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Mauritanie : en finir avec l’esclavage et l’Etat d’apartheid racial – Mauritanie, Sénégal, Mali et Gambie : en finir avec les castes et le féodalisme, ainsi que toutes les formes d’oppression anciennes et modernes

jeudi 16 mai 2013, par Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed

Mauritanie : en finir avec l’esclavage et l’Etat d’apartheid racial – Mauritanie, Sénégal, Mali et Gambie : en finir avec les castes et le féodalisme, ainsi que toutes les formes d’oppression anciennes et modernes

Les indépendances africaines sont maintenant loin derrière nous et s’il fallait en attendre la fin des oppressions, sociales comme économiques ou politiques, cela se saurait. Des pays en Afrique, il y en a de nombreux et ils diffèrent sur bien des points mais aucun n’a réellement tourné le dos aux anciennes formes d’oppression précoloniales et coloniales, antiques, féodales et bourgeoises. Les villages restent sous la coupe des sorciers. Les peuples restent organisés sur des bases ancestrales aggravées par l’instillation dans ces structures anciennes de l’argent, de l’exploitation, du mépris bourgeois. Les différentes sortes d’exploitation et d’oppression ne se sont pas succédés mais se sont soutenues mutuellement et se sont empilées comme des tas, comme un poids de plus en plus lourd sur les épaules des peuples ! L’arrivée du capitalisme dans les villes et villages d’Afrique n’est venue que comme un poids supplémentaire, pas du tout comme une délivrance du passé…

Il n’y a plus d’illusion à avoir. Le capitalisme ne nous libérera même pas du passé. Quand il le balaie, c’est uniquement dans ses aspects de solidarité ancienne, dans le caractère respectable ou utile qu’il pouvait avoir dans la société d’autrefois. Il n’en reste que la caricature hideuse !

Les Haratines sont encore esclaves en Mauritanie, et même les familles dites de « forgerons », ou d’ « esclaves » qui existent en Afrique de l’ouest subissent encore le poids de la descendance. Il y en a marre des castes, des esclaves et des esclavages, des poids inadmissibles du passé imposé au présent et au futur !

Seule la lutte des masses populaires, des travailleurs, des chômeurs, des jeunes et des femmes, des villes et des campagnes, du moment qu’ils s’organisent pour prendre eux-mêmes les décisions, peut en finir non seulement avec la société d’exploitation capitaliste mais avec un passé qui nous laisse des chaînes insupportables.

Cessons d’admirer l’antiquité africaine faites de multiples sortes d’esclavage, qu’il soit pré-colonial, colonial ou néo-colonial, et donnons une perspective de liberté à l’enfant d’Afrique ! Ne craignons pas de rompre avec le passé, ce qui en reste n’est qu’un masque hideux. La vieille société, dans ce qu’elle avait de positif, est morte depuis belle lurette sous les coups du colonialisme et du capitalisme. Il n’en reste que ce qui opprime, que ce qui blesse, que ce qui divise, que ce qui amène des guerres fratricides. En avant vers la lutte des opprimés unis contre toutes leurs chaînes, contre les racismes, contre les castes, contre les féodaux, contre les exploiteurs, contre ceux qui oppriment et exploitent les hommes, les femmes et les enfants, même si c’est au nom de la tradition, de la caste, de la couleur de la peau, du sexe, de l’âge ou de la religion ! Aucun prétexte pour opprimer et exploiter des êtres humains ! Aucune couverture prétendument respectable à la misère, à la souffrance, au mépris infligés à d’autres êtres humains !

Assez des oppositions entre noirs, blancs et maures ! Assez des oppositions entre nomades et sédentaires ! Assez des oppositions entre castes, entre régions, entre nations, entre hommes et femmes !

Pour en finir avec toutes ces oppressions et cette exploitation, cessons de respecter la classe des oppresseurs comme si elle nous était supérieure. Cessons de croire que d’autres que nous vont nous sauver, nous aider, nous conscientiser, nous développer, organisons-nous en tant qu’opprimés sans distinction de sexe, de caste, d’origine, d’ancêtres, de nationalité, de région.

Organisons-nous en tant qu’opprimés et exploités tous unis dans des comités chargés de construire une nouvelle société et l’avenir nous appartient ! Nous sommes objectivement unis par delà les différences de toutes sortes et il nous reste à en prendre conscience et à en tirer les leçons politiques et sociales : à préparer un autre avenir que celui du capitalisme en plein déliquescence. Sans suppression de l’esclavage capitaliste, nous ne supprimerons aucune forme ancienne d’esclavage, de servage, d’oppression car il les soutient toutes...

