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Animaux : pas si bêtes !

dimanche 22 avril 2012, par Robert Paris

Animaux : pas si bêtes !

L’idée la plus communément admise par nombre scientifiques est la suivante : l’intelligence est humaine et l’instinct de l’espèce est animal. On peut aussi inverser l’adage : l’homme suit des instincts d’espèce et l’intelligence animale existe bel et bien.

Sourd-muet mais mort de rire !

On peut bien sûr distinguer le mode de penser humain de celui des animaux et considérer que, du point de vue de l’intelligence, la frontière passe là. Mais est-ce la meilleure manière de raisonner pour comprendre d’où vient l’intelligence ? C’est loin d’être sûr. D’autant que cela suppose que la frontière homme/animal ne passe pas au sein même des « homos » et des « singes »…

Aussi nous semble-t-il nécessaire de redresser cette image trop tordue d’opposition entre intelligence humaine et instinct animal pour donner quelques exemples qui vont a contrario, même s’ils n’ont pas pour but d’inverser une thèse trop tordue pour la tordre trop dans l’autre sens…

Une thèse bien connue a longtemps prétendu que les chimpanzés et autres singes n’auraient pas, contrairement à l’homme, la capacité de se représenter les besoins de leurs congénères ni le sens de la manière d’y satisfaire. Ces auteurs parlent à ce propos de « théorie de l’esprit » et l’attribuent exclusivement à l’homme. Une étude scientifique anglo-japonaise rapportée il y a deux semaines par la presse scientifique remet en question cet a priori. Elle montre qu’un chimpanzé est parfaitement capable de choisir parmi une série d’outils celui qui est le plus apte à aider un autre chimpanzé et à le lui donner.

On se souvient qu’autrefois on pensait même que les singes ne se servaient jamais d’outils. voir ici

Même pour le langage, il n’y aucune preuve d’incapacité. Lorsque le chimpanzé communique, il active des structures cérébrales semblables à celles de l’homme dans son cortex. Et notamment une zone homologue à celle de notre zone de Broca du langage. Les bases anatomiques du langage pourraient très bien avoir existé déjà il y a dix millions d’années chez l’ancêtre commun du chimpanzé et de l’homme !

L’une des formes d’intelligence attribuée spécifiquement à l’homme est l’humour. Cependant, Jim Anderson, primatologue à l’université de Strasbourg, cite un cas où un gorille a fait preuve d’humour faisant appel à l’intelligence et non à l’instinct. Ce gorille nommé Koko était initié au langage gestuel des sourds-muets. Un jour où l’expérimentateur lui demandait de faire le geste correspondant à la couleur d’une serviette blanche, il a répondu par le geste correspondant au rouge. Il a répété plusieurs fois cette réponse fausse alors qu’il avait maintes fois démontré sa capacité de comprendre la question et d’y répondre par la gestuelle des sourds-muets. Au bout d’un moment, il a brandi la serviette au nez de l’expérimentateur et, complètement hilare, il a montré que la serviette blanche avait, sur le rebord, un tout petit liseret tissé et … rouge !!!

Après le gorille, les babouins

Qu’est-ce qui nous permet de savoir qu’en français « table » est un mot et que « tubtl » n’en est pas un ? Est-ce le fait d’avoir appris à lire et à écrire ? Non, répondent des chercheurs qui ont travaillé avec des babouins. Ces singes apprennent eux aussi à distinguer les vrais mots des combinaisons farfelues. Ils ne lisent pas au sens strict mais identifient les groupes de lettres qui sont récurrentes dans une langue et qui permettent de reconnaître les mots. Cette aptitude serait donc bien antérieure au développement du langage parlé.

