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Bulletin La Voix des Travailleurs sans papiers

mardi 21 août 2012, par Robert Paris

Les bulletins La Voix des travailleurs

LA VOIX DES TRAVAILLEURS

« Travailleurs de tous les pays unissez-vous »

Karl Marx

Bulletin La Voix des Travailleurs sans papiers

Gauche au gouvernement ou pas, la lutte continue

Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a annoncé le 25 juin une circulaire en préparation sur la régularisation au cas par cas des sans-papiers étrangers, excluant dans un entretien au Monde de dépasser le chiffre d’environ 30 000 par an que réalisait l’ex-gouvernement de droite. "Une circulaire pour préciser les critères" de régularisation "est donc en préparation", a déclaré le ministre en soulignant qu’"il n’y aura pas de régularisation massive". Il a précisé que les critères sont "les années de présence en France, la situation par rapport au travail, les attaches familiales, la scolarisation des enfants". Donc rien à attendre de bon du gouvernement et seule la lutte continue de payer...

L’été, les interventions, manifestations et occupations des sans papiers continuent. Ainsi, le 18 août au marché de Creil, occupation le 21 août de l’hôtel de ville de Brest, lutte à Lille pour la défense d’une famille de sans-papiers srilankais menacée d’expulsion, manifestation du neuvième collectif hier à Chateaurouge à Paris, rassemblement le 23 juillet devant la préfecture du Val de Marne organisé par le collectif des travailleurs sans papiers de Vitry, …. Voir ici

Rien de changé ?

Certains affirment que rien n’a changé pour les sans papiers avec l’arrivée au pouvoir de la gauche social-démocrate. C’est faux : immédiatement, il y a eu quelque chose de changé. En effet, la mobilisation, liée aux partis et associations réformistes pro-gauche gouvernementale, a tout de suite chuté cédant la place à une situation d’attente. La gauche réformiste, qui a un rôle important au sein des syndicats et associations, a baissé les bras, prétendant que maintenant il fallait négocier, attendre les résultats de la nouvelle politique de l’Etat, dans le domaine des sans papiers comme dans tous ceux qui concernent les travailleurs et les milieux populaires.

Le fait que les militants de gauche aient des dirigeants politiques qui sont liés à ceux qui gouvernent n’est pas seul en cause. Il y a les illusions dans le rôle positif de l’Etat bourgeois quand il est dirigé par la gauche. Il y a la politique de ce gouvernement qui agit justement pour faire baisser le niveau de la lutte des classes, ce qu’Hollande et ses proches appellent « la France réconciliée ».

Bien entendu, les patrons ne sont en rien réconciliés et ne peuvent pas l’être. La lutte des classes, loin d’être interrompue ou diminuée, est aggravée par la crise économique. Elle n’est affaiblie que dans le camp des travailleurs par le fait qu’une bonne partie du milieu militant devienne passif. La première des nécessité serait que les militants sans papiers, comme les autres militants de la classe ouvrière, aient conscience que leur avenir est lié à des intérêts indépendants de classe alors que l’immense majorité de ces militants sont, au contraire, dépendants de conceptions « démocratiques » qui sont en fait des conceptions de collaboration de classe, des conceptions de négociations, de défense de l’entreprise, du pays, des intérêts particuliers, d’appel à l’intervention de l’Etat comme tampon de la lutte des classes. Les sans papiers, comme les autres travailleurs, sont d’abord des victimes de la collaboration des classes qui a comme résultat de séparer leur lutte de celle des autres travailleurs et d’éviter que l’ensemble des travailleurs de France aient conscience qu’ils sont une partie de la lutte des sans papiers… Les syndicats et les associations sont généralement très loin de souhaiter développer cette conscience là qui serait la véritable conscience de classe.

La première faiblesse des sans papiers dont profitent l’Etat et les patrons consiste justement dans cette division des travailleurs. C’est elle qui permet au patronat de profiter de leur situation. C’est elle qui permet à l’Etat, qu’il soit dirigé par la droite ou par la gauche, de frapper une partie des travailleurs, affaiblissant ainsi l’ensemble de la classe ouvrière.

C’est la zone…

Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a annoncé mardi aux préfets réunis Place Beauvau en présence du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, que "quinze zones de sécurité prioritaire" seraient déployées dès septembre. Ces zones seront des zones policières renforcées !!! Par exemple, le quartier de Chateaurouge où Sarkozy-Guénat organisaient des chasses systématiques aux étrangers et sans papiers est également visé par Valls ! Changement dans la continuité en somme… et zones d’insécurité pour nous !!!


Sans-papiers : la garde à vue, ça continue

Un ressortissant algérien a été placé en garde à vue puis a failli être expulsé, en dépit des engagements du ministère de l’Intérieur. Compter sur la parole des hommes politiques, c’est oublier que leur parole n’engage que ceux qui y croient...

Valls propose un projet de loi pour remplacer la garde à vue des sans papiers, contestée, par douze heures de rétention. C’est dire que le fait d’être en difficulté administrative reste considéré comme crime…

Humaniser les centres de rétention, qu’il disait...

Une femme de 39 ans, Marocaine en situation irrégulière, qui était placée au centre de rétention administrative (CRA) du Canet depuis le 29 juin, se trouve actuellement à l’hôpital de la Conception à Marseille. S’étant opposée à plusieurs reprises à son départ en avion pour le Maroc, elle a été mise lundi en cellule d’isolement. D’où elle est partie le lendemain soir, direction l’hôpital Nord en raison du développement d’une pathologie grave affectant les reins et le foie.

Les centres de rétention continuent, les violences contre les sans papiers aussi...

Plus de familles, plus d’enfants dans les centres de rétention ?

La semaine dernière, un nourrisson est décédé dans un centre de rétention de France. Pourtant, l’une des rares promesses concernant les centres de rétention d’un Hollande arrivant au pouvoir avait consisté à prétendre qu’il n’y aurait plus de famille et plus d’enfants dans les centres de rétention. Le gouvernement a justifié vendredi le placement en rétention administrative d’immigrants illégaux à Mayotte.

Il y a un arrêt récent de la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui condamne la France pour placement d’enfants en centres de rétention. Cet arrêt avait été salué par le PS alors dans l’opposition ...

C’est dans le « territoire français » de Mayotte (colonie « française » des Comores) que c’est arrivé. Dans cette région, les habitants des îles voisines sont considérés comme « étrangers » et pourchassés avec des méthodes encore plus violentes que sur le territoire français. Les méthodes employées par l’Etat français aux Comores seraient taxées de fascisme si elles étaient employées en France. A l’inverse, elles n’ont aucun écho dans les média français quand elles sont employées aux Comores !

