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La psychanalyse, c’est d’abord et avant tout l’analyse des rêves par le rêveur ?

lundi 15 avril 2013, par Robert Paris

La psychanalyse, c’est d’abord et avant tout l’analyse des rêves par le rêveur ?

Le rêve est l’une des interfaces entre l’univers cérébral conscient et inconscient mais il est loin d’être la seule passerelle entre les deux. En fait, ils sont toujours en interaction et on a des moments d’absence même de jour pendant lesquelles l’inconscient domine, par exemple quand on écoute de la musique. Ce n’est pas par hasard qu’on appelle rêveurs ceux qui, le jour, ont l’air d’être ailleurs….

Interpréter ses propres rêves, tout le monde l’a fait un jour ou l’autre. Le faire systématiquement, c’est la base même de la psychanalyse de Freud comme il l’a lui-même expliqué.

Il écrit dans « De la psychanalyse » : « L’interprétation des rêves est en réalité la voie royale menant à la connaissance de l’inconscient, le fondement le plus sûr de la psychanalyse et le domaine dans lequel tout travailleur (celui qui étudie en psychanalyse) doit acquérir sa conviction et aspirer à sa formation. Quand on me demande comment devenir psychanalyste, je réponds : par l’étude de ses propres rêves. »

Il rajoute dans « De l’interprétation du rêve » : « J’en suis réduit à mes propres rêves comme à un matériel abondant et commode, provenant d’une personne à peu près normale et se rapportant à de multiples occasions de la vie quotidienne. On m’opposera sûrement les doutes quant à la fiabilité de telles « auto-analyses ». L’arbitraire n’en serait nullement exclu (…) En tout cas, on a le droit d’essayer, pour voir jusqu’où on peut aller à l’aide de l’auto-analyse. »

Et il rajoute encore que la psychanalyse est « née avec le vingtième siècle, la publication par laquelle elle paraît au monde comme quelque chose de nouveau, mon « Interprétation des rêves », portant le millésime 1900. »

C’est donc bien par l’interprétation des rêves que Freud estime avoir commencé à fonder une thèse nouvelle.

Etudier les rêves n’est pourtant pas chose nouvelle et nombre de devins prétendaient vous dire l’avenir en lisant dans vos rêves. La première particularité de Freud est qu’il pousse le patient ou l’analysé à étudier lui-même ses propres rêves. Le psychanalyste n’est qu’un aide extérieur. La clef du rêve est entre les mains du patient. Lui seul peut retrouver dans son passé les éléments historiques qui fondent ces rêves.

Il écrit dans « Théorie de la libido » : « La psychanalyse a redonné au rêve la signification qui lui était jadis, dans les temps anciens, généralement dévolue, mais elle procède autrement que lui. Elle ne s’en remet pas à la sagacité de l’interprète du rêve, mais transfère la tâche pour la plus grande part au rêveur lui-même, en l’interrogeant sur ses associations à tel ou tel élément du rêve. (…) Un nouvel accès aux profondeurs de la vie d’âme s’ouvrit lorsqu’on appliqua la technique de la libre association aux rêves, les siens propres ou ceux de patients analytiques. »

Freud ne fait pas du rêve un signe des dieux ni une lecture de l’avenir mais une lecture d’un passé plus ou moins enfoui.

Il écrit dans « L’interprétation du rêve » : « Et la valeur du rêve pour la connaissance de l’avenir ? Il ne faut naturellement pas y penser. On aimerait mettre à la place : pour la connaissance du passé. Car c’est du passé qu’est issu le rêve, dans tous les sens de cette phrase. »

Pourquoi des éléments de notre passé seraient-ils enfouis en nous-mêmes ? Parce que notre conscience les a inhibés, parce que nous craignons qu’ils nous fassent souffrir, parce que nous considérons de telles pensées comme interdites, parce que la morale, les institutions, la famille, les lois, les règles les interdisent. Parce que nous avons construit notre personnalité et notre comportement social en les mettant de côté, en ne nous laissant pas aller à nos instincts. Pendant le sommeil, cette inhibition tombe d’elle-même, la conscience ne pilotant plus nos pensées.

Le rêve nous donne accès à des sentiments, des sensations, des désirs, des souvenirs, des blessures morales dont nous n’avons plus conscience, dont nous ignorons jusqu’à l’existence… Les remettre à jour peut avoir une grande importance si nous souffrons par exemple de maladies qui expriment la rétention de désirs violents, l’enfermement trop brutal de l’inconscient dans une vie trop réglée, trop dirigée par le rationnel, ne donnant pas assez de place à l’irrationnel et aux sentiments. La mise à jour de la source du blocage devient un élément crucial pour libérer le patient de ses fantasmes. D’ailleurs, ceux-ci s’expriment souvent par des rêves ou des cauchemars.

