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Révoltes de la jeunesse et mouvement ouvrier

jeudi 12 juillet 2012, par Robert Paris

Révoltes de la jeunesse et mouvement ouvrier

Dans la période récente, on a assisté à de multiples mobilisations de la jeunesse, soit la jeunesse pauvre, soit la jeunesse estudiantine, soit la jeunesse révolutionnaire, mais ces mobilisations n’ont pas débouché parce que les travailleurs n’ont jamais été appelés à bouger le petit doigt en faveur de ces jeunes. Or, plusieurs fois, la sympathie existait bel et bien et même les familles, les travailleurs, n’avaient attendu aucun mot d’ordre des appareils syndicaux pour montrer leur soutien. On peut même dire que le soutien des appareils syndicaux à l’Etat bourgeois a été marquant dans plusieurs cas…

Lorsque ces révoltes de la jeunesse ont été des émeutes, bien des fois les dirigeants syndicaux étaient même plutôt du côté des forces de l’ordre.

Jeunesse de Grèce, de Grande Bretagne, de France, de Tunisie, d’Algérie, du Chili, de Guinée, du Burkina Faso, du Mali ou du Québec ont eu à constater le décalage entre leurs explosions de colère et les préoccupations des leaders syndicaux.

En France, de multiples mouvements ont démontré ce décalage : mouvement de 1968, antiCIP, antiCPE, banlieues, pour ne citer que ceux-là…

QUEBEC

Le 22 mars 2012, 316 000 étudiants québécois étaient en grève, sur un total de 420 000 étudiants au Québec. La manifestation étudiante du 22 mars 2012 a rassemblé entre 100 000 et 200 000 étudiants et membres de la société civile. Le 23 mai 2012, soit plus de trois mois depuis le début du conflit, 154.163 étudiants regroupés au sein de 161 associations étaient toujours en grève, chacune de ces associations ayant reconduit son propre mandat de grève générale illimitée. Au 59e jour de grève, alors que les injonctions forçant la reprise des classes se multiplient, 500 professeurs d’université (au 12 avril), représentant plusieurs domaines d’étude et la majorité des établissements universitaires, énoncent « une position générale, minimale, qui marque clairement la place des professeurs et professeures aux côtés des étudiants ».

La loi 78 suspend jusqu’à la mi-août les sessions affectées par la grève étudiante, qu’elle nomme « boycott » (et qui touche 30 % de la clientèle inscrite). De plus, notamment, cette loi assujettit toute manifestation à des règles très strictes, sous peine d’amendes considérées démesurées. Ainsi, son article 16 décrète que :

« Une personne, ou toute autre personne n’étant pas du gouvernement, un organisme ou un groupement qui organise une manifestation de 50 personnes ou plus qui se tiendra dans un lieu accessible au public doit, au moins huit heures avant le début de celle-ci, fournir par écrit au corps de police desservant le territoire où la manifestation aura lieu les renseignements suivants :

1- la date, l’heure, la durée, le lieu ainsi que, le cas échéant, l’itinéraire de la manifestation ;

2- les moyens de transport utilisés à cette fin.

Lorsqu’il juge que le lieu ou l’itinéraire projeté comporte des risques graves pour la sécurité publique, le corps de police desservant le territoire où la manifestation doit avoir lieu peut, avant sa tenue, exiger un changement de lieu ou la modification de l’itinéraire projeté afin de maintenir la paix, l’ordre et la sécurité publique.
Quiconque contrevient à une disposition de l’article 3, du premier alinéa de l’article 10, de l’article 11, du deuxième alinéa de l’article 12 ou des articles 13, 14, 15, 16 ou 17 commet une infraction et est passible, pour chaque jour ou partie de jour pendant lequel dure la contravention, d’une amende de 1 000$ à 5 000$.

Après l’entrée en vigueur de la loi 78, les manifestations de rue continuent à se tenir mais, à cause des montants en jeu, personne n’ose d’avance en divulguer l’itinéraire, ce qui les rend d’emblée chacune « illégale », car personne ne désire être considéré comme un de leurs organisateurs.

Malgré un climat à la révolte générale contre la répression, le seul appui de certains syndicats a consisté à appeler à la manifestation du 22 mai…

Le passage de la loi 78 qui criminalise la lutte étudiante et bafoue le droit de manifester démontre que la classe dirigeante est prête à utiliser des méthodes autoritaires et antidémocratiques pour imposer son programme de classe – le démantèlement des services publics et l’appauvrissement de larges couches de la population.

Cet assaut sur les conditions de vie et les droits démocratiques ne peut être repoussé par une simple protestation, aussi militante soit-elle, autour de la seule question des frais de scolarité.

