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Que se passe-t-il au Mali ? Rétrospective

mercredi 6 février 2013, par Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed

Dossier sur le Mali : des crises passées à la crise actuelle. La crise de la domination de la bourgeoisie ne sera pas résolue par la bourgeoisie !

Que se passe-t-il au Mali ? Rétrospective

La guerre du Mali, une vaste tromperie qui peut à l’inverse nous éclairer sur les grandes manœuvres mondiales de l’impérialisme

Cette guerre présente de multiples tromperies consistant à affirmer les mensonges suivants :

1°) la crise du Mali serait due essentiellement à la question touarègue, comme si elle n’était pas reliée inélucatablement à l’ensemble de la question sociale et démocratique. Il n’y a pas de meilleur exemple de l’échec de toute interprétation des faits en… noirs et blancs !

2°) la question qui se pose au peuple malien serait la suivante : islamiste ou pas islamiste, comme si le nord était islamiste et le sud était quoi ? Bouddhiste ?

3°) la solution pour le peuple malien consisterait à renforcer l’Etat, comme si celui-ci était du côté du peuple et comme si, au contraire, le mieux n’était pas d’affaiblir au maximum cet Etat des exploiteurs pour que les travailleurs et le peuple aient le maximum de chance de le renverser.

4°) l’impérialisme français serait un sauveur des peuples africains. Avec ses quatre guerres en Afrique (Mali, Niger, Centrafrique et Somalie) qui viennent se rajouter aux interventions militaires au Tchad ou en Côte d’ivoire, la France recolonise son pré carré. Elle est en retard d’une guerre. Comme le dit Hollande il « regrette » l’époque coloniale. Dans la course aux armements, la France, devenue impérialisme de seconde zone, est très en retard mais pas pour les guerres coloniales… Chacun joue dans sa cour et à son niveau.

Au Mali, la France mène à la fois une guerre pour ses propres intérêts (uranium notamment) et pour l’ensemble des intérêts impérialistes (remettre en place l’Etat malien face à la révolte populaire notamment). Cela fait qu’elle a un soutien verbal des autres puissances mais peu de soutien réel et même une forte irritation des autres impérialismes. Bien entendu, l’intérêt des peuples n’entre en rien dans ses préoccupations. L’Etat français, au moment même où il se déclare en faillite, n’aurait pas dépensé des centaines de millions rien que pour sauver le peuple malien !!! Même des préoccupations anti-terroristes prétendues ne suffiraient pas à justifier pour elle un tel effort. D’autant que les terroristes en question sont parfois leurs interlocuteurs dans la région, ou des armées qu’ils ont contribué à former, que ce soit au sahel, en Algérie ou dans le désert libyen, sans parler du contre-terrorisme mis en place par les USA et la France et qui s’est parfois retourné comme Merah ou comme les soldats afghans formés par les USA et qui tirent ensuite sur les troupes américaines ou françaises, ou encore comme… un certain agent en chef de la CIA nommé Ben Laden !

On connaît l’expression faire d’une pierre deux coups sauf qu’il y a mille coups qui ne sont pas seulement liés au Mali. Dans l’opération au Mali, la France gagne une bataille au Niger et en Algérie notamment, défend ses intérêts coloniaux et aussi sa petite place parmi les grandes puissances…

Le peuple malien aurait bien tort de croire que la France a mené une guerre pour le sauver. Rien ne sera réglé dans cette guerre, pas même la division du pays sur le long terme. Et, au bout, il va y avoir une occupation militaire internationale du Mali dont personne ne peut dire quand elle se terminera…

Quand au pillage des richesses, il va continuer de plus belle maintenant qu’il est prétendu que les pays exploiteurs seraient des sauveurs du peuple malien…

Le démonstration de force de l’armée française va surtout servir à stabiliser toutes les dictatures du continent…

5°) Le peuple malien serait impuissant face aux attaques ? Comme d’habitude, le but essentiel est de voler aux masses populaires leur action autonome. Personne n’a souligné que le peuple travailleur du Mali était en ébullition, qu’il menaçait l’ordre impérialiste et l’ordre bourgeois malien et pourtant, écraser cette perspective est le but numéro un de l’intervention actuelle. Prolétariat, femmes, jeunes, chômeurs et étudiants étaient et sont en révolte. Le but de toutes les forces coalisées est de les faire taire et de prétendre que leur révolte doit s’achever par une élection dans le cadre bourgeois habituel. La menace d’un nouveau soulèvement comme en 1991 contre Moussa Traoré fait peur aux classes dirigeantes africaines comme impérialistes. La menace n’est pas enterrée !!!

