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Emeutes en Egypte et en Tunisie

jeudi 7 février 2013, par Robert Paris

Emeutes en Egypte et en Tunisie

Ce qui suit est, vous le verrez aisément, les commentaires de la presse bourgeoise qui regrette que les islamistes ne soient pas capables de calmer la révolution arabe...

EGYPTE

Captées par les caméras de la chaîne de télévision ONTV, les images de l’humiliant passage à tabac d’Hamada Saber en pleine bataille rangée entre forces de police et manifestants autour du palais présidentiel d’Ittihadiya, vendredi soir 1er février au Caire, ont provoqué un scandale en Egypte. L’homme, âgé de 48 ans, a été dévêtu et molesté par les forces de la sécurité centrale pendant plusieurs minutes.Mais, vécue en direct par les téléspectateurs égyptiens et repassée en boucle, la scène a provoqué un tollé. Elle est venue rappeler aux différentes forces politiques du pays, signataires, la veille, à l’invitation du cheikh d’Al-Azhar et avec les félicitations du président, d’une charte d’honneur national condamnant la violence, que des intentions aux faits, il y a un pas encore loin d’être franchi.

Au sommet de l’Etat, c’est la contrition. Mesurant l’impact du dérapage, le ministre de l’intérieur s’est empressé de condamner un "acte isolé" et a ouvert une enquête. L’exécutif n’a pas osé suivre le procureur général dans la défense d’une version plus favorable aux policiers. "Le gouvernement ainsi que toutes les forces politiques ont échoué à répondre aux demandes de la jeunesse", a concédé le premier ministre, Hicham Qandil, lors d’une visite inédite samedi sur les lieux des affrontements.

La présidence s’est dite elle-même, dans un communiqué, "attristée par les images choquantes de certains policiers traitant un manifestant d’une manière qui n’est pas conforme à la dignité humaine et aux droits de l’homme". "C’est la première fois qu’ils admettent que la police a eu recours à des pratiques non acceptables, même s’ils en font un cas individuel", souligne Florian Kohstall, politologue et directeur de l’antenne de l’Université libre de Berlin au Caire.

Le ton a nettement changé depuis le dernier discours télévisé de Mohamed Morsi, le 27 janvier, lorsque, après trois jours de manifestations violentes, le président avait réaffirmé son autorité dans un accès de colère et de nervosité, ponctuant d’un doigt vindicatif l’annonce de mesures exceptionnelles, telles que l’imposition d’un couvre-feu dans les trois villes du Canal, à Port-Saïd, Suez et Ismaïlia.

"On a eu l’impression d’avoir la même propagande que sous le régime d’Hosni Moubarak. Sa réaction était plus violente même, comparée au paternalisme de Moubarak. Il a repris la même propagande antimanifestants, présentés comme des "voyous", des "casseurs", des "faux révolutionnaires"", analyse Chaymaa Hassabo, professeure au Collège de France.

A aucun moment, le chef de l’Etat n’a mis en cause la police dans les affrontements qui ont causé la mort de 46 personnes. Il s’était même cantonné à tweeter ses condoléances aux familles. "Comme d’habitude, son discours arrive trop tard, une fois qu’il est acculé. Et, au lieu d’accéder à quelques demandes du peuple, il fait un discours autoritaire où il apparaît comme un voleur qui veut s’accaparer le pouvoir", commente Rani Moustapha, un Egyptien de 39 ans.

Les injonctions du président Morsi ne semblent plus convaincre les Egyptiens. Après l’imposition du couvre-feu, des habitants de Suez ont organisé des matchs de football nocturnes avec les militaires. "Il y a un vrai problème de légitimité. Les Egyptiens ont blagué en disant : "On sort pour regarder le couvre-feu"", commente Chaymaa Hassabo.
L’image du palais présidentiel livré pendant des heures, samedi soir, à des attaques aux cocktails Molotov, sans riposte de la garde présidentielle, est le meilleur symbole de la désacralisation de la fonction présidentielle. "Mohamed Morsi est dans la continuité de Moubarak, qui n’a jamais réussi à imposer son autorité, commente M. Kohstall. Dans les médias, il y a une forte résistance contre lui. Il a multiplié les procès contre les journalistes pour insulte, ce que même Moubarak n’avait pas fait."