Ce qui est requis c’est la mobilisation indépendante des travailleurs, en opposition aux syndicats pro-capitalistes, dans une contre-offensive contre les coupes budgétaires, la destruction des emplois et la réduction des salaires. Une telle mobilisation doit s’inscrire dans le cadre d’une lutte politique unifiée des travailleurs francophones, anglophones et immigrés du Canada pour l’établissement d’un gouvernement ouvrier. Un tel gouvernement utilisera les vastes ressources créées par le labeur collectif des travailleurs pour satisfaire les besoins sociaux de tous, et non les profits individuels d’une minorité.

Les quatorze dernières semaines de grève étudiante ont démontré la faillite de la perspective mise de l’avant par la CLASSE, l’association étudiante qui a amorcé le mouvement de grève. Ses dirigeants ont soutenu, alors que le gouvernement Charest mobilisait la police et les tribunaux pour écraser la grève, que des manifestations et des actions isolées de « perturbation économique et sociale » seraient suffisantes pour amener le gouvernement à la table de négociation pour une résolution à l’amiable du conflit.

Cette politique de protestation a amené la CLASSE à signer, aux côtés de la FEUQ et de la FECQ – des associations étudiantes proches de la bureaucratie syndicale et du parti de la grande entreprise qu’est le Parti québécois – une entente de principe avec le gouvernement qui acceptait le cadre budgétaire fixé par ce dernier, y compris la hausse de 80 pour cent des frais de scolarité postsecondaire, et abandonnait le principe que l’éducation est un droit social. L’entente a été rejetée par l’immense majorité des étudiants.

Les dirigeants de la CLASSE et des autres associations étudiantes ont rejeté la seule perspective qui ouvrait une voie de l’avant aux étudiants en grève, à savoir : un tournant vers la classe ouvrière, la seule force sociale capable d’apporter une solution progressiste à la crise capitaliste.

Les leaders étudiants ont insisté pour traiter la hausse des frais de scolarité comme une question à part, alors qu’elle fait clairement partie d’une stratégie d’ensemble de l’élite dirigeante. Ils ont passé sous silence que la hausse des frais de scolarité au Québec s’inscrit dans le vaste programme d’austérité mis en branle par la classe dirigeante partout au Canada et dans le monde pour faire payer les travailleurs et la jeunesse pour la crise financière mondiale.

Les syndicats, qui prétendent appuyer les étudiants pendant qu’ils isolent systématiquement leur lutte, ont joué un rôle central en faisant pression sur les dirigeants étudiants pour qu’ils acceptent les conditions du gouvernement. Présents durant les 22 heures qu’ont duré les négociations, le vendredi 4 et le samedi 5 mai, les présidents des trois principales centrales syndicales du Québec ont été catégoriques : les dirigeants étudiants devaient accepter l’entente. « Nous leur avons dit », a confié le président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Louis Roy, au journal The Gazette, « qu’ils avaient obtenu le maximum du gouvernement cette journée-là ; que le gouvernement n’irait pas plus loin. »

Dans les jours qui ont précédé les négociations du week-end dernier, les chefs syndicaux n’ont cessé de répéter combien la « paix sociale », c’est-à-dire la libre domination de la vie sociale, économique et politique par la grande entreprise, était menacée par la confrontation entre le gouvernement et les étudiants.

À la consternation du gouvernement, des grands médias et de toutes les sections de l’ordre établi, y compris de la bureaucratie syndicale, les 170 000 étudiants en grève ont rejeté massivement l’entente.
En date du 9 mai, soit mercredi soir, les étudiants de 14 cégeps avaient rejeté l’entente, tandis que seulement deux cégeps avaient voté en faveur. Et pas un seul département universitaire en grève n’avait alors appuyé l’entente.

Jeudi, la CLASSE (Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante) a été la première des trois fédérations étudiantes à rejeter officiellement l’entente.
Les deux autres fédérations - la FECQ (Fédération étudiante collégiale du Québec) et la FEUQ (Fédération universitaire du Québec) - ont signalé qu’elles pourraient accepter l’offre gouvernementale d’une entente reformulée.

La présidente de la FEUQ, Martine Desjardins, s’est offusquée des déclarations de la ministre de l’Éducation Line Beauchamp et d’autres ministres libéraux selon lesquelles la tâche de trouver des économies dans le système d’éducation incombait aux représentants étudiants sur le comité, et non à tous ses membres. Comme si cela allait changer quoi que ce soit au caractère de l’entente.

La FECQ et la FEUQ sont officiellement alignées sur la bureaucratie syndicale à travers la fameuse Alliance sociale et ont à maintes reprises qualifié le Parti Québécois, un parti de la grande entreprise que les syndicats appuient, d’allié des étudiants.