A Mayotte, où selon les associations 5.389 enfants ont été privés de liberté en 2011, n’est pas concernée par la circulaire. "C’est un territoire qui est soumis à une pression migratoire massive", a expliqué sur France Info Manuel Valls qui dit vouloir instaurer un "dialogue avec les autorités comoriennes".

A lire sur les sans-papiers à Mayotte

Cette fois-ci, c’est un nourrisson qui a été victime de cette politique criminelle. Un centre de rétention est-il un lieu de santé pour un nourrisson ? Non et pas plus pour n’importe quel être humain ! Les sans papiers et leurs familles ne sont pas des criminels. Ils sont simplement victimes de tracasseries administratives voulues par les Etats pour servir les classes dirigeantes !

Manuel Valls, nouvel épouvantail à moineaux

En nommant Manuel Valls comme nouveau ministre de l’Intérieur, Hollande et Ayrault savaient ce qu’ils faisaient : permettre la continuité avec Guéant… Et il est vrai que la ressemblance est grande entre les deux. Mais, en accusant seulement Valls de la politique ultra-sécuritaire de Hollande et du parti socialiste, ceux qui accusent seulement Valls voudraient nous faire tomber dans ce nouveau piège. Juste avant, les mêmes nous disaient que tout était de la faute de Sarkozy-Guéant ! Bien sûr que Valls est chargé de maintenir la continuité de la répression d’Etat. Celle-ci n’avait pas du tout été inventée par Sarkozy. Avant lui, il y avait eu les Pasqua « de droite » mais aussi les Chevènement « de gauche ». Aucun gouvernement de gauche, que ce soit sous Mitterrand ou sous Jospin n’a jamais été dans le camp des travailleurs, et pas plus dans celui des travailleurs sans papiers. Valls n’y changera rien bien sûr. Il tient à dire qu’il n’y aura pas plus de régularisations de sans papiers avec la gauche qu’avec la droite. Le gouvernement Jospin ou ceux de Mitterrand déclaraient la même chose et effectivement ils n’avaient pas diminué la pression répressive contre les sans papiers. Au contraire, comme la droite, ils l’ont aggravée sous tous les prétextes : terrorisme, insécurité, travail au noir, révolte des banlieues, etc…

L’anniversaire de la lutte des Saint-Bernard

De la véritable lutte des sans papiers qui avaient lancé ce mouvement, il ne reste pas grand-chose même dans les mémoires des sans papiers eux-mêmes. Qui se souvient des véritables dirigeants de cette lutte ? Du comité des femmes, des travailleurs des foyers qui avaient choisi de ne plus se cacher, de sortir dans la rue, d’occuper le gymnase Japy puis l’église Saint-Bernard qu’est-ce qui a été retenu ? A l’époque, les sans papiers, en se dirigeant eux-mêmes, sans comité de soutien, sans les dirigeants réformistes, avaient réussi à renverser en plein mois d’août l’opinion publique en leur faveur en intervenant dans les média et en prenant sur eux tous les risques. Aujourd’hui ce sont les réformistes qui n’avaient pas levé alors le petit doigt qui dirigent la lutte des sans papiers… Et le résultat est là : l’opinion s’est détournée d’eux. Loin de s’appuyer sur ce mouvement spontané de travailleurs, la lutte des sans papiers s’est détournée d’une extension vers les autres travailleurs. Le sens de la lutte des Saint-Bernard n’est nullement continuée par ceux qui prétendent s’en réclamer…

Manifestation nationale pour le16ème anniversaire de l’évacuation de l’église St Bernard :

Samedi 25 août 2012

Rassemblement à 12 h Place J. Strauss (métro : République) - Départ à 13 heures

En direction de l’église Saint Bernard

La lutte continue pour :

· La liberté de circulation et d’installation pour tous

· La régularisation globale de tous les Sans-papiers de plein droit dans toute l’Europe

· La fermeture des centres de rétention ou camps fermés où sont retenus les Sans-papiers ou les demandeurs d’asile

· L’arrêt des expulsions

· Le respect du droit d’asile et des droits des Roms

· L’égalité des droits entre européens et migrants

· L’abrogation de la Directive Européenne en matière d’immigration

Oui aux régularisations pérennes, Non aux régularisations précaires !

Les sans papiers et les licenciements

La vague de plans sociaux devrait être l’occasion où les liens entre travailleurs par delà les entreprises, les secteurs, les corporations auraient dû se développer mais telle n’est pas la politique des dirigeants réformistes qui sont à la tête des syndicats et associations. Elle pourrait également permettre de développer les liens entre les travailleurs sans papiers et les autres et ce n’est pas non plus le cas. Les associations de sans papiers n’ont pas plus cette politique que les syndicats de travailleurs. Pourtant, cette vague de licenciements et de plans dits sociaux qui frappe actuellement devrait montrer qu’ils n’y a pas de salariés protégés, qu’ils se protègent derrière un statut, un papier, une corporation ou une entreprise.

Humanisme carcéral…

Pour dénoncer ses conditions de détention et suite à une dépression causée par son incarcération, un sans papier marocain de 39 ans a fait une tentative de suicide dans un centre de rétention de Marseille. Sa situation de santé physique et mentale n’ont nullement mené à le soigner ou à le libérer. On voit combien la prétention de la gauche d’humaniser les centres de rétention a fait long feu. C’est un peu comme ceux qui prétendaient humaniser la torture, humaniser la peine de mort, humaniser le colonialisme et autres… On n’humanisera jamais la rétention des sans papiers !