Ces derniers contiennent des éléments montrant quelle sphère de la vie personnelle est en cause mais ce n’est jamais très clair car le propre des rêves est d’être une vision très désordonnée. Cependant, un élément les caractérise : les rêves sont toujours très personnels, ne contiennent que peu d’éléments sur les autres participants, en dehors de nous-mêmes.

« C’est un fait d’expérience, auquel je n’ai trouvé aucune exception, que tout rêve traite de la personne propre. Les rêves sont absolument égoïstes. » (dans « L’Interprétation du rêve »

Quand d’autres personnes interviennent, nous savons souvent qui ils sont mais nous ne les voyons pas clairement. Les rêves ne peignent pas les autres mais nos propres sentiments, nos peurs, nos réflexions, nos recherches.

Vu le caractère très désordonné, illogique, souvent absurde des rêves, pourquoi vouloir leur donner une signification ? Tout d’abord ce n’est pas nous qui cherchons artificiellement à le relier aux états d’âme de la personne. On ne fait que constater ce lien puisque, lorsque la personne a une maladie liée à son état psychologique, ce la se manifeste par des rêves. Si cette maladie est grave, cela va se manifester par une répétition du même rêve et perturber y compris la vie diurne. Ce rêve qui se répète n’est pas sans une signification et même les rêves absurdes ne le sont que par rapport à notre conception habituelle du rationnel. Dans un rêve, des gens peuvent faire des choses qui seraient invraisemblables en temps normal. Cela signifie que le cerveau s’est, pendant la nuit, libéré des interdits habituels, qu’il ne confronte plus les discours et propositions à l’univers logique comme il le fait en temps normal de jour.

Cela peut paraître artificiel d’interpréter de telle ou telle manière un rêve. Comment s’assurer de la justesse ? Quelle conclusion en tirer ? Quelle justification de telle ou telle interprétation ? Il faut bien comprendre que nous ne serons jamais certains de notre interprétation mais, contrairement à ce que nous croyons parfois, nous ne pouvons jamais être certain de rien et nous fonctionnons non pas à partir de certitudes mais de ce que nous estimons, momentanément, assez probable ou le plus probable. Notre rationalité ne nous offre pas mieux qu’une bonne probabilité sans cesse revérifiée. La base de cette rationalité est l’existence de propositions non vérifiées qui sont sans cesse suggérées à notre cerveau. C’est seulement après coup que nous vérifions la conformité de ces propositions désordonnées avec ce que nous savons du contexte. En somme, la pensée irrationnelle du rêve est la base même de ce que nous appelons notre conscience rationnelle avec seulement un ingrédient supplémentaire : la vérification de la conformité des hypothèses proposées avec ce qui est considéré comme acquis…

Mais ce qui distingue le rêve de la réalité consciente du jour, ce n’est pas seulement le désordre : le rêve contient des situations que nous avions oubliées ou que nous croyions complètement effacées et qui réapparaissent brutalement comme si elles s’étaient déroulées hier. Le rêve a la capacité d’aller chercher dans le passé, y compris dans le passé lointain, même si notre conscience prétend ne rien se souvenir de cette époque…

Freud écrit dans « Josef Popper-Lynkeus et la théorie du rêve » : « Je suis parti du caractère étrange, embrouillé, insensé, de tant de rêves et j’en suis venu à l’idée que le rêve devait devenir tel parce que, en lui, quelque chose lutte pour l’expression, quelque chose qui a contre soi la résistance d’autres puissances de la vie d’âme. Dans le rêve s’agitent des motions secrètes qui sont en contradiction avec l’aveu, pour ainsi dire officiel, éthique et esthétique, du rêveur… »

Ces « motions secrètes », selon Freud, sont des souhaits inexaucés, qui sont réalisés de manière virtuelle dans le rêve : « Le rêve n’est pas dénué de sens, ni absurde. (…) Il est un phénomène psychique à part entière et pour tout dire un accomplissement de souhait. »

Certains souhaits ne peuvent être réalisés que virtuellement car ils sont non seulement irréalistes mais inconcevables vus la morale régnante, les règles sociales, psychologiques, familiale et personnelles.

