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Le peuple haïtien remercie tous ceux qui l’ont sauvé !

dimanche 23 octobre 2011, par Robert Paris

Le peuple haïtien remercie la "communauté internationale" pour tous ses cadeaux ! Merci ! Merci ! Merci ! C’est trop de bonté !

Merci pour l’envahissement par des troupes étrangères, en nombre et en armement massif, sous prétexte de séisme (prétexte achevé depuis longtemps) et qui ont eu pour but d’écraser toute révolte populaire !

Merci pour le choléra qui a été transmis par les troupes népalaises, alors que cette maladie n’était jamais parvenue dans notre île !

Merci pour être en train de reconstituer une classe exploiteuse haïtienne, alors que c’est cette dernière qui avait sucé le sang du peuple haïtien pendant tant d’années !

Merci d’avoir expliqué pendant des mois, après le pic de l’épidémie, que ce n’était pas la peine de vacciner la population contre le choléra ! La maladie revient maintenant en force !

Merci pour avoir mobilisé toute les réactions humanitaires du monde afin de collecter des fonds qui ne nous sont toujours pas parvenus quand ils ne sont pas distribués à nos pires ennemis ! Bien sûr, les peuples qui se sont solidarisés du peuple haïtien après le séisme n’y sont pour rien, mais même l’humanitaire est impossible tant que la bourgeoisie sera au pouvoir !

Merci d’avoir mis en place un programme de reconstruction qui dure toujours, puisque nous sommes toujours sous la pluie et dans la merde !

Merci de n’avoir prévu que des logements de misère pour le peuple et de prévoir des paradis de luxes pour les riches !

Merci de chercher à nous déloger par la force de nos campements dans la capitale pour mieux nous encadrer policièrement et politiquement !

Merci de continuer à imposer une santé et une éducation payante pour le plus grand profit des intérêts privés !

Merci d’aider à la mise en place d’une nouvelle police et d’une nouvelle armée alors que notre révolte les avait éradiqués !

Merci aux forces internationales d’avoir arrêté ou tué tous ceux qui voulaient dérober de la nourriture … pour nourrir leur famille !

Merci aux classes dirigeantes du monde qui n’ont pas peur des souffrances qu’elles nous font subir et ne craignent que la révolte, qui a déjà maintes fois fois explosé, du peuple haïtien !

Merci de nous montrer que nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes et sur la lutte de classe pour les chasser tous !

Lire ici


Un enfant qui remercie les forces armées internationales de nous avoir tué avec le choléra !!!

Pour le peuple haïtien, j’accuse

Où est passé l’argent des dons ?

Pourquoi avoir fait débarquer des troupes internationales ?

Quelle reconstruction ?

L’opération "sauver Haïti ou la grande arnaque

Le choléra

La Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haiti (MINUSTAH) dément formellement être responsable du déversement de déchets à Hinche ou ailleurs sur le territoire haïtien. Il refuse le départ des troupes mises en cause. Pourtant, tout prouve le contraire.

Pourtant, la MINUSTAH, force militaire internationale pour écraser le peuple haïtien, a jeté des matières fécales près de la rivière Guayamouc et a déversé tôt dans la matinée du 21 août 2011, des matières fécales sur une ligne de canalisation d’environ 15 mètres -. « Ces déchets humains atteignent par cette canalisation la rivière Ahibon qui se jette dans la rivière de Thomonde, affluent du fleuve Artibonite. Or, quand ces troupes népalaises ont quitté leur capitale, elles étaient déjà en proie au choléra !

Le choléra, même s’il est très contagieux, peut être facilement prévenu et facilement guéri lorsque l’on a accès à de l’eau potable, des installations sanitaires et un service de santé. Pour la grande majorité de la population pauvre d’Haïti, toutefois, tout cela est hors de portée.

L’épidémie de choléra refait surface dans le sud du pays, tuant une vingtaine de personnes en quelques jours.

