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Dialogue sur la politique du Parti communiste – Front de gauche

vendredi 30 novembre 2012, par Robert Paris

Dialogue sur la politique du Parti communiste – Front de gauche

Samuel

Ne trouves tu pas que le Front de Gauche est l’opposition véritablement populaire au gouvernement de gauche et qui, sans jouer le jeu de la droite et de l’extrême droite, combat pour une véritable politique de gauche ?

Robert

Je ne sais pas ce que tu appelles une « véritable politique de gauche ». S’il s’agit de prétendre que le gouvernement bourgeois devrait servir les intérêts des masses populaires, oui, c’est effectivement une politique de gauche… bourgeoise.

Samuel

Mais le FdG et le PCF dénoncent aussi le gouvernement de gauche quand il aide les capitalistes comme le faisait Sarkozy ?

Robert

Participant de la « majorité qui a battu Sarkozy », comme il le dit lui-même, le FdG, le PdG et le PCF continuent à expliquer à la population et aux travailleurs qu’ils avaient raison de prétendre que le problème essentiel de la société française était les diktats de Sarkozy. Il leur suffit d’affirmer qu’Hollande ne rompt pas suffisamment avec … la continuité de Sarkozy. Est-ce que cela explique qu’ils avaient raison de faire croire que les travailleurs étaient licenciés, voyaient leurs retraites attaquées, leurs services publics détruits, etc., essentiellement à cause du gouvernement de Sarkozy ? Certainement pas !

Samuel

On ne peut pas confondre le FdG/PCF et le reste de la gauche aussi parce que les travailleurs qui les suivent sont ceux qui se revndiquent de la lutte sociale.

Robert

Ceux qui suivent ces organisations trouvent satisfaction dans le fait qu’elles dénoncent virulemment, notamment par la voix forte de Mélenchon, toutes les attaques qu’ils subissent. Mais donnent-elles de véritables perspectives à la lutte des travailleurs, de vrais objectifs politiques à la population et aident-elles même seulement à comprendre ce qui frappe aujourd’hui les travailleurs et les masses populaires ?

Samuel

Eh bien, il semble quand même qu’ils dénoncent les capitalistes ?

Robert

Mais préviennent-ils en temps et en heure les travailleurs des attaques à venir, de leur sinification, des moyens d’y répondre et des pièges qui peuvent leur être tendus dans ces luttes ?

Il suffit pour y répondre de rappeler que, lors de la dernière campagne des présidentielles, lorsque chacun reconnait que le pouvoir avait retardé une vague de licenciements projeté par les patrons des trusts de tous les secteurs, ces partis n’ont nullement cherché à rendre publique cette attaque massive en perspective. Pourtant le seul intérêt de cette campagne politique aurait de contraindre une véritable irruption de la question sociale sur le terrain politique en faisant connaître l’attaque qui venait et en centrant dessus toute la campagne politique. Ces groupes s’en sont bien gardés, ce qui montre que malgré l’allure radicale qu’ils veulent se donner, ce n’est pas le radicalisme social qui les mène… Comme ils se gardent bien de prévenir les travailleurs que l’on ne peut pas défendre les intérêts des travailleurs entreprise par entreprise, le privé séparé du public, les chômeurs séparés des salariés, les CDI opposés aux CDD, les jeunes opposés aux vieux. Ils ne proposent pas du tout la jonction des luttes mais seulement par ci par là des promenades de rue…

Samuel

Cependant ils combattent le capitalisme ce qui n’est pas le cas du reste de la gauche !

Robert

Donnent-ils une explication plus satisfaisante de la situation du capitalisme mondial qui menace nos vies ? Nullement !
Pour ces partis, il suffirait d’un interventionnisme économique fort pour pallier aux difficultés économiques actuelles alors que cela est un mensonge éhonté. On ne peut ni sauver le capitalisme à coup de plans de travaux, ni sauver les masses populaires par des aides de l’Etat. Et ce discours a surtout pour résultat de désarmer la lutte des travailleurs puisque toutes les solutions doivent venir des sommets de l’Etat bourgeois.

Ce discours suppose un autre mensonge : que l’Etat soit censé être au service des citoyens et seulement détourné de son véritable rôle par des politiciens menteurs. En somme, si l’électeur n’était pas trompé, il aurait un bon gouvernement et l’Etat sauverait le peuple ! Contresens majeur et volontaire bien sûr : le discours radical n’empêche pas le fond parfaitement réformiste.

