doivent connaître la Constitution sur le bout des doigts ainsi que les "25 points" qui énumèrent les positions du national-socialisme américain. » George Lincoln Rockwell (assassiné en 1967) est le fondateur du parti nazi américain, créé en 1959. A l’époque, le parti était sous la coupe du Ku Klux Kan. En 1967, il changea de nom pour le National Socialist White People’s Party (le NSWPP) et adopta un nouveau slogan White Power. « L’efficacité de ce modèle d’organisation a été prouvée, dit Jeff. Nous reprenons le flambeau et perpétuons la tradition. » A la fin de la période d’essai, les nouveaux adhérents prêtent serment et font allégeance à leur race et leur nation.

Ces femmes de la section féminine du Mouvement national-socialiste. Photo : Julie Platner Ces femmes de la section féminine du Mouvement national-socialiste. Photo : Julie Platner DR

Jeff parle fiévreusement de son pays, sournoisement envahi par les immigrés clandestins, du gouvernement fédéral, obèse et liberticide, qui asservit son peuple et piétine ses valeurs fondatrices au nom du multiculturalisme, et de sa « race », en voie de disparition. Convaincu de lutter pour « sa survie » et déterminé à rebâtir une grande Amérique, sans fajitas ni kippas, une Amérique du bon vieux temps, unie autour de Dieu, des hamburgers, des revolvers et des Blancs, il multiplie les actions coup de poing aux cours desquelles une bande d’excités couverts de croix gammées conspue quiconque n’est pas blanc - « ces petites créatures au nez crochu » (en parlant des juifs), « ces singes » (des Noirs), « leurs chants tribaux » (des Latinos). « Allez vous faire foutre, vous n’êtes pas les bienvenus ici », hurle Jeff aux Latinos lors d’une manifestation. « C’est l’invasion mexicaine : leurs enfants infiltrent nos écoles, ils viennent avec de la drogue, ils prennent nos emplois et détruisent notre culture », « La grippe aviaire ? Les MST ? Les poux ? C’est eux. Tout ça vient d’eux », commente-t-il sur fond de heavy metal. Plusieurs fois par mois, Jeff et son groupe partent camper à la frontière mexicaine. « Personne ne nous respecterait si nous n’étions qu’un groupe en ligne. Il faut se montrer, aller dans la rue et patrouiller », insiste-t-il tout en distribuant le dernier numéro de The Aryan Alternative (« l’alternative aryenne ») un journal semestriel. L’objectif : repérer, traquer et dénoncer les clandestins.

C’est le fonds de commerce du NSM 88. Jeff, comme tous les groupes d’extrême droite qui sévissent dans le pays, surfe sur la récession économique, la colère et la crainte que l’immigration illégale suscite auprès des Américains. A la réunion, tous les militants portent la marque de leur engagement, sur le dos ou sur la peau. L’un d’eux arbore un tee-shirt avec l’inscription « Hitler European Tour, 1938-1945 », d’autres, des tatouages : croix celtiques, croix gammées, les mots « Blood & Honnor » (« sang et honneur »). Sarah Jane, une jeune Californienne de 16 ans aux longs cheveux châtain foncé, exhibe fièrement l’écusson qu’elle a elle-même cousu au bras de son blouson : « smart ass, white girl », « petite maline, fille blanche ». Elle vient de rejoindre le groupe NSM dédié aux jeunes appelé les Vikings.

Cela fait des années que Sarah Jane s’estime persécutée, et dans son quartier, et dans son lycée. « Il faut se battre deux fois plus dur pour obtenir ce que vous voulez quand vous êtes blanche, explique-t-elle. Dès que vous vous rebiffez, on vous fait culpabiliser, c’est la loi du politiquement correct. Ils peuvent, eux [les Hispaniques et les Afro-Américains], faire référence à nous comme des white trash (« déchets blancs »), et ça, en revanche, ce n’est pas insultant ! Je ne hais pas les autres, je veux juste du soutien. » Sa mère, Beverly, l’a accompagnée, malgré ses réticences : « C’est ma fille et mon mari qui m’ont poussée. Moi, j’avais peur d’être montrée du doigt. Mais j’ai réalisé que, de toutes les façons, la société me stigmatise. » Elle a grandi avec un père qui appelait les Noirs « nègres » et au milieu d’une communauté hispanique qui lui menait la vie dure. Elle est depuis longtemps convaincue que les immigrés lui volent ce à quoi elle devrait avoir droit : un boulot.

