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Emeutes en Algérie

samedi 14 juillet 2012, par Robert Paris

Emeutes en Algérie

Si l’Algérie n’est pas touchée par une vague de révolution, elle a connu une vague de grèves et maintenant une permanence des émeutes. Les émeutes restent localisées mais sont continuelles : Tikobaïne le 22 juin, Annaba le 26 juin, Biskra le 30 juin, M’sila le 4 juillet, Fréha le 5 juillet, le 11 juillet à Tolga…

Le scénario est rôdé : revendication, sit-in, marche ou manifestation, intervention de la police, puis émeute et affrontement. Avec des bilans plus ou moins lourds, en blessés et en arrestations, à chaque fois. Après, seulement après, l’on pense à dialoguer, à négocier. Parce que la négociation est à ses yeux un signe de faiblesse, le gouvernement tient d’abord, à chaque conflit, à faire valoir sa force. Et, il le sait, sa force est dans sa police, uniquement dans sa police. Pas de sa capacité à prévoir, à prévenir et à dénouer les conflits, en temps voulu, comme il est du rôle de tout gouvernement normal, donc légitime, de le faire. (ceci est bien entendu le commentaire non de Matière et Révolution mais de la presse algérienne !)

Cette fois-ci, le ministre de l’Intérieur a interrompu ses vacances, dit-on, pour recevoir une délégation des gardes communaux. Certains trouveront là matière à se réjouir, mais en attendant un dénouement définitif et satisfaisant pour toutes les parties, des gardes communaux sont encore arrêtés et un autre risque, semble-t-il, de perdre un œil, après avoir été sérieusement touché lors des affrontements avec la police. Pourquoi avoir attendu tout ce temps, au prix d’autant de dégâts irréversibles, pour envisager une solution négociée à un conflit social qui, déjà vieux de plusieurs années, avait donné lieu, en 2011, à une marche grandiose, à Alger ?

En tout état de cause, si les gardes communaux ont décidé de revenir à la charge, c’est bien parce que les promesses qui leur avaient été faites il y a un an n’ont pas été tenues. Dès lors, comment les convaincre que le gouvernement fera preuve, cette fois-ci, de plus de sérieux dans le suivi de leur dossier ? Disons-le sans détour : les gardes communaux, au vu des péripéties de leur bras de fer avec les autorités, n’ont aucune raison de faire confiance à leurs vis-à-vis et ils ne manquent pas de le dire. Juste retour des choses, face à un gouvernement qui provoque la méfiance et pousse à la défiance.

Le 30 juin à Biskra

Sept personnes ayant pris part aux émeutes qui ont secoué, mardi dernier, la commune d’Ouled Djellal, ont été placées, hier, en détention préventive sur ordre du procureur de la République.
Quatre parmi elles, âgées de 20 à 30 ans, sont accusés de tentative d’homicide volontaire sur un agent d’un corps constitué, et trois autres, d’atteinte à l’ordre public, de constitution de bande armée et de destruction de biens publics, a indiqué le responsable de la cellule de communication de la sûreté de wilaya de Biskra.
Vingt-quatre autres individus, poursuivis pour ces mêmes chefs d’accusation ont été laissés en liberté provisoire. Ils sont assignés en comparution directe. Accusés d’occupation illégale des logements de l’OPGI, 3 hommes et 3 femmes sujets de simples dossiers judiciaires pour leur implication dans cette affaire, ont été remis en liberté, a signalé la même source.
Pour rappel, les incidents sont survenus suite à l’affichage d’une liste de 493 bénéficiaires de logements sociaux, ce qui a provoqué l’ire de mécontents, lesquels sont allés prendre d’assaut le siège de la daïra, paralyser la circulation sur la RN46A et squatter ces habitations. L’intervention des services de sécurité s’est soldée par un affrontement qui a fait une vingtaine de blessés parmi les policiers, dont le chef de la sûreté de daïra, grièvement brûlé par un cocktail Molotov.