Il arrive que des dirigeants politiques des bourgeoisies africaines se réclament des liberté-égalité-fraternité de la révolution française de 1789-1793, affirment que leur programme prévoit la suppression de formes ancestrales d’oppression, et déclarent qu’une fois arrivés au pouvoir ils mettront en œuvre des changements radicaux libérant les opprimés. Cela signifie surtout qu’ils comptent sur le pouvoir d’Etat pour éradiquer ces anciennes formes d’oppression alors que la bourgeoisie française de sa période révolutionnaire s’est appuyée sur des masses populaires elles aussi révolutionnaires pour s’attaquer à la féodalité, au servage, aux privilèges de la noblesse, et y compris à l’église catholique. Sans l’aide des masses populaires, la bourgeoisie française n’aurait jamais pu supprimer le féodalisme et battre la noblesse et encore moins changer les bases de la société française. Et ce qui caractérise la bourgeoisie mondiale s’est son incapacité depuis longtemps à prendre réellement la tête de masses populaires armées et organisées sur leurs propres bases, à leur propre initiative. C’est le cas de la bourgeoisie européenne depuis 1848, de la bourgeoisie russe depuis 1905 et de la bourgeoisie mondiale depuis 1914. Cette incapacité ne vient pas du fait que les bourgeois français de 1789 auraient été plus audacieux, moins peureux, plus idéalistes, plus généraux ou universalistes. Non, ils agissaient seulement dans le sens de leurs intérêts de classe dans une période où leur classe était placée par le développement historique à la tête des transformations et des aspirations générales des peuples. C’est le contraire aujourd’hui. La bourgeoisie sait, même si les travailleurs ne le savent pas, que la classe travailleuse est amenée par tout le développement historique à se porter à la tête de tous les opprimés. Elle craint donc les révolutions comme la peste et les hait plus qu’elle ne déteste les freins que pourraient être les restes anciens des vieilles sociétés. Croire qu’une bourgeoisie pourrait à nouveau comme la bourgeoisie française de 1789-1793 s’attaquer à la féodalité et à l’église reviendrait imaginer en Afrique une bourgeoisie sénégalaise voulant supprimer la caste religieuse des Mourides ou une bourgeoisie saoudienne prétendant supprimer la caste religieuse qui vit de son monopole sur la Mecque. C’est parfaitement absurde.

Il n’y a pas et il n’y aura pas de dirigeants bourgeois révolutionnaires, pas plus en Afrique qu’ailleurs.

Avec la variété des régimes politiques, des situations économiques, des Etats, des partis et gouvernements, l’Afrique indépendante a réussi au moins une chose : faire la démonstration que les bourgeoisies africaines sont totalement incapables de débarrasser la société des oppressions du passé. Instables, dépendantes, corrompues, insatiables, ces bourgeoisies dernièrement arrivées sur le marché du capitalisme ont sans cesse recours aux anciennes divisions pour régner.

Autant le capitalisme a eu besoin d’appuyer son exploitation sur toutes les divisions et oppressions du passé, autant la lutte contre toutes ces oppressions nécessite la lutte contre le capitalisme et surtout la lutte pour mettre fin mondialement à ce système.

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  • Au Mali, l’esclavage est un tabou absolu, un abcès qui ronge la société. A l’exception de quelques ethnies du Sud, il se pratique encore dans quasiment toutes les communautés. Les chiffres sont effarants. "Il y a au moins 300 000 esclaves à part entière dans le pays, assure Naffet Keïta, anthropologue à l’université de Bamako et directeur de l’ouvrage L’Esclavage au Mali (L’Harmattan, 2012). Mais, en incluant les descendants et les affranchis, méprisés en raison de leurs origines, la question concerne plus de 850 000 personnes, soit près de 7 % de la population (14,5 millions d’habitants)." Au terme de plusieurs mois d’enquête de terrain, Naffet Keita est parvenu à esquisser une géographie régionale de l’ampleur du problème : de 30 à 35 % de la population autour de Tombouctou (nord du pays), 30 % à Mopti (centre), 20 % à Gao (nord-est), de 12 % à 15 % à Kayes (ouest)...

    Ce phénomène, ancré depuis des siècles, est qualifié d’"esclavage par ascendance" : "La condition servile se transmet par la mère, poursuit l’anthropologue. Tout enfant né d’une femme esclave le sera à son tour, quel que soit le statut de son père." Ainsi, de génération en génération, ces enfants deviennent les serviteurs des descendants du maître. Ils sont leur propriété, à l’instar d’un animal ou d’un objet. Certes, ils sont assimilés culturellement - les Bellahs parlent tamacheq, la langue touareg ; les Harratines sont arabophones ; les Dyons connaissent le bambara... - et vivent auprès de leurs maîtres, mais ils n’ont aucun droit. "L’esclave ne possède rien, n’hérite de rien, reprend Intamat ag Ikadewan, le "sauveur" de Bellahs. Il ne peut pas se marier librement et ses enfants peuvent lui être pris à tout moment." Il y a aussi les brimades, les humiliations, les mauvais traitements. Sans compter les coups, parfois mortels, le droit de cuissage et les viols.

