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Le pacte d’irresponsabilité de Hollande avec la grande bourgeoisie

mercredi 22 janvier 2014, par Robert Paris

Le pacte d’irresponsabilité de Hollande avec la grande bourgeoisie

ou comment un Etat qui se dit surendetté propose de faire cadeau de 30 milliards de plus au grand patronat... Donc 30 milliards d’euros de cadeaux au patronat qui se rajoutent aux 20 milliards d’euros de cadeaux du « crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi » dont les sommes vont être augmentées, qui eux-mêmes se rajoutaient aux crédits d’impôts sous prétexte d’emploi, crédit d’impôt d’exportation, crédit d’impôt recherche, du crédit d’impôt développement durable, etc. Sans compter les aides aux trusts depuis la crise de 2007, celles aux banques, aux bourses, aux assurances...

Quel nouveau pacte Hollande veut signer avec la bourgeoisie ? Un pacte dans lequel nos impôts vont servir à aider les patrons sans que le public qui paie ces impôts n’en tire quoique ce soit ? Comme lorsque l’Etat a aidé les trusts automobiles, sidérurgiques, métallurgiques, le bâtiment, les trusts pharmaceutiques, les banques et autres secteurs d’activité sans que les emplois ne soient en rien protégés, ni les salaires, ni les conditions de travail, ni même le maintien de l’activité sans même parler d’embauches supplémentaires !

Est-ce cela un contrat de responsabilité : l’Etat se considère responsable si les bénéfices des trusts baissent ou ne sont pas considérés comme suffisants par le grand capital et les patrons, eux, ne se considèrent en rien comme responsables socialement ? Si les emplois sont détruits, si les salariés sont à la rue, s’ils perdent tout, y compris leur logement, leur santé, les études des enfants, la vie de leur famille, les patrons qui ont détruit tout cela ne seraient en rien responsables ? Ce serait seulement l’Etat qui prendrait sur lui toute la responsabilité ? Et qui prendrait aussi la responsabilité de faire accepter de tels contrats, comme dans l’accord ANI qui détruit la charge de travail, le lieu de travail, le niveau des salaires ? Qui prendrait la responsabilité sociale et politique ?

Et quelle responsabilité du côté des patrons ? Loin d’être conditionnées par des actes immédiats comme des embauches, les aides étatiques ne seraient qu’évaluées à la longue par une soi-disant commission d’enquête ? Quelle différence alors avec les comportements précédents de l’Etat qui n’a vessé de faire des cadeaux au grand patronat sans aucune contrepartie, ni sur les emplois, ni sur les salaires, ni sur les conditions de travail, ni sur les retraites, ni sur la santé, ni sur l’éducation !

Et le prix de tout cela serait qu’on aggrave le déficit de l’Etat pour justifier encore plus de destruction des services publics. Déjà des universités, des hôpitaux, la SNCF annoncent qu’elles sont dans le rouge, vont devoir diminuer les effectifs, détruire une part du service public ou privatiser. Déjà le service public se dégrade massivement comme on le constate dans les transports, dans les hôpitaux, pour les retraites, pour la santé, pour les médicaments, etc….

Plus l’Etat va se porter garants des intérêts patronaux, ceux des grands patrons seulement bien entendu, plus il va aider les banques et les patrons, plus il va accepter l’idée que c’est l’argent de nos impôts qui doit rentabiliser les entreprises privées, plus celles-ci vont considérer qu’elles n’ont aucun devoir social, qu’elles ne sont nullement responsables des licenciements et des fermetures, qu’elles n’ont aucunement à payer leurs choix, leur politique, leurs attaques antisociales.

Pile on perd et face on perd, voilà la politique que l’on nous propose, en nous disant que tout est à discuter, tout est à négocier. Or, dans la casse des retraites, dans la casse du code du travail (l’accord ANI), dans la fermeture des entreprises comme celle de PSA Aulnay ou d’autres, on n’a cessé de nous dire que tout était à négocier, tout était le résultat de pactes entre « les parties », entre Etat, patrons et syndicats. Cette chanson on l’a déjà entendue.

