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Paris 1871-2012 : la Commune n’est pas morte !!!

lundi 17 décembre 2012, par Robert Paris

Victor Hugo

« Le cadavre est à terre, et l’idée est debout. »

Victor Hugo

Un enfant de douze ans est pris avec des hommes.

— Es-tu de ceux-là, toi ? — L’enfant dit : Nous en sommes.

— C’est bon, dit l’officier, on va te fusiller.
Attends ton tour. — L’enfant voit des éclairs briller,
Et tous ses compagnons tomber sous la muraille.
Il dit à l’officier : Permettez-vous que j’aille
Rapporter cette montre à ma mère chez nous ?

— Tu veux t’enfuir ? — Je vais revenir. — Ces voyous
Ont peur ! Où loges-tu ? — Là, près de la fontaine.
Et je vais revenir, monsieur le capitaine.

— Va-t’en, drôle ! — L’enfant s’en va. — Piège grossier !
Et les soldats riaient avec leur officier,
Et les mourants mêlaient à ce rire leur râle ;
Mais le rire cessa, car soudain l’enfant pâle,
Brusquement reparu, fier comme Viala,
Vint s’adosser au mur et leur dit : Me voilà.

Victor Hugo

Vous n’avez pas pris garde au peuple que nous sommes.
Chez nous, dans les grands jours, les enfants sont des hommes,
Les hommes des os, les vieillards des géants.
Oh ! comme vous serez stupides et béants,
Le jour où vous verrez, risibles escogriffes,
Ce grand peuple de France échapper à vos griffes !
Le jour où vous verrez fortune, dignités,
Pouvoirs, places, honneurs, beaux gages bien comptés,
Tous les entassements de votre orgueil féroce,
Tomber au premier pas que fera le colosse !
Confondus, furieux, cramponnés vainement
Aux chancelants débris de votre écroulement,
Vous essaîrez encor de crier, de proscrire,
D’insulter, et l’Histoire éclatera de rire.

Victor Hugo

N’importe, ayons foi ! Tout s’agite,
Comme au fond d’un songe effrayant,
Tout marche et court, et l’homme quitte
L’ancien rivage âpre et fuyant.
On va de la nuit à l’aurore,
Du noir sépulcre au nid sonore,
Et des hydres aux alcyons.
Les téméraires sont les sages.
Ils sondent ces profonds passages
Qu’on nomme Révolutions.

Victor Hugo

La barricade était livide dans l’aurore,
Et, comme j’arrivais ; elle fumait encore ;
Que voulez-vous. donc ?

— Tout.

Victor Hugo

On les amène au pied de l’affreux mur.
C’est bien. Ils ont été battus du vent contraire.
L’homme dit au soldat qui l’ajuste : Adieu, frère.
La femme dit : - Mon homme est tué. C’est assez.
Je ne sais s’il eut tort ou raison, mais je sais
Que nous avons traîné le malheur côte à côte ;
Il fut mon compagnon de chaîne ; si l’on m’ôte
Cet homme, je n’ai plus besoin de vivre. Ainsi
Puisqu’il est mort, il faut que je meure. Merci. -
Et dans les carrefours les cadavres s’entassent.
Dans un noir peloton vingt jeunes filles passent ;
Elles chantent ; leur grâce et leur calme innocent
Inquiètent la foule effarée ; un passant
Tremble. - Où donc allez-vous ? dit-il à la plus belle.
Parlez. - Je crois qu’on va nous fusiller, dit-elle.
Un bruit lugubre emplit la caserne Lobau ;
C’est le tonnerre ouvrant et fermant le tombeau.
Là des tas d’hommes sont mitraillés ; nul ne pleure ;
Il semble que leur mort à peine les effleure,
Qu’ils ont hâte de fuir un monde âpre, incomplet,
Triste, et que cette mise en liberté leur plaît.
Nul ne bronche. On adosse à la même muraille
Le petit-fils avec l’aïeul, et l’aïeul raille,
Et l’enfant blond et frais s’écrie en riant : Feu !

Victor Hugo

Alors que les révolutionnaires de la Commune de Paris battus, arrêtés et assassinés et le peuple de Paris qui venait de tenter de prendre le pouvoir étaient pourchassés en France et honnis par toute la bourgeoisie européenne, Victor Hugo, réfugié en Belgique un pays qui refusait le droit d’asile aux réfugiés de la Commune, écrivait : "Quant à moi, je déclare ceci : cet asile que le gouvernement belge refuse aux vaincus de Paris, je l’offre ! Où ? En Belgique ! Je fais à la Belgique cet honneur. J’offre l’asile : qu’un vaincu de la commune de Paris frappe à ma porte ; j’ouvre ; il est dans ma maison ; il est inviolable... Si l’on vient chez moi prendre un fugitif de la Commune, on me prendra."