Les manifestants sans papiers l’ont scandé durant des années sur le pavé des rues : « le cas par cas, on n’en veut pas ». Sarkozy avait prétendu que la régularisation dépendait de chaque sans papier, de sa prétendue capacité à s’intégrer dans la société français, de sa capacité à trouver logement, travail et revenu ou mariage et accueil. Il prétendait que cela dépendait du secteur d’activité économique et des besoins des patrons de chaque secteur, etc… Eh bien, dans tous ces arguments du « cas par cas », on n’en n’a abandonné aucun au gouvernement Hollande. Pas question pour le gouvernement Hollande de régulariser massivement des sans papiers. Pas question même de donner immédiatement les papiers à tous les salariés qui sont en France depuis dix ans ce que permettrait la loi française. L’existence de salariés qui acceptent des salaires plus bas, des conditions de travail plus difficiles, qui osent moins se défendre en justice, qui sont plus en but à la répression est trop importante pour les patrons pour qu’un gouvernement, même dit « de gauche », se préoccupe de supprimer cette situation inhumaine, dégradante et honteuse…

Valls, Hollande, Aubry et les Roms

Le ministre de l’Intérieur Valls a repris les démolitions par la force de répression des camps de Roms sans proposition de relogement que la gauche dénonçait sous Sarkozy-Guéant en affirmant que « c’était une honte pour la France » que cela allait « en contradiction avec les décisions européennes ». Quand c’est Valls qui les réalise, même Aubry n’a qu’une chose à reprocher à ces expulsions forcées, c’est de ne pas avoir été prévenue en tant que maire… Pour finalement s’aligner : Martine Aubry déclarant : « j’ai demandé l’intervention au préfet. Je l’assume pleinement et j’étais parfaitement au courant de la date ». Dont acte : tout le PS est devenu expulseur de Roms à l’égal d’un vulgaire Sarkozy...

L’annonce que le gouvernement va assouplir l’accès des Roumains et Bulgares au marché du travail est une vrai fausse nouvelle, puisque la France s’est de toute façon engagée auprès de la Commission européenne à supprimer ce dispositif spécifique d’ici fin 2013. Plusieurs pays, dont l’Italie et l’Irlande, l’ont déjà fait. Il s’est bien gardé d’annoncer par exemple l’abolition de la loi de 1969 contre les itinérants. Ce texte discriminatoire impose à ces populations la détention d’un carnet de circulation, la perte du droit de vote pendant dix ans en cas de changement de commune de rattachement, ou encore un quota à ne pas dépasser de 3% de gens du voyage par commune.

Poudre aux yeux pour les étudiants étrangers

La circulaire Guéant sur les étudiants étrangers a été immédiatement abrogée. Rien d’étonnant : elle avait été critiquée par la droite elle-même et découlait d’une dérive à l’extrême droite du candidat Sarkozy à la recherche d’un électorat raciste et xénophobe. Elle avait été critiquée par des responsables académiques, universitaires, et de patrons eux-mêmes. Le gouvernement avait alors débordé des simples intérêts des classes dirigeantes pour se lancer dans la surenchère démagogique. Facile alors pour le gouvernement de gauche de mettre ce petit changement en scène et le présenter comme un changement de cap. Manque de chance, au moment même où on donne le droit aux étudiants étrangers en situation régulière de travailler, c’est justement le moment où les patrons ne le font pas car tous les postes, des secteurs public et privé, sont en ce moment même supprimés suite à l’austérité liée à la crise et à la dette de l’Etat… Encore un geste qui n’est que de la poudre aux yeux !

Les régularisés progressivement… dérégularisés….

Les dernières grèves de sans papiers ont amené la CGT, qui dirigeait le mouvement et les remises de dossiers, à accepter des accords avec le gouvernement pour des régularisations précaires à renouveler. Le résultat est un mouvement actuel de dérégularisation. En effet, les travailleurs sont tenus de faire renouveler les papiers provisoires. Et ce qui est demandé, c’est le contrat des patrons qui avait servi à obtenir la régularisation provisoire. Mais les mêmes patrons n’ayant pas renouvelé les contrats, les sans papiers se retrouvent rejetés par les préfectures pour défaut de conditions de renouvellement…

Amiens et le bouc émissaire des jeunes d’origine dite étrangère »

Les média ont largement diffusé l’information concernant les affrontements entre les jeunes des banlieues d’Amiens et les forces de police. Le gouvernement a fait des déclarations de fermeté et promis… plus encore de répression. Pourtant, c’est justement les forces de répression qui avaient tout fait pour provoquer les jeunes des cités d’Amiens… jusqu’à ce que cela pète. Les policiers, travaillés par la droite et l’extrême droite, n’ont pas craint de jeter de l’huile sur le feu en effectuant des interpellations, des contrôles systématiques contre ces jeunes à l’occasion d’un enterrement d’un des ces jeunes et ce avec des propos et des actes violemment hostiles. Cette gauche qui n’est pas moins sécuritaire que la droite n’a pas plus d’avenir à offrir à la jeunesse que le chômage, la misère, le mépris et la répression…

Qui a le plus régularisé de sans papiers ?

Au regard de cet historique, on peut tenter de répondre à la question récurrente : qui, de la gauche entre 1997 et 2002, ou de la droite entre 2002 et 2011, a le plus régularisé ?

Il existe un indicateur, certes partiel, mais éclairant : le nombre de délivrances de titres de séjour aux étrangers déclarant « être entrés de manière irrégulière sur le territoire », donc de personnes « sans-papiers » qui ont obtenu un titre de séjour. On trouve ces chiffres dans des rapports au parlement. Selon le premier rapport datant de 2004, le gouvernement de Lionel Jospin aurait régularisé, entre 1999 et 2002, 58683 étrangers en situation irrégulière. Il faut cependant relativiser ce chiffre car on observe un décrochage entre ce rapport et les suivants. Selon les données du rapport de 2007, le nombre de régularisations entre 1999 et 2002 se porte à 64 380.

Ajoutons les 80 000 régularisations à la suite de la circulaire Chevènement entre 1997 et 1998. Le gouvernement Jospin aurait alors régularisé 144380 personnes sans-papiers entre 1997 et 2002. Prenons maintenant le bilan du gouvernement sous la présidence de Nicolas Sarkozy entre 2007 et 2011. Selon les mêmes rapports (le dernier date de 2011), le gouvernement aurait régularisé environ 124 440 personnes en situation irrégulière.

Si l’on ajoute les années où Nicolas Sarkozy était ministre de l’Intérieur, cela porte à 156 441 le nombre de régularisation.

Il est donc possible de constater que à droite, comme à gauche, le nombre de régularisation est sensiblement identique. Régularisation massive ou régularisation au cas par cas, les différentes mesures depuis 1997 ne semblent pas avoir enrayé le flux de migrants.

La justice interdit la détention des étrangers pour séjour irrégulier

La Cour de cassation a estimé jeudi 5 juillet qu’il n’était pas possible de mettre en prison ou de placer en garde à vue un migrant au seul motif qu’il n’a pas de titre de séjour.C’est toute la chaîne de reconduite à la frontière qui est bouleversée.

Le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, veut une loi « le plus vite possible » pour combler ce vide juridique.

