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Pas de sortie de crise aux USA, pas plus que dans le reste du monde

lundi 7 janvier 2013, par Robert Paris

La crise du "mur budgétaire" aux Etats-Unis n’a été, au mieux, que partiellement évitée par le compromis du Nouvel An, augurant d’un nouveau combat sur les coupes budgétaires dans deux mois qui sera envenimé par une autre échéance : le relèvement du plafond de la dette.

Après des semaines de psychodrame, la Chambre des représentants aux mains des républicains a fini par céder à la dernière heure : elle a adopté le relèvement du taux d’imposition des Américains les plus riches et prolongé l’assurance-chômage pour deux millions d’Américains sans emploi, autant d’incertitudes gommées qui ont rassuré les marchés.

Mercredi, pour sa première séance de 2013, Wall Street a même fait preuve d’euphorie : +2,35% pour l’indice Dow Jones, +3,07% pour le Nasdaq selon des chiffres provisoires.

Mais les élus ont été incapables de s’entendre sur les nécessaires coupes budgétaires à venir et préféré repousser de deux mois toute décision à leur sujet.

Outre cette nouvelle échéance, les républicains, dont nombre sont furieux d’avoir dû capituler sur les impôts, auront au moins deux occasions de tenter d’obtenir des concessions de M. Obama : un vote sur le financement des opérations gouvernementales fin mars et le relèvement du plafond légal de la dette, d’ici à la fin du premier trimestre.

Dans le pire des scénarios, toutes ces mesures pourraient s’agglomérer et provoquer un "mur" encore plus lourd de menaces, "encore un autre Armageddon budgétaire", notait mercredi le journal Politico.

Avant de repartir pour Hawaii, son archipel natal où il avait interrompu ses vacances après Noël, M. Obama a prévenu qu’il ne négocierait pas sur le plafond de la dette. "Je ne débattrai pas encore avec le Congrès sur la nécessité d’acquitter les factures induites par les lois déjà adoptées", a-t-il martelé.

En plein été 2011, un tel débat s’était envenimé, coûtant aux Etats-Unis une dégradation de la note de leur dette souveraine par l’agence Standard and Poor’s.

Mais les républicains ont eux aussi pris leurs marques. "Maintenant, nous nous concentrons sur les dépenses", a affirmé le président de la Chambre des représentants, John Boehner, qui a cédé mardi pour éviter d’être tenu responsable d’une crise susceptible de faire replonger les Etats-Unis dans la récession.

Le vote budgétaire du Nouvel An était l’un des derniers du 112e Congrès des Etats-Unis, au bout de deux ans de mandat. Le 113e va prendre ses fonctions dès jeudi, mais les équilibres politiques resteront les mêmes : la Chambre aux mains des adversaires républicains de M. Obama, le Sénat acquis à ses alliés démocrates.
En outre, l’accord budgétaire ne résout pas la question des déficits de l’Etat fédéral, accusent les républicains, selon qui il ajoute 4.000 milliards de dollars de dette cumulée sur dix ans. La dette dépasse actuellement 16.000 milliards.

Erskine Bowles et Alan Simpson, respectivement un ancien secrétaire général de la Maison Blanche de Bill Clinton et un ex-sénateur républicain qui avaient été chargés par M. Obama de trouver une solution au problème de dette à long terme des Etats-Unis, ont regretté mercredi que le Congrès ait "raté une occasion".
M. Obama a quitté Washington dans la nuit pour retourner vers son archipel natal d’Hawaii (Pacifique) où il va conclure ses vacances d’hiver. Il a reconnu avant de partir que l’accord ne constituait qu’un "petit pas".

Un avis partagé par le FMI qui a salué mercredi l’accord mais estimé qu’il fallait "en faire encore davantage pour remettre les finances publiques américaines sur la voie de la viabilité sans nuire à la reprise économique, fragile". L’organisation a aussi appelé le Congrès à relever "rapidement" le plafond de la dette.

Messages

  • La ville de Detroit, berceau de l’industrie automobile américaine, a engagé jeudi les démarches pour être considérée en état de faillite - la plus importante banqueroute d’une ville dans l’histoire des Etats-Unis.

    La faillite, si elle est approuvée par la justice fédérale, contraindra les milliers de créanciers de Detroit à négocier avec le gestionnaire financier ad hoc nommé en mars par le gouverneur du Michigan Rick Snyder, Kevyn Orr.

