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Bulletin La Voix des Travailleurs de la Traction de Gare de l’Est

samedi 9 juin 2012, par Robert Paris

« A voté » ne veut pas dire « a décidé de l’avenir »

Une partie des cheminots et certaines équipes militantes syndicales comptent sur l’élection présidentielle pour éviter la casse, la destruction et la privatisation du service public ferroviaire et l’ont clairement laissé entendre. Qu’ils n’encaissent pas Sarkozy n’a rien d’étonnant mais comment avoir des illusions dans le parti socialiste qui avait été, quand il était au pouvoir, un véritable artisan de la montée des marchés financiers et de la privatisation des services publics ? Hollande n’a levé sur ce plan aucune ambiguïté et ne s’engage à rien. Il n’y a rien à attendre de l’élection et aucune désillusion à avoir ensuite !

Rien à attendre de la gauche…à part des sales coups !

François Hollande pourrait-il présider à la privatisation de la SNCF, comme le tout nouveau premier ministre Lionel Jospin, en septembre 1997, avait présidé à celle de France Télécom ? En tout cas l’affaire a déjà été mise sur rails par le gouvernement Fillon – et l’ex-socialiste à la tête de la SNCF, Guillaume Pépy. Les « Assises du ferroviaire » qui se sont tenues de septembre à décembre 2011, organisées par le gouvernement sortant, la direction de la SNCF et le patronat des entreprises ferroviaires privées, ont défini dans ses grandes lignes le plan d’attaques contre les cheminots. Au programme : remise en cause du statut des cheminots dès 2012, ouverture à la concurrence du transport régional de voyageurs pour 2014, éclatement de l’entreprise entre l’ « infrastructure » (c’est-à-dire tout ce qui concerne le réseau) et l’ « exploitation » (le service de transport).

La concurrence : un train de privatisations peut en cacher un autre

Sept ans après sa création, la filiale française du géant allemand de fret ferroviaire DB Schenker (groupe Deutsche Bahn) titille la SNCF sur des marchés d’envergure. Avec le contrat remporté en 2011 pour le transport de véhicules du groupe PSA face à l’opérateur public, Euro Cargo Rail va capter 20 % du marché du fret ferroviaire français. Son nouveau hub ferroviaire basé près de Dijon et mis en service en décembre. Il sera notamment dédié au transport des véhicules du groupe PSA pour le compte de Gefco, leader européen en logistique automobile (3,78 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2011), lui-même filiale du constructeur français. Plus de 500 000 voitures neuves transiteront chaque année par la gare de triage de Gevrey, inaugurée ce jeudi. Remporté en 2011, ce contrat d’un montant annuel de 20 millions d’euros sur cinq ans, assurera dès 2012 à ECR 10 % de son chiffre d’affaires. Euro Cargo Rail loue 37 voies à RFF. Surtout, ce contrat va faire progresser les parts de marché d’Euro Cargo rail, qui vont passer de 16 % en 2011 à 20 % dès cette année avec un chiffre d’affaires en hausse de 25 %. La filiale de DB Schenker Rail vise en 2012 le retour à l’équilibre après une année 2011 en deçà des prévisions (1,8 million d’euros de pertes).

Nous laisserons-nous nous faire battre les uns après les autres ?

La SNCF a entrepris un découpage par activités avec la création de sept « Directions Fret » (DF). Chacune est consacrée à une activité particulière, par exemple : Autochem pour les produits chimiques, Sol & rail pour les produits agricoles et miniers, Combi express pour les containers. Ces Directions Fret disposent d’une complète autonomie de gestion qui les prépare à la filialisation, voire à la privatisation. Car, si le prétexte avancé par la direction de la SNCF est de réagir de façon plus performante à la concurrence (que la SNCF se fait d’ailleurs elle-même !), l’objectif est de réduire les coûts et le personnel, d’augmenter la charge et les cadences de travail. 5 000 postes ont d’ailleurs été supprimés sur 15 000 en quelques années. Ces nouvelles entités pourront aussi engager des cheminots hors statut. Quant aux cheminots affectés à ces DF, le patron leur propose de signer de nouveaux contrats qui peuvent comporter des dérogations au statut en échange de primes.

Une discrimination scandaleuse

Début mai, 82 camarades marocains, salariés ou retraités, assignaient devant les Prud’hommes pour discrimination leur employeur, la SNCF.

Comme beaucoup de grandes entreprises françaises à la même époque, dans les années 1970 la SNCF est allée recruter une main-d’œuvre à bon marché au Maroc. Elle y a embauché environ 2.000 travailleurs, leur faisant signer un contrat « pour travailleur étranger », mais qui leur garantissait, en principe, les mêmes conditions qu’aux salariés de nationalité française. Ce contrat précisait notamment que « le travailleur étranger a droit au même régime de travail que les ouvriers français... doit recevoir à travail égal une rémunération égale à celle de l’ouvrier français de même catégorie ». En fait la SNCF n’a tenu aucun de ses engagements. Durant de longues années, nos camarades ont été moins payés, n’ont pas eu droit à certaines primes, n’ont pas bénéficié des mêmes possibilités d’évolution de carrière, soumis au régime général de la retraite du secteur privé, ils ont dû partir en retraite beaucoup plus tard et avec une retraite beaucoup plus faible que leurs collègues « français ».

