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Les multiples origines de la langue française, témoin des diverses occupations et des diverses civilisations

mardi 12 août 2014, par Robert Paris

Les multiples origines de la langue française, témoin des diverses occupations et des diverses civilisations

« Les mots, les mots, on a beau les connaître depuis son enfance, on ne sait pas ce que c’est. »

(Henri Barbusse, L’Enfer, 1908)

« La conquête d’un pays se fait aussi par les mots. »

(Claude Duneton)

« Nous avons tout ce qu’il faut sur le parler des rois, de nos cours, de nos princes à presque toutes les époques, de nos grands et petits bourgeois, nous possédons également, parce qu’ils ont fait parler d’eux, une documentation relativement riche, faite de mémoires et de procès, sur la langue de nos voleurs et de nos assassins – qui par là aussi ressemblent à nos princes ! – mais rien ou presque sur la langue de l’immense majorité du peuple. Le peuple, on l’a pressuré, harcelé, taillé, emprisonné aussi, parfois roué, violé, massacré, sans jamais lui demander ce qu’il en pensait, dans ses mots à lui. De toute façon ce que le peuple avait à dire était vulgaire par définition, bas par essence, comme le sont les cris, les pleurs et la colère… Il faut rappeler qu’en France, le peuple n’est pas de langue française – tout du moins il ne l’est que depuis très récemment. Il faut redire, tant cette évidence paraît neuve – et insolite aux étrangers – que sur tout le territoire de l’Occitanie, de la Bretagne, ou de l’Alsace, etc., jusqu’à ces derniers temps seule la bourgeoisie, privée et administrative, utilisait le français, un français de bon aloi, tout imprégné du collège. D’autre part, les populations des provinces franchimanes, telles la Champagne et la Picardie, n’ont abandonné leurs vieux dialectes franciens qu’au début de ce siècle, au moment où les masses apprenaient dans les livres leur langue nationale. Le peuple, au sens large, a toujours parlé basque, berrichon ou normand… »

(Claude Duneton, dans La Puce à l’Oreille)

