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La classe capitaliste est passée à l’offensive en France

lundi 8 octobre 2012, par Robert Paris

La classe capitaliste est passée à l’offensive en France

L’arrivée de la gauche au pouvoir a été une occasion que les patrons n’ont pas manqué de saisir : celle de faire croire qu’ils sont les victimes d’un complot « de gauche » qui va menacer la viabilité économique des entreprises. Du coup, ils se donnent l’air de révoltés qui défendent non seulement leur intérêt financier mais les intérêts de l’économie française elle-même ! Bien entendu, le gouvernement de Hollande-Ayrault a seulement eu quelques velléités de supprimer des avantages marginaux un peu trop criants que leur avait offert Sarkozy. A peine, les patrons ont-ils élevé la voix que les ministres ont remballé leurs mesurettes prétendant taxer un tout petit peu le capital ou en ont pris d’autres qui les compensent largement. Mais les patrons ne vont pas s’arrêter en si bon chemin et, puisque la révolte patronale paie, le mouvement est en train de se développer. Il faut exiger plus, dans tous les domaines, il faut enfoncer la gauche pleutre, incapable de défendre même ses fausses réformes et toujours prête à reculer, en prétendant que c’est sa capacité à négocier, à céder en fait aux chantages patronaux.

Offensive tous azimuts : vague de licenciements massive et coordonnée dans les trusts et les banques, tous secteurs confondus, chantage patronal pour imposer la flexibilité des contrats à durée déterminée, la flexibilité des charges de travail sans surcoût pour les patrons, la flexibilité des horaires et le chômage technique sans surcoût également, le non paiement de charges sociales et de taxes sous prétexte de défense des emplois, des décharges massives de taxes et d’impôts et ainsi de suite.

Que les patrons appellent cela « choc-compétitivité », « flexisécurité de l’emploi », « plans d’aide à la croissance en France » ou encore « accords patronat/syndicat pour sauver les emplois », il s’agit toujours de chantages directs avec menace violente de nouvelles fermetures et de nouveaux licenciements. Ce qui plombe l’économie, ce n’est pas un manque de compétitivité comme le prétendent patronat et gouvernement, unis sur ce point avec certains syndicats. Non, l’effondrement de la part des investissements productifs provient de la trop grande rentabilité des opérations financières et bancaires. L’argent liquide, tournant dans les « marchés financiers » rapporte bien plus que l’argent investi ! Et plus les Etats balancent des milliards dans l’économie, plus la finance en rafle l’essentiel, rendant l’investissement productif de moins en moins rentable relativement.

Mais l’économie étant d’abord des rapports de forces sociaux, un sous-produit de la lutte des classes, les choix des classes dirigeantes ont consisté à aller à l’attaque pendant que les centrales et le gouvernement se cantonnaient dans les positions purement défensives.

Si les patrons se révèlent prêts à remettre en cause le calme social, à remettre en question l’ensemble des rapports sociaux en France, la gauche et les syndicats ne comptent nullement remettre en cause le fondement de ces attaques anti-sociales, la propriété privée des moyens de production des grands trusts et banques.

Cela s’est manifesté dans l’affrontement voulu et organisé par les patrons des trusts contre les salariés, tout particulièrement là où cet affrontement avait pris un air impressionnant : à PSA. Le patron de Peugeot avait en effet choisi de donner un caractère offensif et même provocateur à ses annonces de licenciements. Il a ainsi pris la tête de l’offensive patronale. Le gouvernement n’a eu que des déclarations d’indignation, vite remballées. Les centrales syndicales n’ont pas davantage répliqué, ni à PSA ni à l’ensemble des licenciements. Pas de grève avec occupation. Pas de généralisation des luttes. Il n’y a eu aucune réaction à l’échelle de l’attaque. Ce n’est pas la manifestation du 9 octobre qui peut suffire à cette réponse. C’est aux salariés d’une entreprise qui licencie de commencer à étendre sa lutte en envahissant les autres sites, en organisant des assemblées générales communes successives dans toutes les autres, en affirmant que la lutte va être générale, qu’elle va s’étendre aux chômeurs, aux précaires, aux CDD, aux entreprises du public et semi public qui suppriment des emplois. La meilleure défense étant l’attaque, il faut que les salariés ne craignent pas de menacer les profits patronaux, de s’attaquer aux trusts et aux banques. Et qu’ils ne cultivent aucune illusion sur l’Etat capitaliste.

Le patronat, le gouvernement, la gauche et la droite réunis, veulent nous enfermer dans la « défense de l’industrie et de l’économie française », dans les négociations patrons/syndicats/gouvernement et dans les « sacrifices partagés ».

Notre avenir est dans l’action directe des salariés qui ne craindra pas d’empiéter sur le droit divin des patrons. Puisque les patrons nous privent massivement de nos emplois, ils perdent tout droit sur les entreprises, tout droit à diriger la société, tout droit à se dire propriétaires des capitaux et des moyens de production.