  • Vue de loin pour bien des gens, la Mauritanie apparaît comme un pays tranquille, calme, sans problème majeur, stable même aux dires de ses dirigeants. C’est une image trompeuse qui égare bien des observateurs ; la Mauritanie est un pays complexe, secret, un volcan endormi, qui couve une crise interne découlant des relations d’équilibre intercommunautaire, aujourd’hui rompues.

    Cette perception première, trompeuse à souhait, est due au fait qu’à l’image de beaucoup de pays africains depuis le discours de la Baule, la Mauritanie, elle aussi, dispose de sa " démocratie". Avec une constitution (sur mesure) des partis politiques qui foisonnent, une presse écrite dite "indépendante" mais je préfère dire "presse privée" et de temps à autre, un simulacre de compétition électorale, pour compléter le tableau ; ce sont bien là des attributs, pour qui n’est pas averti, d’une parfaite démocratie, et l’on se croirait dans un pays où tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

    Nos plaintes et nos réserves à l’endroit de notre"démocratie" mauritanienne ne seraient pas alors comprises. Et pourtant ! La Mauritanie recouvre une tout autre réalité, dissimule une face cachée de démocratie raciale !
    Telle est la réalité que bien des gens ne comprennent pas. Et pour la faire comprendre il nous faut faire un détour, un long détour, remonter quelque peu le cours de l’histoire récente du pays .

    Il est nécessaire de rappeler que la Mauritanie est un Etat conventionnel, artificiel, créé de toutes pièces pour les besoins du colonialisme français en 1904, je vous fais l’économie de la géopolitique de l’époque. La France, par sa volonté, décida donc de faire coexister, dans un même espace, deux communautés, arabo-berbère et négro-africaine, deux communautés, il faut le souligner, qui s’étaient forgées chacune au cours de l’histoire dans un espace autonome, régies par des pouvoirs politiques spécifiques, indépendantes l’une de l’autre. Elles entretenaient naturellement, du fait de la proximité, des relations tantôt amicales, le plus souvent heurtées à cause des incessants rezzous maures opérés, pillant et capturant la population des villages à des fins d’esclavage (origine, entre autres, de la composante haratine actuelle).

    Depuis l’indépendance, nos chefs politiques, incapables de se départir de l’esprit partisan, tous issus du milieu maure, se sont attelés sans relâche à développer,tour à tour, des politiques qui, loin de forger la nation encore inexistante, ont conduit à des crises cycliques, répétées, à une déchirure profonde entre les deux communautés.
    Par ces politiques nocives développées au fil des années et des régimes que guidait un système inique, on mit en place un apartheid déguisé. Je dis déguisé car on le chercherait en vain dans les textes institutionnels alors qu’il existe partout, pour peu qu’on observe.

    Le racisme d’Etat est partout

    Cette discrimination raciale commença d’abord feutrée, subtile, insidieuse, pour un projet qui allait devenir obsessionnel : construire une Mauritanie exclusivement arabe !
    Pour ce faire, des mécanismes furent mis en oeuvre pour que l’Etat soit la"chose" des arabo-berbères ; progressivement, au rythme des résistances qu’opposaient les négro-Africains, ont fit de sorte que les Arabo-Berbères contrôlent la réalité du pouvoir politique et économique, la justice, l’éducation, l’armée.
    La diplomatie ne sera pas en reste ; à l’extérieur , il faut afficher l’image d’une Mauritanie arabe par la composition des délégations, le discours et les clichés culturels, il faut gommer totalement l’autre "personnalité" de la Mauritanie. Évidemment, pour masquer la nature discriminatoire des régimes, on va saupoudrer un peu quelques nègres de service, sans responsabilité aucune, personnalités aux genoux tremblants, figurines sans aucun pouvoir de décision !
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    Un des rouages essentiels de cette machine à discriminer fut l’usage qu’on fit de la langue arabe.Cette langue, introduite très tôt dans le système éducatif... à des fins" d’indépendance nationale", disait le discours officiel ! Vaste supercherie, qui visait en fait à cacher des motivations sordides. On lui fit jouer un rôle non pas d’intégration, non pas d’épanouissement pour tous, mais d’ instrument de sélection et de discrimination dans l’emploi et l’éducation pour éliminer les négro-Africains. Les enfants négro-africains commencèrent à échouer massivement. Ce fut la période où il y eut un raz-de-marée sans précédent de cadis, de magistrats, d’enseignants, des centaines de jeunes sautant à pieds joints dans le système, sans aucune formation, et dont le seul critère de recrutement imposait un passage par l’école coranique. Comme si passer par cette école entraînait automatiquement les compétences et les capacités requises ! Un vrai gâchis au plan national, à la base de l’impasse et de la déchéance actuelle du système éducatif.

    Ce fut donc le prélude à la rélève des négro-Africains, le commencement de leur marginalisation massive, qui allait se poursuivre et atteindre son apogée avec l’avènement du colonel Taya .

