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Le Marxisme contre le révisionnisme à l’aube du vingtième siècle

mercredi 11 septembre 2013, par Robert Paris

Le Marxisme contre le révisionnisme à l’aube du vingtième siècle

Par David North

Le triomphe du marxisme

Le développement du mouvement socialiste européen et de l’influence du marxisme sur la classe ouvrière au cours des trois dernières décennies du XIXe siècle figure parmi les phénomènes politiques et intellectuels les plus extraordinaires de l’histoire mondiale.

A la fin de 1849 Marx puis Engels arrivèrent en Angleterre en tant que réfugiés politiques. Durant les deux décennies suivantes, Marx mena sa recherche théorique sur les lois du développement de la société capitaliste en se trouvant dans une situation personnelle des plus difficiles. Nous pouvons nous faire une idée de ce que Marx a enduré au travers d’une lettre qu’il écrivit à Engels le 8 janvier 1863 :

« Le diable seul sait pourquoi rien si ce n’est la malchance ne tracasse chacun dans notre entourage en ce moment. Je ne sais plus dans quelle direction me tourner. Mes tentatives pour récolter de l’argent en France et en Allemagne n’ont abouti à rien, et on aurait pu, c’est vrai, prévoir que 15 livres ne permettraient pas d’enrayer l’avalanche pour plus de quelques semaines. Mis à part le fait que personne ne nous laissera avoir quoi que ce soit à crédit — sauf le boucher et le boulanger, qui cesseront aussi de le faire à la fin de cette semaine — Je suis harcelé pour les frais de l’école, le loyer et par toute la bande des créanciers. Ceux qui reçoivent quelques livres d’acompte les empochent habilement avant de s’abattre sur moi avec une vigueur redoublée. En plus les enfants n’ont pas de vêtements ou de chaussures à mettre pour sortir. En bref, les portes de l’enfer se sont ouvertes…

C’est affreusement égoïste de ma part de te faire part de ces horreurs en ce moment. Mais c’est un remède homéopathique. Une calamité me distrait d’une autre. Et au bout du compte, que puis-je faire d’autre ? Dans tout Londres il n’y a pas une seule personne à laquelle je puisse dire ce que je pense, et dans ma propre maison je joue les stoïques silencieux pour contrebalancer les démonstrations de l’autre côté. Il devient pratiquement impossible de travailler dans de telles conditions. » [1]

Trois jours seulement avant que cette lettre ne soit écrite, Marx avait terminé la rédaction de la partie principale des Théories de la Plus Value, œuvre monumentale en trois volumes, un prologue essentiel à l’écriture du Capital, qu’il termina en août 1867.

Dans les 25 ans suivant l’achèvement du Capital, un travail dont la publication passa pratiquement inaperçue des économistes bourgeois de l’époque, le marxisme avait fourni l’inspiration théorique et l’orientation pour le développement du premier parti de masse européen. Que ce triomphe se soit produit en Allemagne ne fut pas un accident. Le marxisme trouva d’abord une audience de masse au sein de la classe ouvrière du pays dans lequel la vie culturelle et intellectuelle avait atteint un niveau de développement d’un éclat presque inconcevable pendant l’époque de l’Aufklärung (Les Lumières).

Le vaste héritage de la philosophie classique idéaliste allemande — représentée le plus pleinement par Kant, Fichte et par dessus tout, Hegel — passa à la suite de la Révolution de 1848 par l’intermédiaire de Marx et Engels à la classe ouvrière. En effet Marx avait prévu le rôle extraordinaire que la philosophie — élaguée de tous les pièges idéalistes, retravaillée de façon critique sur une base matérialiste, enracinée dans la nature et dirigée vers l’étude des fondations économiques de la société humaine — allait jouer dans la libération de la classe ouvrière allemande. Il écrivit en 1843 :

« L’arme de la critique ne peut, bien sûr, remplacer la critique par les armes, la force matérielle doit être renversée par la force matérielle, mais la théorie devient également une force matérielle dès qu’elle a empoignée les masses. [2]

« Tout comme la philosophie trouve ses armes matérielles dans le prolétariat, ainsi le prolétariat trouve-t-il ses armes spirituelles dans la philosophie… L’émancipation des allemands est l’émancipation des êtres humains. La tête de cette émancipation est la philosophie, son cœur est le prolétariat. La philosophie ne peut devenir réalité sans l’abolition du prolétariat, le prolétariat ne peut être aboli sans que la philosophie ne devienne une réalité. » [3]

Ce passage a été écrit alors que Marx avait entrepris sa critique de la philosophie idéaliste de Hegel. L’extraction du noyau rationnel du système idéaliste de Hegel — c’est-à-dire la reconstruction, sur une base matérielle, de la dialectique des catégories et des concepts, conçue par Hegel comme l’auto aliénation et la révélation de l’Idée Absolue — constitue une réussite intellectuelle et théorique de premier ordre. Néanmoins, le dépassement de l’hégélianisme ne pouvait être accompli par une critique qui demeurait dans les limites de la pensée spéculative. Avant Marx, le philosophe allemand Feuerbach avait déjà posé les fondations d’une critique matérialiste de l’hégélianisme. Mais la force de la critique de Feuerbach était limitée par le caractère essentiellement naturaliste et mécanique de son matérialisme. « L’homme » tel que conçu philosophiquement par Feuerbach vivait dans la nature, mais pas dans l’histoire. Une telle approche anhistorique manquait totalement de contenu social concret.

