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Le corium de Fukushima : la matière la plus dangereuse jamais créée par l’homme

mardi 24 septembre 2013, par Robert Paris

Le corium de Fukushima : la matière la plus dangereuse jamais créée par l’homme

Corium : c’est le mot tabou de Tepco. Pourquoi l’entreprise responsable de la plus grande catastrophe nucléaire au monde n’en parle jamais ? Tout simplement parce que c’est la matière la plus dangereuse jamais créée par l’homme, une sorte de magma incontrôlable et ingérable, aux conséquences incommensurables. Une température variant entre 2500 et 3200 °C, soit 2 à 3 fois plus qu’un volcan en éruption. Personne ne peut s’en approcher sans décéder dans les secondes qui suivent. Avec le plutonium issu du combustible MOX fabriqué à Marcoule (Gard) par Areva et le laboratoire spécialement conçu pour étudier le corium implanté à Cadarache (Bouches-du-Rhône), la France et la Provence sont pleinement co-responsable de la catastrophe. Face aux informations contradictoires qui circulent sur cette matière rare et mal connue, voici le point des connaissances actuelles (**).

On ne communique pas beaucoup sur le sujet dans le milieu du nucléaire, sauf entre experts. En effet, c’est la bête noire du monde de l’atome, car cette matière n’existe qu’en cas d’accident grave. Three Mile Island en 1979, Tchernobyl en 1986 et Fukushima en 2011 ont produit chacun leur corium. Si l’on connaît aujourd’hui les coriums des deux premiers accidents cités, on ne sait pas grand-chose de celui de Fukushima, car il faudra attendre des années avant que celui-ci ne se refroidisse et que l’on puisse l’approcher. Pour autant, on peut essayer d’évaluer sa nature, son action et ses conséquences.

Définition du corium

Le corium est un magma résultant de la fusion des éléments du cœur d’un réacteur nucléaire. Il est constitué du combustible nucléaire (uranium et plutonium), du gainage des éléments combustibles (alliage de zirconium) et des divers éléments du cœur avec lesquels il rentre en contact (barres, tuyauteries, supports, etc.). Le terme « corium » est un néologisme formé de core (en anglais, pour le cœur d’un réacteur nucléaire), suivi du suffixe "ium" présent dans le nom de nombreux éléments radioactifs : uranium, plutonium, neptunium, américium, etc.

Matière de tous les extrêmes

Le corium est la matière des six extrêmes : il est extrêmement puissant, extrêmement toxique, extrêmement radioactif, extrêmement chaud, extrêmement dense et extrêmement corrosif.

Extrêmement puissant : Le combustible fondu est le constituant principal du corium. Or ce combustible est formé dès l’origine d’assemblages de crayons contenant des pastilles. Dans le réacteur n°1 de Fukushima Daiichi, le cœur tait composé de 400 assemblages constitués de 63 crayons de combustibles chacun. Les réacteurs 2 et 3 étaient quant à eux composés, chacun, de 548 assemblages, constitués eux-mêmes de 63 crayons de combustibles. Sachant qu’un crayon contient environ 360 pastilles, on peut en déduire que dans les trois réacteurs concernés, il y a plus de 33 millions de pastilles en jeu.

Et comme chaque pastille est supposée délivrer autant d’énergie qu’une tonne de charbon, on comprend pourquoi le corium développe une chaleur énorme en totale autonomie.

Extrêmement toxique : Le corium contient un nombre important d’éléments en fusion, interagissant entre-eux sans cesse, et produisant des gaz et des aérosols. C’est la toxicité de ces émanations qui est problématique, car les particules émises sont extrêmement fines, invisibles à l’œil nu et, en suspension dans l’air, peuvent se déplacer avec les vents jusqu’à faire le tour de la terre.

Toutefois, plus on s’éloigne de la source, plus ces particules et ces gaz sont dilués dans l’atmosphère et présentent moins de danger (mais pas aucun) danger. C’est donc le Japon en premier lieu qui est victime des effets de toxicité des éléments diffusés. Néanmoins, si la concentration de particules diminue avec la distance, au final le bilan en maladies reste le même mais réparties différemment (1).

Exemple d’élément toxique : l’uranium. C’est un toxique chimique pour le rein, mais il peut aussi toucher les poumons, les os et le foie. Il a aussi des effets sur le système nerveux, comparables à ceux d’autres poisons métalliques comme le mercure, le cadmium ou le plomb. L’uranium peut enfin augmenter la perméabilité cutanée et avoir des effets génétiques.

Extrêmement radioactif : Le corium émet tellement de radioactivité que personne ne peut s’en approcher sans décéder dans les secondes qui suivent. Il avoisine 28 térabecquerels par kg, soit, pour un corium de 50 tonnes, plus d’un million de térabecquerels (un becquerel correspond à une désintégration par seconde, un million de TBq correspond à 10 puissance 18 désintégrations par seconde).

Comme le corium est critique, ou localement critique, c’est-à-dire qu’il présente des réactions de fission nucléaire, rien n’est modélisable et tout peut arriver.

Ce que l’on sait, c’est qu’au fur et à mesure que les éléments lourds se regroupent, la masse critique augmente et donc la réaction ainsi que la température.

Par effet de coefficient de température négatif, la réaction tend à diminuer et donc aussi la température. Il s’établit ainsi un cycle d’augmentation et de réduction du volume de ce noyau très actif, la période de ce cycle dépendant de la masse, de la densité, de la forme et de la composition du corium.

Cet effet de « respiration » du corium est sans doute à mettre en corrélation à Fukushima avec les mesures changeantes de pression, de température et de radioactivité données par Tepco au fil des mois suivant la catastrophe.

Extrêmement chaud : Areva, par la voix de François Bouteille, explique que le corium a une température de 2500°C. Mais en fait, selon son environnement, il peut monter encore de 400°C car la température de fusion de l’oxyde d’uranium est de l’ordre de 2900°C. En fait, sa température varie entre 2500 et 3200 °C.

Pour comparaison, la température de la lave d’un volcan se situe entre 700 et 1200°C. Cette chaleur importante, produite par la désintégration des produits de fission, peut faire fondre la plupart des matériaux qu’il rencontre, comme l’acier ou le béton. C’est pour cela qu’il est incontrôlable, car personne ne peut l’approcher et il détruit tout sur son passage.

Une autre source de chaleur est l’oxydation des métaux par réactions chimiques à chaud avec l’oxygène atmosphérique ou la vapeur d’eau.

Les chercheurs ont du mal à étudier le corium et les essais qu’ils effectuent sont loin de la réalité puisqu’ils travaillent sur des magmas n’ayant souvent pas la même composition, avec des températures plus faibles (souvent de 500 à 2000°C) et des masses 50 à 500 fois moins importantes que celles des cœurs de Fukushima. Toutefois, parmi une multitude de paramètres étudiés, ils déterminent que la cuve en acier d’un réacteur recevant un bain de corium en son fond devient fragile à partir de 1000°C.

A Tchernobyl, il a fallu 6 à 7 mois pour obtenir un “arrêt à froid” de la masse de corium. Mais 18 ans après l’accident, en 2004, on mesurait encore une température de 36°C à proximité du combustible fondu (2).

A Fukushima, la dernière feuille de route de Tepco (3) en juillet - tout comme l’analyse de l’IRSN - annonce un “arrêt à froid” des réacteurs pour janvier 2012 : l’entreprise en effet ne communique que sur les réacteurs, pas sur le corium. Et pour cause, il faudra probablement quelques dizaines d’années avant un refroidissement de celui-ci. Il faut donc voir l’expression “arrêt à froid” comme une façade de communication minimisant la catastrophe.

Extrêmement dense : Le corium a une densité de l’ordre de 20, c’est -à-dire environ trois fois plus importante que l’acier. Concrètement, cela signifie qu’un mètre cube de corium pèse 20 tonnes (contre 1 tonne pour 1 m 3 d’eau). Le volume des différents coriums est estimé, par Jansson -Guilcher, de 1 à 1,5 m3 (20/30 tonnes) pour le réacteur 1 et de 3 à 4 m 3 (60/70 tonnes) pour les réacteurs 2 et 3. On peut ainsi mieux imaginer ce qu’une telle masse peut produire comme pression sur une très faible surface. Mais s’il s’avère que l’ensemble du corium puisse se conglomérer, par exemple en cas de l’effondrement d’un fond de cuve, les masses en jeu sont évidemment plus importantes et l’attaque du béton ou du sol est d’autant plus renforcée.

Extrêmement corrosif : Le corium est capable de traverser la coque en acier d’une cuve et la dalle de béton qui la supporte. La cuve principale (RPV = Reactor Pressure Vessel) fait 16 à 17 centimètres d’épaisseur. La cuve secondaire dite “de confinement” (appelée aussi Drywell ou PCV = Pressure Containment Vessel) est beaucoup plus mince, de l’ordre de 2 à 6 cm, mais doublée d’un bouclier de béton. Enfin, la dalle de béton de base, appelée aussi radier, devrait avoir en théorie une épaisseur de 8 mètres. Toutes ces protections peuvent être traversées par le corium par corrosion

Quand le corium de Fukushima s’est-il formé ?

