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Mali : la sale guerre française continue !

jeudi 7 novembre 2013, par Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed

Mali : la sale guerre française continue !

Le Figaro, se faisant une fois de plus l’expression de l’Etat major militaire de la France, peut titrer triomphalement que l’armée française est durablement installée au Mali et que les déclarations gouvernementales selon lesquelles on allait s’en retirer rapidement étaient battues en brèche puisque le gouvernement y a envoyé des troupes d’intervention supplémentaires du fait des insuffisances des troupes maliennes et africaines. Il a suffi pour cela de l’assassinat, horrible et odieux bien entendu, de deux journalistes français de Radio RFI. Tous les assassinat de civils maliens (noirs ou touarègues), même s’ils étaient journalistes, n’auraient bien sûr pas la même importance aux yeux de tous ces commentateurs !

Cet assassinat attribué à AQMI, loin de prouver l’utilité et l’efficacité de l’intervention française, en montre la limite : le terrorisme n’est nullement éradiqué par ces interventions militaires des grands impérialismes et ce n’est pas une découverte. Il suffit de voir ce qui se passe en Irak ou en Afghanistan. Et rien ne prouve d’ailleurs que les impérialismes occidentaux souhaitent vraiment éradiquer le prétexte sous lequel ils mettent des pays et des régions à feu et à sang ! Cela leur permet de dicter les régimes politiques qui les arrangent dans ces pays, de détourner les riches minières, pétrolières vers leurs trusts, de faire pression sur les pays voisins et d’y dicter leur politique. Le peuple malien, par exemple, manifestait violemment contre toute intervention étrangère et il a suffi de faire planer la menace d’une avancée des islamistes vers Bamako pour terroriser la population et lui faire accepter cette occupation militaire française, africaine et internationale…. Ce pays, en révolte contre la dictature sociale et politique depuis 1991, qui avait renversé le dictateur militaire pro-français Moussa Traoré, a été ramené dans le giron de la France par ce tour de passe-passe !

Si le terrorisme en question n’est nullement écrasé, la révolte, elle, l’est ou du moins les nouvelles autorités s’emploient d’abord et avant tout à écraser cette révolte, au nord comme au sud.

Car l’essentiel au Mali n’est pas le terrorisme mais la révoltes des populations du nord comme du sud contre les profiteurs au pouvoir qui détournent toutes les richesses du pays et avec lesquels aucun des problèmes des populations qu’elles soient ou pas touarègues, qu’elles soient ou pas nomades, qu’elles soient ou pas paysannes, qu’elles soient ou pas urbaines, ne sera réglée.

L’élection présidentielle, dans le cadre de la défense des intérêts bourgeois et sous l’égide des maîtres impérialistes français, ne règlera rien et permettra seulement d’écraser plus les petits soldats, les travailleurs, les jeunes, les femmes, les touarègues, les nomades, les paysans, en somme tous les opprimés et tous les révoltés…

En polarisant l’opinion malienne sur la question de Kidal, le régime de Bamako vise à provoquer une réaction nationaliste qui camoufle les intérêts des opprimés derrière de prétendus intérêts nationaux et qui l’amène une fois de plus à demander à l’armée française de sauver le peuple malien !

En fait, la France a sauvé les chefs militaires maliens, les classes dirigeantes pourries maliennes, les intérêts africains et les intérêts français au Mali et dans la région (notamment au Niger où l’intervention militaire française suscite beaucoup moins de bruit médiatique !!!).

Le fait que ce nouvel attentat serve de prétexte à une nouvelle intervention militaire française ne fait que souligner qu’elle n’a pas eu l’efficacité prétendu et qu’en fait elle n’avait pas le but prétendu.

Les terroristes n’avaient fait, pour l’essentiel, que s’éloigner momentanément.

De même, les prétendues négociations de Bamako avec les mouvements touarègues pour justifier la viabilité de l’élection présidentielle n’étaient que poudre aux yeux. Bamako n’a rien l’intention de négocier et les mouvements touarègues n’ont aucune confiance dans les autorités de Bamako.

Mais ce n’est pas seulement les choix des dirigeants des mouvements rebelles touarègues qui sont en cause. Les guerres qui viennent d’avoir lieu ne risquent pas d’avoir augmenté la confiance des populations du nord envers les autorités du sud. L’absence de reconstruction des villes du nord détruites notamment par l’intervention française ne risque pas non plus de supprimer les bases réelles des mouvements rebelles ou terroristes.

Les autorités de Bamako prétendent répondre à ces questions par la décentralisation et la régionalisation, prétendant s’opposer au séparatisme et à l’autonomisme au nom de l’unité nationale. En fait, ils n’ont nullement l’intention de décentraliser mais de centraliser toutes les richesses entre leurs mains, ce que montre bien la remise en question des contrats miniers avec de nouvelles clauses favorables au nouveau pouvoir et à l’impérialisme français.

Quant à la France, c’est justement ces richesses minières qui sont l’une des sources d’intérêt. Sans les mines d’uranium du Mali et du Niger, pas d’industrie nucléaire française !

Politiquement et socialement, le but de la France rejoint celui des classes dirigeantes maliennes et africaines : combattre et écraser les révoltes sociales ! Et on peut compter sur la France de Hollande pour cela. Elle a déjà de fait interdit les mouvements sociaux, les manifestations, les courants d’opposition radicale, les comités de petits soldats, a arrêté ou menacé quiconque voudrait les reconstituer.

Les voilà les buts impérialistes de la gauche impérialiste française, identiques à ceux de la droite, en Afrique. La Françafrique colonialiste de Hollande se porte bien !