Beverly a suivi une formation dans une école d’infirmières, elle était première de sa classe : « L’une des filles parlait à peine anglais mais c’est elle qui a décroché un poste tout de suite à la sortie parce qu’elle parlait espagnol. Moi, je n’en ai jamais eu parce que je ne parle pas espagnol. » Elle a fini par rejoindre le mouvement. « J’ai dit d’accord mais à la seule condition que ce ne soit pas comme avant, à l’époque où ils allaient faire du mal aux gens », précise Beverly. Jeff lui a juré que les méthodes du NSM n’ont rien de commun avec celles de ses prédécesseurs du Ku Klux Klan : fini les exécutions, le matraquage, la terreur. « Nous ne voulons pas des gens violents, nous les mettons même dehors, affirme-t-il. Cela ne sert à rien si nos patriotes finissent en prison, ils desservent notre cause et mettent en péril notre objectif : gagner un maximum de sièges partout à travers la nation. Nous voulons récupérer notre pays dans la légalité. »

Jeff Hall et des militants du Mouvement national-socialiste (NSM 88) américain. Julie Platner Jeff Hall et des militants du Mouvement national-socialiste (NSM 88) américain. Julie Platner DR

Le discours est bien huilé, mais il ne résiste pas à la réalité : chacune des apparitions publiques des militants du NSM se solde par les coups. Plusieurs d’entre eux ont atterri derrière les barreaux. L’an dernier, l’un d’eux a été appréhendé à la frontière entre l’Arizona et le Mexique avec une douzaine de grenades faites maison. Dans l’Etat de Washington, à Spokane, un homme a été arrêté alors qu’il préparait un attentat le jour du Martin Luther King Day. En Arkansas, deux policiers ont été assassinés par un tandem de souverainistes. Quant aux employés du fisc, ils subissent régulièrement des agressions. De plus en plus violentes. Si bien que l’an dernier, le FBI a mené une opération nationale visant les partisans de la suprématie blanche et les souverainistes. « Ce sont des cas isolés, martelait Jeff. J’exclus les membres trop agressifs. » C’est ce qu’il prétendait. Jamais il n’avait imaginé être lui-même victime de cette violence qui gangrène les siens. Dans la nuit du 1er mai 2011, à 4 heures, il a été assassiné d’un coup de revolver. Il était chez lui, dans sa maison de Riverside, assoupi sur le canapé du salon. C’est son fils, Ben, qui l’a abattu. Le petit garçon a avoué. Jeff frappait régulièrement sa famille. Et son fils en particulier. L’année qui a suivi son élection, Obama a reçu 30 menaces de mort par jour, soit 400 % de plus que sous Bush Jr.

(1) Le prénom du fils a été changé

En avril 1995, Timothy McVeigh, un ancien soldat reconverti dans la haine gouvernementale, avait fait exploser un camion en Oklahoma, soufflant en partie un bâtiment et tuant 168 personnes. Les poursuites judiciaires à répétition, concordant avec le premier mandat de George W. Bush avait semblé mettre un frein aux violences d’extrême droite.

Mais depuis le début de l’année, le vent a tourné selon le rapport. Et ce parce que « le gouvernement fédéral - objet de haine dans les groupes d’extrême droite - est dirigé par un Noir ». Selon l’étude, cet événement a un lien de cause à effet direct avec la multiplication des meurtres de policiers depuis le mois de janvier.