Selon Guillaume Silvera, responsable régional de la Protection civile haïtienne, sept morts ont été enregistrés dans la commune d’Anse d’Hainault, cinq dans la localité de Fond Cochon et quatre aux Irois, tandis que de nouveaux patients ont été hospitalisés.
D’autres victimes ont été recensées dans d’autres localités plus reculées.

Les cas déclarés sont concentrés dans la Grand-Anse, à l’extrême Sud du pays, dans des communes où les structures d’accueil des malades ont été fermées, faute de moyens, a affirmé Jean-Kith Dely, coordonnateur médical de Médecins du monde (MdM) en Haïti.
La réapparition de l’épidémie s’expliquerait par la dégradation des conditions météorologiques dans la région depuis quelques jours avec d’importantes pluies qui ont provoqué inondations et éboulements de terre.

Un récent rapport du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (BCAH) avait noté une réduction des cas de choléra, mais il avait également prévenu que la situation pouvait changer en raison de la prochaine saison pluvieuse.
L’épidémie de choléra, d’origine étrangère (des troupes internationales), a fait plus de 6500 victimes et des centaines de milliers de cas en Haïti depuis son apparition en octobre 2010. Près de 500 000 cas ont été recensés dans les hôpitaux et les centres de traitement de la maladie.
L’augmentation des nouveaux cas de choléra dans les Nippes et dans le Sud apparait à un moment où les déficits de financement menacent les efforts de réponse à l’épidémie, indique l’Office de Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) dans un rapport publié sur la période du 6 au 11 octobre.

La maladie a été signalée dans les Nippes (Sud-Ouest) où un total de 18 décès ont été répertoriés depuis le 6 octobre et dans le Sud, notamment aux Cayes, à Chantal, l’Ile à Vache, Port à Piment et Camp Perrin, où 34 cas de contamination ont été confirmés cette semaine, ajoute le rapport.

Par ailleurs, près de 25 personnes sont décédées ces derniers jours à Aquin et dans ses sections communales, révèle le maire principal d’Aquin (Sud d’Haïti), déplorant la lenteur des interventions des autorités sanitaires et l’absence de Centre de traitement de choléra (Ctc) dans les sections communales.

Le manque d’ambulances et de fournitures médicales (sérum de réhydratation, lits, gants et masques) ainsi que le manque de fonds nécessaires sont entre autres à l’origine de cette augmentation du nombre de morts et de contaminés dans ces deux départements d’Haïti.

Les pluies diluviennes qui se sont abattues ces derniers jours sur la côte Sud ont aussi largement favorisé le rebondissement du choléra, révèle OCHA.

Selon le bilan officiel communiqué par le Ministère haïtien de la Santé Publique et de la Population (MSPP), plus de 6 470 personnes sont déjà mortes depuis l’apparition du choléra dans le pays le mardi 19 octobre 2010.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déploré vendredi le manque de vaccins contre le choléra pour administrer aux populations vulnérables en Haïti, où le nombre de cas devrait atteindre la barre des 500.000 fin 2011."Si la tendance actuelle se poursuit, nous pouvons compter sur environ 75.000 cas de plus d’ici la fin de l’année, portant le total de cas à environ 500.000 depuis le début de l’épidémie", a déclaré aux médias un porte-parole de l’OMS, Tarik Jasarevic. Début octobre, l’OMS avait comptabilisé près de 470.000 cas.

L’épidémie de choléra a éclaté fin 2010 en Haïti où la maladie a fait près de 6.600 morts, selon l’OMS. Le nombre de nouveaux cas de choléra en Haïti s’est réduit de moitié en août, mais la saison des pluies a changé la donne. Si bien que l’épidémie risque de devenir "endémique", selon le Dr Claire-Lise Chaignat, chef du Groupe sur la lutte anticholérique de l’organisation. "En ce qui concerne les vaccins, (...) il y eu une longue discussion" qui a démarré fin 2010, a indiqué le Dr Claire-Lise Chaignat. Mais les résultats sont "très clairs", pour l’OMS. "Nous devons considérer l’introduction du vaccin du choléra en Haïti pour les plus vulnérables".