    Bien entendu, au fur et à mesure des réformes impopulaires et imposées, des réactions d’hostilité ne manquèrent pas de s’exprimer du côté négro-africain. Les réformateurs marquaient alors un temps d’arrêt ; en fins stratèges ils donnaient du mou à la ligne, pour laisser passer l’orage, et obstinément le projet était poursuivi.

    Beaucoup d’observateurs, se méprenant alors sur le sens de ces crises, les présentaient, à tort, comme des crises inter-ethniques, comme si les communautés arabo-berbère et négro-africaine se dressaient, par animosité, l’une contre l’autre. Ce ne fut jamais le cas. Ces crises étaient à l’image de ce qui se passait au Kwazulu-natal du temps de Botha. Elles étaient orchestrées par nos dirigeants à des fins politiques, ils les exploitaient alors à chaque fois et judicieusement ; ils les présentaient, en milieu maure, comme des menaces graves aux intérêts et acquis maures, de manière à créer autour d’eux un consensus. Ce fut le cas pour les évènements de 1966, de 1987 et de 1989 pour ne citer que les plus graves et les plus douloureux.

    Ce n’est pas par hasard si la déportation de 120 000 noirs mauritaniens au Senégal et au Mali ne suscita que peu d’émoi du côté des intellectuels et de la classe politique beydane, où l’on remarquait un silence assourdissant.
    Si, par ailleurs, des blancs risquèrent leur vie ou se firent pendre (aux USA avec l’underground) pour la cause des faibles, ce ne fut pas le cas en Mauritanie pendant ces terribles déportations. Seuls quelques jeunes du Mouvement des démocrates indépendants (MDI) allaient faire exception. Or, j’ai toujours eu le sentiment que l’intellectuel ressemblait davantage à Zola qu’à Gobineau ou Goebbels, et qu’il ne pouvait rester sans rien faire, sans rien dire devant l’injustice.

    Pourquoi un tel silence ? Le régime du colonel-président avait-il réussi à les convaincre ?

    C’est là du reste une dimension, entre autres, qui rend malaisée la recherche d’une solution au problème, au regard de l’ambiguïté de ces formations politiques sur notre question nationale. Certaines formations, si elles ne nient pas purement et simplement l’existence du problème, le réduisent à une simple question linguistique, ou de violation des droits de l’homme. A les entendre il suffirait, pour tout régler, que les déportés reviennent. Le débat, en général, dans l’opposition politique, au lieu de se focaliser sur les vrais problèmes, tourne hélas autour de questions périphériques.

    En tout état de cause, ces déportations planifiées, aux relents de nazisme, avaient des motivations sordides.

    Il s’agissait de profiter du "conflit" avec le Sénégal pour tenter de "dénégrifier" le pays, car le taux d’accroissement important des négro-Africains est devenu une hantise, au point que tous les résultats des recensements démographiques (par ethnie) sont tenus secrets et ceci depuis 1960 !

    Il s’agissait aussi de saisir cette occasion pour faire passer enfin une réforme foncière qui rencontrait une forte résistance en milieu négro-africain, pour servir des intérêts inavoués. La déportation, justement, permit de redistribuer la terre, et les terres de ces réfugiés en exil forcé au Sénégal, comme s’ils ne devaient plus jamais revenir !

    Il s’agissait enfin de frapper les esprits en sévissant durement et partout pour intimider, afin de décourager à jamais toute velléité de résistance, en décapitant la seule force politique organisée que sont les FLAM, de manière à neutraliser l’avant-garde éclairée de la contestation du projet hégémonique. Dans le feu des événements allait surgir une quatrième raison : récupérer le bétail peulh ( 150 000 bovins ) pour compenser les pertes matérielles subies par les Maures rapatriés du Sénégal.

    Pour se venger du Sénégal voisin, les autorités mauritaniennes allaient se rabattre, sans remords, sur leurs propres citoyens qu’elles spolièrent et dépossédèrent pour les chasser ensuite comme de "vulgaires étrangers". Quelle ignominie !

    Et dire que l’Afrique se tait devant ces actes barbares, ici et au Soudan ! Et qu’à côté, on garde un silence, à la limite de la complicité. Mais revenons après cette digression, que j’ai crue utile, au fil chronologique de notre marginalisation.
    Ainsi donc, au fil des années et des régimes guidés par un même projet, la discrimination raciale allait s’accentuer, pour s’afficher violemment dans les années 1980. Si, avec les premiers régimes, un peu plus futés, elle fut feutrée, sous le règne du colonel Taya qui, lui, ne s’embarrassera pas de scrupules, les négro-Africains passeront de l’état de marginalisation à l’exclusion totale ouvertement déclarée, dans laquelle il faut replacer les déportations évoquées plus haut.

    Le colonel Taya allait, le premier, donner le cadre juridique de notre élimination par une constitution qui imposerait désormais la langue arabe comme seule langue officielle. Mesure certainement légitime pour la communauté arabo-berbère, mais injuste pour les négro-africains de l’aveu même de Hamid El Mauritanyi, connu sous le nom de Mohamed Ould Cheikh, ancien ministre de la Défense de Daddah, qui disait : " Vouloir que ceux qui savent à quoi s’identifier abandonnent leurs valeurs propres pour être embrigadés dans l’aventure de ceux qui se cherchent une identité est non seulement de l’arbitraire, mais d’une politique culturelle imbécile."

