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Bulletin La Voix des Travailleurs de l’Hôpital Saint-Antoine

samedi 24 novembre 2012, par Robert Paris

Les germes résistants du manque de moyens

Ils sont beaux les discours sur les infections nosocomiales, sur la lavage des mains, sur toutes ces précautions à prendre pour éviter de transmettre les germes que nous entendons à longueur de journée. Mais quand, pour rester dans cette logique d’hygiène et de santé, les soignants réclament des moyens et du personnel en plus, ils se heurtent à un mur, celui de la direction. Surtout quand des patients sont atteints de germes résistants et qu’il faut qu’ils soient isolés. Au Digestif, il est arrivé ainsi que deux patients aient deux germes résistants différents ce qui aurait dû nécessiter une infirmière différente pour chacun d’eux. Il n’en a pas été question du côté des responsables ! Décidément, la résistance n’est pas que du côté des germes…

Le bon sens loin de chez vous

Le service porte des urgences a déménagé pour le bâtiment de l’ancienne maternité, à l’autre bout de l’hôpital. Doit-on rappeler que les nouveaux bâtiments des urgences ont été construits il y a peu. Mais comme on peut le constater, apparemment le service porte n’était pas inclus lors de la construction ! A l’hôpital, cela fait une incohérence de plus, une décision de plus dénuée de tout bon sens. Ce qui l’est encore moins, c’est que le personnel se retrouve avec une charge de travail de fait augmentée. Ainsi, pour les aides soignants, c’est les transferts de patients, le portage des examens, etc… Nous savons bien, avec nos maux de dos, qui paie les incohérences d’organisation des dirigeants !

On se met en panne tous ensemble ?

Les ascenseurs sont une nouvelle fois un témoignage de l’usure de tout le matériel de l’hôpital public. Quand il n’y en a qu’un qui est en panne, c’est déjà beau et, par hasard parfois comme récemment au bâtiment de l’Horloge, ils se donnent le mot et tombent ensemble en panne ! Dans ce cas, la direction est bien obligée de s’agiter. Le personnel, lui aussi, est usé et on n’aurait qu’à suivre l’exemple : s’arrêter tous en même temps au lieu d’être en panne à tour de rôle !

Santé dans le rouge

Les mairies ne sont pas les seuls à payer cher la faillite générale des finances publiques et des banques. Les hôpitaux sont aussi concernés par des investissements douteux dans la banque Dexia ! Les CHU de France vont payer plus cher l’intérêt de leurs dettes ! Tel est le résultat de la notation dégradée des CHU par l’agence Moody’s qui passe de AAA à A1. Et encore, l’ensemble des établissements est placé sous surveillance négative des agences de notation. La réponse des autorités de gestion, IGAS et IGF, consiste à réaliser 10 à 15 milliards d’euros d’économies d’ici 2017 ! Comme s’ils étaient capables de se programmer à cinq ans ! Et ils prévoient notamment le non-remplacement d’au moins un agent partant en retraite sur deux ! Les restants n’auront qu’à gérer des activités qui ne diminuent pas mais augmentent pour rendre l’APHP plus rentable ! Ils prévoient encore des fermetures de services d’urgence, des regroupements de plateaux de chirurgie et d’hôpitaux, des fermetures de lits de chirurgie complète, des baisses de charges de fonctionnement, des soins à domicile pour remplacer les soins hospitaliers, des fermetures de longs séjours, etc, etc… Les mesures en termes de personnels sont toutes dans le même sens : des réductions et des moyens pour y pallier : glissements des tâches, flexibilité, augmentation des charges de travail, mobilité, pressions de l’encadrement, augmentation du stress et des risques…

La pompe à fric écrase tout

Plusieurs services de l’Hôtel-Dieu ont été transférés à Cochin. La question était de savoir si les urgences allaient fermer. La CME (commission médicale d’établissement) a voté à la quasi unanimité « la fermeture progressive » des urgences de l’Hôtel-Dieu sur l’année 2013. Mais que se passe-t-il pour les patients et le personnel ? 400.000 personnes plus 120.000 urgences vont devoir trouver une place ailleurs car les autres hôpitaux de l’AP sont déjà saturés. Quid du temps d’attente qui est déjà de 6 heures, voir 8 heures ? Mais c’est une manne pour les structures privées. A moins qu’elles aussi soient mises à mal par les restructurations ? Voir par exemple l’hôpital Saint-Joseph.
Et que dire des 1507 « équivalents temps plein » ? !

La prime qui déprime…

On nous parle beaucoup de prime en ce moment et la direction aimerait bien agiter ce drapeau là plutôt que les salaires et les embauches. Mais de vraies primes, on va quand même vous en citer plutôt que de comparer des primes d’infirmières à des primes d’aides soignantes. Par exemple, voici de vraies primes (celles de direction) :

- Prime de fonction et de résultat : 5.500€

  plus prime forfaitaire de direction : 10.000€

  plus prime de fonction : 15.000€

  plus prime spécifique de sujétion : 10.000€

Voilà ce qu’on gagne quand on est chargé d’imposer des baisses de revenus à tous les autres…


Et si on sacrifiait nos salaires, nos retraites, nos impôts et nos emplois pour aider le capitalisme à se sauver ?

