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Les questions se multiplient sur les rapports des poseurs de bombes de Boston avec les agences américaines de renseignement

lundi 29 avril 2013, par Robert Paris

Les questions se multiplient sur les rapports des poseurs de bombes de Boston avec les agences américaines de renseignement

Par Joseph Kishore

Les informations en train de sortir sur le contexte de l’attentat du marathon de Boston soulèvent de nombreuses questions sur les rapports entre les poseurs de bombe présumés, Tamerlan et Dzhokhar Tsarnaev et les services de renseignement américains.

Il est à présent avéré que le plus âgé des deux frères, Tamerlan, tué au cours d’une fusillade avec la police aux premières heures du 19 avril était bien connu tant du FBI que de la CIA.

Si l’on tient compte de ce qu’on a appris jusque là on obtient l’image suivante :

Après avoir nié toute connaissance préalable de Tsarnaev, le FBI a reconnu avoir obtenu en mars 2011 une demande d’enquête sur lui de la part de la Russie ; celle-ci s’inquiétait du fait qu’il puisse être lié à des organisations terroristes opérant en Tchétchénie et dans la région du Caucase. On l’ajouta à la banque de donnée du Treasury Enforcement and Communication System afin de surveiller ses voyages par avion passés et futurs. Le FBI affirme qu’il n’a trouvé aucune information pertinente sur Tamerlan et en informa la Russie.

Mais les choses n’en sont pas restées là. Six mois plus tard, à la fin du mois de septembre 2011, le gouvernement russe, de toute évidence insatisfait de la réaction du FBI, a contacté la CIA avec une demande d’enquête similaire.

La CIA demanda qu’on place le nom de Tamerlan sur la banque de données du Terrorist Identities Datamart Environment (TIDE). TIDE est la banque centrale de données du gouvernement américain sur les « terroristes internationaux » présumés, à partir de laquelle sont compilées les banques de données des autres services de renseignement américains, y compris la liste d’ « interdiction de vol » du FBI.

Selon un responsable américain cité par ABC News, la CIA a aussi « partagé l’information avec les départements fédéraux et agences appropriées, spécifiant que Tsarnaev pouvait les intéresser ».

En janvier 2012, moins de quatre mois plus tard, Tsarnaev put prendre l’avion et se rendre dans le sud de la Russie. Selon la secrétaire de l’US Homeland Security Janet Napolitano, cela signifiait que la base de données TIDE fut alertée, informant la US Joint Terrorism Task Force, qui comprend le FBI, le service secret et d’autres agences, de son déplacement.

Et pourtant Tsarnaev put retourner sans problème aux Etats-Unis en 2012.

On a dit jusque là peu de choses sur ce que Tsarnaev avait fait pendant son voyage. Cependant, selon un reportage sur NBC News « Une source policière officielle de Makhachkala au Daguestan [a dit] que les services russes de sécurité intérieure avaient contacté le FBI en novembre dernier [2012] et posé quelques questions sur Tamerlan et lui avait remis un dossier concernant ce dernier.

« Durant la surveillance de routine d’un individu dont l’engagement dans le mouvement clandestin islamiste militant était connu, la police a vu Tamerlan rencontrer ce dernier dans une mosquée salafiste à Makhachkala, a dit ce responsable de la police. Selon ce même responsable, il s’agissait là d’une rencontre sur un total de six rencontres avec ce militant à la même mosquée et dont les responsables de la surveillance ont été les témoins.

« Le contact militant disparu plus tard, dit encore le responsable, mais Tsarnaev également, avant que les enquêteurs aient une chance de lui parler. Le FBI n’a jamais répondu, selon le responsable de la police du Daguestan. »

En d’autres termes, le FBI avait été averti à propos de Tsarnaev tant avant qu’après son voyage en Russie, dans la première moitié de 2012. L’avertissement le plus récent fut reçu six mois seulement avant l’attentat de Boston.

Ce compte-rendu est confirmé par des déclarations du sénateur Richard Burr qui est membre de la Commission de renseignement du Sénat américain. Après des auditions secrètes tenues mardi 23 avril, Burr a dit aux journalistes qu’il y avait eu de « multiples contacts » entre les Etats-Unis et la Russie à propos de Tsarnaev, y compris « au moins une depuis octobre 2011 – c’est-à-dire après la requête soumise à la CIA en septembre 2011.

