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Jeunesse d’octobre 56 à Budapest

vendredi 12 octobre 2012, par Robert Paris

Jeunesse d’octobre 1956 à Budapest

La décomposition du cadavre de Staline – bien qu’on eût collé un chef de cire et qu’on eût embaumé son uniforme – ne pouvait empêcher la pourriture de la dictature. Cette décomposition se fit sentir dans les prisons surtout à partir de 1954, pendant l’été Imre Nagy. Le changement se traduisait par une atténuation des sévices, par la possibilité d’écrire et de recevoir quelques lettres, et autres menus adoucissements. (…) La démoralisation de la police secrète , l’Avo, était le signe le plus certain, le plus écœurant aussi du changement en cours. Les Avo ne savaient pas jusqu’où allait la transformation du régime politique, et ils cherchaient à prendre des gages en nous rendant de petits services : lors d’un brusque revirement, nous pourrions témoigner pour eux. Le gardien qui me giflait hier était maintenant obséquieux. Dans leurs cerveaux de brutes, les mots n’avaient qu’un sens : les anciens maîtres disparaissaient, d’autres maîtres allaient les relayer. Et ils seraient choisis, de préférence, parmi ceux qui étaient en prison. Peut-être certains de nous, qui sait ? Cette masse de mercenaires armés que représentait l’Avo était en plein désarroi : les dirigeants communistes savaient, eux, jusqu’où ils composeraient, mais ils mettaient une sorte de coquetterie à n’en rien révéler, et les Avo restaient sur leurs gardes, inquiets. L’Avo, c’était la plus lourde hypothèque du régime, on l’a bien vu pendant la Révolution. Le 25 et le 26 octobre, par exemple, on a vu surgir dans différents quartiers de Budapest des voitures de l’Avo d’où ces canailles mitraillaient des femmes qui faisaient la queue devant les boulangeries. Comme s’ils tenaient à exaspérer la population, à susciter des actes de vengeance spectaculaires, pour permettre en retour une répression sauvage, une répression totale. (…)

Les trois premières semaines d’octobre, (…) entre les dirigeants du Parti, l’autocritique prenait des dimensions épiques, de jour en jour amplifiées, cependant que le peuple ni les intellectuels ne se tenaient pour satisfaits. Grignoter les mensonges ne suffisait décidément plus. Les écrivains, les jeunes universitaires, les ouvriers, tous réclamaient la vérité, tant sur les actes du passé que sur la situation réelle du pays. La mise en scène de funérailles de Rajk visait non pas à la réhabilitation de la victime Rajk, mais à la réhabilitation de ceux qui avaient mis en place l’appareil à obtenir et à utiliser des aveux, de ceux qui avaient ordonné l’exécution de l’ancien ministre, grand inquisiteur à ses heures, l’emprisonnement et la torture pour sa femme et le rapt de son fils. La grossière imagerie des chefs égarés était remplacée à présent par la grossière imagerie des chefs repentants et morfondus. Les foules, certes, en avaient été saisies, mais pas comme les psychologues et propagandistes l’avaient voulu. Les Hongrois n’acceptaient plus le mensonge, que ce fût pour noircir les uns, ou pour blanchir les autres. Si, jusqu’au 6 octobre, date de ces funérailles sinistres au cimetière Kerepesi, la révolte grondait sourdement, pendant les jours qui suivirent, elle s’exprima, précise et impérieuse.

Les réunions du Cercle Petöfi étaient en fait des réunions d’un comité permanent de préparation révolutionnaire, une assemblée qui groupait les hommes les plus éclairés, les plus conscients et qui mettait au point les cahiers de revendications de la nation. Les journaux, la radio apportaient tous les jours d’étonnantes nouvelles qui témoignaient aussi d’un ébranlement dans les autres pays satellites, les pays écuyers comme on dit en Hongrie. (…)
La population déjà noctambule de Budapest prenait l’habitude, à présent, de prolonger indéfiniment les discussions dans les lieux publics et dans la rue. Les dirigeants du Parti, auxquels tout contrôle de l’opinion menaçait d’échapper, répétaient en vain : ne portez pas la discussion dans la rue. Mais lma rue, où ce qu’ils tenaient pour telle, pénétrait partout. Les discussions du Cercle Petöfi, interdites, puis cependant reprises, avaient lieu dans des locaux de plus en plus vastes et, par un jeu de micros reliés à la salle, se propageaient dans des immeubles entiers, durant aisément de sept heures du soir à trois heures du matin. Dans les expresso, dans les hôtels d’étudiants, dans les couloirs des Facultés et les jardins, dans les réfectoires des usines, elles continuaient indéfiniment. (…)