Larry Keller du SPLC cite l’exemple d’« un homme hors de lui à cause de l’élection de Barack Obama et soupçonné de vouloir rejoindre un groupe paramilitaire qui a tué deux shérifs-adjoints en Floride (sud-est) ». Autre exemple qui avait fait grand bruit le 10 juin dernier : l’assassinat d’un agent de sécurité au Musée de l’holocauste de Washington par un homme de 89 ans.

Face à cet essor, l’opinion publique américaine réclame l’ouverture d’un débat sur la législation des crimes idéologiques.

Messages

  • Cela va jaser dans les maisons de retraite. Le placide inspecteur Derrick à qui on aurait donné le bon Dieu sans confession n’était pas aussi "propre sur lui" qu’il le paraissait... Horst Tappert, l’acteur qui incarnait l’inspecteur Derrick dans la série allemande du même nom, ne défendait pas seulement la veuve et l’orphelin. Il a fait partie de la Waffen-SS, a affirmé vendredi le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ). Né en 1923 et décédé en 2008, l’acteur, mondialement connu pour ce rôle dans cette série vendue dans 102 pays, a été membre à partir de 1943 d’un régiment de chars SS engagé sur le front russe, selon le journal.

    Le quotidien s’appuie sur le travail du sociologue Jörg Becker qui, en marge de ses recherches destinées à une biographie de la sociologue Elisabeth Noelle-Neumann, a enquêté sur le passé des membres d’une entreprise de théâtre qu’elle avait cofondée, projet dans lequel Tappert était également actif. Jörg Becker a interrogé le Centre d’information des proches de soldats de la Wehrmacht tombés au combat (WASt), qui possède les archives sur la composition des régiments de l’armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale.

  • Les attentats racistes se multiplient aux USA. Le pouvoir d’Obama est loin de les combattre...

    Symbole de ce racisme, le drapeau confédéré, qui rappelle le passé esclavagiste du sud des Etats-Unis, flotte toujours à Columbia, capitale de la Caroline du Sud. Samedi soir, des milliers de personnes ont défilé dans les rues pour demander à ce qu’il soit enlevé.

  • Le criminel du Planning familial de Californie : un assassin d’extrême droit anti-IVG !

  • Les contremanifestants ont interdit un meeting de Donald Trump à l’université de Chicago, bastion démocrate : des centaines de personnes protestaient contre sa venue. Parmi eux, des soutiens du démocrate Bernie Sanders et des militants anti-raciste "Black Live Matters".

  • Le KKK a encore frappé !!!

    Les suprémacistes blancs américains (extrême droite) ont fait une démonstration de force à Chalottesville en Virginie !!!

    Des membres de milices d’extrême droite se sont positionnés en tenue paramilitaire, fusil semi-automatique en bandoulière, non loin des forces de l’ordre très sollicitées.

    Des premiers heurts ont éclaté entre manifestants et contre-manifestants avant même le début du rassemblement, avec des échanges de coups et des bouteilles projetées, selon une journaliste de l’AFP sur place.

    Ces groupes de la droite radicale et identitaire américaine, dont le Ku Klux Klan et des néo-nazis, entendent dénoncer de façon unitaire le projet de Charlottesville de déboulonner la statue d’un général sudiste favorable à l’esclavagisme.

    Peu avant 11H30 (15H30 GMT), les autorités de Charlottesville ont déclaré un état d’urgence localisé, une mesure permettant de mobiliser davantage de moyens policiers.

    Certains militants rassemblés, professant la suprématie de la race blanche, brandissaient des drapeaux confédérés, un symbole considéré comme raciste par une bonne partie des Américains.

    Un détachement de la Garde nationale de l’Etat avait été mis en alerte.

    Une voiture d’un suprémaciste a foncé sur la foule des contre-manifestants antiracistes, faisant un mort et 19 blessés.

  • Heather Heyer, 32 ans, a été mortellement percutée par une voiture conduite par un suprématiste blanc à Charlottesville, samedi. Le témoignage de sa mère bouleverse les États-Unis.