C’est le dernier épisode d’un feuilleton entamé il y a plus d’un an. L’intrigue avait pour point central une interrogation qui taraudait les juges : peut-on mettre sous les verrous un étranger parce qu’il est sans papiers ? Hier, la Cour de cassation a clairement répondu par la négative, suivant un premier avis demandé à la chambre criminelle, rendu le 5 juin dernier. « Cette décision entérine le fait que les étrangers sans papiers ne sont pas des délinquants, et que le droit pénal ne doit par conséquent pas être utilisé pour remplir des objectifs de lutte contre l’immigration illégale » , se félicite Me Patrice Spinosi, qui plaidait cette affaire pour la Cimade, association d’assistance aux migrants placés en centres de rétention.

Cette décision va à rebours de la conception même du droit des étrangers en France. Le séjour illégal était jusque-là considéré comme un délit pouvant être puni d’un an d’emprisonnement et de 3750 € d’amende. Dans la pratique, 200 personnes sont écrouées chaque année pour ce motif. À noter, toutefois, que le régime de la rétention administrative qui précède la mesure d’éloignement n’est pas concerné par la présente décision.

Mais ce n’est pas tout. La garde à vue, également considérée comme une détention, devient elle aussi interdite. Cette fois, l’enjeu est tout autre, puisque cette mesure constitue un maillon essentiel de la chaîne de reconduite à la frontière. Selon le ministère de l’intérieur, 84000 infractions à la législation des étrangers étaient constatées en 2011. La grande majorité des sans-papiers interpellés est maintenue à disposition de la police, le temps de demander à la préfecture un titre d’éloignement. Sans garde à vue, les forces de l’ordre n’auront plus que quatre heures pour vérifier l’identité d’un étranger et enclencher une éventuelle mesure d’éloignement.

Cette évolution trouve son origine dans un cas italien sur lequel la Cour européenne de justice de l’Union européenne (CJUE) s’est prononcée, le 28 avril 2011. Un Algérien rentré illégalement dans la péninsule transalpine avait fait l’objet d’une expulsion prise par le préfet de Turin. Pour ne pas s’être plié à cette décision, il risquait cinq ans de prison. Saisie en appel, la CJUE a jugé illégale l’incarcération d’un étranger au seul motif qu’il est sans papiers.

Dès lors, la loi française entrait elle aussi en contradiction avec le droit de l’Union, plongeant les juges dans la perplexité. Certaines cours d’appel ont annulé des gardes à vue, tandis que d’autres ont préféré suivre la position du gouvernement précédent, pour qui un maintien de 24 heures au poste de police restait possible. Saisis sur cette affaire par une question prioritaire de constitutionnalité, les sages avaient estimé, le 3 février dernier, qu’il ne leur revenait pas de s’exprimer sur une problématique administrative. Au final, c’est la Cour de cassation, en charge du contentieux des étrangers, qui a tranché.
Pour la Place Beauvau, il s’agit maintenant de « trouver un nouvel outil juridique qui permette l’efficience des éloignements » . Le ministre de l’intérieur Manuel Valls souhaite créer « le plus vite possible » un nouveau texte législatif. La France pourrait notamment s’appuyer sur le modèle belge, qui ne prévoit plus d’infraction pénale de séjour irrégulier. En revanche, les policiers peuvent effectuer des « arrestations administratives », sortes de « pré-rétentions » en attendant d’obtenir l’éventuelle autorisation à expulser.

Pour le spécialiste du droit des étrangers Serge Slama, ce nouveau système ne constituera pas nécessairement une avancée. « La garde à vue offre un certain nombre de garanties, dont la présence très rapide d’un avocat, rien ne dit que la procédure à venir sera aussi protectrice », souligne le juriste. Si tel n’est pas le cas, il est fort à parier que les contentieux continueront à pleuvoir et à déstabiliser les juridictions.

Les associations de défense des immigrés préconisent plutôt une généralisation des alternatives au système de mise en rétention, comme l’assignation à résidence. Le développement d’une telle procédure est peu probable à court terme. Pour l’heure, le taux d’exécution des Obligations de quitter de territoire français (OQTF) envoyées au domicile des migrants sans papiers ne dépasse pas 10 %.

Les familles de sans-papiers avec des mineurs ne seront plus, en règle générale, placées en centre de rétention mais assignées à résidence dans des conditions strictes, selon la circulaire rendue publique samedi par le ministère de l’Intérieur.

"Maintenir des enfants en rétention n’est pas acceptable", a expliqué sur France Info Manuel Valls qui a toutefois prévenu qu’il ne se départirait pas de son "message de fermeté" : "Nous ne sommes pas en situation aujourd’hui d’accueillir plus que ce qui est possible sur notre territoire national".

"Une politique d’immigration, (...) elle doit permettre la stabilité des étrangers en situation régulière, la régularisation sur des critères précis mais également des reconduites à la frontière", a-t-il ajouté.
Dans la circulaire, il est prévu qu’en cas de non respect de l’assignation, de fuite ou de refus d’embarquer, la famille ne pourra "plus bénéficier" du nouveau dispositif. Et "en cas d’interpellation ultérieure, vous pourrez procéder à la mise en rétention administrative", écrit Manuel Valls aux préfets dans la circulaire.
D’ailleurs des dispositions ont été prises "pour que les équipements à l’accueil spécifique des mineurs soient régulièrement entretenus ou renouvelés dans tous les centres (de rétention administrative, ndlr) déjà adaptés à l’accueil des familles", selon la circulaire.
Quant à l’assignation à résidence, qui ne pourra excéder 45 jours (délai renouvelable une fois), elle sera strictement encadrée avec un "périmètre de circulation" et l’"obligation périodique de se présenter" au commissariat ou à la gendarmerie.

Seront également demandées des "garanties de représentation" avec une "preuve d’une résidence effective permanente" ainsi que la "possession de documents d’identité et de voyage en cours de validité et qui peuvent être conservés par l’autorité administrative en échange d’un récépissé valant preuve d’identité".
Pour ceux "dont les garanties de représentation sont faibles et dont le comportement d’ensemble révèle une volonté manifeste de fraude", sera mise en place une "assignation à résidence au domicile avec une vigilance toute particulière ou assignation dans un autre lieu permettant une surveillance facilitée" par policiers ou gendarmes.
Manuel Valls recommande également aux préfets de privilégier les dispositifs d’aide au retour.