"Mais vous pouvez imaginer que ce n’est pas facile d’identifier par où commencer, avec la quantité limitée de vaccins disponibles", a-t-elle souligné, indiquant que "les vaccins sont encore produits en quantité limitée". "Nous espérons que cela va changer maintenant, puisque nous avons maintenant un second vaccin de choléra produit en Inde qui a été présélectionné par l’OMS fin septembre", a-t-elle ajouté.
"Cela pourrait certainement changer la situation", a-t-elle conclu.

Le premier vaccin (le Dukoral) présélectionné par l’OMS est homologué dans plus d’une soixantaine de pays. L’autre (le Shanchol), qui vient d’être présélectionné par l’OMS, sera utilisé dans l’opération de vaccination annoncée cette semaine par les autorités haïtiennes. Une centaine de personnes habitant notamment dans un bidonville de Port-au-Prince seront ainsi vaccinées. Ces deux vaccins nécessitent l’administration de deux doses à un intervalle allant de sept jours à six semaines.

Il n’y pas de doute que les cas de décès publiés sont inférieurs à la réalité, les autorités sanitaires ne relayant que les chiffres fournis par les centres hospitaliers des zones touchées. Nos autorités sanitaires ne se sont pas donné la peine d’aller à la rencontre de patients de zones reculées, restés chez eux pour des raisons diverses. Les échanges téléphoniques entre parents de Port-au-Prince et ceux des départements touchés laissent croire que le choléra gagne du terrain, notamment dans certaines sections communales de l’Artibonite et du Centre d’où est partie la maladie. Pourtant le ministre de la Santé, son directeur général et le chef de l’État, mentant comme ils respirent, se sont empressés de déclarer que l’épidémie est contenue, alors qu’on n’était pas encore à 300 cas de décès. Pendant qu’ils radotent au micro des journalistes, arguant que l’épidémie est sous contrôle, le choléra a déjà gagné entre-temps quatre autres départements : l’Ouest, le Nord, le Nord-Ouest, le Sud, et plus d’une trentaine de communes.(...)

Comment contenir une maladie qui se transmet facilement de manière oro-fécale, par la consommation d’eau ou de nourriture contaminées, sans mettre les malades dans un environnement hygiénique stable, sans distribuer de façon massive des savons, des kits hygiéniques, de l’eau potable dans les zones à risque ? Comment contenir l’épidémie sans former massivement des médecins, des infirmières, des auxiliaires et des agents de santé au traitement du choléra ? (...)

À l’origine de cette épidémie, il y a la contamination du plus grand fleuve du pays, celui de l’Artibonite. C’est du moins l’hypothèse la plus plausible et admise par tous, sauf par la Minustah. (...) Ce qui est le plus révoltant, c’est que des couches pauvres de la population de l’Artibonite et du Centre, pour se désaltérer, en soient à consommer l’eau polluée et insalubre de ce fleuve.

Un rapport du ministère de l’Éducation nationale affirme que seulement 29 % des écoles sont pourvues d’eau potable, sur les 15 682 fonctionnant dans le pays. Mais qui peut garantir que l’eau disponible dans ces 29 % d’écoles est vraiment potable ?

La situation est d’autant plus alarmante que tous les facteurs sont réunis pour la propagation de cette épidémie de choléra : la misère, la promiscuité, le non-accès à l’eau potable, les problèmes d’assainissement, l’insuffisance des fosses septiques, sans oublier les inondations dues au passage de l’ouragan Tomas, etc. Même dans les villes du pays, une bonne partie de la population des bidonvilles défèque à même le sol. Quatre Haïtiens sur cinq n’ont pas accès aux services d’assainissement.

Voilà le résultat de la gestion des dirigeants qui se sont succédé au pouvoir. C’est aussi le visage du capitalisme dans les pays pauvres comme Haïti, où une poignée d’affairistes avec leurs larbins au pouvoir s’enrichissent au détriment des intérêts des couches pauvres de la population. C’est pourquoi il est impératif de renverser cet ordre social injuste socialement, irrationnel économiquement et insupportable humainement.

