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Une évolution linéaire et continue d’homo erectus à homo sapiens sapiens ?

jeudi 5 décembre 2013, par Robert Paris

Une évolution linéaire et continue d’homo erectus à homo sapiens sapiens ?

Loin d’avoir réglé la question, les recherches de crânes et os humains anciens, les études de l’ADN mitochondrial ancien relancent les polémiques sur la question : un seul être humain ou de multiples espèces capables de se croiser ? On peut lire ainsi suite à une étude géorgienne récente :

« En Géorgie, des chercheurs ont retrouvé un crâne vieux de 1,8 million d’années. Une découverte qui remet en question toute l’histoire de l’évolution humaine car il laisse entendre que les hominidés de l’époque, qu’ils soient en Europe ou en Afrique, appartenaient à une seule et même espèce. »

Cependant cette interprétation est loin d’être largement acceptée et certains auteurs y voient au contraire la preuve de croisements.

En 2008 et 2009 ont été publiées les séquences complètes d’ADN mitochondrial de 6 Néandertaliens, permettant la comparaison avec celles des Hommes modernes et la discussion sur la possibilité d’hybridation ou non entre Homo sapiens et Homo neanderthalensis.

Enfin, en 2010, a été publiée la séquence complète de l’ADN mitochondrial extrait d’une phalange d’un Homininé trouvé à Denisova, dans une grotte de Sibérie, ADN mitochondrial qu’on a comparé à ceux des Homo sapiens et des Néandertaliens. A partir de cette seule séquence, on a parfois affirmé la découverte d’une autre espèce d’Homo ayant vécu en même temps que Néandertal et Homo sapiens !

Les seules données sur l’ADN mitochondrial des sapiens actuels corroborent l’origine africaine d’Homo sapiens. Cela n’exclut pas cependant la possibilité d’hybridation entre les populations de Homo sapiens ayant quitté l’Afrique et les Homo déjà présents dans les diverses régions du monde. En particulier, en Europe, y a–t’il eu métissage entre sapiens et néerdantaliens étant donné que les deux ont cohabité pendant une dizaine de milliers d’années ?

L’os de la grotte de Denisova dans des sédiments datés de 50.000 à 30.000 années, a été découvert près de lieux où on a trouvé des restes de néandertaliens et de sapiens. La collection des ADN mitochondriaux de la lignée humaine situe l’ADN de Denisova dans cette lignée. On s’aperçoit que cet ADN mitochondrial se situe tout à fait en dehors de la variabilité des homo sapiens et des néerdantaliens. Il présente environ deux fois plus de différences avec Homo sapiens que néandertal et il est également distant des sapiens que des néandertaliens. Manifestement, il n’appartient pas à ces deux groupes et en appliquant le principe de l’horloge moléculaire, on estime que la séparation de la lignée de Denisova avec celles des néerdantaliens et des sapiens remonte à un million d’années environ. Cela suggère une migration d’Homo hors d’Afrique imprévue.

Le site de Dmanisi est en cela un remarquable exemple. est un village situé à environ 90 km au sud-ouest de la capitale Tbilisi, dans la vallée de la rivière Mashavera, dans la région du Kvemo Kartli en Géorgie. Il abrite un site archéologique important inscrit à la liste indicative du patrimoine mondial de l’ UNESCO où furent découverts des fossiles d’Homo georgicus. Dans ce site, les restes fossiles d’hominidés déterrés y ont été identifiés aussi bien comme Homo erectus, Homo habilis, Homo ergaster et même Homo georgicus. Le Pr. Lordkipanidze, qui avait participé à la découverte d’Homo georgicus, notait déjà à l’époque la présence de caractères propres à l’espèce et d’autres communs avec Homo erectus. Le fait que ces spécimens géorgiens soient si difficiles à identifier pourrait s’expliquer par des hybridations répétées entre H. erectus et les espèces locales au cours du temps, venant renforcer le mélange de caractères morphologiques similaires au sein des populations d’hominidés de Dmanisi.

Cela n’empêche pas les chercheurs géorgiens d’en déduire qu’il n’y a qu’une seule espèce d’homme, une seule lignée humaine. C’est dire que la polémique ne risque pas de s’éteindre facilement, vus les enjeux idéologiques et politiques. Les religieux (bibliques notamment) n’ont pas tardé à voir dans la découverte géorgienne la preuve d’une seule création humaine !

Les conclusions du Pr. Lordkipanidze et de ses collègues géorgiens sont tout à fait discutables et ne restent pour le moment que des hypothèses scientifiques. Elles ont même le mérite de soulever un point fascinant de l’histoire des hominidés. Jusqu’alors, le brassage génétique entre premiers hominidés restait peu évoqué, les théories développées ayant tendance à isoler les espèces et à parler de goulots d’étranglements génétiques suite à des catastrophes naturelles réduisant considérablement les populations. La réalité est peut-être différente : le paléoanthropologue Pascal Picq présente H. erectus comme un grand voyageur, capable de s’adapter à de nombreux climats, des savanes africaines aux montagnes caucasiennes jusqu’aux îles indonésiennes. C’est cet H. erectus baroudeur, grand explorateur de la Terre préhistorique, qui a probablement participé à la diffusion de ses gènes et de ceux d’autres espèces au sein des hominidés primitifs. Nous observons peut-être chez les spécimens de Dmanisi le résultat de ces hybridations successives et mondiales, brouillant les pistes et laissant dans l’incertitude les paléobiologistes actuels. Une vision des choses bien éloignée de la simplicité prônée par David Lordkipanidze, mais qui a le mérite de souligner à la fois la remarquable diversité fossile au sein du genre Homo et la complexité de la notion d’espèce au cœur même de la biologie moderne.

Cependant, les autres recherches, loin de prouver l’existence d’une seule lignée, semblent prouver la possibilité de croisement entre les lignées comme cela a aussi été prouvé entre les lignées d’origine des grands singes. C’est l’image d’une espèce fermée qui tombe et non la formation de multiples lignées humaines ou animales.

