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Les mineurs sud-africains de Marikana font une grève sauvage.

dimanche 19 mai 2013, par Robert Paris

Les mineurs sud-africains de Marikana font une grève sauvage.

Par Patrick O’Connor

Des milliers de travailleurs de la société Lonmin à Marikana en Afrique du Sud ont lancé une grève de protestation contre le meurtre, de type exécution, d’un responsable de l’Association du syndicat des mineurs et travailleurs de la Construction (AMCU).

Les gréviste sont adhérents de l’AMCU, bien que le syndicat ait nié avoir organisé cette grève sauvage. La grève devrait durer jusqu’à au moins jeudi, après une cérémonie à la mémoire du responsable syndical. Des travailleurs seraient allés à la mine hier mais auraient refusé d’y descendre. Plusieurs centaines d’entre eux ont bloqué des routes et se sont rassemblés à l’endroit du massacre perpétré par la police, en août dernier, où 34 mineurs grévistes ont été assassinés.

Des travailleurs ont agité des bâtons à proximité des véhicules de la police et ont chanté : « La police ce sont des chiens. Qu’ils dégagent ». Ils ont aussi scandé : « A bas le NUM, nous allons le détruire aujourd’hui. »

Les travailleurs revendiquent la fermeture du local du Syndicat national de mineurs (NUM) de Marikana. Le NUM, affilié au Congrès national africain (ANC), est méprisé parmi les mineurs à cause des longues années où il a imposé les exigences des sociétés minières et de son rôle dans l’instigation et la défense du massacre par la police de l’année dernière. « Nous sommes là pour exiger le départ du NUM de la mine » a dit le gréviste Mandisi Dlamini à l’AFP. « Ils ne sont plus le syndicat majoritaire mais Lonmin les soutient. Ils se servent de fusils pour tuer les nôtres qui sont membres de l’AMCU et Lonmin les protège ».

Samedi dernier, l’organisateur syndical Mawethu Steven a été tué après avoir été attaqué par quatre hommes qui lui ont tiré dessus quatre fois avec un pistolet de 9mm. Il devait témoigner à l’enquête judiciaire qui instruisait le massacre de Marikana. Des représentants de l’AMCU ont dit qu’ils ne savaient pas ce que Steven allait dire à l’enquête, mais ont expliqué qu’il avait reçu plusieurs menaces de mort.

De nombreux travailleurs ont tout de suite accusé le NUM. Deux hommes ayant des connections avec le NUM ont été tués quelques heures seulement après le meurtre de Steven dans ce qui, selon les médias locaux, était une attaque de représailles. Le NUM a nié toute responsabilité dans la mort de Steven. Un porte-parole du syndicat, Lesiba Seshoka, a soulevé le spectre d’un nouveau massacre policier, en déclarant : « Ce qui nous préoccupe le plus, c’est que ceci pourrait accroître la violence. Ca pourrait dégénérer en ce qui est arrivé à Marikana l’année dernière ».

Un représentant du COSATU, (Congrès des syndicats sud-africains), Dumisant Dakile, a demandé publiquement que le Ministre de la Sécurité de l’Etat Siyabonga Cwele intervienne de nouveau pour réprimer les travailleurs de Marikana. « Il faut qu’ils puissent mobiliser toutes les ressources pour assurer le calme dans cette localité. » a déclaré Dakile.

Les principaux syndicats et le gouvernement sont en train de créer les conditions pour un nouveau massacre. Le porte-parole national de l’ANC Jackson Mthembu a déclaré que le gouvernement ne permettrait pas que Marikana « dégénère en une zone de non droit ». Il a insisté pour que « les forces de l’ordre agissent avec détermination et urgence pour que les gens qui sont impliqués dans ces crimes soient traduits en justice ».

Au début du mois, lors d’un rassemblement du premier mai, Cyril Ramaphosa, vice président de l’ANC et ancien dirigeant du NUM, a déclaré que Rustenburg, principale ville de la « ceinture de platine » du nord-ouest d’Afrique du Sud était « territoire de l’alliance, parce que c’est le foyer de l’ANC. »Venant de Ramaphosa, qui a joué un rôle clé dans l’instigation du massacre de Marikana l’année dernière, ces paroles sont hautement provocatrices. Juste avant la tuerie policière, ce bureaucrate multimillionnaire, qui était un actionnaire important de la société Lonmin, a demandé « de l’action » contre les grévistes.