    Les plans d’ajustements structurels du FMI, arrivant à point nommé, servirent pour vider l’administration des négro-Africains, surtout. Résolu, par une répression physique et mentale féroce, sans tergiverser comme ses prédécesseurs,Taya allait, à marche forcée, consolider le système et afficher l’option désormais déclarée d’une Mauritanie exclusivement arabe. " La Mauritanie n’est pas en voie d’arabisation, c’est un pays arabe", devait-il déclarer à Jeune Afrique en janvier 1990.

    J’avais besoin de ce détour pour montrer les conditions prévalant en Mauritanie, à la veille de la fameuse démocratisation... pour que l’on comprenne que la Mauritanie n’a pas été et n’est pas comme les autres pays africains que balaie le vent démocratique.

    Ici, on a affaire à une minorité arabe qui, pour pérenniser son pouvoir, abuse de l’Etat et use d’une politique à soubassement idéologique pour assimiler et asservir les autres composantes culturelles, une minorité qui confisque le pouvoir depuis près de quarante-cinq ans, qui ne veut ni l’abandonner, ni le partager.

    Le contexte dans lequel arrivent notre"démocratie" et le "coup d’Etat " du 3 août 2005, c’est celui-là.

    Notre "démocratie" arrive donc et se plaque sur cette triste réalité qu’elle recouvre, intacte, sans rien changer, se muant ainsi en une "démocratie raciale", à la manière de l’antique Afrique du Sud ; il suffit de gratter un peu pour découvrir derrière le racisme le plus hideux, l’exclusion la plus brutale, l’esclavage le plus primaire.

    Maintenant, vous pouvez comprendre pourquoi les négro-Africains se plaignent (légitimement de leur "démocratie"... qui n’est pas comme les autres.

    Nous ne nous sentons pas concernés par cette pseudo-démocratie qui nous exclut, nous avons cessé de croire en notre" Etat ", on a fait de nous des spectateurs passifs du jeu de compétitions électorales réservées... aux citoyens (blancs) à part entière. Du reste, on tend de plus en plus à une bipolarisation raciale du champ politique. En Mauritanie, on est dans une phase en-deçà de ces démocraties, même tarées, qu’on retrouve ailleurs, et que nous envions, et pour cause ! Nous sommes, nous, négro-Africains, au stade où nous luttons pour notre survie, pour notre reconnaissance en tant que citoyens, en tant qu’hommes simplement, dans un milieu hostile où l’homme voue l’homme au racisme et à l’esclavage.

    Notre "démocratie" est assise sur la tête qu’il faut redresser.
    J’ai le sentiment qu’on a mis les charrues avant les boeufs, et qu’il n’est pas encore trop tard pour bien faire. Il est temps de comprendre que l’exclusion est en soi économiquement mauvaise, socialement corrosive, politiquement explosive.
    Comprenons qu’une " nation dispersée, battue, humiliée peut (heureusement) toujours se rebeller contre son sort et revenir à la vie". Tentons dès à présent de sortir de ce cul-de-sac qui, tout le monde le sait, ne mène nulle part. Pour en sortir, il faut, à mon avis, une attitude, un climat et des conditions.
    Une attitude courageuse, d’ouverture sincère et de reconnaissance du problème de fond.
    Un climat de décrispation sociale grâce à un train de mesures positives à l’endroit de tous ceux qui, victimes et blessés dans leur chair, ont subi des préjudices matériels et moraux. La sanction des crimes commis pour rendre leur dignité aux victimes, à leurs veuves et à leurs enfants. Je crois qu’il faut se parler, car ce formidable potentiel de révolte enfouie commence à gronder. Il serait erroné de croire que vingt années de calme plat peuvent exclure toute éventualité de soulèvement populaire.

  • En Mauritanie, l’esclavage sévit encore de nos jours dans le Nord et le Centre ou l’on trouve encore des enfants objets de rapt ou parfois de vente hors de la Mauritanie vers les pays arabes.

    Ici encore, on prête ou on loue un « Homme » soit pour travail servile, soit comme étalon pour féconder des femelles-esclaves, propriétés d’un autre maître.

    Ici les esclaves ne se marient qu’en fonction du besoin du maître : les enfants sont séparés de la mère vers l’âge de deux ans, et appartiennent au maître ; ils peuvent être mutilés en cas de « fautes graves ».

    Les Haratines ou abid (esclaves) son ceux qui font tout et n’ont droit à rien, privés jusqu’au droit à l’héritage de leurs ascendants : les maîtres ceux qui ne font rien et ont droit à tout ! Il y a lieu de rappeler ici que par trois fois l’esclavage a été aboli « officiellement »... en vain !