Quel gouvernement n’avait pas prétendu que ses aides aux capitalistes n’étaient pas sans contreparties ? Hollande n’est nullement le premier.

Ce n’est pas la première fois qu’il nous dira, comme tout politicien qui fait son métier, qu’avec lui rien ne sera plus comme avant ! Il l’a dit sur tous les plans et, sur tous, il ressemble comme deux gouttes d’eaux à ses prédécesseurs, ceux qui parlaient de « travailler plus pour gagner plus » ou de « sauver les retraites par répartition ». Tous ont prétendu défendre la paix dans le monde en… en multipliant les guerres. Hollande a montré en Syrie ou en Afrique qu’il est identique à Sarkozy en Côte d’Ivoire ou en Libye. Mêmes mensonges, mêmes sales guerres.

En ce qui concerne la méthode des politiques de droite consistant à opposer violemment populations étrangères et française, maghrébine et non maghrébine, musulmane et non musulmane, Roms et Français, là encore, Hollande-Valls ne vaut pas plus cher que Sarkozy-Guéant comme le cirque sur Dieudonné vient de le montrer une fois de plus...

Dans quel domaine aurions-nous des raisons de penser que la social-démocratie aurait une politique différente, moins au service exclusif de la grande bourgeoisie ? Aucun ! Pas plus en France que dans aucun pays au monde. Les partis politiques, qui se disent si opposés les uns aux autres, en viennent souvent à s’unir dans un même gouvernement comme dans de nombreux pays, de l’Allemagne à l’Italie ou à la Grèce, montrant que ce qui les oppose n’est rien face à ce qui les rapproche. Et ils se rapprochent sur un point essentiel : tous défendent les intérêts du grand capital et nullement ceux de la population travailleuse.

Le seul « pacte de responsabilité » qu’il nous faut est celui où chaque capitaliste doit être considéré comme personnellement responsable de l’emploi, du salaire, de la vie de chaque salarié. Renault , France Telecom ou les Hôpitaux sont responsables des salariés qui se suicident, dont la santé et la vie sont détruits par les pressions au travail. Ils devraient également être considérés socialement, économiquement, juridiquement responsables des vies détruites par les licenciements. Pour nous, ils le sont.

Ils devraient l’être au péril non seulement de leur mise en cause personnel, du prix à payer sur leur fortune personnelle et même sur leur droit à entreprendre, sur leur droit à posséder des entreprises, des capitaux. Leurs biens devraient être saisis s’ils ne respectent pas la vie des salariés.

Nous, salariés, ne sommes-nous pas considérés comme responsables si nous déboursons plus d’argent qu’il n’y en a dans notre compte en banque ? Nous sommes nous pas considérés comme responsables si nous ne travaillons pas prudemment, si nous commettons une seule erreur professionnelle, de manière non volontaire ? Pourquoi ceux qui commettent des crimes sociaux de manière volontaire ne le seraient-ils pas ?

Eh bien parce que l’Etat qui fait les lois et qui les fait respecter n’est pas au service du peuple travailleur, du grand public, pas même de la population petite bourgeoise, des classes moyennes ! Parce qu’il est au service exclusif du grand capital, des patrons des trusts, des banques, des assurances, des bourses, de la grande finance, des dirigeants de l’armée, de la police et des églises.

Voilà pourquoi il n’existe aucune responsabilité des capitalistes lorsqu’ils commettent des crimes, y compris des crimes d’ampleur mondiale. Le trust japonais Tepco qui pollue gravement la planète avec ses centrales nucléaires ne reçoit pas d’autre punition qu’une aide massive de l’Etat ! Les trusts Thyssen et Krupp en Allemagne et Ford aux USA qui ont massivement financé l’hitlérisme n’ont subi après guerre aucune conséquence de leur responsabilité.