La panne du système de refroidissement de la centrale de Fukushima Daiichi a eu lieu le 11 mars 2011, mais on ne sait pas encore exactement la ou les causes (tremblement de terre, tsunami, et possible erreur humaine pour le réacteur 1). Quoiqu’il en soit, après deux mois de dissimulations, Tepco a finalement reconnu que les cœurs des réacteurs 1, 2 et 3 avaient fondu. Le réacteur 1 n’a plus été refroidi durant 14 heures et 9 minutes, le 2 durant 6 heures et 29 minutes et le 3 durant 6 heures et 43 minutes.


Combien de tonnes de combustible ont fondu ?

D’après les données connues des combustibles des réacteurs de Fukushima Daiichi, on connaît les masses de combustible des trois coriums :

 corium 1 : 69 tonnes

 corium 2 : 94 tonnes

 corium 3 : 94 tonnes

soit une masse totale de combustible en fusion de 257 tonnes.

Pour comparaison, le corium de Three Mile Island avait une masse d’environ 20 tonnes et celui de Tchernobyl de 50 à 80 tonnes. A Fukushima, les coriums ont donc une masse jamais égalée, ce qui explique entre autres les difficultés que rencontrent les experts pour modéliser l’accident.

Quant au corium 3, il faut préciser que celui-ci contient du plutonium issu du combustible MOX fabriqué en France à Marcoule par Areva.

Ce dernier étant constitué de plutonium à 6,25%, et le cœur du réacteur 3 contenant 32 assemblages sur les 548 présents, on peut évaluer à au moins 300 kg la masse de plutonium issu du MOX contenue dans le corium 3, sans compter le plutonium provenant du combustible usé contenu dans les 516 autres assemblages (4).

A ces données, il faut ajouter les tonnes de matériaux divers qui structurent les cœurs et qui peuvent avoir été emportés dans la masse en Corium en fusion, ce qui représente quelques tonnes supplémentaires.

Pour autant, l’expérience montre qu’une partie du corium reste dans les cuves percées s’il est suffisamment refroidi. Cela dépend en fait de l’état des cuves. Si le corium est passé par une ouverture minime de la cuve, une partie peut être restée attachée aux parois subsistantes. En revanche, si le cœur a fondu entièrement, le fond de cuve peut s’ouvrir complètement et dans ce cas, le corium résiduel est extrêmement faible.

Aspect et composition du corium

Le corium ressemble à de la lave en fusion, avec une consistance pâteuse, entre liquide et solide. Quand il rencontre une masse froide, ou quand il se refroidit avec le temps, une croûte peut se former, limitant ainsi les échanges de température. La croûte peut exister en surface, refroidie par exemple par de l’eau. Elle peut aussi être verticale, contre les parois d’une cuve en béton. Mais à Fukushima, le corium est actif, ainsi aucune possibilité de refroidissement n’est envisageable ou attendue pour l’instant. Si croûte il y a, elle doit être bien mince.

Les éléments constituant le corium n’ayant pas la même masse, ils migrent selon leur densité, les plus lourds (métaux) se retrouvant au fond et les plus légers (oxydes) en surface. Mais si la chaleur est trop intense, la production de gaz est importante et tout est brassé. Dans ce cas, les éléments les plus lourds ont tendance à se rassembler au centre.

Le corium est composé d’un certain nombre de métaux en fusion provenant de la fonte des différents éléments du cœur. Le zirconium, provenant des gaines de combustible, est le plus observé car il réagit avec l’eau en produisant du dioxyde de zirconium et de l’hydrogène.

D’autres métaux se retrouvent dans cette soupe, formant une couche dense contenant des métaux de transition tels que le ruthinium, le technitium ou le palladium, de l’indium, du cadmium, du zircaloy, du fer, du chrome, du nickel, du manganèse, de l’argent, des produits de fission métalliques, et du tellurure de zirconium.

La couche superficielle se compose principalement dès l’origine de dioxyde de zirconium et de dioxyde d’uranium, éventuellement avec de l’oxyde de fer et des oxydes de bore, puis elle finit par concentrer également des oxydes de strontium, de baryum, de lanthane, d’antimoine, d’étain, de niobium et de molybdène.

Progression du corium

Si l’on se réfère à une étude réalisée par l’Oak Ridge National Laboratory qui évoque une simulation d’accident de ce type dans un réacteur à eau bouillante similaire à ceux de Fukushima Daiichi, on sait qu’il suffit de 5 heures pour que le cœur ne soit plus recouvert d’eau, 6 heures pour que le cœur commence à fondre, 6h30 pour que le cœur s’effondre, 7 heures pour que le fond de la cuve lâche, et 14 h pour que le corium traverse une couche de 8 m de béton avec une progression de 1,20 m/h (5).

On peut donc raisonnablement supposer que la cuve du réacteur 1 de Fukushima Daiichi a été traversée par le corium dès le soir du 11 mars et que cette pâte incandescente est passée sous la dalle dès le 12 mars 2011.

Quant aux coriums des réacteurs 2 et 3, on sait qu’en 6 heures, ils ont eu le temps de se former et de fragiliser le fond de cuve, voire de la percer, en particulier pour le 3 (panne de 6h et 43min). Des éléments de preuves, provenant de sources internes à Tepco, mais non encore officialisées, indiquent que les réacteurs 2 et 3 ont bel et bien fondu, le numéro 3 s’étant même effondré dans sa cuve (6).

D’après Jansson-Guilcher, intervenant qualifié dans le forum technique de Radioprotection Cirkus, « une cavité a été ajoutée sous le réacteur. En fait, le sous-bassement n’est pas plein. Pour limiter les répercussions sismiques, les Japonais ont "allégé" la dalle pour constituer un corps creux, sensé être plus résistant aux séismes qu’une dalle pleine ». Cette cavité pourrait faire communiquer les 4 réacteurs de Fukushima Daiichi par des tunnels de dépressurisation. Si cette information est confirmée, le corium n’a pas eu à traverser les 8 mètres de béton, mais beaucoup moins, ce qui facilite sa progression verticale vers le sol géologique, d’autant plus qu’ Fukushima, il n’a rien été prévu pour permettre son étalement.

Dans le cas d’une descente du corium dans le sol, deux scénarios sont possibles. Soit celui -ci se rassemble au même endroit, et dans ce cas, il forme un puits d’environ 0,80 m de diamètre et descend à la verticale ; sa vitesse de progression est inconnue, mais doit être assez rapide comparée à la vitesse dans du béton qui est d’environ 1 m/jour. Soit il se disperse dans diverses directions, profitant de structures de sols moins dures ou s’infiltrant dans des failles rocheuses. Dans ce deuxième cas, il perdrait de sa puissance en se divisant en de multiples tentacules.

Avec une température de 2500 à 3000°C, il semble impossible qu’il reste coincé quelque part. Pourtant, d’après d’autres contributeurs dans d’autres forums et sites, le corium pourrait ne pas avoir traversé la dalle de béton le séparant du sol. L’explication serait que la masse de corium arrivée sur le radier serait trop faible pour engendrer une criticité. Mais là, personne n’est encore allé voir, donc tout n’est que suppositions.

Il y aurait pourtant des façons simples pour connaître à la fois l’avancée du corium et ses caractéristiques physico-chimiques, à commencer par une spectrographie et une spectroscopie aérienne ou satellitaire. On a aussi la possibilité de faire des relevés utilisant plusieurs gammes de fréquences comme l’infrarouge. Bien qu’il soit probable que les Japonais ont ces renseignements, 5 mois après la catastrophe, rien n’est communiqué sur ce sujet.

Que se passe-t-il quand le corium rencontre du béton ?

Au contact du corium, le béton se vitrifie puis se décompose et ce, de plus en plus vite au fur et à mesure de l’augmentation de la masse qui s’accumule au m me endroit. Un béton siliceux a un point de fusion à 1300°C. Un corium à 2800°C le transforme ainsi en divers gaz et aérosols : chaux vive (CaO), silice (SiO2), eau et gaz carbonique, mais aussi monoxyde de carbone et hydrogène qui peut être produit en de grandes quantités à cette occasion. La chaux vive, à l’état solide, réagit habituellement avec l’eau en produisant de la chaleur et de la chaux éteinte (Ca(OH)2). Il est probable que des phases de condensation de la chaux entretiennent ainsi la chaleur du corium. Du tellure est aussi relâché au fur et à mesure de la décomposition du tellurure de zirconium.

Tous ces produits, entre autres, se mélangent donc et interagissent continuellement, alimentant l’énergie du magma.