    Quand nous parlons de l’esclavage en Mauritanie le pouvoir mauritanien crie au « complot international ourdi par le monde occidental et leurs »valets« (que nous sommes parait-il) contre le monde arabe et le monde musulman ». Quand un voleur crie au voleur imaginez la réaction des passants ! Les accusations fantaisistes du régime mauritanien nous laissent de marbre.

    Parfois pour faire bonne presse auprès de ce monde occidental, considéré comme « ennemi » du monde arabe et musulman, on fait appel à la fameuse loi et ordonnance numéro 81.234 du 9 novembre 1981, une loi scélérate qui stipule dans son article numero 2 : « conformément à la charria, cette abolition donnera lieu à une compensation au profit des ayant-droits » en termes clairs pour se libérer l’esclave qui a été exploité, assujetti, maltraité, doit indemniser son maître ! Quelle monstruosité ! C’est sur cette loi inique que se fonde le régime mauritanien et ses thuriféraires pour clamer haut et fort un peu partout que l’esclavage est abolie en Mauritanie ! Quand nous qualifions la Mauritanie, de pays d’Apartheïd, certains nous accusent d’exagérer ! et pourtant cette loi « d’abolition » montre bien que chez nous c’est pire que l’Apartheïd sous l’ancienne Afrique du Sud.

  • Les Haratines sont encore esclaves en Mauritanie, et même les familles dites de « forgerons », ou d’ « esclaves » qui existent en Afrique de’ouest subissent encore le poids de la descendance. Il y en a marre des castes, des esclaves et des esclavages, des poids inadmissibles du passé mposé au présent et au futur 

  • En avant vers la lutte des opprimés unis contre toutes leurs chaînes, contre les racismes, contre les castes contre les féodaux, contre les exploiteurs, contre ceux qui oppriment et exploitent les hommes, les femmes et les enfants, même si c’est au nom de la tradition, de la caste, de la couleur de la peau, du sexe, de l’âge ou de la religion ! Aucun prétexte pour opprimer et exploiter des êtres humains ! Aucune couverture prétendument respectable à la misère, à a souffrance, au mépris infligés à d’autres êtres humains 

  • « J’AVAIS sept ans. Mon maître m’a attaché les mains au poteau de la tente, mes pieds ne touchaient plus le sol. A chaque fois que j’essayais de remonter les genoux, mon maître me frappait le bas du dos. Très fort. Pendant deux heures, j’ai hurlé. Ma mère et mon oncle étaient là, mais ils n’ont pas osé bouger. » En montrant ses moignons, Jebada pleure. Cinquante ans après, l’ancienne esclave a toujours mal.

    Autour de la vieille femme, dans ce cabanon désolé d’un bidonville de Nouakchott, capitale de la Mauritanie, les visages sont calmes. Sa souffrance, ici, tous l’ont vécue. Le vieux Brahim, solide et rugueux, lève la voix. Il rit de bonheur en expliquant comment, après avoir fui ses maîtres, il a chassé leurs enfants. « Ils étaient pauvres, j’avais accepté de les héberger, pensant qu’ils deviendraient des amis. Mais, quand ma mère est morte, ils ont réclamé ses trois chèvres et son sac de charbon. Rien n’avait changé. » Maalouma, fière jeune femme de vingt-cinq ans, raconte sa découverte, aux champs, des mouvements clandestins de lutte contre l’esclavage. Sa fuite, il y a trois ans. Et son militantisme, depuis lors. Maouloud, lui, pensait qu’en s’engageant dans l’armée il deviendrait l’égal de tous. Peine perdue. « Même là-bas, je restais l’esclave de service. »

    De ce tiers de population refoulé et misérable, de ces Maures noirs qu’on appelle, ici, les « haratines », aujourd’hui encore on oublie de parler, eux qui sont vendus, prêtés, donnés par les Maures blancs. Les véritables maîtres du pays.

    Le colonisateur français a toujours fermé les yeux sur cette pratique. Et, depuis l’accession du pays à l’indépendance le 28 novembre 1960, deux abolitions successives n’ont pas changé grand-chose. La première, implicite, est inscrite dans la Constitution de 1961, qui proclame l’égalité de principe de tous les citoyens. La dernière, qui date du 9 novembre 1981, tient en une ordonnance : « L’esclavage, sous toutes ses formes, est aboli définitivement... », dit son article premier. Et l’article 2 ajoute : « Conformément à la charia, cette abolition donnera lieu à une compensation au profit de ses ayants droit. » Autrement dit, de ses anciens maîtres.

  • Le président de l’Initiative de résurgence de l’abolitionnisme (IRA) Biram Ould Abeid Ould Dah a entamé lundi une « grève de la faim illimitée » dans sa prison à Aleg (260 kilomètres l’est de Nouakchott), a annoncé IRA dans un communiqué à Nouakchott.

    Le vice-président d’IRA, Brahim Ould Bilal, et le militant négro-mauritanien Djibi Sow, président de l’ONG Kawtal, se trouvant dans la même prison, participent également à cette grève de la faim, a ajouté le communiqué.