Et, dans « Leçons d’introduction à la psychanalyse », il précise : « Ces impressions n’ont jamais été vraiment oubliées, elles étaient seulement inaccessibles, latentes, elles appartenaient à l’inconscient. Mais il arrive aussi spontanément qu’elles émergent de l’inconscient, et cela se passe précisément en connexion avec des rêves. Il apparaît que la vie de rêve sait trouver l’accès à ces expériences vécues infantiles et latentes. »

Et encore, dans « Rêve et télépathie » : « Les pensées de rêve latentes peuvent souvent avoir été préparées tout au long de la journée, jusqu’à ce qu’elles trouvent la nuit la jonction avec le souhait inconscient qui les remodèle en rêve. »

Et dans « L’interprétation du rêve », il rajoute : « Plus on s’engage profondément dans l’analyse des rêves, plus on est mis sur la trace d’expériences vécues de l’enfance, qui jouent un rôle comme sources de rêves dans le contenu de rêve latent. »

Car, « Il ne fait de doutes pour personne que les expériences vécues de nos premières années d’enfance ont laissé des traces ineffaçables dans l’intérieur de notre âme. » (dans « Des souvenirs-couverture »)

Les mauvais rêves sont l’expression d’aspirations, de peurs, de sentiments et d’aspirations que notre conscience refuse. Mais le rationnel n’est pas la totalité de notre esprit. Et il n’y a pas une part bonne et une part mauvaise, les deux sont emmêlés inextricablement. Freud explique ainsi que « Si ces motions mauvaises des rêves ne sont que des infantilismes, un retour aux débuts de notre développement éthique, le rêve faisant simplement de nous des enfants par la pensée et le sentiment, nous n’avons raisonnablement pas à avoir honte de ces rêves mauvais. Mais le raisonnable n’est qu’une partie de la vie de l’âme. »

C’est une erreur de nous voir intégralement comme des êtres raisonnable. Nous avons absolument besoin de l’autre part, de l’irrationnel. Notre rationnel lui-même est construit à partir de l’irrationnel. Nous fonctionnons à partir d’essais, des hypothèses, que nous vérifions au fur et à mesure et pas de faits bruts.

Il rajoute, dans « Quelques suppléments à l’ensemble de l’interprétation des rêves », que « D’autres rêves – le plus grand nombre, concédons-le – signifient vraiment ce qu’ils annoncent, ils n’ont subi aucune déformation par la censure. Ils sont l’expression de notions immorales, incestueuses et perverses, ou de désirs meurtriers et sadiques. A certains de ces rêves, le rêveur réagit par un réveil plein d’angoisse… »

L’interprétation est un long chemin….

« Dans les rêves les mieux interprétés, on doit souvent laisser un point dans l’obscurité, parce que l’on remarque lors de l’interprétation, que commence là une pelote de pensées de rêve qui ne se laisse pas démêler, mais qui n’a pas non plus livré de contributions supplémentaires au contenu du rêve. C’est alors là l’ombilic du rêve, le point où il repose sur le non-contenu. » (dans « L’interprétation des rêves »)

En quoi consiste l’analyse du rêve ?

Freud répond dans « L’interprétation du rêve » que « Le travail de rêve ne juge absolument pas, mais se borne à ceci : donner une autre forme. »

Et il poursuit : « Ainsi le rêve remémoré se trouve-t-il en tant que contenu de rêve manifeste confronté aux pensées de rêve latentes trouvées par interprétation. Le processus qui a transposé celles-ci en celui-là, le « rêve » justement, et qui est défait par le travail de l’interprétation, peut à bon droit être appelé travail de rêve. »

Tout cela n’est-il pas hasardeux, incertain, invérifiable, sans preuve, sujet à caution ? Tout d’abord, prenons conscience que toute notre intelligence a les mêmes défauts. Par exemple, notre mémoire, elle-même, ne vaut pas mieux : elle est une réinterprétation des faits vus et vécus qui pourrait aussi bien être taxée de hasardeux, incertaine, invérifiable, sans preuve et sujette à caution, etc… La mémoire n’est nullement une reconstitution à l’identique mais une réinterprétation du passé comme celle de la psychanalyse….Tous les raisonnements prétendument très rationnels que nous faisons ne sont pas plus solides non plus. Les faits sur lesquels ils se prétendent fondés ne sont pas plus assurés. L’essentiel des bases de nos raisonnements ne sont pas prouvées ni vérifiées et pourtant elles fondent toute notre confiance dans nos actions, dans nos pensées, dans nos relations avec les autres, dans nos buts, dans notre existence…

Interpréter, c’est tout ce que nous offre notre cerveau, conscient comme inconscient. Prouver de manière ferme et définitive n’est nullement en ses moyens car tel n’est pas son fonctionnement.