Bien que la direction de la CLASSE use d’une rhétorique plus militante, sa perspective est fondamentalement la même. D’une part, elle vise à séparer l’opposition étudiante à la hausse des frais de scolarité de toute opposition plus large au programme d’austérité du gouvernement libéral de Charest et du gouvernement conservateur fédéral. Elle cherche aussi à négocier une entente basée sur le cadre financier réactionnaire établi par les représentants politiques de la grande entreprise. Elle veut négocier avec un gouvernement qui soutient depuis 13 semaines que la hausse des frais de scolarité est non négociable et qui mène une campagne sans précédent de répression contre les étudiants en grève. De plus, elle présente la bureaucratie syndicale comme un allié des étudiants.

« C’est au gouvernement d’agir dans cette situation-là », a affirmé jeudi le porte-parole de la CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois, en annonçant le rejet de l’entente par la CLASSE. « Il va falloir des gestes concrets pour régler la situation. Ça veut dire ouvrir une nouvelle ronde de négociations et pas traiter des frais afférents, pas traiter des prêts et bourses. Traiter enfin des frais de scolarité. »
Ce qui a plutôt été démontré au cours des trois derniers mois est que le conflit entre les étudiants et le gouvernement ne peut être résolu par des négociations, car il est l’expression d’un conflit entre forces de classe opposées qui ont des programmes opposés. Le gouvernement et l’élite sont déterminés à démanteler ce qui reste des gains sociaux faits par la classe ouvrière à travers les luttes sociales du siècle dernier ; tandis que les étudiants, bien qu’implicitement (et c’est le talon d’Achille du mouvement actuellement), s’opposent au programme d’austérité de l’élite dirigeante et luttent pour la conception qu’il y a des droits sociaux.

Pour triompher dans leur lutte, les étudiants doivent en faire l’étincelle d’une mobilisation de la classe ouvrière à travers le Québec et le Canada contre l’assaut de la grande entreprise sur les salaires, les emplois et les services publics. Cette lutte doit viser le développement d’un mouvement politique indépendant de la classe ouvrière voué à réorganiser radicalement la vie économique pour qu’elle soit basée sur les besoins humains, et non sur le profit privé.

À une manifestation étudiante plus tôt cette semaine à Montréal, le World Socialist Web Site s’est entretenu avec des étudiants sur l’entente négociée durant le week-end. Depuis plus de deux semaines, les étudiants et leurs partisans organisent des manifestations de nuit à travers le centre-ville de la plus grande ville du Québec.

Le président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la deuxième plus importante centrale syndicale du Québec, a balayé d’un revers de main toute possibilité que les syndicats organisent un mouvement de revendication, même limité, contre le gouvernement libéral de Jean Charest, son programme d’austérité et la draconienne loi 78.

Après l’adoption de la loi 78, une loi qui criminalise la grève étudiante et impose de sévères restrictions au droit de manifester pour n’importe quelle cause, n’importe où au Québec, les dirigeants de la CLASSE (Coalition élargie de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante) ont suggéré que la lutte s’élargisse à travers une « grève sociale ».

Le caractère de cette « grève sociale », sa durée, sa direction et son objectif, n’ont pas été précisés. Cependant, la CLASSE, qui a défendu depuis longtemps l’idée que les étudiants pouvaient forcer le gouvernement à abandonner sa hausse des frais de scolarité à l’aide d’une campagne de protestation à cause unique, conçoit clairement la « grève sociale » comme un plus grand mouvement de protestation qui impliquerait les syndicats et les organismes communautaires dans un ou plusieurs « jours de mobilisation ». Par « grève sociale », la CLASSE n’entend pas une grève générale qui aurait pour but de renverser le gouvernement Charest et de développer un mouvement politique de la classe ouvrière au Québec et à travers le Canada dans le but de lutter pour un gouvernement ouvrier.

Mais pour les syndicats, toute mobilisation des travailleurs de la base et tout mouvement qui s’approche d’une grève politique sont une abomination.

Les syndicats cherchent depuis longtemps à mettre un terme à la grève étudiante, justement parce qu’ils craignent qu’elle devienne le catalyseur d’un mouvement de masse de la classe ouvrière. Début mai, les présidents des trois principales centrales syndicales de la province sont venus prêter main-forte à Charest et à la ministre de l’Éducation Line Beauchamp (qui a depuis été remplacée par Michelle Courchesne) pour forcer les dirigeants de la CLASSE et les autres associations étudiantes plus modérées à accepter une entente au rabais qui fut ensuite massivement rejetée par les étudiants. Aussitôt la loi 78 adoptée, les syndicats ont annoncé qu’ils allaient respecter toutes ses clauses, y compris celles qui stipulent qu’ils doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour s’assurer que les enseignants et les autres employés des universités et des cégeps aident le gouvernement à briser la grève étudiante.

Les syndicats orchestrent maintenant une campagne pour détourner la grève étudiante et le mouvement d’opposition plus large provoqué par la loi 78 derrière le Parti québécois propatronal – comme le démontre le slogan de la Fédération des travailleurs du Québec : « Après la rue, les urnes » – et ils cherchent à étouffer tout appel à une « grève sociale ».

