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Quelles perspectives pour les travailleurs maliens après la chute du régime d’ATT et la guerre des groupes armés touaregs au Nord Mali ?

vendredi 6 avril 2012, par Robert Paris

Quelles perspectives pour les travailleurs maliens après la chute du régime d’ATT et la guerre des groupes armés touaregs au Nord Mali ?

La situation du Mali est catastrophique depuis longtemps pour le peuple malien du nord comme du sud, quelle que soit sa région et son origine. En témoigne la forte immigration vers le reste de l’Afrique ou vers l’Europe ou encore vers d’autres régions. La Libye était d’ailleurs l’une des destinations des immigrés et certains en sont revenus les armes à la main et pas avec des armes de petit niveau (carrément avec des hélicoptères de guerre et du matériel d’ampleur !)

L’intervention militaire des groupes touaregs a précipité la chute d’un régime corrompu et déjà chancelant.

Depuis la chute d’ATT, de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer son retour comme si la crise ne datait que de sa chute, comme si ce n’est pas justement son régime qui marquait la catastrophe malgré la façade pseudo-démocratique.

Ce que nous voulons souligner dans cet article, c’est que malgré la situation catastrophique, et peut-être même à cause de la situation catastrophique, l’intervention politique et sociale du peuple travailleur du Mali est plus que jamais d’actualité.

Un pays coupé en deux par la guerre, par l’occupation d’une autre armée, un pays ruiné, un peuple exsangue, à bout, une économie aux abois, un pouvoir discrédité, ce n’est pas une situation où il faille se contenter de se lamenter, de chercher des responsables, de croire en des sauveurs, c’est au contraire une situation où le peuple travailleur peut s’affirmer, dévoiler ses réponses, en s’organisant de manière autonome de tous les pouvoirs, de tous les partis, des classes dirigeantes, en constituant ses comités de travailleurs, de femmes, de jeunes, d’habitants des quartiers populaires.

C’est dans ce même type de situation que les travailleurs français ont mis en place leurs communes, leurs comités, leurs conseils dans le Paris révolutionnaire de 1871 ! Et le monde entier a reconnu dans cet acte politique le premier acte révolutionnaire du prolétariat révolutionnaire international, le premier pouvoir aux travailleurs....

Ceux qui dénoncent la révolte des soldats pour appeler au retour d’ATT cachent que c’est l’incurie du régime d’ATT qui a produit la révolte des soldats. Ce n’est pas sans raison si une grande partie de la population, comme les soldats, est révoltée par le régime. Quant à prétendre qu’il faudrait un « retour à la démocratie », c’est faire croire que la démocratie c’est le régime des profiteurs des miettes tombées des profits réalisés par les grandes sociétés capitalistes qui volent l’or, les pierres précieuses, l’énergie et les autres richesses naturelles entre autres agricole, c’est-à-dire qui volent la sueur et le sang du peuple travailleur. La guerre dans le nord a été un révélateur de la catastrophe mais n’est pas toute la catastrophe. Sa fin ne serait pas non plus toute la solution des plus grands problèmes que connait le peuple malien.

Certes, les petits soldats, à eux seuls, ne peuvent pas développer une perspective pour le peuple travailleur ni à sa place. D’ailleurs, ils n’ont pas non plus cette prétention car ils ne savent pas trop vers où aller. C’est aux travailleurs, aux jeunes, aux femmes, aux milieux populaires, aux chômeurs de dire leur avis sur l’avenir et d’en discuter avec les petits soldats. Cela ne peut se faire que sous la forme de comités populaires qui s’adressent aux petits soldats et leur demandent de prendre leur parti en armant le peuple.

Oui, la révolution sociale est la seule perspective.

Tout le reste est pièges et tromperies.

Les « solutions démocratiques » d’élections à la mode bourgeoise donneront à nouveau des politiciens amis d’ATT. Les armées qui prétendent aider le Mali en le sauvant de l’armée touarègue seront seulement là pour rétablir l’ancien ordre qui leur profitait tellement.

Il n’est non plus suffisant de dire qu’on est pour ou qu’on est contre la junte. Il faut surtout demander aux soldats s’ils sont vraiment pour le peuple travailleur et alors ils soutiennent ses efforts pour s’organise et ils l’arment ou s’ils croient vraiment aux « bons offices » des dictatures africaines et des pays occidentaux pour « remettre de l’ordre au Mali ». Toutes ces armées prétendant sauver le peuple des touarègues, pourquoi auraient-elles tant attendu pour le faire, attendant au point que la catastrophe ne soit plus évitable ?