Le gouvernement et les medias se démènent afin d’éviter que l’importance de ces révélations ne soit exposée en public. Les auditions menées par le Congrès le sont à huis clos, hors de la vue du peuple américain.

Le nouveau discours qu’on est en train de développer pour expliquer les faits extraordinaires qui ont émergé n’est tout simplement pas crédible. Selon des responsables gouvernementaux, « on a laissé échappé des ballons » et on n’a pas « fait les liens nécessaires ». Si les liens nécessaires n’ont pas été faits, qui ne les a pas faits ?

Comme à la suite des attentats du 11 septembre, on s’efforce de faire en sorte qu’absolument personne ne soit tenu responsable. Il y a une raison à cela. Si quelqu’un était tenu responsable, il chercherait à se défendre et cela conduirait à d’autres questions que les responsables tiennent à éviter.

Le gouvernement semble particulièrement vouloir tirer la conclusion que les deux frères Tsarnaev ont agi entièrement seuls, une affirmation qui est démentie par les faits révélés sur le compte de Tamerlan jusqu’ici. L’aspect pratique de cette affirmation est qu’elle détourne l’attention d’un examen des contacts de ces deux individus, y compris leurs rapports avec les agences américaines de renseignement.

Il y a certain nombre d’explications possibles pour les actes des frères Tsarnaev. L’une d’entre elles est qu’ils sont motivés par l’hostilité à la politique extérieure des Etats-Unis. Certaines informations mentionnent le fait que le plus jeune des frères, Dzhokhar a dit aux enquêteurs qu’il était fortement opposé aux guerres en Afghanistan et en Irak.

Une autre possibilité, qui n’exclut pas la première, est qu’on faisait des deux frères et particulièrement de Tamerlan des « atouts » ou de potentiels « atouts » pour les machinations de l’impérialisme américain en Tchétchénie et au Daguestan voisin. Cette région est vitale aux intérêts géostratégiques de la Russie parce qu’elle est cruciale pour son accès à une Mer Caspienne riche en énergie.

Les agences américaines de renseignement entretiennent de longue date des relations sordides avec les groupes islamistes intégristes opérant en Tchétchénie. Les Etats-Unis ont aussi des liens étroits avec la Géorgie voisine et en 2008, ils ont soutenu celle-ci dans sa guerre avec la Russie à propos de la province sécessionniste d’Ossétie du sud.

Selon le journal russe Izvestia, Tsarnaev a, durant son séjour dans le Caucase, participé à des séminaires organisés par le Fonds pour le Caucase, qui est lié à la Fondation Jamestown, soutenue par les Etats-Unis.

La Fondation Jamestown, qui soutient le séparatisme tchétchène, a été établie avec l’assistance de l’ancien directeur de la CIA William Casey et comprend dans son directoire une groupe de membres de haut rang, tant démocrates que républicains, de l’establishment militaire, politique et du renseignement.

Ses directeurs comprennent le Général Michael Hayden, ancien directeur de la CIA et ancien chef de la National Security Agency ; Bruce Riedel, collaborateur émérite du Brookings Institute ; Michelle Van Cleave, ancienne directrice du National Counterintelligence sous George W. Bush ; Matthew Bryza, ancien ambassadeur américain en Azerbaïdjan sous Obama et conseiller pour les questions d’énergie en Eurasie, dont la Mer Caspienne, sous Bush.

La Fondation Jamestown a des liens étroits avec le Comité américain pour la Paix dans le Caucase, dirigé par l’ancien Conseiller à la Sécurité nationale du président Jimmy Carter, Zbigniew Brzezinski. Brzezinski a joué un rôle important dans la mise sur pied de l’alliance entre les Etats-Unis et les islamistes intégristes en Afghanistan à la fin des années 1970 et qui faisait partie de la guerre par procuration menée par les Etats-Unis contre le régime afghan soutenu par l’Union soviétique. C’est de cette guerre qu’est sortie Al Qaida.

Si Tsarnaev était considéré comme un atout potentiel dans son conflit géopolitique avec la Russie, cela expliquerait également les informations données par les parents des deux frères qui ont dit que le FBI avait des contacts réguliers avec Tamerlan et avait visité la famille à de nombreuses reprises. Selon sa mère, Zubeidat Tsarnaev, Tamerlan a été « contrôlé par le FBI pendant trois à cinq ans. »

Le portrait de Tsarnaev et de ses rapports avec les Etats-Unis qui commence à apparaître a des ressemblances avec celui de Zacarias Moussaoui qui avait été arrêté avant les attentats du 11 septembre 2001 et fut ultérieurement accusé de complicité dans le complot par le gouvernement américain.