Vaste opération anti sans papiers en Grèce

Selon un nouveau bilan de la police, publié lundi, plus de 6.000 personnes au total ont été interpellées au cours du seul week-end. Et c’est loin d’être fini même si on ne dispose pas là des chiffres définitifs.
Intitulée "Xenios Zeus" (du nom du roi des dieux antiques Zeus, protecteur des hôtes), l’opération a requis la participation de 2.000 policiers à Athènes et 2.500 dans le département frontalier d’Evros (nord-est)" passage habituel des migrants de Turquie.
Le ministre conservateur de la Protection du citoyen Nikos Dendias a estimé lundi que le problème de l’immigration était "peut-être plus important que le problème financier" pour la Grèce.
Estimant sur la radio Skaï qu’il s’agissait d’une "bombe pour les fondements de la société et de l’Etat", M. Dendias n’a pas hésité à faire référence à l’Antiquité en évoquant une "invasion d’immigrants", la plus importante connue par le pays, selon lui, depuis celle des Doriens au IVe siècle avant notre ère.
De son côté, le dirigeant des socialistes Pasok, Evangélos Vénizélos, qui participe dans le gouvernement de coalition droite-gauche, a indiqué que la loi devait être imposée à Athènes mais qu’il ne fallait pas transférer le problème dans les autres villes dans le nord du pays.
Selon certains médias, la plupart des sans papiers ont été transférés dans des centres de rétention, situés en Thrace, région à la frontière gréco-turque (nord-est) et principal point de passage des immigrés.
L’objectif est de "reconduire les sans papiers à leur pays d’origine, fermer les frontières (...) et faire en sorte qu’Athènes redevienne une métropole de droit avec une qualité de vie", avait souligné samedi le porte-parole de la police, Christos Manouras.
Selon lui, la reconduction des migrants clandestins à leurs pays d’origine "est un besoin de survie nationale" et l’opération va se poursuivre les jours prochains.
Durant sa récente campagne électorale, le conservateur Antonis Samaras, devenu premier ministre, avait promis de faire la chasse à l’immigration illégale.

Obama et les sans-papiers

En juin, après l’impasse au Congrès sur la loi de régularisation dénommée « Dream Act »,le président a signé un décret permettant aux Dreamers d’obtenir un permis de travail : 1,7 million de jeunes seraient concernés, selon le Pew Research Center. Les deux tiers de la population approuvent cette mesure de régularisation.
Obama cherche à se donner un crédit populaire à l’approche des élections présidentielles en régularisant un grand nombre de sans-papiers. Cela ne fera pas oublier que l’Administration Obama a renvoyé près d’un million et demi d’immigrés illégaux depuis 2009. Un record.

La suite


CE QUE NOUS VOULONS :

 Soutenir contre toutes les xénophobies et tous les racismes, contre tous les nationalismes bourgeois et petit bourgeois, que les travailleurs de n’importe quel pays, de n’importe quel statut administratif, avec ou sans papiers, en règle ou pas, sont chez eux sur n’importe quel bout de terre de cette planète même si les classes dirigeantes ont choisi de mettre des barbelés pour enfermer ce bout de terre comme s’il leur appartenait.

 Développer la conscience que les travailleurs, qu’ils soient avec ou sans papiers, sont une même classe ouvrière dont les combats ne doivent pas être divisés et que la lutte pour les papiers n’est pas à séparer de la lutte pour l’emploi, le logement, la santé pour tous, avec ou sans papiers

 Défendre l’idée que l’opposition fondamentale de la société est celle entre travailleurs et exploiteurs et que les papiers comme la précarité, la profession, le secteur d’activité, la nationalité et la religion servent à diviser les travailleurs.

 Affirmer que la classe ouvrière, si elle apprend à agir comme une classe, est la principale force sociale dans le monde capitaliste et doit s’organiser en tant que telle, de manière indépendante en comités locaux de lutte, dans les entreprises et les villes, qu’il s’agisse de travailleurs en fixe, de précaires, de chômeurs ou de sans papiers.

 La classe ouvrière, qu’elle soit avec ou sans papiers, peut utiliser tous les partis, tous les syndicats et toutes les associations pour agir mais elle a essentiellement besoin, pour défendre ses intérêts de classe, d’une organisation autonome : celle de ses comités de travailleurs, fédérés à l’échelle régionale et nationale par l’élection de délégués au cours de la lutte. Partis, associations et syndicats peuvent se présenter comme candidats à la délégation et défendre leurs propositions au sein des comités mais ces derniers sont indépendants et représentent la classe en lutte.

 Rappeler que l’Etat qui nous réprime, en tant que sans papiers, est aussi l’ennemi de tous les travailleurs, qu’ils soient ou pas des nationaux, qu’ils soient ou pas en situation régulière, que la police déloge toujours les grévistes et pas les patrons, même quand ces derniers prétendent fermer l’entreprise et licencier massivement, que l’Etat sert toujours à expulser le locataire, à clôturer le compte bancaire de celui qui a perdu ses revenus et pas à emprisonner le banquier ou le patron qui l’ont ruiné ou jeté à la rue. En nous pourchassant, l’Etat bourgeois ne défend nullement la sécurité des citoyens, ni ne défend la population du pays : il défend exclusivement la loi des classes dirigeantes.

 Exiger la suppression des actes illégaux des préfets, des arrestations au faciès, des contrôles des papiers, des interdits professionnels pour les sans papiers, des mises en situation d’illégalité des travailleurs, des rétentions administratives, de la criminalisation des étrangers et des obligations de quitter le territoire. Droit d’exister pour tous, de se loger pour tous, de travailler pour tous, de la santé pour tous et de vivre où cela nous plait...

Messages

  • la mobilisation a tout de suite chuté cédant la place à une situation d’attente.

  • Ce n’est pas une situation d’attente pour les patrons et les flics qui eux attaquent, pour le gouvernement qui englue les organisations dans les fameuses négociations...

  • CE QUE NOUS VOULONS :

     Soutenir contre toutes les xénophobies et tous les racismes, contre tous les nationalismes bourgeois et petit bourgeois, que les travailleurs de n’importe quel pays, de n’importe quel statut administratif, avec ou sans papiers, en règle ou pas, sont chez eux sur n’importe quel bout de terre de cette planète même si les classes dirigeantes ont choisi de mettre des barbelés pour enfermer ce bout de terre comme s’il leur appartenait.

     Développer la conscience que les travailleurs, qu’ils soient avec ou sans papiers, sont une même classe ouvrière dont les combats ne doivent pas être divisés et que la lutte pour les papiers n’est pas à séparer de la lutte pour l’emploi, le logement, la santé pour tous, avec ou sans papiers

     Défendre l’idée que l’opposition fondamentale de la société est celle entre travailleurs et exploiteurs et que les papiers comme la précarité, la profession, le secteur d’activité, la nationalité et la religion servent à diviser les travailleurs.