Le pacte de responsabilité de Hollande est, une fois de plus, un accord de responsabilité à sens unique dans lequel nos impôts sont considérés comme indispensables pour sauver les intérêts du capital privé mais où le capital privé n’est nullement considéré comme responsable s’il se désinvestit massivement de la production. L’Etat aide massivement la famille Peugeot même si elle retire son argent de la production, même si elle vend tous ses intérêts à la Chine, même si elle détruit massivement des emplois et des vies…

Voilà pourquoi il n’a plus d’argent pour les services publics, voilà pourquoi il précarise les emplois publics, voilà pourquoi il entend diminuer et même supprimer les emplois de fonctionnaires et n’embaucher que des contrats aidés sans engagement de durée indéterminée et sans statut. Voilà pourquoi l’Etat lui-même casse les service publics et les emplois publics… Cet Etat qui ne remplit pas ses engagements de santé, d’éducation, de transport, etc, prétend quand même signer des engagements avec les patrons dans lesquels il s’engage à leur faire cadeau d’impôts, de taxes, de soutiens sans aucune contrepartie réelle…

Dans notre société soi-disant démocratique, ce qui devrait signifier dirigée par le peuple et pour le peuple, il n’y a pas de droit à l’emploi, pas de droit au salaire, pas de droit à un revenu minimal, pas de droit à un logement, pas de droit à la santé, pas de droit à l’éducation, etc, mais il y a un droit permanent et que l’Etat se charge de faire respecter, pour les propriétaires de capitaux d’exploiter, de licencier, d’acheter des usines et de les fermer, de supprimer des emplois, un droit de posséder (et donc d’en faire ce qu’ils veulent) la propriété privée des moyens de production. Ce droit n’est pas remis en question, y compris quand cela signifie que des régions, de pays, des populations doive payer le prix fort : le prix de la misère, le prix du sang, le prix de la dictature des classes dirigeantes et de la répression.

Eh bien, la responsabilité, telle que nous l’entendons nous, c’est l’inverse : c’est le droit à l’emploi, au salaire, au logement, à la santé et à l’éducation, y compris allant jusqu’au droit de supprimer la possibilité des possesseurs de capitaux de décider, de diriger, de détenir et d’exploiter. Si l’emploi, le revenu, la vie des populations en dépend, si les capitalistes s’attaquent à tous nos droits, nous leur reprenons celui de se dire propriétaires des usines, des banques, des assurances, des capitaux, des moyens de commercer, d’échanger, de vendre parce qu’alors ils s’en servent pour détruire des économies, des sociétés et des vies.

Quand la crise du système d’exploitation signifie que les capitalistes, avec l’aide des Etats bourgeois, y compris dirigés par des équipes dites de gauche, prétendent nous jeter dans la misère, c’est notre droit le plus strict de leur retirer tout droit de se dire propriétaire des usines, des capitaux et détenteur du droit d’exploiter. C’est même notre intérêt vital et, bien entendu, pour cela, ce ne sera pas sur l’Etat bourgeois, fût-il dirigé par la gauche, que nous pourrons nous appuyer.

Messages

  • Pendant que l’Etat fait des cadeaux aux capitalistes, il réduit ses dépenses publiques : le ministre Cazeneuve annonce que la moitié des quelque 50 milliards d’euros d’économies prévues de 2015 à 2017 se fera par des réformes structurelles s’attaquant aux services publiques et l’autre moitié sera trouvée pour 20 milliards sur l’Etat et la branche maladie de la Sécurité sociale et 4 milliards sur les retraites et la branche famille, a déclaré jeudi le ministre du Budget.

    Donc exit les services publics, la santé, la famille et la retraite et vive l’aide aux capitalistes, banquiers et spéculateurs divers...