L’interaction corium-béton comme celui du bouclier inférieur de Fukushima Daiichi produit une fulgurite au point d’attaque, c’est-à-dire que le béton se vitrifie et forme un tube dont la structure cristalline est proche de celle des céramiques et se désolidarise du reste de la masse de béton car sa structure moléculaire est différente. Ensuite cette fulgurite, d’un diamètre de quelques centimètres à quelques dizaines de cm selon la masse de corium, peut servir de conduit pour le reste de la masse en fusion. La structure moléculaire des fulgurites procure à celles-ci une faible conductivité thermique et de ce fait, le reste de la masse de béton ne peut pas ou plus agir comme dissipateur thermique.

Que se passe-t-il quand le corium rencontre du métal ?

Il y a peu de métaux qui résistent à des températures de 2500 à 3000°C. De plus, ces métaux sont rares et ne possèdent pas les propriétés mécaniques de l’acier. C’est pourquoi les cuves des réacteurs sont toujours fabriquées en acier. Tout va bien si la température est maîtrisée. Mais en cas de panne du système de refroidissement, la cuve peut subir de graves dommages causés par la montée de la température et de la pression. Le point de fusion du fer étant à 1538°C, on peut com prendre pourquoi une cuve ne résiste pas longtemps à un corium puissant comme celui de Fukushima.

Par ailleurs, dans une atmosphère inerte, l’alliage argent-indium-cadmium provenant des barres de contrôle produit du cadmium. En présence d’eau, l’indium forme les instables oxydes d’indium et hydroxyde d’indium qui s’évaporent et forment un aérosol. L’oxydation de l’indium est inhibée par une atmosphère riche en hydrogène. Le césium et l’iode des produits de fission volatiles réagissent pour produire l’iodure de césium, qui se condense aussi sous forme d’aérosols.

Le bain de corium est donc un milieu multiconstituant et multiphasique (liquide, solide, gaz) dont la composition et les propriétés physiques évoluent constamment au cours de ses interactions avec les éléments de son environnement.

Que se passe-t-il quand le corium rencontre de l’eau ?

L’eau est craquée à partir de 850°C par thermolyse, ce qui signifie qu’elle subit, à cause de la chaleur, une réaction de décomposition chimique en deux éléments : l’oxygène et l’hydrogène. Dans le même temps, l’eau subit une radiolyse, qui est le craquage de la molécule d’eau par la forte radioactivité , en donnant des radicaux libres d’hydrogène et d’hydroxyde.

Dans les deux cas, en expérimentation, on constate autour du corium la formation d’une bulle de gaz formée d’hydrogène, d’oxygène et de vapeur, plus ou moins importante suivant la quantité de corium, son activité et sa température. De ce fait, l’eau n’est jamais vraiment en contact avec la masse en fusion.

La radiolyse et la thermolyse participent à la perte d’énergie du corium sur le long terme mais pas à un refroidissement à proprement parler, sauf à partir du moment où le corium a perdu son état de criticité.

Que veulent dire les termes « Melt-down », « Melt-through » et « Melt-out » ?

On rencontre parfois ces mots dans les articles concernant la fonte des cœurs de réacteurs nucléaires. Ce sont des mots anglais qui n’ont pas d’équivalents en français.

« Melt-down » (ou « Meltdown ») est un terme général faisant référence à la fusion d’un cœur de réacteur nucléaire à la suite d’un grave accident nucléaire. Lors de cet événement, les barres de combustible fondent et s’effondrent sur elles-mêmes. Si le refroidissement n’est pas rétabli suffisamment tôt, elles se retrouvent dans le fond de la cuve sous la forme d’un corium.

Le « Melt-through » est la suite logique du « Melt-down . Suite à la fusion du cœur d’un réacteur nucléaire et du percement de la cuve, le met-through de la cuve du réacteur peut prendre de quelques dizaines de minutes à plusieurs heures et le corium peut poursuivre son avancée en traversant le fond de l’enceinte de confinement. S’il n’est pas étalé, refroidi ou piégé dans une cavité prévue à cet effet, il arrive finalement à perforer la dalle de béton de base du réacteur.

Le « Melt-out » correspond à la phase finale de cet accident majeur. Le combustible fuit à l’extérieur des différentes barrières de confinement des réacteurs, soit la cuve du RPV et l’ampoule du Drywell : il atteint le sol géologique, continue sa descente plus ou moins rapidement selon la nature du terrain et diffuse une forte radioactivité dans l’environnement. Il est probable que l’on doive ce nouveau mot à Hiroaki Koide, de l’Université de Kyoto, car l’expression semble apparaître pour la première fois dans un article rapportant ses propos. Ce phénomène est aussi connu sous le nom de « syndrome chinois », en référence à des travaux évoqués pour la première fois par le physicien Ralph Lapp en 1971 (7), mais surtout à un film catastrophe sorti quelques jours avant l’accident de Three Mile Island. A ce propos, il est peu probable que le corium puisse rejoindre le magma, et de toute manière impossible qu’il puisse de passer le noyau terrestre.

Possibilité de contenir le corium

Comme le souligne la synthèse R&D relative aux accidents graves dans les réacteurs à eau pressurisée : Bilan et perspectives (2006, IRSN-CEA), il n’est pas possible, sur la base des résultats des essais réalisés( ), de conclure actuellement quant à la possibilité de stabilisation et de refroidissement d’un bain de corium en cours d’ICB [interaction corium-b ton] par injection d’eau en partie supérieure. Les progrès dans ce domaine sont malaisés du fait des difficultés technologiques (effets de taille, ancrage de croûte, représentativité du mode de chauffage,... ) auxquelles se heurte la réalisation d’essais en matériaux réels à une échelle suffisamment grande. »

Donc pour ce qui concerne le corium, l’arrosage des réacteurs de Fukushima est bien une mesure de pis-aller. En fait, l’eau apportée n’est pas destinée à refroidir l’ensemble du cœur initial mais à maintenir en place le corium résiduel. Celui-ci, dont la masse réduite n’engendre plus de criticité , peut en effet être refroidi.(***)

Le pire des cas serait un corium qui s’engouffrerait ou s’enfermerait dans le béton ou le sol, ce qui non seulement offrirait la meilleure forme possible pour conserver son intégrité, augmenterait le nombre de neutrons récupérés, mais en plus, la masse deviendrait, de facto, inaccessible, ce qui le rendrait impossible à refroidir.

C’est ce cas de figure qui semble se produire actuellement à Fukushima pour au moins l’un des réacteurs (n° 1). D’où l’idée de construire une enceinte souterraine qui limiterait la dissémination de la radioactivité dans le sol. Mais Tepco, entreprise privée exsangue, ne paraît pas être pressée de protéger l’environnement car ce projet, s’il était soumis aux actionnaires, ne serait sans doute pas accepté car trop coûteux.

Lors de l’accident de Tchernobyl, les Soviétiques n’avaient pas hésité à construire une dalle de béton sous le réacteur pour empêcher la descente du corium. Pourquoi les Japonais n’ont pas fait la même chose ? Peut-être à cause du coût, peut-être à cause de la présence de l’eau, peut-être parce que c’était trop tard ?

Dangers du corium

Les dangers du corium sont nombreux et vont s’inscrire malheureusement dans la durée. D’où l’absence de communication de Tepco sur le sujet.

Le premier danger est la formation d’hydrogène. On connaît bien le danger de ce gaz qui a provoqué les explosions dans les bâtiments des 4 premiers réacteurs au cours des premiers jours de la catastrophe. C’est ainsi que l’hydrogène, l’ élément le plus simple et le plus abondant de l’univers, est aussi le gaz le plus redouté dans l’industrie nucléaire.

Or le corium , une fois constitué, continue à en fabriquer. On a vu plus haut comment : en craquant l’eau par thermolyse et par radiolyse, mais aussi lors de la vaporisation du béton. C’est pourquoi Tepco injecte régulièrement de l’azote dans les réacteurs, afin d’atténuer les effets explosifs de l’hydrogène en présence d’oxygène. Une nouvelle explosion pourrait être catastrophique, car les bâtiments ont déjà beaucoup souffert et en particulier le n° 4 dont la structure est devenue instable et les piscines de combustible usés sont perchées à plus de 20 mètres de hauteur. Ce serait donc véritablement un désastre si l’une d’elle venait à lâcher.

Le deuxième danger est précisément la faculté qu’a le corium de fragiliser le béton. Dans le cas où il y a Melt-through, le corium le traverse sans problème, mais son action va avoir une conséquence sur la solidité des fondations : lors du refroidissement de la fulgurite, il se produit un changement de phase qui a la particularité de produire une forte augmentation de volume ; ainsi les parois de béton en contact, mais désolidarisées mécaniquement des fulgurites, sont détruites par effet de compression. On peut donc s’attendre, avec le refroidissement du bouclier inférieur dans les mois à venir, à une destruction d’éléments massifs de la structure en béton de soutènement, ce qui pourrait avoir plusieurs effets négatifs : fragilisation des bâtiments réacteurs et apparition de failles supplémentaires où l’eau hautement radioactive utilisée continuellement pour le refroidissement pourrait s’ échapper dans l’environnement, accentuant la pollution.