Ainsi, tout en insistant sur la primauté de la matière sur la pensée, Feuerbach ne pouvait pas expliquer sur ces fondements la complexité et la diversité des formes de la conscience humaine. En particulier, il était incapable de proposer une explication pour les changements dans la conscience telle qu’elle se manifeste dans le cours du développement historique de l’humanité.

L’Europe et l’Allemagne dans lesquelles Hegel était né en 1770 et Feuerbach en 1804 ont été transformées par les bouleversements de la Révolution française et des guerres napoléoniennes. Mais comment fallait-il expliquer de tels évènements ? Etaient-ils seulement le fruit des idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité ? Et même si l’on devait convenir du pouvoir de ces idéaux, d’où provenaient-ils ? La réponse donnée par Hegel — que ces idéaux surgissaient comme des moments logiquement déterminés dans l’auto-aliénation de l’Idée Absolue — était trop inadéquate comme explication du processus historique concret. C’est seulement sur la base d’une étude de l’histoire de l’humanité comme être social qu’il devient possible de déduire, sur une base matérielle, les origines et le développement de la conscience sociale.

Les éléments essentiels de la conception matérialiste de l’histoire furent développés par Marx et Engels au cours de trois années extraordinaires — entre 1844 et 1847. Pendant cette période ils écrivirent La Sainte famille, L’idéologie Allemande, Misère de la philosophie, et, finalement Le Manifeste du Parti communiste. Au cours des 20 années suivantes, l’étude par Marx de l’économie politique, aboutissant à l’écriture du Capital, fournissait la justification théorique conjointe de la méthode d’analyse dialectique et de la conception matérialiste de l’histoire. En 1859, époque où le travail de Marx sur l’économie politique avait atteint un niveau très avancé, il résumait le « principe directeur » de son travail théorique comme suit :

« Dans la production sociale de leur existence, les hommes entrent en des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté, rapports de production qui correspondent à un degré de développement déterminé de leurs forces productives matérielles. L’ensemble de ces rapports de production constitue la structure économique de la société, la base concrète sur laquelle s’élève une superstructure juridique et politique et à laquelle correspondent des formes de conscience sociales déterminées. Le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie social, politique et intellectuel en général. Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être ; c’est inversement leur être social qui détermine leur conscience. À un certain stade de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en contradiction avec les rapports de production existants, ou, ce qui n’en est que l’expression juridique, avec les rapports de propriété au sein desquels elles s’étaient mues jusqu’alors. De formes de développement des forces productives qu’ils étaient ces rapports en deviennent des entraves. Alors s’ouvre une époque de révolution sociale. Le changement dans la base économique bouleverse plus ou moins rapidement toute l’énorme superstructure. Lorsqu’on considère de tels bouleversements, il faut toujours distinguer entre le bouleversement matériel - qu’on peut constater d’une manière scientifiquement rigoureuse - des conditions de production économiques et les formes juridiques, politiques, religieuses, artistiques ou philosophiques, bref, les formes idéologiques sous lesquelles les hommes prennent conscience de ce conflit et le mènent jusqu’au bout. Pas plus qu’on ne juge un individu sur l’idée qu’il se fait de lui-même, on ne saurait juger une telle époque de bouleversement sur sa conscience de soi ; il faut, au contraire, expliquer cette conscience par les contradictions de la vie matérielle, par le conflit qui existe entre les forces productives sociales et les rapports de production. » [4]

Même après presque 150 ans, la force pénétrante des principes ontologiques et épistémologiques avancés dans ce passage est renversante. Combien mesquins, intellectuellement immatures et pour être franc, stupides, apparaissent les postulats du post modernisme quand leur lecture s’effectue conjointement à l’explication que propose Marx des forces qui conduisent l’histoire et des fondations de la conscience sociale humaine dans toute la complexité de ses formes. Comme cette autre réussite stupéfiante de 1859, L’origine des espèces de Darwin, les concepts théoriques avancés par Marx dans sa préface d’une Contribution à la critique de l’économie politique ont marqué un jalon crucial dans le développement intellectuel de l’humanité. D’ailleurs il existe un rapport interne profond entre les deux œuvres. Ce n’est pas simplement qu’avec ses travaux Marx a pour toujours transformé l’étude de l’histoire et Darwin l’étude de la biologie et de l’anthropologie.

