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Qui fomente la guerre de religion en France… pour détourner de la brûlante question sociale face à la crise ?

samedi 7 avril 2012, par Robert Paris

Qui fomente la guerre de religion en France… pour détourner de la brûlante question sociale face à la crise ?

A-t-on jamais vu un président en exercice semer la discorde raciale et religieuse pour sauver les classes dirigeantes d’une situation sociale explosive due à des attaques que ces exploiteurs veulent violentes afin de répondre à une crise économique et sociale d’ampleur ? On peut se rappeler que la France a connu exactement ce type de situation alors que la révolution bourgeoise montait contre la féodalité et que la royauté n’a rien trouvé de mieux pour l’éviter que d’organiser des milices fascistes catholique encadrées par l’armée pour massacrer les protestants. C’est la Saint-Barthélemy. Auparavant, ils avaient semé la haine contre les Protestants, accusés de menacer de mort les Catholiques.

Plus près de nous, on a l’exemple du président Milosevic de l’ancienne Yougoslavie qui a pratiqué méthodiquement exactement la même méthode. La dictature rwandaise a agi de même sur le conseil et avec l’aide de l’Etat français dirigé par la gauche et la droite, par Mitterrand et Léotard en 1994.

Dans chacun de ces cas, on a présenté les choses tout autrement. Mais ce sont des mensonges. Il n’y avait pas d’ethnies au Rwanda ni de haines ancestrales, ni interrégionales, ni inter-ethniques, ni inter-religieuses en Yougoslavie. La meilleure preuve est que dans ces deux pays comme dans la France d’avant la Saint-Barthélemy, il y avait des mariages inter-religieux sans opposition notable, même de la part des radicaux des diverses communautés. Ce sont les dirigeants de l’Etat qui ont tout organisé et ils l’ont fait non seulement pour défendre leur pouvoir personnel, mais d’abord et avant tout parce que les classes dirigeantes s’estimaient menacées par le mécontentement social montant qui menaçait d’exploser et ne pouvait que s’aggraver vues les attaques anti-sociales programmées à l’avenir par ces mêmes classes dirigeantes.

Y a-t-il des raisons de penser qu’on est en train d’assister en France aux débuts de la préparation de l’opinion pour des catastrophes d’ampleur du même type organisées dans le même but ? Tout à fait ! On a même tous les moyens de savoir que c’est un montage en vue d’opposer systématiquement deux fractions des travailleurs, des milieux populaires.

La situation est celle d’une classe dirigeante en bout de course qui sait que l’avenir ne va offrir qu’un chômage de masse et qu’une misère généralisée à une population qui ne l’a pas connue depuis la dernière guerre mondiale, avec des licenciements en masse y compris dans les grandes entreprises, y compris dans l’Automobile, le Bâtiment, les banques, y compris dans les services publics, y compris parmi les fonctionnaires. Bien entendu, cela n’est pas possible sans grandes réactions et sans risque de soulèvement social.

C’est bien pourquoi ces classes dirigeantes ont cherché un dérivatif et elles ont trouvé que le meilleur était la guerre de religion : monter le reste des masses populaires contre les Musulmans en les présentant comme la cause de l’insécurité et du terrorisme, quitte à fabriquer des « preuves », quitte à prendre en otage toute la population française en utilisant la réprobation bien naturelle contre un tueur d’enfants.

La justice, les média et la police ont été mis au service de ces objectifs inavouables. La gauche et les syndicats sont incapables de réagir contre cette politique. L’extrême gauche en est tout aussi incapable. Ils ont peur d’être accusés de cautionner le terrorisme ou l’assassinat criminel d’enfants.

Quelles sont les preuves d’un tel scénario violent de la part des classes dirigeantes, d’un tel montage qu’on l’on peut à bon droit qualifier de préparation au fascisme ?

Bien sûr, il ne suffit pas de voir que les classes dirigeantes sont aux abois du fait d’une crise insoluble pour le système. Il ne suffit pas de s’apercevoir que ces classes dirigeantes n’ont injecté des sommes colossales, qu’elles ne possédaient même pas, uniquement dans le but de préparer justement de tels dérivatifs et ne pas se retrouver avec une révolution sociale à l’échelle mondiale. C’est cependant un éclairage indispensable pour décrypter la suite…

En effet, on assiste en France à une mobilisation des moyens policiers, administratifs, judiciaires et médiatiques pour donner à penser que le principal problème de la population serait une insécurité causée par une fraction de la population française : celle de confession musulmane accusée de provoquer des violences, des crimes, de soutenir le terrorisme, etc…

