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Bulletin La Voix des Travailleurs de Renault Lardy

vendredi 15 mars 2013, par Robert Paris

Bulletin La Voix des Travailleurs de Renault Lardy

Ils ont leur accord, ils n’ont pas le nôtre

Ça y est, quelques prétendus syndicats et le patron ont, paraît-il sauvé nos emplois et Renault va développer l’entreprise en France. C’est du moins eux qui le prétendent. Mais on sait que, signature ou pas, Renault n’avait pas autorisation du gouvernement de licencier et de fermer des sites industriels tant que personne ne sait comment va se terminer le conflit de Peugeot ou celui de Goodyear et la conjonction avec les General Motors, avec Sanofi et avec ArcelorMettal est crainte par la classe dirigeante. Le patron de Peugeot joue les fiers à bras qui n’a peur de personne mais il ne faut pas croire ces boni-menteurs. Par contre, en retardant de quelques mois, Renault peut profiter de l’échec programmé d’une lutte isolée à PSA pour faire passer son attaque sans renier formellement sa signature puisqu’il lui suffira de dire qu’il est en faillite, ce qui sera vrai… Et dans moins d’un an, les mêmes syndicats diront que le patron les a trompés. On connait la chanson. Les mêmes syndicats ont entonné la même dans toutes les entreprises du pays successivement comme à ArcelorMittal ou Continental. Mais quand on est aussi souvent trompés, c’est qu’on le veut bien…

Toutes les raisons de ne pas croire à l’ « accord »

Les contradictions fourmillent dans les prétentions du patron. Renault prétend avoir moins de travail et on va travailler… plus ! Renault prétend avoir plus d’argent en caisse et on va gagner moins ! Malgré l’annonce d’un bénéfice net de 1, 735 milliard d’euros sur 2012 et de 13, 557 milliards d’euros de trésorerie disponible on va gagner moins ! L’accord signé entérine la suppression de 7500 emplois ! Les salariés seront prêtés à Nissan ou Daimler… Renault n’a eu aucun problème à trouver les 508 millions d’euros qu’elle compte verser à ses actionnaires au titre des dividendes. L’accord de compétitivité se distingue de celui conclu en novembre en Espagne. En France, les sites Renault vont perdre 8.260 postes sans plan social sur trois ans, alors qu’en Espagne, 1.300 créations d’emplois sont prévues, dont une part chez les fournisseurs. Côté production, les trois usines espagnoles connaîtront une hausse théorique de 40 % en volume, contre 33 % pour la France, dans le meilleur des cas.

Tout cela avec la caution du gouvernement de gauche. Le ministre du Travail, Michel Sapin, a estimé mercredi soir que l’accord compétitivité agréé à Renault par deux syndicats était un « bon accord ». La bourgeoisie et le gouvernement parlent d’accord constructif… Quel besoin d’un accord Renault après l’accord national ? Demandez le par exemple à la CGC qui a signé les deux !

Ça Fait Du Tort....aux salariés !

Que la CGC prétende que la défense des salariés consiste à défendre le patron contre les salariés, c’est consternant, sans surprise, sans espoir, honteux mais au moins c’est constant, c’est logique. Par contre, la CFDT est plus difficile à suivre. A Lardy, elle a fait grève une fois en s’étonnant elle-même de son radicalisme, puis plus rien. Pire même, elle a mis toute son énergie dans des tracts pour attaquer les syndicats qui continuaient la lutte. Mais, c’est vrai qu’un syndicat qui a les pieds et les poings liés au gouvernement (elle a deux responsables qui en font partie), est complètement coupée des salariés !

On se (af)fiche de nous

Après le simpson préposé aux relations sociales qui avait enlevé des affiches syndicales collées aux portes du CE, c’est maintenant au tour de Mr F. (pas si net) au coeff. aussi gros que sa bêtise d’arracher des affiches de SUD. Par contre, les affiches de la CFDT collées au même endroit (depuis plusieurs semaines), n’ont pas eu à subir les attaques des censeurs patronaux. La direction pratiquerait-elle une discrimination syndicale positive et sélective ?

Retour vers le futur

Les télés flambants neuves (il y a du pognon pour ça !) de la direction nous rabâchent à longueur de journée le slogan "changeons l’automobile, changeons de vie". En tout cas, avec son dernier accord, si l’automobile changeait de la même manière que notre vie, il faudrait remettre en route les lignes de la 4 cv !