C’est, bien sûr, vrai, et ce n’est pas une moindre réussite. Mais ces travaux ont plus d’importance que cela. En 1859, dans le travail de Darwin et de Marx, l’espèce humaine en était finalement arrivée au point où elle devenait capable de comprendre les processus gouvernés par des lois de son propre développement biologique et socio-économique. Les conditions intellectuelles préalables existaient désormais pour une intervention consciente de l’humanité dans les processus jusqu’ici inconscients de sa propre évolution biologique et sociale.

Le développement de l’influence socialiste et la contre-offensive bourgeoise

Quoi que d’abord lentement, l’influence du travail théorique de Marx et Engels se fit sentir. La Première Internationale, fondée en 1864, fournissait, malgré le conflit acharné avec les partisans de Bakounine, un forum important pour la diffusion des idées marxistes. En août 1869 le Sozialdemokratische Arbeiterpartei (Parti ouvrier social-démocrate) était fondé à une conférence à Eisenach. Ce parti ne s’appuyait pas sur un programme marxiste théoriquement consistant. Les conceptions de Lassalle exerçaient — et devaient continuer d’exercer pendant de nombreuses années — une influence politique considérable sur la classe ouvrière allemande.

Mais au cours de la décennie suivante, le marxisme obtint une position dominante parmi les ouvriers allemands d’obédience socialiste. Les efforts du régime de Bismark pour supprimer le Parti social démocrate s’avérèrent contre productifs. Lors des élections qui se tinrent en 1890, après 11 ans durant lesquels l’Etat avait imposé les lois dites « antisocialistes », le SPD rassemblait 19,7% des votants. L’émergence de la classe ouvrière comme une force politique de masse, conduite par un parti dont le programme proclamait le glas de l’ordre bourgeois, ne pouvait qu’avoir un impact considérable sur les conceptions tant intellectuelles que politiques de la classe dirigeante.

Autour de 1880, la bourgeoisie ne pouvait ignorer le développement et le pouvoir d’influence du marxisme sur la vie politique et intellectuelle européenne. Elle comprit qu’un défi aussi considérable à l’ordre social existant ne pouvait être laissé aux seuls soins de Bismarck et de sa police politique. De simples dénonciations du socialisme n’étaient pas non plus suffisantes. La lutte contre le socialisme devait inévitablement adopter une forme idéologique plus sophistiquée. Dans des domaines divers et variés — l’économie, la sociologie et la philosophie — des représentants intellectuels de la bourgeoisie commencèrent à se mesurer au marxisme, cherchant à trouver des faiblesses dans ses fondations théoriques. Un élément persistant de la nouvelle critique, associée au regain de la philosophie kantienne, était que le marxisme se présentait faussement comme une science.

Ses nouveaux opposants soutenaient que le marxisme ne pouvait être une science parce que son indéniable association avec un mouvement politique le privait de l’objectivité et du détachement qui est le préalable de la recherche scientifique. Le sociologue Emile Durkheim écrivit que la recherche de Marx « était entreprise pour établir une doctrine… éloignée de la doctrine résultant de la recherche… C’était la passion qui inspirait tous ces systèmes ; ce qui leur donne naissance et constitue leur force est la soif pour une justice plus parfaite… Le Socialisme n’est pas une science, une sociologie en miniature : c’est un cri de souffrance. . » [5] L’historien italien libéral Benedetto Croce soutenait, suivant le même type d’arguments, que le marxisme ne pouvait pas être une science parce que ses conclusions étaient le produit de passions politiques révolutionnaires. [6]

Depuis plus d’un siècle, l’attaque bourgeoise-libérale portant sur la validité du marxisme a été centrée sur le déni de son caractère scientifique. Cette critique suppose invariablement une falsification de ce que Marx et Engels voulaient dire quand ils affirmaient avoir installé le socialisme sur des bases scientifiques. A aucun moment ils n’ont affirmé qu’ils avaient découvert des lois qui gouverneraient les processus socio-économiques avec la même exactitude que la façon dont les lois découvertes par les physiciens détermine le mouvement et la trajectoire des phénomènes planétaires et interstellaires. Il n’existe pas de telles lois.

Cependant, cela ne porte en aucun cas atteinte au caractère scientifique du marxisme, qui doit être compris dans le sens suivant. Le socialisme de Marx et Engels se distingue des systèmes et idées d’une génération précédente de penseurs utopiques, qui ne pouvaient établir une relation de causalité nécessaire et objective entre les conditions existantes de la société et leurs propres plans pour la réformer et la régénérer. Cette limitation fut vaincue par Marx et Engels — d’abord avec l’élaboration de la conception matérialiste de l’histoire et, ensuite, avec la découverte des lois du fonctionnement du mode de production capitaliste. Que ces lois se manifestent en tendances, plutôt qu’en séquences totalement prédictibles et récurrentes, exprime non une limite de marxisme, mais plutôt le caractère essentiellement hétérogène et intérieurement contradictoire de la réalité sociale objective.

