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Pourquoi Octobre 1917 appartient aux travailleurs d’aujourd’hui comme à ceux d’hier

mercredi 23 mai 2012, par Robert Paris

Il existe de nombreux groupes politiques dans le monde qui se réclament de la révolution d’Octobre mais la plupart ont "oublié" que c’est la prise du pouvoir par des conseils ouvriers ou "oublié" que l’actualité d’octobre, c’est aussi celle de construire aujourd’hui des conseils de travailleurs ou de se battre pour défendre cette idée...

Le 7 novembre 1917, Lénine, s’adressant au Soviet des députés ouvriers et soldats de Pétrograd, déclarait :

« Camarades, la révolution des ouvriers et paysans est réalisée. Que signifie cette révolution ouvrière et paysanne ? C’est que nous aurons un gouvernement des Soviets, notre pouvoir à nous, sans la moindre participation de la bourgeoisie.(...) Les masses opprimées créeront elles-mêmes le pouvoir. »


Léon Trotsky
écrivait :

"La révolution Russe et mondiale

Sans le soulèvement armé du 7 novembre 1917, l’Etat soviétique n’existerait pas. Mais le soulèvement même n’était pas tombé du ciel. Pour la Révolution d’Octobre, une série de prémisses historiques était nécessaire.

1 - La pourriture des anciennes classes dominantes, de la noblesse, de la monarchie, de la bureaucratie ;

2 - La faiblesse politique de la bourgeoisie qui n’avait aucune racine dans les masses populaires ;

3 - Le caractère révolutionnaire de la question agraire ;

4 - Le caractère révolutionnaire du problème des nationalités opprimées ;

5 - Le poids social imposant du prolétariat ;

A ces prémisses organiques, on doit ajouter des conditions conjoncturelles hautement importantes :

6 - la Révolution de 1905 fut la grande école, ou selon l’expression de Lénine, la "répétition générale" de la Révolution de 1917. Les Soviets comme forme d’organisation irremplaçable du front unique prolétarien dans la révolution furent constitués pour la première fois en 1905 ;

7 - La guerre impérialiste aiguisa toutes les contradictions, arracha les masses arriérées à leur état d’immobilité, et prépara ainsi le caractère grandiose de la catastrophe."

Pourquoi Octobre 1917 appartient aux travailleurs d’aujourd’hui comme à ceux d’hier

Parce qu’Octobre 1917 a été le début d’une grande vague de libération des travailleurs et des peuples partie de Russie vers l’Europe de l’est, toute l’Europe et l’Asie, qu’elle a imposé la fin de la première guerre mondiale et des horreurs sans fin, qu’elle a contraint les impérialismes à des concessions vis-à-vis des peuples et des classes ouvrières que jamais les classes dirigeantes n’auraient fait sans elle.

Parce qu’Octobre 1917 n’est nullement la mise en place d’un système de parti unique mais la prise du pouvoir des conseils ouvriers, c’est-à-dire la participation des larges masses au pouvoir politique,

Parce qu’Octobre 1917 n’inaugure nullement une révolution russe mais le début d’une vague révolutionnaire des prolétaires du monde en train de se libérer,

Parce qu’Octobre 1917 entraîne dans un même mouvement la classe ouvrière des pays développés et les peuples opprimés,

Parce qu’Octobre 1917 offre une issue au monde amené au bord du gouffre par le capitalisme et l’impérialisme, entraînés dans la guerre mondiale par leurs propres contradictions,

Parce qu’Octobre 1917 ne menait nullement inéluctablement au stalinisme et que, sans la trahison des révolutions en Europe par la social-démocratie, les fruits d’Octobre n’auraient rien eu de staliniens,

Parce qu’Octobre 1917 a diffusé partout dans le monde la réponse des prolétaires à la grande question : que faire de l’Etat bourgeois et par quoi le remplacer. Les travailleurs russes ont détruit l’Etat bourgeois de fond en comble et ont donné le pouvoir à leurs comités. Les soviets ont fait connaitre mondialement cette réponse et ont montré aussi qu’ils n’avaient rien de proprement russes puisque des soviets sont nés partout, en Finlande, en Bavière, en Autriche, en Italie, en Allemagne, …

Parce qu’Octobre 1917 a fait connaitre mondialement les perspectives que développait Marx : les travailleurs eux-mêmes doivent diriger la politique et exercer le pouvoir d’Etat tant que les classes exploiteuses ne sont pas totalement dépossédées.