Ces résultats étonnants, publiés ce vendredi 13 avril dans la revue Science, ont été obtenus par le psycholinguiste Jonathan Grainger, (Université de Provence, CNRS), grâce au dispositif expérimental inédit élaboré par le primatologue Joël Fagot, du laboratoire de Psychologie cognitive de l’université d’Aix-Marseille. Sciences et Avenir lui a récemment rendu visite. « Le principe est simple, résume le chercheur. Il repose sur le volontariat : les singes exécutent les tâches que nous leur soumettons quand ils en ont envie. »

Dans le grand enclos de 750 mètres carrés qui leur est dévolu, les babouins sont absolument libres de leurs mouvements. Le groupe – une trentaine d’individus – conserve ainsi sa structure sociale, très hiérarchisée, avec notamment un mâle dominant. Outre les séances d’épouillage collectif, les démonstrations de force du patron, les jeux avec les petits ou encore les parties de jambes en l’air, un curieux manège se déroule du côté des deux bungalows installés au fond de l’enclos. Là, les babouins entrent et sortent à toute heure. A l’intérieur, dix écrans tactiles placés chacun derrière un panneau comportant deux ouvertures pour les pattes avant et une troisième pour que l’animal puisse voir l’écran.

Quand le singe commence un exercice, il est automatiquement identifié grâce à une petite puce RFID implantée dans sa patte. « Nous savons quel individu est en train de travailler, souligne Joël Fagot. Nous pouvons donc lui proposer un test cognitif correspondant à son niveau, à ses compétences. » A chaque essai, c’est-à-dire à chaque « question », le singe reçoit une récompense – quelques graines de céréales – s’il répond correctement. S’il se trompe, l’écran devient vert et l’expérience est bloquée quelques secondes avant de reprendre. Une version soft de la carotte et du bâton.

Les babouins font des phrases…

Ces expériences ont très vite suscité l’intérêt de psychologues mais aussi de linguistes, qui voient dans le singe un formidable modèle pour comprendre les processus cognitifs humains, notamment ceux qui lui sont vraiment propres.
Arnaud Rey, spécialiste du langage, a ainsi rejoint l’équipe de Joël Fagot. Il voulait tester certaines thèses du grand linguiste Noam Chomsky, le premier à avoir développé une étude quasi mathématique du langage. L’une de ces thèses considère que l’homme se distingue du singe par la récursivité – la capacité à emboîter entre elles de manière infinie des structures linguistiques (sujet, verbe et complément). Ainsi, à partir des deux propositions suivantes
 : « l’antilope courait comme un escargot ? » et « le lion a mangé », l’homme peut former une nouvelle phrase compréhensible : « l’antilope que le lion a mangée courait comme un escargot ». Et chez le singe ? « Nous avons appris aux babouins à considérer six paires de symboles – en l’occurrence des lettres grecques – comme des mini-phrases, reprend Joël Fagot. Ils devaient comprendre que dans chaque paire, l’ordre des symboles est essentiel, puisque le premier représente en quelque sorte le sujet et le deuxième le verbe. Ensuite, nous leur avons appris à emboîter deux mini-phrases comme nous le ferions pour que cela soit compréhensible dans notre langage. Nous avons constaté que les babouins assemblaient les phrases comme nous », explique Arnaud Rey. Adieu la thèse de Chomsky ! Mais il aura fallu quelque 50.000 essais pour qu’ils apprennent l’exercice.

… et ils maîtrisent l’orthographe !

La récursivité n’est pas le seul attribut « strictement » humain que les babouins nous ont piqué. Les tout derniers travaux de l’équipe marseillaise portent sur… l’orthographe ! Le psycholinguiste Jonathan Grainger s’est lui aussi converti à la méthode Fagot. Sa question était simple : qu’est-ce qui, chez l’homme, permet de distinguer un mot (par exemple « table ») d’un non-mot (par exemple « tbult ») ? Une question iconoclaste, tant la distinction nous paraît évidente. Mais pour les psycholinguistes, elle a une importance capitale, car la plupart considèrent que la connaissance du son d’un mot est un préalable à l’apprentissage de sa représentation graphique, l’écrit arrivant toujours en dernier dans le développement.