D’une façon plus générale, la découverte et la démonstration du rôle décisif des processus et relations économiques dans la société humaine a rendu possible la démystification et la compréhension raisonnée de l’histoire. Les catégories développées, enrichies et employées par Marx au cours de sa recherche sur le capitalisme - telles que la force de travail, la valeur, le profit - étaient l’expression théorique abstraite de relations socio-économiques existantes, ayant une réalité objective.

L’affirmation que l’engagement en politique est incompatible avec l’objectivité scientifique relève de la sophistique. La validité de la recherche n’est ni exclue par l’engagement ni garantie par l’indifférence. L’engagement n’est pas un argument contre le caractère scientifique et objectif du marxisme ; il faudrait démontrer que l’engagement compromet l’intégrité de la recherche et conduit à des conclusions manifestement fausses.

Vers le milieu des années 1890, l’impact de la critique persistante du marxisme se fit sentir au sein du mouvement socialiste. Edouard Bernstein, l’une des figures les plus importantes du Parti social démocrate allemand, commença — d’abord avec prudence puis avec l’espèce d’enthousiasme effréné qui est le propre des renégats politiques — à exprimer ses objections au programme révolutionnaire du marxisme. Etant donné la position de premier plan que Bernstein occupait dans le mouvement socialiste allemand et international — il était l’exécuteur littéraire de Friedrich Engels — il était inévitable que sa critique du marxisme devienne une cause célèbre politique, provoquant des luttes internes au sein des partis socialistes à travers toute l’Europe. L’ampleur du conflit à propos des « révisions » du marxisme par Bernstein, que Bernstein lui-même n’attendait ni même ne désirait, signifiait que la controverse avait des racines sociales profondes, plutôt que des origines purement personnelles.

Comme je l’ai déjà noté, les théoriciens bourgeois — comme par une sorte de mécanisme de défense idéologique — avaient commencé vers les années 1890 à répondre agressivement à la croissance du mouvement socialiste. Mais l’impact de cette contre-offensive était conditionné par des changements importants dans le climat économique mondial. La dépression économique prolongée qui avait commencé au milieu des années 1870 avait finalement fait place à un rétablissement du niveau des profits et à une expansion robuste dans l’industrie et la finance. Quoi qu’elle n’allât pas sans reflux, l’expansion économique qui avait commencé au milieu des années 1890 persista jusqu’à la veille de la première guerre mondiale. D’un point de vue vulgairement empirique et positiviste, le renforcement ostensible des indices économiques de base de la production et du commerce capitaliste, avec leur impact positif et largement ressenti sur les conditions de vie de larges sections de la petite bourgeoisie et de certaines strates de la classe ouvrière, mettaient en question l’analyse marxiste du système capitaliste — et, en particulier, de l’imminence de sa désagrégation révolutionnaire.

L’industrialisation massive de l’Allemagne à la suite de la guerre franco-prussienne de 1870 et de la fondation de l’empire allemand en 1871 (qui marquait l’achèvement de l’unification allemande sous Bismarck) sous-tendait les contradictions du mouvement ouvrier allemand qui rendaient à la fois possible sa croissance extraordinairement rapide, son adoption formelle du marxisme comme la base théorique révolutionnaire de son programme et le développement du révisionnisme. Tout d’abord, les industries nouvelles de l’Allemagne se développaient sur la base des technologies les plus modernes dans le cadre desquelles émergeait une classe ouvrière bien éduquée et hautement qualifiée. C’était au sein de cette strate importante que les conceptions marxistes ont trouvé une audience réceptive. Qui plus est, le caractère complètement réactionnaire de la structure de l’Etat Hohenzollern-Bismarckien, qui concentrait le pouvoir politique dans les mains d’une élite de propriétaires terriens pénétrée des traditions du militarisme prussien et pathologiquement hostile à toute forme de démocratie populaire, ne rencontrait aucune opposition significative d’une bourgeoisie libérale timide.

Le mouvement socialiste fut le réel point de convergence de l’opposition de masse à l’Etat. La social-démocratie avait créé un ensemble organisationnel massif qui englobait virtuellement chaque aspect de la vie de la classe ouvrière. Le SPD, sous la direction d’August Bebel, représentait ce qui était connu comme « un Etat dans l’Etat. » Effectivement, alors que Wilhelm II était le Kaiser de l’Empire Allemand, Bebel — dont toute la vie adulte, depuis le début des années 1860, avait été dédiée à la construction du mouvement socialiste, et pour lequel il avait passé près de cinq ans en prison — était populairement considéré comme le « Kaiser » de la classe ouvrière.

La pratique du mouvement socialiste, remontant à la lutte difficile contre les lois antisocialistes des années 1880, avait été concentrée sur le développement systématique et le renforcement de son organisation. Les talents proverbiaux du peuple allemand dans cette sphère particulière étaient amplifiés par la clarté théorique apportée par le marxisme. De plus, la croissance de l’organisation de la classe ouvrière allemande était liée organiquement au développement de l’industrie allemande. Les implications tragiques du lien interne profond entre le développement industriel et économique allemand et la croissance du mouvement ouvrier national allemand ne devait apparaître que trop clairement lors de la crise de 1914.