L’occupation militaire

Combien de temps encore les troupes étrangères vont-ils rester en Haïti ? Elles étaient venues prétendument stabiliser et aider, mais cela fait sept ans qu’elles desservent et déstabilisent ce pays qui ne veut pas d’elles.

L’occupation militaire d’Haïti coûte plus de 800 millions de dollars par an à l’ONU.

Si les Nations Unies consacraient ces sommes à la coopération technique et à la solidarité sociale, elles pourraient donner une impulsion appréciable au développement de l’énergie créatrice du pays. Et elles le mettraient à l’abri de ces sauveteurs lourdement armés qui ont tendance à violer, à tuer et à propager des maladies mortelles.

Haïti n’a pas besoin que quelqu’un vienne multiplier ses calamités. Ni besoin de la charité de qui que ce soit. Comme le dit si bien un vieux proverbe africain, la main qui donne est toujours au-dessus de celle qui prend.

Sans aucun doute, Haïti a besoin de solidarité, de médecins, d’écoles, d’hôpitaux et d’une collaboration qui lui permette de retrouver la souveraineté alimentaire que lui ont ravie le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et d’autres organisations caritatives.
Le viol d’un adolescent de dix-huit ans par les soldats de la MINUSTAH remet une nouvelle fois sur le tapis la question de la légitimité de la présence de ces troupes étrangères sur le territoire national. Certains observateurs ont déjà insisté sur le caractère illégal et inconstitutionnel de la force onusienne en Haïti, et qu’en fait « la présence de la MINUSTAH induit par elle-même la modification du régime juridique haïtien…que tout simplement la Constitution en vigueur ne prévoit nulle part l’existence d’une telle entité [1]. » Mais cette question proprement juridique ne semble pas préoccuper outre mesure les dirigeants des Nations Unies, la présence de ces troupes répond plutôt à une nécessité de « stabilisation et de sécurité », mission qui en elle-même dépasse, pour eux, toutes formes de justification légale.

Une déclaration, en 2006, de la porte-parole de la MUNISTAH, Sophie Boutaud de la Combe, illustre bien cette perception de la présence onusienne dans notre pays : « Aujourd’hui, déclara-t-elle, on est obligé (c’est moi qui souligne) encore d’être là, et je vous garantis de la volonté, que ce soit de Monsieur [Edmond] Mulet, représentant du Secrétaire général, que ce soit du Secrétaire général, que ce sera la dernière fois qu’une mission des Nations Unies vienne en support des autorités haïtiennes [2]. » Déclaration pour le moins péremptoire et condescendante, mais révélatrice d’une politique de prise en charge unilatérale, politique qui, certes, a bénéficié du soutien « légal » du gouvernement de Préval et de celui de Martelly. Pour ces deux gouvernements, en effet, il n’a jamais été question de remettre en cause la présence de la MIUSTAH, malgré certaines élucubrations du président Martelly, qui pourraient laisser penser le contraire. Préval, lui-même, n’a-t-il pas politiquement joué le jeu de la reconduction du mandat de la MINUSTAH en 2009 dans le but, selon toute apparence, d’assurer ses assises dans le cadre des élections de 2011 [3] ?
Or, il devient de plus en plus évident surtout au cours des cinq dernières années que la MINUSTAH est dans les faits une force d’occupation, c’est-à-dire une force qui a sa propre logique, ses propres objectifs et qui répond à des besoins qui ne sont pas nécessairement ceux du gouvernement haïtien et encore moins ceux du peuple haïtien. Comme toute force d’occupation qui se considère au-dessus des lois locales, la MINUSTAH développe des stratégies dans le but de rendre plus efficaces ses opérations, mais sans tenir compte si ces dernières correspondent aux besoins de la population. Ses activités contribuent à développer chez ses soldats le sentiment d’une puissance démesurée : comme si ces derniers se sentaient au-dessus des lois haïtiennes, et, par ce fait même, jouissaient d’une grande impunité.