Contrairement aux idées reçues, l’homme moderne n’est pas le descendant d’une seule lignée, mais le produit d’un mélange de nombreuses espèces différentes d’hominidés.

« Les études récentes montrent que nous sommes face à un monde du type de celui du « Seigneur des Anneaux » et qu’il y avait de nombreuses populations différentes d’hominidés qui se sont mélangées ». Cette phrase citée par la revue Nature a été prononcée par Mark Thomas, un généticien spécialiste de l’évolution de l’University College de Londres le 18 novembre lors d’une conférence révolutionnaire sur l’ADN ancien de la Royal Society à Londres.
Elle illustre les fantastiques découvertes récentes que permet la génétique sur l’évolution de l’espèce humaine depuis une centaine de milliers d’années. L’analyse du génome de l’homme moderne a permis de montrer qu’il y a eu des accouplements et des mélanges entre notre espèce, les hommes de Néandertal, les Denisovans et au moins une autre population d’hominidés totalement inconnue.
Les Denisovans, selon David Reich professeur à Harvard, étaient une population exotique et archaïque de très petite taille, presque les hobbits du Seigneur des Anneaux, qui représentent 5% à 10% des ancêtres des Papous et sont eux-même une synthèse entre des hommes de Néandertal et un groupe mystérieux.
Pour illustrer la progression des connaissances scientifiques, revenons à la thèse considérée comme la plus solide depuis une décennie. L’homme moderne est issu d’une petite population d’hominidés se trouvant en Afrique il y a une centaine de milliers d’années. Et après une série de migrations hors d’Afrique et d’évolutions relativement mineures, le génome de l’homme moderne n’a plus changé depuis la dernière phase de glaciation il y a 20 à 25 000 ans.
En fait, nous savons aujourd’hui que ce schéma est au mieux incomplet et sans doute faux. Car ce que les scientifiques peuvent affirmer aujourd’hui c’est que l’homme moderne plutôt que d’être le point final de l’évolution d’une population spécifique est une recombinaison d’anciennes lignées.
Cela est prouvé par l’existence dans les gènes de l’homme moderne de nombreuses traces d’ancêtres archaïques. Cela est aussi prouvé par un mélange génétique entre différentes lignées de population majeures considérées comme des archétypes comme les Amérindiens, les Asiatiques, les Européens, les Ethiopiens, la population australienne. Tout cela démontre que d’anciennes lignées humaines éteintes sont les éléments constitutifs des modernes.

Notre ADN porte des virus qui étaient également présents chez l’homme de Néandertal. Tel est le surprenant résultat obtenu par des généticiens britanniques.
Notre ADN contient des virus qui étaient également présents dans l’ADN de l’homme de Néandertal, révèle une étude publiée le 18 novembre 2013 dans la revue Current Biology.Ce qui suggère que ces virus proviennent d’un ancêtre commun à Néandertal et Sapiens, qui vivait il y a 500 000 ans au moins.

Ces virus également possédés par Néandertal sont en réalité des rétrovirus endogènes, c’est-à-dire qu’ils sont contenus dans l’ADN, et se transmettent par conséquent de génération en génération.

Pour parvenir à ce résultat, le généticien Gkikas Magiorkinis (Université d’Oxford, Grande-Bretagne) et ses collègues ont comparé l’ADN ancien issu de fossiles néandertaliens à des échantillons d’ADN prélevés sur des patients atteints du cancer. Au cours de ces travaux, ils ont également comparé ces échantillons à de l’ADN ancien provenant d’ossements appartenant à l’homme de Denisova (un « cousin » de l’homme de Néandertal dont l’existence a été révélée en 2010 à la suite de la découverte d’ossements vieux de 40 000 ans environ d’un enfant de 7 ans dans la grotte de Denisova, en Sibérie).

Résultat ? Le généticien Gkikas Magiorkinis et ses collègues ont découvert que des séquences de rétrovirus endogènes présents dans l’ADN de l’homme de Neandertal et de l’homme de Denisova étaient également présents dans l’ADN prélevé sur les volontaires ayant participé à l’expérience.

Ce qui est certain, c’est le caractère idéologique de la thèse de certains auteurs en faveur d’une vue linéaire et unique de l’homme. Les connaissances jusqu’au début des années 1980 laissaient penser que l’arbre évolutif des genres Australopithecus et Homo était linéaire et que les espèces se succédaient dans un processus continu et régulier, chaque espèce étant l’ancêtre de l’autre. Cette hypothèse a connu son apogée dans les années 1960-1970, époque de forte influence de la Théorie synthétique de l’évolution (TSE) dans les différentes disciplines de la paléoanthropologie. Certains chercheurs défendaient même avec force la théorie de l’espèce unique : à une époque donnée ne pouvait exister qu’une seule espèce d’hominidé. L’arbre évolutif de l’homme était alors perçu comme « un gros tronc avec très peu de branches ».

Cette théorie simpliste est parfois encore enseignée de nos jours bien qu’elle n’intègre pas les découvertes de ces dernières années. On sait par exemple que vers 2 millions d’années vivaient dans les mêmes régions d’Afrique de l’Est des Paranthropus, des Homo rudolfensis et des Homo habilis.

Messages

  • Les fossiles de 1550 os appartenant à au moins, quinze personnes différentes ont été trouvés sur le site archéologique de Maropeng connu sous le nom de "Berceau de l’humanité". Les ossements, exhumés en 2013 et 2104, appartiennent à des bébés, des jeunes adultes et des adultes. Ils n’ont pas pu être datés mais ils pourraient appartenir à une espèce ayant vécu il y a entre 2,5 et 2,8 millions d’années, a précisé Lee Berger, chercheur à l’université du Witwatersrand à Johannesburg qui a dirigé les explorations.

