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Bulletin La Voix des Travailleurs de Renault CTL Lardy

jeudi 18 avril 2013, par Robert Paris

Quel est le véritable contenu de l’ « accord » Renault ?!!

Le « contrat pour une nouvelle dynamique de croissance et de développement social de Renault en France », signé par certains syndicats, par le patron et encensé par le gouvernement comme un « modèle de concertation » n’a pas fini de nous étonner. Son but affiché est de sauver les emplois et les sites de Renault (France). On ne peut que s’en étonner puisqu’avant même qu’il soit signé et sans condition, le gouvernement prétendait que des licenciements à Renault, pendant les licenciements à PSA, ne seraient pas tolérés par l’actionnaire principal, l’Etat français ! Et, après leur signature, ce même gouvernement prétend que l’accord a sauvé les emplois… Ceci étant, on ne voit pas en quoi ce texte est une garantie puisqu’explicitement, il admet qu’en cas de crise économique grave ou d’effondrement des finances de Renault, il puisse être remis en question…

On le savait, Renault ne peut pas licencier pour le moment car le gouvernement souhaite un étalement des mauvaises annonces anti-sociales. Il fallait donc que le trust donne le change et obtienne des reculs sociaux significatifs soi-disant pour ne pas licencier. Les organisations syndicales signataires diront ensuite, quand le trust prétendra qu’il n’a pas rompu sa signature, que les circonstances ont changé et que Renault est en faillite et ces syndicats diront qu’ils ont été trompés par le patron et instrumentalisés par les politiques, comme vient de le faire la CFDT de Florange après celles de Continental et de bien d’autres entreprises.

Rien n’empêchera le patron de fermer des usines quand il voudra, rompant l’accord. N’avons-nous pas vu tous les Continental, tous les Arcelor, tous les Peugeot rompre les accords qu’ils avaient signé et n’avons-nous pas, à chaque fois, entendu les syndicalistes qui avaient signé au nom des travailleurs prétendre qu’on les avait trompé. On vient encore de les entendre à Florange où la CFDT qui dirige les opérations vient de l’affirmer…

La seule chose claire, c’est qu’il y aura 8250 suppressions d’emplois sans indemnités de licenciement et sans plan social. Ce n’est pas un progrès ! Et le patron ne s’engage nullement à nous donner le détail des partants et des conditions qui leur ont été proposées. On ne saura pas quelles pressions ils ont subi avant de se résoudre à quitter. La hiérarchie a ordre de trouver tous les salariés qu’on pourrait pousser au départ par tous les moyens, en les convoquant autant qu’on peut et en leur faisant toutes les remarques désobligeantes qui seront nécessaires pour qu’ils aient envie de faire cesser le cauchemar en touchant une toute petite somme (toute petite au vu qu’on ne retrouve plus de travail en CDI dans la période actuelle).

Quant au blocage des salaires, le patron ne s’engage nullement à bloquer les rémunérations des hauts cadres et dirigeants, les revenus des gros actionnaires et membres du conseil d’administration. La direction ne s’engage nullement à fournir aux salariés des éléments réels sur le fonctionnement financier du trust.

Par exemple, en ce moment, les milieux financiers bruissent des opérations invraisemblables de la banque Renault RCI mais les salariés n’en sont nullement tenus informés. A qui pourrait bien servir l’emprunt massif en livres sterling que prévoit la banque RCI ? On ne sait même pas si les centrales syndicales s’en sont inquiétés ? On se souvient que récemment la banque Peugeot avait fait faillite, devant emprunter des millions à l’Etat français.

Quid de la banque Renault, c’est-à-dire de la transformation du capital productif en capital spéculatif ? On ne nous dit pas que le départ de 8250 salariés signifie un désinvestissement productif massif de Renault et que cela signifie aussi un transfert de capitaux vers la finance spéculative. On a déjà constaté que le patron avait inauguré une nouveauté à Renault : une année entière sans aucun nouveau modèle. Le patron peut bien prétendre après qu’il n’a pas vendu beaucoup de véhicules !

Le patron peut bien prétendre « sauver l’entreprise », « sauver les sites français », en bloquant les salaires, en flexibilisant le travail, en obligeant à la mobilité, même les syndicats signataires ne peuvent prétendre qu’ils savent ce qui se cache derrière l’opacité des comptes et des stratégies patronales.

Le regroupement des sites productifs en grands pôles ne diminuent pas les distances entre ces sites : un pôle nord-ouest, du Nord à la Meurthe-et-Moselle, et un pôle Vallée de la Seine, qui va du Havre au Val-d’Oise en passant par la Sarthe ! Ce n’est pas la direction qui va se payer les voyages, la fatigue, le stress et la destruction de la vie de famille…

Et, là où Hollande montre le bout de ses mensonges et de son caractère pro-patronal, c’est qu’il déclare que c’est un accord qui augmente les emplois à Renault alors qu’il signe 8250 suppressions d’emplois qui se rajoutent aux multiples suppressions de ces dernières années…


Qu’ils aillent se rhabiller !

Au PIM, entre autres, certains chefs, toujours zélés à faire suer les salariés, n’ont rien trouvé de mieux que de remettre en cause la « prime d’habillement » de leur personnel.