Un troisième danger a longtemps été évoqué dans les premières semaines de la catastrophe : la possibilité d’une explosion de vapeur. Le corium, dans sa descente souterraine, pourrait rencontrer une masse d’eau qui, sous la chaleur du magma, la transformerait immédiatement en vapeur qui, avec la pression engendrée, provoquerait une énorme explosion si l’eau n’est pas dans un milieu ouvert. C’est ce que redoutaient déjà les soviétiques à Tchernobyl ; pour éviter ce grave danger, ils avaient vidé la piscine de suppression de pression avant que le corium ne l’atteigne. A Fukushima, on peut se demander si le même scénario ne s’est pas produit car le 4 avril, Tepco a commencé à vider 11 500 tonnes d’eau. Le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano, annonçait à l’occasion : « Nous n’avons pas d’autre choix que de rejeter cette eau contaminée dans l’océan comme mesure de sécurité » (8). Quant au porte-parole de Tepco, il pleurait en annonçant la nouvelle. Pleurait-il parce qu’il déversait de l’eau faiblement radioactive dans la mer ou parce qu’il savait que le corium allait définitivement être perdu ? Dans cette hypothèse, le corium (de quel réacteur ?) aurait mis plus de trois semaines pour atteindre les sous-sols de la centrale.

Quant à la possibilité de rencontrer brutalement une masse d’eau naturelle, cela est peu probable. En effet, une nappe phréatique n’est pas un lac souterrain, mais une masse d’eau répartie dans le sol entre les élém ents le constituant. Si le corium traverse cette nappe, il ne rencontrera pas suffisamment d’eau à la fois pour provoquer une explosion. Cela provoquera en revanche des jets de vapeur, voire des geysers, qui pourront apparaître n’importe où à la surface, passant dans les failles et les interstices du sol. Et cela constitue le quatrième danger, celui de la contamination de l’environnement. L’eau, au contact avec le corium , se charge d’uranium, de plutonium, de cobalt, de césium, etc... à des niveaux extrêmement élevés et se trouve donc fortement contaminée. Si elle parvient à sortir de terre, la pollution se propagera dans l’atmosphère sous forme de vapeurs, de gaz ou d’aérosols radioactifs. Si la vapeur se condense dans le sol, elle polluera irrémédiablement le sol, et les radionucléides rejoindront inévitablement la nappe phréatique.

Un autre grand danger, le cinquième, est celui que le corium rencontre la nappe aquifère en relation avec la mer. Après tout, les réacteurs ne sont situés qu’ 200 mères du rivage, et les sous-sols des bâtiments réacteurs sont clairement en dessous du niveau de la mer, comme cela apparaît dans un plan du METI (Ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie). Donc si un corium a réellement traversé le radier, il s’est probablement trouvé en contact avec un niveau géologique en relation avec l’océan, car la centrale est construite sur des roches sédimentaires de type « grès , assez perméable à l’eau car souvent fracturées .

Or, une contamination continue de la mer durant des dizaines d’années pourrait créer des dommages considérables pour l’ensemble du littoral oriental de l’archipel.

On a aussi également beaucoup parlé dans les forums d’un risque d’explosion nucléaire, hypothèse qui a été reprise dans quelques articles. Le terme "d’explosion nucléaire" avait déjà été employée de manière incorrecte dans les médias pour des explosions d’hydrogène.

En fait, dans une centrale nucléaire, une explosion n’est pas forcément nucléaire. En revanche, une explosion d’hydrogéne dans une centrale nucléaire rejette de la radioactivité dans l’environnement. Même s’il reste de grandes interrogations sur la nature des explosions de l’unité 3, il ne faut pas faire d’amalgame****.

En outre, il reste encore une grande inconnue, c’est le comportement des différents coriums engendrés par la catastrophe du 11 mars. Ils ont chacun des masses et des compositions diff rentes, selon ce qu’il y avait au départ dans chaque réacteur et ce qu’ils ont "mangé" sur leur passage. La modélisation de l’activité de coriums d’une aussi grande masse n’a jam ais été réalisée, et l’accident de Fukushim a devient une terrible "expérience", sauf que cette expérience se fait et se fera dans un milieu non confiné aux dépens de la population japonaise au premier chef, mais aussi de la population mondiale puisqu’elle est partie pour durer des dizaines d’années.

L’idée défendue par le milieu nucléaire de se servir du retour d’expérience de Fukushima pour réaménager le parc nucléaire mondial existant est donc un leurre puisque l’on ne connaîtra réellement ce qui s’est passe que dans des décennies. D’où l’utilité de réclamer l’arrêt d’urgence de l’emploi de l’énergie nucléaire, notamment pour les centrales les plus vieilles, afin de ne plus prendre le risque d’une telle catastrophe.

En France, il existe un laboratoire spécialement conçu pour étudier le corium : le Laboratoire d’études du corium et du transfert des radioéléments (LETR, anciennement LEPF). Celui-ci fait partie du Service d’études et de modélisation de l’incendie, du corium et du confinement (Semic) de la Direction de prévention des accidents majeurs (DPAM). Situé sur le centre de recherches de Cadarache, dans sud-est de la France, il est dirigé par Didier Vola.

L’étude du corium en fusion est donc en lui -même un domaine de recherche ; des programmes d’essais sont organisés : MASCA (thermochimie du corium), FOREVER, ou VULCANO (écoulement du corium), LHF (percement de la cuve), QUENCH (renoyage du corium), ainsi que tous les tests portant sur le refroidissement du corium hors cuve (******).

__

** Pierre Fetet http://fukushima.over-blog.fr/

(1) “Le sort qui est réservé habituellement aux travailleurs du nucléaire devient en définitive le sort de la population mondiale car il faut bien comprendre que la dispersion des radioéléments n’enlève rien à leur action leur concentration diminue mais leur rayon d’action s’étend en conséquence et, au final, le nombre de maladies engendrées par les accidents nucléaires majeurs reste le même, il est juste réparti diff remment.” source : http://www.gen4.fr/blog/2011/07/les-infos-de-fukushima-et-dailleurs-317.html

(2) L’Express, 6/12/2004 : “Tchernobyl, la catastrophe à petit feu” source : http://www.dissident-media.org/infonucleaire/sarcophage2.html

(3) La dernière feuille de route est décrite ici : http://news.lucaswhitefieldhixson.com/2011/07/japan-and-tepco-revise-roadmap-to.html

(4) On peut toutefois se poser la question de la pertinence de l’information de 32 assemblages de MOX.

D’après un article d’Andréa Fradin, un responsable d’Areva aurait déclaré que le cœur du réacteur 3 était chargé de 30% de MOX, ce qui change complètement la donne. Je reviendrai sur ce sujet dans un autre article.

(5) Cette vitesse de 1,20 m/h est en totale discordance avec Areva qui annonce un percement du béton par le corium avec une progression de moins d’un m tre par jour (lien). Il est vrai qu’il existe diff rents types de béton, présentant plus ou moins de densité et de résistance. La quantité de corium doit jouer aussi beaucoup. La différence peut s’expliquer également en fonction du moment d’attaque : la phase d’érosion rapide du radier en béton dure environ une heure et progresse sur environ un mètre de profondeur, puis ralentit à plusieurs centimètres par heure, et s’arrête complètement si le corium refroidit en dessous de la température de décomposition du béton (environ 1100 ° C).

(6) Cf. « Révélations sur la crise de Fukushima Daiichi », Courrier international, 18 mai 2011.

(7) LAPP (Ralph E.), “Thoughts on nuclear plumbing”, The New York Times, 12 déc. 1971, p. E11.

(8) Source : « Fukushima : 11.500 tonnes d’eau radioactiv e à la mer », Le Figaro, 5 avril 2011.

(9) Source : « Tokaï-Mura.1999 : Un accident de criticité au Japon », site La radioactivité.com

(10) Source : « Une c entrale nucléaire peut-elle explos er comme une bombe nucléaire ? »

*** http://www.irsn.fr/FR/popup/Pages/Experience_Vulcano.aspx

****En octobre 1999, un accident de criticité a eu lieu au Japon à Tokaï-Mura : lors d’une phase de mélange de composants, le dépassement de la masse critique d’uranium enrichi avait déclenché un « début d’explosion atomique (9). Pour autant, les défenseurs de l’énergie nucléaire ont toujours affirmé qu’une centrale nucléaire ne pouvait pas exploser comme une bombe atomique. Il y a du vrai et du faux. Une explosion nucléaire implique un emballement de la réaction en chaîne. Or cet emballement peut être plus ou moins important. Quand il est important, c’est que le combustible est très pur et très enrichi. On ne rencontre ça que dans une bombe. Dans une centrale nucléaire en fonctionnement normal, le combustible peut être sujet à un emballement suite à une erreur de manipulation ou une panne du système de refroidissement, mais il ne donnera jamais une explosion atomique du type bombe H car l’environnement, les taux et la nature des combustibles ne le permettent pas. En revanche, cet emballement, même minime, peut conduire une explosion nucléaire mais à des niveaux d’énergie comparable à celle des explosions conventionnelles, c’est-à-dire des millions de fois plus petite qu’une explosion nucléaire militaire (10).