  • Selon les travaux publiés dans le magazine eLife, l’Homo naledi mesurait en moyenne 1,5 mètre et pesait 45 kilos. Ses poignets, ses mains -qui lui permettaient de manier des outils- et ses pieds sont très proches de ceux de l’homme moderne. En revanche, son cerveau, de la taille d’une orange, et la forme de la partie supérieure de son corps le rapprochent de l’australopithèque, ce groupe pré-humain dont les membres se tenaient debout. Cette découverte pourrait donc permettre d’en apprendre davantage sur la transition, il y a environ 2 millions d’années, entre ces deux espèces.

  • Qu’est-ce qui a amené les scientifiques à renoncer à la notion d’évolution linéaire et continue ?

  • Voici un exemple des découvertes des scientifiques qui ont amené à penser à des croisements avec recomposition :
    lire ici

  • Ce que j’ai du mal à comprendre, dans tous les commentaires effectués ici, est le fait que , lorsque deux primates possèdent un ancêtre commun (par exemple homme et chimpanzé), ils possèdent nécessairement de nombreux gènes en commun provenant directement de cet ancêtre. Alors pourquoi toujours expliquer seulement que les gènes communs résultent d’hybridation, et surtout pourquoi ne jamais faire la part de ce qui résulte d’un côté de l’ancêtre commun, et de l’autre d’une éventuelle hybridation ???

    Yves HENRY

  • Il me semble que les gènes communs sont identiques et que les gènes issus d’hybridations construisent ensemble un nouveau génome.

  • « On sait très peu de choses sur ce qui nous distingue, génétiquement, du chimpanzé, note Swante Pääbo. Une seule certitude : les séquences (l’enchaînement des éléments constituant le message génétique) des ADN des deux espèces diffèrent seulement d’environ 1%. » A la fin des années 80, deux biologistes américains de renom, Mary-Claire King et Allan Wilson, étaient arrivés à cette conclusion par une technique très globale de comparaison génétique, l’« hybridation » d’ADN : plus deux filaments d’ADN se ressemblent, plus ils s’assemblent solidement in vitro. Résultat de leur manip : 98,5% de l’ADN humain et du singe acceptent un tel pacte d’union biologique. Troublant. Ainsi, « l’écart génétique entre l’homme et le chimpanzé est bien moins grand que celui qui sépare les deux espèces d’orang-outang », note le généticien de l’évolution Pierre Darlu (Inserm).

  • Deux des conclusions publiées sont en contradiction avec les théories généralement admises :

     la première séparation aurait eu lieu il y a 10 millions d’années et les deux espèces auraient pris des orientation différentes. Puis, elles se seraient provisoirement "retrouvées" entre - 6,3 et -5,4 millions d’années et auraient donné naissance à une population hybride... avant de se séparer à nouveau... (rajeunissant ainsi la lignée humaine de 1 à 2 millions d’années)

     malgré cette dernière séparation, les ancêtres du chimpanzé (protochimpanzés) auraient continué à s’accoupler avec nos ancêtres jusqu’à -4,8 millions d’années.

    Les paléonthologues sont en total désaccord avec les conclusions de l’étude génétique, dont certains items ne "collent pas" avec des découvertes récentes de fossiles.

    Ainsi, Toumaï présente certaines caractéristiques qu’on ne retrouve plus chez les chimpanzés (Patrick Vignaud). Or, daté de 7 millions d’années, l’hominidé devrait être plus proche d’un ancêtre commun au chimpanzé et à l’homme.

    Pour Martin Pickford (co-découvreur d’Orrorin avec Brigitte Senut) "les conclusions de l’étude moléculaire contredisent les données morphologiques et ce n’est pas la première fois"...

    "C’est une analyse extrêmement intelligente mais j’ai un problème pour imaginer ce que ce serait que d’avoir un bipède hominidé et un chimpanzé se considérant l’un l’autre comme des partenaires adaptés, sans vouloir utiliser des termes trop crus", indique Daniel Lieberman, professeur d’anthropologie biologique à Harvard

  • Les ancêtres de l’humain et du chimpanzé se seraient croisés pendant des millénaires sinon des millions d’années, avant une séparation définitive beaucoup plus récente qu’on ne le pensait, selon une étude publiée mercredi 17 mai en ligne par la revue Nature.

    Selon ce travail mené par des chercheurs américains sous la direction de David Reich, de la Harvard Medical School à Boston (Massachusetts), les deux lignées se sont d’abord séparées il y a 6,3 millions d’années au maximum, et probablement il y a moins de 5,4 millions d’années, mais cela ne les a pas empêchées de procéder à des échanges de gènes.

    Cela, précisent les scientifiques, est perceptible en particulier au niveau des chromosomes X (chromosomes sexuels femelles), dont les similitudes semblent refléter une longue "ré-hybridation" entre les deux lignées. Le "divorce" final ne serait intervenu qu’au terme d’une longue période de "métissage" qui a duré peut-être 4 millions d’années.

    "L’étude a donné des résultats inattendus quant à la façon dont nous nous sommes séparés de nos parents les plus proches, les chimpanzés. Nous avons constaté que la structure de la population qui a existé autour de la période de cette spéciation [apparition de nouvelles espèces] était différente de n’importe quelle population moderne de singes. Quelque chose de très particulier a dû se produire à ce moment-là", résume David Rech dans un communiqué accompagnant le texte scientifique.

    Les résultats obtenus, commentent les chercheurs, remettent en question le statut d’hominidés considérés comme les plus anciens ancêtres de l’humain, tels que le sahelanthrope (alias Toumaï), vieux de 6 à 7 millions d’années, Orrorin (dit"ancêtre du millénaire"), de 6 millions d’années, ou encore l’ardipithèque, de quelque 5,5 millions d’années.