Ne pouvant se faire remarquer par des compétences techniques ou relationnelles, ils comptent y parvenir en jouant au chat à la souris mais ce n’est pas en ce costumant en Grominets que ces matous qui se prennent pour des gros manitous feront mieux marcher les bancs…

DCD, les frais de mission ?

Finis les forfaits pour le remboursement des frais de mission. La direction, qui économise sur les bouts de chandelle, ne veut plus que des remboursements sur facture. Dans ce cas, on peut aussi lui amener les factures de frais de garde d’enfants, la facture de ce que ces voyages coûtent à la vie de famille, la facture de la fatigue, du stress, des frais de médicaments suite à trop de déplacements et la facture des soins pour dérangements intestinaux causés notamment par notre envie de vomir en voyant la pingrerie du patron…

Notre bilan à nous, c’est la paie

On a reçu le nouveau « bilan social individuel », c’est-à-dire combien nous coûtons, selon lui, au patron, en termes d’avantages, cotisations et salaires. Merci, on ne l’avait pas demandé. Non merci parce que notre feuille de paie nous suffit pour savoir ce qui nous importe vraiment.

Par contre, on veut bien le bilan social des patrons : comment Ghosn justifie ses revenus royaux, combien les grands actionnaires et grands gestionnaires ponctionnent les revenus de notre travail, quelle est la valeur ajoutée d’une heure de salarié Renault sur la valeur des pièces ? Mais là-dessus, pas de souci, c’est silence radio !

Nouvelles tentatives de suicides à Renault

Pas de grandes déclarations du patron sur les nouvelles tentatives de suicides dans différents sites. Pourtant, il y en a eu plusieurs, notamment à Lardy et Guyancourt. Mais pas d’inquiétude, une fois encore, la direction estime qu’elle n’est pas en cause. Même quand le salarié avait laissé des explications écrites et s’était suicidé sur le lieu de travail, elle en pensait autant. Ce qui ne l’avait pas empêché de prétendre qu’elle avait pris des mesures préventives, mesures dont on voit toute l’efficacité dans le renouvellement des suicides…

Il faut croire que ses nouvelles pressions pour obtenir des « départs volontaires » portent leurs effets. Ghosn n’a pas précisé comment les 8250 devaient partir : morts ou vifs ?

Quand Ghosn partage les sacrifices !

Quant au renoncement à une partie de ses revenus de Ghosn (une toute petite partie et seulement reportée), c’est vraiment de la poudre aux yeux qui ne mérite même pas qu’on s’y arrête alors qu’Hollande y voit « un esprit de solidarité entre patrons et salariés » ! Dans le cadre de l’accord de compétitivité, le patron de Renault a effectivement annoncé que la part variable de son salaire sera amputée de 30% pendant trois ans. Soit une baisse de 400 000 euros par an, modique au regard des émoluments du patron le mieux payé de France (en 2011, il a touché 12,8 millions d’euros : 2,9 millions chez Renault et 9,9 millions comme PDG de Nissan). Mais, surtout, la baisse du variable n’implique pas un renoncement de Ghosn, puisque celui-ci pourra récupérera la somme non perçue après trois ans. La « solidarité » du PDG dans les « difficultés », c’est de la provocation !

Les centrales syndicales et l’accord Renault

Le syndicat FO, qui estime qu’il y a là une « garantie d’avenir », nous étonne : pourquoi a-t-il refusé nationalement un accord ANI du même type ? On ne comprend pas que la CFDT, dont les deux principaux dirigeants appartiennent au gouvernement et a prétendu que l’accord ANI a sauvé les emplois en France, ait pensé qu’il faille encore les sauver à Renault (France) !

Et que dire aussi du syndicat SUD, copain au gouvernement prétendument de gauche, qui n’a pas signé, mais a refusé de mobiliser et manifester contre.

On ne comprend pas davantage la CGT qui a refusé l’accord Renault et affirme que Ghosn s’attaque aux salariés alors que la CGT avait voté en faveur de l’accord du Contrat Social de Crise et la confiance à Ghosn au Conseil d’Administration en pleine crise de direction…

La gauche gouvernementale a bien des copains à la direction de tous les syndicats ! Lepaon, nouveau secrétaire général de la CGT, n’a-t-il pas déclaré qu’on n’allait « pas considérer le gouvernement de gauche comme un gouvernement libéral. » alors que tous les actes de ce gouvernement ne défendent que les patrons, en envoyant les CRS contres les salariés qu’on licencie et pas contre les patrons qui les jettent à la rue !

Pas libéral, pas aussi pro-patronal que Sarkozy, le président Hollande, pour la CGT qui avait appelé ouvertement à voter pour lui aux élections présidentielles et affirme ne pas le regretter ? Une CGT qui a participé jusqu’au bout à toutes ces prétendues négociations alors que l’on savait d’avance ce qui y était proposé et qui savait que sa présence ne ferait que faire croire que le gouvernement Hollande a une politique de concertation avec les syndicats, contrairement à Sarkozy, alors que le résultat final est exactement le même !

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