Le 11 juillet à Tolga

Des centaines d’habitants de la commune de Tolga (35 km au sud-ouest de Biskra), notamment ceux de l’immense quartier populaire de Rassouta Gharbia, sont sortis, hier dès le lever du jour, pour occuper la voie publique en signe de protestation contre les coupures d’électricité en cette période caniculaire.
Scindés en plusieurs groupes de quelques dizaines de personnes, les protestataires en furie se sont rassemblés devant les édifices publics et l’agence de la société de distribution de l’électricité pour réclamer des entrevues avec les responsables concernés.

Les forces de sécurité, déployées, ont fait barrage. Très vite, la colère est montée d’un cran au sein des protestataires.

Des jeunes chauffés à blanc par la précarité énergétique touchant leur village, chaque année en pareille période, ont installé des barricades sur les grands axes routiers avec des pneus et autres objets hétéroclites auxquels ils ont mis le feu.

Des équipements urbains ont été vandalisés et un climat d’insécurité régnait dans cette localité.

La fumée des incendies était visible à des kilomètres à la ronde, tandis que les affrontements opposant protestataires et agents des brigades antiémeute étaient signalés dans les rues. Cette commune, célèbre pour être la capitale nationale de la production de dattes, montrait, à la mi-journée, le triste visage d’une agglomération ravagée par la violence.

Le 26 juin à Annaba

Un climat de tension a pesé lundi dernier dans le quartier populaire Pont-Blanc, et a fini par le déclenchement d’émeutes, où les gaz lacrymogènes envahissaient les lieux.

Des émeutes ont éclaté dans la soirée de lundi à mardi au Pont-Blanc dans la zone ouest de la ville de Annaba. Des dizaines d’habitants du bidonville implanté au lieudit El Firma ont, dans l’après-midi de lundi, bloqué la route menant au Pont Oued Forcha et autres quartiers de cette zone, pour manifester leur colère, quant à la précarité de leur conditions de vie, a-t-on constaté sur place. Ainsi, la forte demande sur le logement social demeure le premier facteur de la perturbation dans la wilaya de Annaba, dont les demandeurs déjà recensés sont impatients de voir les logements promis arriver. C’est ce qui a motivé l’action de contestation engagée, par les occupants des habitations précaires d’El Firma à sortir dans la rue et bloquer la circulation pénalisant des milliers d’automobilistes, dont le transit par cet axe bloqué est obligatoire.

La forte tension qui a régné durant l’après-midi, a fini par se traduire par un regain inattendu de contestations, aboutissant à un affrontement entre les contestataires et les forces de l’ordre. Usant de pneus brûlés et autres objets hétéroclites, les émeutiers ont caillassé les brigades antiémeute déployées en force pour faire face à cette révolte citoyenne, et ont tenté de dégager la route et disperser les manifestants à l’aide de bombes lacrymogènes et de jets d’eau chaude. Le dispositif sécuritaire n’est pas parvenu à contenir la colère des émeutiers, lesquels se sont repliés, bouclant la zone chaude. Les émeutes se sont poursuivies jusqu’à une heure tardive de la nuit de lundi à mardi, pénalisant, outre, les habitants et les automobilistes d’Oued Forcha, les quartiers périphériques, les visiteurs de l’hôpital du Pont-Blanc, dont l’ambulance qui évacuait un malade en urgence a été empêchée de rejoindre la structure hospitalière. Dès mardi matin, les habitants du Pont-Blanc retenaient leur souffle. Des rumeurs persistantes colportées par plusieurs personnes à travers cette zone populaire faisaient état d’une reprise des émeutes envisagée par les occupants dudit bidonville, auxquels se rallieraient des quartiers populaires, dont les revendications sont identiques. Ces mouvements, disaient les mêmes sources, seront organisées pour protester contre l’indifférence des autorités à l’égard de leur situation. Par ailleurs les contestataires interrogés sur les raisons d’une telle action, parlent d’attributions de logements sociaux discrètement à des non-ayants droit, citant des noms de personnes étrangères à la wilaya ayant bénéficié de logement social, à l’image de la cité dite de la Piscine olympique. « Nous sommes allés vérifier par nous-mêmes, et nous avons trouvé des personnes, qui n’ouvrent pas droit, mais surtout étrangères à Annaba, qui ont pu décrocher un appartement », ont déclaré avec fureur nos interlocuteurs. « Les arrêtés se vendent sous nos yeux, alors que nous, on attend « léfraj men and rabi », devait ajouter la foule en furie. Se faisant discrètes, les forces de sécurité n’en ont pas moins pris leurs dispositions pour parer à toute éventualité. Une certaine préoccupation se lisait sur les visages des gens. Craignant pour leurs biens, plusieurs commerçants ont fermé boutique en fin d’après-midi, bien avant l’heure habituelle. La situation semble s’aggraver à Annaba, alors que les mouvements de protestation ont atteint leur apogée à l’image des secteurs extra-muros, dont les routes ont été bloquées, notamment dans la commune de Sidi Amar, où un mouvement de contestation similaire avait été observé, dimanche dernier aux mêmes motifs, à savoir les demandes de logements sociaux. Les mêmes revendications ont motivé la sortie des habitants d’autres quartiers chauds de la wilaya de Annaba, Didouche-Mourad, Champ marin et ceux de la Plaine Ouest. Les uns ont pris d’assaut le siège de la daïra, les autres réclament l’affichage des listes des bénéficiaires des logements sociaux. Entre les uns et les autres, les occupants des baraquements des différents bidonvilles de Annaba, qui, n’ayant pas été reçus par un quelconque responsable, ont décidé de passer la nuit devant le siège de la wilaya et de la daïra. Au moment où nous mettons sous presse, des centaines de contestataires squattent le trottoir de la wilaya, dont les locataires sont en pleine session d’APW. Pour le moment, les heures sont à l’angoisse, et aucun fait notable n’a été relevé. Seul un important dispositif sécuritaire est installé depuis avant-hier pour parer à toute éventualité.