Parce qu’Octobre 1917 a donné la réponse des prolétaires sur la question paysanne et la question des nationalités, sur les réponses à donner aux couches intermédiaires entre prolétariat et bourgeoisie et a montré que ces réponses avaient une grande validité. Les prolétaires révolutionnaires russes représentaient une infime minorité et, après 1917, l’Etat russe n’était plus grand-chose. Ce n’est pas la répression du nouvel Etat mais la politique conquérante des prolétaires qui lui ont donné le soutien, l’adhésion ou sinon l’assentiment des masses petites bourgeoises russes. On a retrouvé les éléments des nationalités opprimées, les paysans pauvres au sein de l’armée qui s’est battue contre les puissances impérialistes coalisées et contre toutes les forces armées de Russie. Sans l’appui des paysans et des nationalités le pouvoir des soviets d’octobre n’aurait pas duré un jour. Ce n’est qu’avec le stalinisme que les paysans et les peuples ont à nouveau connu l’oppression, la terreur et le mépris d’Etat.

Parce qu’Octobre 1917 n’est pas la mise en place progressive du stalinisme, contrairement au discours des staliniens eux-mêmes comme à celui des bourgeoisies du monde ainsi que des historiens et journalistes à leur service. Tout oppose le stalinisme et le pouvoir d’octobre : pouvoir démocratique des soviets, droits des peuples, alliance ouvriers-paysans, internationalisme, pas d’entente avec l’impérialisme... Le stalinisme est au contraire le résultat de l’échec de la révolution internationale, produisant l’isolement de la Russie. Mais ce n’est pas, à nos yeux, un échec politique nécessitant de remettre fondamentalement en cause la politique de Lénine et Trotsky qui reste pour nous une boussole, mais bien sûr pas une bible. Lénine disait lui-même en 1920 que les révolutions prolétariennes de pays plus développés que la Russie tsaristes dépasseraient très vite les étapes russes et que l’on ne devait pas calquer une politique sur ce qui s’était fait en Russie. Bien évidemment, le stalinisme est tout à fait à bannir comme référence d’une politique réellement communiste.

Parce qu’Octobre 1917 est le nouveau drapeau, après la Commune de Paris de 1871, des avancées du prolétariat, la politique du parti bolchevique ayant permis à aller jusqu’au pouvoir aux conseils ouvriers, alors que cela n’a pas pu être tenté ailleurs du fait des partis dominants. Les sociaux-démocrates allemands ont détourné la révolution des conseils de 1918-19 avant de l’assassiner. Dirigeants de la plus grande révolution prolétarienne de l’Histoire, celles d’Espagne de 1936, les anarchistes de la CNT-FAI et les POUMistes ont capitulé devant les partis républicains bourgeois et les staliniens. Du coup, Octobre 1917 reste notre principal drapeau et le restera jusqu’à la prochaine vague de prise de pouvoir par des conseils ouvriers.

Parce qu’Octobre 1917 reste la réponse au monde actuel toujours dominé par l’impérialisme, par les contradictions capitalistes qui explosent actuellement à nouveau, menant pour les mêmes raisons fondamentales aux mêmes fascismes, dictatures et guerres mondiales et nécessitant toujours la révolution prolétarienne et son débouché : le pouvoir aux conseils ouvriers.

Parce qu’Octobre 1917 n’est nullement entaché par les pouvoirs de Staline, de Mao, des Khmers rouges, de Castro, de Tito, des pays de l’Est, ou de Ho Chi Minh. Ces divers pouvoirs ne sont nullement issus de la vague de la révolution prolétarienne débutée en octobre 1917 ni du pouvoir soviétique de 1917 à 1923, c’est-à-dire de l’époque où la révolution prolétarienne dominait en Russie. Ce sont des résultats de la contre-révolution, de la guerre et des ententes entre grandes puissances qui se sont partagé le contrôle policier du monde, c’est-à-dire tout le contraire de la révolution prolétarienne. Il suffit pour s’en convaincre de voir que la dictature du parti unique communiste en Chine n’est en rien contraire au développement du capitalisme chinois. Le stalinisme est un allié du capitalisme et n’a rien à voir avec le communisme.

