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Le conseil central du Grand Budapest en 1956

vendredi 12 octobre 2012, par Robert Paris

Extraits d’un entretien avec Sandor Racz, président du Conseil ouvrier central du Grand Budapest, mené par Sandor Szilagy :

« (…) On imagine difficilement quel événement c’était quand la statue (de Staline) s’est ébranlée : le peuple au nom duquel on avait érigé la statue, était allé la renverser. Tout le monde fraternisait. Après le renversement de Joseph, et quand il ne restait plus que ses bottes sur le socle, des gens sont arrivés en camions pour nous dire d’aller à la maison de radio, qu’on y tirait sur les gens. Tous ceux qui ont pu se sont agrippés aux camions. Les rues étaient pleines de monde. Deux slogans retentissaient dans la ville : « les Russes dehors ! » et « Imre Nagy au gouvernement ! » Il y avait une telle foule que nous n’avons pas pu entrer à la radio. (…) Vers 10 heures, quatre blindés hongrois sont arrivés. Ils n’ont pas pu entrer dans la rue parce que les gens les ont encerclés, ont sauté sur eux et ont interpellé les officiers. (…) Le lendemain matin, (…) la foule allait et venait et moi je me suis mis à parler. (…) l y avait toujours cent ou deux cents personnes autour de moi. (….) le 29, nous nous sommes retrouvés à l’usine à environ cinq cents, dans la salle de spectacle. (…) Je ne me souviens plus qui a proposé de désigner un conseil ouvrier. Je ne me souviens plus non plus qui a proposé mon nom. Toujours est-il que moi aussi j’ai dû monter sur l’estrade. Finalement, le conseil ouvrier provisoire a eu quinze membres. (…) Je suis devenu agent de liaison avec l’arrondissement et les autres conseils ouvriers. (…) Nous avons décidé de reprendre le travail et d’organiser la surveillance de l’usine. Il nous paraissait évident que par la révolution nous avions obtenu que le directeur ne dirige plus, mais que ce soit nous qui prenions l’usine en mains. (…) En me promenant dans l’usine, j’ai enlever tous les portraits, toutes les étoiles, les statues et autres saletés. J’ai dit que ceux qui ne pouvaient pas vivre sans pouvaient les emmener chez eux, mais qu’on pouvait travailler sans tout ça. (…) Je vivais dans l’usine. Nous avions de quoi manger parce que nous recevions de la campagne des pommes de terre, de la viande, des oies. Ça aussi, ça appartient à la révolution, des paysans baluchon sur le dos qui viennent ravitailler les révolutionnaires. Le conseil ouvrier payait aussi les avances, du moins à ceux qui venaient les chercher. (…)

Depuis le début, je n’avais pas l’espoir que les Russes nous laisseraient ce que nous avions conquis. (…) Je n’étais pas d’accord non plus avec le fait que Maléter et ses gens aillent au quartier général soviétique qui était complètement coupé du monde. Le 4 novembre, à 4 heures du matin, on a entendu l’appel de Nagy à la radio. Vous ne pouvez pas vous représenter cette tragédie. C’était terrible d’entendre ce communiste qui demandait en pleurant aux Russes de ne pas faire de mal à la ville, à ce pays. Je l’entend encore, parce qu’ils ont lu l’appel en Russe aussi. (…) Quelque chose comme : je vous en prie, je vous en prie. On n’a entendu le premier coup de canon qu’une bonne demi-heure plus tard. Jusqu’au 6, il n’y a eu rien d’autre que des combats.

Nous étions dans l’usine. En tout, nous étions vingt, mais aucune arme, seulement des pistolets – ça n’aurait pas eu beaucoup d’intérêt. Moi, je me suis posté sur le toit de l’usine. De là, je voyais les projectiles, les bombes qui volaient partout. Nous étions sur les nerfs, dans une colère terrible. C’était un pays pacifique, calme, prêt à se mettre au travail, qu’on était en train d’attaquer !