« Nous allons nous pencher sur l’origine du mot France, français, française. Savez-vous que, nous, les Français, nous tenons notre nom d’un peuple d’origine germanique ? Mais n’anticipons pas. Qui sont les ancêtres des Français ? Les Gaulois bien sûr, Astérix et Obélix en tête. Tout le monde le sait. Ce que l’on sait peut-être moins, c’est qu’il n’y a pas si longtemps que ça, nous, les Français, avons décidé que nos ancêtres étaient les Gaulois. Pourtant, la Gaule est loin d’être une entité claire, et quand Jules César se lance à sa conquête, il dénombre quelques 85 peuples gaulois qui n’ont pas de langue commune et qui se font la guerre la plupart du temps. En 52 avant Jésus-Christ, Jules César défait Vercingétorix à Alésia et la Gaule se retrouve pour plusieurs années pacifiée entre guillemets, en tout cas soumise à la domination romaine. La langue française, langue romane issue du latin, est évidemment un héritage de cette période gallo-romaine. Mais l’empire romain périclite à partir du 3ième siècle après Jésus-Christ, ce qui va entraîner de profonds bouleversements en Europe. Car la légion romaine n’étant plus ce qu’elle était, les peuples germaniques et plus largement les peuples du centre de l’Europe envahissent et pillent les restes de l’empire romain. Ce sont les Francs, les Alamans, les Saxons, les Huns, les Avars, les Bulgares, les Goths, les Vandales, pour ne citer que les principaux. Il est évidemment très intéressant de comparer la façon dont on nomme cette période selon que l’on est allemand ou français : Les petits Allemands apprennent à l’école qu’il s’agit de la "grosse Völkerwanderung", de la grande migration des peuples. Un terme positif à la connotation un peu romantique, même. Les petits Français, eux, apprennent pour désigner ces mêmes événements qu’il s’agit des Grandes Invasions ou des Invasions barbares, "Invasionen der Barbaren". Eh oui, tout dépend du point de vue duquel on se place. Rappelons que "barbare" est un mot d’origine grecque, utilisé pour désigner ceux qui ne parlaient pas grec, les Romains ont fini par appeler "barbares" ceux qui ne parlaient pas leur langue, le latin. Donc, durant ces "Völkerwanderungen", les Francs, et notamment les Francs saliens, peuple germanique installé sur la rive droite du Rhin, traversent le fleuve à partir du 3ième siècle, envahissent les Ardennes et s’étendent peu à peu sur le territoire de l’ancienne Gaule. On parle alors des royaumes francs au pluriel, plus tard, on parlera du royaume des Francs : la nuance est importante, la marche vers l’unité de la France est engagée. Au 6ième siècle, le nom de Francia est employé pour désigner le royaume franc étendu à la Gaule. Puis le nom de France désigne la région entourant Paris, comme en témoigne par exemple le nom de certaines communes comme Roissy-en-France. On trouve d’ailleurs en Allemagne également des territoires appelés du nom de leurs envahisseurs francs : ainsi la Franconie, Franken en allemand, est une région du centre de l’Allemagne que les Francs avaient conquise sur les Alamans et sur les Thuringiens. Au Moyen-âge, on parle encore de Francs pour désigner les habitants de la France. Le mot "français" lui apparaît pour la première fois en 1080 sous la forme "franceis" dans la chanson de Roland, ce grand poème épique qui narre les combats malheureux du chevalier Roland. Peu à peu, "franceis" devient "françois" puis français. À propos, "frank" ou "francus" signifieraient à l’origine libre ou encore hardis, supérieur, sans qu’on sache trop d’ailleurs si le mot a pris cette signification à cause du caractère des Francs ou si les Francs ont été nommés ainsi à cause de leur caractère. Pendant longtemps, les Allemands refusèrent de reconnaître aux Français le monopole du titre de "descendant des Francs". Plus tard, ce sont les Français eux-mêmes qui auront du mal à accepter cette influence germanique dans leurs origines. Ainsi, après la défaite de 1870 et la vague anti-allemande qui s’en suivit, les historiens français ressuscitent les Gaulois. Voilà de parfaits ancêtres ! Non, les Gaulois ne sont pas des sanguinaires comme les Francs mais de vaillants guerriers, résistants à l’empire romain, tel leur chef Vercingétorix promu subitement au rang de héros national. Toute une idéologie que viendront conforter les histoires d’Astérix et Obélix… Et pourtant, l’héritage des Francs est capital : c’est à eux que l’on doit les bases de ce qui va devenir l’état français. Et la langue française a emprunté bon nombre de mots à la langue des Francs, le francique, "das Fränkische" en allemand, une langue germanique. Quelques exemples ? Le hêtre qui nous vient de "haistr", le fauteuil de "faldistôl", la framboise de "braam bes", la couleur bleue de "blao" etc, etc… »

(Elsa Clairon)

Sur les multiples peuples qui ont occupé le territoire qui sera dit « français »…

La langue suit les discontinuités de l’histoire politique, sociale et économique des peuples et de leurs sociétés.

Les langues reflètent des conceptions sociales du monde. Ainsi, ne trouve-t-on pas dans une langue des mots décrivant des concepts qui ne correspondent pas à la réalité sociale d’une société. Pas de mot création par exemple chez un peuple cueilleur-prédateur qui ne crée ni agriculture, ni poteries. On peut lire dans ce sens dans une étude de Mo Weimin : « Aussi ne trouvons-nous aucun mot dans la langue chinoise qui contienne les notions de continuité, d’intériorité, de liberté et de différence, pour traduire la « durée ». »

La langue est un univers fait de fragments, découpés puis recomposés, de concepts, de connaissances, de vécu, de passé reconçu, remodelé, d’influences anciennes et récentes.

Tout d’abord, il faut avoir conscience que 99,99% des mots anciens ont disparus, bien sûr la plupart des mots des vieilles populations qui ont occupé le territoire et n’avaient pas du tout de langage écrit et même 99% des mots du Moyen Age.