Voilà le projet que nous proposent les patrons, les principaux partis de gauche, de droite et d’extrême droite, le gouvernement et certains syndicats. Ils affirment que « la France est désindustrialisée », « la France manque de compétitivité », « la France fait payer trop de taxes à ses patrons », « la France vit au dessus de ses moyens ». Certains ont cru qu’Hollande-Ayraut-Montebourg allaient défendre un point de vue inverse. Ils se trompaient. Ils sont pour l’austérité pour la population et les aides aux capitalistes.

L’idée de fond est : accepter des sacrifices maintenant pour faire repartir la machine. En somme, il faudrait que les choses aillent plus mal maintenant pour qu’elles aillent mieux après. Mais on nous propose qu’elles aillent plus mal pour nous pour qu’elles aillent mieux pour les plus riches ! Et rien ne garantit qu’enrichir ceux qui sont déjà très riches veuille dire qu’ils vont investir dans la production et le commerce plutôt que dans la spéculation, comme ils l’ont déjà fait avec profit…

La fable des efforts pour s’en sortir, on a vu où elle a mené le peuple grec, de sacrifice en sacrifice pour préparer d’autres sacrifices mais sans rien sauver du tout : ni l’économie, ni l’emploi, ni les services publics, ni les salaires, ni les retraites… En Grèce, ils n’ont sauvé que les capitalistes, grecs ou pas, qui y avaient spéculé, mais ni l’économie, ni les finances publiques, ni les services publics, ni l’emploi, ni les salaires, ni les retraites. Et la faillite continue d’approcher à grands pas malgré les sacrifices !

Faut-il accepter de payer plus d’impôts pour découvrir que l’argent de nos impôts sert à sauver la banque de PSA mais pas ses salariés, la banque CIF mais pas ses salariés, la banque DEXIA mais pas les communes qui y avaient mis leurs économies, le trust Renault mais pas ses salariés puisqu’on leur demande de perdre 30% de leur salaires et de devenir flexibles, etc ?

Faut-il accepter de payer des taxes à la place des capitalistes, de payer des impôts alors que les trusts comme Total n’en paient pas, de réduire nos revenus alors que les capitalistes ne le font pas, de nous sacrifier alors que le grand capital ne sacrifie rien ? Faut-il réduire nos salaires, augmenter nos charges de travail, réduire les emplois publics en dégradant le service public, alors que les « bénéfices » de ces efforts seront donnés en cadeau aux capitalistes sans aucun engagement de leur part ?

Faut-il accepter de détruire les contrats de travail CDI, faciliter en somme les licenciements, sous le prétexte de créer plus d’emplois qui seront en fait précaires ? Dans la réalité, le gouvernement de gauche vient d’en donner l’exemple pour les jeunes en payant à la place des patrons des salariés précaires et mal payés sous prétexte d’aider l’emploi des jeunes !

Le gouvernement de gauche estime qu’il est mieux placé que l’était la droite pour faire passer « en douceur » des sacrifices très durs que réclament les patrons. Pour cela, ils détiennent une méthode qui leur semble imparable : la négociation. Les syndicats, selon eux, ne peuvent pas refuser de négocier : ce serait se renier puisque ces organes tampons entre salariés, Etat et patronat tiennent à participer à ces mascarades autour du tapis vert.

Faut-il continuer de laisser ces organisations, qui prétendent représenter les travailleurs, discréditer le camp des travailleurs par de telles discussions sur notre dos pour faire croire que nous aurons été consultés quand les prix à payer tomberont ?

Pour en sortir, il faut que les travailleurs interviennent sur le terrain politique en dehors des élections bourgeoises, il faut qu’ils s’organisent sur la base des lieux de travail et d’habitation. Il faut qu’ils ne craignent pas de définir leurs orientations en discutant entre eux sur des bases de classe. Les patrons n’ont pas peur de le faire au travers de leur syndicat, le Medef et ce dernier défend ouvertement des objectifs de classe, celle des patrons. Par contre, ceux qui se disent « nos syndicats » défendent autre chose : l’économie, le développement, le pays, l’industrie, c’est-à-dire en définitive le capitalisme !

Les négociateurs sont des centrales dont les appareils sont très loin des travailleurs. Lepaon ou Thibaut ne sont pas des cas à part. L’essentiel de l’argent que touchent ces organisations vient des patrons des trusts et de l’Etat. Bien sûr, elles ont le soutien localement de militants syndicalistes pour la plupart honnêtes et nullement vendus au patronat mais infectés eux aussi par la maladie de la négociation. Tant que nous, travailleurs, ne nous dirigerons pas nous-mêmes en tant que classe, nous n’aurons aucune raison d’être respectés de la classe capitaliste ni de l’Etat de la bourgeoisie, que ses exécutants soient de droite ou se disent « de gauche ».

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