Du 20 au 22 juin à Tikobaïne

La commune de Ouaguenoun a vécu deux journées de vive tension, avec des émeutes et des affrontements entre jeunes de la localité de Tikobaïne et les forces de l’ordre. Selon des témoignages, tout a débuté avant-hier, mercredi, aux environs de 18h, lorsque des policiers ont arrêté un citoyen, au chef-lieu communal, qui transportait du sable à bord d’un engin Case. Tout en lui signifiant l’interdiction du commerce et de transport de sable, ils lui ont intimé l’ordre de les suivre au commissariat afin de lui établir un PV et, éventuellement, le poursuivre pour extraction illégale de sable. Après le refus d’obtempérer du citoyen, le ton est monté et c’est à partir de là que ça a dégénéré. En effet, plusieurs citoyens de Tikobaïne, pour la plupart des jeunes, ont commencé à attaquer les agents de police à l’aide de pierres et à brûler des pneus sur la chaussée, fermant ainsi la route qui mène de Tikobaïne vers Djebla et causant une grande perturbation de la circulation. Les affrontements ont duré jusqu’aux environs de 2h du matin et ont repris même le lendemain, jeudi, avec des forces de l’ordre qui ripostaient aux jets de pierres en lançant des bombes à gaz lacrymogène. Plusieurs personnes ont été blessées, dont trois agents de l’ordre qui ont nécessité l’évacuation vers la polyclinique du chef-lieu. La gravité de la situation a poussé le chef de daïra et le P/APC de Ouaguenoun à s’impliquer dans l’espoir de calmer les esprits et de ramener le calme, mais ce fut vain devant la détermination des émeutiers qui s’estiment harcelés par les forces de l’ordre qui, disent-ils, « ne nous laissent pas respirer », ajoutant que l’affaire du citoyen transportant illégalement du sable « n’était que la goutte qui a fait débordé le vase ».

la suite

Messages

  • Exaspérés par les coupures récurrentes de courant électrique, les citoyens sont sortis dans les rues dans au moins 15 wilayas du pays.

    La suffocation n’est plus supportable. Ce n’est ni l’huile, ni le sucre. Ce n’est pas non plus la démocratie ou la liberté d’expression qui font parler d’elles. A présent, en ces jours de grande chaleur, c’est l’électricité qui enflamme les esprits et fait sortir les citoyens dans les rues.

    Exaspérés par les coupures répétitives du courant électrique, les citoyens ont investi les rues dans au moins 15 wilayas du pays où des émeutes et des mouvements de protestation sont signalés. Il s’agit de Biskra, Batna, M’Sila, Sétif, El Tarf, Bouira, Béjaïa, Blida, Bordj Bou Arréridj, Adrar, Oum El Bouaghi, Mila, Guelma, Jijel et El Oued.