Grippe-sous

Maintenant que les comptes sont faits, que les actionnaires et nos dirigeants se sont bien gavés sur notre dos, certains CUET et CDS, sous prétexte d’économie, interdisent de commander librement sous SAER, il faudrait quasiment se prostituer pour avoir un boulon ou un jeu de piles à 2 balles ! On nous confie des bancs ou des protos qui valent des millions d’€, et nous ne serions pas capables de commander le nécessaire pour bosser ? M…, nous ne sommes plus à la maternelle ! S’ils veulent qu’on se repose, qu’ils le disent !

Licenciement d’une salariée au Technocentre

A lire ce titre, on pourrait croire qu’il s’agit encore d’un coup fourré du patron. Pas du tout, ce sont cette fois les gestionnaires syndicaux du TCL de Guyancourt qui ont estimé qu’en pleine attaque patronale, le mieux était de se montrer aussi salauds que le patron et de supprimer l’emploi d’une salariée du CE qu’ils n’avaient pas cessé de menacer et de pressionner. Pour ne pas être accusés d’harcèlement et comme ils ne pouvaient pas inventer un reproche professionnel, ces « responsables syndicaux » ont fait appel au licenciement économique. L’entourloupe est grossière quand on connait l’historique des attaques qu’elle a subies. Après douze ans de travail irréprochable, c’est dégueulasse… Transformer la CGT en patron licencieur au moment où on lutte contre les licenciements patronaux, il fallait le faire et c’est fait ! Les véritables syndicalistes de la CGT ne craindront pas de se démarquer de ces bureaucrates…


C’est le gouvernement de gauche qui mène l’attaque antisociale la pire…

C’est finalement le gouvernement de gauche qui se sera chargé de mener la pire attaque antisociale que l’on ait connu en France, de détruire l’emploi non précaire, de flexibiliser, de détruire le CDI, les services publics et les retraite. Et la gauche de la gauche syndicale et politique, qui l’a fait élire, prétendant que l’essentiel était de « battre Sarkozy », accompagne le mouvement en grommelant et en manifestant… Pas question pour cette dernière de reconnaître qu’elle a menti en disant qu’il fallait absolument battre Sarkozy. Les échecs du mouvement des retraites, des échecs des luttes contre les licenciements et de la casse des droits sociaux et services publics n’étaient pas dus au fait que la droite gouverne mais à celui que les travailleurs laissent d’autre qu’eux diriger leurs luttes et diriger leur politique.

L’attaque anti-sociale de la gauche au pouvoir se poursuit et redouble même : suppressions d’emplois publics, crédits d’impôts aux patrons, jeunes embauchés gratuitement pour les patrons sur fonds d’Etat, nouvelle attaque sur les retraites qui se profile, attaque sur les allocations chômage, réforme ferroviaire, réforme hospitalière avec mise en faillite de ceux-ci, restrictions sur l’université avec mise en faillite progressive, les plans gouvernementaux sont multiples et tous plus antisociaux les uns que les autres.

Et surtout le gouvernement accompagne très efficacement les suppressions d’emplois des patrons du privé en encadrant la lutte, en la limitant, en mettant sous sa coupe, par négociations permanentes, les centrales syndicales, au niveau national comme au niveau des trusts. En prétendant que les attaques patronales se passent sans réaction des salariés accusés d’être violents et de vouloir l’affrontement !!!

Le gouvernement s’est bien gardé de mener toutes ces attaques en même temps. Il a imposé aux patrons du privé d’étaler leurs licenciements. La lutte des Peugeot a ainsi été isolée. Il s’agit de démontrer aux salariés de tout les pays et de tous les secteurs que lutter ne sert à rien, qu’on ne combat pas par la lutte sociale les suppressions d’emplois. Quand on aura mis à genoux les Peugeot, on pourra en faire autant des Renault. En attendant, Ghosn, PDG de Renault se contente de « seulement » 8250 suppressions d’emplois… sans officiellement de licenciement ni de fermeture. Avec, en plus, un chantage à la fermeture si les salariés de Renault n’acceptent pas des salaires bloqués, de mutations de sites et bien d’autres sacrifices comme des charges de travail aggravées.