Plus tôt ce mois-ci, les Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre, une faction non officielle du PQ qui sert de porte-parole à la bureaucratie syndicale, ont publié une lettre dénonçant la « grève sociale », affirmant que cela allait être à l’avantage de Charest.
Et il a été révélé que le président de la FTQ, Michel Arsenault, a écrit au président du Congrès du travail du Canada, Ken Georgetti, pour demander que les syndicats à l’extérieur du Québec n’offrent aucun appui aux étudiants en grève. « La situation au Québec, a écrit Arsenault, est très volatile. … [L]es sections les plus radicales appellent à la grève sociale et nous ne croyons pas qu’il s’agisse de la stratégie à adopter pour le moment. … [L]a meilleure approche est de faciliter une entente et non d’attiser les feux. »

Le président de la CSN, Louis Roy, s’est quant à lui opposé à la grève sociale dans une allocation publique, alors qu’il réagissait aux remarques faites par le porte-parole de la CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois, lors d’un colloque tenu le 9 juin et organisé par Alternatives, un groupe de protestation altermondialiste.

« L’évènement a été le théâtre de tentatives de rapprochement alors que Gabriel Nadeau-Dubois interpelait dans ce sens la CSN », peut-on lire dans un compte-rendu du colloque publié sur le site internet d’Alternatives. « Le porte-parole de la CLASSE a appelé à une grève sociale en septembre, soulignant que la conjoncture y était présentement favorable et qu’il faudrait peut-être attendre 20 ans avant de voir une telle fenêtre d’opportunité se représenter de nouveau. »

Roy a réagi en rejetant catégoriquement l’appel à une « grève sociale », prétextant que les travailleurs ne l’appuieraient jamais. Roy a ainsi soutenu que les travailleurs n’allaient pas lutter, car ils sont trop conservateurs, vivant dans le « confort et l’indifférence », parce qu’ils sont trop opprimés pour réaliser qu’ils sont exploités et parce qu’ils sont intimidés par les lois antisyndicales draconiennes.
« Ça serait leur demander peut-être de prendre un risque trop grand à ce moment-ci » a déclaré Roy en mentionnant une série de lois répressives, dont la loi 160 qui menace d’imposer de sévères sanctions criminelles aux travailleurs de la fonction publique s’ils font grève.

Pour défendre tant bien que mal sa virulente opposition à toute mobilisation de la classe ouvrière contre le gouvernement Charest, Roy a argumenté : « Je vais vous dire sincèrement, la question de la grève sociale au Québec, nous n’avons aucune expertise, personne, là-dedans. » Quelques instants plus tard, il a laissé entendre que, bien qu’il s’opposait à ce genre de mobilisation maintenant, il ne rejetait pas l’idée pour toujours : « Moi je ne suis pas d’accord avec Gabriel sur le fait que la prochaine fenêtre sera peut-être dans 15 ou 25 ans. »
Roy, qui a fait carrière au sein de la bureaucratie de la CSN en se présentant « à gauche », a commencé sa critique de la « grève sociale » en dépeignant la CSN sous des couleurs « radicales ». Il a d’abord fait référence à une résolution adoptée par la centrale il y a 40 ans « demandant l’abolition du capitalisme ». Il a ensuite salué la grève d’un jour que les syndicats avaient organisée au Québec et à travers le Canada en 1976 pour protester contre le contrôle des salaires imposé par le gouvernement libéral Trudeau. Il a finalement sauté au début des années 2000 pour affirmer que « nous à la CSN, on a décidé de revenir à ce qu’on appelle la ligne du risque ».

La « revue historique » de Roy n’était, demeurons polis, que supercherie.

La résolution de 1972, pour commencer, n’était qu’une adaptation verbale et temporaire au grand soulèvement des travailleurs qui a secoué le Québec à l’époque et qui faisait partie d’une offensive révolutionnaire naissante de la classe ouvrière internationale : la grève générale de 1968 en France, la révolution portugaise de 1974-75 et la grève des mineurs britanniques de 1974 qui a forcé la démission du gouvernement conservateur de Ted Heath.

La CSN et les autres centrales syndicales ont ensuite torpillé cette rébellion des travailleurs au Québec en l’isolant des luttes de la classe ouvrière dans le reste de l’Amérique du Nord, et en le détournant derrière le nationalisme québécois et le parti de la grande entreprise qu’est le Parti québécois.

Les quelque trois décennies par-dessus lesquelles Roy a sauté dans son histoire bâclée de la CSN ont été marquées par les efforts constants des syndicats pour supprimer toute lutte ouvrière contre l’assaut patronal sur les emplois, les salaires et les programmes sociaux, et pour intégrer les appareils syndicaux à de nombreux comités tripartites dans lesquels la bureaucratie joue le rôle d’assistant du patronat et de l’État pour intensifier l’exploitation de la classe ouvrière.