    A noter que l’énigme des origines du chimpanzé demeure presque entière : contrairement aux ancêtres de l’humain qui ont livré de nombreux fossiles, aucun ossement, exception faite de quelques vieilles dents, n’est directement attribuable aux premiers chimpanzés (de même qu’aux gorilles) et n’a été décrit à ce jour.

    Par ailleurs, le séquençage complet du génome du chimpanzé n’a pas non plus apporté les indications escomptées. Tout en accumulant une moisson considérable de données, ce travail collectif, publié l’an dernier, a confirmé ce dont on se doutait déjà, à savoir que les deux espèces sont génétiquement identiques à 99 %, sans permettre de définir en termes précis la spécificité de l’homme.

    Les généticiens sont donc restés dans le vague en notant entre autres que les différences génétiques homme/chimpanzé sont soixante fois moins nombreuses que celles qui nous distinguent de la souris et qu’entre un humain et un chimpanzé, ce nombre est dix fois supérieur à ce qui sépare deux individus de notre propre espèce.

  • Le chimpanzé est notre plus proche cousin. Il est à ce titre un modèle de comparaison idéal pour tenter de comprendre les mécanismes qui ont présidé le développement des fonctions propres à la lignée humaine. Dès les années 70, 10 remaniements chromosomiques de grandes tailles sont décrits en comparant les chromosomes humains et de chimpanzés et quelques comparaisons ponctuelles de gènes font suspecter un taux de divergence génétiques faible entre les 2 espèces. Suite au séquençage du génome humain en 2001, et du génome du chimpanzé en 2005, une analyse comparative « globale » de l’ensemble des deux génomes a pu être réalisée. Cette analyse publiée dans la revue Nature en 2005, conclura à un taux de différence nucléotidique de 1,23%, comme initialement suspectée. Ce sont ces 1% qui ont fait le titre de nombreux journaux et sont tombés dans le domaine de la vulgarisation comme « nos 1% de différences génétiques ».

    Toutefois, ce pourcentage n’est valide que pour les régions du génome qui sont partagées entre l’homme et le chimpanzé, il ignore complètement les régions présentes uniquement chez l’une des 2 espèces. La différence génétique due aux délétions et aux insertions a été évaluée à ≈3% au moins, portant à ˜4% le taux de différences génétiques si on considère le nombre de nucléotides. Ce pourcentage de substitutions ne tient pas compte non plus des régions présentes en nombre de copies différent dans le génome des 2 espèces, que l’on appelle duplications et qui pourraient vraisemblablement jouer un rôle non négligeable dans nos différences entre autres par la création de nouveaux gènes. En 2006, sur 22000 gènes étudiés, une équipe rapporte que 1418 chez l’homme n’ont pas leurs équivalents chez le chimpanzé, en d’autres termes que 6,4% des gènes humains sont spécifiques à l’homme. Si l’on regarde maintenant le pourcentage de différence au niveau des séquences protéiques, 70-80% des protéines étudiées divergent entre l’homme et le chimpanzé, mais de seulement 1 ou 2 acides aminés dans la majorité des cas. L’ADN « codant » (exprimé en protéines) ne représenterait que 1,5% de notre séquence d’ADN, l’importance fonctionnelle des 98,5 % restant a été largement sous estimée car moins bien connu, appelé à tort ADN poubelle, il contiendrait notamment des séquences régulatrices et des ARN régulateurs non traduit en protéines. Ainsi, les pourcentages exprimant nos différences exprimés en nombre de nucléotides, en gènes ou en protéines, ont tous leur intérêt mais ne sont pas additionnables, rendant parfois les choses confuses si l’on ne précise pas de quelle unité de pourcentage il s‘agit. D’un point de vue fonctionnel, des différences d’expression entre les gènes de l’homme et leur équivalent chez le chimpanzé ont été mises en évidence grâce à la technologie des puces à ADN. Parmi ces différences identifiées entre 2 génomes, toutes n’ont probablement pas joué un rôle dans nos différences avec le chimpanzé. Un certain nombre de gènes susceptibles d’avoir influencé l’évolution de la lignée humaine ont été identifiés.

  • Jean-Jacques Hublin dans « Neandertal et l’émergence de la complexité cognitive » :

    « Au cours des dernières décennies, de nombreuses découvertes ont montré que cette vision de l’évolution était peu justifiée : l’émergence de notre espèce ne résulte pas d’un processus linéaire, mais plutôt de la survie d’une lignée parmi le buissonnement de formes toutes éteintes. »

  • Pascal Depaepe :

    "La paléogénétique a montré en 2010 sur l’ADN nucléaire que les Eurasiatiques avaient en eux un pourcentage léger mais réel de gènes issus des Néandertaliens : 2 à 3%. C’est ce qui reste du croisement fertile entre Néandertal et Sapiens qui s’est produit au Proche-Orient il y a 80 000 ans. Cette hybridation féconde me fait dire que Néandertal est moins une autre espèce que la nôtre qu’une ’sous-espèce’."

  • Pascal Depaepe :

    "Néandertal était une véritable humanité, aussi complexe que nous. Ni inférieure, ni supérieure. Différente."

  • Tout cela serait parfait si l’on écarte le fait que, ayant le même ancêtre, sapiens et neanderthal ont nécessairement des gènes en commun, d’une façon tout à fait différente de la possible hybridation, purement généalogique (du type de ce que vos grand-parents vous ont légué comme gènes). Je suis d’ailleurs surpris que ce point ne soit discuté nulle part dans les articles des revues internationales de haut vol. Pourtant les généticiens devraient le savoir.
    De façon plus claire, puisque a) les gènes du chromosome Y de sapiens n’ont pas été retrouvés chez neanderthal (et réciproquement les gènes du chromosome Y de neanderthal n’ont pas été retrouvés chez sapiens, et que b) l’ADN mitochondrial de neanderthal, (très éloigné de celui de sapiens) n’a pas été retrouvé chez sapiens (et réciproquement). Cela suggère que les hybridations entre ces deux géniteurs ont été, au mieux rares, voire très rares.