Avant même que cet acte odieux et ignoble eût été commis sur le jeune homme de 18 ans, les méfaits et les crimes de ces soldats se multipliaient. Pour preuve : en 2005, plusieurs personnes sont tuées à Cité Soleil par les troupes onusiennes sans une enquête sérieuse n’ait eu lieu ; en 2007, plus de cent soldats originaires du Sri Lanka sont déportés pour accusation d’abus sexuel sur des jeunes adolescentes et on sait maintenant que la MINUSTAH est à l’origine de la bactérie du choléra dans le pays, qui a fait dans l’espace de dix mois plus de 6000 morts et infecté plus de 400 000 personnes.

Un État croupion

Devant de tels faits, tout gouvernement responsable, qui a à cœur le bien-être de la population et qui considère la souveraineté comme un droit sacré, aurait demandé le retrait immédiat des forces onusiennes. Mais cette demande a été hors de la portée du gouvernement Préval comme elle l’est maintenant de l’actuel pouvoir. Et les raisons d’une telle attitude sont non seulement politiques dans la mesure où ces troupes étrangères assurent à ces gouvernements une certaine stabilité (comme l’ont d’ailleurs compris et Préval et Martelly), mais, ce qui est encore plus important, elles reflètent leur incapacité de faire obstacle à la volonté de l’« international » (particulièrement les États-Unis) bien décidé de prendre en main l’avenir du pays selon ses propres intérêts et en appliquant sans restriction les principes économiques du néolibéralisme, comme en témoigne la création de cette nouvelle structure dénommée : Conseil consultatif présidentiel pour le développement économique et l’investissement. L’État haïtien, plus que jamais affaibli et de plus en plus exclu et marginalisé, ne sert que d’instrument de légitimation d’une politique sociale et économique imposée du dehors. Il est devenu un État croupion, sans pouvoir réel, dépendant totalement de l’« aide » étrangère, même pour son budget de fonctionnement.

Le spectacle navrant de Préval qui propose une « réinvention de la MINUSTAH » en vue de la transformer en « un instrument d’aide à la réforme de la justice et à l’amélioration de nos infrastructures de base [4] » illustre bien l’image d’un président impuissant, dépourvu de pouvoir réel, qui ne fait que proposer, suggérer au pouvoir onusien la meilleure façon d’aider le pays. À ce propos, si l’histoire retient quelque chose du gouvernement de Préval, ce serait la transparence de ce dernier (sans subtilité aucune) en ce qui a trait à son impuissance de faire quoi que ce soit.

Certains pensaient au départ que la MINUSTAH était une force nécessaire qui aiderait à contenir la criminalité, et on a appris au fil du temps à l’accepter comme un mal nécessaire. Mais ses objectifs officiels n’ont pas abouti. De mal nécessaire, la MINUSTAH s’est transformée en une force répressive, en un mal tout court, comme le sont d’ailleurs devenus plusieurs de ces organismes qui prennent la place de l’État.

Aujourd’hui, seules les organisations populaires, par leurs revendications, défendent véritablement la souveraineté de la nation. C’est grâce à elles, à leurs luttes héroïques, avec les moyens disponibles, dans des conditions difficiles que l’on peut parler encore d’une volonté nationale de changement. C’est à elles de demander une fois pour toute et de façon définitive la fin de l’occupation militaire de notre pays par la MINUSTAH.

Le système international qui occupe Haïti ne peut afficher aucun résultat 18 mois après le séisme, si ce n’est l’importation du choléra, cette situation désespérée perdure pour les millions de personnes qui vivent sous des tentes aux États- Unis d’Amérique. Auront-elles le même sort que les habitants de la Nouvelle Orléans, qui, six ans après le passage de l’ouragan Katrina, attendent toujours le mieux-être promis ?