Qui a lancé l’idée de manifester ? Le mot d’ordre nous a été passé par téléphone. Nous étions tous en liaison, les responsables, ceux qui avaient la confiance des jeunes. L’idée de la manifestation était dans l’air, depuis les funérailles de Rajk, peut-être. Pour la première fois, chacun pouvait en faire à sa tête, aller ou ne pas aller à une démonstration, sans être pointé par le secrétaire du Parti ou le secrétaire de la Section d’Etudes. L’occasion était tentante. Quand le bruit courut, le mardi, que la manifestation était interdite, les « enfants » (les jeunes) se mirent à hurler : « Nous voulons manifester. Nous n’avons jamais manifesté. »

Lundi soir, pendant que dans différentes Universités avaient lieu de grandes réunions et de nombreux « meetings volants » une centaine de délégués des écoles d’art se rencontrèrent pour décider de l’opportunité de la manifestation et, le programme du mardi. La manifestation de solidarité pour les Polonais (eux-mêmes en lutte contre la dictature et la misère) serait-elle silencieuse ou non ? Devions-nous nous borner à porter des banderoles ? Ou allions-nous crier, répéter des mots d’ordre ? Quelqu’un proposa de manifester en silence, d’abord. Nous nous compterions. Et deux semaines plus tard, nous pourrions manifester encore et crier des slogans. (…)
Nous nous sommes promis de défiler en rangs serrés, école par école, pour éviter que les éléments inconnus qui poursuivaient peut-être des buts qui n’étaient pas les nôtres, ne vinssent à se mêler à nous. Nous avons décidé, d’accord avec les délégués d’autres écoles venus nous rejoindre, que nous nous rencontrerions mardi à deux heures et demi devant la statue de Petöfi. Et quel serait le parcours suivi par les différentes universités ? Exigerions-nous l’arrêt du trafic pendant la manifestation ? Nous nous efforcerions de tout prévoir.

Et le mardi se leva. Dès le matin, il fallut s’occuper de la mise au point et du tirage des tracts. Nous avons envoyé des émissaires dans les usines, pour expliquer aux ouvriers le but de la manifestation projetée. Non, nous ne voulions pas réclamer une amélioration de la nourriture à la cantine. Puis le ministre de l’Intérieur Lazlo Piros fit savoir qu’il interdisait la manifestation. Puis il fit savoir qu’il autorisait la manifestation. Et il y eut la grandeur de ces instants, autour de la statue de Bern, le général polonais, le fameux insurgé de 1848. Et le long stationnement d’une foule de cent mille personnes devant le Parlement, le spectacle extraordinaire des torches improvisées qui s’allumaient : pour décourager les manifestants et les obliger à se disperser, le commandant de la police politique, de l’intérieur du Parlement, avait fait éteindre les lumières. Les gens mettaient le feu à des journaux, aux papiers qu’ils avaient sur eux. Imre Nagy paraît au balcon, trop tard, et dit quelques mots. Arrivent les premières nouvelles de la lutte devant la Radio, la foule se divise, afflue vers les quais et les boulevards. Les uns marchent sur la Radio, les autres sur la statue de Staline.
Devant les grilles du parc du Musée, les balles sifflaient déjà. (…) Place du Parlement, les Avo avaient commis un massacre. (...)
Nous avons poussé des pointes de reconnaissance dans diverses directions. Il y avait foule devant l’imprimerie « Vörös Csillag ». Surtout des soldats, sans armes et l’air désemparé. Un groupe de civils, sans armes eux aussi, entourait une auto qu’on lançait comme un bélier contre le portail de l’immeuble. On avait, paraît-il, arrêté des Avo, la police secrète, et la foule voulait leur faire un mauvais parti. Un jeune homme dont la veste laissait voir un gros pansement à l’épaule me dit qu’il y avait eu deux cents morts pendant la nuit. Un tank passa, la tourelle ouverte. Les femmes comme les hommes brandirent le poing vers les soldats russes, indifférents. C’était mon premier tank russe. Certes, les tanks hongrois étaient de la même fabrication que les russes : ils ne s’en distinguaient que par le numérotage, mais que c’était donc curieux ces tanks du pays « grand frère » parmi le petit peuple de Budapest !

Nous rebroussâmes chemin vers le boulevard Szent Istvan, de l’autre côté de la gare de l’Ouest, d’où venait le bruit qu’on aurait dit celui des chaines trainées dans quelque pacifique enfer : des tanks. Les gens passaient, sans manifester de peur ou d’étonnement. « Tu as beau courir, tu n’iras pas loin », lança un garçonnet. Les tanks prirent une rue latérale, plutôt étroite : ils remplissaient presque la chaussée. C’est qu’ils ne pouvaient pas passer par le haut du boulevard où se dressaient des barricades, tous les cent mètres. Une auto blindée dont le moteur avait dû être détruit, montée sur le trottoir, bordait la première barricade.