    Les plus violents ont été enregistrés dans la wilaya de Biskra où les citoyens se sont affrontés aux forces de l’ordre jusqu’à une heure tardive de la nuit de samedi à dimanche.
    Ces émeutes se sont soldées par l’arrestation de 15 manifestants et ont fait plusieurs blessés parmi les policiers et les émeutiers.

    Dans les autres wilayas, les protestataires ont procédé à la fermeture des routes, des APC et des sièges des sociétés de distribution de Sonelgaz. La fréquence et l’ampleur des coupures étaient telles que les citoyens se sont révoltés dénonçant ce fait accompli.
    Et au rythme où vont les choses, c’est toute l’Algérie qui risque d’être embrasée, à plus forte raison que toutes les wilayas connaissent des perturbations dans l’alimentation en électricité. Dans les wilayas où les citoyens n’ont pas encore exprimé leur colère, le mécontentement est général. « Entre deux coupures, il y a une autre coupure », commente un citoyen dans un village en Kabylie pour montrer l’ampleur de ce phénomène qui revient chaque été.

    Comme si les causes de la colère ne manquaient pas, les coupures répétitives du courant électrique viennent s’ajouter au calvaire quotidien des Algériens dû, selon les régions, au manque d’eau potable, à la dégradation de l’état des routes et du manque de transport public, l’absence du gaz de ville, des infrastructures de base...etc.

    Les responsables qui se vantent, chaque fois, d’un taux de couverture de plus de 95% des foyers en électricité doivent se rendre à cette évidence : la réussite ne se mesure pas uniquement en termes de quantité mais aussi en termes de qualité. Or, la qualité des prestations laisse à désirer. Et ce n’est certainement pas la Sonelgaz qui apportera la preuve du contraire.

    Mais dans la République des chiffres, cela n’inquiète pas outre mesure quand l’intérêt particulier passe avant l’intérêt général et national.

    Si le Cinquantenaire de l’Indépendance a été marqué par un événement quelconque, c’est bien par les coupures d’électricité sous les couleurs desquelles l’Algérie a entamé ses 50 ans d’indépendance.

  • Des émeutes ont éclaté en début de la soirée du vendredi 10/08/2012 à la commune d’Ait Yahia Moussa 25 Km au sud ouest de la ville de Tizi-Ouzou. Des citoyens, sont venus exprimer leur colère suite aux incendies qui ont ravagés plusieurs villages depuis hier.

    Les citoyens ont attaqué le bâtiment de l’armée au chef lieu de la commune. Ils ont allumés des pneus et ont renversé les barricades qui entouraient le bâtiment militaire. Les émeutiers accusent l’armée d’être responsable de ces incendies.

    Les citoyens n’ont pas épargné les responsables de la commune, non plus. Ces derniers ont laissés les victimes seules face aux feux, sans aucun soutien.

    A rappeler que la même commune a été victime en 2008 d’incendies dont la population a trop souffert ce qui a poussé à déclencher des émeutes qui ont durées 3 jours pour demander l’indemnisation des victimes et le départ de l’armée. Selon nos témoins, un officier de l’armée aurait avoué qu’effectivement en 2008 c’était l’armée qui avait incendié la région.