Logements et reconstruction

Plusieurs familles expulsées d ’un camp de fortune à Port-au-Prince, en Haïti, ont été réinstallées dans de nouveaux abris, qui sont loin de remplir les conditions minimales en termes d ’ installations sanitaires et de sécurité.

Le 14 juillet, plus de 500 familles ont été expulsées d’un camp de fortune situé aux abords du stade Sylvio Cator, dans le centre de la capitale Port-au-Prince. Une centaine de ces familles ont été réinstallées sur un nouveau site qui ne remplit pas les conditions minimales en termes d’installations sanitaires et de sécurité.
Cent trois familles ont été réinstallées sur une petite zone de marais dans le quartier du Bicentenaire. Il n’y a pas d’électricité, pas d’eau courante ni de véritables abris, et seulement quelques toilettes. Ces familles ont tenté de reconstruire des abris avec les matériaux dont elles disposaient ou qu’elles ont dû acheter. Chaque famille s’est vu attribuer à titre de compensation 10 000 gourdes haïtiennes (170 euros), mais certaines n’ont pas encore reçu cet argent. Une femme expulsée a expliqué à une ONG locale qu’elle avait déjà dépensé la majeure partie de cette somme pour payer le transport de ses biens et la construction d’un nouvel abri de fortune. Les autorités municipales n’ont fourni aucune aide pour le transport ou l’achat de nouveaux matériaux de construction. En outre, 39 autres familles expulsées qui se sont établies dans ce camp parce qu’elles n’ont nulle part où aller ont été menacées d’expulsion.

Le 22 juillet, une dizaine de toilettes portatives ont été installées aux abords du camp. Pour s’y rendre, les familles doivent traverser une route très passante, ce qui est très dangereux pour les jeunes enfants et expose les femmes et les jeunes files aux agressions sexuelles, particulièrement une fois la nuit tombée puisqu’il n’y a pas d’électricité. Nous sommes vivement préoccupés par la sécurité de ces familles, car le site n’est pas clôturé et ne dispose d’aucun éclairage nocturne. Des violences sexuelles et des vols sont fréquemment signalés dans les camps de Port-au-Prince.

On ignore où sont parties les 400 familles qui n’ont pas pu être accueillies sur ce site. Elles comptent parmi les centaines de milliers de personnes qui se sont retrouvées sans domicile à la suite du tremblement de terre de 2010 et qui n’avaient pas d’autre choix que de se fabriquer un abri là où elles le pouvaient.

Quelle reconstruction économique et sociale quand plus de 80% des ménages les plus pauvres de la capitale sont largement endettés ?
Le niveau d’endettement des ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté atteint 80% à Port-au- Prince et 94% dans les zones rurales affectées par le séisme. Haïti compte en 2011 13% de ménages très pauvres endettés de plus qu’avant la catastrophe du 12 janvier 2010. Des actions d’envergure doivent être entreprises rapidement pour soutenir ces populations : victimes hier, elles doivent être placées au centre de la reconstruction et du développement de demain.

Dans le cadre de son engagement auprès des populations vulnérables de Port-au-Prince et Léogâne, les deux villes les plus touchées par le séisme meurtrier du 12 janvier 2010, ACTED a conduit au courant de l’année 2010 une enquête sur la situation économique des ménages haïtiens et le niveau d’endettement des familles dans les communautés rurales comme urbaines. Cette étude a pour objectif d’offrir une meilleure compréhension du cycle d’endettement et des opportunités pour le briser en Haïti, à la communauté humanitaire comme aux acteurs de développement.