Loin de se distinguer en la matière, le FdG et le PCF ne font que reprendre ainsi le discours des gouvernants et des classes dirigeantes elles-mêmes qui affirment que c’est à l’Etat et au gouvernement de résoudre tous « les problèmes du pays ». Ce serait à l’Etat de « sauver l’économie », de « sauver les emplois », « sauver les entreprises », « sauver les services publics », etc… Et cela suppose non seulement que l’Etat bourgeois serait au service de la population, qu’il existerait quelque chose qu’on puisse appeler un « intérêt national » et ensuite qu’il faille absolument que l’argent de nos impôts servre d’abord à « aider l’économie », c’est-à-dire à aider les capitalistes.

D’ailleurs, sur le terrain du nationalisme économique, le FdG/PCF n’a pas son pareil et il est très radical, sauf que c’est un mensonge et une impasse qui mène aux pires excès, notamment au protectionnisme et au fascisme… Il y a loin du nationalisme économique aux intérêts réels des travailleurs, pour lesquels, comme le rappelait Marx, les travailleurs n’ont pas patrie et on ne peut leur prendre ce qu’ils n’ont pas…

Samuel

Cependant, on peut se demander : est-ce que le FdG-PCF ne dénonce pas la dictature des banques, des marchés financiers, des gros actionnaires et des grands capitalistes ? Est-ce qu’il ne dénonce pas les licenciements boursiers, l’autorisation donnée aux patrons pour supprimer des emplois, aux capitalistes pour spéculer et les cadeaux de l’Etat aux grands patrons !

Robert

Exact et c’est toute l’hypocrisie du discours du PCF/FdG ! Car que peut signifier le plan de relance économique que ces partis réclament à corps et à cri sinon une aide aux entreprises c’est-à-dire à leurs capitalistes ! Rappelons que le PCF/FdG n’a pas été opposé aux divers « sauvetages » : des banques, des trusts automobiles, du Bâtiment, et récemment ceux menés par Hollande de la banque CIF ou de la banque PSA. Dans ce dernier cas, ces organisations se sont bien gardées d’expliquer aux travailleurs ce que signifiait une banque PSA aidée à hauteur de 13 milliards par l’Etat alors que l’aide au trust automobile PSA après la crise de 2008 ne s’élevait qu’à un milliard et demi. Comment se fait-il que les trusts automobiles soient devenus des banquiers et, par exemple, que la moitié des bénéfices de Renault soient bancaires ?

Ces groupes se gardent bien de montrer que le capitalisme témoigne qu’il a atteint ses limites de capitalisation et retire ses capitaux de leurs investissements industriels et commerciaux pour les consacrer à spéculer. Ils préfèrent faire croire qu’il retire ses capitaux de France pour les investir dans des emplois concurrents à l’étranger car cela présente les travailleurs des autres pays comme des concurrents et prétend que la défense des salariés égale la « défense du pays »…
PCF et FdG proposent qu’on aide au retour en France des emplois industriels et commerciaux alors que ce n’est pas le vrai problème. Tout en protestant contre la politique de prétendue compétitivité de la France déroulée par le gouvernement de gauche et les patrons, son discours contribue en réalité à faire croire en la réalité du problème.

Samuel

Peut-on reprocher au PCF/FdG d’avoir des propositions économiques pour montrer ce que lui ferait s’il gouvernait ?

Robert

Des propositions, des conseils à qui ? Aux patrons ? Aux gouvernants de la bourgeoisie ? A un gouvernement « vraiment de gauche » qui ne s’attaquerait pas à la propriété privée des moyens de production alors que c’est le seul moyen de retirer aux capitalistes de le droit de faire ce qu’ils veulent de « leurs » moyens de production !
Quand les capitalistes eux-mêmes se détournent d’investir dans le système, misent même sur sa chute, spéculent sur des titres nécrophiles qui se fondent sur des dettes, sur des effondrements, est-ce aux travailleurs de proposer de sauver le système, à des prétendus communistes de ne pas mettre en cause la propriété privée des moyens de production ?

Samuel

Mais peut-on dire cela alors que le PCF met en avant des revendications radicales comme le contrôle des banques, l’interdictions des licenciements et le contrôle des aides économiques de l’Etat ?