  • Les néandertaliens ont mené une existence nomade en Europe et en Asie occidentale pendant 200.000 ans avant de disparaître de façon assez brutale et jusqu’ici inexpliquée malgré des tentatives d’hypothèses invérifiées. On est sûr d’une seule chose : ils ont coexisté avec les Cro-Magnon, dans certaines régions, sur certains sites, aux mêmes époques. On a pu récupérer des ossements néandertaliens vieux par exemple de 30.000 ans et y récupérer l’ADN. Cela a été fait pour la première fois en 1997. Grâce à la technique de réaction de polymérisation en chaîne, les chercheurs ont pu amplifier un million de fois une séquence de 378 nucléotides d’ADN mitochondrial néandertalien. La réponse de cette étude a été : pas de séquence commune dans l’ADN et donc pas de croisement. Cependant on a depuis réussi à trouver une séquence du génome néandertalien réalisée par Svante Pääbo (2010. Science. 328 :710-721), qui suggère plutôt 2% de croisements. C’est très faible mais pas nul. Comment sait-on que ce n’est pas des gènes communs dus à l’ancêtre commun ? Simplement par le fait que la plupart des humains n’ont pas ces gènes communs. Ils ne proviennent donc pas des ancêtres communs au Cro-Magnon et au Néandertalien. Ils ne peuvent provenir que de croisements. La proximité géographique, historique et morphologique permet de ne pas s’étonner de la possibilité de tels croisements, surtout en nombre faible. La seule chose qui reste inconnu, c’est si ces croisements sont à la racine de la disparition des Néandertaliens, par exemple du fait que les hommes néandertaliens auraient pu préférer enlever des femmes Cro-Magnon, plus fines. Dans ce cas, les femmes néandertaliennes n’auraient plus eu de descendance et les quelques gènes communs seraient le seul reste actuel de l’existence des Néandertaliens. D’après les études du génome, les principaux caractères néandertaliens apparaissent dès 350.000 ans mais l’ensemble des caractères ne sont acquis que vers 130.000 ans. Les plus anciens pré-néandertaliens ont entre 500.000 et 350.000 ans. Lorsque des évolutions génétiques se retrouvent chez les néandertaliens et pas les prénéandertaliens, et qu’on les retrouve chez CroMagnon, on peut être sûr qu’il y a eu croisement. On pourrait aussi penser que Néandertal est tout simplement notre ancêtre mais on a dû renoncer à cette idée du fait de la découverte dans l’ADN mitochondrial de paires de base qui diffèrent des nôtres (sapiens sapiens). Actuellement, une majorité de chercheurs estiment au vu des résultats des analyses génétiques que le matériel commun (et non commun aux pré-néandertaliens et pré-sapiens) serait entre 12% et 25%. La plupart des chercheurs penchent plutôt pour 12%.

  • Pascal Picq écrit dans « Le retour de madame Neandertal » :

    « Quelques précisions sur notre ADN identique à 98,7% entre Neandertal et Sapiens… L’ADN mitochondrial raconte des choses passionnantes... En tout cas cela confirme que nos lignées respectives et sœurs se sont séparées en des anciens, autour de 500.000 ans… C’est à partir de 2010 que les équipes du Neandertal Genome Project annoncent des résultats à partir de l’ADN nucléaire et des gènes associés à des caractères physiques et physiologiques. Il ressort que les populations sapiennes d’Eurasie conservent 1 à 4% d’ADN de Neandertal dans leur génome, ces pourcentages étant sensiblement plus marqués pour les populations d’Asie… Comment expliquer que des gènes peuvent passer d’une espèce à l’autre alors que, par définition, les individus de deux espèces ne peuvent pas se reproduire entre eux (et elles) ?... En simplifiant, on peut admettre que plus une adaptation est acquise récemment par une population par le jeu des mutations, des recombinaisons génétiques, des dérives génétiques sous le contrôle des facteurs de sélection naturelle et de sélection sexuelle, moins ses supports génétiques sont « intégrés » dans le génome. Ils peuvent donc se transmettre « horizontalement » entre des individus hybrides des deux espèces sœurs séparées depuis peu, notamment entre des populations périphériques qui entretiennent des flux génétiques avec leur espèce et les voisines. Cette plasticité adaptative du génome a contribué à l’adaptation et à la diversité des populations humaines depuis des centaines de milliers d’années et à leur expansion dans tous les écosystèmes… Ces brassages se font assez tard après la séparation entre Neandertal et Sapiens. Et plus le temps passe, plus les écarts génétiques deviennent importants, jusqu’à ce qu’on se retrouve avec deux espèces, tout aussi humaines, mais avec des incompatibilités chromosomiques et génétiques plus marquées. ces incompatibilités varient dans le temps et dans l’espace. Elles étaient moins prononcées là où nos ancêtres respectifs se croisaient dans tous les sens du terme au Proche Orient entre 400.000 et 100.000 ans… Cela expliquerait le fait que les Néandertaliens orientaux et méditerranéens présentent des caractères moins dérivés que ceux d’Europe occidentale… Les mâles issus de ces unions mixtes deviennent de moins en moins fertiles… »

  • Une belle histoire de l’homme – Que nous apprend l’ADN sur l’homme de Néandertal de Céline Bon :