Extraits de "L’année terrible" :

Voici le peuple : il meurt, combattant magnifique, Pour le progrès

PARIS BLOQUE

O ville, tu feras agenouiller l’histoire. Saigner est ta beauté, mourir est ta victoire. Mais non, tu ne meurs pas. Ton sang coule, mais ceux Qui voyaient César rire en tes bras paresseux, S’étonnent : tu franchis la flamme expiatoire, Dans l’admiration des peuples, dans la gloire, Tu retrouves, Paris, bien plus que tu ne perds. Ceux qui t’assiègent, ville en deuil, tu les conquiers. La prospérité basse et fausse est la mort lente ; Tu tombais folle et gaie, et tu grandis sanglante. Tu sors, toi qu’endormit l’empire empoisonneur, Du rapetissement de ce hideux bonheur. Tu t’éveilles déesse et chasses le satyre. Tu redeviens guerrière en devenant martyre ; Et dans l’honneur, le beau, le vrai, les grandes moeurs, (…) Rien n’est plus admirable ; et Paris a dompté L’univers par la force où l’on sent la bonté. Ce peuple est un héros et ce peuple est un juste. Il fait bien plus que vaincre, il aime.

O ville auguste, Ce jour-là tout tremblait, les révolutions Grondaient, et dans leur brume, à travers des rayons, Tu voyais devant toi se rouvrir l’ombre affreuse Qui par moments devant les grands peuples se creuse ; Et l’homme qui suivait le cercueil de son fils T’admirait, toi qui, prête à tous les fiers défis, Infortunée, as fait l’humanité prospère ; Sombre, il se sentait fils en même temps que père, Père en pensant à lui, fils en pensant à toi.

Que ce jeune lutteur illustre et plein de foi, Disparu dans le lieu profond qui nous réclame, O peuple, ait à jamais près de lui ta grande âme ! Tu la lui donnas, peuple, en ce suprême adieu. Que dans la liberté superbe du ciel bleu, Il assiste, à présent qu’il tient l’arme inconnue, Aux luttes du devoir et qu’il les continue. Le droit n’est pas le droit seulement ici-bas ; Les morts sont des vivants mêlés à nos combats, Ayant tantôt le bien, tantôt le mal pour cibles ; Parfois on sent passer leurs flèches invisibles. Nous les croyons absents, ils sont présents ; on sort De la terre, des jours, des pleurs, mais non du sort ; C’est un prolongement sublime que la tombe. On y monte étonné d’avoir cru qu’on y tombe. Comme dans plus d’azur l’hirondelle émigrant, On entre plus heureux dans un devoir plus grand ; On voit l’utile avec le juste parallèle ; Et l’on a de moins l’ombre et l’on a de plus l’aile. O mon fils béni, sers la France, du milieu De ce gouffre d’amour que nous appelons Dieu ; Ce n’est pas pour dormir qu’on meurt, non, c’est pour faire De plus haut ce que fait en bas notre humble sphère ; C’est pour le faire mieux, c’est pour le faire bien. Nous n’avons que le but, le ciel a le moyen. La mort est un passage où pour grandir tout change ; Qui fut sur terre athlète est dans l’abîme archange ; Sur terre on est borné, sur terre on est banni ; Mais là-haut nous croissons sans gêner l’infini ; L’âme y peut déployer sa subite envergure ; C’est en perdant son corps qu’on reprend sa figure. Va donc, mon fils ! va donc, esprit ! deviens flambeau. Rayonne. Entre en planant dans l’immense tombeau ! Sers la France. Car Dieu met en elle un mystère, Car tu sais maintenant ce qu’ignore la terre, Car la vérité brille où l’éternité luit, Car tu vois la lumière et nous voyons la nuit. (…) Quand finira ceci ? Quoi ! ne sentent-ils pas Que ce grand pays croule à chacun de leurs pas ! Châtier qui ? Paris ? Paris veut être libre. Ici le monde, et là Paris ; c’est l’équilibre. Et Paris est l’abîme où couve l’avenir. Pas plus que l’Océan on ne peut le punir, Car dans sa profondeur et sous sa transparence On voit l’immense Europe ayant pour coeur la France. Combattants ! combattants ! qu’est-ce que vous voulez ? Vous êtes comme un feu qui dévore les blés, Et vous tuez l’honneur, la raison, l’espérance ! Quoi ! d’un côté la France et de l’autre la France ! Arrêtez ! c’est le deuil qui sort de vos succès. Chaque coup de canon de Français à Français Jette, - car l’attentat à sa source remonte, - Devant lui le trépas, derrière lui la honte. Verser, mêler, après septembre et février, Le sang du paysan, le sang de l’ouvrier, Sans plus s’en soucier que de l’eau des fontaines ! Les Latins contre Rome et les Grecs contre Athènes ! Qui donc a décrété ce sombre égorgement ? Si quelque prêtre dit que Dieu le veut, il ment ! Mais quel vent souffle donc ? Quoi ! pas d’instants lucides ! Se retrouver héros pour être fratricides ! Horreur ! Le peuple est un lutteur prodigieux qui traîne Le passé vers le gouffre et l’y pousse du pied (…) Vous imaginez-vous cette haute cité Qui fut des nations la parole, l’ouïe, La vision, la vie et l’âme, évanouie ! Vous représentez-vous les peuples la cherchant ? On ne voit plus sa lampe, on n’entend plus son chant. C’était notre théâtre et notre sanctuaire ; Elle était sur le globe ainsi qu’un statuaire Sculptant l’homme futur à grands coups de maillet ; L’univers espérait quand elle travaillait ; Elle était l’éternelle, elle était l’immortelle ; Qu’est-il donc arrivé d’horrible ? où donc est-elle ? Vous les figurez-vous s’arrêtant tout à coup ? Quel est ce pan de mur dans les ronces debout ? Le Panthéon ; ce bronze épars, c’est la colonne ; Ce marais où l’essaim des corbeaux tourbillonne, C’est la Bastille ; un coin farouche où tout se tait, Où rien ne luit, c’est là que Notre-Dame était ; La limace et le ver souillent de leurs morsures Les pierres, ossements augustes des masures ; Pas un toit n’est resté de toutes ces maisons Qui du progrès humain reflétaient les saisons ; Pas une de ces tours, silhouettes superbes ; Plus de ponts, plus de quais ; des étangs sous des herbes, Un fleuve extravasé dans l’ombre, devenu Informe, et s’en allant dans un bois inconnu ; Le vague bruit de l’eau que le vent triste emporte. Et voyez-vous l’effet que ferait cette morte !