Aussi choquant que soient les évènements d’août 1914, ils s’étaient préparés sur une période relativement longue. Je parlerai de cela plus en détail un peu plus tard. Mais laissez moi souligner que certaines caractéristiques du mouvement social-démocrate, à la fois en terme d’organisation et de pratique politique et qui devaient conduire à la tragédie de 1914, étaient déjà apparentes au milieu des années 1890.

Bien que l’acceptation du programme d’Erfurt en 1893 ait engagé formellement le SPD à une transformation révolutionnaire de la société, la pratique du mouvement socialiste allemand — déterminé à un large degré par les conditions objectives régnant dans une période d’expansion économique rapide — était d’un caractère essentiellement réformiste. Trotsky dira plus tard que dans l’Allemagne des Hohenzollern, le marxisme se trouvait dans la position étrange de réconcilier un point de vue révolutionnaire avec une pratique réformiste. Dans ce cadre, deux sphères d’activité étaient d’une importance exceptionnelle : d’abord, l’activité électorale, destinée à augmenter la représentation de la social-démocratie au Reichstag, le parlement allemand, deuxièmement, l’activité syndicale — c’est-à-dire l’organisation et la représentation des travailleurs au sein de l’industrie capitaliste.

Dans ces deux domaines, le SPD obtint des résultats pratiques significatifs. Cependant, cela fut obtenu à un prix considérable du point de vue de la stratégie révolutionnaire. Le travail des fractions parlementaires souleva, sous d’innombrables formes, le problème du rapport entre le maintien de l’indépendance politique de la classe ouvrière vis-à-vis de l’Etat bourgeois et la contrainte d’obtenir des résultats pratiques. Le SPD, tout en étant le plus grand parti politique en Allemagne, était surpassé en nombre au Reichstag par la combinaison de ses opposants aristocratiques et bourgeois. Seul il ne pouvait faire plus que voter en tant que minorité parlementaire contre les mesures gouvernementales.

Il n’y avait pas, dans cette situation frustrante, de solution simple et une solution principielle était encore moins évidente. Mais il y avait des éléments au sein de la social-démocratie, en particulier dans le Sud de l’Allemagne, qui voyaient une solution, notamment dans une forme d’alliance parlementaire avec les bourgeois libéraux. La direction nationale s’y opposait et Bebel refusa de cautionner cette collaboration de classe au Reichstag national, où il dirigeait la faction du parti. Mais la pression pour une collaboration pratique avec des sections de la bourgeoisie allemande existait.

L’autre sphère de l’activité du parti, les syndicats, posait des problèmes encore plus grands. Le SPD avait, au cours des années 1870 et 1880, joué le rôle de « sage-femme » du syndicalisme allemand. Il avait fourni la direction et le financement pour le développement initial des syndicats. Mais au début des années 1890, l’équilibre des relations de pouvoir entre les syndicats et le parti commença à se modifier. Les syndicats de développèrent plus rapidement que le parti, et ce dernier devint avec le temps de plus en plus dépendant du soutien organisationnel et financier fourni par les syndicats. Les principaux syndicats allemands étaient dirigés par des sociaux-démocrates qui maintenaient une adhésion formelle à la ligne politique définie par la faction de Bebel à la direction du SPD. Mais le travail au jour le jour des dirigeants syndicaux revêtait de façon inévitable un caractère dans l’ensemble réformiste.

Alors que les formules théoriques employées par Bernstein étaient directement influencées par des tendances populaires qui régnaient dans la philosophie anti-marxiste bourgeoise, l’impulsion matérielle du révisionnisme de Bernstein était elle, fournie par les conditions socio-économiques objectives qui existaient en Europe et en Allemagne. Dans ce contexte objectif, le révisionnisme de Bernstein surgit comme l’expression théorique d’une pratique en général réformiste du mouvement socialiste allemand. Dans la mesure où ces conditions objectives et ces formes pratiques d’activité existaient, à un degré plus ou moins important, dans les autres pays, le révisionnisme de Bernstein trouva un écho sur le plan international.

Le révisionnisme d’Edouard Bernstein

Quand le révisionnisme de Bernstein fit-il son apparition ? Il y eut de nombreux symptômes. En effet, tôt dans sa carrière socialiste, Bernstein avait manifesté une tendance à diluer le marxisme révolutionnaire dans un jargon humaniste petit-bourgeois. A la fin des années 1870 Bernstein s’était aligné avec Karl Höchberg, un riche bienfaiteur du jeune mouvement social démocrate, qui croyait que le socialisme aurait de meilleures chances en tant que mouvement populaire multi-classes s’il essayait en particulier de plaire, sur une base éthique, aux classes moyennes. Sous la pression de Bebel et Engels, Bernstein abandonna cette position, mais, comme c’est si souvent le cas en politique, ce qui apparut d’abord comme une erreur de jeunesse, se révéla être le symptôme précoce d’une tendance politique.