Nos rêves ou pensées de nuit ne sont pas plus absurdes et ridicules que nos pensées de jour et ils sont tout aussi indispensables. Même les rêves des chats sont si indispensables qu’il devient fou si on l’empêche de rêver…

Les rêves ne sont pas une agitation nocturne perturbatrice et secondaire, sans importance et sans intérêt. Ils sont une activité intellectuelle fondamentale, fondatrice et contenant des informations inappréciables, indispensables.
Notre mémoire, nos intuitions, nos raisonnements, notre capacité de nous projeter dans des situations nouvelles, de nous revoir dans des situations anciennes, tout cela nécessite absolument les rêves.

Que le contenu des rêves nous dérange est certain. Cela ne signifie pas qu’il faille les négliger ou les mépriser. Ni nous contenter de les écarter. Nous avons souvent besoin de les raconter et nous cherchons à qui nous pouvons le faire et qui ne pourrait pas valablement les entendre. Nous sommes gênés par leur contenu et n’avouons pas à tout le monde que de telles pensées nous soient passées par la tête. Parfois, nous estimons que ce sont des pensées folles, parfois des pensées détraquées, parfois des pensées réprouvables moralement, parfois des pensées violentes, etc… Nous ne nous reconnaissons pas dans ces pensées et elles révèlent un être que nous ne connaissons pas et que nous ne souhaitons pas admettre en nous…

« La critique méprisante « Mais ce n’est qu’un rêve » apparaît dans le rêve quand la censure, qui ne dort jamais tout à fait, se sent prise au dépourvu par le rêve qui a déjà été admis. Il est trop tard pour le réprimer, aussi affronte-t-elle par cette remarque l’angoisse ou la sensation pénible soulevée par le rêve » écrit Freud dans « L’Interprétation du rêve ».

Cette nouvelle existence révélée par la vie nocturne nous gêne car nous croyions être une seule personne et non deux. Nous allons continuer à lutter pour faire en sorte d’être toujours une seule personne mais, en même temps, nous serons toujours deux personnes et nous ne comprenons pas pourquoi. Eh bien, disons-le clairement, c’est notre aspiration à refuser la dualité qui est contre-nature si l’on peut dire. La nature contient sans cesse des contradictions unifiées au sein d’un même ensemble, que ce soit dans la conscience humaine comme dans le vivant, comme dans l’inerte. A tous les niveaux, on trouve une unité fondée sur des contraires. Nous combattons pour contraindre notre être à exister dans un seul monde rationnel et il répond sans cesse à la fois de manière rationnelle et irrationnelle, que cela nous plaise ou pas. Si nous contraignons trop durement notre esprit et notre corps, ceux-ci vont seulement se révolter à un moment de manière violente, produisant des névroses. Nous aurons tellement réprimé l’influence de nos rêves qu’ils viendront nous perturber aussi le jour…

Depuis notre prime enfance, nous avons rentré en nous bien des sentiments et des désirs trop explosifs ou trop peu adaptés, des envies insatisfaites, des besoins physiques, mentaux, moraux, relationnels, sexuels,… Ils sont parfois tellement lointains que nous ignorons qu’ils ont marqué notre mémoire profonde. Si on nous demandait nos souvenirs de cette époque, nous répondrions que nous ne savons plus rien et pourtant… A sa manière, notre conscient sait ce que nous, nous ne savons pas. Mais parfois, l’inconscient peut rappeler au conscient… Soit volontairement, soit involontairement. Et parfois, quand l’inconscient se rappelle au bon souvenir du conscient cela peut être explosif…

Le rêve est un fonctionnement normal et non maladif même quand son contenu est bizarre, étrange et dérangeant. Ce n’est pas là que peut résider la maladie mais dans la répression trop grande de ce qu’il signifie. Le fait que le contenu des aspirations inconscientes dérange ne signifie pas qu’il faille totalement les exclure, ni non plus les réaliser… Il faut encore moins chercher à les nier, à les effacer, à les dénigrer, à les réprimer.

Nos rêves pourraient alors envahir notre pensée, de jour comme de nuit, et dans ces cas extrêmes, l’inconscient prenant le dessus, on a une maladie névrotique. L’inconscient, enfermé, se révolte et prend alors le pouvoir…

La suite

Ce que nous ne savons pas que nous savons...