Durant les années 1980, la CSN et les autres centrales syndicales ont saboté à maintes reprises des grèves militantes qui menaçaient le gouvernement provincial. Le cas le plus infâme est quand, en 1983, ils ont isolé une grève des professeurs contre le gouvernement péquiste de René Lévesque qui avait rouvert les conventions collectives pour leur imposer une baisse salariale de 20 pour cent.

En 1996, la CSN et les autres centrales syndicales ont participé au sommet socio-économique du gouvernement péquiste de Lucien Bouchard, donnant leur soutien à des coupes drastiques dans les dépenses sociales au nom du « déficit zéro ». Les retraites anticipées prévues dans ce plan ont été utilisées par le gouvernement pour éliminer des dizaines de milliers de postes dans les réseaux de la santé et de l’éducation. Lorsque les infirmières se sont révoltées en 1999 contre les conditions horribles causées par ces coupes, les syndicats les ont laissées affronter seules le gouvernement et sa brutale loi antigrève.

Roy a ensuite tenté de justifier son opposition à toute mobilisation, même limitée, contre le gouvernement Charest en prétendant qu’ « en 2004, on [les syndicats] a voulu faire une grève sociale », mais les travailleurs n’en voulaient pas. Cela n’est qu’un mensonge. En décembre 2003, une opposition de masse de la classe ouvrière a éclaté et a pris la forme de manifestations, de débrayages et de blocages de routes spontanés. Afin de reprendre le contrôle de ce mouvement, les syndicats ont lancé l’idée d’organiser une grève générale d’un jour, « après les vacances ». Après avoir démobilisé et dispersé le mouvement d’opposition, Roy et ses copains bureaucrates ont tenté de rejeter le blâme sur les travailleurs.

Les commentaires de Roy étaient empreints d’une hostilité pour les travailleurs qu’il est censé représenter. À un moment, il les a dénoncés, disant qu’ils étaient hostiles aux étudiants, et affirmant ensuite qu’ils avaient trop peur de défier les lois antisyndicales.
Car, n’a-t-il cessé de répéter, « on parle de renverser une idéologie qui est extrêmement bien implantée, et dans laquelle nos membres vivent un peu dans ... le confort et l’indifférence ».

Se plaignant du supposé manque d’ « éducation politique » des travailleurs, Roy a déclaré : « Ça fait plus de dix ans qu’on fait des tournées dans nos assemblées sur la question, par exemple, de l’accord de libre-échange, de la mondialisation, du néo-libéralisme. On a travaillé pendant toutes ces années-là, mais on n’arrive pas à récolter les fruits de notre travail. »

Il s’est par la suite contredit en argumentant que les travailleurs sont si exploités et se sentent si menacés par les sanctions brutales des diverses lois antigrève qu’ils sont terrifiés de participer à une « grève sociale ». « Expliquer le principe d’une grève sociale dans une assemblée, avec des gens qui sont déjà exploités, par exemple des travailleurs de Loblaw ou du marché Métro, ce n’est pas évident. … Quand on est devant des travailleuses et des travailleurs qui sont pratiquement au salaire minimum, ces chiffres-là d’amendes, ça fait peur au monde. … C’est la peur qui tient le peuple soumis. »
La réalité est que les syndicats ont systématiquement fait respecter les lois antigrève – de la même façon qu’ils ont juré de respecter la loi 78 – et lorsque des luttes ont éclaté pour défier ces lois, comme la grève des infirmières de 1999, ils les ont isolées et menées à la défaite.

La virulente opposition des syndicats à l’appel pour une grève sociale, leurs efforts concertés pour mettre un terme à la grève étudiante et leur tentative de détourner le mouvement d’opposition dans le mécanisme, contrôlé par la classe dirigeante, des élections et derrière le PQ propatronal montrent que ces organisations ne parlent pas au nom de la classe ouvrière et ne le représentent pas. Sous le contrôle d’une bureaucratie privilégiée dont les intérêts matériels découlent de leur rôle de policier du patronat au sein de la classe ouvrière, les syndicats sont des institutions soutenues par l’État qui étouffent la résistance de la classe ouvrière.

La mobilisation de la classe ouvrière en soutien aux étudiants et contre le programme d’austérité de Charest, de Harper et de toute la classe dirigeante ne peut se produire à travers ces organisations procapitalistes. Cette mobilisation ne peut se développer que dans une rébellion des travailleurs de la base contre elles et par de nouveaux organes de lutte de la classe ouvrière, surtout un parti socialiste révolutionnaire.