     Affirmer que la classe ouvrière, si elle apprend à agir comme une classe, est la principale force sociale dans le monde capitaliste et doit s’organiser en tant que telle, de manière indépendante en comités locaux de lutte, dans les entreprises et les villes, qu’il s’agisse de travailleurs en fixe, de précaires, de chômeurs ou de sans papiers.

     La classe ouvrière, qu’elle soit avec ou sans papiers, peut utiliser tous les partis, tous les syndicats et toutes les associations pour agir mais elle a essentiellement besoin, pour défendre ses intérêts de classe, d’une organisation autonome : celle de ses comités de travailleurs, fédérés à l’échelle régionale et nationale par l’élection de délégués au cours de la lutte. Partis, associations et syndicats peuvent se présenter comme candidats à la délégation et défendre leurs propositions au sein des comités mais ces derniers sont indépendants et représentent la classe en lutte.

     Rappeler que l’Etat qui nous réprime, en tant que sans papiers, est aussi l’ennemi de tous les travailleurs, qu’ils soient ou pas des nationaux, qu’ils soient ou pas en situation régulière, que la police déloge toujours les grévistes et pas les patrons, même quand ces derniers prétendent fermer l’entreprise et licencier massivement, que l’Etat sert toujours à expulser le locataire, à clôturer le compte bancaire de celui qui a perdu ses revenus et pas à emprisonner le banquier ou le patron qui l’ont ruiné ou jeté à la rue. En nous pourchassant, l’Etat bourgeois ne défend nullement la sécurité des citoyens, ni ne défend la population du pays : il défend exclusivement la loi des classes dirigeantes.

     Exiger la suppression des actes illégaux des préfets, des arrestations au faciès, des contrôles des papiers, des interdits professionnels pour les sans papiers, des mises en situation d’illégalité des travailleurs, des rétentions administratives, de la criminalisation des étrangers et des obligations de quitter le territoire. Droit d’exister pour tous, de se loger pour tous, de travailler pour tous, de la santé pour tous et de vivre où cela nous plait...

  • Elle s’appelait Saamiya Yusuf Omar et portait le dossard 2895 aux JO de Pékin, en 2008. Elle était l’une des deux seules athlètes à représenter son pays, laSomalie. Elle avait même été désignée comme porte-drapeau lors du défilé de la cérémonie d’ouverture. Les spectateurs l’avaient applaudie, émus, dans sa série du 200 mètres, au cours de laquelle elle était arrivée dernière, loin de toutes les autres, dans un temps anecdotique de 32 secondes et 16 centièmes. Ce qui importait, c’était d’où elle venait. Pour participer aux Jeux olympiques, elle avait dûsurmonter une montagne d’obstacles. Le pays était dominé par les fondamentalistes islamiques, qui voyaient d’un mauvais oeil une femme athlète.
    Mais Saamiya avait tenu bon. En s’entraînant dur. Elle savait que le sport pouvait l’aider à s’affranchir. Elle venait de Mogadiscio, aînée de six frères et soeurs. Son père avait été tué dans la rue. L’expérience olympique lui avait plu. "Cela a été très beau de défiler avec les meilleurs athlètes du monde", avait-elle répondu aux journalistes qui l’interrogeaient. Cela ressemblait au début d’une histoire de revanche sur la vie. Le sport, quelquefois, le permet.
    Mais pas avec elle. "Saamiya a eu droit à une note de Wikipedia qui explique qu’elle est née en 1991, première année de la guerre en Somalie, mais pas qu’elle est morte en Méditerranée", a raconté, dans le blog Pubblicogiornale.it, Igiaba Scego, écrivaine italo-somalienne - depuis, sa page a été remise à jour. La nouvelle de la mort de Saamiya a été révélée par un ancien athlète somalien, Abdi Bile, le seul à avoir remporté une médaille pour son pays, l’or, aux 1 500 mètres des Mondiaux de Rome en 1987. "Savez-vous ce qu’est devenue Saamiya Yusuf Omar ?", s’est-il écrié, la voie rompue par l’émotion, lors d’une rencontre publique avec des membres du comité olympique somalien. Personne n’a su répondre. Abdi a repris : "Elle est morte pour rejoindre l’Occident. Elle était montée à bord d’une "charrette de la mer" qui, de Libye, devait la conduire en Italie. Mais elle n’y est jamais arrivée."

  • A l’université d’été du PS, M. Valls s’est dit même « fier » d’avoir voté en 2010 la loi interdisant le port de la burqa, un texte porté à l’époque par Nicolas Sarkozy et qui avait fortement divisé la gauche, jusqu’au sein du Parti socialiste. Les violences d’Amiens ? « Ceux qui tirent sur la police ne le font pas au nom d’une révolte ou d’une colère sociales, mais parce qu’ils ne veulent pas de l’ordre républicain », a-t-il tonné. Les difficultés avec la communauté rom ? « Oui, je continuerai le démantèlement de campements où il y a de l’insécurité et de l’insalubrité ! », a-t-il prévenu.