Les sociétés minières et les syndicats se préparent actuellement à des négociations pour de nouveaux accords sociaux biennaux. Soutenus à fond par le gouvernement et ses alliés syndicaux, les dirigeants des sociétés minières ont expliqué avec clarté qu’ils ne toléreront pas des revendications des travailleurs pour des hausses de salaire significatives ni pour l’amélioration de leurs conditions de travail. Les principales sociétés minières sont en train de restructurer leurs activités en Afrique du Sud, diminuant les coûts et licenciant les travailleurs, en réponse à la baisse mondiale des prix des minéraux. Pas plus tard que la semaine dernière, Anglo American Platinum (Amplats) a annoncé qu’il allait licencier 6 000 travailleurs, un des aspects de son programme d’économies, ce qui a déclenché des menaces de grève dans ses mines.

Le Financial Times de Londres a commenté : « Des représentants de l’industrie minière disent que les discussions sur les salaires, qui toucheront les secteurs de l’or, du platine et du charbon et qui devraient commencer vers juin, seront les plus cruciales pour le secteur depuis la fin de l’apartheid, il y a 19 ans[...] Dans le même temps, les représentants syndicaux risquent d’avoir beaucoup de mal à vendre des accords à des travailleurs qui, l’année dernière, ont fait preuve d’une combativité accrue dans leurs revendications pour de meilleurs salaires et conditions de travail. Et les entreprises entameront les négociations au moment où il y a des avertissements selon lesquels un certain nombre de puits de mine de platine et d’or opèrent à perte ou avec des marges infimes. »,

Lundi, Lonmin, troisième producteur mondial de platine, frappé par la grève sauvage de Marikana avait annoncé de nouveaux chiffres de bénéfices faisant état d’une hausse des profits sur 6 mois à $54 millions. Cependant, le PDG de la société, Simon Scott a averti que « ce n’est toujours pas une industrie qui fournit aux actionnaires d’énormes bénéfices. » Il a dit que les prochaines négociations salariales posent un « défi significatif. » Le prix des actions de l’entreprise a plongé de 7 pour cent à l’annonce de cette dernière grève.

Des représentants de la société ont essayé d’intimider les mineurs de Marikana pour qu’ils mettent fin à leur grève. Un message envoyé par la direction aux travailleurs a qualifié la grève d’« illégale » et a affirmé qu’un refus de reprendre immédiatement le travail conduirait à davantage de licenciements et aurait « un impact sévère sur la viabilité de Lonmin et poserait des risques pour votre emploi et la vie de vos familles. »

L’AMCU, qui vient d’être reconnu comme syndicat majoritaire des mines de platine sud-africaines, a hâte de démontrer sa capacité à s’adapter aux exigences des employeurs et du gouvernement.

Le site internet du quotidien sud-africain Daily Maverick a fait remarquer que « Dans l’oeil du probable cyclone à venir, on trouve le dirigeant de l’AMCU Joseph Mathunjwa lui-même. » Le journal a expliqué : « Le NUM est capable de contrôler ses adhérents. Il peut faire en sorte qu’un certain nombre de gens soit dans un certain lieu pendant un certain temps. Il peut aussi leur dire de se disperser, et ils le feront. Mathunjwa....eh bien, n’en est pas capable...Donc il va devoir faire du cinéma. Comme l’a dit l’analyste du monde du travail indépendant Gavin Brown, « la vraie question ici, c’est comment trouver un soupape pour évacuer toute la pression des ouvriers sans créer l’apocalypse ? » Il suggère que Mathunjwa pourrait faire un peu de cinéma. Il y aura des propos durs, des promesses faites avec prudence, et puis la marche arrière toute à la dernière minute...Ainsi, cher lecteur, si vous êtes enclin à l’indulgence, celui pour qui vous devriez en avoir un peu, c’est Joseph Mathunjwa. Il en aura grand besoin. »

Messages

  • Les mineurs sud-africains du groupe britannique Lonmin ont débrayé mardi, interrompant la production de platine à la mine de Marikana près de Rustenburg, en pleine tension sociale après l’annonce de licenciements dans un autre grand groupe minier et l’assassinat d’un syndicaliste.

    Marikana a été le théâtre en août dernier d’une longue grève meurtrière qui a fait tâche d’huile et perturbé pendant quatre mois la plupart des mines, secteur clé de l’économie sud-africaine.
    Divisions syndicales

    "Les raisons exactes de cet arrêt de travail ne sont pas connues", a expliqué Sue Vey, porte-parole du groupe Lonmin, en précisant que les 13 puits de la compagnie étaient à l’arrêt : "Les salariés se sont présentés au travail mais ne sont pas descendus sous terre."

    "Nous sommes en train de chanter et nous rendre à la colline" proche de la mine de Marikana où la police avait abattu 34 grévistes le 16 août 2012, a indiqué à l’AFP Molisi Phele, un mineur en grève joint par téléphone. Selon lui, les mineurs sont furieux que leur entreprise continue de tenir compte du Syndicat national des mineurs (NUM, historiquement proche de l’ANC) alors qu’il a été supplanté par Amcu, un syndicat plus récent et plus radical.

