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Il y en a ras-le-bol du bouc émissaire Kerviel !

vendredi 26 octobre 2012, par Tiekoura Levi Hamed

Il y en a ras-le-bol du bouc émissaire Kerviel !

On a recommencé – dans les média et en justice - à prétendre que les « difficultés de la Société générale », la pauvre banque au dessus de tout soupçon qui n’avait pas spéculé, qui n’avait pas volé, qui n’avait jamais rien fait de mal et a été scandaleusement trompée par un trader qui, certes ne travaillait pas pour son propre compte mais pour celui de la banque, mais aurait caché à la fameuse banque qu’il essayait de lui faire gagner autant d’argent en jouant à des paris exagérés. Laquelle banque ne pouvait absolument pas savoir qu’il jouait autant d’argent même s’il lui donnait tout l’argent qu’il gagnait à chaque fois. Les pauvres victimes, ces directeurs de la banque, qui ne sont quand même pas aussi responsables qu’un petit trader, certes complètement intoxiqué à la philosophie sociale de ce monde capitaliste de la fausse réussite et du succès sur des bases complètement délirantes. Mais non, ce n’était pas les directeurs qui l’avaient poussé dans ce sens, eux qui ne spéculaient jamais bien sûr, qui avaient chuté en 2007 et depuis plusieurs fois seulement à cause de traders complètement fous qui exagéraient et cachaient qu’ils essayaient de trop faire gagner la banque, laquelle banque ne disait rien contre tant qu’elle y gagnait et, si elle perdait, incriminait le… lampiste, pardon le trader !

Et ils assassinent le trader avec 4,9 milliards à payer et trois ans de prison alors que les responsables de banques qui ont été pris en flagrant délit comme ceux de la Barclays, du Crédit Lyonnais, de la Barings, de Lehman Brothers, de Goldman Sachs n’ont pas fait une journée de prison et n’ont pas eu personnellement un centime à débourser !

Les arnaques mondiales qui ponctionnent pour quelques intérêts privés toutes les banques centrales de centaines de milliards eux ne mènent à aucune condamnation !

Les dirigeants français de la CIF ou de la banque PSA iront-ils en prison, ou vont-ils payer un centime de leur poche ?

L’affaire = du bluff

Jérôme Kerviel, courtier de 31 ans, est accusé d’avoir fait perdre 4,9 milliards d’euros à la banque pour laquelle il travaille en ayant perdu des paris et en ayant tout dissimulé grâce à des techniques informatiques évoluées...

Jérôme Kerviel est accusé d’avoir tout monté, tout dissimulé et d’être responsable à lui tout seul des pertes monumentales de la banque. Sauf que... Sauf que des économistes et des traders émettent des doutes quant à la version de la Société Générale. Ils évoquent une mise en scène pour "faire passer la pilule" d’énormes pertes que la banque aurait du mal à assumer.

"Samedi 19 janvier, nous avons découvert une très grosse fraude interne, commise par un collaborateur isolé", a annoncé Daniel Bouton, PDG du groupe bancaire. En cause : Jérôme Kerviel, trader de 31 ans qui aurait "dissimulé ses positions grâce à un montage élaboré de transactions fictives". Bref, un vrai crack !

Pour Elie Cohen, professeur d’économie à Sciences Po, "cela semble un peu gros que pendant toute une année on puisse dissimuler" une telle perte. "Le sentiment des salles de marchés, c’est qu’il n’est pas possible qu’un individu seul ait pu faire cela. La Société Générale aurait chargé la barque sur le thème de la fraude pour faire passer plusieurs mauvaises opérations de marché".

"Le sentiment des salles de marchés, c’est qu’il n’est pas possible qu’un individu seul ait pu faire cela. La Société Générale aurait chargé la barque sur le thème de la fraude pour faire passer plusieurs mauvaises opérations de marché".
"La Société Générale nous dit qu’un courtier senior a spéculé sur des actions, notamment des indices d’actions, sans se couvrir. Il aurait dissimulé des pertes devenues rapidement colossales. Il semble qu’il ait agi pendant toute l’année 2007", a-t-il rappelé. "Cela semble un peu gros que pendant toute une année on puisse dissimuler" une telle perte.

Plusieurs courtiers ont émis des doutes sur la version de la Société Générale. "Ce n’est pas une personne qui touchait peu pour le secteur, même pas 100.000 euros, à qui ont va confier des portefeuilles extrêmement importants" a expliqué l’un d’entre eux qui accuse la banque de "charger un pauvre bougre pour faire passer des pertes qui se sont accumulées" au cours de la crise des "subprimes".

"Tous les gens qui travaillent dans les banques savent que, quand les pertes atteignent un certain niveau, on coupe les positions. Des pertes peuvent atteindre 100-200 millions d’euros, mais 5 milliards, c’est impossible".