    Les 3 hommes avaient été condamnés, le 15 janvier dernier, à deux ans de prison ferme par le tribunal de Rosso (200 kilomètres au sud de Nouakchott), notamment pour désobéissance à la force publique et tentative de trouble à l’ordre.

    Ils venaient de participer à une caravane de sensibilisation sur « l’esclavage foncier » en Mauritanie.

    Selon IRA, les trois codétenus subissent de « mauvais traitements et des violations » et se trouvent dans des « conditions dégradantes qui ne siéent pas à leur statut de dirigeants d’organisations de droits de l’homme ayant décroché les plus hauts prix mondiaux » dans ce domaine.

    Ould Dah dont l’organisation n’est pas reconnue par les autorités mauritaniennes a obtenu le prix des Nations Unies des droits de l’Homme 2013 pour son « combat non violent contre l’esclavage en Mauritanie ».

    IRA a par ailleurs organisé un sit-in lundi devant le ministère de la justice à Nouakchott pour réclamer la libération de ses dirigeants.

  • Boubacar Messaoud, a former slave who became one of the country’s most prominent anti-slavery campaigners, has lost track of how many times he has been arrested by the authorities for his activism – at least five or six, he says, including once when he was imprisoned for more than three months.

    Jail is still used as a weapon against the anti-slavery movement. Mauritania’s most famous campaigner, Biram Dah Abeid, and one of his comrades, Brahim Bilal, are currently in the second year of a two-year prison sentence. They were arrested while leading a peaceful protest in a convoy of cars driving across a rural district. Another activist, Mr. Touré, has been arrested several times and once spent 40 days in prison.

    Their organization, the Initiative for the Resurgence of the Abolitionist Movement (IRA), is considered illegal, and the authorities have closed and padlocked its offices in Nouakchott, the capital city. Diagonal black lines have been painted across its walls to warn away anyone who seeks its help.

    “We’re used to this pressure,” Mr. Touré shrugs. “It’s normal. We were a little scared in the past, but now we don’t care.”

    Many of the anti-slavery activists are themselves the descendants of slaves, although they have been joined by a few members of the Arab-Berber group and other minorities. Mr. Touré grew up with many Haratin friends and was shocked to see the treatment of the Haratin when he travelled around Mauritania for his job as an agricultural consultant. He visited small oasis towns in the desert where a single Arab-Berber landowner would control all the land, while a hundred Haratin residents would need his permission to get water to drink. It angered him so much that it spurred him into activism.

    Mr. Messaoud works with another group, SOS Slaves, and describes Mauritania as an essentially feudal society, dominated by an Arab-Berber elite. Mauritanian religious leaders have often followed a series of ancient Islamic interpretive texts, written from the eighth to 14th centuries, which legitimize the practice of slavery.

    Most judges in the country belong to this elite, and many have been influenced by the ancient texts, which anti-slavery activists maintain are illegitimate and outdated. Some even possess slaves, so they are reluctant to take action, Mr. Messaoud says.

    The elite’s wealth, too, depends on the unpaid labour of their slaves. Although there are vast mineral resources buried in its desert sands, Mauritania is one of the world’s least-developed and most unequal countries, ranking 161st of the 187 countries on the UN’s human-development index.

    While the urban elite are affluent, most of the population lives in poverty, and hunger is widespread among the rural poor. The government is authoritarian and military-dominated, following a 2008 coup and subsequent stage-managed elections. But it benefits from Western military support because it is seen as a reliable bulwark against Islamist radical groups in neighbouring countries.

    What is most disturbing, Mr. Messaoud says, is the psychology of slavery that persists across the entire society, including among slaves themselves. Inculcated with such traditional beliefs as seeing slavery as God’s will, they often refuse to leave their “masters” when outsiders try to rescue them. Barred from attending school, usually illiterate, and isolated from society, they know no other life than slavery and often find it shameful to leave their master’s household. Some insist on getting a police document to “prove” that they can leave. “Even the slaves deny the existence of their own slavery, because they don’t want to alienate themselves from their master’s family,” Mr. Messaoud said in an interview in Nouakchott.

  • Some activists, led by Mr. Abeid, have turned to direct confrontation – protest rallies, hunger strikes, attempts to rescue slaves, even the public burning of traditional religious texts that justify slavery – because of their impatience with the government’s complacency.

    Despite the laws and promises, there is no sign of urgency among the governing elite. One senior official, speaking on condition of anonymity because he was unauthorized to give interviews, insisted that the criticism of slavery is “out of proportion.” The issue can be “solved through dialogue,” he said.

    Asked why Mr. Abeid was imprisoned, he replied : “His fight is right, but his methods are wrong. He is pouring oil on the fire of ethnic divisions.”

    The government’s promise of “dialogue” is an empty one, the activists say. If dialogue were possible, they ask, why are the police arresting people at peaceful anti-slavery protests, while ignoring cases of slavery that are brought to their attention ?