Messages

  • Quand les patrons arrivent, le couteau entre les dents, prêts à égorger les emplois, le gouvernement propose aux soi-disant défenseurs des travailleurs de s’installer à la table pour en causer autour du tapis vert…
    Et le pire, c’est qu’il n’existe pas une centrale syndicale pour refuser ce type de dialogue qu’elles appellent elles-mêmes du chantage.
    Le pire, c’est qu’après avoir elles-mêmes remarqué que le patronat avait lancé la guerre sociale, la guerre de classe, elles se sont gentiment assises pour demander à quelle sauce on proposait de manger les travailleurs, du moment que c’était leurs petits copains de la gauche gouvernementale qui organisait les débats. Comme si c’était une garantie que cela allait donner quelque chose de positif !
    Pourtant, entre temps, il est apparu clairement que le gouvernement de gauche tournait casaque et, au moindre prétexte, se mettait à justifier les licenciements massifs de PSA et la fermeture du site d’Aulnay, appelant seulement les syndicats à ne pas radicaliser la lutte contre les licenciements, de peur de nuire ensuite aux salariés qui allaient conserver leur emploi en cassant l’entreprise…
    Comme si ce n’étaient pas le patron lui-même qui cassait l’entreprise en se gardant bien d’expliquer pourquoi. Entreprise d’autant plus facile que ni le gouvernement ni les syndicats ne voulaient non plus expliquer le pourquoi, le dévoiler au grand public.
    Je te tiens, tu me tiens par la barbichette, est donc le slogan du moment. Le patronat tient le gouvernement qui tient les centrales syndicales qui sont chargés de calmer les travailleurs.
    Et c’est bien à cela que l’on a assisté à Peugeot et tout particulièrement sur le site d’Aulnay où chacun pouvait se demander si le patron n’avait pas pris le risque de provoquer l’explosion de colère.
    Si le patron avait pris le risque, ceux qui ont estimé que cette explosion ouvrière n’était pas bonne conseillère ni gage de succès, ce sont les appareils syndicaux ! C’est soi-disant la leçon qu’ils avaient tiré des conflits sur les licenciements, ceux des Conti, des New Fabbris et bien d’autres… Et ils n’en ont pas tiré la leçon qu’il fallait d’emblée généraliser la lutte, ne pas s’enfermer sur un site.
    Pourtant, les syndicalistes d’Aulnay étaient préparés à la situation, archipréparés même puisque cela faisait des mois et des mois qu’ils avaient éventé le projet de fermeture de la direction et l’avaient rendu public. Un temps énorme pour se préparer. Mais se préparer à quoi ? Cela dépend d’abord de la politique des centrales syndicales. A l’époque, celle-ci consistait justement à diviser les luttes, à accuse de l’échec de celles-ci la méchanceté et l’antisyndicalisme d’un Sarkozy, sous-entendant que, quand il serait chassé par l’électeur, notamment le salarié, tout cela changerait. La lutte des retraites avait été le terrain le plus remarquable de cette « stratégie » et l’échec cuisant son résultat marquant.
    L’annonce des licenciements massifs par PSA à la mi-juillet, huit mille postes supprimés en interne et quatre mille emplois supprimés à l’extérieur (précaires et prestataires) avait créé un choc parmi les travailleurs de tout le pays et de tous les secteurs. C’est ce choc qui avait contraint le gouvernement à prendre une posture violemment anti-patronat de PSA (verbalement seulement comme on l’a vu). Mais cela n’a pas amené les centrales syndicales à penser qu’il fallait organiser une réaction ouvrière à l’échelle du pays. N’importe quelle réaction pouvait marquer le coup. Il restait quinze jours avant les départs en vacances mais cela pouvait suffire aux centrales et particulièrement aux syndicats d’Aulnay.
    Cela leur a suffi pour botter en touche ! Ils ont trouvé la parade : on remet la lutte à plus tard. On fait appel à une expertise. Inutile, ont-ils dit de se lancer avant les vacances qui vont interrompre tout cela. Il sera toujours temps de voir après. Les minorités actives qui se sentaient déjà prêtes à entraîner le plus possible de travailleurs dans une première réaction ont été douchées par le discours de leurs dirigeants, et notamment ceux de la CGT.
    Cette dernière avait une réponse toute faite : c’est une course de fond et pas une course de vitesse. Il faut garder ses forces pour plus tard. On se mettra en grève si on le décide, mais tous ensemble et après les vacances. Rien ne presse. Les dirigeants CGT se sont relayé et ont empêché tout démarrage de lutte. Du coup, ils ne risquaient pas de reprocher aux syndicats nationaux de se remettre à la rentrée, finalement au début octobre…
    Il faut dire que la gauche de la gauche, qui prétend doubler le gouvernement dans le radicalisme social, comme c’est le cas du Front de gauche et des équipes militantes de la CGT, sont critiques vis-à-vis de Hollande mais sont plutôt sur l’axe : débloquer des fonds pour aider la relance de l’industrie française, comme s’il s’agissait seulement de cela. Comme si l’effondrement économique frappait seulement la France et comme si l’Etat pouvait sur le long terme pallier à l’arrêt du moteur économique. En tout cas, cela signifie que du MEDEF au Front de Gauche, en passant par la CGT, tout le monde souhaite que l’argent de nos impôts, sous une forme ou une autre, soit injecté dans l’économie privée sous prétexte de relance…
    Le gouvernement ne les avait d’ailleurs pas attendus puisque sa seule réponse aux licenciements à PSA avait été un plan d’aide financière aux trusts licencieurs !
    Mais on se garde bien de nous dire ce qui empêche les capitaux privés de s’investir dans l’industrie comme ils l’ont fait sans sollicitation pendant de nombreuses années !
    Cette question, ni un syndicat, ni un parti politique, ni un homme politique, ni un ministre ne la soulève.
    C’est pourtant simple : quand on constate que la moitié des profits réalisés par Renault l’ont été par la BCI, la banque Renault, alors que le grand public ignore que Renault est devenu une banque, c’est que l’on cache un fait pourtant considérable, la transformation de tous les trusts en banques, en établissements financiers, par leur désinvestissement massif de la production et du commerce.
    Ce n’est nullement à une désindustrialisation de la France ni à une interruption du moteur économique du pays à laquelle on assiste mais au même mouvement à l’échelle mondiale et qui n’a pas été interrompu depuis cinq ans !
    Les aides massives des Etats n’ont en rien relancé la machine qui ne fait que tourner en roue libre.
    Il est important de le dire car cela détermine la manière dont les travailleurs peuvent lutter.
    Et aussi la manière par laquelle ils peuvent être trompés.