Depuis le tremblement de terre, la contraction de nouvelles dettes a augmenté en moyenne de 13% par rapport à 2009. La relance ou le maintien de l’activité économique constitue la première contrainte financière des familles les plus pauvres ; ainsi, les bénéfices tirés de l’activité professionnelle sont insuffisants pour assurer la pérennité de celle-ci et, vivant de la trésorerie courante, les familles s’enlisent dans un cercle d’endettement chronique. Le paiement des frais de scolarité est la seconde source de contraction des dettes. Enfin, 15% des ménages citent la réparation ou la reconstruction de leur habitat comme la principale contrainte économique pesant sur leur famille actuellement : les effets du tremblement de terre ajoutent une pression supplémentaire sur les moyens économiques des plus pauvres, déjà largement contraints par les frais courants de maintien de leur activité économique et d’accès aux services sociaux de base.
L’enlisement des populations les plus pauvres en Haïti dans l’endettement nuit aux efforts de développement économique à l’échelle nationale. Des actions rapides et importantes doivent être entreprises pour permettre à ces populations de devenir de réels acteurs de la reconstruction : rééquilibrage des activités économiques par rapport aux filières de la reconstruction, soutien technique aux métiers de la reconstruction, soutien à l’accès aux services sociaux de base. Au-delà d’un meilleur déploiement des outils de microfinance, notamment dans les communautés rurales, et d’un soutien aux équipements productifs, ce sont les contraintes financières des familles qu’il faut réduire et les filets de protection sociales…

Quand les humanitaires, les gouvernants et les puissances occupantes délogent les habitants des camps dans la violence et sans leur proposer des logements décents

Voilà comment le HCDH présente les choses :

"Le Bureau du Haut Commissariat des Droits de l’Homme des Nations Unies (HCDH) en Haïti est profondément préoccupé par la situation du respect du droit des personnes à un logement convenable, et ce plus particulièrement s’agissant des personnes vivant dans les camps qui se sont formés après le séisme et dans les communautés informelles - parfois appelées bidonvilles.

Le droit à un logement convenable est intrinsèquement lié à d’autres droits de l’homme, tels que les droits à la santé, à l’eau, à l’emploi, à l’éducation et à l’intégrité physique de la personne, et il nécessite des moyens économiques, ainsi que l’accès à l’eau et l’assainissement. Le Bureau du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme en Haïti estime qu’une reconstruction réussie ainsi qu’une sécurisation et une stabilisation à long terme du pays dépendront en partie du respect du droit à un logement convenable.

En vue de formuler des recommandations sur la situation du logement et des efforts de reconstruction au Gouvernement d’Haïti et à la communauté internationale, la Rapporteur Spéciale des Nations Unies sur le droit à un logement convenable, Mme Raquel Rolnik, a effectué une visite de travail en Haïti du 8 au11 Juin 2011. Dans le cadre de cette visite, elle a participé à un atelier de travail sur le droit au logement en cas de catastrophes naturelles, organisé conjointement par ONU-Habitat, le Bureau du Haut Commissaire aux Droits de l’Homme et la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH). Elle a aussi visité des camps de personnes déplacées ainsi que des quartiers de la capitale endommagés par le tremblement de terre. Cette visite a été organisée par le Bureau du Haut Commissaire aux Droits de l’Homme en Haïti.

Peu de temps avant cette visite, les 20, 23 et 25 mai, trois camps (Place du Camp-Dame, camp de Delmas 3/Foyer culturel et Assistance Camp Plus) dans la municipalité de Delmas, à Port-au-Prince avec environ 850 familles ont été fermés avec usage de la force par les autorités locales. Des abris ont été démolis, et dans de nombreux cas irrémédiablement endommagés. Certains effets personnels ont été détruits ou perdus et certains habitants des camps auraient été battus. Des familles ont été contraintes de quitter les camps sans aucune vérification préalable de leur accès à un logement alternatif, quand bien même les autorités indiquent qu’elles ont financièrement compensé les familles.

La fermeture des camps de Delmas s’inscrit dans le cadre d’une série d’incidents similaires qui ont eu lieu au cours des douze derniers mois. Le 26 mai, les autorités haïtiennes ont fait part aux Nations Unies de leur opposition à la manière dont les camps ont été fermés. Cependant, le 6 Juin, environ 70 familles auraient été contraintes de quitter le camp Place Mache à Grand-Goâve, (département de l’ouest). Le HCDH se félicite de la position exprimée par les autorités et de leur réponse rapide à la fermeture du camp de Delmas, mais demeure profondément préoccupé que d’autres camps continuent d’être fermés avec l’usage de la force.