« D’où l’expérience que nous avons menée chez le singe, raconte le chercheur. Peut-il comprendre que telle forme visuelle est un mot et pas un non-mot ? » Jonathan Grainger et Joël Fagot ont donc appris aux singes à reconnaître des mots présentés parmi 8.000 non-mots. Premiers résultats ? : certains babouins retiennent jusqu’à 307 mots, le moins performant en mémorisant tout de même 81.
Plus étonnant, les singes rangent des mots qu’ils voient pour la première fois dans la bonne catégorie. Stupéfiant ! Intuitivement, on pouvait s’attendre à ce que ces sigles inconnus soient systématiquement considérés comme des non-mots. L’explication réside probablement dans la fréquence de certains assemblages de lettres composant les mots d’une langue. Par exemple, le mot « table » est composé de quatre bigrammes : « ta » « ab » « bl » « le ». Ces bigrammes sont plus fréquents dans les mots que dans les non-mots. Lors de leur apprentissage, les singes perçoivent donc peut-être, comme l’homme, cette subtilité de l’orthographe.
Mais ce qui a surpris plus encore les chercheurs, c’est que dans cet exercice, les singes étaient aussi forts que les hommes lorsque l’on faisait varier la similarité entre mots et non-mots. Par exemple, entre « toble », plus proche de « table » que « tbult », les singes font statistiquement autant d’erreurs que les hommes en considérant « toble » comme un mot. Plus ces non-mots sont similaires à de vrais mots, plus les erreurs sont fréquentes chez le singe comme chez l’homme !

Les babouins, et probablement les grands singes, ont donc des capacités cognitives bien supérieures à ce que nous imaginions jusqu’à présent. Seront-ils un jour capables de réaliser le vieux fantasme du singe qui parle ? « Cela reste de la science-fiction, répond à demi-mot Arnaud Rey. Mais il faut avouer que l’on y pense.

En étudiant le tractus vocal du singe, Louis-Jean Boë, chercheur en sciences de la parole au Gipsa-Lab (Grenoble Image Parole Signal et Automatisme, université de Grenoble), a montré qu’il a les moyens de vocaliser. Reste à savoir si le cerveau suivra ! Olivier Hertel

Jusqu’à présent, les conditions d’expérimentation ne permettaient pas d’aller aussi loin. « On considérait que si au bout de 10.000 essais, les animaux ne parvenaient pas à apprendre la tâche, c’est qu’elle était hors de leur portée, rappelle Joël Fagot. Avec les expériences menées dans l’enclos, on a pu constater que l’apprentissage de tâches plus complexes pouvait apparaître au bout de 17.000 essais chez certains, 40.000 chez d’autres, etc. Et comme les singes font ici beaucoup plus d’essais chaque jour qu’ils n’en feraient en laboratoire, on peut leur permettre de s’exercer davantage. Nos singes les plus actifs peuvent réaliser de 50.000 à 60.000 essais par mois. Cela prendrait dix fois plus longtemps avec les méthodes traditionnelles. » En d’autres termes, les chercheurs ont enfin accès à des tâches – et donc à des processus cognitifs – que l’on pensait hors de portée des primates non humains.
L’équipe marseillaise a ainsi travaillé sur la problématique des analogies. Le but est de savoir si les babouins sont capables d’associer des symboles en tenant compte des relations qui existent entre eux. Par exemple, un premier écran présente une paire de symboles : un rond et un triangle. L’écran suivant propose deux paires : deux ronds d’un côté, un carré et une croix de l’autre. Un individu qui se focalise sur la forme choisira les deux ronds, en se basant sur la paire précédente qui comportait déjà un rond. En revanche, un individu centré sur la relation optera pour la paire « carré/croix », car elle est composée comme la précédente d’objets différents. « Nous avons remarqué que le singe choisissait de traiter la relation et non la forme, ajoute Joël Fagot. Or, cette même manipulation a été faite chez l’enfant. Petit, il associe d’abord les formes entre elles. Mais en grandissant, il va plutôt privilégier les relations… Comme nos babouins ! » Alors que certains psychologues croyaient ce processus cognitif déterminé par le langage, l’expérience montre qu’il en est indépendant ; les mots ne font qu’aider à traiter la relation.
Ces travaux paraissent a priori très éloignés des préoccupations du commun des mortels. Et pourtant ! L’analogie nous sert quotidiennement pour inférer des relations entre des objets ou des événements, par exemple pour comprendre les relations entre un graphique boursier et un yoyo.