Nous avons convoqué pour le 8 novembre une séance des conseils de l’arrondissement, dans la salle de spectacles de l’usine de Machines et Petits Moteurs. Il y avait environ cent personnes ; d’ailleurs notre but était seulement de donner un peu d’espoir aux gens. Unanimement, nous pensions que désormais les conseils ouvriers devaient jouer un rôle actif. Jusque là, nous ne mêlions pas de politique parce que nous avions confiance en Nagy. Nous le voyions comme la garantie de la révolution. Mais Kadar et sa clique l’ont vendu, lui et la révolution aussi. A ce moment-là tout le monde rejetait Kadar ; personne ne voulait lui adresser la parole – excepté les quelques personnes qu’il avait prises dans son gouvernement. Donc nous pensions qu’il fallait sauver le plus possible cette liberté que nous avions conquise et que c’était notre affaire. (…)

Le 12, il y avait entraînement et nous avons convoqué l’arrondissement à Beloiannisz. (...) Les gens sont venus des conseils ouvriers de l’arrondissement. J’en connaissais beaucoup de vue, puisque j’ai été agent de liaison. Durant ces journées, j’ai été assez actif. (…) A ce moment là, nous avions formulé nos exigences politiques : le départ des troupes soviétiques, le rétablissement du gouvernement Nagy, la reconnaissance légale des conseils ouvriers et des comités révolutionnaires. Quatre ou cinq des délégués les avaient formulés en points, en haut dans le bureau. Ensuite, nous avons voté. Ça, c’est important parce que le 14, Bali s’est rendu à la séance de fondation du Conseil Ouvrier Central à l’Egyesült Izzo, avec ce programme prêt. (…) Sanyi m’a raconté comment le Conseil Ouvrier Central avait été créé. (…) Le 14 au soir, Sandor S. Nagy, le fraiseur de Ganz, est venu dire à notre conseil qu’il avait convoqué une autre réunion (…) et que nous nous y fassions représenter. J’ai dit qu’on m’y envoie, car je trouvais quelque chose bizarre dans cette affaire. (…) Il y avait environ quatre cent personnes dans la grande salle ; ceux qui étaient à la table présidentielle étaient bien fringués, chemise blanche et tout – moi et les autres dans la salle, bien sûr en bleu de travail, dans lequel nous étions allés à l’usine. (…) Un grand jeune homme parlait à tort et à travers. (…) A très haute voix, je lui ai demandé de se présenter, de dire qui l’avait envoyé ici et comment. Il s’est avéré qu’il était étudiant et que deux individus étaient venus le chercher pour lui faire déclarer ce qu’il venait de dire. J’ai annoncé que cette séance n’avait aucun intérêt puisque le Conseil Ouvrier Central du Grand Budapest avait déjà été créé et qu’il n’y avait aucun besoin d’un contre-conseil ouvrier. Et donc que moi je m’en allais. Ceux qui voulaient connaître le véritable programme du Conseil Ouvrier Central pouvaient en prendre connaissance au 15 de la rue Akacfa. (…) Dix minutes plus tard, la foule commençait à se rassembler derrière moi. (…) Le conseil ouvrier a fait un rapport aux quatre cent personnes qui m’avaient suivi. Le rapport était à peine commencé que deux soldats russes ont fait irruption. J’ai bien entendu quand ils ont chargé leur mitraillette. Je me suis levé en sentant les deux mitraillettes dans mon dos. Je suis allé à la table et j’ai commencé à parler : « Même si deux soldats russes sont là dans la porte avec leurs mitraillettes, il faut que nous parlions des problèmes des travailleurs hongrois ! » La tension est tombée et les deux soldats sont partis. (…) C’est comme cela que j’ai été choisi au Conseil Ouvrier Central. (…) Jozsef Sandor aussi est arrivé à la séance – il faisait la liaison entre Kadar et le Conseil Ouvrier Central – et il a dit qu’il y avait eu un malentendu avec les Russes et, pour cette raison, il présentait les excuses du gouvernement. Moi, je ne le crois pas, qu’il y ait eu un malentendu. (…) Nous avions décidé avec Jozef Sandor qu’une délégation irait au Parlement. Environ dix personnes ont été choisies pour la délégation et j’étais parmi eux. Kadar n’est arrivé qu’à minuit et il a fallu attendre jusque là. (…) Les membres du gouvernement sont arrivés vers huit heures. Donc sont arrivés Biszku, Ribansky, Jozsef Sandor, Marosan et d’autres. Et, sans que tu t’en aperçoives, l’un était assis à droite, l’autre à gauche et tu étais soumis à un interrogatoire serré pour savoir ce que, en fin de compte, tu voulais. Là-dessus, Kadar arrive. (…) Dévenyi, notre chef, ne s’est pas du tout comporté comme il convenait de la part d’un ouvrier. Il salivait, gémissait, bégayait (…) Je me suis levé et j’ai dit : « Nous jacassons ici comme des pies, pendant que dans la rue on tire sur les ouvriers hongrois ! » (…) Une séance du Conseil Ouvrier Central était annoncée pour huit heures du matin. Après le compte-rendu de Dévenyi, j’ai demandé la parole et j’ai raconté ce qui s’était passé au Parlement. Puis j’ai proposé une motion de défiance contre Dévenyi. J’ai critiqué la conduite de toute la délégation. Ceux d’environ cinquante ans intervenaient plutôt en faveur de Dévenyi. Ils disaient que lui obtiendrait quelque chose avec ses marchandages. Par contre, les moins de quarante ans avaient des prises de position plus radicales (à ce moment-là, personne ne reconnaissait Kadar). J’ai été élu nouveau président du Conseil Ouvrier Central au scrutin secret. (…) Nous avons appelé les ouvriers à rentrer dans leurs usines et à y élire des conseils ouvriers définitifs. Les gens de Kadar disaient toujours que les conseils ouvriers n’étaient pas valables parce que les ouvriers n’étaient même pas dans les usines et avaient été élus par acclamation, comme si eux avaient été choisis par acclamation ! Antal Apro a dit qu’ils prendraient trois membres du Conseil Ouvrier Central dans le gouvernement. Alors, je lui ai dit : « Qu’est-ce que vous en pensez ? Qu’on m’a envoyé ici pour marchander un quelconque portefeuille ministériel ? Répondez-moi plutôt : quand est-ce que les troupes soviétiques partiront, quand Imre Nagy reviendra à la tête du gouvernement et quand les légalisera-t-on les conseils ouvriers ? A ce moment-là, les déportations battaient leur plein. Nous avions un comité de libération de trois membres, et c’est eux qui allaient au commandement russe pour faire éviter la déportation aux gens. (…)