FRANCE

La grève des universités françaises en 2007 se termine par la trahison des syndicats

Par Pierre Mabut

Après plus de 16 semaines de grève continue et de manifestations, le mouvement contre la loi « d’autonomie pour les universités » présentée par le gouvernement, la loi LRU (Libertés et Responsabilités des Universités), a pris fin. Il l’a fait sous la pression des menaces du gouvernement concernant les examens qui approchent et celle du sabotage par les syndicats qui ont refusé de mobiliser toute forme de solidarité.

Cette loi ouvre la voie à l’introduction de la compétition et de la recherche du profit dans l’enseignement supérieur public.
Depuis février dernier, plus de la moitié des 83 universités françaises étaient en grève. Seule l’université du Mirail à Toulouse y est encore. Onze étudiants de l’université de Toulouse Sud-Var ont entamé une grève de la faim pour exiger le retrait de la loi LRU.

L’université de la Sorbonne à Paris IV, au coeur des événements, a voté la reprise des cours le 19 mai, la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Péceresse a donné des garanties de prolongement des bourses étudiantes et a proposé de maintenir les résidences et restaurants universitaires ouverts pour la durée des examens qui ont été repoussés. Le gouvernement avait déjà fait un compromis sur certaines des dispositions de la LRU, sans affecter l’orientation fondamentale de la loi. Les réductions de personnel ont été suspendues pour deux ans ; les pouvoirs accordés aux recteurs d’universités pour décider des promotions et des engagements d’enseignants (au lieu de leurs pairs) ont été réduits, et l’attaque sur le statut des enseignants-chercheurs, visant à leur imposer plus de charges d’enseignement, a été retirée.

Le gouvernement voulait également supprimer l’année de stage pratique pour les étudiants d’IUFM ayant réussi les concours de recrutement à l’enseignement, une année rémunérée et leur accordant le statut de fonctionnaire. Un Master sur deux ans l’aurait remplacée. Le mercredi 13 mai, le ministre de l’Éducation, Xavier Darcos, a annoncé que cette réforme serait temporairement écartée pour les étudiants qui réussiraient le concours en 2010/2011. Le principal syndicat enseignant, le Snesup FSU, a présenté cela comme un « recul du gouvernement obtenu grâce à la pression des luttes ».
Ces dernières semaines ont vu un durcissement de l’attitude du gouvernement. Les violences policières contre les étudiants ont été fréquentes. La police anti-émeute avait chargé une marche pacifique à Amiens le 1er avril. La brutalité des attaques policières contre les manifestations étudiantes contraste avec l’indifférence des principaux syndicats d’enseignants et d’étudiants, voire leur soutien explicite à la position du gouvernement, consistant à amender la LRU tout en conservant l’essentiel.

Les délégués du personnel des universités et des enseignants de la CNU (Coordination nationale de l’université) venant de 73 universités se sont rencontrés le 29 avril à la Sorbonne et ont juré de « ne pas organiser d’examens tant que leurs demandes ne seraient pas satisfaites ». Les syndicats officiels n’ont pas soutenu cet appel. Le 6 mai, Pécresse a déclaré que des retraits de salaire seraient appliqués contre les enseignants grévistes qui refusent d’organiser des examens ou font de la rétention de diplômes, tandis que Darcos annonçait que les étudiants grévistes ne recevraient pas de diplôme. Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP au Parlement a exigé des poursuites judiciaires contre toute personne qui empêcherait les étudiants de passer leurs examens.

L’ex-dirigeant du Parti socialiste, François Hollande, a dénoncé « une conjugaison entre un gouvernement qui ne veut pas entendre, qui ne veut pas négocier et une extrême gauche qui cherche, pour des raisons qui lui appartiennent, à engager un conflit qui n’a que trop duré ».

Un article attaquant la détermination des enseignants et des étudiants est paru dans le journal Informations ouvrières de la semaine du 7 au 13 mai. Daniel Shapira, un membre dirigeant du Parti ouvrier indépendant (POI) et de la CGT (Confédération générale du Travail) y écrit « L’angoisse des étudiants, de leurs familles, des enseignants-chercheurs monte. Cette angoisse a été renforcée par l’appel de la dernière coordination des universités tenue le 29 avril » et affirme que « cet appel est quelque peu irresponsable ». Le POI est l’héritier de l’OCI (Organisation communiste internationaliste), qui avait rompu avec le trotskysme en 1971.

La grève de l’université de cette année est une réédition de celle de 2007, année où les étudiants s’étaient battus pendant des mois contre la loi LRU sans recevoir de soutien de la part des syndicats enseignants ou de l’UNEF (Union nationale des étudiants français). Dès le départ, il était clair que les syndicats enseignants et étudiants fuyaient une fois de plus toute confrontation avec le gouvernement de Sarkozy. Alors de 32 000 étudiants, enseignants et travailleurs des hôpitaux s’étaient rejoints pour manifester à Paris le 28 avril contre les atteintes aux services publics, une manifestation similaire le 14 mai maintenait une séparation entre enseignants et hospitaliers. Les hôpitaux devraient perdre 20 000 infirmières avec la réforme du système de santé du gouvernement.