****** liens sur le sujet : http://www-lgit.obs.ujf-grenoble.fr/users/peyrotm/documents/rapportCEA.pdf / http://gsite.univ-provence.fr/gsite/Local/sft/dir/user-3775/documents/actes/Congres_2007/communications/134.pdf / http://ethesis.inp-toulouse.fr/archive/00001391/ / http://www.irsn.fr/FR/Larecherche/publications-documentation/aktis-lettre-dossiers-thematiques/RST/RST-2005/Documents/F5RST05-3.pdf /
http://www.sar-net.org/upload/s2-presentationoverviewcoriumbonnet.pdf / http://www.irsn.fr/FR/Larecherche/Formation_recherche/Theses/Theses-soutenues/DPAM/Documents/2010-these-introini.pdf / http://www.irsn.fr/FR/Larecherche/publications-documentation/Publications_documentation/BDD_publi/DSR/SAGR/Documents/rapport_RetD_AG_VF.PDF / http://article.nuclear.or.kr/jknsfile/v41/JK0410575.pdf / http://www.irsn.fr/FR/Larecherche/outils-scientifiques/Codes-de-calcul/Pages/Le-systeme-de-logiciels-ASTEC-2949.aspx /

Articles sur le corium (et en particulier les excellents articles de Trifouillax de Gen4) : Le corium : les bases techniques (Gen4) / Corium (Wikipédia) / La "non-stratégie" de Tepco sur le corium de Fukushima (Gen4) / Le METI avait prévu le pire au Japon : Le Melt-through (Gen4) / D’après un ancien dirigeant de l’Agence Japonaise de l’Energie Atomique, il pourrait s ’être produit un "re -melting" dans l’extréacteur n°. 3 (Gen4) / Fukushima : après le "Melt-through", le "Melt-out" : le corium attaque les nappes phréatiques (Blog de Fukushima)

Liens pour les versions en ligne de ce document : Le corium de Fukushima (1) : description et données / Le corium de Fukushima (2) : effets et dangers

(Illustrations tirées d’une animation du METI et du site de l’IRSN)
Commentaires

1. Le mardi 15 novembre 2011, 14:13 par Max

Le niveau de risque de cette industrie, des applications liées à l’atome, est tout simplement inimaginable.

Tous les responsables qui diraient l’inverse, sont comme ces officiers qui ordonnaient aux soldats de tourner le dos à une explosion (essai) nucléaire et de rester sur le site, pendant qu’eux s’enfuyaient pour revenir 1 semaine après !

Le problème n’est pas de savoir le pourcentage de centrale à stopper.
Il est de savoir comment stopper les catastrophes en cours et empêcher celles qui vont venir.

L’évacuation des populations est la priorité n°1 mais même pour cela, il faut s’organiser contre la répression des Etats, qui ne veulent absolument pas de mouvement massif des peuples.
Si exode de masse il y a , les Etats déclareront non pas l’Etat d’urgence, mais la guerre pure et simple aux migrants.

Tous les Etats seront solidaires contre les peuples car la survie des appareils policiers, militaires, bureaucratiques est plus importante que la santé des populations.

La catastrophe nucléaire met en péril le modèle de société, le système économique et social.

Le vieux monde est déjà en pleine crise capitaliste : une évacuation d’une région aussi importante que celle de Fukushima, sans parler de la ville de Tokyo, et c’est le coup de grâce à la 2eme économie du monde....donc à l’économie mondiale.

Alors coté politique, pour la gauche et la droite, sauver le nucléaire, c’est sauver le capitalisme à court terme, car en 2016 y aura t il encore des élections ?

Article de la coordination anti-nucléaire Sud-Est

source

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Lire encore sur le nucléaire

Messages

  • Les dalles de béton des réacteurs de Fukushima ont été traversées. Le corium continue sa descente, nous apprend futura-sciences.

    Le béton ne refroidit pas le corium, il se creuse, maintient sa température. L’acier lui est un garde-fou si la température est maitrisée, ce qui n’est pas possible en cas d’enfoncement de la matière. D’où le souci... Car sans maintien, plus d’intervention humaine possible [il faut refroidir le corium, ce n’est a priori pas un choix !]. Le menu, sinon, c’est la contamination de l’environnement et des risques d’explosions, euphémisme, empoisonnées.

  • Un scénario-catastrophe surnommé « syndrome chinois » envisage le cas où le corium perce ou fait exploser sous la pression le bâtiment réacteur puis s’enfonce dans le sol, brisant la troisième et ultime barrière de protection et se répandant dans le milieu naturel.

  • D’après les données connues des combustibles des réacteurs de Fukushima Daiichi, on connaît les masses de combustible des trois coriums :

     corium 1 : 69 tonnes

     corium 2 : 94 tonnes

     corium 3 : 94 tonnes

    soit une masse totale de combustible en fusion de 257 tonnes.
    Pour comparaison, le corium de Three Mile Island avait une masse d’environ 20 tonnes et celui de Tchernobyl de 50 à 80 tonnes. A Fukushima, les coriums ont donc une masse jamais égalée, ce qui explique entre autres les difficultés que rencontrent les experts pour modéliser l’accident.

    Avec une température de 2500 à 3000°C, il semble impossible qu’il reste coincé quelque part. Pourtant, d’après d’autres contributeurs dans d’autres forums et sites, le corium pourrait ne pas avoir traversé la dalle de béton le séparant du sol. L’explication serait que la masse de corium arrivée sur le radier serait trop faible pour engendrer une criticité. Mais là, personne n’est encore allé voir, donc tout n’est que suppositions.
    Il y aurait pourtant des façons simples pour connaître à la fois l’avancée du corium et ses caractéristiques physico-chimiques, à commencer par une spectrographie et une spectroscopie aérienne ou satellitaire. On a aussi la possibilité de faire des relevés utilisant plusieurs gammes de fréquences comme l’infrarouge. Bien qu’il soit probable que les Japonais ont ces renseignements, 5 mois après la catastrophe, rien n’est communiqué à ce sujet.

  • Où sont donc passés les trois coriums issus de la fusion du combustible des réacteurs n°1 à 3 ? Longtemps tu, cet événement majeur a fini par être reconnu officiellement par le gouvernement japonais et par Tepco, l’opérateur de la centrale. Mais, plus de dix-huit mois après le début de la catastrophe, le mystère de leur localisation reste entier, ou tout du moins n’a pas été dévoilé. Les coriums ont percé les cuves en acier des trois réacteurs et des ruptures des enceintes de confinement sont avérées, déduites des relevés des niveaux de radiations, de la température et de la pression des réacteurs, ainsi que de l’existence de fuites d’eau de refroidissement contaminée.
    Les explorations se sont dernièrement concentrées sur le réacteur n°1, où une caméra endoscopique étanche a pu être introduite le 11 octobre dernier dans une des zones où il est suspecté que le corium, aux énormes capacités de perforation et d’abrasion vu sa température de plus de 2000 degrés centigrades, pourrait notamment se trouver : dans la partie Est de la chambre de la piscine de dépressurisation (le tore, en anglais : torus), en contrebas de la cuve percée du réacteur. Il n’a pas été possible de faire de même à l’Ouest de celui-ci, le rayonnement étant beaucoup trop intense dans cette région pour que des ouvriers puissent percer l’orifice permettant au dispositif d’observation d’être introduit.
    Le réacteur n°1 semble avoir été choisi car le niveau de rayonnement qu’il dégage est inférieur à celui du réacteur n°2, facilitant les travaux et les observations. Les niveaux de rayonnement interne au réacteur n°1 ont fait apparaître de très fortes disparités, permettant ainsi de localiser la zone où le corium doit encore se trouver, au moins en partie, son cheminement n’étant pas établi. Mais ils laissent également craindre, par comparaison avec ceux plus élevés du réacteur n°2, que le corium se serait au moins partiellement répandu hors de la cuve de confinement du réacteur, la dernière barrière biologique, signant un possible syndrome chinois qui reste à établir ou à infirmer. La piste du corium est rebelle, mais elle se précise petit à petit. Les connaissances recueillies lors des catastrophes précédentes de Three Mile Island et Tchernobyl sont également utilisées pour tenter de comprendre le chemin qu’a pu emprunter la masse du corium, estimée à 120 tonnes.
    Ces premières constatations encore très approximatives rendent à ce stade inconcevable la réalisation des travaux de démantèlement prévus. L’opérateur se trouve face à une situation jamais rencontrée et à des défis jamais relevés. Non compte-tenu de ce qui pourrait survenir, si d’aventure le syndrome chinois se confirmait et si le corium devait entrer en contact explosif avec la nappe phréatique située sous la centrale.
    Un autre problème aux apparences plus innocentes n’est pas prêt d’être résolu. La centrale continue d’être une machine à fabriquer de l’eau contaminée, qu’il faut stocker dans de grands réservoirs qui s’étendent déjà à perte de vue. L’eau injectée en permanence pour refroidir les réacteurs est contaminée au passage, puis fuit de ceux-ci, car ils sont donc percés ; elle rejoint les sous-sols techniques de la centrale et se répand dans son sous-sol, ou rejoint même la mer en s’écoulant sur une couche argileuse pentue, où elle est partiellement contenue par une digue. Tepco cherche à décontaminer suffisamment cette eau pour obtenir de pouvoir la déverser dans la mer, après en avoir déjà vainement déjà demandé l’autorisation aux autorités. L’expression « remplir un tonneau des Danaïdes » a trouvé sa parfaite illustration moderne.