  • Pour le 16ème anniversaire de l’évacuation de l’Église Saint Bernard de Paris, plusieurs collectifs se sont retrouvés samedi 25 août pour manifester dans la capitale. Toujours dans l’attente et l’illégalité, les sans-papiers veulent des réponses. Le 23 août 1996, la police évacuait l’Église Saint Bernard, défonçant à coups de hache la porte d’entrée sous’œil des caméras pour déloger des familles qui y campaient depuis plus de 50 jours. Cette journée marquera le début d’une lutte acharnée pour obtenir la régularisation de tous les sans-papiers Seize ans plus tard, deux cents personnes se sont réunies en ce samedi 25 août aux abords de la place de a République à Paris pour manifester et réclamer « l’égalité pour tous ». Une situation toujours difficile Malgré les sourires de façade des militants, la situation actuelle n’incite pas à l’optimisme. Pris pour cibles depuis de nombreuses années, les sans-papiers ont de plus en plus de mal à se faire une place dans la société. « Avant, même sans-papiers on arrivait tant bien que mal à trouver du travail légal. Aujourd’hui on ne trouve plus de boulot déclaré, on est obligé de travailler au noir », explique Moussa de la Coordination des Sans-papiers parisiens (CSP75). Des boulots précaires bien souvent payés au lance- pierre par des employeurs peu scrupuleux Des conditions qui ne permettent plus d’accéder à un logement : « Honnêtement, on n’en parle même plus Avant, avec la fausse carte, on arrivait à trouver quelque chose, maintenant, ce n’est plus possible. On se retrouve bien souvent dans des foyers, entassés à 5 ou 6 dans des chambres », se désole Moussa Un gouvernement qui laisse perplexe« Voilà cent jours que M. Hollande a été élu, je ne vois aucun changement », peste Miloud de l’association Droits Devant. En tête de cortège, ce militant de la première heure se désespère face à l’inertie du gouvernement Ayrault : « Ils n’ont pas encore mis les pieds sur le sol. Ils pratiquent toujours des régularisations au cas par cas, il faut qu’il se rendent compte que les sans-papiers sont des victimes ». Parmi les manifestants, peu croient à un changement politique radical. C’est le cas de Thomas, militant communiste : « Il y a encore un bébé qui vient de mourir dans un centre de rétention, alors les déclarations choquées, ils peuvent se les garder ».« Si on ne fait pas de bruit rien ne change » Malgré tout, les sans-papiers veulent continuer à espérer. "La marche européenne des sans-papiers et migrants" qui a eu lieu du 2 juin au 5 juillet a redonné des forces aux plus pessimistes. « Nous sommes en négociation avec le gouvernement, une rencontre est prévue le mois prochain, on espère qu’ils accepteront de régulariser les gens à partir de cinq ans de présence en France », déclare Moussa Tous sont conscient de la situation économique actuelle défavorable, mais justement, ils avancent un argument en leur faveur : « Parmi tous les gens qui ont été régularisés, 80% travaillent ; si tout le monde est régularisé, ça sera bénéfique pour l’État », assure Moussa Au mégaphone, les slogans se succèdent tandis que les djembés animent les rues de la capitale Porté par la mobilisation, Miloud se veut confiant : « Il faut toujours croire que c’est possible », avant de ancer fataliste : « De toute façon si on ne fait pas de bruit, rien ne changera ».
    correspondant pour le Courier de l Atlas.

  • Une certaine forme de réaction emprunte d’hostilité de la part des militants d’une des deux CSP75 dans la manifestation qui démarrait à République : après éclaircissement et discussion, l’expression "travailleurs sans papiers" ne plaisait pas.

    En effet, la CGT et l’extrême gauche, derrière les banderoles de la CGT ayant cassé la dynamique des grèves et occupations de 2008, en menant une politique du cas par cas, utilisait le slogan "régularisation des travailleurs sans-papiers".

    Ainsi, dans la tête des travailleurs et militants, parler de travailleurs sans papiers crée maintenant une méfiance.

    Les Chauveau, Blanche, Amzallag, les organisations telles que PCOF, Étincelle, et aussi RESF, LO, NPA... militant pour casser la régularisation de tous les sans papiers, inventent des slogans qui créent une méfiance de se revendiquer ouvrier, prolétaire, travailleur.

    La responsabilité aujourd’hui est de mener le combat idéologique et programmatique pour que les travailleurs, les prolétaires montrent qu’ils sont capables de se bagarrer pour eux mais aussi pour les étudiants, les femmes au foyer.

    La régularisation doit être massive, sans critère de résidence, de preuve de 2, 3 5 ou 10 ans. Aucun critère de régularisation, ni critère de travail, d’étude ou d’enfants, ni statut de travailleurs, ni de femme de travailleur, NON : DES PAPIERS POUR TOUS.

    Seul le prolétariat organisé et dirigeant le mouvement des sans-papiers et entraînant les étudiants, les femmes aux foyers, les enfants, dans ce combat, et l’ensemble des prolétaires de toutes les nationalités présents à Paris ou à Marseille permettra de gagner.

    Le niveau de conscience dans cette manifestation est intéressant, car les problèmes sont entiers, et qu’un bilan a été tiré en partie des freins connus et identifiés par le passé.

    La CGT et l’extrême gauche ne veulent plus, si elles l’ont voulu un seul jour, de la régularisation massive et active. Ils ont démontré qu’ils aident les préfectures à faire baisser la tête aux prolétaires qui veulent se battre.

    Reste à savoir jusqu’où la CSP75 veut aller : est-elle prête à prendre la direction du mouvement ? Très probablement, car les militants sans-papiers sont extrêmement organisés et conscients. Mais sont-ils suffisamment conscients que le programme politique qui permettra de gagner est d’entraîner les couches conscientes à s’organiser de manière autonome ?

    Les deux CSP75 sont-elles ou deviendront-elle le parti dont nous avons besoin ? celui qui aide à l’organisation autonome des travailleurs sur leurs quartiers, sur leurs lieux de travail ? ou bien les deux CSP75 sont-elle en train de créer une bureaucratie concurrente à la CGT et à l’extrême-gauche ?

    Si cette tendance à la bureaucratie est bien là, les deux CSP75 pourront-elles dépasser cela pour aller à un parti léninien, communard qui permettra d’entraîner prolétariat et travailleurs à une nouvelle commune sur les base de l’insurrection active d’octobre, mille fois, dix-mille fois plus active que la dynamique parisienne et communarde ?

    Aucun critère !

    Régularisation de tous !

    Aucune organisation dirigeante !

    Autonomie des prolétaires !

    Direction prolétaire de tous les travailleurs !

    Unification de tous les travailleurs derrière les banderoles internationalistes !

    Abolition des frontières !

    Suppression des différentes charte Schengen !

    Suppression des visas !

    Suppression des passeports pour voyager !

    suppression des polices maritimes, terrestres aériennes !

    Suppression des douanes aux particuliers !

    Libre circulation des individus, contrôle par les conseils des prolétaires des circulations de capitaux et des marchandises !

    Organisation autonome du prolétariat !

    Non à l’idéologie des martyrs ! Les vivants d’abord !

  • Je peserai plus la conscience des adherents de la Csp75 qui sont sans pap ou qui viennent d etre regularises.
    Le combat collectif, l auto-organisation, les moyens d associer tous les salaries en s adressant dans les entreprises a tous sans distinction de statut, les assemblees generales, les comites de greve, sont loin des perspectives immediates et meme loin de suciter le debat.
    Ok pour la mefiance sur la revendication de la reguralisation globale non defendue par La Cgt, mais je pense que justement le resultat de cette politique d encadrement des sans pap. Par les sociaux democrates et extreme gauche a eu pour effet de casser l idee de comite de greve et de lutte de classe.
    Et cela ne peut pas avoir aide a eleve le niveau de conscience, au contraire !
    Et on voit le resultat quand un camarade nous dit : " la manif du 25, ce n est pas saint bernard, c est la Csp75" .
    La Cgt et son unite dans la defaite de tous a au moins converti les militants sans pap !