Lors du débat qui s’est tenu sur le forum LIBE le 22 mars avec le président de l’UNEF, Jean-Baptiste Prévost, le porte-parole du gouvernement sur la LRU, Benoist Apparu, a noté le rôle mobilisateur des assemblées générales et des comités de coordination nationaux. Puis il a insisté sur le fait que « les seuls partenaires représentatifs, ce sont les syndicats. Les coordinations nationales, c’est la démocratie des soviets. »

Les syndicats qui ne représentent que 7 pour cent de la force de travail en France, ne sont reconnus comme « partenaires représentatifs » par le gouvernement que parce qu’ils servent les intérêts de la bourgeoisie contre la classe ouvrière. Prévost, dont l’organisation avait négocié l’acceptation de la LRU en 2007, a naturellement abondé dans le sens d’Apparu. Il a déclaré que les assemblées générales n’ont « quand même pas autant de légitimité que les syndicats pour négocier ».

Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) emmené par Olivier Besancenot a insisté tout du long sur les luttes protestataires – invoquant « une solidarité concrète », « la convergence des luttes », « construire des mobilisations à la base » – qui serait suffisante selon eux pour assurer la victoire aux étudiants. La même position a été avancée par le syndicat SUD-étudiant (pour Solidarité, Unité et Démocratie) ainsi que les divers groupes anarchistes et syndicalistes qui se présentaient comme une alternative à l’UNEF (proche du Parti socialiste). Leurs appels à une grève générale ne sont jamais posés dans la perspective pourtant incontournable de monter une rébellion politique contre la bureaucratie syndicale et son programme de nationalisme et de collaboration de classe.

Le dernier meeting de la conférence nationale étudiante s’est réuni le 3 mai à Dijon et a appelé à l’abrogation de la LRU, à la validation automatique des semestres des étudiants et à une grève générale. Mais sans proposer une lutte politique contre le gouvernement et ses complices dans les syndicats, ce n’est qu’une bravade rhétorique lancée devant l’imminence de la défaite.

CHILI

Le mouvement chilien est l’exemple d’un mouvement de la jeunesse qui a su, comme en mai 68 en France, entraîner la classe ouvrière.
Les étudiants chiliens ont manifesté de mai 2011 à mai 2012 dans les rues de Santiago et de tout le pays pour réclamer au gouvernement de droite une réforme de l’éducation, dans le cadre d’un mouvement sans précédent lancé l’année dernière.

Les dirigeants syndicalistes et étudiants chiliens ont appelé vendredi à la grève générale pour le 19 octobre en réaction à la répression policière des manifestations contre une réforme de l’éducation jugée beaucoup trop limitée. Plus de 250 personnes ont été arrêtées et une trentaine blessées.

Arturo Martinez, à la tête de la coalition syndicale CUT, a annoncé la date de la grève générale avec à ses côtés la militante étudiante Camila Vallejo, qui a accusé le gouvernement de laisser la police viole le droit constitutionnel des étudiants à manifester pacifiquement. “Nous poursuivrons ce mouvement aussi longtemps que nécessaire”, a-t-elle prévenu.

Des manifestations massives ont eu lieu jeudi 25 août dans plusieurs villes du Chili à l’appel des principaux syndicats du pays, dans le sillage de la contestation étudiante qui dure depuis trois mois. C’est le plus important mouvement de protestation depuis la fin de la dictature en 1990.

Au moins 36 personnes ont été blessées et 348 arrêtées mercredi au Chili lors de heurts au premier jour d’une grève nationale de 48 heures partiellement suivie, symptôme d’une contestation sociale soutenue, dans le sillage de trois mois de protestations étudiantes.
Etudiants, enseignants et lycéens ont manifesté en mai 2012 dans le calme sous la surveillance des forces de l’ordre au cours de cette deuxième grande marche de l’année. Les organisations étudiantes ont affirmé avoir dénombré 80.000 manifestants.

Les étudiants chiliens ont organisé depuis mai 2011 plus de 40 manifestations, certaines parmi les plus massives depuis le retour de la démocratie en 1990 (parfois jusqu’à 100.000 personnes à Santiago). Plusieurs de ces manifestations avaient été émaillées de violences entre jeunes casseurs et forces de police antiémeutes.
Les étudiants, soutenus par de nombreux professeurs, réclament une réforme profonde d’un système éducatif principalement aux mains du secteur privé.