Hugo rapporte la répression, féroce, de la bourgeoisie contre la Commune, dans "L’année terrible" : "Sur une barricade, au milieu des pavés Souillés d’un sang coupable et d’un sang pur lavés, L’enfant de douze ans est pris avec des hommes (...)"

Victor Hugo écrit : "Qui arrête la révolution à mi-côte ? La bourgeoisie. Pourquoi ? Parce que la bourgeoisie est l’intérêt arrivé à satisfaction. (...) Il y en a qui disent qu’il faut me tirer un coup de fusil comme un chien. Pauvre bourgeoisie. Uniquement parce qu’elle a peur pour sa pièce de cent sous. (...) Ouvriers de Paris, vous faites votre devoir et c’est bien. Vous donnez là un bel exemple. La civilisation vous remercie. "

ou encore ...

"Les révolutions sont de magnifiques improvisatrices, un peu échevelées quelques fois."

"Il y a au fond du socialisme une partie des réalités douloureuses de notre temps et de tous les temps."

"Je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère."’

"Le droit de Paris de se déclarer commune est incontestable."

Le 31 mai 1871, il écrit : "La réaction commet à Paris tous les crimes. Nous sommes en pleine Terreur Blanche."

Le 5 juin 1871 : "Les nouvelles continuent d’être hideuses. Terreur de plus en plus blanche".


Karl Marx

« Les canailles bourgeoises de Versailles placèrent les Parisiens devant l’alternative : ou relever le défi ou succomber sans combat. »

Karl Marx dans « La guerre civile en France »