    « Madame Néandertal fricotait-elle avec Monsieur Homme moderne (et inversement) ? Oui, nous disent les paléontologues ! Comment le sait-on ? Grâce à l’ADN… Néandertal nous est étroitement apparenté ; son ADN ressemble huit à neuf fous plus au sien qu’à celui des chimpanzés, nos cousins. En fait, l’ADN de Néandertal est un peu plus proche de celui des Hommes modernes non africains que de celui des Africains. On peut en déduire que des Néandertaliens se sont unis aux ancêtres des Asiatiques, Amérindiens, Océaniens et Européens, il y a 50.000 à 60.000 ans, donnant naissance à quelques centaines de descendants fertiles. Les deux espèces ont cohabité durant peut-être cinquante siècles et leur métissage a contribué à environ 1,5% du génome des non-Africains. Néandertal a légué aux Eurasiens une vingtaine de gènes, qui interviennent notamment dans la formation de la kératine, une protéine des cheveux et de la peau, et dans les défenses immunitaires… Cependant, des gènes intervenant dans la dépense d’énergie, la répartition des poils sur le corps et la stature générale sont spécifiques de Néandertal, en comparaison de l’homme moderne. C’est le cas de plusieurs gènes qui contribuent au développement de la colonne vertébrale. Ils indiquent que Néandertal avait une courbure de reins peu marquée. De même, le gène MC1R, qui intervient dans la pigmentation de la peau et des cheveux, est inactivé chez certains Néandertaliens… Chaque génome est pour moitié d’origine paternelle et pour moitié d’origine maternelle : en comparant les chromosomes paternel et maternel, il est possible de connaître la diversité génétique de la population à laquelle ils appartenaient. Or, cette diversité est trois à quatre fois plus faible chez les Néandertaliens que chez les humains modernes (Cro-Magnon et nous-mêmes). Un Néandertalien de l’Altaï est même issu de croisements consanguins proches, comme entre un oncle et sa nièce, ou un demi-frère et une demi-sœur. Les Néandertaliens formaient donc probablement une population de petite taille ou étaient répartis en plusieurs groupes qui se fréquentaient peu. L’homogénéité génétique qui en a résulté les a peut-être rendus plus vulnérables aux microbes pathogènes que Cro-Magnon apportait ou aux changements environnementaux. Voilà qui pourrait expliquer leur disparition, il y a environ 40.000 ans d’après les dernières datations. »}

  • Hormis par l’expérimentation, par la découverte d’une barrière accomplie à la reproduction (un élément pouvant donner un mismatch génétique entre 2 lignées), on ne peut pas démontrer d’infertilité entre elles. Or expérimenter n’est plus possible et rien de cela n’a été identifié dans le génome reconstitué des Neandertal... (pièces manquantes piochées chez sapiens).

    Ainsi, si la fameuse comparaison des génomes d’il y a 2 ans (chef d’équipe Svante Pääbo) stipulant qu’il est des séquences communes entre neandertal et une partie de la population moderne n’avait pas donné ce résultat, on n’aurait pas pu conclure qu’ils étaient infertiles entre eux, mais tout au plus qu’ils ne s’étaient pas hybridés depuis fort longtemps.
    L’étude a néanmoins montré que des séquences communes issues de Neandertal existaient chez partie de la population humaine moderne, pouvant être soit le fait d’assez récents mélanges (fertiles, bien évidemment) entre populations eurasienne et Neandertal, soit un trait plus ancien dont n’auraient pas "bénéficié" les africains p.e., si ceux-ci s’étaient séparés de la souche eurasienne avant. Ou un autre scénario tout aussi possible.

    Mais qu’il y ait traces de séquences communes/Neandertal (des variants Neandertal en fait) (*) ou pas, cela ne préjugerait au mieux que de non mélange récent entre eux, et non pas fécondité impossible ou infertilité (**). Un exemple : si on importe des rats (b) sur la future colonie martienne, ou que l’on sépare 2 populations (a et b) de rats par un mur infranchissable durant x années, cela ne préjuge pas de la non fécondité biologique entre rats martiens et terrestres, ou entre les rats à gauche du mur et ceux à droite. Groupes a et b auront marqué des divergences, ils ne se seront pas mélangés durant x années - les études génétiques pourront le confirmer - mais pas leur non fécondité potentielle.

    Ils pourraient être devenus infertiles entre eux si le hasard moléculaire s’en était mêlé, mais a priori non et la comparaison de séquences ne le démontrerait pas par des fractions de % de divergences de séquences.

    (*) ces séquences apportées par fusion récente avec (ou héritées d’ancêtre pas trop lointain avec) Neandertal, sont des variantes caractérisées d’allèles du même gène, car bien évidement nous partageons au pif > 99,8 % de locus/gènes en commun avec Neandertal. C’est dire si nous sommes plus que proches et que nous partageons bien des gènes...

    (**) d’où l’utilité de bien distinguer
     isolement reproductif, tel un mur, un océan infranchissable, être pd comme un phoque, ne pas aimer les meufs ou les rayures, avoir des périodes de chaleur différées, etc.
    de barrière reproductive par infécondité biogénétique accomplie, qu’elle se passe avant ou après la fusion en zygote.

  • À la fin de la préhistoire, les néandertaliens et d’autres mystérieux groupes humains croisaient nos ancêtres homo sapiens physiquement, et parfois sexuellement, dans des cavernes de Sibérie ou d’Europe. On ignore s’ils vécurent heureux, mais on sait qu’ils eurent beaucoup d’enfants. Et même si tous sont éteints, une partie de leur héritage génétique survit encore aujourd’hui en nous. Cette histoire, c’est un petit doigt qui l’a dit. Plus précisément un petit bout de doigt de pied ayant appartenu à une dame Néandertal qui vivait voici 50 000 ans dans une caverne des monts de l’Altaï.

    Des généticiens, lancés depuis 2006 sur les traces des néandertaliens, sont parvenus à lire l’ADN de l’os et à reconstituer le génome de cette femme. Leurs résultats, d’une précision sans précédent, éclairent d’un jour nouveau l’histoire des humains primitifs disparus, mais aussi le melting pot génétique dont nous autres, humains modernes, sommes les héritiers. À l’exception des Africains, tous les humains modernes ont ainsi dans leur génome 1,5 % à 2,1 % d’ADN légué par les néandertaliens, selon ces nouvelles estimations. Quant aux populations asiatiques et aux Amérindiens, environ 0,2 % de leur génome a pour origine un lointain cousin de Néandertal, l’homme de Denisova. Une proportion qui monte à quelque 6 % pour les aborigènes d’Australie, les Papous de Nouvelle-Guinée et certaines îles d’Océanie.