Il exigent une participation de l’Etat au financement des études, pour contrer les effets d’un système très inégalitaire, ainsi qu’une garantie constitutionnelle sur un noyau dur d’enseignement public gratuit et de qualité.
Fin 2011, le mouvement a obtenu une hausse de 10% du budget de l’éducation pour 2012, de timides aides à l’endettement étudiant et un début de réforme sur la gestion des collèges et lycées publics. Des avancées jugées insuffisantes par la principale organisation étudiante, la FECH.

Ce mouvement, conjugué à l’inflation croissante au Chili, a fait tomber la cote de popularité du président Sebastian Piñera à 26% d’opinions favorables en avril, soit son niveau le plus bas depuis l’arrivée au pouvoir en mars 2010 du premier président de droite depuis la fin de la dictature.

L’année 2011 chilien a été caractérisée par une renaissance des mobilisations sociales. Un dénombrement partiel permet de considérer parmi les plus significatives les grèves et les mouvements de protestation à échelle régionale et communale de Magallanes, de Arica et de Calama ; les marches contre le méga-projet de HydroAysen, les manifestations en faveur des droits de la diversité sexuelle ; les grèves des travailleurs du cuivre (des entreprises d’Etat et privées) ; les grèves des employés du fisc ; les actions du peuple Mapuche pour la libération de ses prisonniers politiques, pour la récupération de leurs terres et pour la reconquête d’autres droits qui ont été violés ; les protestations des habitants de Dichato lésés par le tremblement de terre et le raz-de-marée de 2010, et surtout le grand mouvement pour l’éducation publique dirigé par les étudiants de tous les niveaux d’enseignement qui, pendant plus de six mois, a ébranlé le pays, suscitant de l’intérêt dans le monde entier.

C’est sans doute ce mouvement qui a eu le plus d’impact social, politique et culturel. Il n’a pas obtenu grand-chose ; en fait presque rien. En effet, comme il ne pouvait satisfaire les revendications des étudiant•e•s et de leurs alliés sans mettre en danger le modèle néolibéral tout entier, le gouvernement de Miguel Juan Sebastián Piñera n’a « accordé » que des réformes cosmétiques compatibles avec le modèle de l’« éducation de marché ». Mais le mouvement a eu beaucoup de succès en termes d’ancrage dans l’opinion publique de la préoccupation pour l’éducation publique en tant qu’une priorité nationale et de nécessité de remettre en question les principales caractéristiques du modèle en vigueur, tels que le profit, l’inégalité et le rôle uniquement subsidiaire de l’Etat.

Les diverses composantes du mouvement pour l’éducation publique – en particulier les étudiants – ont contribué de manière importante pendant l’année 2011 a délégitimer un des aspects du modèle néolibéral imposé par la dictature et consolidé par les gouvernements de la Concertation. Mais leur apport ne s’est pas limité au domaine de l’éducation. Il a également exprimé une critique implacable – et parfois destructrice – de la structure institutionnelle [issue de la dictature] et des pratiques politiques en vigueur dans le Chili post-dictatorial. Le caractère sous contrôle, « protégé » et de basse intensité de la démocratie néolibérale chilienne est apparu à maintes reprises dans toute sa nudité. La « classe politique », sans distinction de partis ni de blocs, a été soumise à la critique la plus incisive de ces dernières décennies et son niveau de désapprobation aux yeux des citoyens a atteint des taux records.

Malgré tout cela, les étudiants n’ont pas réussi à remporter les principaux points de leurs revendications. D’une part, il y a eu l’intransigeance du gouvernement qui a opté pour la répression, la manipulation médiatique, les pressions politiques et financières sur les établissements publics d’éducation. D’autre part, il y a eu aussi la fatigue et l’usure naturelle des étudiant•e•s, des enseignants et des fonctionnaires de l’éducation suite aux longs mois de grèves, d’occupations, d’assemblées et de manifestations. C’est ainsi que cette première période de mobilisations s’est terminée avec des résultats ambigus et des sentiments contrastés chez ses protagonistes.

Le « match nul » avec le gouvernement était prévisible dès le moment où il est devenu évident que d’autres acteurs sociaux ne viendraient pas prêter main-forte au mouvement pour l’éducation publique et que malgré les larges sympathies qu’il a suscité auprès des citoyens, il ne se traduirait pas par des mobilisations massives de travailleurs et encore moins par des grèves dans secteur productif. L’échec de la pseudo-grève décrétée par le sommet de la Centrale Unitaire des Travailleurs (CUT) à la fin août 2011 a été un indice clair que les étudiants ne réussiraient pas à obtenir des renforts nouveaux pendant cette nouvelle étape. La rupture des discussions entre les dirigeants étudiants et le gouvernement, quelques semaines plus tard, et la baisse graduelle de la participation aux manifestations après le recul des Fiestas Patrias [18 et 19 septembre, liées au processus de l’indépendance du début du XIXe siècle] annonçaient le reflux qui s’est concrétisé à partir d’octobre.

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