Le Conseil Ouvrier National ne s’est jamais organisé. Nous avons convoqué les représentants des conseils ouvriers pour une conférence le 24, à 8 heures, au stade. Et plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées. Mais les tanks russes encadraient le stade, si bien que même une souris n’aurait pas pu passer. Nous sommes allés au siège de Memosz, mais on ne nous a pas laissés passer là non plus. Si bien qu’à soixante ou soixante-dix nous sommes allés rue Akacfa. Ne serait-ce parce que un ou deux envoyés de province seulement ont pu accéder à la petite salle, le Conseil Ouvrier National n’a pas pu s’organiser. (…) Là, nous avons décidé de faire grève les 22 et 23 pour protester contre l’interdiction de notre conférence et contre l’enlèvement de Imre Nagy. (...) Entre temps, on m’a désigné de nouveau comme président du Conseil Ouvrier Central du Grand Budapest. (…) Les discussions avec le gouvernement étaient de la comédie et ne servaient à rien. Ils nous ont fait discuter sur les modifications au programme du gouvernement. Nous avions proposé la reconnaissance par décret des conseils ouvriers et du Conseil Ouvrier Central du Grand Budapest, l’attribution des postes de directeur par concours et le droit des conseils ouvriers de renvoyer les directeurs, des choses dans ce genre. Mais le gouvernement se moquait de nous. Il a voulu nous donner une place au ministère de l’Agriculture, mais je n’ai pas accepté : nous n’étions pas un ministère ! (…) Je suis allé à Vezpren, à la création du conseil ouvrier du département. C’est eux qui m’avaient invité à leur séance inaugurale. J’étais assez exaspéré et je leur ai franchement raconté quel jeu le gouvernement menait avec nous. J’ai aussi participé à une autre séance d’un conseil ouvrier, à l’usine Etoile Rouge de Obuda. Le conseil était plein de communistes qui n’allaient pas dans la direction souhaitée par les travailleurs. Moi, j’y vais et j’ai organisé une véritable élection du conseil. (…)