Les babouins s’adaptent à de nouvelles règles

La flexibilité cognitive est une autre de ces aptitudes du cerveau que les psychologues considèrent souvent comme spécifiquement humaines. Elle est en quelque sorte notre capacité à nous adapter à des situations mouvantes, notamment en changeant de stratégie. Là encore, les babouins privent un peu plus Homo sapiens de ses attributs exclusifs. Récemment, l’équipe de Joël Fagot a montré que les primates de l’enclos pouvaient eux aussi s’adapter à des conditions variables.

L’expérience présente trois formes, de trois couleurs possibles. Le singe apprend à choisir l’objet vert, quelle que soit sa forme. Subitement, l’expérimentateur change la règle. La bonne réponse est désormais le triangle, quelle que soit la couleur. Le singe doit donc apprendre cette nouvelle règle. Si certains persistent dans l’erreur, d’autres parviennent très vite à trouver ce qui est désormais la bonne réponse. Mais les instructions peuvent encore se complexifier, par exemple lorsque le singe doit apprendre à choisir deux formes de couleurs identiques puis deux formes différentes quelles que soient leurs couleurs. Les jeunes s’adaptent davantage que leurs aînés… Comme chez l’homme ! O.H.

Quelques exemples d’astuce et de présence d’esprit venus d’autres animaux

Les ours

L’ail des ours pousse sous forme d’un petit coussin de feuilles vert tendre appelé aussi ail des bois, ce serait la première chose que les ours mangent au sortir de leur hibernation, ceci explique le nom. Mais les humains seraient bêtes de s’en priver, car cette plante est un trésor de saveurs et de santé. Vitamine C, magnésium, fer, plein de bonnes choses pour nous requinquer après notre hibernation à nous ! Il purifie le sang, ouvre l’appétit et stimule la digestion, équilibre la flore intestinale et stimule la pousse des cheveux.

Les castors

Le déversement d’une pollution massive au pétrole menaçait tout une région et allait gagner un grand lac. Avant même que les hommes aient eu le temps de constater le risque et de réagir, une population de castors s’est mobilisée, a fabriqué un barrage et bloqué la pollution !

Les lions

Une petite antilope qui boite, voilà une cible facile pour un groupe de lions en chasse ! Et pourtant, celle-ci a survécu pendant des jours avec à ses côtés sa mère, sous la protection d’une maman lionne qui avait ressenti un instinct de défense maternelle vis-à-vis de la petite antilope !

Messages

  • Drôle d’oiseau que le diamant mandarin ! Ses vocalises ont fait lui une vedette des laboratoires de neurobiologie. Le chant des oiseaux est effet un sujet de choix pour comprendre comment le milieu influe sur le fonctionnement du cerveau. Et le mandarin, facile à élever en captivité et hautement social, se prête à merveille à ces jeux intellectuels. En 2004, il faisait ainsi la « une » de la revue scientifique Nature. Des chercheurs du CNRS y révélaient que le petit volatile était capable d’identifier les liens de couple entre ses congénères : une faculté que l’on attribuait jusqu’alors aux seuls primates. Si le mâle reconnaît la voix, unique, de sa dulcinée, il ne lui répond sélectivement qu’en présence d’autres couples et feint l’indifférence lorsqu’il est entouré de célibataires. Pourquoi ? Mystère. Mais il y a assurément de l’intelligence chez cet oiseau-là. Et même de la personnalité, comme le démontre en ce début d’année une autre équipe française.

    « Il y a encore peu de temps, tout chercheur invoquant des différences de personnalité chez les espèces animales risquait fort de se voir aussitôt taxé d’anthropomorphisme. » rappelle Frank Cézilly, professeur d’écologie comportementale à l’université de Bourgogne (Dijon). L’étude que vient de conduire l’un de ses étudiants en thèse, Morgan David, le confirme pourtant : chez le mandarin, comme chez bien d’autres animaux (y compris certains invertébrés !), les représentants d’une même espèce sont loin d’agir tous de la même façon.