Messages

  • Le Time soutient que cette intervention a pour but d’empêcher les terroristes islamistes de s’emparer d’une partie de l’Afrique avant d’étendre leur influence jusqu’en Europe. Dans ce même article, le journaliste affirme « qu’il y a une crainte, particulièrement fondée, que le Mali, devenu islamiste radical, menace par-dessus tout la France dans la mesure où la plupart des islamistes sont francophones et qu’ils ont des parents en France. (Des indications issues des milieux du renseignement à Paris laissent entendre que des candidats au djihad, partant de la France pour rejoindre le Mali afin de s’entraîner et y combattre, avaient été identifiés. AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique), un des trois groupes qui composent l’alliance islamiste au Mali et qui en constitue une grande partie de l’encadrement, a également désigné la France, la représentante de la puissance occidentale dans la région, comme objectif premier pour les attaques ».

    Ce que le Time ne raconte pas au lecteur, c’est qu’AQMI est étroitement lié au Groupe islamique combattant en Libye (que la France a soutenu durant l’invasion de la Libye par l’OTAN en 2011, en lui fournissant des armes, assurant sa formation, et l’appuyant même de ses forces spéciales et de ses moyens aériens). Bruce Riedel, qui a travaillé à la CIA de 1977 à 1990 et qui est aujourd’hui un des experts de l’association Brookings Institution, écrivait en août 2011 un article intitulé « l’Algérie sera la prochaine à tomber », dans lequel il prédisait que le succès des coalisés en Libye encouragerait les éléments radicaux en Algérie, et AQMI en particulier. Entre les violences extrémistes et la perspective des frappes aériennes françaises, Riedel espérait en fait voir la chute du gouvernement algérien. Ironie du sort, il observait que « l’Algérie exprimait des préoccupations selon lesquelles la crise libyenne pouvait conduire à la création d’un sanctuaire important pour Al-Qaïda et d’autres extrémistes djihadistes ». Et c’est précisément grâce à l’OTAN que la Libye est devenue ce qu’elle est aujourd’hui, à savoir un refuge sponsorisé par l’OTAN… pour Al-Qaïda. Avec la présence d’AQMI au nord du Mali et la participation française aux frappes dans ce secteur, nous saurons très rapidement si le conflit ne s’étendra pas à l’Algérie limitrophe.

  • "Nous avons gagné cette guerre" a dit le président français, François Hollande, lors de l’investiture du nouveau président malien, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).

    À sa décharge, on peut dire qu’on gagne les guerres qu’on peut et, quand on y arrive, on peut se permettre de le dire haut et fort, tant cela réconforte un ego particulièrement éprouvé, après avoir été cavalièrement éconduit malgré ses assiduités par le président des États-Unis, à propos de la Syrie.

    De plus, en l’occurrence, il est le seul des dirigeants atlantistes à parader. Pourquoi n’en aurait-il pas profité. Surtout quand ce gain a une signification beaucoup plus large que la débandade de quelques bandes de desperados. Car désormais, il est le maître des lieux et ne s’empêche pas de le dire. "Nous conserverons ici les effectifs nécessaires, mais surtout autour du Mali, pour aider les forces africaines à juguler toute menace". Que pouvait-il espérer de plus que cette perspective d’un possible retour triomphal, sous sa houlette, de la Françafrique sur des terres qui lui sont disputées et qui semblent devoir lui revenir.

  • Soumis aux chefs d’Etat africains concernés début janvier, présenté au secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel trois semaines plus tard, le redéploiement militaire français sur le front sahélien prend tournure. Il s’agit pour Paris d’affiner son dispositif et de le rapprocher des foyers de tensions criminalo-djihadistes. A commencer par le Sud libyen, vaste aire semi-désertique livrée à l’anarchie, et terreau propice à l’essor des réseaux terroristes et des trafics en tous genres (armes, drogues, migrants). A la faveur d’une nouvelle tournée en Afrique centrale -la troisième en moins de deux mois-, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a ainsi obtenu avant-hier l’aval du chef d’Etat du Tchad Idriss Déby Itno pour installer à N’Djamena le commandement opérationnel régional de ce dispositif reformaté, installé jusqu’alors à Bamako (Mali). Il est probable que l’effectif présent dans la capitale tchadienne, où se trouvent stationnés la plupart des moyens aériens français -avions de chasse Rafale et Mirage 2D- sera porté a minima de 950 à 1200 hommes.

    Dès lors, cette configuration inédite, dictée par la nouvelle donne géopolitique, reposera sur quatre pôles. A savoir, outre N’Djamena, Niamey (Niger), centre névralgique du renseignement et port d’attache des deux drones Reaper acquis voilà peu auprès des Etats-Unis, Ouagadougou (Burkina Faso), base arrière des forces spéciales, et Gao (Mali). Des postes avancés, situés au plus près du bourbier libyen, compléteront l’architecture résumée ici. Ils ont vocation à accueillir des petits détachements et à abriter des stocks de carburant et de munitions. Parmi les emprises pressenties, citons Faya-Largeau -un classique- et Zouar au Tchad, ou encore Madama, dans l’extrême nord-est.

    La guerre française s’étend...

  • Trois sénateurs français ont mené une enquête, décidée par une commission sénatoriale des affaires étrangères et de la défense, sur la guerre des troupes françaises au Sahel. Il en résulte que « l’intervention militaire française est impuissante à faire surgir une solution politique qui stabiliserait la région. »

    Beau bilan pour une intervention qui a mobilisé 4500 militaires, plus 300 forces spéciales, 370 blindés, 330 véhicules légers, des avions, des hélicoptères, etc.

    Conclusion du rapport :

    « La situation réelle est plutôt inquiétante… »

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