  • Les feux de forêts de ce week-end n’ont pas laissé les citoyens d’Ait Yahia Moussa indifférents. Deux gigantesques incendies ont décimé des dizaines d’hectares de sous bois, de chênes-lièges et des centaines d’oliviers. Le maquis jouxtant la route qui mène vers Ighil El Vir, en allant du chef-lieu (l’ex Oued Ksari) n’est plus que cendre. N’était-ce la mobilisation des riverains, même les poulaillers qui se trouvent dans ce périmètre n’en seraient pas épargnés. Peu avant le f’tour, les habitants des villages et des hameaux touchés par ces feux ont provoqué l’émeute. Des pneus ont été enflammés. Des manifestations ont été improvisées au chef-lieu. Des barricades ont été placées à l’entrée et à la sortie de Oued Ksari. Ainsi, tout le chef-lieu a été bloqué par les manifestants, si bien que même les veillées ramadhanesques étaient suspendues. "jusqu’à quand allons-nous nous taire devant de telles catastrophes ? Les secours ne sont pas arrivés à temps. Notre commune n’a pas de moyens pour faire face à ces incendies. Est-ce réellement possible de lutter contre des flammes qui ont atteint plusieurs mètres de hauteur avec des moyens rudimentaires ?", ne cessait de vociférer un manifestant. Le chef-lieu a vécu toute la première partie de la nuit sous une vive tension. Excités, de jeunes manifestants sont allés jusqu’à balancer des pierres et autres objets dans l’enceinte qui abrite le cantonnement militaire. De leur côté, les soldats sont restés vigilants et n’ont pas répondu aux émeutiers. Ces derniers exigent une enquête sur ce qui s’est passé afin de déterminer les auteurs de ces incendies. Tard dans la nuit, le calme est revenu dans ce petit centre urbain, laissant sur place les traces de pneus calcinés et tous les objets hétéroclites jonchant le sol. Il faut rappeler qu’en septembre 2008, les habitants des villages d’Afir, d’Ivouhrène et des hameaux environnants avaient, eux aussi, réagi violemment contre ces incendies qui avaient décimé des centaines d’hectares. Si besoin est de le répéter, il est nécessaire de souligner que la réalisation d’un poste avancé de la protection civile à Ait Yahia Moussa s’inscrit dans l’urgence, quand on sait qu’il faudrait attendre au moins une heure pour que les sapeurs pompiers arrivent de Draâ El Mizan…

  • Un climat d’émeute a gagné la ville d’In Salah ce samedi 28 février, suite aux affrontements entre de jeunes opposants au gaz de schiste et la gendarmerie, au niveau du site gazier de la compagnie américaine Halliburton, situé à 10 km au nord de la ville saharienne.

    Joint ce samedi après-midi par téléphone, les membres du mouvement citoyen anti-gaz de schiste d’In Salah décrivent un “climat d’émeute” total. “Il y a des affrontements partout. Les femmes aussi participent aux affrontement face aux forces de l’ordre”, décrit Abdelkader Bouhafs, militant anti-gaz de schiste, contacté par la rédaction d’Algérie-Focus, précisant que la place Soumoud, le cœur battant de la contestation pacifique, née le 1er janvier dernier, est aussi touchée par les échauffourées.

    Les affrontements redoublent d’intensité ces dernières minutes. En ce moment même, les militants anti-gaz de schiste tentent d’attaquer toutes les institutions étatiques, certains encerclant le siège de l’APC, indiquent à Algérie-Focus des témoins oculaires. Le rassemblement à l’extérieur de la brigade de gendarmerie de la ville d’In Salah, pour exiger la libération de la dizaine de militant arrêtés aujourd’hui, se poursuit.

  • Avant In Salah, il y a eu, et ce n’est sans doute que partie remise, les manifestations des chômeurs du sud, à Ouargla en particulier, mais aussi à Laghouat et ailleurs. Puis les affrontements intercommunautaires de Ghardaïa avec mort d’hommes, majoritairement des Mozabites, avec en toile de fond des appels au meurtre lancés par des chaînes saoudiennes et relayés localement par des imams salafistes et certains médias audiovisuels algériens. On a entendu à Ghardaia – j’y étais l’année dernière en mars - des "rentrez chez vous" lancés aux Mozabites, qui ont fondé cette "Cité-Etat", selon l’expression de l’ex-patron de la Banque centrale algérienne, Abderrahmane Hadj Nacer, lui-même mozabite, au 11e siècle. Plus au sud, Tamanrasset, Illizi, ont également été le théâtre de protestations intermittentes mêlant les revendications sociales et identitaires.

  • La commune de Kaïs, à 26 km à l’ouest de Khenchela, a été durant la nuit de mardi à mercredi, le théâtre d’affrontements entre des jeunes habitants et les forces antiémeutes, où les deux parties ont échangé des jets de pierres et de gaz lacrymogène. Ces affrontements n’ont cessé qu’à une heure tardive de la nuit.