"Soit ce que la banque dit est vrai. Dans ce cas, il y a un problème de contrôle des risques et cela peut jeter le discrédit sur la Société Générale, d’autant que son avantage comparatif, c’est d’être championne des activités de marché. Soit on ne sait pas tout".

Edouard Leclerc qui n’est un anti-capitaliste ( !) écrit :

« N’en déplaise à Christian Noyer, Gouverneur de la Banque de France, qui, sur RTL ce matin, assurait que la Société Générale était plus saine aujourd’hui qu’hier ; n’en déplaise à Daniel Bouton, PDG de la Société Générale qui, dans sa conférence de presse, lundi, rejetait toute la responsabilité sur son trader. Les 5 milliards d’euros perdus de la Société Générale remettent en cause tous les discours sécurisants que, de la Commission Bancaire aux guichets de quartier, l’on rabâche aux clients ! Tous ces ménages surendettés auxquels on oppose des règles de saine gestion. Toutes ces PME auxquelles on refuse des crédits pour ne pas avoir su mobiliser l’hypothèque des grands-mères, tout ce baratin sur les ratios Cooke, la sécurité des engagements, les comités de contrôle, les audits et les injonctions de la Commission Bancaire…tous ces argumentaires sont relégués au rang de mascarades, si l’on s’obstine, à la direction de la Société Générale, à faire passer des vessies pour des lanternes. »

Pour notre part, nous ne voulons pas ici pleurer simplement sur le pauvre Kerviel dont les choix sont évidemment pro-capitalistes et le sont restés malgré toute cette affaire. Mais nous remarquons la facilité de la machine capitaliste à écraser un individu qui a cru monter au dessus de sa situation de simple employé et que la machine a ramené à ce sort de prolétaire, c’est-à-dire à rien de plus qu’un rouage de la machine. Nous remarquons aussi la capacité des moyens médiatiques d’assassiner aussi la réputation d’un individu qui n’est qu’un rouage. Et ce au moment même où l’évidence des magouilles à grande échelle des banques crève les yeux...

Si Kerviel avait réellement voulu s’élever au dessus de ce simple rouage, il lui aurait fallu faire autre chose que chercher à être le plus efficace possible au services des maîtres banquiers ou capitalistes, prendre conscience qu’il appartient à la classe prolétarienne. Quant aux employés de banque qui, du fait de l’"affaire Kerviel", subissent toutes sortes d’avanies, sont accusés par la clientèle de détourner le fric, il faut qu’il passent de la peur de perdre leur emploi à la conscience que leur avenir dépend de leur conscience de classe et plus de la viabilité de leur banque. Et heureusement car cette viabilité est morte.

La suite sur les braves et malheureux banquiers victimes de tous les Kerviel

Messages

  • Le parquet de Paris a classé sans suite vendredi les deux plaintes de l’ex-trader Jerôme Kerviel contre la Société Générale, l’une pour "faux et usage de faux", l’autre pour "escroquerie au jugement", a-t-on appris de source judiciaire.

    L’avocat de l’ancien trader, David Koubbi, avait accusé la banque d’avoir caché à la justice le fait d’avoir récupéré, grâce à un mécanisme fiscal, 1,7 des 4,9 milliards d’euros qu’elle dit avoir perdus par la faute de Jérôme Kerviel.

    Concernant la plainte pour "faux et usage de faux", il avait évoqué des "enregistrements sauvages réalisés à l’insu de M. Kerviel", en janvier 2008 dans les locaux de la Société Générale, et avancé que les bandes avaient été "coupées", "trafiquées", et qu’il manquait "six heures de conversation sur les douze".

    "C’est sur la foi notamment de ces bandes que M. Kerviel a été poursuivi et qu’il a pu être considéré qu’il avait fait des aveux", avait insisté Me Koubbi.

    La banque avait riposté avec deux plaintes pour dénonciation calomnieuse.

  • « Il est difficile de décrire ce que je ressentais pour elle, ce n’était pas seulement une banque, je la considérais comme ma famille, vu la manière dont j’ai longtemps négligé mes amis et mes proches (..) Alors me retrouver à la prison de Wandsworth parce que tout ce que l’on a fait est d’avoir travailler dur pour cette banque... » Pour la quatrième fois de la matinée, l’ancien trader d’UBS Kweku Adoboli pleure à son pupitre. La main sur son visage, il n’arrive plus à articuler.