Chaque plaignant réclame à la SNCF 350.000 à 500.000 euros à titre de compensation pour le dommage qu’ils ont subi. La décision des Prud’hommes a été renvoyée à janvier 2013... comme ont été renvoyées à plus tard les 25 audiences qui ont précédé celle du 2 mai.

Ce n’est en effet pas la première fois que la SNCF est assignée devant les tribunaux pour ce motif, et qu’elle joue la montre. Au total, plusieurs centaines de nos camarades marocains lui demandent aujourd’hui des comptes et réclament, à juste titre, réparation.


Les prétendus "sauveurs" de nos emplois sont leurs destructeurs…

« « Au premier trimestre, le nombre de plans de sauvegarde de l’emploi a baissé de 22 % par rapport à 2011. Mais la campagne électorale passée, les plans « mis au congélateur » sont en passe de ressortir. Et les fermetures d’usines risquent de se multiplier. » écrit le journal patronal Les Échos. Tous reprennent le même discours : le gouvernement Hollande et son ministre des licenciements Montebourg, les syndicats, la presse,… Et pourtant, tous n’avaient rien dit pendant l’élection présidentielle alors que tous le savaient.

Oui, tous se taisaient et respectaient le mensonge électoral comme nous le disions dans notre éditorial des bulletins d’entreprise La Voix des Travailleurs du 1er mars 2012 intitulé : « Face au tsunami des licenciements qui approche, les syndicats et partis politiques de gauche ne nous y préparent ni ne s’y préparent absolument pas… » Aujourd’hui, c’est la une de la presse : le gouvernement reçoit les syndicats de salariés et de patrons pour parler de cette vague de suppressions d’emplois !!!

La CGT, qui n’en disait mot pendant les élections, a déclaré qu’elle rencontrait le premier ministre Ayrault pour « tirer la sonnette d’alarme » et livrer au gouvernement une liste de 46 entreprises où les emplois seraient menacés ce qui correspondrait à 45 000 emplois menacés.

Le débat est ainsi porté sur la responsabilité de l’ancien gouvernement de Sarkozy d’avoir … retardé les suppressions d’emplois pour des motifs prétendument électoralistes. Alors que ce sont les classes dirigeantes qui préparent depuis des mois une attaque en règle contre l’ensemble de la classe ouvrière. Qui en a parlé durant cette campagne électorale ?

La réponse syndicale, loin de la proposition d’une riposte de classe des travailleurs, est une discussion avec les patrons sous l’égide de l’État, prétendu impartial car sous la houlette du Parti socialiste…

Et face à ces 90 000 emplois détruits à venir, que compte faire la gauche au gouvernement qui le sait depuis belle lurette ? Des réunions entre syndicats et patronat, pour parler. Mais de quoi ? Loin de vouloir intervenir contre le patronat, le gouvernement de gauche agit en sa faveur. Il s’agit, pour que ces suppressions d’emplois aient lieu dans un climat apaisé, que les salariés pensent que le gouvernement a tout fait pour en limiter l’ampleur alors qu’il aura tout fait pour aider les entreprises qui licencient. Le MEDEF l’a même déjà félicité de cette posture dans le journal patronal Les Échos du 11 mai :

« L’approche de François Hollande sur le dialogue social correspond très largement à ce que nous préconisons depuis longtemps. Beaucoup de commentateurs soulignent les points de désaccord entre le patronat et la gauche, et passent sous silence les points d’accord. »

D’après Montebourg, le redressement de l’industrie "suppose que les idées de tout le monde doivent pouvoir s’unir pour trouver des solutions". "Solutions privées, solutions publiques, alliance du privé et du public, c’est comme ça, au cas par cas, que nous remonterons notre économie", a-t-il insisté. Cela signifie que patrons et salariés seraient dans la même galère. Lui même « n’exclut pas des échecs ».

Eh bien, comme pour les retraites, la partie entre ces 3 compères (syndicats/État/bourgeoisie) est déjà jouée d’avance.

Les directions syndicales, les partis de gauche et le gouvernement reconnaissent qu’il y a un danger grave pour les emplois mais...

MAIS il n’y a pas de lutte d’ensemble, pas de projet même de manifestation commune...

MAIS ils croient qu’il faut qu’ils comptent sur Hollande… Certes les syndicats appellent, comme la CGT à « rester mobilisés » mais elle propose l’attentisme et de croire au nouveau gouvernement…Tout leur discours est de prétendre que l’État bourgeois doit sauver les travailleurs.

MAIS ils se battent site par site, entreprise par entreprise et ne sont pas en train de coordonner leurs actions.

MAIS ils suivent les directions syndicales qui recommencent à les promener… comme elles l’ont fait dans la lutte des retraites c’est-à-dire vers la défaite malgré de larges possibilités.

MAIS ils sont menés en bateau par les prétendus projets de reprise qui finissent par des licenciements. Comme s’il fallait trouver des « solutions économiques » dans un monde qui n’a plus aucune solution économique…

MAIS ils ne lient pas leur lutte à celle des CDD, des sous-traitants, des chômeurs.

MAIS ils ne lient pas les suppressions d’emplois publics aux licenciements du privé.

MAIS ILS SONT TOUS CONTRE LA FORMATION DE COMITÉS DE TRAVAILLEURS FÉDÉRÉS DANS TOUT LE PAYS….

la suite

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