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Le père du peuple, ou celui du grand capital ?

vendredi 11 novembre 2011, par Robert Paris

Le père du peuple, ou celui du grand capital ?

Le nom du nouveau chef du gouvernement grec qui succède à Papandréou, démissionné par les marchés financiers, est connu : c’est Papademos. Cet espèce de papa du peuple (du démos !) n’a pas été mis en place à l’issue d’une élection et l’idée même d’un vote populaire est apparu aux intérêts financiers comme scandaleuses et la Grèce a été contrainte d’y renoncer. Pensez donc ! Des faillis qui prétendent décider par eux-mêmes de leur avenir tout en réclamant de l’aide ! L’Italie a suivi le même chemin : son chef de l’Etat démis, lui aussi, par les marchés financiers… Et pas non plus d’élection pour déterminer qui sera le suivant. Le problème est de trouver quelqu’un qui plaise au grand capital.

Remarquons tout d’abord qu’en période de catastrophe économique, les classes dirigeantes peuvent se passer de faire semblant de demander son avis au bon peuple et décider tout seuls de qui gouvernera sans faire semblant de laisser le choix aux populations. Au fur et à mesure de la propagation de la crise dite de la dette publique, à la Grèce, à l’Italie, les gouvernements tombent ainsi. Comme cette crise est en train d’arriver en France, il est possible que les milieux populaires se voient privés du plaisir de faire chuter Sarkozy aux élections présidentielles, celui-ci étant mis à bas bien avant par les marchés financiers comme ses prédécesseurs Papandréou et Berlusconi du fait de l’effondrement financier de l’Etat français surendetté. On verra ce qu’il en sera dans les prochains mois ou prochaines semaines.

Ce qui est certain, en tout cas, c’est que, quelque soit le chef de l’Etat, tous les Etats et même pas seulement les Etats européens endettés, doivent suivre une politique ouvertement imposée par les marchés financiers et le grand capital. En somme, tu votes, tu votes, tu crèves quand même ! L’élection démocratique ou prétendue telle ne change rien à la politique des gouvernants. C’est ce qui retient François Hollande à définir ce que sera sa politique s’il est élu… Il attend que les marchés financiers la lui dictent en fonction de la situation d’effondrement qui sera celle du système et de son état en France…
En somme, du fait de la catastrophe économique, le diktat du grand capital apparaît ouvertement. Les élections ne sont là, de temps en temps, que pour servir de détournement de la colère populaire contre la personnalité des gouvernants et pour, soi-disant, mettre en place des personnalités politiquement plus morales que les précédents. Comme si le fonctionnement du système capitaliste avait quoique ce soit à voir avec la personnalité des hommes politiques, sans même parler de la couleur de leur groupe…

Et comme si nous connaissions personnellement les hommes politiques qui sont au pouvoir ou qui y postulent… La majorité des Français ne s’apprêtait-elle pas à élire DSK qui avait pourtant, comme ministre, annulé des impôts d’hommes très riches pour obtenir des preuves de corruption contre la droite (la fameuse cassette Méry), afin finalement de les enterrer, qui sait en échange de quoi. Et ce n’est qu’un exemple des frasques de cet homme politique. Qui peut prétendre qu’il connaît tout le passé politique de Sarkozy lui-même, celui qui est immergé ou celui qui est émergé. Cela montre que même cette ambition de choisir la personnalité du chef de l’Etat ne risque pas d’être possible.

Si nous devions choisir démocratiquement des élus, il serait nécessaire que nous les ayons vu se comporter, au travail parmi nous, ou encore sur notre lieu d’habitation. Elire des proches, c’est le seul moyen aussi de les contrôler une fois qu’on les a élus. Surtout si on a le pouvoir de les démettre à tout moment s’ils ne remplissent pas leur mandat !

Les élections présidentielles ou législatives n’offrent nullement ce véritable caractère démocratique. On change d’équipe politique, mais on ne change pas de politique. On ne change pas la règle du jeu et on ne change pas le système. On ne change pas ceux qui profitent ni ceux qui souffrent. Le mode de profit ne change pas. Le mode dé décision non plus. Ils ne sont jamais remis en question au travers du vote. Les grandes décisions ne sont jamais remises au peuple. Quels accents scandalisés à l’idée que le peuple grec pouvait décider ce qu’il voulait pour les affaires le concernant directement !

Ce mode d’élection, dite démocratique dans le cadre bourgeois, a une grande importance pour les classes dirigeantes. Elles dépensent efforts et argent pour que le bon peuple y croit et y participe, y déverse sa bile et accepte ainsi que son mécontentement soit exploité par des politiciens aussi bourgeois et aussi menteurs que les précédents. Une manière de faire en sorte que les sacrifices qui seront ensuite demandés apparaissent comme le résultat du vote populaire…

En fait, pour qu’il y ait un début de démocratie, il faut que l’argent et le pouvoir réel ne soit pas toujours entre les mains des mêmes. Encore faut-il que l’essentiel du pouvoir ne soit pas confisqué et non remis au vote populaire. Qui a voté pour le dirigeant de la Banque centrale européenne qui a beaucoup plus de pouvoir que les députés européens. Qui a voté pour la commission européenne ? Qui vote pour les dirigeants des grandes institutions de l’Etat, de l’armée, de la police, de la justice, des administrations, de la banque de France, de la caisse des dépôts et consignation, de la bourse, etc… Pas nous ! Qui vote pour les grandes décisions : alliances, accords internationaux, guerres, plans d’austérité et autres politiques internationales « de la France » ? Pas nous ! Qui nous informe même de ces politiques ? Personne !

Dans les mois et les années qui viennent, où chacun pressent qu’il va se passer des choses graves et déterminantes pour notre avenir et celui de nos enfants, si nous ne disposons d’aucune forme autonome d’organisation, si nous nous contentons de celles mises en place par la classe dirigeantes, des élections dans le cadre bourgeois, nous n’aurons que nos yeux pour pleurer et nos cartes d’électeurs pour nous nourrir, nous vêtir, nous loger, nous offrir du travail… La situation des Grecs doit au moins nous servir de leçon : si on leur a marché dessus sans la moindre gène et en les accusant d’avoir causé leur propre malheur, on en fera de même pour nous.

Voilà pourquoi l’avenir est à notre démocratie à nous, travailleurs, aux comités de travailleurs, sur les lieux de travail et dans les quartiers. N’élisons pas des hommes politiques qui seront nos maîtres. Soyons nous-mêmes nos propres maîtres !!!

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