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Bulletin La Voix des Travailleurs de la SNCF

lundi 7 octobre 2013, par Robert Paris

Quand le responsable de l’accident mène l’enquête…

Pépy annonce les résultats de l’enquête de la SNCF sur l’accident de Brétigny : l’aiguillage serait responsable. Mais nos question demeurent. Pourquoi la direction de la SNCF a-t-elle envoyé sa propre équipe en urgence intervenir sur l’aiguillage avant que les autres équipes d’enquêteurs puissent y accéder ? Comment se fait-il qu’ils aient pu toucher à des éléments qui sont maintenant présentés comme fondamentaux dans l’enquête ? Comment peut-on alors faire confiance à celle-ci ? Si la direction de la SNCF a prétendu assumer sa responsabilité, comment pouvait-elle se permettre de toucher à des éléments de l’enquête ? Non ! Nous n’avons aucune raison de faire confiance aux déclarations de la direction et nous ne sommes même pas sûrs que demain on n’accusera pas personnellement les agents qui ont effectué les travaux à côté ou ceux qui ont effectué les surveillances de la ligne. Nos questions sont loin d’être éteintes par les déclarations de Pépy et de ses enquêteurs. On ne sait pas pourquoi des travaux ont été faits sur les lignes d’à côté et pas celle qui a subi l’accident. On ne sait pas qui a effectué les travaux sur la ligne voisine : SNCF ou sous-traitants. On ne sait pas pourquoi la direction de la SNCF a rejeté les appels d’un spécialiste des voies à la retraite qui relevait de manière détaillée des disfonctionnements en ce même endroit. Non, nous n’avons pas de raison de faire confiance à la direction et son exigence que les cheminots se taisent ne fait qu’accroître la méfiance légitime.


C’est la SNCF qui est sur un mauvais aiguillage

Une consigne est fondamentale pour la direction de la SNCF : l’accident mortel de Brétigny ne doit à tout prix ni retarder ni remettre en question la privatisation annoncée du ferroviaire et même on peut s’en servir pour l’accélérer ! Tout doit être fait pour souligner au contraire que la réforme est indispensable pour éviter ce type d’accident, qu’elle est indispensable pour obtenir les financements permettant des travaux sur les lignes et matériels dégradés. Pour Pépy, Brétigny a du bon !


Solidaires contre agents, usagers et même victimes

L’accident de Brétigny a été exemplaire, estime la SNCF, en termes de coordination entre RFF et SNCF « Cette communication de crise a été appréciée… La solidarité entre SNCF et RFF a été totale. Les deux présidents se sont exprimés de concert lors de conférences de presse communes. A l’heure de la réforme, le système ferroviaire a parlé d’une seule voix. » On relèvera dans cette déclaration de la SNCF, parue en août 2013 à l’occasion de l’accident de Brétigny l’expression « à l’heure de la réforme » ! Voilà la seule chose qui préoccupait Pépy en s’adressant au public ! Convergence effectivement puisque le président du RFF déclarait que « le vieillissement du réseau et le sous-investissement, entre les années 1970 et le milieu des années 2000, ne mettent pas en péril sa sécurité. »…

A la SNCF, tout est possible (nouvelle version)

La dernière publicité de la SNCF affirme « Inutile de courir, il suffit de prendre le prochain train » avec une illustration représentant un lapin avec une carapace de tortue. Le lapin, c’est le voyageur et la tortue, ce sont les trains… De plus en plus de matériels tombent en panne en cours de route. Il n’y a quasiment pas un jour sans panne, sans voyageurs bloqués à quai ou dans un train, condamnés à perdre des heures, à attendre un moyen de transport de rechange.

SNCF ne donne plus le « la »…

Vous aurez remarqué que la direction a changé de nom : elle s’appelle direction de SNCF. Une manière de rompre avec l’ancien service publique que vous avez connu et qui sera bientôt un souvenir, si on les écoute, et qui s’appelait la SNCF.

Puisqu’on vous dit de vous rassurer…

Pour rassurer les personnels face à des accidents ferroviaires graves dans quatre pays, la revue de la SNCF « Les infos le mag » écrit : « En 2005, cinq avions se sont crashés en vingt et un jours… De malheureuses coïncidences qui n’ont pas remis en cause le niveau de sécurité du transport aérien. » Et la direction rajoute « Pour traumatisant qu’il soit, l’accident de Brétigny intervient à un moment où la sécurité ferroviaire s’est améliorée. » Cela démontre que Brétigny ne semble nullement remettre en question ni les suppressions d’effectifs de cheminots fonctionnaires, ni les pressions sur le personnel des technicentres pour renvoyer dans le circuit des matériels périmés, ni les réductions d’investissements, ni la sous-traitance tous azimuts…

L’exemple de la DB

En pleines grandes vacances, Mayence, une ville allemande de 200.000 habitants a été totalement privée de desserte ferroviaire du fait de quelques salariés malades non remplacés !