6°) Le peuple français serait derrière les interventions de son Etat ? Par rapport au peuple français aussi, la guerre du Mali est une guerre contre le peuple français car on veut lui faire avaler que cette guerre il la voulait, qu’il la soutient, que c’est son Etat qui défend des peuples, de la démocratie contre qui ? Contre des islamistes ! Et c’est la gauche qui devient le faire valoir de la thèse de Sarkozy, de Bush et consorts…

7°) Si on ne veut pas être piégé par les prétendues causes de cette guerre, il faut remonter aux racines de l’histoire :

La méthode de l’impérialisme au Mali est intéressante pour tous les peuples : laisser les peuples être pris en otages par des terroristes qu’il a lui-même armés pour ensuite prétendre venir les sauver en les jetant dans des guerres. Ne tombons pas dans le piège ! Actuellement, tous les Etats du monde sont en train de prétendre que les peuples sont menacés par des terroristes et qu’eux sont chargés de les sauver. Mais les terroristes qui menacent la planète ne sont rien d’autre que les capitalistes eux-mêmes et les Etats à leur service...

Le passé nous éclaire sur l’avenir...

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Messages

  • Matthieu Mabin, envoyé spécial de France 24 au Mali et embarqué avec les forces spéciales françaises depuis quinze jours, raconte l’avancée aisée de l’armée française et malienne :

    « Les soldats n’ont jusqu’à présent rencontré aucune résistance au sol de la part des rebelles islamistes. La bataille est totalement inégale. »

    ça ne vous paraît pas bizarre, cette guerre gagnée sans guerre contre un ennemi présenté d’abord comme redoutable ?

  • La France a surtout réussi à stabiliser sa mainmise sur le Niger et l’Algérie grâce à sa guerre au Mali et elle va réellement retirer ses troupes du Mali dès que possible. La recolonisation consiste seulement en la mise en place d’Etat à sa solde...

  • Le contre-terrorisme américain...

    L’administration Bush lance l’initiative pan-sahélienne (Pan Sahel Initiative), qui devient en 2005 la « Trans-Sahel Counterterrorism Initiative ». Elle intègre les Etats sahéliens plus le Nigeria et le Ghana, pour une dépense globale de plus de 500 millions de dollars. La majeure partie de cette aide est constituée d’ouverture de crédits en vue d’acheter du matériel militaire américain. Les opérations états-uniennes en Afrique, des drones décollant de Djibouti aux avions cargos atterrissant en Mauritanie, sont coordonnées depuis l’African Command, créé en 2007 et situé en Allemagne.

    Dans la poursuite de la « War On Terror » (Guerre au terrorisme) de Bush, Washington concentre son attention sur les aspects militaires, ignorant la réalité politique et même sociale des pays concernés, dont les questions de la corruption et de la pauvreté. Anecdote révélatrice : les forces spéciales US ont formé des combattants qui se sont retrouvés dans les deux camps. A Bamako, le putschiste Sanogo est un pur produit de l’armée états-unienne : il a été formé au Defense Language Institute entre 2005 et 2007, avant de suivre une formation en renseignement militaire (US Army Intelligence Program) en 2008, et une formation plus conventionnelle d’officier courant 2010. Plusieurs combattants ayant bénéficié de l’entraînement des forces spéciales ont quitté l’armée malienne pour rejoindre les groupes armés du nord et leur offrir leur savoir-faire…

  • 6 aout 2012. Bamako. Les marcheurs projetaient se rendre à Koulouba pour rencontrer le président de la République Dioncounda Traoré, quils exigent la démission. Un corde constitué déléments de la police, de la gendarmerie et de la Garde nationale leur a barré la route à coup de grenade lacrymogène. On se rappelle que le 21 Mai une manifestation similaire avait terminé par l`agression du président Traoré dans ses bureaux au palais de Koulouba.

  • La France se classe en 2010 comme 4ème fournisseur du Mali (280,4 M € selon les douanes françaises) derrière le Sénégal, la Côte d’ivoire et la Chine ; elle s’était hissée au second rang lors de la crise ivoirienne de 2002 ; l’intensification des importations en provenance de la Chine depuis 2006 (bien que minorée dans les statistiques maliennes) la met vraisemblablement au 4ème rang, avec une part de marché de l’ordre de 13%.

    Les exportations du Mali vers la France (concentrées sur l’or, le coton et le cheptel bovin) ne dépassent pas 10 M€/an en moyenne depuis 5 ans, et étaient en baisse en 2010 (5,8M €).