« À l’aube du 18 mars, Paris fut réveillé par ce cri de tonnerre : Vive la Commune ! Qu’est-ce donc que la Commune, ce sphinx qui met l’entendement bourgeois à si dure épreuve ? Les prolétaires de la capitale, disait le Comité central dans son manifeste du 18 mars, au milieu des défaillances et des trahisons des classes gouvernantes, ont compris que l’heure était arrivée pour eux de sauver la situation en prenant en main la direction des affaires publiques... Le prolétariat... a compris qu’il était de son devoir impérieux et de son droit absolu de prendre en main ses destinées, et d’en assurer le triomphe en s’emparant du pouvoir. Mais la classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre tel quel l’appareil d’État et de le faire fonctionner pour son propre compte. (...) L’antithèse directe de l’Empire fut la Commune. Si le prolétariat de Paris avait fait la révolution de Février au cri de « Vive la République sociale », ce cri n’exprimait guère qu’une vague aspiration à une république qui ne devait pas seulement abolir la forme monarchique de la domination de classe, mais la domination de classe elle-même. La Commune fut la forme positive de cette république. Paris, siège central de l’ancien pouvoir gouvernemental, et, en même temps, forteresse sociale de la classe ouvrière française, avait pris les armes contre la tentative faite par Thiers et ses ruraux pour restaurer et perpétuer cet ancien pouvoir gouvernemental que leur avait légué l’empire. Paris pouvait seulement résister parce que, du fait du siège, il s’était débarrassé de l’armée et l’avait remplacée par une garde nationale, dont la masse était constituée par des ouvriers. C’est cet état de fait qu’il s’agissait maintenant de transformer en une institution durable. Le premier décret de la Commune fut donc la suppression de l’armée permanente, et son remplacement par le peuple en armes. La Commune fut composée des conseillers municipaux, élus au suffrage universel dans les divers arrondissements de la ville. Ils étaient responsables et révocables à tout moment. La majorité de ses membres était naturellement des ouvriers ou des représentants reconnus de la classe ouvrière. La Commune devait être non pas un organisme parlementaire, mais un corps agissant, exécutif et législatif à la fois. Au lieu de continuer d’être l’instrument du gouvernement central, la police fut immédiatement dépouillée de ses attributs politiques et transformée en un instrument de la Commune, responsable et à tout instant révocable. Il en fut de même pour les fonctionnaires de toutes les autres branches de l’administration. Depuis les membres de la Commune jusqu’au bas de l’échelle, la fonction publique devait être assurée pour un salaire d’ouvrier. Les bénéfices d’usage et les indemnités de représentation des hauts dignitaires de l’État disparurent avec ces hauts dignitaires eux-mêmes. Les services publics cessèrent d’être la propriété privée des créatures du gouvernement central. Non seulement l’administration municipale, mais toute l’initiative jusqu’alors exercée par l’État fut remise aux mains de la Commune. Une fois abolies l’armée permanente et la police, instruments du pouvoir matériel de l’ancien gouvernement, la Commune se donna pour tâche de briser l’outil spirituel de l’oppression, le pouvoir des prêtres ; elle décréta la dissolution et l’expropriation de toutes les Églises dans la mesure où elles constituaient des corps possédants. Les prêtres furent renvoyés à la calme retraite de la vie privée, pour y vivre des aumônes des fidèles, à l’instar de leurs prédécesseurs, les apôtres. La totalité des établissements d’instruction furent ouverts au peuple gratuitement, et, en même temps, débarrassés de toute ingérence de l’Église et de l’État. Ainsi, non seulement l’instruction était rendue accessible à tous, mais la science elle-même était libérée des fers dont les préjugés de classe et le pouvoir gouvernemental l’avaient chargée. Les fonctionnaires de la justice furent dépouillés de cette feinte indépendance qui n’avait servi qu’à masquer leur vile soumission à tous les gouvernements successifs auxquels, tour à tour, ils avaient prêté serment de fidélité, pour le violer ensuite. Comme le reste des fonctionnaires publics, magistrats et juges devaient être élus, responsables et révocables. La Commune de Paris devait, bien entendu, servir de modèle à tous les grands centres industriels de France. Le régime de la Commune une fois établi à Paris et dans les centres secondaires, l’ancien gouvernement centralisé aurait, dans les provinces aussi, dû faire place au gouvernement des producteurs par eux-mêmes. Dans une brève esquisse d’organisation nationale que la Commune n’eut pas le temps de développer, il est dit expressément que la Commune devait être la forme politique même des plus petits hameaux de campagne et que dans les régions rurales l’armée permanente devait être remplacée par une milice populaire à temps de service extrêmement court. (...) La multiplicité des interprétations auxquelles la Commune a été soumise, et la multiplicité des intérêts qu’elle a exprimés montrent que c’était une forme politique tout à fait susceptible d’expansion, tandis que toutes les formes antérieures de gouvernement avaient été essentiellement répressives. Son véritable secret, le voici : c’était essentiellement un gouvernement de la classe ouvrière, le résultat de la lutte de la classe des producteurs contre la classe des appropriateurs, la forme politique enfin trouvée qui permettait de réaliser l’émancipation économique du travail »

Karl Marx dans « La guerre civile en France »

« Une victoire de Paris sur l’agresseur prussien aurait été une victoire de l’ouvrier français sur le capitalisme français et ses parasites d’Etat. Dans ce conflit entre le devoir national et l’intérêt de classe, le gouvernement « de la Défense nationale » n’hésita pas un instant : il se changea en gouvernement de la défection nationale. »