Encore une fois, nous sommes revenus sur nos pas. Nous nous mêlions à des groupes qui discutaient ferme, sans s’occuper de la fusillade intermittente, et pas davantage des tanks, qui semblaient errer plutôt que patrouiller. « Il ne faut pas jeter la discorde entre les étudiants et les ouvriers », expliquait un cheminot moustachu relatant un incident dont il aurait été témoin devant le Parlement. « On ne savait pas encore quelle tournure ça prendrait », disait une femme qui se mit tout à coup à sangloter, et qui s’esquiva.

Soudain, je m’aperçus que nous marchions sur une sorte de tapis automnal. L’asphalte était recouvert d’un revêtement à dessins jaunes, bleus et noirs. Les zones de différentes couleurs étaient nettement délimitées ; c’étaient des disques fondus. La foule avait cassé les vitres du Centre Culturel, une de ces élégantes librairies – salons que les Russes avaient installés dans différents quartiers de Budapest, et qu’on appelait les boutiques Horizons. (…)
Nous eûmes juste le temps de nous abriter : des rafales partaient du milieu de la chaussée. La fusillade était intense autour de l’imprimerie Athenaeum, le siège de quelques publications d’importance secondaire, et tenues pour divertissantes. (…) Je ne sais dire combien de temps nous avons pris ainsi l’air de la Dictature du Prolétariat, qui s’était installée sur les boulevards. Un café fameux, énorme, celui qui s’appelait jadis le « New York » avait ses vitres brisées, et dans ses fauteuils s’étaient installés les ouvriers de la périphérie. On ne leur servait rien, mais, dans une rue voisine, un boulanger faisait des kifli (sorte de croissant). Des gens s’engouffraient dans la boutique et repartaient par les rues en mangeant. (…)

La première scène de violence, je l’ai vue devant le Sörszanatorium, un local assez mal famé, d’où partaient des coups de feu. La foule prit le local d’assaut, et je vis sortir quatre hommes en uniforme : l’un d’eux fut immédiatement abattu. « Il vient de tuer une femme et son gosse », cria quelqu’un. Un autre fut pris à partie par la foule, sérieusement malmené, puis on le conduisit avec sollicitude dans une pharmacie. On entourait le troisième, qu’on emmena je ne sais où. (…)

A la préfecture de Budapest, le colonel Sandor Kopacsi, cet homme vif et énergique qui avait organisé le service d’ordre de la manifestation du mardi, surveille lui-même la distribution des armes aux insurgés. Il prend garde qu’elle soit équitable. On fait la queue, pas de passe-droit. (…)

Autour de nous, les gens chantaient, toussaient, pleuraient. Chacun manifestait ses sentiments selon l’état de son larynx, car la manifestation avait déjà exigé beaucoup, et voix et d’enthousiasme, avant que la foule ne fût parvenue au Parlement. (…) Les ouvriers de Csepel, ce groupe en tablier de cuir, la barre de fer brut à la main, ils entrent tout droit dans la mythologie de la Révolution. (…) La foule hurlait « Crève Gerö, montre seulement ta gueule ! » (…)

Les trois centres névralgiques étaient le Parlement, qui devait répondre du lendemain, la Radio, qui devait établir le lien avec le pays et le monde extérieur, et la statue de Staline, symbole de la cruauté, de la bêtise et du mensonge, géante baudruche qu’il fallait dégonfler, fût-elle en bronze. (….)

Devant le bâtiment de la radio, on avait l’impression que les nouvelles les plus récentes, des nouvelles capitales, se transmettaient de la rue à la Radio. Comme nous faisions là, de nos mains nues l’histoire, nous souhaitions que le puissant émetteur de la Radio Kossuth en informât le monde extérieur, que l’annonce d’un speaker enthousiaste consacrât le nouveau code de notre liberté. La foule s’agglomérait devant l’entrée du bâtiment où des têtes apparaissaient aux fenêtres. Des cris fusaient de toutes parts pendant que les haut-parleurs déversaient de la musique. Et le cri : « A bas Gerô », « Crève Gerö » avait été tant de fois répété que les lapes s’allumèrent sur la place et qu’une voix s’éleva : « Chers auditeurs, nous transmettons une allocution du camarade Ernö Gerö, premier secrétaire du Comité central du MPD (parti communiste hongrois). » (…)
« Les décisions importantes prises par la Comité central en juillet… les membres du parti, la classe ouvrière, la paysannerie laborieuse, les intellectuels les ont pleinement approuvées… »
Tu parles ! Nous sommes là et on ne nous avait pas demandé d’approuver ou non…
« Nous voulons élever le niveau de vie de notre peuple… Mais quelques mois ne suffisent pas à réaliser complètement ce qui a été décidé… Nous connaissons maintenant l’urgence des problèmes… Nous devons les examiner de près… Nous devons nous appuyer sur des millions de camarades, nos ouvriers, nos paysans… » (…)