Surtout, le gouvernement a retardé des attaques d’ampleur pour les mener de manière séparée : report de l’âge de la retraite au-delà de 62 ans, casse du service public ferroviaire, diminution des allocations chômage et casse du contrat de travail CDI sous prétexte de compétitivité...

L’attaque contre l’hôpital public est également aggravée. La banque Dexia a volé les hôpitaux publics (comme les collectivités locales) et l’Etat sauve Dexia et organise l’austérité des hôpitaux publics comme des collectivités locales ! Résultat : des diminutions de moyens et d’effectifs massifs dans l’hôpital public mettant en cause la sécurité des patients et du personnel...

Plan de soutien pour les banques, plan de rigueur pour l’hôpital, voilà une des marques de la politique gouvernementale ! Quand le gouvernement trouve des trous financiers dans les banques, dans les trusts, il sort son chéquier et quand il crée lui-même des trous dans la gestion des hôpitaux, il les met à la portion congrue ! On avait connu la rigueur à l’hôpital public et la faveur donnée au privé. Mais cette politique est en train de prendre un tour bien plus agressif que sous la droite !!

L’Etat est en faillite mais fait cadeau d’impôts aux patrons ! L’Etat est en faillite mais donne de l’argent aux trusts et aux banques ! L’Etat est en faillite mais il lance des guerres aux quatre coins du monde comme le Mali, le Niger, la Centrafrique ou la Syrie !

Certes, les syndicats et la gauche de la gauche protestent mais ils jouent le jeu… Les syndicats participent aux négociations, même la CGT et FO le font. Qu’ils ne signent pas ne les empêche pas de créditer ces négociations par leur présence alors qu’ils savent bien, au niveau national comme à celui de trusts comme Renault ou PSA ou du public, à quelle sauce on prétend les manger ou plutôt manger la classe ouvrière…

La meilleure preuve de la totale inefficacité des syndicats et de la gauche de la gauche, c’est qu’au début patronat et gouvernement étaient relativement inquiets des réactions ouvrières et qu’au fur et à mesure des réactions syndicales, ils prennent de l’assurance et l’offensive antisociale prend de l’ampleur. Ils ne craignent plus maintenant d’annoncer qu’ils vont s’en prendre à l’âge de la retraite, aux pensions, aux cotisations, aux allocations chômage, etc…

La raison en est que les syndicats et la gauche de la gauche sont liés au système, ne veulent pas le frapper, ni même le menacer vraiment dans ses fondements. Ils sont incapables d’exprimer les aspirations populaires en termes de classe, en des termes qui soient insupportables aux classes dirigeantes et qui les fassent devenir craintives. Ils sont donc incapables de faire changer la peur de camp… Mais nous, salariés, restons parfaitement capables de la faire changer de camp à condition de nous en donner les moyens en cessant de déléguer nos décisions et en les prenant nous-mêmes au travers de comités de salariés !

Messages

  • Sauvés ? Mais de quoi ?

    L’accord signé "permettra de doter Renault d’un socle solide et durable pour ses activités industrielles, ingénieries et tertiaires en France", a assuré Gérard Leclercq, mais non seulement il n’a relocalisé aucune activité prévue d’externaliser, mais prévoit au contraire d’externaliser 20% de l’activité d’ingénierie comme la direction doit le confirmer à CCE d’avril, et n’est nullement une garantie de non fermeture du CTR puisqu’il ne concerne que les sites industriels ! Des prétendus syndicats présents au CTR ont donc accepté de signer un accord qui permet de fermer le CTR comme tout site non industriel et qui prévoit 8250 suppressions d’emplois, sans même parler des autres clauses inacceptables.

    « L’accord de compétitivité conclu ce mercredi chez Renault marque un nouveau tournant dans son histoire. Bien sûr, et il n’y a pas matière à s’en réjouir, il va conduire à supprimer 8.200 emplois, et comporte des zones d’incertitudes notables : qu’adviendra-t-il de l’engagement à une augmentation du volume annuel de production (710.000 voitures par an contre 550.000 aujourd’hui) et, partant, de l’absence de nouveau plan social d’ici à 2016 si la conjoncture ne s’améliore pas comme on l’espère ? » Qui écrit cela ? Ni La Voix des Travailleurs ni la CGT ni SUD mais le journal bourgeois La Tribune !!!


    Dis papa, t’es sacrément menteur !