Karl Marx dans « La guerre civile en France / 1871 »

« Le prolétariat a compris qu’il était de son devoir impérieux et de son droit absolu de prendre en mains ses destinées, et d’en assurer le triomphe en s’emparant du pouvoir. »

Le Comité central durant la Commune de Paris (1871), cité par Karl Marx dans « La guerre civile en France »

« Quand la Commune de Paris prit la direction de la révolution entre ses propres mains, quand de simples ouvriers osèrent, pour la première fois, empiéter sur le privilège gouvernemental de leurs « supérieurs naturels » et accomplirent, dans des circonstances d’une difficulté sans exemple, leur œuvre modestement, consciencieusement et efficacement, et pour des salaires dont le plus élevé atteignait à peine le cinquième de ce qui, à en croire une haute autorité scientifique (le professeur Huxley) est le minimum requis pour le secrétaire du conseil des écoles de Londres, le vieux monde se tordit de rage à la vue du drapeau rouge, symbole de la république du travail, flottant sur l’Hôtel de ville. »

« La guerre civile en France » de Karl Marx

« Grâce au combat livré par Paris, la lutte de la classe ouvrière contre la classe capitaliste et son Etat est entrée dans une phase nouvelle. Quelqu’en soit l’issue immédiate, un nouveau point de départ d’une importance historique universelle a été acquis. »

Lettre de Karl Marx à Kugelman du 17 avril 1871

« La Commune ne fut pas une révolution contre une forme quelconque de pouvoir d’Etat, légitimiste, constitutionnelle, républicaine ou impériale. Elle fut une révolution contre l’Etat comme tel, contre cet avorton monstrueux de la société (…) Elle ne fut pas une révolution ayant pour but de transférer le pouvoir d’Etat d’une fraction des classes dominantes à une autre mais une révolution tendant à détruire cette machine abjecte de la domination de classe. (…) Seule la classe ouvrière pouvait exprimer par le mot « Commune » ces nouvelles aspirations dont elle inaugura la réalisation par la Commune militante. (…) Seuls les prolétaires, enflammés par la nouvelle tâche sociale qu’ils doivent accomplir pour la société tout entière, à savoir la suppression de toutes les classes et de la domination de classe, étaient capables de briser l’instrument de cette domination – l’Etat – ce pouvoir gouvernemental centralisé et organisé qui se prend pour le maître de la société au lieu d’en être le serviteur. (…) Le caractère vraiment social de leur République, c’est le simple fait que les travailleurs gouvernent la Commune de Paris. »

Brouillon de Karl Marx sur la Commune

« Il eut fallu marcher aussitôt sur Versailles (…). Par scrupule de conscience, on laissa passer le moment favorable. On ne voulut pas commencer la guerre civile, comme si ce méchant avorton de Thiers ne l’avait pas commencée en tentant de désarmer Paris. »

Lettre de Karl Marx à Kugelmann le 12 avril 1871

« Les principes de la Commune sont éternels et ne peuvent être détruits : ils seront toujours posés à nouveau à l’ordre du jour, aussi longtemps que la classe ouvrière n’aura pas conquis sa libération. »

Karl Marx – Adresse au conseil général de l’Internationale le 23 mai 1871

« Regardez la Commune de Paris. C’était la dictature du prolétariat. »

Engels dans son introduction à « La guerre civile en France »

« La Commune était essentiellement un gouvernement de la classe ouvrière, le produit de la lutte de classe des producteurs contre la classe des accapareurs, la forme politique enfin découverte sous laquelle on pouvait réaliser l’émancipation économique du Travail. »

Karl Marx dans « La guerre civile en France »

« Sous les yeux de l’armée prussienne qui avait annexé à l’Allemagne deux provinces françaises, la Commune annexait à la France les travailleurs du monde entier. »

Karl Marx dans « La guerre civile en France »


Les partisans de la Commune

La Commune n’est pas morte !!!

On croyait lui couper les bras
Et lui vider l’aorte.
Tout ça n’empêche pas,
Nicolas, Qu’la Commune n’est pas morte !