    Taux d’activité, peur de la nouveauté, tendance exploratoire, obstination à se débattre lors d’une capture : quantifiées sur une quarantaine de mandarins femelles, toutes ces attitudes restent stables dans le temps, démontrant ainsi la constance du caractère des individus, voire l’existence d’un véritable « syndrome de la personnalité ».

  • Dans un zoo, un jardinier a tenu a nous raconter ce qu il a vu de ses propres yeux. A 50 ans, cet homme etait encore emu en repensant a ces babouins.

    Extrait d 1 article :
    Les chimpanzés sont capables de penser à l’avenir. Ça a été établi par une équipe suédoise l’an dernier. Parfois,’avenir s’envisage avec un proche en moins. Pour les hommes comme pour les chimpanzés. Deux études publiées lundi 26 avril font la même obervation : ces primates adoptent une attitude particulière quand la mort survient. Et certains ont un comportement comparable à celui des humains au contact d’un moribond. Pansy était une vieille femelle chimpanzé écossaise, doyenne du Royaume-uni – elle vivait en captivité. A cinquante ans et quelques, elle a commencé à faiblir pour ne plus se relever. Les trois congénères avec lesquels elle vivait ont pris soin d’elle dans les derniers jours. Plus calmes et moins bruyants, ils sont restés proches, l’ont caressée, l’ont lavée.

    La suite ici

  • salut à tous les lecteurs du site.
    en faite selon moi ce texte met un accent particulier sur le point commun entre les animaux et les hommes en parlant d’intelligence.à la différence du niveau de capacité de pouvoir exploiter cette intelligence proprement dite,en effet les études scientifiques ont toujours montré une certaine démonstration de la capacité d’intelligence des animaux quand ils sont dans le besoin .donc j’aimerais savoir :
     avec ces similitudes quelle est la différence réelle entre l’intelligence humaine et l’instinct de l’espèce animale ?
     faut-il penser que le besoin ou les circonstances poussent à faire travailler l’intelligence humaine et l’instinct de l’espèce animale ?
     pourquoi cet instinct de l’espèce animale est développé chez certains animaux que chez d’autres ?

  • En fait, il me semble qu’il y a plus qu’un point commun : nous sommes des animaux, nous fonctionnons comme des animaux même si nous avons pu développer certaines particularités. Chaque animal a sa particularité qu’il cultive et développe. Nous ne courons pas comme un antilope, nous ne sommes pas forts comme un éléphant, nous ne sommes pas arboricoles comme les autres singes. Il se trouve que nos particularités nous ont permis des choses assez extraordinaires mais cela ne nous détache pas des rameaux qui nous ont donné naissance...

  • Personne ne nie que la division entre l’homme et l’animal soit essentielle pour l’homme car elle fonde sa spécificité mais c’est un besoin psychologique et non scientifique. C’est un besoin interne et non le produit d’une étude objective de la nature. On ne peut pas dire que, fondamentalement, les espèces animales soient divisées en homme et non-homme. Pas plus qu’en chèvres et non-chèvres !

  • Pourquoi nier la différence marquante entre l’homme et l’animal ?