    Mr. Touré recalls a sympathetic police chief who agreed to investigate a slave-owner. The owner claimed the enslaved woman was his sister, but the police chief knew that to be false. He had the man taken into custody for two days – but then the slave-owner disappeared from his locked cell during the night, clearly with the support of local authorities.

  • La Cour d’appel de Zouerate (nord) a acquitté trois des militants de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA, ONG anti-esclavagiste), en a condamné sept autres à quatre mois de prison ferme, qu’ils ont déjà purgés, a-t-on précisé. Deux des trois restants ont écopé de trois ans ferme et le dernier de six mois.

    C’est le résultat du procès en appel de 13 militants anti-esclavagistes mauritaniens jugés pour participation à une manifestation violente contre l’évacuation forcée d’un bidonville...

  • Le 29 avril 2017 dans les rues de la capitale mauritanienne, s’est tenue la 4ème manifestation du mouvement pour la reconnaissance des droits de la communauté Haratine toujours victime d’un esclavage féodal. En arabe, Haratine est le pluriel de Haratni qui signifie littéralement l’affranchi, le libéré. Le terme désigne les Mauritaniens noirs (Peul, Soninké et Wolofs) descendants d’esclaves au service de la communauté arabo-berbère, dite des Maures blancs.

    L’esclavage a pourtant été aboli quatre fois en Mauritanie, un record mondial. D’abord sous la colonisation française en 1905, une seconde fois par la junte militaire au pouvoir en 1981, puis en 2007 où la pratique de l’esclavage devient un crime . En 2015, le parlement pénalise de 10 à 20 ans de prison les maîtres et complices d’esclavage, désormais reconnu comme crime contre l’humanité. Mais les associations dénoncent la mauvaise foi et le manque de coopération des autorités locales et nationales dans l’application de ces lois. Preuve en est la résolution votée en octobre 2016 par la Commission africaine des droits de l’Homme condamnant l’Etat mauritanien pour « connivence avec les milieux esclavagistes ».

    Selon le Président Mohamed Ould Abdel Aziz seules « quelques séquelles » subsisteraient de ce phénomène (Conférence de presse à Nouakchott le 6 mai 2015).

    Récompensé par le prix des droits de l’Homme de l’ONU en 2013, alors qu’il est en détention, Biram Dah Abeid est petit-fils d’esclave. Président de l’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA), il multiplie les actions pour dénoncer « un gouvernement dans le déni et des lois vide de sens ». Le message de l’IRA est clair : pour lutter contre l’esclavage, il faut commencer par reconnaître son existence.

    Aux élections présidentielles de 2014, à la faveur du boycott de l’opposition, le leader abolitionniste est arrivé deuxième (8%) derrière le président Abdel Aziz (81%). A peine rentré de sa tournée internationale début mai 2017, celui qui est devenu un opposant politique est interpellé et placé sous surveillance. Cinq membres de l’IRA ont été arrêtés en marge des manifestations du 29 avril. Récemment nommé dans le top 100 des personnalités les plus influentes de l’année 2017 par le célèbre magazine TIME, Biram Dah Abeid est en phase de devenir le principal challenger des élections présidentielles de 2019.

    Lorsque l’on parle d’esclavage en Mauritanie il ne s’agit pas d’esclavage « moderne » mais bien féodal. Comme l’explique Biram Bah Abeid dans une récente interview pour Libération, il s’agit d’un esclavage mental, sans chaînes. Les enfants d’esclaves naissent esclaves et sont la propriété de leur maîtres qui ont droit de vie, de mort ou d’usage de leur corps sans limite. Dans la coutume arabo-berbère il est ainsi fréquent de recevoir un esclave en cadeau de mariage ou de naissance. La scolarisation leur est refusée, ils ne sont là que pour s’occuper du camp, des pâturages et de leurs maîtres. Selon l’ONG Walk Free 150 000 personnes, soit 4% de la population mauritanienne, subissent cette situation de servitude totale. Omniprésente dans le secteur informel, la communauté est la plus impactée par le chômage, la misère et l’analphabétisme. Le Manifeste explique ainsi que la communauté concentre 80% des 1 400 000 personnes les plus pauvres et 85% des analphabètes du pays. Dans le monde rural les inégalités sont les mêmes. La politique de discrimination foncière traditionnelle à l’égard des Haratine a été telle que 90% des petits paysans sont sans terre.

    Dans les villes, la majorité d’entre eux vit dans la kebba (bidonville (littéralement « dépotoir »)) et se voit souvent refuser l’accès aux études, à l’armée et aux postes dans l’administration mauritanienne. Représentant près de 50 % de la population, les Haratine constituent la première communauté du pays. Mais le manque d’Etat civil pour les personnes en situation de servitude ou descendantes d’esclaves fausse cruellement les campagnes d’évaluation de l’ampleur de la discrimination raciale en Mauritanie.

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