Par la suite, Bernstein s’installa en Angleterre où il développa des relations très amicales avec les représentants du mouvement réformiste Fabian. Il semble très vraisemblable que ses expériences en Angleterre, où le réformisme travailliste s’était développé comme de la mauvaise herbe à la suite de l’effondrement du Chartisme révolutionnaire, firent une profonde impression sur Bernstein. Dans la prospère Angleterre, avec sa classe moyenne stable et son système parlementaire profondément enraciné, la perspective d’un renversement révolutionnaire du système capitaliste semblait fort éloignée à Bernstein.

Au début de 1895, Engels fut profondément attristé lorsqu’il découvrit que son introduction à une nouvelle édition à Les luttes de classes en France, écrit par Marx en 1850, avait été publiée par Bernstein et Kautsky d’une façon qui donnait l’impression que le vieux révolutionnaire était devenu un disciple d’une voie pacifique vers le socialisme. En avril 1895, seulement quatre mois avant sa mort, Engels écrivit avec colère à Kautsky :

« A mon étonnement, je vois aujourd’hui dans le Vorwaerts un extrait de mon introduction reproduit à mon insu, et arrangé de telle façon que j’y apparais comme un paisible adorateur de la légalité à tout prix. Aussi, désirerais-je d’autant plus que l’introduction paraisse sans coupure dans la Neue Zeit, afin que cette impression honteuse soit effacée. Je dirai très nettement à Liebknecht mon opinion à ce sujet, ainsi qu’à ceux, quels qu’ils soient, qui lui ont donné cette occasion de dénaturer mon opinion et qui plus est sans m’en avoir informé en aucune manière. » [7]

En octobre 1896, un peu plus d’un an après la mort d’Engels, Bernstein écrivit un article dont le sujet était « Problèmes du Socialisme » et qui marqua le début de sa répudiation ouverte du programme révolutionnaire du marxisme. Son article commençait par noter l’avancée rapide et l’influence croissante du mouvement socialiste en Europe. Même les partis bourgeois devaient prêter attention aux revendications avancées par les socialistes. Toutefois soutenait Bernstein, ces succès ne signifiaient pas que le socialisme était à la veille d’une victoire totale, il était certainement devenu nécessaire d’abandonner l’attitude largement négative prise par le mouvement socialiste à l’égard de la réalité existante. A la place, les socialistes devaient « aller de l’avant avec des propositions de réforme positive. » [8]

Au cours des deux années suivantes, culminant avec Les Présupposés du Socialisme, Bernstein devait élaborer sa critique du marxisme orthodoxe. Ces écrits clarifièrent le fait qu’il n’y avait littéralement aucun élément du marxisme avec lequel Bernstein fût en accord. Il rejetait sa dette philosophique envers Hegel et son adoption de la méthode dialectique. Bernstein soutenait que le développement réel du capitalisme avait réfuté les analyses économiques de Marx. En particulier, Bernstein répudiait ce qu’il appelait le « catastrophisme socialiste », la croyance que le capitalisme se dirigeait du fait de ses contradictions internes vers une crise extrême. Tout en reconnaissant la possibilité de crises périodiques, Bernstein insistait pour dire que le capitalisme avait développé et continuerait de développer « des facteurs d’adaptation » — tel que l’utilisation du crédit — à travers lesquels de telles crises pourraient être soit indéfiniment reportées soit atténuées.

A aucun prix le futur du socialisme, insistait Bernstein, ne devait être lié à l’inévitabilité d’une crise majeure du système capitaliste. Comme Bernstein l’écrivit au congrès de Stuttgart du Parti social- démocrate en 1898 :

« Je me suis opposé à la conception selon laquelle nous serions au seuil d’un effondrement imminent de la société bourgeoise, et à ce que la Social Démocratie puisse permettre que ses tactiques soient déterminées par, ou soit rendues dépendantes, de la perspective d’une catastrophe majeure prochaine de ce genre quelle qu’elle fût. Je maintiens cette conception dans tous les cas de figure. » [9]

C’était là un point central : le problème essentiel n’était pas la question de prédire en termes précis et vivants la forme que prendrait une « catastrophe ». Aucune prédiction, valide en tous temps et toutes conditions, ne pouvait être faite. La question critique était bien plutôt de savoir si oui ou non il existait un lien objectif et nécessaire entre le développement du socialisme et des contradictions internes, réellement existantes, du système capitaliste. Si un tel lien faisait défaut, alors il était impossible de parler du socialisme comme d’une nécessité historique.