    Le journal Le Monde a bien voulu consacrer presque une page entière à la politique industrielle de M. Ghosn, sous la forme d’une interview. Il explique diriger l’entreprise en "bon père de famille". Hormis le fait qu’il se prenne pour notre père, c’est-à-dire notre tuteur et nous prenne donc pour des mineurs dont il serait chargé de veiller à la nourriture, aux vêtements, chargé aussi de notre éducation et de nous transmettre de sains principes, notons qu’il a tôt fait de se débarrasser de 8260 membres de la famille, ce « bon père » !!! Il a tellement réduit l’entretien de sa « famille » que cet entretien lui coûte moins de 10% du total en frais de main d’œuvre, soit moins que la pub, comme le relevait récemment un salarié de Renault sur internet !

    La presse bourgeoise elle-même écrivait sur la méthode Renault pour réduire les effectifs :

    « Renault opte en 2011 pour la GPEC —signée par les syndicats CFE-CGC, CFDT, CFTC et FO— qu’elle dote d’un véritable arsenal pour décupler la flexibilité et la mobilité : prêt de main d’oeuvre à une entreprise extérieure, prime au départ en cas de démission pour un emploi à l’extérieur, reconversion professionnelle, congés sabbatiques, congés de création d’entreprise, etc. La GPEC 2011 prévoyait aussi des embauches : sur les 400 prévues dans les sites industriels, le pacte a été quasiment honoré à ce jour, mais le compte n’y est pas dans l’ingénierie (600 embauches sur les 1.600 prévues). En 2011, Renault employait 55.000 personnes en France, 44.642 en 2013. Les effectifs devraient chuter à 37.142 fin 2016. Pour supprimer plus de 15% de ses effectifs sans plan social et gagner encore en compétitivité et flexibilité, Renault s’est largement appuyé sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC), un outil d’anticipation qui n’est pas pour un autant un pare-feu à la crise. » Comme on le voit, la bourgeoisie sait qu’elle peut être reconnaissante aux signatures syndicales pour avoir nettoyé les effectifs sans heurts et sans bruit… Sur le nouvel accord, la même presse souligne que cela n’engage à rien le patron : « La mise en place de l’accord est basée sur des hypothèses de marché, si en 2014 il y a un crash économique, des choses se passeront (...) Jamais aucun accord GPEC n’empêchera de recourir à un PSE. »

    En somme, la signature de Renault ne signifie nullement que le danger de fermetures de sites et de suppressions massives d’emplois soit écarté, y compris pour les sites industriels…

  • François Hollande veut ériger en modèle l’accord de compétitivité que Renault a passé en mars avec ses syndicats. Hier, alors qu’il abordait la nouvelle mouture de la taxe à 75% sur les hauts salaires, le Président a vu dans l’accord de Renault un exemple en matière de limitation des hautes rémunérations : « Il y a un exemple qui nous a été donné, l’accord qui a été passé par Renault pour garder ses sites en France et faire qu’il y ait plus d’emplois en France. Qu’est-ce qu’on a demandé au président de Renault ? De diminuer sa rémunération, c’est le même esprit. » En une seule phrase, deux intox se sont nichées.

    Primo, l’accord de compétitivité prévoit bien, en échange de sacrifices des salariés (hausse du temps de travail, austérité salariale), le maintien des sites français et une hausse de la production des véhicules au losange sur le territoire. Mais les salariés de Renault ont dû s’étrangler en entendant le président de la République affirmer qu’il prévoyait davantage d’emplois, puisqu’il se base, au contraire, sur la suppression de 7 500 postes.

    Deuxio, la limitation du salaire de Carlos Ghosn : contrairement à ce qu’affirme François Hollande, ce n’est pas l’exemple rêvé en matière de limitation des plus hauts revenus. Dans le cadre de l’accord de compétitivité, le patron de Renault a effectivement annoncé que la part variable de son salaire sera amputée de 30% pendant trois ans. Soit une baisse de 400 000 euros par an, modique au regard des émoluments du patron le mieux payé de France (en 2011, il a touché 12,8 millions d’euros : 2,9 millions chez Renault et 9,9 millions comme PDG de Nissan). Mais, surtout, la baisse du variable n’implique pas un renoncement de Ghosn, puisque celui-ci pourra récupérera la somme non perçue après trois ans. Bref, le patron de Renault a seulement changé les conditions d’attribution de son salaire variable… sans modifier le montant de celui-ci.

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