  • Selon Hiroaki Koide de l’Université de Kyoto « la situation de la centrale de Fukushima est désespérée (…) il y a à peu près cent tonnes de corium. Les cuves de pressurisation et les métaux utilisés pour l’enceinte du bâtiment fondent à 1500 °. Il est donc probable que le corium soit tombé au fond des cuves, qu’une partie ait attaqué le sol et qu’une partie se soit mélangée avec l’eau contaminée, entraînant la fonte des murs ».

  • Quatre ans après le séisme et le tsunami du 11 mars 2011, qui ont ravagé la région de Tohoku, dans le nord-est de l’île de Honshu, et dévasté le complexe atomique de Fukushima-Daiichi, la bataille de la décontamination ne fait que commencer. La radioactivité demeure partout présente, dans les réacteurs éventrés comme dans les sous-sols gorgés d’eau qui continuent de souiller le Pacifique.

    Plus de 6 000 ouvriers se relaient en permanence – les niveaux de radiation obligeant à faire tourner les équipes – pour une gigantesque entreprise de démantèlement qui ne sera pas achevée avant trente ou quarante ans.

    A court terme, la gestion des eaux contaminées reste le principal défi pour l’opérateur du site, la société Tepco. Car la centrale est une véritable passoire. Chaque jour, 350 m³ d’eau douce sont injectés, pour les maintenir à une température comprise entre 20 et 50 °C, dans les trois des six réacteurs qui étaient en fonctionnement lors de la catastrophe (les unités 1, 2 et 3) et dont les cuves sont percées.

    Il n’y a pas une seule parole de vérité de la part des autorités et de la société Tepco.

  • Aucune nouvelle du corium de Fukushima. Personne ne peut dire, quatre ans après, où il est ! Les réacteurs 1, 2 et 3, dont les coeurs ont fondu au moment de l’accident, sont toujours continuellement refroidis et le déblayage alentour se poursuit pour diminuer les radiations. Les équipes de la compagnie Tokyo Electric Power (Tepco) et des centaines d’entreprises sous-traitantes procèdent aussi à des examens réguliers et améliorent autant que faire se peut les équipements installés pour entretenir le courant d’eau. Les piscines de désactivation de ces réacteurs sont refroidies constamment. Leur température est maintenue entre 10 et 25°C. 350 m³ d’eau douce sont ainsi injectés quotidiennement.

    Toutefois, aucune avancée notable n’a été réalisée sur la tâche majeure : la localisation et les moyens à mettre en oeuvre pour récupérer les "débris", à savoir le combustible fondu qui a pu transpercer la cuve sous pression et l’enceinte de confinement de ces trois réacteurs.

    S’ajoutent à cela de multiples imprévus, comme un large trou qui s’est formé dans la couverture protégeant le réacteur 1, à la suite d’une rafale de vent, mais surtout le problème récurrent des fuites radioactives. Ainsi, fin février, des capteurs fixés sur une conduite d’évacuation d’eaux de pluie et souterraines ont par exemple mesuré des taux de radioactivité jusqu’à 70 fois supérieurs aux valeurs déjà très élevées enregistrées sur le site.

  • Un fort séisme de magnitude 7,4 s’est produit dans le nord-est du pays mardi à 5h59 mardi au Japon. L’épicentre du tremblement de terre était situé au large de la préfecture de Fukushima, à une dizaine de kilomètres de profondeur, précise l’Agence météorologique japonaise (JMA). Le tremblement de terre a provoqué un raz-de-marée ayant atteint un mètre près de Fukushima. Une vague d’un mètre de haut a été observée dans la région de Fukushima et une vague de 1,4 mètre aux alentours de Sendai, à 70 km environ au nord de Fukushima, a indiqué la chaîne de télévision NHK. Des vagues plus petites ont touché des ports le long de la côte, a ajouté la NHK. Une alerte au tsunami avait au préalable été lancée sur les régions de Fukushima et de Miyagi et un avis de risque sur plusieurs autres.

    Toutes les centrales nucléaires exposées à un tsunami sont fermées depuis la catastrophe de 2011 qui a mis hors d’usage la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi exploitée par le groupe Tokyo Electric Tower (Tepco). Une porte-parole Tepco a précisé que le système de refroidissement de la piscine de stockage d’un réacteur à sa centrale de Fukushima Daini avait été arrêté par mesure de précaution, mais le système de refroidissement est reparti peu après. La société Tohoku Electric a indiqué de son côté qu’elle n’avait rien décelé d’anormal non plus dans la centrale d’Onagawa, située au nord de Fukushima. Seuls deux réacteurs japonais sont en activité, tous deux dans le sud-ouest du pays. Même à l’arrêt, les centrales ont cependant besoin de faire tourner leur système de refroidissement pour éviter tout risque de fusion nucléaire.

    Les déclarations des responsables du nucléaire japonais ont toujours été rassurantes et opaques !!!

  • Le coût financier de Fukushima est déjà le plus grand de toutes les catastrophes de l’Histoire et cela ne fera que s’aggraver. Il est payé bien entendu non par les classes dirigeantes, non par le nucléaire japonais ou mondial mais par les travailleurs et les milieux populaires du Japon. Il se rajoute au coût humain et de santé publique !

  • Tepco ne sait pas que faire des 800 tonnes de corium dont il affirme ne pas savoir où ils sont partis, après avoir démarré leur fusion dans les cœurs 1, 2 et 3 des réacteurs de Fukushima, de même que Tepco ne sait pas que faire des tonnes d’eau radioactive qui servent à refroidir les cœurs et qui s’écoulent inévitablement dans l’océan, polluant progressivement toute la planète.

    Tepco devrait être rayé des entreprises légales, de même que les autres capitalistes tueurs du nucléaire, mais elle existe toujours et continue de polluer l’humanité…

  • Les dangers du corium sont nombreux et vont s’inscrire malheureusement dans la durée. D’où l’absence de communication de Tepco sur le sujet…

    Le premier danger est la formation d’hydrogène. On connaît bien le danger de ce gaz qui a provoqué les explosions dans bâtiments des 4 premiers réacteurs au cours des premiers jours de la catastrophe. C’est ainsi que l’hydrogène, l’élément le plus simple et le plus abondant de l’univers, est aussi le gaz le plus redouté dans l’industrie nucléaire.

    Or le corium, une fois constitué, continue à en fabriquer. On a vu plus haut comment : en craquant l’eau par thermolyse et par radiolyse, mais aussi lors de la vaporisation du béton. C’est pourquoi Tepco injecte régulièrement de l’azote dans les réacteurs, afin d’atténuer les effets explosifs de l’hydrogène en présence d’oxygène. Une nouvelle explosion pourrait être catastrophique, car les bâtiments ont déjà beaucoup souffert ‒ en particulier le n° 4 dont la structure est devenue instable ‒ et les piscines de combustible usé sont perchées à plus de 20 mètres de hauteur. Ce serait donc véritablement un désastre si l’une d’elle venait à lâcher.

    Le deuxième danger est précisément la faculté qu’a le corium de fragiliser le béton. Dans le cas où il y a Melt-through, le corium le traverse sans problème, mais son action va avoir une conséquence sur la solidité des fondations : lors du refroidissement de la fulgurite, il se produit un changement de phase qui a la particularité de produire une forte augmentation de volume ; ainsi les parois de béton en contact, mais désolidarisées mécaniquement des fulgurites, sont détruites par effet de compression. On peut donc s’attendre, avec le refroidissement du bouclier inférieur dans les mois à venir, à une destruction d’éléments massifs de la structure en béton de soutènement, ce qui pourrait avoir plusieurs effets négatifs : fragilisation des bâtiments réacteurs et apparition de failles supplémentaires où l’eau hautement radioactive utilisée continuellement pour le refroidissement pourrait s’échapper dans l’environnement, accentuant la pollution.