Non, rien ni personne ne va sauver le peuple travailleur du Mali et d’ailleurs, sinon la conscience de ses intérêts, de sa force et de son rôle. Attendre des armées étrangères le salut est illusoire et se contenter d’attendre les suites de la politique de la junte aussi. C’est aux travailleurs de compter d’abord sur eux-mêmes. Ils sont une force : ils l’ont montré en faisant chuter Moussa Traoré. C’est au peuple travailleur d’indiquer quel avenir il veut. Il en a la force. Il lui en faut la conscience et l’organisation.

Union des comités de soldats et des comités de travailleurs, de femmes et de jeunes !

Aucune confiance aux interventions militaires étrangères soi-disant pour nous sauver d’armées "touarègues" !

Pas de retour de la hiérarchie militaire corrompue et incapable !

Toutes les richesses du pays au peuple !

Dehors les exploiteurs nationaux et impérialistes !

En finir avec la soumission à la bourgeoisie impérialiste, notamment française !

Pouvoir aux comités de travailleurs, de jeunes et de femmes !

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N’oublions pas qu’ATT était d’abord le serviteur de la bourgeoisie française

Messages

  • Deux raisons, entre autres, expliquent le lâchage du président Amadou Toumani Touré, dit ATT, par la France. Ce dernier a toujours refusé de signer des accords sur l’immigration, qui auraient permis à Paris d’expulser à tour de bras les Maliens sans trop de formes juridiques. La seconde raison est que ATT n’a jamais vraiment combattu Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) responsable d’enlèvements, espérant ainsi obtenir la tranquillité sur son territoire plutôt que se mettre à dos les Islamistes.

    Enfin, certains Maliens, qui ont de la mémoire, rappellent l’antique et éphémère projet français de l’Organisation Commune des Régions Sahariennes (OCRS), créé en 1957, qui envisageait la création d’un « Etat » sur les territoires où vivent les Touaregs, à savoir deux départements du sud-algérien, les cercles de Goundam, Tombouctou, Gao au Mali, le Nord des cercles de Tahoua et Agadès au Niger et la région du Bornou, Ennedi-Tibesti au Tchad.
    Motif de la création de cet Etat ? La mainmise sur les minerais que recele la région.
    L’année suivante, en 1958, en présence de Pierre Messmer, alors gouverneur général des colonies en visite au Mali, le conseiller territorial de Goundam, Mohamed El Mehdi, chef général des Kel Antassar revendiqua l’indépendance de la zone qu’il voulait faire ériger en « République des Lithamés » pour « soustraire les nomades blancs à la domination de leurs anciens esclaves noirs », disait-il.
    Le résultat ? Ce fut la première rébellion contre l’Etat central malien dans l’Adrar des Iforhas en 1962, qui ne fut jugulée qu’en 1964.

  • Aujourd’hui, notre pays le Mali, paye les frais de la cupidité d’une bonne partie de la classe politique qui nous a amené à un unanimisme politique coupable "tous avec ATT". Le malaise est très grand qui ronge la société malienne depuis des années. ce malaise va ; de la petite corruption aux carrefours à l’attribution arrogante de marchés énormes au gré à gré en violation du code d’attribution des marchés publiques, aux violations flagrantes et arrogante du code de l’aide Alimentaire, à la ventes et accaparement arrogante des places lors de différents recrutements, à l’incapacité de résoudre les problème de l’école.
    Pire, tous les maliens ont assisté impuissants depuis 10 ans à la banalisation progressive des Institutions de l’Etat, l’effritement des fondements de l’Etat de droit : le Droit, l’Autorité de l’Etat, le respect du bien publique, la confiance en la chose politique..., en un mot, l’Etat, le régime a lui même créé les conditions de sa fragilisation extrême en se vidant de tout son sens et de toute sa substance. Et c’est cette fragilité extrême des Institutions qui explique la victoire facile rapide du CNRD RE et la sanction populaire "c’est bien fait pour eux", pas de protestation ! La nature a horreur du vide dit-on. Et le CNRD RE n’a fait qu’occuper le vide. c’est vraiment regrettable qu’on en arrive là. quoi qu’il en soit, nous sommes devant une deuxième chance à saisir ou !!!

  • Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), importante composante de la rébellion touaregmalienne, a proclamé vendredi 6 avril "l’indépendance de l’Azawad" dans une déclaration sur son site internet et via un de ses porte-parole sur la chaîne France 24.

    "Nous proclamons solennellement l’indépendance de l’Azawad à compter de ce jour", déclare Mossa Ag Attaher, qui indique vouloir respecter "les frontières avec les Etats limitrophes".

  • salut à tous les lecteurs du site !
    je suis S de bko étudiant à la faculté du droit public de bamako.et voici mon point de vue sur l’actualité du mali et celui de certains prolos avec qui j’ai puis échangé.en faite depuis le début de l’intervention de l’armée malienne appuyée par l’armée française au nord contre les islamistes comme ils le dissent .il faut reconnaitre que c’est la population qui paye le prix lourd de tout cela car il y a un malaise social qui persiste dans le pays depuis un certain moment et qui risque de se transformer en révolte sociale mais jusqu’ici calmé par le faite qu’il est toujours détourné ou orienté vers d’autres évènement tel que le coup -d’état,et cette maintenant cette guerre.enfaite certains petits travailleurs dissent être pour cette guerre mais pensent que y a mieux à faire que cette guerre c’est-à dire l’amélioration des conditions de vie,qui deviennent de plus en plus difficile.et je profite de ce message pour vous dire que l’état malien est entrain de mettre en œuvre une nouvelle reforme qui va certainement fermer la vois à beaucoup d’étudiants à la fac c’est à dire un quota que s’est fixé les facs une fois ce quota atteint les étudiants autres étudiants seront dans l’obligation d’aller s’inscrire dans les université privées !!!!
    vive un vrai changement !!

    • Merci de ton message. Effectivement, il y a du détournement de luttes dans tous les événements qui se sont déroulés au Mali, détournement de conscience aussi des amis et des ennemis. En tout cas, même si les petites gens, les travailleurs, n’ont pas souvent conscience qu’à l’origine de tout cela il y a la crainte qu’ils inspirent, eux, aux gros, aux puissants, aux riches, il nous reste à développer cette conscience...

  • Officiellement, la France a déclenché l’opération «  Serval  » pour soutenir l’armée malienne. Mais dans les faits… Eh bien, sur le terrain , cette armée malienne est presque invisible  ! Et pour cause, le Mali n’a plus d’armée depuis bientôt dix mois. C’est bien pourquoi, d’ailleurs, l’Union européenne a prévu un financement pour une restructuration de l’armée malienne qui s’est débandée dès les premiers coups de missiles des rebelles touaregs du MNLA (Mouvement national pour la Libération de l’Azawad). Cette restructuration se fera dans le cadre de l’EUTM (European Training Mission in Mali). Mieux, de 400 à 500 instructeurs européens ayant à leur tête le général français François Lecointre doivent justement remettre sur pied cette armée malienne… dont on nous dit pourtant qu’elle est aux avant-postes du combat pour la libération du Nord-Mali occupé par le terroristes islamistes du MUJAO (Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest), d’Ansar Dine et d’Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI)  ! Voilà donc la France qui vient soutenir une armée inexistante, une armée-Arlésienne dont on parle beaucoup… mais que l’on ne voit guère sur le terrain  !

    Officiellement, l’armée française intervient au Mali pour soutenir les forces armées ouest-africaines que la Cedeao a décidé de déployer dans ce vaste pays pour l’aider à reconquérir son intégrité territoriale. L’ennui c’est que, jusqu’au moment où ces lignes sont écrites, c’est-à-dire plus de 72 heures après le début du déclenchement de l’opération «  Serval  », aucun corps expéditionnaire d’un pays africain n’est présent sur le théâtre d’opérations malien. Oh certes, M. Alassane Ouattara, le chef de l’Etat ivoirien, un obligé de la France dont les chars l’avaient installé au pouvoir après que ses hélicoptères eurent bombardé le palais de son prédécesseur, M. Ouattara, donc, en sa qualité de président en exercice de la Cedeao, a pressé les pays africains d’envoyer des troupes à Bamako. Certes mais, pour le moment, la France est seule sur le terrain en train de mener une guerre contre les islamistes qui occupent les deux tiers du Mali. Et pour le moment, il y a déjà 800 soldats français, des avions Rafale, des hélicoptères Puma, des chars etc. Et aucune troupe africaine  !

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