Les moqueries sur son manque de charisme, ses discours creux et tout en longueur, son respect pointilleux de la grammaire ont laissé place à la lassitude et au rejet. "Qu’il parle ou pas, on a perdu confiance en lui, explique M. Moustapha. Il ment beaucoup. En devenant président, il a prêté serment de respecter la Constitution et la loi, de prendre soin des gens, d’assurer la sécurité du pays. Il a fait tout le contraire et a perdu sa crédibilité. On veut des actes, plus des mots."

TUNISIE

Un leader de l’opposition tunisienne qui critiquait le gouvernement dirigé par les islamistes a été abattu par balle devant chez lui mercredi, provoquant de violentes manifestations antigouvernementales à Tunis, la capitale.

Le principal syndicat tunisien, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), a appelé sur son site officiel à la grève générale vendredi 8 février, à l’occasion des funérailles de Chokri Belaïd, figure de la gauche assassiné mercredi à Tunis.

Le meurtre de Chokri Belaïd, un avocat de 47 ans, alimente les tensions en Tunisie, dont la transition de la dictature à la démocratie est considérée comme un modèle pour le monde arabe jusqu’à maintenant. Plusieurs manifestants ont accusé le parti islamiste Ennahda d’être responsable du meurtre.

En soirée, le premier ministre Hamadi Jebali a annoncé la formation d’un nouveau gouvernement de technocrates pour diriger le pays jusqu’aux élections, qui doivent avoir lieu plus tard cette année. La seule tâche de ce nouveau gouvernement sera d’organiser les élections « le plus tôt possible », a-t-il dit.

La décision apparaît clairement comme une concession faite à l’opposition, qui demandait depuis longtemps un remaniement du gouvernement.

La police a eu recours à des gaz lacrymogènes pour disperser des milliers de manifestants qui s’étaient rassemblés mercredi devant le ministère de l’Intérieur à Tunis, accusant le gouvernement d’être responsable de l’assassinat. À un certain moment, un ambulance transportant le corps de M. Belaïd est passée devant le ministère en compagnie de manifestants, mais ils ont été forcés de se disperser.
La foule s’est rassemblée sur le même grand boulevard de la capitale où, il y a deux ans, des semaines de manifestations antigouvernementales avaient mené à la chute du dictateur Zine el-Abidine Ben Ali. Mercredi, la foule a scandé le même slogan qu’en 2011 : « Le peuple veut la chute du régime ! ».

Comme pendant la révolution de Jasmin, la police a rapidement eu recours aux gaz lacrymogènes, poussant les manifestants à fuir pour trouver un abri dans les édifices environnants en criant « Non à Ennahda ! » et « Ghannouchi assassin ! », en référence au parti islamiste modéré et son chef, qui dominent le gouvernement.

Le centre de la capitale est ensuite devenu désert. Des policiers à bord de véhicules blindés patrouillaient les lieux avec au moins un char de la garde nationale. Des groupes de policiers antiémeute pourchassaient les manifestants dans les rues élégantes du centre-ville.

Ailleurs en Tunisie, la police a répliqué par des gaz lacrymogènes à une manifestation qui se déroulait à Sousse. Des bureaux d’Ennahda ont été attaqués dans plusieurs villes du pays, selon les radios Mosaïque et Shems FM.

Chokri Belaïd, un membre de premier plan d’une alliance de partis de gauche connue sous le nom de Front populaire, a été tué alors qu’il venait de sortir de sa résidence de Tunis. Il a été conduit dans une clinique à proximité, où il a rendu l’âme, selon l’agence de presse officielle TAP.

Le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Khaled Tarrouch, a qualifié l’assassinat d’« acte terroriste » et a précisé que le politicien avait été visé à bout portant à plusieurs reprises.

Le mobile du meurtre reste obscur. Il survient alors que la Tunisie peine à maintenir la stabilité et à relancer son économie, deux ans après la révolution qui a déclenché une vague de soulèvements populaires semblables à travers le monde arabe.

Avec la chute de la dictature laïque, les groupes islamistes radicaux se sont multipliés en Tunisie, et des musulmans ultraconservateurs ont mené plusieurs attaques contre des artistes, des événements culturels et des personnes jugées impies.

M. Belaïd critiquait sans ménagement le parti Ennahda, estimant qu’il était aveugle aux violences perpétrées par les extrémistes. Selon sa famille, il recevait régulièrement des menaces, le plus récemment mardi, mais il avait toujours refusé de limiter ses activités publiques.