La privatisation anglaise en exemple

L’Angleterre sert d’exemple, en termes de privatisation du ferroviaire. La presse anglaise titrait récemment sur le scandale des primes exceptionnelles se montant à 12 millions de livre que s’adjugeaient exceptionnellement quelques patrons du secteur alors que jamais les transports britanniques n’ont été en si mauvais état et si en retard… c’est une prime aux réductions de dépenses et aux réductions de desserte !


Le tout sécuritaire n’est pas synonyme de sécurité

Le thème de l’insécurité n’est pas un thème nouveau dans la propagande politicienne et ce n’est pas pour cela que les gouvernements de gauche comme de droite qui se sont succédé ont eu des résultats plus mirobolants dans ce domaine que dans d’autres, ni les uns que les autres… On l’avait vu avec Sarkozy-Guéant et on le voit avec Hollande-Valls. Il est plus facile d’agiter la population par une propagande sécuritaire que d’améliorer la sécurité par la simple augmentation des effectifs de police. La Corse et Marseille, loin de montrer l’efficacité des hausses des personnels de police, démontrent le contraire. La gauche n’a su que rajouter des effectifs militaires à la police et à la gendarmerie à Marseille ! Pour le moment, le bilan en termes d’homicides n’a rien d’évident. D’autant que les problèmes à la source ne risquent pas d’être traités davantage par la gauche que par la droite, sans parler de l’extrême droite.

Ces problèmes, que ce soit en Corse, à Marseille, dans les banlieues ou dans le reste du pays sont d’abord économiques et sociaux. Or, sans s’attaquer aux trusts et aux banques, on n’est pas prêts de les résoudre, ces problèmes économiques et sociaux…

Ce n’est pas un gouvernement qui soutient toutes les manières de faire du profit qui risque de se mettre sérieusement en travers du trafic de drogue (quand même un virgule deux fois les profits du pétrole !), des trafics immobiliers, du proxénétisme et autres formes de banditisme dont toute la grande bourgeoisie croque !

Il ne suffit pas d’arrêter un petit revendeur de drogue pour arrêter un trafic qui remonte au plus haut niveau des classes dirigeantes du monde ! De même, l’Etat de Hollande-Valls, le même que celui de Sarkozy-Guéant entend mettre la main sur les profits juteux de la Corse mais pas supprimer le caractère mafieux de cette mainmise sur l’immobilier corse. Maintenant que cet immobilier devient rentable, les intérêts continentaux entendent remettre en question leur caractère insulaire. Et il est bien possible qu’une grande partie des crimes commis en Corse proviennent de la lutte des continentaux pour faire place nette en éradiquant mafia et nationalistes locaux.

On a bien constaté l’existence de réseaux, de la base au sommet de la police locale, que ce soit dans des services de police de Paris, de Grenoble, de Lyon ou de Marseille. Sans parler des barbouzes de Corse… On se souvient que des groupes de policiers ont été officiellement accusés d’avoir fait chanter des bandits et divers malfrats pour leur extorquer une partie de leur butin et certains ont pu utiliser des homicides pour démontrer aux bandits qu’ils devaient prendre les menaces au sérieux et tirer ainsi profit du trafic…

Est-ce qu’une partie des homicides de Corse ou de Marseille, ou d’ailleurs devrait être imputée à ce type de trafic ? On ne peut pas le savoir car les dirigeants de la police ont à cœur de préserver l’esprit de corps qui interdit de dénoncer des policiers. On l’a vu dans l’affaire Merah où visiblement la DCRI se couvrait elle-même en supprimant le témoin gênant Merah qui émergeait très probablement dans ses services. On a vu aussi avec quelle rapidité les policiers de Marseille qui étaient accusés d’avoir mis en place un réseau remontant à leurs chefs ont été blanchis et réintégrés même si leur équipe de la BAC des quartiers nord a été dissoute… Valls est aussi soucieux de défendre ses flics que l’était Guéant. Pas de risque là non plus qu’aucune vérité ne sorte. Pas plus que de témoignages internes. Quant à dénoncer des collègues flics, aucun policier ne se risque.

Les classes dirigeantes ont un autre intérêt à faire peur aux bonnes gens avec l’insécurité : les prendre en otage pour rendre la société de plus en plus policière et répressive, ce qui sera bien utile quand la confrontation sociale prendra un tour plus aigu, ce qui est inévitable vu que la crise du système, loin d’être éradiquée, n’a été que retardée…

Les forces de sécurité auront alors leur véritable rôle : assurer la sécurité des classes dirigeantes en intervenant violemment contre les travailleurs et les milieux populaires. On aura réussi à les justifier auprès des bonnes gens en leur faisant croire qu’elles sont d’abord menacées par les jeunes, les banlieues, les immigrés et ensuite elles verront les forces de l’ordre écraser tous les milieux populaires y compris faisant des protestations pacifiques.

L’insécurité, réelle ou exagérée, ne doit pas faire oublier que l’Etat bourgeois, et ses forces de l’ordre, ne sont pas là pour défendre la population mais pour s’assurer que celle-ci ne soit pas une menace pour la domination des classes dirigeantes. En période de crise systémique, l’Etat est amené à intervenir de manière de plus en plus violente contre les travailleurs et le pire pour ces derniers seraient de croire qu’il est là pour défendre leur sécurité !

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