« Le lendemain de la proclamation de la République par le peuple de Paris, l’Association Internationale des travailleurs, la Chambre fédérale des associations ouvrières et des citoyens zélés prirent, dans tous les arrondissements, l’initiative de faire faire des réunions populaires à l’effet de former des comités de vigilance et de défense chargés de pourvoir, dans leur arrondissement, soit par eux-mêmes, soit par des réclamations incessantes auprès des autorités compétentes, aux mesures urgentes, nécessaires pour assurer la défense de Paris et la distribution équitable des vivres et des subsistances, pour préparer la formation de la Commune de Paris par les élections au Conseil municipal, et, enfin, pour affermir inébranlable le maintien de la République démocratique et sociale. »

Rapport du Comité républicain élu du troisième arrondissement

L’affiche rouge du 5 janvier 1871

« Le gouvernement qui, le 4 septembre, s’est chargé de la Défense nationale a-t-il rempli sa mission ? – Non !
Nous sommes 500.000 combattants et 200.000 Prussiens nous étreignent !

A qui la responsabilité, sinon à ceux qui nous gouvernent ?
Ils n’ont pensé qu’à négocier, au lieu de fondre des canons et de fabriquer des armes.

Ils se sont refusés à la levée en masse.

Ils ont laissé en place les bonapartistes et mis en prison les républicains. Ils ne se sont décidés à agir enfin contre les Prussiens qu’après deux mois, au lendemain du 31 octobre.

Le grand peuple de 89, qui détruit les Bastilles et renverse les trônes, attendra-t-il dans un désespoir inerte, que le froid et la famine aient glacé dans son cœur, dont l’ennemi compte les battements, sa dernière goutte de sang ?

Non !

La population de Paris ne voudra jamais accepter ces misères et cette honte. Elle sait qu’il en est temps encore, que des mesures décisives permettront aux travailleurs de vivre, à tous de combattre.
Réquisitionnement général – Rationnement gratuit. – Attaques en masse. La politique, la stratégie, l’administration du 4 septembre, continués de l’Empire, sont jugées.

PLACE AU PEUPLE ! PLACE A LA COMMUNE ! »

Les délégués des vingt arrondissement de Paris

« La Garde nationale doit désormais remplacer les armées permanentes, qui ne furent jamais que des instruments de despotisme, et qui amenèrent fatalement avec elles la ruine du pays. »
Préambule aux statuts de la Fédération de la Garde nationale le 15 février 1871

« La Garde nationale s’était fédérée, c’est-à-dire qu’au lieu de rester une masse divisée, elle s’était donnée une organisation autonome qui reliait les companies et les bataillons entre eux, et en formait une vaste association soumise à ses propres réglements, gérée et dirigée par ses propres délégués. »
Arthur Arnould dans « Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris »

« La Garde nationale proteste, par l’organe de son Comité central, contre toute tentative de désarmement et déclare qu’elle y résistera au besoin par les armes. »
Assemblée générale des délégués de la Garde nationale du 24 février 1871

« Les gens d’affaires allaient répétant partout : ’’ Vous ne ferez jamais d’opérations financières, si vous n’en finissez pas avec tous ces scélérats, si vous ne leur enlevez pas les canons. Il faut en finir, et alors on pourra parler d’affaires. »

Thiers, ancien chef de l’Etat, à la Commission d’enquête du 21 août 1871

« La troupe fraternise avec le peuple à Belleville. On vient de me dire qu’à Montmartre elle a également évacué… Partout la Garde nationale descend. Il faut s’emparer du Quai d’Orsay, Imprimerie, Préfecture de police, Hôtel de ville. Profitons du moment. C’est le coup de balai à donner. »

Georges Arnold du Comité central le 18 mars

« La situation du onzième arrondissement est perdue… L’insurrection est maîtresse… L’attitude de la troupe qui revient de la Bastille est lamentable, crosse en l’air et le reste. »

Le ministre Jules Ferry à Thiers le 18 mars

« Citoyens, je ne vois pas la victoire du 18 mars de la même façon que vous. On a laissé sortir l’armée de Paris. On n’a point arrêté les traîtres de la « Défense nationale » alors qu’on pouvait le faire. La Banque de France est gardée par des bataillons réactionnaires. Je neveux assumer la responsabilité d’aucun de ces faits irréparables. En politique toute faut est un crime. »

Eugène Chatelain le 22 mars 1871

« En somme, notre position est celle de gens qui, forts de leurs droits, attendent qu’on vienne les attaquer, se contentant de se défendre. »

Général Cluseret, dirigeant l’armée de la Commune, le 6 avril 1871

« Les illusions furent fatales, ainsi que l’immobilité du Comité central, toute révolution qui ne marche pas de l’avant étant vouée à une défaite certaine. »

Lefrançais dans « Souvenirs d’un révolutionnaire »