[la suite è> http://berthoalain.com/2013/02/06/assassinat-de-chokri-belaid-emeute-a-tunis-un-mort-6-fevrier-2013/]

ET AUSSI EN GUINEE

Les habitants de la ville de Mamou donnent le ton. A la veille de la manifestation de l’opposition sur l’ensemble du territoire national, les habitants de la ville Carrefour ont manifesté tôt ce matin contre la poussière qui envahit les maisons et empêche les gens de vivre correctement.

Pour manifester leur ras-le-bol contre l’arrêt des travaux de réfections des artères du centre-ville de Mamou situé à 273 km de la capitale Conakry, des manifestants ont arpenté les rues. « Les habitants de Mamou ont la rage contre la multiplication des de trous et les dégâts causés par la poussière. Cela cause des maladies pulmonaires. Au centre-ville, des pneus sont brûlés partout. Les élèves des écoles du centre-ville sont fermés. Les commerces sont fermés. La circulation est paralysée » confirme un habitant joint au téléphone. Les travaux de réfections sont en arrêts depuis plusieurs semaines sans aucune explication. Cette réfection attribuée en catimini sans appel d’offre à une entreprise familiale de la présidence a stoppé les travaux sans aucune explication causant du coup des dégâts au sein de la ville. Kaba Guiter qui n’est autre que le frère de la première Dama Djené Saran Condé serait le gérant de cette société chargée de cette réfection. A noter que ce n’est pas la première fois que les Guinéens manifestent leur mécontentement contre cette société gérée par le frère de la première Dame.

Face à cette émeute populaire, la répression des forces de l’ordre des forces ne se s’est pas fait attendre. Comme d’habitude, les forces de l’ordre sont descendues avec des matraques et ont usé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. Des interpellations parmi les manifestants sont également signalées. On dénombre également des blessés légers mais aucun mort n’est pour l’instant signalé. Il convient de noter que les manifestations sont devenues monnaies courantes depuis l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir que passe le plus clair de son temps à piller nos ressources minières qu’à prêter l’oreille aux revendications légitimes de la population.

ET A LA RÉUNION

Après une journée de tensions à Saint-Louis, la colère et le mal-être se sont de nouveau exprimés dans la rue dès la tombée de la nuit ce mercredi 6 février 2013 à Saint-Denis. Des incidents ont, en effet, éclaté dans le quartier du Chaudron, où des jeunes ont défié les forces de l’ordre. Des galets ont été lancés, des poubelles incendiées le long du mail du Chaudron. Pour rappel, il y a bientôt un an, en février 2012, le quartier de Saint-Denis et plusieurs villes de La Réunion s’étaient embrasés en marge du mouvement de protestation contre la vie chère.
Vers 19 heures 45, une centaine de jeunes, rassemblés autour de la mairie annexe, s’en sont pris au quartier du Chaudron. Un véhicule des forces de l’ordre a été la cible de jets de galets au niveau du mail. Rue Roger Payet, au niveau du rond-point de la station Engen, des poubelles incendiées ont été placées en travers de la route avant d’être dégagées par des automobilistes.

Les manifestants ont aussi tenté de pénétrer dans le magasin Score pour le piller. Une tentative vite avortée par les forces de l’ordre. Si la tension était ensuite quelque peu retombée avant 21 heures et les jeunes moins nombreux, - une cinquantaine au lieu d’une centaine -, elle est vite remontée d’un cran. Les émeutiers ayant gonflé leurs rangs. Cagoulés, ces derniers ont mis le feu à des poubelles et détritus le long du mail du Chaudron.

Les jeunes se sont alors remis à défier les forces de l’ordre leur lançant des galets auxquels les gaz lacrymogènes ont répondu. Les échanges ont toutefois été brefs. Un hélicoptère de la gendarmerie a survolé le quartier et les émeutiers ont été repoussés, laissant alors régner, à partir de 23 heures, un calme précaire sur le Chaudron.