Bien avant les meurtres de Toulouse et Montauban, on a vu le ministre de l’intérieur français, appuyé du président de la république, mener toute une campagne ouvertement d’extrême droite sans avoir le moindre prétexte réel de chacune de ses interventions. Par exemple, campagne sur la prétendue multiplication des mosquées en plein air. Ensuite sur la prétendue multiplication des femmes intégralement voilées. Enfin sur la prétendue multiplication des violences encore prétendument due aux étrangers ou aux jeunes de banlieues. En dernier sur la prétention que l’intégrisme radical utilisant le terrorisme serait en train de se développer en France et serait, encore une affirmation mensongère, reçu favorablement par un nombre croissant de Français de confession musulmane et par l’UOIF, organisme pourtant mis en place par Sarkozy lui-même. L’une des dernières campagnes orchestrées par le gouvernement a concerné les viandes hallal et kascher qui étaient soi-disant en train de se multiplier au point d’être prétendument quasi imposées clandestinement à la population. Pas besoin de demander qui fait campagne pour faire croire que les immigrés doivent être reconduits à la frontière : c’est le ministre de l’Intérieur. par contre, il devrait sembler étrange que ce soit lui aussi qui ait fait campagne toujours à la télé en plein encerclement de Mohamed Merah pour diffuser à la même télé les thèses de ce Mohamed Merah, affirmant qu’il se revendiquait des Musulmans, de l’oppression des Palestiniens de Gaza, de celle des Afghans, etc... Une manière de pousser les Musulmans à en faire un héros tout en poussant le reste de la population à craindre l’ensemble des Musulmans. Le gouvernement, la police, la presse se font l’écho de toute phrase prétendant appuyer Merah, de tout tag qui le soutient, après que le même gouvernement ait lui-même fait à grande échelle la publicité des thèses de Merah ! Et on peut lire que la municipalité a effacé toute trace d’un tag pour Merah. Donc pour qu’on ne puisse plus le lire. Mais les forces de l’ordre ont diffusé son contenu prétendu : “Tu as été un preux chevalier de l’Islam. Tu as combattu la merde sioniste et les faux musulmans. Tu es mort les armes à la main. Je te salue Mohamed, mon frère, mon ami... Repose en paix !” Qui sème les flammes ? Inutile de poser la question !

Le même ministre de l’Intérieur a fait scandale en prétendant qu’il y avait des civilisations supérieures à d’autres, prétendant parler au nom d’une soi-disant civilisation occidentale. Quoi d’étonnant que celui-ci monte en épingle la moindre arrestation d’un homme en état d’ébriété et l’accusant de vouloir faire comme Merah ?

Quand le même ministre de l’Intérieur en fonction affirme devant les média que la République ne peut admettre une religion qui va l’encontre de ses lois, citant ainsi l’Islam, quand une véritable campagne d’arrestation est menée contre les Musulmans sans aucun fait précis à reprocher aux personnes arrêtées, quand on diffuse partout que le gouvernement s’en prend à l’organisation d’une conférence de l’UOIF, quand on en est à désigner l’ensemble des Musulmans comme des terroristes ou soutien potentiels des terroristes, quand on en arrive là, il est impossible de nier qu’il s’agit de toute une campagne raciste, visant à lancer la guerre de religion. Prise au premier degré, on pourrait penser qu’elle est menée par l’extrême droite lepéniste. Ce n’est pas le cas. Qu’elle est guidée par la pression électorale de Le Pen qui ferait peur à Sarkozy. Ce n’est pas l’essentiel. Le but n’est pas aussi simple et il n’est pas qu’électoral. C’est bien autre chose et c’est bien plus grave.

Les gens qui ont mené ce genre de campagne de haine et d’excitation à la guerre entre communautés n’étaient pas guidés simplement par la haine de l’autre communauté, même s’ils cherchaient à la provoquer ainsi qu’à provoquer la peur de l’autre communauté. Ainsi, Bush, celui qui a lancé, en Irak puis en Afghanistan et au Pakistan, la nouvelle « croisade » chrétienne contre les Musulmans, n’avait aucune antipathie pour les régimes islamistes radicaux comme l’Arabie saoudite, l’Indonésie, le Pakistan ou les Emirats arabes. Il n’avait même pas d’inimitié pour la création d’un groupe armé à recrutement international sur des bases islamistes puisque c’est sous son égide qu’on a créé, armé et financé Al Qaïda en Arabie saoudite, au Pakistan et en Afghanistan. Pas plus que le roi de France qui a organisé et armé le massacre de la Saint-Barthélemy ne détestait vraiment les Protestants puisqu’ils étaient aussi ses propres frères et sœurs !

La peur et la haine de l’autre partie de la communauté est un instrument classique pour manipuler les travailleurs et les peuples lorsque la crise sociale risque d’amener une lutte radicale des travailleurs et des peuples contre leurs exploiteurs.

Il est remarquable ainsi que ce ne sont pas des dirigeants anti-musulmans qui ont les premiers instrumentalisé la prétendue « guerre contre le terrorisme islamiste ». Non, c’est l’Algérie, un pays musulman ! C’est après la révolte d’octobre 1988 où la jeunesse et la classe ouvrière ont commencé à menacer le pouvoir et les classes dirigeantes que l’Etat algérien a commencé à utiliser politiquement l’intégrisme pour détourner la colère sociale avant de cacher derrière la prétendue « lutte contre l’intégrisme radical » une véritable guerre contre le peuple algérien. Terroriser le peuple s’est fait par le moyen de la prétendue lutte contre la terreur islamiste. Elle a justifié les arrestations de syndicalistes, de militants ouvriers, de jeunes révoltés, et des assassinats pour apeurer et écraser toute la population.