    Un troisième danger a longtemps été évoqué dans les premières semaines de la catastrophe : la possibilité d’une explosion de vapeur. Le corium, dans sa descente souterraine, pourrait rencontrer une masse d’eau qui, sous la chaleur du magma, la transformerait immédiatement en vapeur qui, avec la pression engendrée, provoquerait une énorme explosion si l’eau n’est pas dans un milieu ouvert. C’est ce que redoutaient déjà les soviétiques à Tchernobyl ; pour éviter ce grave danger, ils avaient vidé la piscine de suppression de pression avant que le corium ne l’atteigne. A Fukushima, on peut se demander si le même scénario ne s’est pas produit car le 4 avril, Tepco a commencé à vider 11 500 tonnes d’eau. Le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano, annonçait à l’occasion : « Nous n’avons pas d’autre choix que de rejeter cette eau contaminée dans l’océan comme mesure de sécurité » (8). Quant au porte-parole de Tepco, il pleurait en annonçant la nouvelle. Pleurait-il parce qu’il déversait de l’eau faiblement radioactive dans la mer ou parce qu’il savait que le corium allait définitivement être perdu ? Dans cette hypothèse, le corium (de quel réacteur ?) aurait mis plus de trois semaines pour atteindre les sous-sols de la centrale.

    Quant à la possibilité de rencontrer brutalement une masse d’eau naturelle, cela est peu probable. En effet, une nappe phréatique n’est pas un lac souterrain, mais une masse d’eau répartie dans le sol entre les éléments le constituant. Si le corium traverse cette nappe, il ne rencontrera pas suffisamment d’eau à la fois pour provoquer une explosion. Cela provoquera en revanche des jets de vapeur, voire des geysers, qui pourront apparaître n’importe où à la surface, passant dans les failles et les interstices du sol. Et cela constitue le quatrième danger, celui de la contamination de l’environnement. L’eau, au contact avec le corium, se charge d’uranium, de plutonium, de cobalt, de césium, etc. à des niveaux extrêmement élevés et se trouve donc fortement contaminée. Si elle parvient à sortir de terre, la pollution se propagera dans l’atmosphère sous forme de vapeurs, de gaz ou d’aérosols radioactifs. Si la vapeur se condense dans le sol, elle polluera irrémédiablement le sol, et les radionucléides rejoindront inévitablement la nappe phréatique.

    Un autre grand danger, le cinquième, est celui que le corium rencontre la nappe aquifère en relation avec la mer. Après tout, les réacteurs ne sont situés qu’à 200 mètres du rivage, et les sous-sols des bâtiments réacteurs sont clairement en dessous du niveau de la mer, comme cela apparaît dans un plan du METI (Ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie). Donc si un corium a réellement traversé le radier, il s’est probablement trouvé en contact avec un niveau géologique en relation avec l’océan, car la centrale est construite sur des roches sédimentaires de type « grès », assez perméable à l’eau car souvent fracturé. Or, une contamination continue de la mer durant des dizaines d’années pourrait créer des dommages considérables pour l’ensemble du littoral oriental de l’archipel.

    Le pire des cas serait un corium qui s’engouffrerait ou s’enfermerait dans le béton ou le sol, ce qui non seulement offrirait la meilleure forme possible pour conserver son intégrité, augmenterait le nombre de neutrons récupérés, mais en plus, la masse deviendrait, de facto, inaccessible, ce qui le rendrait impossible à refroidir.
    C’est ce cas de figure qui semble se produire actuellement à Fukushima pour au moins l’un des réacteurs (n° 1).

  • La compagnie électrique Tepco dit avoir relevé des taux mortels de plus de 500 sieverts au niveau du réacteur 2 de la centrale nucléaire de Fukushima.

    Le chiffre constaté reste très au-delà du précédent record de 73 sieverts établi en 2012 sur ce même réacteur. Avec de tels niveaux de rayonnement, « inimaginables » selon des experts japonais cités par l’agence Kyodo, la mort est quasi instantanée pour l’être humain.

    Depuis la fin décembre, Tokyo Electric company a percé une petite ouverture dans l’enceinte de confinement du réacteur 2. La compagnie cherche à déterminer quel est l’état du cœur des réacteurs, ce magma extrêmement radioactif constitué de débris et de barres de combustibles qui ont fondu dans les heures qui ont suivi le 11 mars 2011. Selon des calculs de l’Institut international de recherche sur le démantèlement nucléaire, ce corium représenterait une masse globale de 880 tonnes réparties entre les unités 1,2 et 3 de Fukushima. Tepco cherche également à localiser où se situe précisément ce magma.

    Dans le flot d’images filmées, Tepco a publié des clichés où l’on voit nettement qu’un piédestal en forme de plateforme grillagée est nettement enfoncé sur une surface carrée d’un mètre sur un mètre environ. Ce trou pourrait être causé par la chute de structures, de barres de combustibles fondus. Si cette hypothèse devait se confirmer, ce serait la première fois que Tepco localise le corium au sein de l’un de ses réacteurs.

    Selon une étude du ministère de l’Economie, du commerce et de l’industrie (Meti) publiée en décembre, le seul démantèlement des réacteurs devrait coûter au minimum 8 trillions de yens (autour de 65,9 milliards d’euros), soit quatre fois ce qui était initialement envisagé. Au final, la facture atteindrait les 177 milliards d’euros pour démanteler, indemniser les riverains et décontaminer l’environnement.

    En réalité, personne n’est actuellement capable de traiter le corium de Fukushima et donc de dire combien cela peut coûter !!!

  • Des traces de radiation provenant de la catastrophe nucléaire de Fukushima ont été détectées pour la première fois dans des saumons en Colombie-Britannique, annonce l’Université de Victoria (UVic).

    Le cesium-134 est précisément l’empreinte isotope de Fukushima, une sorte de carte d’identité permettant d’affirmer que la minuscule quantité de radiation trouvée dans des saumons sockeye britanno-colombiens provient bel et bien de la catastrophe nucléaire nipponne survenue en 2011.

    C’est dans le lac Okanagan, durant l’été 2015, que les poissons irradiés ont été prélevés : un total de 8 sur 156 ont présenté des traces de radiation au cesium-137, un autre isotope radioactif ...

  • L’expression était taboue, mais peu à peu la vérité fait surface. Dans les premiers jours de la catastrophe à la centrale nucléaire de Fukushima-daiichi en mars 2011 au Japon, le PDG de la compagnie électrique Tepco a fait passer la consigne à ses employés de ne pas utiliser l’expression « fusion du cœur du réacteur » pour décrire la situation sur le site ravagé par le séisme, le tsunami et les explosions en série. Cette dernière information, qui lève un peu plus le voile sur les jours cruciaux qui ont suivi le 11 mars 2011, éclaire à nouveau le passif documenté d’omissions, de falsifications et de graves violations des règles de sécurité commises par la compagnie depuis les années 70.

    Le président de Tokyo Electric Power Co. Masataka Shimizu a agi sous la pression du bureau de Naoto Kan, alors Premier ministre du Japon, selon une enquête de trois juristes mandatés par Tepco, diffusée jeudi. « Nous ne savons pas en quels termes et dans quel contexte précis le PDG a reçu ces ordres », a ajouté jeudi Yasuhisa Tanaka en présentant le fruit de trois mois d’investigation. « Nous n’avons pas pu découvrir d’éléments plus précis » pour déterminer qui a donné ces instructions dans l’entourage de Naoto Kan. Jeudi, l’ex-chef du gouvernement, qui est devenu l’un des militants antinucléaires les plus en vue du pays, a fait savoir dans un communiqué qu’il n’avait transmis aucun ordre pour bannir l’utilisation du mot « fusion ». Yukio Edano, secrétaire général et porte-parole du gouvernement au pire de la crise nucléaire, a également nié les allégations du rapport. Qui dit vrai ? Rien ne permet donc d’affirmer d’où vient cet ordre et qui l’a donné.

    Selon l’enquête, Masataka Shimizu, le PDG d’alors de Tepco, a demandé au vice-président de la compagnie, Sakae Muto de ne pas employer l’expression « fusion du cœur » du réacteur. Lors d’une conférence de presse le 14 mars 2011, organisée après une explosion à l’hydrogène au niveau du réacteur 3, Muto reçoit l’ordre en direct comme le rappelle une vidéo diffusée par la chaîne NHK (à la 55e seconde). Après avoir interviewé 70 responsables de Tepco, l’enquêteur Yasuhisa Tanaka qui a dirigé l’enquête, a déclaré jeudi que Sakae Muto avait prévu d’utiliser le mot « fusion » jusqu’à ce qu’il voie le mémo qui n’a pas été retrouvé. « Pour l’heure, nous ne pouvons pas clairement expliquer ce qu’il a pu arriver au combustible », finit par dire à la presse le numéro 2 de Tepco.

  • Naohiro Masuda, le patron de la commission de la centrale nucléaire de TEPCO à Fukushima Daiichi a finalement publiquement “officiellement” annoncé que 600 tonnes de combustible nucléaire fondu ou corium (NdT : en anglais le cœur du réacteur où se trouve le combustible nucléaire en fusion s’appelle “core”), manquent à l’appel (Epoch Times du 24 Mai 2016).

    D’après Gregory Jaczko, ancien patron de la Commission de Régulation Nucléaire des Etats-Unis (CRN), il est fort peu probable que le combustible en question soit jamais récupéré : “Personne ne sait vraiment où il se trouve et ce combustible est extrêmement radioactif et le restera pendant très très longtemps”.