  • A noter que ce nouveau séquençage de génome a précisé un peu plus l’apport neandertal/denisovien dans les humains modernes, qui serait donc dans une vaste fourchette allant de 0, à un maxi de 6 % chez certaines peuplades océaniennes et est-asiatiques.

    Pour se faire une idée de ce que ces < 6 % signifient : nous avons 1/2 issu de papa (ou maman), 25 % de grand-mère, 12,5 % d’arrière-grand-mère, et environ 6 % d’arrière arrière grand-maman, 3 % à la génération précédente, etc.

    A savoir que les aborigènes d’aujourd’hui ont l’équivalent en héritage dénisovien de chacun de leurs arrières-arrières grand-pères/mères, il y a moins de 2 siècles - qui étaient pourtant bien des humains modernes. C’est dire si le neandertal et denisovien chez certaines populations n’est pas négligeable.
    Comment expliquer cela ? => arrières arrières grand pères/mères de John (australien indigène moderne), avaient eux aussi 6 % de patrimoine denisovien chacun, qu’ils ont conservé depuis perpet et ont transmis à John dans les mêmes proportions, aléatoirement réparties parmi des millions de bases. Ca met en perspective le sérieux mélange qu’il y eut à une époque ancienne où les populations humaines qui se croisaient et échangeaient, étaient probablement assez minimes en effectifs chacune.

    Il est plus de distance et variabilité génétique entre 2 chimpanzés choisis au hasard en Afrique centrale qu’entre les humains modernes et les neandertal/denisoviens... Pour ce qui concerne neandertal ET denisoviens, on ne devrait dorénavant (depuis un bon bout de temps en fait) plus dire "sapiens sapiens versus neandertal ou denisoviens", mais groupes humains modernes, neandertal ou denisoviens, qui tous sont Homo sapiens, quand bien même cela prendra quelques années encore avant que les livres scolaires ne le reflètent clairement. Mais cela évite d’ores et déjà de sombrer dans une problématique stérile, sous-espèces ou espèce, parmi un ensemble de reproducteurs parfaitement interféconds, divisibles en groupes relativement bien/mal caractérisés.

  • 100/100 de gènes entre groupe Denisova/neandertal et modernes ; ADN quasi complet, incluant une majorité de chenil > 99 % identique

    6% maxi de séquences/variantes (quasi) identiques avec Neandertal, estimés ou retrouvés +/- disséminées dans la pop moderne, du moins hors Afrique pour l’instant.

    Tu vas mieux piger si tu lis ce qui suit attentivement (et dans chaque phrase, identique s’accommode de (quasi) en sous-entendu, car identique à quelques fractions de décimales/approximations près).

    Gène-locus ou gène-allèle ce n’est pas pareil. Le génome humain c’est à peu près 25’000 gènes/loci et théoriquement une infinité de gènes/allèles (variantes) dans le pool humain. 25 000 gènes (loci) environ parmi une masse informe de séquences avec fonction inconnue, méconnue ou pas de fonction. On limite le nom "gènes" à ces séquences identifiées qui codent des protéines, comme des enfants bien sages : 25’000 à peu près, OK ?

    25 000 gènes donc dans une certaine position (locus comme localisation si tu veux) kekepart sur les diverses (tranches de) chromosomes, qui peuvent être disposées ici ou là mais qui restent les mêmes tronçons identifiables avec les mêmes gènes aux fonctions équivalentes (lorsque connues). C’est pareil pour nous tous, autrement nous ne serions pas compatibles. Lorsque certaines personnes ont des gènes surnuméraires ou des tronçons de chromosomes mal disposés, cela arrive avec parfois de sévères pépins, ils ont tout de même les mêmes gènes que nous tous. 25’000 gènes-loci donc, parfois mal disposés ou dédoublés, absents aussi, mais ce sont les mêmes : 100 % loci entre humains, malades ou bien portants (y inclus Neandertal).

    Nous avons entre humains et chimpanzés plus de 98 % de gènes en commun (= les mêmes gènes/loci) et pratiquement 100 % entre humains, à quelques millidécimales près. Tu as 100/100 gènes communs avec moi, avec ta soeur, avec ta mère, avec Neandertal et avec le plus lointain des aborigènes de Sydney.

    Par contre tu as un double assortiment (ou presque) de gènes. Ce double assortiment est composé des doublons des mêmes gènes - appelés allèles - qui peuvent au hasard être identiques entre eux : aa, AA ou différents : Aa. Et de plus, pour un même gène, disons, le gène "couilles" parce qu’il concerne les couilles, le pool humain peut avoir un nombre illimité de variantes. A savoir que ton gène couilles peut être le couple couillesA/couilles-a, ou couillesA/A ou couilles-b/couillesA, ou couilles-b/couillesB, ou couillesA/couillesB, ou couilles-m/couilles-n, etc. Une innombrable variabilité de possibilités dans le pool humain, parfois moindre cela dépend de la séquence, et dont tu as hérité une variante de papa et une autre de maman (qui eux aussi en avaient 2 à disposition). Ces versions sont dues à des mutations : parfois sans conséquences sur l’organisme entre les diverses versions, parfois avec conséquences. Certaines dominent, d’autres pas, peu importe ici. "A" est une autre version allélique que a ou que B et b, et on ne retient pas autre chose car c’est inutile dans cet aparté.
    Ta soeur peut avoir hérité la même situation allélique que toi pour tel gène, ou une des autres possibles, et je peux avoir la même que toi même si nous ne sommes pas apparentés. De même, un de tes frères peut avoir pour tel gène strictement le couple que tu n’as pas, etc. Si papa avait "A/b" et maman avait "B/c" pour tel gène, toi tu pourrais avoir A/B et lui b/c, soit différentes versions alléliques entre frangins. Mais en prenant en compte toutes les séquences redistribuées aléatoirement, tu hériteras donc de 50 % papa et 50% issu de maman, donc en moyenne tu auras < 50 % d’allèles identiques avec tous tes frangins. (C’est plus en fait, voire bien plus de 50 % si papa et maman étaient très consanguins... mais c’est encore un détail confusionnel ici : il faut retenir que 1/2 du patrimoine te vient de papa et 1/2 de maman, car chacun te file la moitié de son assortiment de chromosomes en tronçons équitablement distribués, peu importe ce qu’ils contiennent génétiquement/alléliquement.)