    Les affrontements ont été déclenchés dimanche dernier, après l’affichage de la liste des pré-bénéficiaires de 1903 logements sociaux.
    Les demandeurs de logements non retenus sur cette liste ont dénoncé les injustices qui ont caractérisé cette distribution. Ils se sont mobilisés pour exiger la révision de cette liste, laquelle contient, d’après eux, des « noms de célibataires, d’étrangers à la ville et de femmes sans famille ».

    A souligner que cette attribution attendue depuis des années, a provoqué une grande colère parmi les « déboutés », qui ont bloqué, le jour même de l’affichage des listes, les sièges de la Daïra et de l’APC, tout comme ils ont fermé la RN88, reliant Khenchela à Batna, pour protester contre « les privilégiés ».

  • De violentes émeutes ont éclaté, hier, à Batna, région chaouie à l’est algérien. Lors des manifestations, un groupe de jeunes émeutiers a tenté de s’introduire dans la prison de Barika.

    L’intervention des forces de répression a dissuadé les manifestants qui ont coupé l’eau potable et empêché le ravitaillement de cette structure en denrées alimentaires.

    Selon des informations, une rumeur faisant état de l’annulation d’un projet de station électrique alimentée en énergie solaire serait la cause de ce soulèvement populaire. Les tentatives des autorités locales d’imposer le calme se sont avérées vaines. Le climat est très tendu et le risque de propagation de la protestation n’est pas à écarter en ces temps de vaches maigres en Algérie.

  • Imposée depuis quelques jours, l’austérité a déjà mis le feu aux poudres en Algérie. Des émeutes ont éclatées dans le Nord du pays, notamment dans le chef-lieu de la Petite Kabylie : Béjaïa. Des débordements survenus en marge d’un appel à la grève des commerçants, en réaction à la hausse de la TVA sur les produits de consommation.

    Le mouvement social a rapidement dégénéré à Béjaïa qui a connu des affrontements entre jeunes et forces de police. Des scènes de guérilla urbaine qui ont enregistré la dégradation d’édifices publics et le pillage de commerces. Un climat qui rappelle les événements de 2001 où la Kabylie a connu un vaste mouvement de contestation violemment réprimé par le pouvoir. Selon la presse algérienne, quelques quartiers d’Alger ont également été contaminés par les troubles, notamment le quartier chinois et la zone d’Ain Benian (Ouest). Des incidents qui ont été rapidement maîtrisés par la police.

    Ce mouvement social vient en réaction à la hausse de la TVA qui est passée de 17 à 19%, le 1er janvier dernier et représente la première grève générale de commerçant depuis la guerre d’indépendance. Pour la société civile, ce déchaînement de violence est contre productif et facilite la répression de l’Etat sous couvert de « rétablir l’ordre ».

  • Les transporteurs privés de voyageurs de la wilaya d’Alger ont entamé, dimanche, une grève inopinée pour protester contre la mise en service de nouveaux bus de l’Etablissement de transport urbain et suburbain d`Alger (ETUSA)

  • Des affrontements entre des manifestants et la police ont fait un mort et des blessés hier à Ain Beida. Ces affrontements ont éclaté suite à une tentative de manifestation pour exiger une enquête sur la mort d’un jeune homme quelques heures après sa libération des locaux de la police, où il aurait subi des mauvais traitements.

  • La population d’Aïn Beïda, ville de la wilaya d’Oum El Bouaghi, dans l’est algérien, a vécu une nuit d’enfer mercredi 4 octobre. Une violente émeute a éclaté suite au décès tragique d’un jeune homme de 19 ans, après avoir été férocement brutalisé dans les locaux de la police, rapportent nos confrères algériens.

    Le décès de la victime, à la force de l’âge, a provoqué "une nuit d’émeute d’une violence inouïe", indique la même source, qui déplore aussi le décès d’un jeune émeutier de 25 ans, suite à une intervention policière "musclée" contre des jeunes sans défense en rajoutant ainsi au calvaire d’une jeunesse livrée aux gémonies par le régime répressif de Bouteflika.

    Outre les deux décès tragiques enregistrés, plusieurs dizaines d’émeutiers ont été blessés à Aïn Beïda, commune la plus peuplée de la wilaya d’Oum El Bouaghi, située dans la région des Aurès.

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