Le 27, il y avait une nouvelle négociation avec le gouvernement. C’est moi qui ai dirigé cette délégation. (…) Quand Kadar est arrivé, je me suis avancé avec mes questions : « Qu’est-ce que pense Mr Kadar de ce qui se passe, de l’enlèvement d’Imre Nagy et de son équipe, de la grève, des condamnations des ouvriers… ? » C’était la fin de la négociation. Elle a repris le 6 décembre. Mais, à l’époque, les rapports avec le gouvernement s’étaient beaucoup envenimés. Le parti s’organisait, mais le Conseil Ouvrier Central aussi se renforçait constamment. Des groupes de travail se sont constitués : presse et information avec Miklos Sebestyen, le groupe pour l’organisation sous la direction de Férenc Töke, le groupe de travail sur l’économie et d’autres. Le 28, nous avons voulu publier le « Journal des travailleurs » sous la direction de Gyula Obersovsky. Nous en étions déjà aux premières épreuves quand Jozsef Sandor a téléphoné pour dire que le gouvernement considérait cela comme un acte d’opposition. D’accord, ai-je dit. Alors arrêtons la composition, qu’ils voient notre bonne volonté. Si bien qu’il n’y a eu qu’une feuille d’information, au stencil, qui a paru trois fois, la dernière fois, peut-être le 5 décembre. (…)

La deuxième étape a été celle des deux manifestations : celle des femmes et celle du 6 décembre contre le gouvernement. Pour la manifestation des femmes du 4 décembre, le Conseil Ouvrier central n’a pas donné son accords préalable par ce que beaucoup parlaient de provocation : on leur tirera dessus et ensuite on nous fera porter la responsabilité. Moi je n’étais pas d’accord, mais j’ai dû m’incliner devant la majorité. Finalement, la manifestation a été très belle et très émouvante. (…) L’autre manifestation le 6 était organisée par le Parti communiste et nous défiait. Ils sont arrivés à la gare de l’Ouest vers 4 heures, juste quand les travailleurs d’Angyalföld et de Ujpest arrivaient et ces derniers les ont bien battus. Le 6 justement nous étions au Parlement pour y apporter le Mémorandum. Les gens de Kadar ont voulu nous coller la responsabilité des troubles. (…) Nous avons convoqué pour le 8 la conférence des délégués du Conseil Ouvrier National. C’est Ferenc Töke qui l’avait convoquée. (…) La séance a commencé vers dix heures. Jozsef Sandor appelle pour nous dire de ne pas avoir l’audace de faire la conférence, parce que le gouvernement est absolument contre. (…) Ensuite, vers midi, il y a eu un deuxième coup de fil, beaucoup plus important : « on tire sur les travailleurs à Salgonarjan ! » (…) A l’unanimité, nous avons accepté la proposition d’une grève de quarante-huit heures. Le Conseil a aussi élaboré un appel aux travailleurs du monde dans lequel nous demandons qu’ils soutiennent les travailleurs hongrois dans la lutte qu’ils avaient entreprise, sans crainte pour leur vie. Cet appel est passé dans les journaux du monde entier. La grève du 11 et 12 et l’appel ont été nos derniers mots. Nous n’avions plus rien à dire à l’équipe Kadar qui, au lieu de négocier, nous tirait dessus. Le 11, les membres du Conseil Ouvrier central ont été arrêtés et le Conseil déclaré hors la loi. (…) Ma condamnation a été prononcée le 17 mars 1957 : perpétuité. (…) J’ai été libéré le 28 mars 1963, avec la grande amnistie. Je voulais retourner à l‘usine, à Beloiannisz, mais on ne me l’a pas permis ; environ vingt-cinq grandes entreprises ont ensuite refusé mon livret de travail, jusqu’à ce que je trouve du travail chez un mécanicien privé. (…)

En 1945-46, la solidarité créée par la guerre ne s’est pas développée dans l’intérêt des travailleurs hongrois. (…) Après 1945, le système n’a pas aidé à la formation et à l’approfondissement de la conscience ouvrière, mais au contraire, avec la création de ce régime de mouchard, il a désorganisé cette conscience ouvrière qui aurait dû donner naissance au véritable pouvoir des ouvriers. En 1956, ces ouvriers trompés ont clairement vu leur situation. Ils se sont rangés avec fermeté et résolution aux côtés de la révolution et ils l’ont défendue de toutes leurs forces. Ils l’ont fait parce qu’ils se sont rendus compte que c’était le moment historique favorable à la création d’une société sans exploitation en Hongrie. »

Extraits de l’ « Appel du Conseil Ouvrier Central du Grand Budapest » du 27 novembre 1956 :