Robert

Qui va contrôler tout cela ? Des organismes d’Etat qui contrôlent déjà tout ce qu’ils ont envie sans rien y trouver à redire ! Est-ce que le PCF/FdG appelle les travailleurs à s’organiser en comités pour contrôler, en conseils pour organiser les salariés, pour fédérer les luttes ? Absolument pas ! Au contraire, il diffuse la thèse que l’Etat, s’il était bien gouverné, ferait tout cela très bien en lieu et place des travailleurs. Et cela resterait l’Etat bourgeois ! Avec les mêmes institutions en réalité…

La « souveraineté nationale populaire » du PCF, c’est encore une manière d’essayer de redonner confiance aux travailleurs dans l’Etat bourgeois à peine réformé !

Samuel

Il faut bien trouver des manières de résoudre les problèmes posés et on ne peut pas se contenter de renvoyer les gens au « grand soir » où on changera tout dans le monde entier…
Car, bien entendu, ce ne peut être que dans le monde qu’on change les choses alors qu’on peut avancer des idées sur des changements dès maintenant et même dans un seul pays puisque c’est la politique du gouvernement qu’ils proposent de changer.

Robert

Eh oui ! Cela veut dire qu’à des problèmes mondiaux qui ne peuvent réellement se résoudre que mondialement, notamment une crise économique mondiale, ils offrent des solutions mensongères… nationales !

Samuel

Pourtant le PCF/FdG parle sans cesse de mobilisation sociale, non ? Il appelle à manifester, à faire grève, à lutter, à militer contre le prétendu fatalisme économique ? Que pourrait-il faire de plus sans agir à la place des syndicats et à la place des salariés eux-mêmes ?Et ce ne sont pas des paroles. Le PCF/FdG n’a-t-il pas été très présent dans les mobilisations pour la défense des retraites et pour les luttes des salariés des entreprises qui licencient ?


Robert

Sans doute, mais qu’est-ce qui a empêché ces luttes de réussir sinon la politique menée par des directions syndicales du type de celle de la CGT dans laquelle le PCF a encore de nombreux militants à la base comme au sommer ?

La manière de refuser d’enclencher une véritable grève générale pour les retraites, le refus ensuite de continuer la lutte en prétendant qu’avec Sarkozy on ne pouvait pas gagner et qu’il fallait attendre le changement de gouvernement, l’isolement des luttes pour la défense des emplois, toutes ces stratégies de la défaite qui caractérisent les centrales syndicales, loin d’être dénoncées par le PCF/FdG, sont le fait de dirigeants et de militants dont nombre d’entre eux sont du PCF/FdG ! Par exemple, le PCF/FdG n’a rien à redire au fait que les dirigeants CGT d’Aulnay acceptent de négocier des reculs et ne mènent même pas une grève avec occupation, ne relient pas cette lutte à celle des autres entreprises qui licencient et ne mettent en avant que des revendications locales, même pas générales à PSA, ni à l’Automobile…

Samuel

Mais le PCF a raison de dénoncer la politique d’austérité qui aggrave la crise en la faisant payer aux milieux les plus démunis, en détruisant les services publics notamment ?

Robert

Parlons-en de la destruction des services publics, quand le nouveau dirigeant CGT, Lepaon, qui est en même temps membre du PCF, appuyé par l’Huma, a rédigé un rapport au Conseil Economique et Social, une des institutions étatiques de la bourgeoisie où tout représentantd es travailleurs digne de ce nom devrait s’interdire de participer, un rapport qui vise à faire passer en douce la privatisation de la SNCF ! Et cela sans que ni la CGT ni le PCF/FdG ne proteste !!!
D’ailleurs le même Lepaon ne se pavane-t-il pas au fameux Quadrilatère censé rassembler représentants de la bourgeoisie et du monde syndical ? Tout cela en dit long sur le radicalisme prétendu de la CGT et du PCF/FdG !!!

Quant à dénoncer l’austérité en disant que l’Etat pourrait stimuler la production, c’est encore une fois proposer d’aider l’économie en aidant en réalité les capitalistes !

Même face à la manœuvre du gouvernement à ArcelorMittal, alors que le gouvernement qui s’engageait à imposer au trust de garder les salariés se permet de prétendre reprendre à Arcelor l’entreprise, le PCF couvre cette manoeuvre en l’appelant nationalisation. Mais le gouvernement, plus malin, ne parle que de nationalisation provisoire… Dans quelques mois, il pourra revendre avec suppressions d’emplois comme condition ou jeter les salariés en disant qu’il n’a pas trouvé de repreneur. Comment des slogans apparemment radicaux comme nationalisation peuvent couvrir des reculs et des reculades...

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