    Elle est devenue en deux jours le symbole de la lutte contre le racisme. Heather Heyer, 32 ans, participait à une contre-manifestation pacifique à Charlottesville, aux Etats-Unis, où des milliers de suprématistes blancs et de néo-nazis sont venus déverser leur haine ce week-end. C’est là qu’elle a été tuée, fauchée volontairement par une voiture conduite par l’un de ces manifestants d’extrême droite.

    Parler pour ceux dont la voix n’est pas entendue. Assistante juridique dans un cabinet d’avocats, la jeune femme avait à cœur de défendre les autres. "Toute sa vie, Heather a été passionnée par la justice pour tous et l’équité", a témoigné sa mère, Susan Bro, sur NBC dimanche. "Je l’ai encouragée à être déterminée, même si elle n’avait pas besoin de moi pour ça. Elle a vu dans la vie de ses amis afro-américains ou gays que l’égalité des droits n’était pas respectée. C’était vraiment important pour elle de parler pour les gens dont la voix n’était pas entendue, de dire les choses quand il y avait de l’injustice. Et c’est ce qu’elle faisait ce jour-là quand elle a été tuée", souligne-t-elle, dans un sanglot.

  • Trump a renforcé les forces qui ont repris le contrôle vendredi du campus de 22 000 étudiants de l’Université de Virginie. Les nazis ont mené un défilé aux flambeaux sur le campus, fondé et conçu par l’auteur de la Déclaration d’indépendance, Thomas Jefferson, tout en scandant « le sang et le sol », « Sieg Heil », et « un peuple, une nation, arrêter l’immigration. »

    À l’aube samedi matin, des dizaines de miliciens fascistes en uniforme armés de fusils d’assaut et de fusils de chasse ont occupé le centre-ville, établissant un contrôle militaire sur le cœur de la ville de 50 000 habitants. Une fois que la milice avait sécurisé la zone, sans ingérence policière, des fourgonnettes remplies de personnes de partout du pays ont investi le centre-ville, débarquant des centaines de nazis munis d’armes à feu, de couteaux, de chaînes, de barres métalliques, de battes de base-ball et de sprays au poivre.

    Ce qui s’est passé ensuite ne peut être décrit que comme une émeute fasciste. Les policiers se sont retirés de la scène et les nazis ont commencé à attaquer des contre-manifestants dans les rues, en criant des insultes raciales et homophobes en scandant « Heil Trump ». Des contre-manifestants isolés ont été emportés dans la mêlée nazie et battus sans pitié, alors que la police observait la scène.

    Brian McLaren, un pasteur qui s’est rendu à Charlottesville en tant que contre-manifestant, a déclaré à la presse que « la police s’est retirée assez loin » lors des attaques des nazis. Ensuite, au début de l’après-midi, James Fields Jr. de Maumee dans l’Ohio, a foncé dans la foule à bord de sa voiture, renversant des corps sur son capot comme des quilles.

    Le gouverneur démocrate de Virginie, Terry McAuliffe, a répondu aux critiques en déclarant dimanche que la police a fait un « excellent travail » au cours du week-end. McAuliffe, ancien chef du Comité national démocrate et collecteur de fonds pour Bill et Hillary Clinton, a déclaré que le meurtre du contre-manifestant Heather Heyer n’aurait pas pu être évité. « Vous ne pouvez pas arrêter un mec fou venu de l’Ohio qui a utilisé sa voiture comme une arme », a-t-il déclaré.

    Le but de la violence de ce week-end était d’envoyer un message aux détracteurs de Trump dans les partis républicains et démocrates selon lequel il a une autre base sociale à laquelle il peut faire appel. En conséquence, les nazis ont tenu leur rassemblement à seulement deux heures de Washington DC.

    Une chronologie des trois semaines précédant le déchaînement de ce week-end souligne la campagne systématique et calculée de la Maison Blanche de Trump pour mobiliser les forces sociales les plus arriérées et les plus réactionnaires du pays.

    Le 22 juillet, Trump a fait un discours belliqueux devant des marins lors de la mise en service d’un porte-avion à 13 milliards de dollars.

    Le 25 juillet, Trump a fait un discours à Youngstown dans l’Ohio, glorifiant l’extrémisme religieux chrétien.