    ... mais sans oublier que tu as toujours quasiment 100/100 de gènes communs avec tous les humains. Ce sont les 100/100 de gènes communs qui font l’espèce génétique, et ce sont (entre autres) les variantes alléliques du/des mêmes gènes, qui nous font être différents : Fanch, ta soeur, moi, ou un Neandertal... et non pas des clones.

    Et pour ce qui concerne les chimps, ce sont quelques petits pourcentages seulement de gènes qui accusent les divergences sévères entre nos espèces.

    Puisque maintenant tout est clair, tu en conclus facilement que les 6 % maximum de gènes communs entre (le génome quasiment reconstitué) des Neandertal et certains individus actuels, ce sont des allèles (en fait, ce sont plutôt des séquences partielles de versions alléliques, comptabilisées plus comme séquences que comme gènes). Mais ce ne sont pas 6 % de gènes (loci) en commun, mais 100/100 puisque, rien qu’avec un lézard nous partageons > 80 % de gènes en commun (loci).

    Par l’image, c’est bien plus simple :

     gène "COUILLE" est partagé par tous les humains

     les allèles COUILLE-GATTC, COUILLE-GATTACC, COUILLE-GTTAC, etc. sont les versions allélqiues identifiées, redistribués "n’importe comment" entre humains. Ces versions de COUILLE sont ici, mettons une 40e connues, chez les humains du XXe s.

     mais la séquence COUILLE-GCTTC correspondant à allèle COUILLE-GCTTC (et donc à gène commun COUILLE) est retrouvée ET chez Neandertal ET chez certains humains modernes (cet allèle fait partie du maxi de 6% des gènes/allèles Neandertal/contemporains... )

    Cela signifie, vu que ce "COUILLE-GCTTC" est un vestige de l’héritage Neandertal et vu que ces séquences sont bien plus longues que les GCTTC de ma caricature explicative , vu que le hasard ne peut pas expliquer des séquences identiques si longues, cela signifie qu’il s’agit d’héritage commun ; probablement par d’assez récents coïts avec des Neandertal (bah, 40’000 ans ou plus, hein), ou du moins avec ceux, disparus, qui avaient ces mêmes séquences... or ce sont celles reconstituées sur Neandertal.

    Séquences informelles ou gènes, l’explication et les chiffres sont les mêmes : 6% de séquences identiques ou Neandertal maxi dans la populace actuelle implique donc (quasi) 100/100 gènes en commun. Il ne peut en être autrement puisque les gènes "s’apparient" par couples. C’est parce que nous avons 100/100 de gènes (loci) communs (hypothèse de travail) que le génome de Neandertal a partiellement pu être reconstitué à partir de bouts rapiécés très rares et partiels : les nombreux trous/vides manquants du génome Neandertal ont été remplis par des séquences d’humains modernes...

  • Stephen Jay Gould :

    « Si l’on n’invoque pas le changement discontinu par de petites modifications dans les taux de développement, je ne vois pas comment peuvent s’accomplir la plupart des principales transitions de l’évolution. Peu de systèmes présentent une résistance plus grande au changement que les adultes complexes, fortement différenciés, des animaux « supérieurs ». Comment pourrait-on convertir un rhinocéros adulte ou un moustique en quelque chose de foncièrement différent ? »

  • Deux espèces humaines différentes se sont bel et bien accouplées et croisées il y a 50.000 ans :

    Lire ici

  • BOULDER, COLORADO — Selon un rapport publié par The Denver Channel, Paola Villa, de l’Université du Colorado, Boulder et ses collègues ont détecté des résidus d’adhésif sur 10 des plus de 1 000 outils de pierre récupérés dans deux grottes situées sur la côte ouest de l’Italie. Les outils, datés entre 40 000 et 55 000 ans, ont été conçus par Neanderthal. L’analyse de l’adhésif suggère que les Néandertaliens ont utilisé de la résine de pin ou un mélange de résine de pin et de cire d’abeille pour fixer les outils à des manches en bois ou en os, a expliqué Villa. Comme la résine de pin se solidifie lorsqu’elle est exposée à l’air, le mélange a probablement été préparé au feu, a-t-elle ajouté. Pour plus, allez à « Neanderthal Smorgasbord ».

    Source

  • En 2018, des chercheurs qui analysaient des ADN fossiles ont révélé la découverte d’un os vieux de 90 000 ans appartenant à une adolescente dont la mère était néandertalienne et le père dénisovien, faisant d’elle le premier être humain hybride jamais découvert.

    https://www.nationalgeographic.fr/sciences/2019/12/retour-sur-les-20-plus-grandes-decouvertes-scientifiques-de-la-decennie

  • L’homme de Néandertal et l’humain moderne ont coexisté en Europe durant plus de 2 000 ans, selon une étude.

    Une bonne partie de la population mondiale compte un peu d’ADN néandertalien.

    https://www.francetvinfo.fr/culture/patrimoine/histoire/neandertal-et-homme-moderne-ont-co-existe-en-europe-sur-plus-de-2-000-ans_5415451.html

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