    • Il faut à la fois reconnaitre la dissemblance et la ressemblance de manière dialectique. Et il n’y aucune raison de choisir l’une des deux. Exactement comme l’enfant reçoit un héritage de ses parents et est différent d’eux, l’évolution des espèces se fait avec différenciation et héritage. Le passage à l’homme n’est que l’une des évolutions des espèces et elles obéit aux mêmes règles que d’autres évolutions des espèces. Cette évolution nous a attribué certaines capacités qui nous estimons très importantes. Nous ne souhaitons pas minimiser ces « avantages » de l’homme qui ne sont pas une supériorité. Ils ne font pas de notre évolution une particularité qui l’opposerait aux autres évolutions, celles des animaux. Il est certain que, aux débuts de l’évolution vers l’homme actuel, nos ancêtres se sont croisés avec certains grands singes dont les ancêtres pouvaient échanger des héritages génétiques avec notre ancêtre. Il n’y avait pas encore de barrière infranchissable entre ces ancêtres. La diversification n’était pas encore transformée en séparations définitives. C’est aussi ce qui s’est produit pour d’autres évolutions. La supériorité, c’est différent, c’est un choix éthique, moral, philosophique, religieux, etc…Cela ne découle pas de l’étude objective des espèces. D’autres espèces ont d’autres types de supériorité comme la durabilité par modifications génétiques pour les bactéries ou comme les capacités physiques ou, comme nous, intellectuelles pour l’éléphant ou le dauphin. Donner un but à l’évolution, c’est attribuer un objectif à un mécanisme de sélection qui est aveugle. Ce n’est pas valable d’un point de vue scientifique. Les religions monothéistes tiennent à cette spécificité de l’homme que dieu aurait choisi parmi le règne animal et auquel il aurait donné le monde comme un jardin. C’est cette thèse, agréable à l’homme, et non les études de l’histoire des espèces, qui amènent les gens à combattre l’idée de l’homme animal. La science est sortie de la capacité des savants de se détacher de la vision égocentrique de l’homme pour se placer d’un point de vue plus objectif et moins faible ou défensif. Autrefois, il ne regardait l’univers qu’en fonction de lui-même. Il a tenté l’œuvre impossible de s’oublier un peu pour examiner le monde, y compris lui-même, sans chercher continuellement à se placer au centre. Les animaux ont alors cessé d’être des bêtes à chasser ou des bêtes dont il fallait se prémunir ou des bêtes à élever, à manger mais des êtres vivants à étudier. L’homme est devenu lui-même un sujet d’étude. Et le contenu philosophique de cette étude a changé : il s’agissait plus de justifier son existence, de trouver un secours dans une philosophie rassurante ou glorifiante mais d’examiner ce qui avait produit l’homme. Il n’est pas apparu dans ces études que l’évolution qui a mené à l’homme du fait des divergences des grands singes ait eu un caractère plus particulier que l’évolution ayant produit le sapin du fait de la divergence des conifères… Aucune particularité n’était nécessaire pour que l’homme apparaisse, pas plus que pour la limace ou pour l’escargot… Quant à l’intelligence de l’homme, elle est formidable et quelconque en même temps. Elle est aussi étonnante que la beauté de la biche et aussi peu étonnante que les rayures des zèbres….

  • La vie est cependant divisée en espèces ? L’espèce humaine est quand même une division ?

    • La vie a aussi une unité. Il existe sur terre une seule vie au sens où toutes les espèces ont la même origine, ont des gènes de structure qui peuvent agir les uns sur les autres. Même les gènes des bactéries peuvent agir sur notre capital génétique et notre gène d’œil peut donner un œil supplémentaire à une mouche…

  • Quel gêne (et pas gène) y a-t-il à particulariser l’espèce humaine alors que ses réalisations culturelles et techniques rendent évidente sa capacité particulière ?

    • Parmi les capacités de l’homme, il convient de ne pas négliger celle d’étudier scientifiquement le monde, sans se particulariser, sans dépendre de ce monde au point de ne le voir que comme un monde à dominer. Plus l’homme maîtrisera sa propre existence du fait justement de ces découvertes culturelles et techniques, mais aussi de sa capacité à se débarrasser de son esclavage social, moins il aura besoin de faire dire à la nature qu’il lui serait supérieur et particulier…Il n’y a aucune gène à étudier de manière particulière l’homme, à condition justement de développer la conception dialectique selon laquelle il est particulier et, en même temps, qu’il n’est nullement particulier !!! Pas plus que les bactéries seraient particulières parce qu’elles seraient le contraire des archéobactéries et les pandas le contraire de leurs cousins ours parce qu’ils mangent des bambous…

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