EN AFRIQUE DU SUD

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Messages

  • Assassinat de Chokri Belaïd Jeudi 7 février à 18h : samedi 9 fevrier à 13h : manifestation au Métro Barbès Appel urgent aux démocrates : Rassemblement à la mémoire de Chokri Belaïd dirigeant tunisien de gauche assassiné hier a Tunis et contre l’hydre fasciste intégriste qui veut asservir le peuple tunisien Le collectif des associations et partis politiques qui ont organisé le rassemblement d’hier à l’ambassade de Tunisie à Paris La coordination provisoire des associations de l’immigration tunisienne est issue du processus de rassemblement associatif initié par les assises de l’immigration qui ont eu lieu à Saint-Denis le 7 mai 2011. La coordination s’est dotée d’un comité qui regroupe des associations et des personnalités de l’immigration tunisienne de Belgique, Canada, France, Italie, Suisse. Le comité de la coordination comprend les associations suivantes : 3A - ACDR - ADTF - AFM - AIDD etc...
    La gauche pleure mais est ce que la classe ouvriere va prendre les armes pour rendre les coups : " pouvoir assassin degage" en tunisie, en france, au mali, en egypte, partout.
    En tout cas la gauche francaise tue et a tue bien plus de gens qu elle ne le reconnait en parlant uniquement de l Algerie.

  • ÉGYPTE • "Appels à l’insurrection"

    Nouveaux appels à la chute du régime à l’occasion de l’anniversaire de la démission de Moubarak", titre le journal du Caire. C’est le 11 février 2011 en effet que l’ancien président avait démissionné. Face à son successeur Mohamed Morsi, élu après la révolution, des "appels à l’insurrection" ont été lancés, les manifestants menaçant de bloquer le métro. "Face à eux, les islamistes déclarent qu’ils ne resteront pas les bras croisés", ajoute le journal.

  • La police a dispersé à coup de gaz lacrymogènes une manifestation anti-gouvernementale devant le siège de l’Assemblée nationale constituante (ANC) à Tunis, a constaté une journaliste de l’AFP. La police a tiré de grande quantité de gaz vers les manifestants qui affluaient sur la place du Bardo, où se trouve le siège de l’ANC, en provenance du cimetière El Jellaz, après l’enterrement du député d’opposition Mohamed Brahmi. "Le gouvernement doit tomber aujourd’hui", "la dissolution de la Constituante est un devoir", ont scandé les manifestants, des slogans devenus cris de ralliement dans tout le pays depuis la mort de Mohamed Brahmi, tué jeudi par balles.

    Les proches et partisans de M. Brahmi accusent les islamistes qui dirigent le gouvernement d’être derrière le meurtre, tandis que le parti islamiste Ennahda dément, pointant du doigt un salafiste en cavale.

    Le palais abritant l’ANC a été rapidement encerclé par les forces de sécurité déployées en nombre jusque sur les artères du Bardo, fermées à la circulation. Les manifestants, des jeunes de moins de 20 ans pour la plupart, ont lancé des projectiles et de grosses pierres en direction des policiers anti-émeutes qui tiraient des gaz lacrymogènes en les pourchassant. Aussitôt dispersés, les protestataires se rassemblaient de nouveau dans les nombreuses rues donnant sur la place du Bardo.

  • Des émeutes ont eu lieu dans le gouvernorat de Jendouba pendant la soirée du samedi 27 juillet lors d’une manifestation organisée par un nombre de citoyens. Les manifestants ont brulé des roues et bloqué la route dans l’avenue Habib Bourguiba ce qui a nécessité l’intervention des forces de l’ordre pour les disperser. Par ailleurs des affrontements ont eu lieu entre des manifestants et des forces de sécurité à Sidi Bouzid lors d’une manifestation organisée dans la ville pour dénoncer l’assassinat de Mohamed Brahmi, ce qui contraint la police d’avoir recours au gaz lacrymogène pour les disperser.

  • Mercredi 27 novembre, trois régions tunisiennes ont été le théâtre d’une grève générale destinée d’une part à commémorer les victimes de la répression policière lors d’un précédent mouvement social il y a un an ; et d’autre part à protester contre le marasme économique, le chômage et la pauvreté.
    Encore une fois le gouvernement, où sont associés islamistes et laïcs avec l’armée dans l’ombre, a envoyé sa police à Siliana et à Gafsa. La population s’est à nouveau soulevée et 50 policiers ont fini à l’hôpital.
    Malgré la déception engendrée par la politique anti-pauvres des autorités qui ont pris le relais du dictateur Ben Ali en 2011, les classes populaires tunisiennes montrent qu’elles sont toujours capables se défendre.

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