Qu’est-ce qui alors, en l’absence de la nécessité, fournissait la justification du socialisme ? Pour Bernstein, le socialisme pouvait et devait être justifié sur des bases éthiques et humanistes — c’est-à-dire comme l’application dans la sphère de la politique de l’impératif catégorique de Kant, qui comprend l’injonction suivante :
« Agis de façon telle que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans tout autre, toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen. »

Les efforts de Bernstein pour établir une base éthique pour le socialisme n’étaient pas bien originaux. En effet, durant les années 1890 il existait, dans le milieu universitaire, un groupe important de néo-kantiens qui croyaient que l’impératif catégorique de Kant conduisait logiquement au socialisme. Certains, comme l’éminent philosophe néo-kantien Morris Cohen, soutenait que Kant devait être considéré, sur la base de ses conceptions éthiques, comme « l’authentique et véritable fondateur du socialisme allemand. »[10]

C’était à la fois faux et naïf. L’impératif catégorique occupe dans la sphère de la conduite éthique la même place que le sens commun occupe, en général, dans les activités au jour le jour d’une personne ordinaire. Tout comme l’application du sens commun peut produire des résultats tout à fait satisfaisants dans toutes sortes de situations peu contraignantes, l’impératif catégorique peut servir de guide pour un comportement acceptable à l’intérieur d’un cadre social limité. Dans la conduite de relations purement privées et personnelles, il serait éminemment louable de traiter ses semblables comme une fin, plutôt que comme un moyen. Mais dans la sphère publique, toute forme d’adhésion stricte à cet impératif est extrêmement problématique.

L’application universelle de cette maxime dans une société divisée en classes est, dans tout sens politique sérieux, impossible. Kant, qui vivait bien avant que le capitalisme industriel ne se soit développé largement en Allemagne, ne pouvait pas avoir compris que son postulat éthique central était objectivement irréconciliable avec les rapports de production de la société capitaliste. Qu’est d’autre le travailleur salarié pour le capitaliste que le moyen par lequel la plus-value et le profit sont produits ?

Au sein du Parti social-démocrate allemand, il y eut au début une grande réticence à affronter Bernstein publiquement. Ce furent les marxistes russes, d’abord Parvus et ensuite Plekhanov, qui insistèrent pour mener une lutte ouverte et sans concession contre les révisions de Bernstein. Plekhanov, employant son approche bien connue de la polémique théorique où ne « faisait pas de prisonniers », écrivit une série d’essais meurtriers qui révélait aux yeux de tous la faillite des conceptions philosophiques de Bernstein. Ces essais sont parmi les meilleures expositions de la méthode dialectique et des fondations théoriques du marxisme. Bien plus connu encore est le brillant travail polémique de Rosa Luxembourg, alors âgée de 27 ans, Réforme sociale ou Révolution ? Dans le premier chapitre de sa brochure, elle résume avec concision le problème fondamental que posait l’attaque du marxisme par Bernstein :

« La théorie révisionniste est confrontée à une alternative : ou bien la transformation socialiste de la société est la conséquence, comme auparavant, des contradictions internes du système capitaliste, et alors l’évolution du système inclut aussi le développement de ses contradictions, aboutissant nécessairement un jour ou l’autre à un effondrement sous une forme ou sous une autre ; en ce cas, même les " facteurs d’adaptation " sont inefficaces, et la théorie de la catastrophe est juste. Ou bien les " facteurs d’adaptation " sont capables de prévenir réellement l’effondrement du système capitaliste et d’en assurer la survie, donc d’abolir ces contradictions, en ce cas, le socialisme cesse d’être une nécessité historique ; il est alors tout ce que l’on veut sauf le résultat du développement matériel de la société. Ce dilemme en engendre un autre : ou bien le révisionnisme a raison quant au sens de l’évolution du capitalisme - en ce cas la transformation socialiste de la société est une utopie ; ou bien le socialisme n’est pas une utopie, et en ce cas la théorie des " facteurs d’adaptation " ne tient pas.

That is the question : c’est là toute la question. . » [11]

En lisant Les Présupposés du Socialisme, on ne peut s’empêcher d’être stupéfait de constater à quel point Bernstein semblait totalement inconscient des sinistres grondements se produisant sous la surface de la société capitaliste fin de siècle. Il supposait avec une complaisance stupéfiante que les indicateurs du développement économique évolueraient indéfiniment de façon positive, élevant régulièrement le niveau de vie des masses. L’idée d’une crise majeure semblait à Bernstein être une pure folie. Même les avertissements que le phénomène nouveau du colonialisme et du militarisme conduirait à un affrontement violent entre des Etats capitalistes massivement armés — l’une des formes possibles que pourrait prendre la catastrophe imminente — était rejetée d’emblée par Bernstein comme une panique organisée. « Heureusement, » notait Bernstein avec suffisance « que nous sommes de plus en plus habitués à régler les différents par d’autres moyens que par l’utilisation des armes à feu. » [12] Ceci à l’aube du vingtième siècle !