La part de l’inconscient et de l’irrationnel dans la formation de la pensée

Rôle de l’inhibition et de l’inconscient, de la logique et de l’absurde, du rationnel et de la fable dans la formation de l’intelligence

Inconscience, conscience : Freud et les dernières découvertes en neurosciences

L’inconscient

Le rôle de l’irrationnel

Ce que les comportements infantiles nous apprennent sur l’être humain

Comment fonctionne le cerveau humain pour nous permettre de connaître le monde ?

Conscience et inconscience

La mémoire

Les rêves

Le peuple du rêve

Relire Freud aujourd’hui

Messages

  • N’oublions pas que notre mémoire des "événements" du rêve sont déjà une interprétation par notre cerveau, une analyse...

  • « Soudain quelque chose se déchaîne en moi et me prend à la gorge

    Soudain je sursaute et me lève sans achever mon écrit

    Soudain je rêve dans un hôtel, dans le hall, debout

    Soudain l’arbre du trottoir me cogne au front

    Soudain un loup hurle à la lune, malheureux, en colère, affamé

    Soudain les étoiles descendues au jardin jouent à se balancer

    Soudain je me vois allongé dans ma tombe

    Soudain je m’attache à la journée comme si elle n’allait jamais finir

    Et à chaque fois c’est toi qui remontes à la surface de l’eau… »

    Nazim Hikmet (septembre 1960)

  • Le rêve et son interprétation

    De Sigmund Freud

    « Contrairement à l’opinion courante veut voir dans le rêve le perturbateur du sommeil, nous arrivons à cette singulière conclusion que le rêve sert au sommeil de gardien…. On nous objectera qu’il y a des cas, par exemple celui du rêve d’angoisse, où le rêve est impuissant à préserver le sommeil. Mais il faut en conclure simplement que le rêve est investi de deux fonctions dont la seconde est d’interrompre le sommeil quand il le faut… Tous les rêves qui se manifestent immédiatement avant le réveil par un vacarme quelconque ne sont que des efforts pour nier le bruit perturbateur, lui donner une autre interprétation et gagner encore quelques instants de repos. »

  • Les contradictions dialectiques du rêve et du rêveur

    Le rêve est la part du sommeil qui est la plus proche de l’éveil. Le dormeur intègre dans ses rêves des bruits et sensations qu’il perçoit. En même temps, le rêve est le moyen d’être en connexion avec l’extérieur en restant endormi. C’est un produit de l’animalité, l’être vivant cherchant à garder l’esprit sur la défensive, prêt à réagir en cas d’attaque, tout en dormant.

    A la fois en sommeil et sur le qui vive, à la fois en train de prendre conscience du monde extérieur et sans réelle conscience du monde extérieur, à la fois en train de mettre en fonction sa conscience mais l’essentiel des fonctions conscientes en sommeil, le rêve est contradictoire avec le fonctionnement de l’être éveillé. Notamment on remarque que ce n’est plus le même hémisphère qui est dominant. Le rêve est donc le symétrique du fonctionnement de jour, son contraire dialectique. Le mécanisme du cerveau est interaction entre hémisphères gauche et droit avec dominante droite et le mécanisme du rêve est l’inverse. Cela signifie que le rationnel n’est plus dominant, les hypothèses considérées comme absurdes par la rationalité, par les conventions, par la bienséance, par les mœurs, par la morale, par la logique, par la mémoire, par le point de vue habituel de l’être humain peuvent donc être retenues comme valables au cours du rêve. Les pensées inhibées, proscrites, inconvenantes, désagréables, insupportables, cachées, inacceptables, invraisemblables peuvent être évoquées dans le rêve afin d’imaginer les réactions possibles, les conséquences envisageables, les potentialités de la situation, les manières de s’y préparer.

    Le rêve est à la frontière contradictoire du conscient et de l’inconscient, du rationnel et de l’irrationnel, du vécu et de l’imaginaire, du pensé et de l’impensable, de la réalité et de l’irréel, du passé et de l’avenir, du connu et du caché, du croyable et de l’incroyable. Il est l’inhibition de toutes les inhibitions qui ouvre la possibilité de connaître les sentiments les plus réprimés.

    En ce sens, le rêve est l’une de nos rares passerelles vers l’inconscient, vers les pensées réprimées, vers les souffrances cachées, vers les désirs interdits, vers les plaies non refermées et inatteignables, vers les blocages très anciens et très profondément enfouis.

  • « La psychanalyse veut promouvoir à la reconnaissance consciente ce qui dans la vie de l’âme est refoulé. »

    Sigmund Freud, “Sur la psychanalyse. Cinq leçons” (1910)

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