    Selon un pointage rendu public par la direction jeudi, Amcu représente désormais 70% des mineurs de Lonmin, contre 20% pour le NUM. "Les travailleurs ne redescendront pas sous terre tant qu’ils n’auront pas une réponse correcte ou que les bureaux du NUM n’auront pas été fermés", a précisé Molisi Phele.
    6000 suppressions d’emploi dans le bassin de Rustenburg

    Selon le quotidien économique Business Day, les syndicalistes d’Amcu se plaignent aussi d’avoir été tenus à l’écart des discussions concernant le plan social annoncé vendredi par le numéro un mondial du platine Anglo American Platinum (Amplats). Ce plan prévoit la suppression de 6000 emplois, essentiellement dans le bassin de Rustenburg à une quarantaine de kilomètres de Marikana.

    Au cours du week-end, le coordinateur régional d’Amcu Mawethu Steven, dit aussi "Steve", a été abattu par des inconnus alors qu’il regardait un match de foot dans une taverne, et deux autres hommes ont été tué par balles par des individus disant rechercher un autre syndicaliste appartenant au NUM. Le syndicaliste devait témoigner devant la commission d’enquête sur les violences de l’an dernier, qui poursuit ses auditions depuis plusieurs mois à Rustenburg pour faire la lumière sur les circonstances de la tuerie de Marikana.

    Le 16 août 2012, la police avait ouvert le feu et abattu 34 mineurs en grève devant l’enceinte du groupe Lonmin dont les foreurs s’étaient mis en grève pour obtenir de meilleurs salaires, la pire fusillade policière depuis la fin de l’apartheid.

  • Plusieurs milliers de mineurs sud-africains ont cessé le travail vendredi, organisant un sit-in au fond d’une mine exploitée par le groupe Anglo American Platinum (Amplats) près de Rustenburg (nord) pour protester contre la suspension de quatre leaders syndicaux, a-t-on appris de source syndicale. "Ils ne veulent pas sortir du puits car ils réclament que la suspension de leurs responsables soit levée", a indiqué à l’AFP George Tyobeka, un dirigeant du syndicat AMCU dont quatre responsables ont été suspendus par la direction pour avoir triché sur les chiffres d’adhésions, dans un contexte de rivalités syndicales qui ont fait de nombreux morts dans ce bassin minier.

    Selon M. Tyobeka, dont le syndicat a supplanté l’ancien syndicat majoritaire NUM dans les mines de platine, ils seraient entre 3.000 et 4.000 restés sous terre depuis 4 heueres locales (2heures GMT).

    La situation demeure volatile dans le secteur minier, et en particulier autour de Rustenburg, depuis la tragédie de Marikana qui en août 2012 vit la police ouvrir le feu et abattre 34 mineurs en grève, une fusillade digne des pires heures de l’apartheid et qui a choqué le monde entier.

    Le gouvernement, contrairement à l’an dernier, tente d’éteindre l’incendie qui continue de couver, alimenté par des frustrations salariales et la perte d’autorité de l’ancien syndicat majoritaire.

    Vendredi, le vice-président Kgalema Mothlante a annoncé qu’un accord avait été trouvé entre syndicats rivaux et compagnies minières pour mettre un terme à cette crise, qui pèse sur le cours de la monnaie nationale et nourrit une spirale inflationniste.
    Tout n’est cependant pas réglé et le vice-président prévoit un nouveau rendez-vous dans deux semaines, le 26 juin, pour mettre au point certains détails.

  • Plusieurs milliers de mineurs se sont mis en grève, sous terre, en Afrique du Sud, dans une mine de platine du producteur Anglo American Platinum (Amplats). Ce mouvement survient alors que le gouvernement négocie un accord avec les partenaires sociaux pour mettre un terme à la crise récurrente dans les mines du pays.

    C’est donc une nouvelle grève, encore une fois dans la région de Rustenburg, à 120 kilomètres au nord-ouest de Johannesburg, dans la ceinture du platine. Cette région avait été l’épicentre des mouvements sauvages de l’année dernière, tout près de Marikana, où 34 mineurs avaient été tués par la police en août 2012.

    Cette grève survient alors que le gouvernement sud-africain essaie de conclure un accord avec les partenaires sociaux. L’objectif ? Mettre un terme à la crise récurrente dans les mines. Ce vendredi, le vice-président a rencontré les syndicats rivaux du secteur et les compagnies minières. Un projet d’accord a été publié, mais il n’est pas encore finalisé. Une nouvelle rencontre est prévue le 26 juin.

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