Certaines personnes vivent actuellement dans des camps à cause de la perte de leurs maisons lors du séisme tandis que d’autres se sont déplacés dans des camps pour échapper à des conditions de vie difficiles dans les communautés informelles. Le HCDH reconnaît le défi exceptionnel à relever pour les autorités haïtiennes dans le développement de solutions durables pour des centaines de milliers de personnes dans les camps et logements spontanés. Les autorités municipales doivent répondre à des demandes souvent concurrentes de fermeture des camps qui occupent des terres privées, ou qui obstruent des écoles, routes et autres espaces publics, tout en offrant un soutien aux populations et prévenant la criminalité. Néanmoins, comme mentionné par la Rapporteur Spéciale lors de sa visite, "l’expulsion de personnes sans fournir un logement de remplacement convenable est une violation du droit international des droits humains ».

Pendant toute l’année 2010, le HCDH, à plusieurs reprises, a encouragé le Gouvernement haïtien à adopter une approche globale prévoyant des délais raisonnables pour la fermeture des camps, assortie de la construction de logements alternatifs. Le HCDH a insisté pour que le plan englobe tous les camps et inclue des dispositions pour améliorer les conditions de vie dans des logements informels, et qu’il envisage la transformation d’un nombre restreint de camps en quartiers informels destinés à perdurer. Étant donné le cycle continuel de mouvements des quartiers aux camps, le HCDH estime que seul un plan global peut permettre de faire avancer la cause du progrès durable et du respect des droits de l’homme.

Le HCDH se joint à la Rapporteur Spéciale pour féliciter les autorités nouvellement élues d’avoir manifesté leur volonté de travailler avec la communauté humanitaire et de préparer une stratégie initiale pour la fermeture de six camps conformément aux normes internationales. La Rapporteur Spéciale a insisté que la sélection des camps destinés à être fermés en priorité le soient sur la base de critères de vulnérabilité. Le Bureau du Haut Commissariat insiste sur l’importance, pour les autorités haïtiennes, de s’assurer que la fermeture des ces camps spécifiques fasse partie d’un plan global qui puisse réellement être mis en œuvre dans le cadre du droit à un logement convenable pour tous, tant dans les camps que dans les logements informels. La sélection de ces six camps prioritaires ne constitue pas en soi une solution au problème plus large de la relocalisation.

Le HCDH est convaincu que ni le Gouvernement ni les autorités municipales ne souhaitent la fermeture des camps à n’importe quel prix. Le HCDH recommande au Gouvernement de s’assurer que la fermeture des camps soit réalisée dans le respect du droit international, et encourage le Gouvernement et la communauté internationale à envisager un soutien croissant aux autorités municipales à cet égard."

Messages

  • Vous avez ravagé fruits, lambourdes et fleurs
    depuis noix, corossols jusqu’aux oranges aigres ;
    tandis qu’en vos jardins rose, oeillet, staphysaigre
    charment les yeux, merci pour la tonte coiffeurs !

    Merci pour les dolars dont nous sentons l’odeur
    mais qu’au léger de main vos poches réintègrent,
    en quarante cinq ans l’esclavage des nègres
    vous a donné profits et plaisirs sans douleurs.

    Merci pour notre sol ravagé, les compères
    qui pour notre bonheur s’emparent de nos terres,
    merci pour votre usure, effroyables békés.

    Merci pour nos enfants déguenillés et blêmes,
    merci pour tous ces maux et quand vous extorquez
    le Montant de vos prêts, merci, merci quand même !

    poète haïtien

  • Voici ce qu’on peut lire :

    « Haïti est aujourd’hui une poudrière, on en est à espérer qu’il n’y a pas d’allumettes dans les parages. »

    LG/Radio Métropole Haïti

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