Parce qu’Octobre 1917 est le seul exemple d’un internationalisme militant s’appuyant sur un pouvoir ouvrier pour étendre la révolution au monde entier, en aidant les travailleurs du monde à se constituer en organisation communiste internationale. Bien sûr, tout cela a été marqué par la gangrène stalinienne qui a transformé l’internationale en bureau d’enregistrement des décisions de la bureaucratie russe avant de fermer boutique. Lors de l’écroulement de l’URSS et des pays de l’Est, ces bureaucraties se sont volontairement jetées dans les bras du capitalisme, montrant non l’échec du communisme mais ce qui n’avait cessé d’être leur collusion avec les impérialismes.

Parce qu’Octobre 1917 continuera à donner une boussole à la révolution de demain et qu’elle continue dès maintenant à aider les révolutionnaires qui veulent être conséquents à s’orienter dans les événements et dans les confrontations.

La révolution russe de 1917, exposée par Trotsky

Messages

  • Parce qu’Octobre 1917 est le seul exemple d’un internationalisme militant s’appuyant sur un pouvoir ouvrier pour étendre la révolution au monde entier, en aidant les travailleurs du monde à se constituer en organisation communiste internationale. Bien sûr, tout cela a été marqué par la gangrène stalinienne qui a transformé l’internationale en bureau d’enregistrement des décisions de la bureaucratie russe avant de fermer boutique. Lors de l’écroulement de l’URSS et des pays de l’Est, ces bureaucraties se sont volontairement jetées dans les bras du capitalisme, montrant non l’échec du communisme mais ce qui n’avait cessé d’être leur collusion avec les impérialismes.

    Parce qu’Octobre 1917 continuera à donner une boussole à la révolution de demain et qu’elle continue dès maintenant à aider les révolutionnaires qui veulent être conséquents à s’orienter dans les événements et dans les confrontations.

  • Une réunion publique se tiendra Dimanche 2 Décembre 19h30 à l’AGECA (177 rue de Charonne) à propos du centenaire de la révolution d’Octobre : les leçons de la Gauche communiste d’Italie.

  • On voit la faillite des efforts pour discréditer la Révolution d’octobre et les efforts futurs pour réaliser le socialisme. Le quart de siècle écoulé depuis la dissolution de l’URSS a été marqué par l’intensification de la crise sociale, politique et économique. Nous vivons dans une époque de guerre perpétuelle. Depuis l’invasion américaine de l’Irak en 1991, le nombre de vies détruites par les bombes et les missiles américains dépasse le million. Les conflits géopolitiques s’intensifient, et le déclenchement d’une troisième guerre mondiale est de plus en plus vu comme étant inévitable.

    La crise économique de 2008 a exposé la fragilité du système capitaliste mondial. Les tensions sociales s’accumulent sur fond des inégalités les plus élevées depuis un siècle. Les trois personnes les plus riches des États-Unis possèdent plus de richesses que les 50 pour cent les plus pauvres de la population de ce pays. Les riches ne sont pas simplement « différents ». Ils vivent tous sur une planète différente, complètement coupés de la réalité vécue chaque jour par des masses des gens.

    Ils savent eux-mêmes que ceci ne peut durer éternellement. Les idées et les idéaux de l’égalité sociale et des droits démocratiques sont trop profondément ancrés parmi les masses. Les institutions traditionnelles de la démocratie bourgeoise étant incapables de supporter la pression de l’escalade du conflit social, les élites dirigeantes se tournent de plus en plus ouvertement vers l’autoritarisme. L’Administration Trump n’est qu’une manifestation dégoûtante de l’effondrement universel de la démocratie bourgeoise. Le rôle de l’armée, de la police et du renseignement dans la gestion de l’État capitaliste est de plus en plus manifeste.

    Tout au long de cette année, on a publié d’innombrables articles et livres afin de discréditer la Révolution d’octobre. Mais les déclarations de « l’insignifiance » d’octobre sont démenties par l’hystérie qui imprègne tant de ces dénonciations. La Révolution d’octobre n’est pas traitée en tant qu’événement historique, mais comme une menace contemporaine durable et dangereuse.

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