    Son procès, entamé le 14 septembre soit un an jour pour jour après son arrestation, a pris une tournure dramatique vendredi matin avec le début de son témoignage. Lors de ces treize derniers mois, l’accusé n’avait jamais pu exposer son point de vue. Et, clairement, il n’entend pas subir le même sort que le trader français de la Société Générale Jérôme Kerviel, dont la condamnation à cinq ans de prison, dont trois ans fermes, et au remboursement de 4,9 milliards d’euros a été confirmée mercredi en appel.

  • Maintenant que la perte de 4.9 milliards est actée par la justice cette perte est déductible fiscalement des bénéfices futurs (donc plus d’impôts pour la Société générale durant un laps de temps certain) et éventuellement la Société Générale retouchera une partie de cette perte qui est reconnue comme n’étant pas de son fait via les assurances "risques d’exploitation" souscrites.

  • Deux jours après l’annonce par le Crédit Agricole de la vente de sa filiale Emporiki à Alpha Bank, le groupe bancaire de La Défense a signé à son tour vendredi avec la Banque du Pirée, le quatrième prêteur grec, un accord de cession de sa filiale Geniki. Celle-ci lui aura coûté au total 1,4 milliard d’euros environ depuis son acquisition en 2004. Sa vente doit être bouclée avant la fin de l’année et elle aura un impact négatif de 100 millions d’euros sur le résultat net de la Société Générale au troisième trimestre. La banque précise cependant que l’opération sera neutre sur ses ratios de solvabilité.

    Selon l’accord signé avec la Banque du Pirée, le groupe bancaire français lui cède Geniki pour 1 million d’euros - alors qu’il l’a acquis lui-même pour 150 millions d’euros environ -, mais ce montant est symbolique. Pour se défaire de sa filiale grecque, la Société Générale a en effet accepté d’investir 444 millions d’euros au travers de deux opérations ...

    Ce n’est pas Kerviel qui a mis en place cela !

  • Le 14 mars dernier, la tribune libre de ce banquier dans le "New York Times", sobrement intitulée "Pourquoi je quitte Goldman Sachs", avait fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le monde discret de la finance.

    Et puis Greg Smith s’était tu, laissant parler son texte. Sept mois plus tard, son livre ("Pourquoi j’ai quitté Goldman Sachs", JC Lattès) sort ce mercredi 24 octobre sous un tir de barrage nourri. De Goldman Sachs, bien sûr, qui cherche à discréditer l’ensemble des anecdotes rapportées par ce Sud-Africain, boursier de l’université de Stanford.

    Il décrit une culture d’entreprise incroyablement forte, au point de la comparer à celle d’une secte, qui pendant les années 2000 a complètement dérivé vers l’obsession du profit, à l’exclusion de tout autre considération.Des clients de toujours se retrouvent soudain négligés, parce que telle ou telle transaction boursière ne rapporte pas assez, tandis que la banque se concentre sur les "éléphants", ces ordres qui rapportent plus de 1 million de dollars de recette nette... Greg Smith raconte cette dérive sans hostilité de principe contre Wall Street, comme un golden boy qui a quitté volontairement une carrière lucrative pour poser des question gênantes auxquelles il faudra bien, un jour, apporter une réponse.

  • C’est la plus grosse fraude de l’histoire britannique. Elle a coûté 2,3 milliards de dollars (1,8 milliards d’euros) à la banque suisse UBS. Kweku Adoboli, son ex-trader, en a été reconnu coupable ce mardi par un tribunal londonien qui l’a condamné à sept ans de prison. Le tribunal de Southwark a reconnu la culpabilité de Kweku Adoboli pour deux chefs d’accusation de fraude. Il l’a en revanche acquitté pour les quatre autres chefs d’accusation, ceux de manipulations comptables. L’accusation, qui l’a qualifié de « trader voyou », lui reproche d’avoir dépassé les limites de courtage qui lui étaient fixées, en inventant des opérations fictives et en mentant à ses supérieurs pour chercher à faire progresser son bonus et ses perspectives de carrière. Au mois de septembre, le procureur avait ainsi décrit les motivations de Kweku Adoboli lors d’une audience : « faire progresser son bonus, son statut au sein de la banque, ses perspectives de carrière et bien sûr son ego ».

    Ayant plaidé non coupable, l’ex-trader a affirmé au contraire pendant son procès que ses supérieurs étaient au courant de ses activités et l’encourageaient à « repousser les limites ». « J’ai perdu le contrôle, je ne suis pas un trader voyou. UBS était ma famille, et tout ce que j’ai fait, je l’ai fait pour cette banque, a clamé le jeune homme aux jurés. Une défense qui rappelle celle utilisée par Jérôme Kerviel, l’ancien salarié de la Société générale condamné en appel fin octobre à trois ans de prison ferme et à 4,9 milliards d’euros de dommages et intérêts à verser à la banque.

    Une nouvelle fois, une banque se couvre en attaquant le lampiste !!!

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