    La dette de la plus grande ville du Michigan est estimée à 18,5 milliards de dollars (14 milliards d’euros).

    C’est Kevyn Orr qui a suggéré le dépôt de bilan et le gouverneur Snyder a estimé qu’il n’y avait pas d’autre solution.

    Avant Detroit, de grandes villes comme New York, Cleveland et Philadelphie se sont retrouvées au bord de la faillite, mais Detroit est la première ville américaine à demander officiellement la protection de la loi sur les faillites.

    Le président américain Barack Obama a fait dire par un porte-parole de la Maison blanche qu’il suivait la situation de près. Mais, à la différence de ce qui s’est passé avec la grande crise de 2008, lors de laquelle l’Etat fédéral avait décidé de renflouer les constructeurs General Motors et Chrysler à coups de milliards de dollars, le président n’a pas fait de promesse cette fois.

    Detroit était naguère synonyme de savoir-faire industriel. Les géants de la construction automobile s’étaient mis, de 1941 à 1945, à produire chars, avions et munitions, ce qui avait valu à la ville le surnom d’"arsenal de la démocratie".

    Detroit est aujourd’hui synonyme de déclin, de ruine, de criminalité. La ville a vu fondre sa population progressivement, passant de 1,8 million d’habitants en 1950 à 700.000 aujourd’hui. Sur les dix dernières années, la ville a perdu 25% de ses habitants.

    Désormais, un tiers des habitants vivent dans la pauvreté et 20% environ sont au chômage.

    CORRUPTION

    La perte des emplois industriels, l’exode des habitants blancs vers les banlieues, qui s’est accéléré après les émeutes raciales des années 60, ont laissé la ville anéantie.

    Aujourd’hui, Detroit compte plus de deux retraités pour un actif. Avec un quart des immeubles abandonnés dans certains quartiers, aucune autre ville américaine n’a porté plus lourdement le fardeau de la désindustrialisation.

    En outre, la municipalité a été ébranlée par des affaires de corruption au fil des années. Kwame Kilpatrick, ancien maire de Detroit et ex-étoile montante du Parti démocrate, est en prison après avoir été condamné pour plusieurs faits de corruption, et notamment de trucage des appels d’offres, alors qu’il était en fonction.

    Le manque de financement pour l’éclairage public et les services d’urgence, malgré des impôts élevés, a entraîné une hausse de l’insécurité dans les rues de la ville.

    Le taux de meurtres est à son plus haut niveau en près de 40 ans ; seul un tiers du parc ambulancier était en service au premier trimestre 2013 ; et les quelque 78.000 bâtiments abandonnés de la ville créent "des problèmes de sécurité publique supplémentaires et réduisent la qualité de vie dans la ville", note le gouverneur du Michigan dans sa lettre.

    "Il est clair que la situation financière exceptionnelle de Detroit ne peut être résolue en dehors du régime de faillite, et c’est la seule option raisonnable possible", a estimé le gouverneur de l’Etat de Michigan, le républicain Rick Snyder, dans une lettre accompagnant les documents remis par la municipalité à un tribunal fédéral pour que la ville soit reconnue en faillite.

  • Le gouvernement américain a révisé en baisse la croissance économique des Etats-Unis au dernier trimestre 2013, laissant présager une expansion moins soutenue pour le premier trimestre 2014.

    La croissance du Produit intérieur brut (PIB) s’est établie à 2,4% d’octobre à décembre, en rythme annualisé et données corrigées des variations saisonnières, contre une première estimation de 3,2%, selon les chiffres du département du Commerce publiés vendredi.

    Il n’est pas rare que le gouvernement réévalue nettement les chiffres du PIB, mais l’ampleur de cette révision a surpris les analystes qui s’attendaient dans leur prévision médiane à une croissance de 2,6%.

  • La presse économique bourgeoise note : "La production industrielle américaine baisse maintenant pour le 5e mois de suite" et "les mauvaises nouvelles continuent avec le sévère recul du moral des ménages en mai", a observé James Knightley, un économiste du bancassureur ING.

    "Après des ventes de détails (en avril) fragiles, les espoirs d’observer un rebond décent de la croissance américaine au 2e trimestre après un premier trimestre difficile commencent à s’évaporer", a-t-il poursuivi.

    L’activité industrielle dans la région de New York a pour sa part connu une légère hausse en mai de 4 points (contre 4,5 attendue par le consensus des analystes).

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