C’est sur ce modèle que les classes dirigeantes américaines se sont calquées dans l’affaire du 11 septembre qui leur a permis d’occulter leur propre crise économique et sociale et de la retarder en prenant en otage leur propre peuple grâce à l’attaque des tours du World Trade Center. Les analystes prévoyaient un effondrement financier au World trade center dans les quinze jours : il a été opportunément évité par l’attaque des avions attribuée à Ben Laden et qui allait servir à justifier la guerre d’Afghanistan et des efforts militaires qui ont permis de relancer momentanément l’économie US. Mais l’effondrement de 2008 a démontré que cela n’a été que partie remise. Le capitalisme sous perfusion ne peut durer éternellement. Quand le ressort est cassé, on ne peut pas réparer.

Si le capitalisme ne peut plus éviter sa crise systémique, il a cherché depuis 2008 à la retarder en dépensant des centaines de fois plus d’argent qu’il n’en dispose et cela ne lui a même pas permis de relancer la machine. Mais, en retardant l’effondrement, il a préparé des manières de détourner la colère vers des haines raciales, des guerres régionales, toutes sortes de dérivatifs violents et préparant au fascisme.

La France n’est pas en reste. Il est quand même bien plus agréable aux classes dirigeantes de voir les opprimés s’en prendre à leurs frères musulmans qu’aux banquiers, financiers et autres exploiteurs capitalistes qui spéculent sur l’effondrement au prix des vies humaines détruites, d’emplois supprimés, de familles réduites à la misère et démolies.

Voilà le programme. A nous de choisir : ou fascisme ou révolution sociale !

La campagne de peur et de haine : quand le gouvernement nourrit tous les jours la presse d’informations affolantes qui désignent du doigt un danger mortel prétendu qui serait celui des Musulmans !!!

Portfolio

Messages

  • La sauce fasciste monte de plus en plus vite, il n’y a qu’à tendre l’oreille, sur tous les sujets, une fraction de la classe ouvrière dites aristocratiques (techniciens, petit chef) et la petite bourgeoisie musulmane (Taxi, commerçants) se lancent ouvertement dans une surenchère de provocations/ réactions.

    Les femmes baissent les voiles et la couleur du foulard s’assombrit en même temps que les visages.

    Pendant ce temps, les organisations ouvrières n’en finissent pas de mener les opprimés dans le mur avec des luttes corporatistes, des accords propatronaux et magouillées d’avance avec les conseils d’administration ou les ministères.

    D’autres salariès croient qu’ils faut éviter le pire en votant contre la droite, et certains comptent les points sans s’affoler plus que ça.

    Quand certains ont cru sincèrement pouvoir changer quelques dans ce système à leur échelle, ils sont aujourd hui complètement "perdus".

    Il suffirait d’un score extrème pour galvaniser les milieux racistes, anti sioniste, anti islamiste, chrétien , petit bourgeois, salariés dégoutés des syndicats.....affoler le reste du monde et convaincre les potentiels victimes de l’extrème droite de basculer dans la haine et l’enfermement complet communautaire...

  • A-t-on jamais vu un président en exercice semer la discorde raciale et religieuse pour sauver les classes dirigeantes d’une situation sociale explosive due à des attaques que ces exploiteurs veulent violentes afin de répondre à une crise économique et sociale d’ampleur ?

    On peut se rappeler que la France a connu exactement ce type de situation alors que la révolution bourgeoise montait contre la féodalité et que la royauté n’a rien trouvé de mieux pour l’éviter que d’organiser des milices fascistes catholique encadrées par l’armée pour massacrer les protestants. C’est la Saint-Barthélemy.

    Auparavant, ils avaient semé la haine contre les Protestants, accusés de menacer de mort les Catholiques.

  • Le fait qu’il y ait eu plusieurs fois des articles dans la presse patronale qui rapportaient que des parterre de patrons petits, moyens et grands aient trouvé les perspectives de Le Pen tout à fait crédibles, voilà qui souligne que les classes dirigeantes - et pas seulement Sarkozy par souci électoral - aient des visées qui se rapprochent du fascisme si la crise s’aggrave.

  • Pour Nadine Morano du parti sarko, « La France est un pays de race blanche. » Au-delà de la bêtise et du racisme individuel, cela témoigne de l’évolution de la classe dirigeante vers l’affrontement inter-communautaire pour détourner de la lutte des classes…

  • Pour Sarkozy, la France "pays chrétien doit être respectée par ceux qui veulent y vivre".

    Il a déclaré qu’il était Français et chrétien !

    Il a affirmé qu’il s’agit de "nommer les choses sans détour. Nommer le réel. Dire que la France est un pays d’empreinte et de tradition chrétiennes".

    Il a rajouté : "c’est un pays chrétien dans sa culture et dans ses moeurs".

    Si on ne comprenait pas le message, Nicolas Sarkozy a rajouté que "nous devons urgemment fixer les règles d’un nouvel islam de France".

    Voilà comment on prépare des Saint-Barthélemy !!!

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