Les plaisanteries autour de moi allaient bon train, les jurons aussi, et les cris renouvelés appelaient Nagy au pouvoir. Mais le discours mécanique et radiophonique continuait, imperturbable. (…)
Dans l’immeuble de la Radio, c’étaient les hommes de l’Avo qui avaient commencé à tirer, non par nervosité, mais sur ordre. Sur l’ordre de qui ? Du commandant de leur détachement ? Probablement sur l’ordre du conseiller soviétique qui dirigeait leur état-major.
Les services de la radio furent le théâtre de sanglantes bagarres. Les manifestants avaient réussi, de la rue Pouchkine, à gagner les studios en retrait de la rue du Muséum ; un bunker à deux étages, prévu pour les services d’émission en temps de guerre, et les ruines de l’ancienne légation d’Italie, le long de la rue du Muséum, achevaient le bloc. Par cette rue du Muséum étaient arrivés les détachements de l’Avo, qui encerclaient le bloc baïonnette au canon, face à la foule. Détail dérisoire : c’est dans cette même rue du Muséum que se trouvait le siège du Club Kossuth, d’où était issu le mouvement désigné sous le nom de Cercle Petöfi.

La houle de la foule s’était déplacée et renouvelée sans cesse. Vers 7 heures, une délégation de manifestants, entrée dans l’immeuble de la Radio avait demandé à ce que les seize points fussent diffusés sur les ondes, à Valeria Benke, la grande patronne de la Radio, qui s’était dérobée, et au sous-directeur, Lazlo Hartai. Hartai, le type achevé du fanatique, et d’autres responsables comme Erdös, firent lanterner la délégation pendant des heures. Une délégation du personnel de la Radio apparut à un balcon et cria à la foule que le personnel ne demandait qu’à transmettre les seize points mais qu’on l’en empêchait.

Pour calmer la foule, on amène sur le balcon des membres de la délégation. Les manifestants crièrent qu’il fallait mettre un micro dans la rue et qu’ils se chargeaient de donner eux-mêmes la lecture des seize points. En effet, une voiture de radio arriva dans la rue Brody Sandor ; la foule hissa une jeune fille que signalait la couleur voyante de son imperméable sur la plateforme de la voiture. Elle lut le tract des seize points.

Mais quelques instants plus tard, la foule s’aperçut que les postes récepteurs, placés dans les fenêtres des appartements qui avoisinaient l’immeuble, ne diffusaient rien de cette lecture : la voiture n’était pas reliée à l’émetteur de la radio d’Etat. Cette tentative de diversion poussa l’exaspération à son comble.

Des quartiers voisins, les gens arrivaient aux nouvelles. L’agitation était extrême dans cette portion de la capitale comprise entre le Danube, les rues Kossuth et Rakoczi, jusqu’aux boulevards et au Théâtre National, d’une part, jusqu’au Pont Petöfi d’autre part, et enfin dans ce quartier qui représente le cerveau de Budapest, avec les Facultés, les Bibliothèques, les journaux et dont la radio est le centre même. C’est d’ailleurs sur ce secteur des boulevards aux alentours du Pont Petöfi que se situèrent un peu plus tard les foyers de résistance les plus ardents, la caserne Kilian, l’impasse Korvin, et les luttes autour de l’immeuble de »Szabad Nép ». A l’angle de la rue Kossuth et du boulevard du Muséum se trouve le fameux Hôtel Astoria, qui allait devenir pendant les jours d’octobre le siège du Haut Commandant russe. Mais tout indique que des observateurs et des conseillers soviétiques de haute volée s’y étaient déjà installés avant le début des bagarres à la Radio. Toujours est-il que c’est devant l’Astoria que les premiers tanks de l’intervention prirent leur position de départ, dès cette nuit du 23. Quand ? Il est difficile de l’établir à une heure près, vers 3 ou 4 heures du matin.

Oui, après de discours de Gerö, la nuit tombée, rien ne se passait. Les hauts-parleurs diffusaient de la musique de danse. L’un après l’autre, outre la délégation admise, des groupes de jeunes étaient entrés à la radio en se faufilant à travers le palais Eszterhazy. (…) Toute émission avait cessé à la Radio Kossuth, elles venaient du studio du Parlement. Le pouvoir tenait la radio. Gerö régnait toujours. Où était-il ? Pas mal de gens avaient entendu son discours mais les nouveaux venus dans la foule n’en connaissaient la teneur que par de brefs résumés, qui se colportaient de l’un à l’autre. « Il ne veut rien entendre. Il nous refuse tout. Il nous a traités de fascistes, de « vaguany » ». Vagany, un mot en vogue, blessant, réservé aux aventuriers de bas étage, aux petites frappes, aux voyous, quelque chose comme « hooligan » en russe, avec la nuance de Budapest qui veut que la canaille ait de l’adresse et du cran.