    Une grosse partie du problème est que personne n’a jamais fait l’expérience d’une fusion totale comme cela se passe à Fukushima, qui est maintenant de l’ordre de 100%, le combustible nucléaire possiblement en train de s’enfoncer dans le sol, mais personne ne le sait pour certain.

    A partir de maintenant, tout n’est que voyage dans la Twilight Zone…

    “La fission absolument incontrôlable de l’assemblage de combustible nucléaire fondu continue quelque part dans les sous-bassements de ce qu’il reste de la centrale. Il est très important de le trouver dès que possible.”, reconnaît Masuda, admettant au passage que le Japon “ne possède pas encore la technologie pour extraire ce combustible d’uranium fondu actif”, (600t du combustible fondu de Fukushima n’ont toujours pas été retrouvées, révèle le patron de l’opération de nettoyage, RT, 24 mai 2016)

    La fission nucléaire se produit lorsque des atomes se divisent en de plus petits atomes. Dans le cas des bombes nucléaires, la fission doit se produire extrêmement rapidement afin de charger et de déclencher une grosse explosion, tandis que dans le cas d’un réacteur nucléaire, la fission doit se produire très lentement afin de produire de la chaleur, celle-ci à son tour est utilisée pour faire chauffer de l’eau jusqu’à ébullition, la vapeur qui se dégage est récupérée pour faire tourner une turbine qui produit de l’électricité.

    En 1986, des équipes d’ouvriers russes ont trouvé le corium fondu de la centrale nucléaire de Tchernobyl dans les plus bas niveaux de la centrale. Tout en “grillant 30 ouvriers” dans le processus, ils l’ont contenu de manière juste suffisante pour empêcher qu’il ne s’enfonce dans le sol, peut-être…

  • It took TEPCO about two months to admit the reactors had melted down, confirming what experts had been saying for weeks.

    TEPCO has made some progress, such as removing hundreds of spent fuel rods in one of the damaged buildings. But it has failed to establish the location of the melted fuel rods in the other three damaged reactors at the plant.

  • Fukushima : six ans après le désastre nucléaire, rien n’est réglé !

    80 000 personnes déplacées de la zone ravagée connaissent encore des conditions de vie précaires.

    La radioactivité fait obstacle au démantèlement et à la reconstruction économique, alors que les dégâts provoqués par le désastre nucléaire et les coûts pour décontaminer la zone ne cessent d’augmenter.

    Les fuites radioactives se poursuivent et les dernières découvertes sur le site, effectuées début février 2017 par des robots, ont de nouveau fait monter d’un cran l’inquiétude.

    Sur les réacteurs 1, 2 et 3 où les cœurs ont fondu pour former un magma hautement radioactif (corium) dont on ne sait toujours pas exactement six ans après où il est passé, dans quelles profondeurs souterraines il est tombé et avec quelles conséquences futures..

    La radioactivité est telle qu’une personne qui y serait exposée mourrait presque instantanément et les robots, dans les cas les plus difficiles, n’y résistent pas mieux que l’homme et meurent souvent en cours de route, avant même d’avoir achevé leurs investigations. En cause : des radiations trop intenses.

    Mais Tepco, qui le reconnaît, se garde de dire toute la vérité !

    D’ailleurs, normalement, la société devrait être fermée et interdite et ses dirigeants en prison !

    Loin de là, ils touchent des milliards de l’Etat !!!

  • Six ans après, les algues radioactives, les poissons contaminés, les sangliers radioactifs posent des problèmes catastrophiques.

  • Certains des sangliers ont montré un niveau de césium 137, un élément radioactif, 300 fois supérieur aux normes de sécurité.

  • Tepco prétendait régler le problème du refroidissement en injectant des tonnes d’eau et le problème de l’eau contaminée par le stockage et le refroidissement des sols. Il est clair maintenant que c’était un mensonge de plus. Cela n’a nullement fonctionné. Cela ne mène qu’à contaminer la mer et les eaux.

  • Ce ne sont pas les antinucléaires conséquents qui le disent mais le très officiel Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) français : à Fukushima « compte tenu des dégradations très importantes subies par les barrières de confinement des matières radioactives, des rejets diffus se poursuivent toujours dans l’atmosphère, de même que dans le sol et donc les eaux souterraines. »

  • Le coeur du réacteur atomique n°1 a atteint 2800° et les autres sont entrés à leur tour dans un cycle infernal. La fusion des coeurs est toujours en cours. Le magma incandescent du corium agglutiné s’est échappé dans les profondeurs et nulle intervention humaine ou robitique n’est en capacité de le contenir. La radioactivité se répand et ne cesse de croître. L’hydrogène accumulé dans l’enceinte a fait exploser les bâtiments qui se trouvent depuis cinq ans à ciel ouvert.

    3 réacteurs nucléaires sont toujours en perdition dont le n°3 chargé du « combustible » français d’Areva : le "mox". Le Mox ? un mélange d’oxydes d’uranium et de plutonium, ce plutonium qui sert à la bombe atomique. Et qui gave aussi aujourd’hui la moitié des réacteurs nucléaires... français.

    160 000 personnes ont été expulsées et déplacées d’office de leur lieu de vie et de travail.

  • Six ans plus tard, le gouvernement japonais s’apprête à décréter certaines zones évacuées de nouveau habitables. Mais sait-on vraiment quelles conséquences sanitaires a eu l’accident nucléaire sur les populations exposées à l’époque ? Et quels sont les risques éventuels pour celles qui s’apprêtent à retourner vivre dans la région ?

    Jean-René Jourdain, adjoint à la directrice de la protection de l’homme à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) :

    « Les cas suspects, pour lesquels on a une suspicion de cancer de la thyroïde, sont opérés ou non opérés. Or, dans la première campagne les trois premières années, on avait près de 90% des enfants qui étaient opérés, et aujourd’hui, on est à un taux de 65%. On s’interroge sur la raison pour laquelle il y a moins d’opérations aujourd’hui. Est-ce que les médecins sont finalement plus prudents en se disant qu’ils se donnent du temps pour opérer ? Est-ce que ce sont les parents qui ne souhaitent pas que les enfants soient opérés ? Est-ce une manière de diminuer les statistiques de diagnostics ? Parce que forcément, quand on n’opère pas, on ne confirme pas le cas de cancer… L’université de médecine de Fukushima a envoyé un questionnaire à toutes les femmes qui ont déclaré une grossesse juste avant ou juste après l’accident. Ces femmes ont donné naissance à un enfant qui est âgé de quatre ans aujourd’hui. Et lorsque l’on demande à ces mères comment vont leurs enfants, on s’aperçoit que 25 % des enfants qui sont nés ont été hospitalisés au moins une fois et on n’a pas d’explication sur la raison pour laquelle ces enfants ont été hospitalisés. On sait juste qu’ils ont présenté une maladie ayant nécessité une hospitalisation. Des enfants de moins de quatre ans qui vont souvent voir le pédiatre, ce n’est pas étonnant. Mais des enfants de moins de quatre ans, dont un quart sont hospitalisés, ça paraît beaucoup. »

  • Ce qui est clair c’est que les zones qui ont été décontaminée sont les zones qui ont vocation à être habitées. Ce sont les maisons, les routes autour, on a enlevé les couches de macadam, etc… Par contre, le gouvernement japonais n’a absolument pas décontaminé les forêts, et on sait que la région de Fukushima est une zone très agricole avec beaucoup de forêts avec des biotopes qui sont particulièrement sensibles à la radioactivité. Elle se dépose aux pieds des arbres et elle est transférée aux champignons, aux baies sauvages, au gibier qui mange ces baies et ces champignons.

  • A Fukushima, le crime contre l’humanité continue et continuera tant qu’on n’aura pas ôté le pouvoir à l’Etat capitaliste criminel et aux trusts qu’il couvre…

  • Le danger du corium et de la fusion irréversible du noyau de la centrale existe aussi en France !!!

    Thierry Gadault et Hugues Demeude expliquent : « Selon EDF, 10 cuves en exploitation ont des fissures qui datent de leur fabrication. En général, ces fissures ont été provoquées lors de l’opération de soudure du revêtement en Inox qui protège la face interne de la cuve. […] Durant leur exploitation, tous les dix ans, ces fissures ont été examinées soigneusement, car elles sont dangereuses. […] Si elles grandissent, elles pourraient percer la cuve »

    « Tricastin, avec son réacteur 1, est la pire centrale du pays. Ce réacteur cumule tous les problèmes : défauts sous revêtement, absence de marge à la rupture et dépassement des prévisions de fragilisation à quarante ans ! »

    Un séisme près de la centrale du Tricastin pourrait causer “un accident de type Fukushima” :

    « En cas de séisme fort on pourrait aller vers une situation, avec quatre réacteurs simultanés en fusion, qui ressemble potentiellement à un accident de type Fukushima. »

  • Dans « Nucléaire, danger immédiat », les journalistes Thierry Gadault et Hugues Demeude écornent sérieusement la réputation de grande fiabilité des centrales nucléaires françaises.

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