A la fin des années 1990, Moussaoui a combattu en Tchétchénie avec des groupes islamistes intégristes et il a aidé à recruter d’autres personnes pour aller y combattre. Avant son arrestation, en août 2001, il avait suivi des cours d’entraînement au vol à la même école que Mohamed Atta et Marwan al-Shehhi qui pilotaient les avions ayant percuté le World Trade Center.

Après son arrestation et avant le 11 septembre, tant les agences de renseignement britanniques que françaises avaient fourni des renseignements sur les rapports de Moussaoui avec les militants Tchétchènes liés à Osama bin Laden. Mais le FBI a à plusieurs reprises rejeté des demandes de la part de ses responsables locaux de fouiller l’ordinateur de Moussaoui et son logement.

Derrière la soi-disant “guerre contre la terreur” le gouvernement américain continue de maintenir des liens avec les groupes intégristes islamistes à travers le Moyen-Orient et l’Asie Centrale, dans la mesure où ces organisations sont considérées être des instruments utiles à l’avancement des intérêts géopolitiques américains. Les Etats-Unis ont récemment utilisé les services de telles organisations en Libye, dans le cadre de la campagne pour renverser Mouammar Kadhafi, et présentement dans la guerre civile soutenue par les USA en Syrie.

Une fois de plus, les actions de l’impérialisme américain à l’extérieur semblent avoir eu des conséquences tragiques pour le peuple américain à l’intérieur.

Messages

  • L’étrange mort de Todashev.

    Il a déjà été interrogé par le FBI à plusieurs reprises, au sujet des liens qui l’unissent à Tamerlan Tsarnaïev, l’un des deux auteurs avec son frère cadet Djokhar de l’attentat du 15 avril lors du marathon de Boston, tué quatre jours plus tard en cavale. Les deux Tchétchènes ont en commun de pratiquer les arts martiaux, de fréquenter des prédicateurs islamistes et de s’être parlé au téléphone un mois avant l’attentat. Todashev avait mentionné son voyage imminent en Tchétchénie, avant d’y renoncer soudain, attirant l’attention des enquêteurs, sur la trace de ramifications autour des frères Tsarnaïev.

    Vers minuit, l’entretien débute normalement, selon le récit du FBI, lorsque Todashev se jette sur l’agent spécial face à lui. Dans la mêlée, ce dernier parvient à dégainer son revolver et vise son assaillant. Todashev est tué sur le coup. « Notre agent a réagi par réflexe d’autodéfense », précise le porte-parole du FBI à Orlando, Paul Bresson.

  • Mohamed Merah était un agent français et il semble qu’à Londres il y ait aussi embrouille : : les services secrets anglais avaient tenté de recruter l’un des suspects du dernier attentat.

    Un ami du principal suspect dans le meurtre à coups de couteau et au hachoir d’un militaire à Londres a été arrêté après avoir accrédité la thèse selon laquelle les services secrets britanniques connaissaient le jeune islamiste.

    Dans une interview à la BBC vendredi soir, Abou Nusaybah, présenté comme un ami d’enfance, a affirmé que le MI5 (services de renseignement intérieur) avait tenté de recruter Michael Adebolajo, l’homme qui a revendiqué le meurtre mercredi dans une vidéo amateur.

    A la sortie du studio d’enregistrement, le jeune homme a été arrêté par la police anti-terroriste, selon la BBC. Pareille interpellation dans les locaux même du groupe audiovisuel public est un fait rarissime.

    La police a confirmé avoir interpellé un homme de 31 ans, soupçonné d’avoir "ordonné ou préparé (...) des actes terroristes". Selon une source proche de l’enquête, l’arrestation n’est cependant pas directement liée à l’affaire du meurtre du soldat Lee Rigby, attaqué à coups de couteau et de hachoir mercredi, un crime pour lequel Michael Adebolajo et Michael Adebowale ont été arrêtés.

    Dans son interview à la BBC, Abou Nusaybah affirme que Michael Adebolajo a été approché à plusieurs reprises par le MI5 après avoir été arrêté au Kenya.