Et des courants, des vagues puissantes secouaient la foule, de manière purement mécanique aussi. Elle était de plus en plus dense du côté du Musée National, juste à l’endroit où les insurgés de 1848 s’étaient rassemblés pour écouter le poème insurrectionnel, de la bouche de Petöfi. A présent, pour qu’elle fût valable et entendue, cette déclaration devait être énoncée à la Radio. La foule, de plus en plus grande, prenait conscience de sa force et essayait de pénétrer dans le goulot de la rue Brody Sandor, devant la façade de la Radiodiffusion. Il était un peu moins de 9 heures quand la nouvelle se répandit comme une traînée de poudre : la statue de Staline avait été abattue, il n’en demeurait que les bottes sur le socle. Tout le monde voulait en finir avec ces bottes, qui, par un décalage inadmissible de l’Histoire écrasaient encore la radio.

Mouvante et renouvelée sans cesse, la foule trépignait plus qu’elle ne grondait, en plein désarroi, une foule où se mêlaient aux hommes, des enfants, des ouvrières, et beaucoup d’étudiants. Soudain, du côté de la radio, des cris. Les haut-parleurs invitent la foule à approcher.

« Venez plus près. Avancez. Imre Nagy va vous parler. Ecoutez. »
En même temps se déploie un cordon d’Avo, armes pointées, baïonnettes au canon, qui interdit l’entrée du bâtiment. L’un des hommes, serré de près par les manifestants, lance à l’officier, avec un chapelet de jurons : « Il faut foutre cette bande de salauds en l’air. » L’officier a un geste d’impatience. Et en un clin d’œil, tout le tableau change.

Des fenêtres tombent des bombes lacrymogènes. Des manifestants en rattrapent quelques-unes au vol, et les lancent contre la façade. Les Avo dans les étages doivent pleurer comme les gens dans la rue. Au même instant, ou presque, cinq camions d’Avo arrivent par la rue Pouchkine, et trois s’engouffrent dans l’immeuble de la radio. Deux sont immobilisés par la foule. Par la rue Szentkiralyi débouchent des camions et des tanks de l’armée, pleins de soldats en armes, des armes vides de munitions, comme il s’avère sur le champ. Un tank avance presque jusqu’à l’entrée de la Radio. De la tourelle sort un officier – commandant, disent les uns, capitaine disent les autres – qui veut parler, calmer la foule à ce qu’il paraît. Je ne sais. Je suis alors près des camions militaires, au coin de la rue Pouchkine. Je saisis des bribes de propos échangés entre manifestants et soldats.

« Sur qui voulez-vous tirer ? – Vous n’avez pas de mère ? – Toi, tu es un fils de paysan. Ton père pense sans doute que tout est pour le mieux, à la ferme. – Les Avo sont des assassins, nos ennemis sont les vôtres. »

« Nous n’avons pas de munitions. Ne craignez rien. Nous obéirons à nos officiers. »

Et les premières salves claquent. La confusion est totale.

Nous essayons de pousser les femmes et les enfants en direction de la Faculté des Sciences et la foule, autant que faire se peut, reflue vers les jardins du Musée National. Le commandant du tank est toujours debout, dressé sur son tank, sa tête casquée émerge de la fumée. C’est lui qui s’abat le premier : couché par une salve – une série, comme on dit à Budapest. Des fenêtres de la radio les Avo déchargent leurs mitraillettes sur la rue. Du côté des studios, la fusillade crépite. Les lampadaires éclatent sous les balles. Les manifestants portent les blessés. Un enfant geint, la gorge ouverte, une femme l’emporte, silhouette d’une minceur fantastique détachée sur la lueur des camions qui flambent. La sirène des ambulances alterne avec les détonations. Une ambulance chargée d’armes destinées aux Avo est prise d’assaut. Dès lors, les armes changent de mains. Je vois Péter, un garçon de Polytechnique, charger une mitraillette. Il la secoue calmement, la première balle ne glisse pas dans le canon. De la caserne Kilian arrivent avec une promptitude qui tient du miracle les premiers groupes d’ouvriers qui ont foncé sur les dépôts. Un ambulancier traîne un soldat blessé. Sur un cri inarticulé, nous nous jetons par terre derrière un camion en flammes. « Il y a là vingt morts » dit quelqu’un. Je rampe du côté de la rue Pouchkine, et voici que les coups de feu de ce côté claquent au-dessus de moi : ils viennent des toits des immeubles qui font face à la Radio. Les partisans sont derrière les cheminées, dans les décrochements des charpentes. (…)