    Les investissements directs étrangers au Mali sont récents (début des années 2000) et liés à l’activité minière (exploitation de gisements aurifères, prospection d’hydrocarbures et de ressources minières). Selon la CNUCED, le stock entrant d’IDE est passé de 210 M USD en 2001 (flux de 122 M USD) à 1093 M USD fin 2008 (flux de 127 M USD). En tenant compte des transferts et rapatriements vers l’étranger, le solde net d’IDE s’élevait à 1039 M USD fin 2008. Aujourd’hui, la France n’est plus le premier investisseur étranger au Mali, sous l’effet de la montée des investissements de l’Afrique du Sud (mines et agroalimentaire), du Maroc (banques et télécom) et de la Libye (hôtellerie et un projet agricole dans le nord de la zone Office du Niger).

    Selon la Banque de France, les flux cumulés au départ de France de 1999 à 2008 dégagent un solde négatif de 22 M€ (-129 M€ pour l’année 2000). Les IDE français vers le Mali s’élèvent en 2008 à 4 M€, contre 5 M€ en 2007 et 9 M€ en 2006. Notre stock d’IDE au Mali atteint fin 2008 60 M€ (111ème rang).

    En 2010, on recense près de 50 filiales et sociétés à capitaux français (participations minoritaires incluses). On dénombre par ailleurs près d’une soixantaine d’investissements privés réalisés par des ressortissants français ou binationaux installés au Mali, dans l’hôtellerie, la restauration, le bâtiment, les services. Employant un effectif global de l’ordre de 2000 salariés, les filiales françaises sont très majoritairement basées à Bamako. La répartition de leur activité reflète la structure et le potentiel du marché malien puisque ces entreprises opèrent à 65% dans les services, 15% dans l’industrie et 20% dans le commerce. En outre, elles sont dans une proportion de 60% l’émanation de groupes français.

    Le texte précédent est celui de la diplomatie française : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo/mali/la-france-et-le-mali/

  • que nous dit le peuple malien ? Et bien, je pense que le peuple malien est un peu comme le peuple français, ou comme les personnes qui sont réunis ce soir. Ça va dans tous les sens, il y a plein d’avis divergents et contraires : il y a les pro-putschistes et les anti-putshistes, il y a les pro-touaregs, et les anti-touregs, etc. Donc je pense que cette question en soi n’a pas de sens. Comme la société française, la société malienne est divisée en classe sociale, et dans une perspective de lutte des classe, seul le prolétariat révolutionnaire pourra mettre fin à l’oppression maintenu par le capitalisme mondiale, mettre fin à la faim, à la pauvreté, à la féodalité, encore présente en Afrique, aux frontières artificielles en Afrique, à la situation des sans papier en France et dans le monde.

    Il est un tort de voir le mali comme un cas isolé, un cas particulier, il doit être mis en relation avec la crise économique de 2008 qui est la cause de cette guerre impérialiste. Bien sur la France est parti en guerre pour défendre ses intérêts économiques, les intérêts d’Areva, de Bouygues, mais elle surtout parti dans une perspective d’une guerre sociale, pour mater d’une population révoltée, d’une population divisée, où les classes dirigeantes civiles et militaires sont contestées et discréditées.

    Dans ce cas de figure, ce n’est la solidarité avec le peuple malien qui nous fera avancé, français et maliens sont dans une même lutte. Les patrons licencient massivement en France.Mais les syndicats de même que les politiciens maliens font appel à des sauveurs. Les syndicats, notamment le cas de PSA Aulnay, dirigé par lutte ouvrière, tout comme les dirigeants corrompus du Mali font appel au même sauveurs : l’Etat français, l’impérialisme français. Avant de nous faire la leçon sur comment les maliens devrait mener leur lutte, lutte ouvrière devrait en premier lieu de faire le lien entre les lutte des travailleurs en France et les luttes des peuples contre l’impérialisme français.

    J’aimerai finir sur la question touareg. Si les populations touaregs aspirent à l’autonomie ou à l’indépendance, ils doivent être en droit de disposer d’eux-même, tout peuple a droit de disposer de soi-même. Mais le MNLA, parti bourgeois allié à l’impérialisme français ne peut en rien porter cette revendication et la mettre en œuvre. En tant que membre de la classe politique malienne, ils sont aussi corrompus et vendu à l’impérialisme.

    Le salut du peuple malien ne viendra que des femmes, des jeunes, des travailleurs, des paysans pauvres dans les perspectives du prolétariat révolutionnaire.

  • Une "prise d’otages" est en cours ce vendredi à l’hôtel Radisson de Bamako au Mali, avec "140 clients et 30 employés" retenus par deux ou trois assaillants, a annoncé le groupe hôtelier Rezidor. L’assaut des forces de l’ordre a débuté. Au moins trois otages sont morts.

  • Bamako : "18 corps retrouvés", les assaillants n’ont "plus d’otages" !!!

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