    Il était parti "étudier" dans ce pays d’Afrique de l’Est, qui est aussi la principale porte d’entrée pour la Somalie où opèrent les insurgés islamistes shebab. A son retour à Londres, le MI5 lui "a demandé s’il ne voulait pas travailler pour eux", mais il a refusé, a poursuivi Abou Nusaybah d’une voix posée.

    Ce dernier, dont les affirmations n’ont pas pu être recoupées de façon indépendante, a noté "un changement" dans l’attitude de son ami après son séjour au Kenya, où il aurait pu, selon Abou Nusaybah, avoir subi des violences sexuelles.

    Ce témoignage renforce la pression sur les services secrets et la police britanniques, qui connaissaient les deux suspects mais ne les considéraient pas comme une menace suffisamment sérieuse pour procéder à leur interpellation, selon des sources concordantes. Le Premier ministre, David Cameron, a promis dès jeudi une enquête pour déterminer d’éventuelles failles du système, et un rapport préliminaire doit être rendu la semaine prochaine, a annoncé samedi la commission parlementaire chargée du dossier.

    Mais, comme le souligne un expert, le Français Jean-Pierre Filiu, les actions individuelles de radicaux musulmans sont quasiment impossibles à prévoir. "Quand il s’agit de prendre un couteau de cuisine et de descendre dans la rue, c’est extrêmement difficile, voire impossible, à anticiper", a-t-il déclaré à l’AFP.

    Trois hommes soupçonnés d’être impliqués dans le meurtre du soldat ont encore été arrêtés samedi en fin d’après-midi, a annoncé Scotland Yard.

    Deux hommes, âgés de 24 et 28 ans, ont été arrêtés dans un logement à Londres, tandis qu’un troisième âgé de 21 ans a été interpellé dans la rue, a annoncé Scotland Yard dans un communiqué.

    Des perquisitions étaient également menées samedi soir dans quatre logements du sud-est de Londres.

    Le meurtre de Lee Rigby faisait craindre une hausse des tensions communautaires dans le pays, où la communauté musulmane et le gouvernement ont lancé des appels au calme dès jeudi.

    L’organisation Faith Matters, qui combat l’extrémisme religieux, a constaté une recrudescence récente des incidents contre les musulmans : 162 cas ont été enregistrés au cours des dernières 48 heures, contre quatre à six cas par jour avant le drame, a expliqué à l’AFP son directeur, Fiyaz Mughal.

    Une musulmane a été retrouvée inconsciente après avoir été frappée près de Manchester (nord-ouest), une bouteille enflammée a été jetée sur une mosquée à Bletchley (sud), et plusieurs femmes se sont plaintes d’avoir été agressées verbalement dans la rue, selon la même source.

    Dans ce contexte, la police était sur le qui-vive samedi, où entre 1.500 et 2.100 militants d’extrême droite de la Ligue de défense anglaise (EDL) ont manifesté à Newcastle (nord-est) et à Manchester, sans incidents notables, selon la police. Le rassemblement de Newcastle était prévu de longue date, contrairement à celui de Manchester qui a réuni une centaine de personnes. L’EDL a aussi appelé à une nouvelle manifestation lundi devant Downing Street "en soutien aux forces militaires".

    Les deux meurtriers présumés étaient toujours hospitalisés samedi, après avoir été blessés lors de leur arrestation. Mais des témoignages permettent progressivement de retracer leur parcours, étonnamment comparable : d’origine nigériane, chrétiens, les deux hommes, qui ont grandi au Royaume-Uni dans des familles de la classe moyenne, se sont convertis à l’islam au sortir de l’adolescence. Et leurs familles, inquiètes de leur fréquentation, ont tenté en vain d’intervenir.

    L’université londonienne de Greenwich, où Michael Adebolajo a étudié de 2003 à 2005, a par ailleurs ouvert une enquête pour déterminer si des extrémistes agissaient dans son établissement.

  • Un agent US tue celui qu’il interrogeait au sujet de l’attentat de Boston !

    Un homme a été abattu par le FBI, mercredi à Orlando, en Floride. Il serait lié à l’un des suspects de l’attentat de Boston, Tamerlan Tsarnaev. Ibragim Todashev, 27 ans, a été tué par balle, affirme le quotidien local "Orlando Sentinel". Selon le "New York Times", l’agent FBI était venu pour l’interroger mais il a tiré sur lui SOI-DISANT après avoir été violemment attaqué par le jeune homme.

    Les services secrets se débarrassent d’un témoin gênant !

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