Des soldats russes sautent de leurs tanks, embrassent les citoyens en armes, des Hongrois en l’occurrence, leur font place dans le tank, les y installent avec leur drapeau national. Les instances russes avaient d’abord donné à l’Avo l’ordre secret de tirer sur la foule, et plus tard au personnel politique hongrois de les appeler officiellement, eux, les Russes, à étouffer l’insurrection en prétendant qu’elle était contre-révolutionnaire. Dans quelle mesure ces instances y croyaient, à l’existence de ces contre-révolutionnaires ? Mais ce que le haut commandement russe savait, c’est que les troupes hongroises, des troupes portant uniforme russe, maniant des armes russes, usant d’un matériel roulant russe, encadrées d’officiers généraux russes, que ces troupes s’étaient mutinées. Les hommes ont passé leurs armes aux insurgés. Qui pis est, les officiers hongrois laissaient faire, quand ils n’encourageaient pas. (…) Tous ceux qui, comme moi, ont circulé dans les campagnes, pendant les jours d’octobre, ont rencontré de lamentables cortèges des soldats sans armes qui erraient sur les chemins de terre, dans les bois, cherchant à atteindre leurs villages. Il n’y avait plus d’armée. (…) Mais quel a pu être l’affolement et l’indignation de ces généraux russes quand ils s’aperçurent que, non seulement les troupes hongroises avaient refusé d’obéir, mais que leurs propres soldats, natifs de Kharkov, de Sverdlovsk ou de Kuibitchev se mutinaient, eux aussi. Et si ça continuait ? Si après l’armée de Hongrie, les armées d’occupation de Roumanie et des autres démocraties populaires se soulevaient, à leur tour ? De proche en proche, le mouvement de rébellion pourrait s’étendre, et quelque téméraire pourrait lever la main, et arracher l’épaulette de son général. N’avait-on pas renversé la statue de Staline ? Les mitrailleuses de l’Avo – et de la police politique russe, elle n’a pas dû lâcher l’Avo dans ces circonstances critiques – qui se sont installées sur les toits des ministères autour du Parlement avaient pour mission claire, pour mission capitale, d’étouffer la mutinerie des soldats. Les tanks qui circulaient dans la ville devaient suffire à intimider les civils. A condition toutefois de remplir leur rôle. Le feu de l’Avo visait avant tout les soldats qui avaient cessé d’obéir : les déserteurs russes devaient mourir avant de faire école. (…)

Le premier tank soviétique est sorti à minuit et demi, de la cour de l’Ambassade soviétique, à Bajza ucca, le mardi 23 octobre. Cette même nuit, à quatre heures, le premier convoi de tanks a pris position devant l’hôtel Astoria. Mercredi, les tanks circulaient, nombreux, et souvent sautaient, jouets monstrueux cassés par des enfants, et pas seulement par des enfants. (…)

Les soldats se promènent autour de leurs engins, et regardent la foule, assez dense par ici, avec un sourire plutôt bienveillant. Dans un renfoncement deux civils examinent un fusil. Au coin de la rue Andrassy qui fut rue Staline, puis avenue de la Jeunesse Hongroise, un cadavre au bord d’un trottoir, le visage recouvert de papier journal. Les gens l’entourent, chapeau, casquette à la main. Quelqu’un se baisse et découvre le visage. Un civil, un adolescent, les cheveux coupés ras. Soudain, débouche du côté de la rue Andrassy un cortège précédé d’un cycliste qui agite un drapeau. Une avant-garde, compacte, est suivie de près par la masse des manifestants, qui tiennent toute la largeur de la chaussée. Des cris « Nous ne sommes pas des fascistes ! Les Avo sont des bandits ! » Et l’imprécation à présent familière : « Crève Gerö ! »
Puis une sorte de murmure parcourt la foule : « Au Parlement. Allons au Parlement. » Il y a un flottement. D’autres groupes, toujours sans armes, arrivent du côté de la rue Rakoczi. (…)

Les manifestants se scindent, envahissent les rues latérales, tandis que le gros défile par la rue Bajcsi-Zsilinski. Certains passent par la rue des époux Rosenberg, l’ancienne rue Hold. Arrêt des groupes, cris et délégations aux ambassades des Etats-Unis et d’Angleterre. On déclare partout aux manifestants que les représentants diplomatiques ne servent à rien en matière de soulèvement populaire. J’entre en conversation avec l’équipage d’un char russe, dans lequel soldats et manifestants fraternisent sous le drapeau hongrois. Un jeune officier russe, qui semble jouir du spectacle, du moment solennel, historique, et s’épanouit dans les hourras d’enthousiasme, répète inlassablement « Vous êtes des gars, des vrais de vrai ». Toute cette grande famille afflue, passablement en désordre, sur la place du Parlement, la place Kossuth. La façade de l’immense bâtiment en faux gothique, tant de fois décrite, est cernée par un cordon de tanks qu’entourent des groupes paisibles de soldats. Ceux-ci ne frayent pas avec la foule, ils la maintiennent à distance.
C’est sur le terre-plein bétonné, face à l’escalier d’honneur, que surviennent deux autres tanks russes sur lesquels un nombre incroyable de jeunes gens s’agrippent. (…)