  • Les premiers à entrer dans l’action radicale, les patrons des trusts, étaient justement ceux qui avaient été le plus aidés : les patrons des trusts de l’automobile !!!
    Au salon de l’Automobile, toutes leurs déclarations ont été des déclarations de guerre, celle de des patrons de PSA mais aussi celle des patrons de Renault ! Elles ont eu bien plus d’effet choc que les manifestations des salariés de Peugeot au même salon ! Car elles remettaient bien plus de choses en cause !
    Ghosn, patron de Renault (dont le principal actionnaire est l’Etat), n’avait certes pas mandat pour ouvrir les hostilités en annonçant qu’il allait de suite licencier et fermer des sites. Par contre, il en menacé gouvernement et syndicats, pour se faire ensuite gloire d’attendre e bon moment… Et, effectivement, inutile de se presser et de créer une jonction entre salariés Renault et PSA risquant de mettre le feu aux poudres de toute la situation sociale en France. Il le sait Ghosn, même si les centrales syndicales, elles, ne veulent pas le savoir !
    Alors que l’attaque des licenciements est effectivement celle de l’ensemble du patronat, les centrales syndicales se gardent bien de globaliser la riposte. Les Doux protestent seuls. Les ArcelorMittal seuls aussi. Seuls encore les Sanofi. Seuls toujours les PSA et encore site par site.
    Il n’y a que lors de journée d’action sans lendemain que les salariés se retrouvent de manière fugitive ensemble dans la rue, désarmés devant une offensive d’ensemble avec une réplique localisée, cassée, divisée… comme si on devait défendre les sites un par un, les entreprises les unes sans les autres, les salariés menacés de licenciements sans ceux qui le seront ensuite. C’est ce que l’on a appelé la « technique du salami » que l’on coupe tranche après tranche…
    Et la gauche et le gouvernement acceptent là une volonté du patronat sans nullement réagir.
    Comment pourrions- nous faire face à cette entreprise de destruction (de nos emplois, de nos salaires, de nos contrats de travail, de nos conditions de travail, des services publics, de toute la société) sans nous organiser par nous-mêmes en comités de lutte qui se déféreraient à l’échelle locale, régionale et nationale sans accepter aucune de ces divisions, aucun de ces compromis qu’acceptent les syndicats et aucune de ces négociations bidon ?

  • Carlos Tavarès, n’exclut pas la fermeture d’usines Renault en Europe. Il vient de le déclarer
    au journal allemand Automobilwoch :

    "La tendance à la baisse des ventes en Europe
    occidentale va se poursuivre pendant plusieurs
    années. Il n’y aura pas de retour au niveau des
    ventes d’avant la crise de 1998 avant trois ou
    quatre ans. Ce n’est pas une tempête en train de
    s’apaiser mais une tempête qui va durer plusieurs
    années. En dernier ressort des fermetures d’usines
    sont possibles. Nous verrons !"

    C’est tout vu !

    Il faut une lutte d’ensemble des Renault et des PSA et ce n’est pas les syndicats qui l’organiseront !!!

  • Le gouvernement de gauche a reculé face aux "pigeons" capitalistes : il vient de leur faire cadeau de 750 millions et n’empochera que 250 millions sur le milliard qu’il prétendait leur enlever et encore, on verra ce qu’il prendra réellement... C’est un gouvernement très faible vis-à-vis des patrons et il n’en sera que plus dur vis-à-vis des travailleurs et des milieux populaires.

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