  • La droite anglaise félicite Hollande :

    "Je pense que les projets que le président a récemment annoncés afin de réduire les taxes pour les entreprises, de réduire le coût du travail et de supprimer les réglementations non nécessaires sont la bonne voie pour augmenter les investissements et créer des emplois", a déclaré M. Cameron lors d’une conférence de presse commune avec M. Hollande sur la base aérienne britannique de Brize-Norton accueillant un sommet franco-britannique.

  • Bruno le Roux, chef de file des députés PS, a proposé dimanche une exonération totale de cotisations sociales pour les entreprises pendant trois ans pour tout emploi créé...

    On vous le disait bien qu’on allait payer pour travailler. Déjà on va payer des impôts pour faire cadeau aux patrons...

  • Au premier jour de la visite de François Hollande aux Etats-Unis, placée sous le signe de l’offensive économique, le président du Medef a troublé l’ambiance mardi en répétant que les allègements de charges promis ne devaient pas s’accompagner de "contrainte" sur les entreprises.

    Alors que le président français s’est souvent vu qualifié d’"ami des patrons" et que le président de la principale organisation patronale s’est enorgueilli de lui avoir apporté le pacte de responsabilité "sur un plateau", la dissonance de l’autre côté de l’Atlantique étonne pour le moins.

  • C’était couru d’avance. Patronat et syndicats l’ont confirmé vendredi : il n’y aura pas d’objectif national d’emplois en échange de la promesse de Hollande.

  • Les addictifs de la signature syndicale ont encore frappé...

    Un accord entre trois syndicats (CFDT, CFTC et CFE-CGC) et le patronat (Medef, UPA, CGPME) a été trouvé, mercredi 5 mars, sur les contreparties du pacte de responsabilité voulu par François Hollande, selon le Medef. Le texte doit être soumis aux instances dirigeantes de ces organisations. La CGT et Force ouvrière ont émis, elles, un avis négatif sur le projet présenté par le patronat.

  • Le pacte pro-patronal, c’est l’un des signataires syndicaux qui le décrit, c’est-à-dire 30 milliards, au moins, pour les patrons et rien que des espoirs pour les salariés.

    Philippe Louis, président de la CFTC :

    « Nous aurions préféré que le Medef s’engage pour un million d’emplois. Mais un million d’emplois, cela ne se décrète pas. Nous allons donc laisser aux branches le soin de quantifier les efforts qu’elles peuvent faire. 30 milliards injectés aux entreprises, c’est l’équivalent du salaire d’un million de personnes. Cela ne donne pas un million d’emplois, mais devrait en générer. L’accord est novateur : les entreprises admettent qu’elles doivent utiliser la création de richesses pour l’emploi et non les dividendes. De notre côté, on admet le fait qu’il faille aider les entreprises à reconstituer leurs marges. Si chacun joue le jeu, cela peut marcher. »

    Et c’est dit par quelqu’un qui « joue le jeu » !

    Quel jeu ? Celui des patrons ! Car c’est celui où certains s’engagent pour les salariés et personne ne s’engage à rien côté patronal !

  • Où est la responsabilité patronale quand le MEDEF annonce d’avance son refus d’embauche et ses licenciements ?

    Le président du Medef Pierre Gattaz a estimé que "La situation économique du pays est catastrophique", dans un entretien au Figaro paraissant lundi.

    Pour le patron des patrons "la croissance n’est pas là ! Il n’y a plus d’investissement et plus d’embauche."

  • Plus Hollande-Valls leur font des cadeaux sans contrepartie plus ils en veulent.... Le Medef propose de pouvoir supprimer des jours fériés et déroger à la durée légale du travail ou au salaire minimum, dans un projet visant à créer un millions d’emplois en France. Mais sans engagement comme d’habitude...

  • Le grand projet du quinquennat de François Hollande, c’est le pacte de responsabilité, qui va permettre aux détenteurs du capital d’augmenter leurs dividendes et de licencier sans problème !

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