Une première rafale venue des toits du Ministère de l’Agriculture faucha les hommes sur la pelouse, près de la statue de Rakoczi. Comme si l’ordre était venu de l’immeuble du Parti tout proche. Telle fut ma première idée : la direction de ce tir doit se trouver au foyer de toutes les initiatives malheureuses, au Comité Central même. (…) je vis les Russes diriger leurs armes vers les toits des Ministères. Pas de doute, ils tiraient sur les Avo. Et un instant encore, j’aperçus mon camarade Fedor près de la tourelle de son tank. D’en haut, de seconde en seconde, les rafales devenaient plus nourries. Je ne sais ce que faisaient les tanks rangés devant la façade du Parlement, mais ceux qui étaient sur a place se défendaient ferme. La foule déferlait tantôt sur le Parlement, dont l’accès lui était barré, tantôt vers le ministère dont les arcades offraient une protection, mais sous lesquelles on se piétinait : les portes étaient fermées. Ceux qui essayaient de fuir vers la rue Alkotmany qui sépare, face au Parlement, le Ministère de l’Agriculture et l’Institut du Mouvement Ouvrier – l’ancienne Haute Cour d’Appel – étaient des cibles faciles pour les mitrailleuses de l’Avo confortablement installés sur les toits : ils allaient mourir près des archives du Mouvement Ouvrier International. (…)*
Entre la statue de Kossuth et la statue de Rakoczi, des deux côtés de la place, c’était à présent un paysage à la Goya, des centaines de corps couchés parmi lesquels déambulaient, lents, pesants, des infirmiers et des êtres hagards qui cherchaient un des leurs. Les tanks russes qui protégeaient le Parlement – de quoi ? -, des râles des gémissements, étaient toujours pointés sur les hommes couchés. Des équipages, insuffisants en nombre ou paralysés par la surprise essayaient de manœuvrer les tanks sur le terre-plein. (..)

Dans l’après-midi du jeudi, les discours du nouveau secrétaire du Parti, Janos Kadar, et du nouveau chef du gouvernement, Imre Nagy, qui faisaient des promesses, et passaient sous silence le massacre du matin, me remplirent d’amertume. Je ne les croyais pas, je savais – ce qui s’appelle savoir – qu’ils n’étaient pas libres. (…)

La foule déambulait, la radio l’arrosait de conseils, de promesses et plus encore de menaces. Le méchant Gerö est parti, le sage Kadar est arrivé, Imre Nagy veille sur tous. Assez de sang, de vitres cassées. Ceux qui continuent à combattre sont des ennemis du peuple. Et derrière les drapeaux tricolores souvent tachés de sang, les hommes criaient : « Liberté, indépendance, nous ne sommes pas des fascistes ! »

Nous nous disions qu’il était urgent d’agir de manière à canaliser cette force, à lui donner une direction, avant que sa propre fermentation ne la décompose. Nous nous trouvions devant l’imprimerie « Etoile rouge », qui avait jadis appartenu à un journal prospère, le Pesti Hirlap. En un rien de temps, nous avons formé un détachement de soldats et d’agents qui se trouvaient parmi les manifestants ; il occupa l’imprimerie sur le champ. Nous avons rédigé et fait imprimer, à une vitesse record, un appel à la population, qui exposait les revendications minima ; qui réclamait au gouvernement démocratique le départ des Russes et l’arrêt des combats. Nous signâmes : « Le gouvernement provisoire et le comité de défense national e. » Quinze camions emportèrent les tracts dans tous les quartiers de la ville, dans les banlieues industrielles et en province.

L’imprimerie devint, pour vingt-quatre heures, le siège du Gouvernement Provisoire. (…) la cohésion des groupes de résistance s’affermissait. Je me suis occupé surtout de celui du 9ème arrondissement, dont le PC s’était installé dans la caserne de pompiers de la rue Tompa. Le mieux retranché restait celui de l’impasse Korvin ; il avait aussi une plus grande puissance de feu. Mais quant à l’influence politique, c’est le centre de Széna Tér qui l’emportait. L’organisation, le courage aussi de ce groupe d’hommes posé en terrain découvert en plein centre de Buda, exaltait la population. Militairement, la caserne Kilian restait le centre le plus redoutable, à cause du commandement de Maléter, du nombre de combattants, et de la situation stratégique. La liaison entre les quatre noyaux a fonctionné parfaitement pendant tous les combats, aussi bien sur le plan politique que sur le plan militaire. Chaque groupe déléguait ses représentants pour les pourparlers avec le gouvernement, en vue du cessez-le-feu et du départ des Russes.