    200 personnes samedi est aussi le resultat de l enfermement du mouvement sans pap derriere des orgas qui les isolent les uns des autres et aussi du reste des salaries.

  • A mon sens, le problème est général et il est le même pour les associations que pour les syndicats ou pour tout groupe qui mène une action en vue d’obtenir satisfaction de revendications. Dès lors, l’organisation est amenée à devenir intermédiaire entre travailleurs et Etat et entre travailleurs et patrons, et comme telle exerce une pression dans le sens du réformisme qui finit toujours par l’amener à décider de manière "responsable", comme tampon, et à la place des travailleurs. On l’a vécu par exemple avec Droits devant et les chômeurs ou les sans logis ou encore avec Touche pas à mon pote ou des associations féministes.

  • Six cents Roms évacués de deux camps à Stains !

    L’association humanitaire Première urgence, qui apportait une aide sanitaire à 200 de ces Roms, regrette que « les évacuations posent un problème de suivi, en particulier des enfants, des femmes enceintes et des bébés. Il y avait deux nouveau-nés dans un camp ». Un représentant de la Voix des Rroms ajoute que « les personnes évacuées n’ont pas reçu de propositions de logement d’urgence autre que le 115, qui est déjà saturé ». La préfecture assure au contraire qu’« elles n’ont pas accepté les propositions de relogement et de départ volontaire qui leur ont été faites ».

    « Nous savons pertinemment que les expulsions sans solution durable ne règlent pas les choses, reconnaissent Michel Beaumale et Patrick Braouezec. Mais se contenter d’un statu quo qui entérinerait la gestion des bidonvilles par quelques villes de banlieue populaire n’est pas non plus envisageable. »

    En quoi l’expulsion est-elle une solution ?

  • Le placement en rétention des familles sans papiers avec enfants mineurs continuera d’être systématique à Mayotte. Ainsi en a décidé, mardi 28 août, le Conseil d’Etat, en rejetant la requête de plusieurs associations qui défendent les droits des étrangers. Celles-ci contestaient notamment le champ d’application de la circulaire du 7 juillet du ministre de l’intérieur, Manuel Valls.
    Le texte prévoit en effet de privilégier, à l’avenir, le système de l’assignation à résidence pour les familles plutôt que la rétention, mais il se limite à la seule métropole. Il n’inclura donc pas l’île de Mayotte, alors que le département d’outre-mer situé au large de Madagascar voit passer dans son centre de rétention administrative (CRA) un nombre d’enfants mineurs très important : environ 5 000 par an, contre 350 en métropole, en 2010.

  • Les forces de l’ordre espagnoles et marocaines ont délogé ensemble et sans incidents, dans la nuit de lundi à mardi, des dizaines de migrants installés sur un îlot espagnol désert et les ont renvoyés pour la plupart au Maroc. Des mineurs et des femmes ont été conduits en territoire espagnol.

  • Bonjour à tous

    M. Ribeiro est enfin sorti libre du JLD de Meaux.

    Il le doit d’abord à son courage personnel et à son obstination, après trois refus d’embarquement, dont le dernier hier à Roissy lui a valu un passage à tabac par les policiers de la PAF, de multiples contusions et traumatismes et une nuit d’hôpital. Un comportement scandaleux des forces de l’ordre qui a fait ou fera l’objet d’un signalement au Procureur de la République et à la Commission de déontologie des forces de sécurité.

    Mais c’est aussi une revanche pour ce jeune homme qui, pour avoir purgé une peine pour un délit mineur, se trouvait doublement sanctionné, victime d’une décision d’éloignement forcé injuste et nié dans son statut de père de famille et de parent d’enfant français.
    C’est également une victoire de la solidarité, puisque de Marseille, à Roissy, en passant par Meaux, les militants de la LDH et de RESF, les intervenants de la Cimade, ont fait ce qu’il fallait pour que cet homme puisse faire valoir ses droits et ait enfin la joie d’embrasser son fils et tous les siens.

    C’est enfin un revers pour la politique de M. Valls et de ses préfets : dans sa décision, le juge s’appuie sur le fait que M. Ribeiro n’a pas eu le droit de se servir de son téléphone pendant son transfert de Marseille à Paris. Cet aspect de la négation des droits élémentaires des retenus pourrait paraître formel. Mais c’est en réalité un désaveu cinglant pour un préfet et un ministère de l’Intérieur qui avait fait le choix, une fois de plus, de soustraire, quasi clandestinement, un étranger menacé d’éloignement forcé de son environnement familial et social, avec surtout la volonté d’échapper au fort mouvement de soutien qui s’était organisé autour de lui à Marseille. Et un succès qui en appelle d’autre vis à vis d’une politique qui s’affirme, en ce qui concerne les mesures d’éloignement et l’indifférence aux situations humaines, dans la continuité des gouvernements précédents.

    Jean Michel

  • un nourrisson est décédé dans un centre de rétention de France. Pourtant, l’une des rares promesses concernant les centres de rétention d’un Hollande arrivant au pouvoir avait consisté à prétendre qu’il n’y aurait plus de famille et plus d’enfants dans les centres de rétention. Le gouvernement a justifié vendredi le placement en rétention administrative d’immigrants illégaux à Mayotte.

    Il y a un arrêt récent de la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui condamne la France pour placement d’enfants en centres de rétention. Cet arrêt avait été salué par le PS alors dans l’opposition ...

    C’est dans le « territoire français » de Mayotte (colonie « française » des Comores) que c’est arrivé. Dans cette région, les habitants des îles voisines sont considérés comme « étrangers » et pourchassés avec des méthodes encore plus violentes que sur le territoire français. Les méthodes employées par l’Etat français aux Comores seraient taxées de fascisme si elles étaient employées en France. A l’inverse, elles n’ont aucun écho dans les média français quand elles sont employées aux Comores !

  • Une centaine de travailleurs sans papiers sont en grève en Ile-de-France...
    Ce mouvement concerne pour l’heure une centaine de salariés de six entreprises très représentatives des secteurs dans lesquels travaillent les plus précaires : le bâtiment, avec Défi Technology ; la cuisine avec Event Thaï ; les déchets avec STLG et Sepur, la logistique et le transport avec Chronopost et GLS....

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