« Pour une Hongrie socialiste, indépendante et démocratique
Camarades ouvriers ! Le Conseil central ouvrier des usines et des arrondissements du Grand-Budapest élu démocratiquement par la base vous adresse un appel et des informations dans le but de resserrer encore nos rangs et de les rendre plus unis et plus forts. On sait que le Conseil central ouvrier du Grand-Budapest a été créé sur l’initiative des grandes entreprises, le 14 novembre dernier, afin de coordonner le travail des conseils ouvriers des usines et de se faire le porte-parole commun de leurs revendications. (…) Voilà pourquoi nous avons convié au Palais des sports, à Budapest, pour le 21 novembre dernier, les représentants de la province, des départements, afin que, à la réunion du conseil ouvrier national, nous discutions des questions les plus importantes qui nous préoccupent (…) Le gouvernement a interdit cette réunion. Cette mesure inattendue a envenimé la situation. Dès que l’interdiction a été connue, les ouvriers des usines de Budapest ainsi que les travailleurs des transports ont cessé le travail et ont commencé une grève de protestation, sans avoir reçu aucune directive du conseil central. (…) Nous étions prêts à reprendre le travail dans tout le pays, sans pour autant renoncer à notre droit de grève, à la condition expresse que le gouvernement reconnaisse le conseil ouvrier national comme seul organisme représentatif de la classe ouvrière et qu’il continue sans délai des négociations relatives à nos revendications. (…)

Le 23 novembre au matin, Jozsef Balazs, l’un des membres de notre délégation, a annoncé personnellement à la radio le résultat de ces entretiens. Le président du Conseil des ministres avait reconnu le Conseil central ouvrier du Grand-Budapest comme qualifié pour poursuivre les négociations et avait promis de soumettre au Conseil des ministres les revendications qui lui étaient présentées. (…) Force nous est de proclamer que toutes ces promesses ne constituent pas grand-chose. Néanmoins, nous avons décidé de reprendre le travail, car nous avons en vue les seuls intérêts du peuple. (…) Les usines se trouvent entre nos mains, entre les mains des conseils ouvriers. Afin d’augmenter encore nos forces, nous pensons que, en vue des mesures et actions unies, la réalisation des tâches suivantes s’impose :

1°) (…) former d’urgence des conseils ouvriers d’arrondissement et de département au moyen d’élections démocratiques organisées à la base. Les usines importantes et d’abord celles qui se trouvent dans les villes centrales de département devront prendre l’initiative de constituer des conseils centraux.

2°) Tout conseil central d’arrondissement ou de département doit se mettre immédiatement en rapport avec le Conseil central ouvrier du Grand-Budapest (15-17 rue Akacfa, téléphone 422130). Le président du Conseil central ouvrier est Sandor Racz, président du conseil ouvrier de l’usine Standard (Beloiannis), son adjoint est Gyërgy Kalocsai, délégué du conseil ouvrier des Huileries végétales de Csepel, son secrétaire est Istvan Babai, président du conseil ouvrier de la Compagnie des tramways de Budapest. Un représentant mandaté du conseil ouvrier départemental doit se rendre personnellement au secrétariat du Conseil central ouvrier du Grand-Budapest, afin d’organiser le contact et de s’entretenir des questions d’actualité.

3°) Une des tâches les plus importantes des membres des conseils ouvriers d’usine consiste à s’occuper non seulement de l’organisation du travail, mais aussi à élire d’urgence les conseils ouvriers définitifs. Au cours de ces élections, nous devons montrer la même énergie pour combattre l’agitation de la dictature rakosiste que celle de la restauration capitaliste. Les conseils doivent être composés d’ouvriers honnêtes au passé irréprochable ! Au sein des conseils, les ouvriers devront posséder une majorité d’au moins deux tiers. (…) Les directeurs d’usine doivent être élus par les conseils eux-mêmes après déclaration de candidature. (…)

4°) (…) Seuls les ouvriers ont combattu pour la création des conseils ouvriers et la lutte de ces conseils a été dans bien des cas entravés par les syndicats qui se sont bien gardés de les aider. (…) Nous sommes hostiles au maintien des permanents syndicaux rétribués. En effet, l’activité aussi bien au sein d’un comité d’usine qu’au sein d’un conseil ouvrier doit être un travail social bénévole. Nous ne voulons pas vivre de la révolution et nous ne tolérerons pas que qui que ce soit essaie d’en vivre. (…) Nous protestons contre la thèse des « syndicats libres » récemment constitués d’après laquelle les conseils ouvriers devraient être uniquement des organisations économiques. Nous pouvons affirmer que les véritables intérêts de la classe ouvrière sont représentés en Hongrie par les conseils ouvriers et que, en Hongrie, il n’existe pas actuellement un pouvoir politique plus puissant que le leur. Nous devons œuvrer de toutes nos forces au renforcement du pouvoir ouvrier. (…) »

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