Malgré la réticence des dirigeants de la social-démocratie Allemande, une lutte ouverte contre les vues de Bernstein ne pouvait être évitée. Bien qu’il ait retardé le plus longtemps possible le moment de prendre sa plume, Kautsky — l’arbitre ultime de toutes les controverses politiques au sein du mouvement socialiste Allemand et Européen — entra finalement en lisse contre Bernstein, et réfuta sobrement ses principaux arguments. Au congrès du parti en 1898 et à d’autres dans les années qui suivirent, les hérésies de Bernstein furent officiellement condamnées. A un niveau théorique, le règne du marxisme était absolu. Mais à un autre niveau, celui de la pratique et de l’organisation du parti, la lutte contre le révisionnisme théorique n’eût aucun impact quel qu’il soit.

Quand Plekhanov invita le SPD à expulser Bernstein, la proposition fut rejetée d’emblée par les dirigeants du parti. Il n’y avait pas de réelle volonté parmi les dirigeants du parti d’explorer et d’exposer le lien tout à fait réel existant entre la théorie révisionniste et la pratique et l’organisation du SPD. L’avoir fait aurait inévitablement remis en question la relation entre le SPD et les syndicats qui étaient, du moins sur le papier, sous le contrôle du parti.

Il y avait de nombreuses raisons pour lesquelles la perspective d’une lutte ouverte contre les formes pratiques de l’opportunisme, en particulier celles associées avec la pratique au jour le jour des syndicats, n’enthousiasmait pas les dirigeants du SPD. Ils craignaient qu’une telle lutte puisse faire éclater le parti, entraîner une rupture dans les rangs de la classe ouvrière, compromettre des décennies de progrès organisationnels et même faciliter la répression étatique contre le SPD. Ces inquiétudes étaient d’importance. Et pourtant, les conséquences de l’esquive par le SPD de la lutte contre l’opportunisme politique furent profondes et tragiques.

Qui plus est, le révisionnisme n’était pas qu’un problème allemand. Il se manifestait sous des formes diverses dans toute la Seconde Internationale. En 1899, le Parti socialiste français fut secoué quand un de ses dirigeants, Alexandre Millerand, accepta l’invitation du président français Waldeck-Rousseau, à rejoindre son cabinet comme ministre du commerce. Cet événement mit on ne peut plus clairement en évidence le fait que la logique du Bernsteinisme conduisait à la collaboration de classe, à la capitulation politique à l’égard de la bourgeoisie et à la défense de son Etat.

C’est seulement dans une section de la Seconde Internationale, le Parti ouvrier social-démocrate de Russie, que la lutte contre le révisionnisme se développa systématiquement pour parvenir à ses ultimes conclusions politiques.

Notes :

[1] Traduit de l’anglais : Marx and Engels Collected Works, Volume 41 (New York : International Publishers, 1985), p. 442.

[2] Marx and Engels, Collected Works, Volume 3 (New York : International Publishers, 1975), p. 182.

(Sous le titre de Contribution à la critique de La philosophie du droit de Hegel)

http://www.marxists.org/francais/marx/works/1843/00/km18430000.htm.

[3] Ibid, p. 187.

(Sous le titre de Contribution à la critique de La philosophie du droit de Hegel)

http://www.marxists.org/francais/marx/works/1843/00/km18430000.htm.

[4] Preface to A Contribution to the Critique of Political Economy, Collected Works, Volume 29 (New York : International Publishers, 1987), p. 263.

(Sous le titre de Préface à la Critique de l’économie politique)

http://www.marxists.org/francais/marx/works/1859/01/km18590100b.htm

[5] Traduit de l’anglais : cité dans H. Stuart Hughes, Consciousness and Society (New York : Vintage, 1977), p. 77.

[6] Traduit de l’anglais : Ibid, p. 88.

[7] Collected Works, Volume 50 (New York : International Publishers, 2004), p. 86.

Sous le titre de : Note des éditeurs à Les luttes de classes en France

(Extrait de la correspondance de Engels cité en note [1] et complété par « et qui plus est sans m’en avoir informé en aucune manière. » présent dans le texte anglais http://www.marxists.org/francais/marx/works/1850/03/km18500301a.htm

[8] Traduit de l’anglais : Marxism and Social Democracy : The Revisionist Debate 1896-1898, ed. H. Tudor and J.M. Tudor (Cambridge University Press, 1988), p. 74.

[9] Traduit de l’anglais : Eduard Bernstein, The Preconditions of Socialism (Cambridge University Press, 1993), p. 1.

[10] Traduit de l’anglais : cité dans Peter Gay, The Dilemma of Democratic Socialism (New York : Collier, 1970), p. 152.

[11] London : Bookmarks, 1989, p. 29.
Chapitre 1 « La méthode opportuniste » de Réforme sociale ou révolution ?
http://www.marxists.org/francais/luxembur/works/1898/r_ou_r1_1.html

[12] Traduit de l’anglais Preconditions, p. 162.

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