Nous avions des milliers d’yeux, nous savions tout ce qui se passait, nous intervenions simultanément en tous les points névralgiques. Et les discussions avec Imre Nagy traînaient. (…)

Dans ce climat où la peur n’existait pas, où le sacrifice de la vie paraissait léger, chaque geste, chaque parole prenait un sens nouveau. Ces pauvres tracts qui se multipliaient, que nous rédigions avec tant de soin, pesant chaque mot, que nous tirions sur du papier grisâtre, à l’encrage ingrat des ronéos nous réjouissaient comme l’hirondelle ou le perce-neige après la saison dure. Les murs, les vitrines se couvraient d’inscriptions, d’un journal mural improvisé, de pamphlets, de toute une littérature libre. Ici, quelqu’un avait copié des vers de Petöfi et les avait affichés ; là, quelqu’un avait affiché ses propres poèmes. (…)

Depuis deux jours, il y avait une accalmie dans la lutte. (…) Andropov, l’ambassadeur soviétique, à la haute silhouette, au visage angulaire de fonctionnaire stylé, apparaissait plusieurs par jour. Il écoutait ses interlocuteurs, faisait attendre les ministres hongrois, atermoyait, cependant que se préparait l’invasion du dimanche. (…) Maléter, de colonel, était en une semaine devenu général et ministre de la guerre, et de jour en jour avait moins de pouvoir réel. Il allait négocier en personne avec les généraux russes… Ils le font arrêter à la porte et trinquent, levant leurs verres, pendant qu’on emmène sous bonne garde l’audacieux et naïf chef de l’insurrection.

Le lundi 29 octobre, les magasins avaient commencé à lever leurs rideaux, et les balayeurs apparaissaient dans les rues. (…) Mardi, rue Ullöi, la lutte flambe de nouveau. Ce que je vis, vers dix heures, du côté de la caserne Kilian, cadavres, destructions, feu et fumée. … aucun livre d’histoire n’y eût suffi. Nous savions tous que les Russes étaient allés faire un tour à la campagne, mais nous savions tous aussi qu’ils n’étaient pas allés plus loin que le chat qui, après la bagarre se cache pour se refaire le museau. Nous savions, puisque les cheminots, les postiers, les camionneurs, les combattants et les civils transmettaient dans l’instant les nouvelles, puisque ne parlait d’autre chose, que les Russes envoyaient des camions de ravitaillement vers l’Est, mais que les troupes et les blindés affluaient en masse en Hongrie. Mais nous espérions que le miracle de la révolution allait commander un autre miracle. Un miracle russe. Qu’ils comprendraient enfin. Qu’ils feraient désormais patte de velours. Comme on ne savait pas trop, dans les premières heures de l’insurrection, qui tirait sur qui, les premiers jours de liberté en cette fin d’octobre on ne savait pas qui commandait à qui. Qui gouvernait. Les conseils ouvriers tenaient les usines. Ils persistaient dans la grève pour inciter les Russes à évacuer le pays. Un conseil flou et changeant tenait le Parlement, et essayait de faire démarrer l’appareil de l’Etat. Imre Nagy était amené à dénoncer le prétendu pacte de Varsovie, parce que les Russes, tout en s’y référant, ne le respectaient plus. Ils entraient en Hongrie, avec des troupes de plus en plus nombreuses et ôtaient même l’apparence d’autonomie qu’ils avaient feint d’octroyer au pays. (…)

Le 28 octobre, les Comités Révolutionnaires qui se forment partout, prennent de plus en plus d’essor : des liens s’établissent entre les différents centres. Dans une déclaration à la radio, Imre Nagy annonce le cessez-le-feu, reconnaît le caractère démocratique et populaire de l’insurrection, annonce la dissolution de l’Avo et promet l’évacuation des troupes soviétiques. Les organisations révolutionnaires continuent à critiquer la composition du gouvernement.

Le 29 octobre, à la suite du cessez-le-feu, s’organisent dans les administrations et les institutions officielles les Comités Révolutionnaires. Les troupes soviétiques commencent l’évacuation de Budapest. Des éléments de l’Avo, le plus souvent en civil, troublent la sécurité publique et commettent des assassinats. Quand la foule les reconnaît, elle les lynche.

Le 31 octobre, les nouvelles transmises de bouche à oreille par les cheminots, et annoncées par les postes de radio dans les villes de Hongrie orientale signalent l’entrée de convois russes qui se dirigent vers la capitale. Cependant que les dernières troupes quittent Budapest.

Le 2 novembre, le Conseil Ouvrier de Borsod exige la formation d’un Comité révolutionnaire National pour remplacer le Parlement. Le Conseil Ouvrier National lance un appel pour la cessation de la grève.

Le 3 novembre, le travail reprend dans la plus grande partie du pays, comme dans la capitale.

Le 4 novembre, attaque générale des troupes soviétiques. Avec la coopération des parachutistes, elles occupent simultanément tous les points stratégiques du pays. Imre Nagy proteste auprès des Nations Unies. Par un poste de radio nouveau, Ferenc Münnich, Janos Kadar et autres annoncent qu’ils ont formé un nouveau gouvernement, qui a demandé l’aide de l’armée soviétique pour abattre la Contre-révolution.

Extraits de « Jeunesse d’octobre » de Nicolas Baudy

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