    Le 26 juillet, le ministère de la justice a déposé un recours dans l’intérêt du droit (friend of the court brief) déclarant que les entreprises privées ne sont pas interdites de renvoyer les employés pour des raisons liées à leur orientation sexuelle. Le même jour, Trump a tweeté que son gouvernement allait exclure les personnes transgenres du service militaire et a désigné le gouverneur du Kansas, Sam Brownback connu pour ses positions contre les homosexuels, au poste de représentant du ministère des Affaires étrangères pour la liberté religieuse internationale.

    Le 28 juillet, Trump a dit aux agents de la police et du service de l’immigration de Long Island, à New York, qu’il adorait regarder les suspects de crimes « jetés dans les fourgonnettes de la police ». Il les a encouragés à tabasser les gens en état d’arrestation, disant, « S’il vous plaît, ne soyez pas trop gentils ».

    Le 2 août, Trump et les sénateurs républicains Tom Cotton et David Perdue ont annoncé une nouvelle loi intitulée Reforming American Immigration for Strong Employment (RAISE – loi sur la Réforme de l’immigration américaine pour plus d’emplois), qui réduirait l’immigration légale de moitié. Lors d’une conférence de presse qui annonçait ce projet, Stephen Miller, conseiller de Trump, s’est fait l’écho du langage antisémite du Parti nazi allemand lorsqu’il a dénoncé Jim Acosta de CNN comme ayant « une préférence pour les cosmopolites ». Le même jour, les médias ont rapporté que le ministère de la justice avait l’intention d’attaquer en justice les universités qui « discriminent contre les blancs ».

    Le 6 août, Trump a lancé un programme de Real News sur sa page Facebook dans une tentative de rallier du soutien autour de sa personne en dehors du cadre des médias classiques.

    Le 8 août, le conseiller de la Maison blanche, Sebastien Gorka, qui est membre de l’ordre fasciste hongrois Vitez, a avancé que l’attentat fasciste contre une mosquée près de Minneapolis, dans le Minnesota, pourrait être « un faux crime de haine » qui serait « propagé par la gauche ». Le lendemain, Gorka a informé Breitbart News que « les suprémacistes blancs » ne sont « pas le problème », et que le terrorisme est le produit de l’Islam.

  • Donald Trump a déclenché une nouvelle vague d’indignation à travers les Etats-Unis, mercredi 16 août, en affirmant, de nouveau, que la responsabilité des violences qui ont secoué Charlottesville, en Virginie, samedi, devait être recherchée « des deux côtés ».

    Lors d’une conférence de presse chaotique à la Trump Tower, à New York, le président a ainsi renvoyé dos à dos les membres de la droite suprémaciste qui s’étaient donné rendez-vous dans la ville et les manifestants antiracistes venus dénoncer le rassemblement. Une femme de 32 ans a été tuée par un sympathisant néonazi de 20 ans qui a intentionnellement percuté avec son véhicule des contre-manifestants.

  • Depuis que le président américain a affirmé que les militants antiracistes avaient leur part de responsabilité dans le drame de Charlottesville, les messages de soutien et de remerciement pleuvent du côté de l’extrême droite. « Cet homme fait absolument tout ce qui est en son pouvoir pour nous soutenir et nous avons besoin de son soutien », a ainsi écrit Andrew Anglin sur le site du DailyStormer, une des plateformes de l’extrême droite aux États-Unis. « Cela sera désormais vraiment, vraiment dur d’avoir de quelconques mauvais sentiments envers Trump pour un long, long moment », a-t-il ajouté.

  • Ces derniers jours, des dizaines de milliers de personnes ont défilé à travers les États-Unis pour dénoncer les violences meurtrières des néo-nazis ce week-end à Charlottesville, qui ont fait un mort et 19 blessés. Les déclarations du président Donald Trump, qui fournissait une couverture politique aux auteurs de ces violences ont intensifié l’indignation provoquée par la quasi occupation d’une ville universitaire par des centaines de fascistes armés.

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