« Le Comité central, dans son aveuglement criminel, a donné ce spectacle étrange d’une révolution victorieuse, bien armée, pourvue de tout, ayant à sa discrétion un capital de trois milliards environ, enfermé dans les caisses d’une banque nationale, et fournissant elle-même à son ennemi mal armé, sans ressource, n’ayant pas le sou, des centaines de millions pour qu’il puisse s’organiser et s’armer pour venir l’égorger. »

Vésinier dans « Comment a péri la Commune »

« Le prolétariat n’arrivera à s’émanciper réellement qu’à la condition de se débarrasser de la République, dernière forme, et non la moins malfaisante, des gouvernements autoritaires. Mais s’il s’entête dans la folle espérance d’arriver à son émancipation par la fameuse « conquête des pouvoirs publics », il se ménage certainement une nouvelle et sanglante déception. »

Lefrançais dans « La revue blanche »

« Les femmes de Paris prouveront à la France et au monde qu’elles aussi sauront au moment du danger suprême – aux barricades, sur les remparts de Paris, si la réaction forçait les portes – donner, comme leurs frères, leur sang et leur vie pour la défense et le triomphe de la Commune, c’est-à-dire du peuple. »

Manifeste du Comité central de l’Union des femmes du 6 mai 1871

Elles ont pâli, merveilleuses,
Au grand soleil, d’amour chargé,
Sur le bronze des mitrailleuses
A travers Paris insurgé !

Arthur Rimbaud dans « Les mains de Jeanne-Marie »

« Paris ne reculera pas, car il porte le drapeau de l’avenir. »

Manifeste du Comité central de l’Union des femmes du 6 mai 1871

« Si la nation française ne se composait que de femmes, quel peuple terrible, ce serait ! »

Un journaliste anglais en mai 1871

Partisans et adversaires de la Commune

Double hommage à la Commune de Paris : celui de ses ennemis et celui de ses partisans

Marx sur la Commune

La guerre civile en France de Marx

Images et documents de la Commune de Paris (1871)

Louise Michel et la Commune

Les leçons de la Commune

Les femmes pendant la Commue

La Commune de Paris : révolution et contre-révolution à Paris en 1871

À la mémoire de la Commune

Les adversaires de la Commune

Jules Simon


Quand nous voterons pour nos propres élus….

Les élections présidentielles, quel que soit le choix du candidat, ne peuvent pas permettre aux travailleurs et aux milieux populaires d’exprimer ne serait-ce que leurs aspirations face à la situation économique et sociale grave actuelle. Et ne parlons pas de changer les choses ! Les élections, en changeant alternativement d’équipe au pouvoir, sont juste là pour dissuader les travailleurs d’agir sur un autre terrain. On entend certains dire : inutile de lutter, il suffit de bien voter. Cela suffit pour changer la tête du président et sa couleur politique, mais pas pour imposer un changement économique ou social.

Les classes dirigeantes ne remettent nullement en cause leur pouvoir économique, politique et social sur la société lors d’élections démocratiques. Elles ne sont pas élues du tout. Ne le sont ni les dirigeants des grandes sociétés du public ou du privé, ni les grands chefs des banques, des assurances, des bourses, ni les responsables de la haute administration, de l’Etat, c’est-à-dire d’abord de l’armée, de la police, de la justice, des grands corps d’état, ni ceux des grandes institutions comme banques centrales, ni les responsables des média, des religions et des syndicats. A ce propos, quel syndiqué peut prétendre qu’on l’a jamais consulté pour choisi un responsable syndical central ? Mais surtout ne dites pas qu’on n’est pas en démocratie !

La guerre, vous n’avez pas votre mot à dire… Les licenciements, ce ne pas votre choix qui prime…. Les distributions de fonds d’état, vous ne décidez pas… Les impôts, qui paie, qui ne paie pas, ce n’est pas vous qui avez le choix… Mais on est en démocratie… Vous avez le droit de faire grève. Mais les forces de l’ordre peuvent intervenir comme dans les aéroports ou à la SNCM. Vous avez le droit de vous syndiquer, mais le syndicat est d’abord payé par l’Etat et les grands patrons. Vous pouvez voter pour des candidats aux diverses élections. Mais ce ne sont pas les travailleurs qui déterminent les résultats électoraux. Non pas que le nombre de salariés soit faible ni que leur rôle ne soit plus déterminant dans l’activité économique et sociale. Non ! N’en déplaise à quelques sociologues pour lesquels « le prolétariat n’existe plus », les biscuits ne se produisent pas tous seuls, les chemises ne se tissent pas d’elles mêmes, les transports ne roulent pas sans chauffeurs ni entretien, les véhicules ne sont pas produits dans des usines automatisées, les élèves n’étudient pas sans enseignants, et la santé ne fonctionne pas sans infirmières et aides-soignantes. Pourtant, aux élections, ce ne sont pas les travailleurs qui déterminent les résultats. Car une grande partie d’entre eux sont interdits de vote, car sans papiers ou étrangers. Une encore plus grande partie ne vote pas parce qu’elle ne croit plus du tout que cela a le moindre intérêt. Et l’immense majorité des travailleurs sont persuadés par la vie sociale que ce n’est pas leur classe qui peut prendre les décisions les concernant : c’est soi disant trop compliqué !

Pour changer les choses, c’est cette conviction erronée qu’il faudrait commencer par modifier. Ce n’est pas en votant pour un parti ou un autre dans les élections de la bourgeoisie, mises en place par elle et pour elle, que les travailleurs pourront gagner cette confiance en eux-mêmes.

Il faut pour cela qu’ils dirigent eux-mêmes leurs luttes sociales et politiques au travers de comités qu’ils auront eux-mêmes élus. C’est ce qui s’est produit dans la révolution française de 1789 et de 1793, dans la commune de Paris de 1871 comme dans la révolution russe de 1917.

Vous voulez vérifier que la Commune de Paris n’était pas un pouvoir politique comme les autres. Alors, lisez cette affiche :

Texte de l’affiche apposée avant l’élection de la Commune de Paris :

« Citoyens,

Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant votre vie, souffrant des mêmes maux. Défiez-vous autant des ambitieux que des parvenus ; les uns comme les autres ne consultent que leur propre intérêt et finissent toujours par se considérer comme indispensables. Défiez-vous également des parleurs, incapables de passer à l’action ; ils sacrifieront tout à un beau discours, à un effet oratoire ou à mot spirituel. Evitez également ceux que la fortune a trop favorisés, car trop rarement celui qui possède la fortune est disposé à regarder le travailleur comme un frère. Enfin, cherchez des hommes aux convictions sincères, des hommes du peuple, résolus, actifs, ayant un sens droit et une honnêteté reconnue. Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos suffrages ; le véritable mérite est modeste, et c’est aux électeurs à choisir leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter. Citoyens, Nous sommes convaincus que si vous tenez compte de ces observations, vous aurez enfin inauguré la véritable représentation populaire, vous aurez trouvé des mandataires qui ne se considèrent jamais comme vos maîtres.

Le Comité Central de la Garde Nationale »

Le Comité central de la Garde nationale, installé à l’Hôtel de Ville depuis la soirée du 18 mars, précise, dans son appel du 22 mars aux électeurs, sa conception de la démocratie : ” Les membres de l’assemblée municipale, sans cesse contrôlés, surveillés, discutés par l’opinion, sont révocables, comptables et responsables. ”

C’est ce que confirme la Commune élue dans son Journal officiel du 21 mars 1871 :

” Les prolétaires de la capitale, au milieu des défaillances et des trahisons des classes gouvernantes, ont compris que l’heure était arrivée pour eux de sauver la situation en prenant en main la direction des affaires publiques. ”

Messages

  • Encore un écrivain contre la révolution prolétarienne de la Commune de Paris (1871) : Emile Zola dans "La débâcle" :

    Son exaltation grandissait, il n’écoutait même plus les supplications d’Henriette et de Jean, terrifiés. Et il continuait, dans une fièvre chaude, abondante en symboles, en images éclatantes. C’était la partie saine de la France, la raisonnable, la pondérée, la paysanne, celle qui était restée le plus près de la terre, qui supprimait la partie folle, exaspérée, gâtée par l’empire, détraquée de rêveries et de jouissances ; et il lui avait ainsi fallu couper dans sa chair même, avec un arrachement de tout l’être, sans trop savoir ce qu’elle faisait. Mais le bain de sang était nécessaire, et de sang français, l’abominable holocauste, le sacrifice vivant, au milieu du feu purificateur. Désormais, le calvaire était monté jusqu’à la plus terrifiante des agonies, la nation crucifiée expiait ses fautes et allait renaître.

    — Mon vieux Jean, tu es le simple et le solide… Va, va ! Prends la pioche, prends la truelle ! Et retourne le champ, et rebâtis la maison !… Moi, tu as bien fait de m’abattre, puisque j’étais l’ulcère collé à tes os !

    Il délira encore, il voulut se lever, s’accouder à la fenêtre.

    — Paris brûle, rien ne restera… Ah ! Cette flamme qui emporte tout, qui guérit tout, je l’ai voulue, oui ! Elle fait la bonne besogne… Laissez-moi descendre, laissez-moi achever l’œuvre d’humanité et de liberté…

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