Donnons ainsi un dictionnaire des mots du Moyen Age :

Aarbrer, Abai, Abaille, Abaiser, Aballeurs, Abandon (enfin un !), Abannir, Abarrer, Abassi, Abassin, Abateis, Abater, Abator, Abatre (enfin en terrain connu mais cela veut dire diminuer), Abbec, Abéiance, Abéliser, … et ainsi de suite….

Bien des gens croient que la langue française est l’une des bases simples de l’unité nationale et de l’unité de la civilisation nationale. Ils oublient que la langue française est née vers l’an 800 d’un mélange entre la langue picarde, la langue bourguignonne et quelques parlers d’oil et que les peuples qui ont occupé le territoire ont longtemps parlé d’autres langues que ce « français » qui doit son importance au fait qu’il sera parlé à Paris. A l’époque, sur ce qui sera « la France », il y avait bien d’autres langues autant sinon plus parlée comme les dialectes et les langues principales comme :
• Le francoprovençal (ou arpitan) avec par exemple les parlers de Savoie, lyonnais, dauphinois autour de Grenoble, forézien (région de Saint-Étienne), de Suisse romande aussi ;

• La langue d’oïl dans le nord avec entre autres le picard, le normand, l’angevin, le champenois : cette région était encore très germanique et de nombreux seigneurs composaient le système féodal,

• Le Breton dans le nord-ouest,

• L’occitano-roman (occitan ou langue d’oc et catalan) dans le sud avec le limousin, l’auvergnat, le languedocien, le gascon, le provençal, le vivaro-alpin : les parlers de cette région, qui baignent durant des siècles dans la culture romaine et ont conservé le droit romain, se rapprochent davantage du latin (« Oc » et « Oïl » signifiant « oui »).

• Le latin, langue d’érudition et de religion, adopté par les classes dirigeantes gallo-romaines au cours des siècles qui suivirent la conquête du pays en 51 av. J.-C.

L’histoire est parfois facétieuse. Prenez la langue française : son nom même renvoie évidemment aux Francs, ce peuple venu d’outre-Rhin. Sauf que le français est une langue non pas germanique, mais latine. Ce sont les vainqueurs qui ont adopté la langue des vaincus ! Cette cocasserie s’explique. Clovis et ses amis n’étaient tout simplement pas assez nombreux pour peupler le vaste territoire qu’ils avaient conquis. Et les Francs pratiquaient déjà le latin. Ils assuraient en effet depuis longtemps des fonctions de sécurité dans une partie de la Gaule, au profit des Romains. Leur conversion au catholicisme, dont la langue de Cicéron était l’idiome privilégié, achèvera le processus.
L’influence des Francs sur notre langue, cependant, est encore sensible. "Bordel", comme le rappelle malicieusement Henriette Walter (L’Aventure des mots français venus d’ailleurs, Robert Laffont), vient d’un terme germanique qui a donné "borde" en ancien français, avec le sens de bûche, puis de cabane en planches. C’est au Moyen Age que le mot a pris la forme et le sens que nous lui connaissons aujourd’hui, lorsque les prostituées ont été tenues d’exercer leur activité dans des cabanes, à l’écart des lieux habités.
Les Francs ont ainsi apporté un vocabulaire nouveau, et foisonnant, notamment dans les domaines de la forêt (hêtre, bois) ou du jardin (un terme cousin de l’anglais AKG-garden, de l’allemand Garten). On distingue aussi la trace de cet héritage dans les titres (marquis, maréchal) ; les prénoms se terminant en –bert (brillant), comme Albert ou Robert ; le suffixe -ard (puissant, dur), que l’on retrouve dans renard, qui a remplacé le goupil de l’ancien français, mais aussi dans fêtard, chauffard ou veinard. Les Francs ont surtout favorisé le retour de la consonne "h" (hache, housse, halle, haine, héron...) et de nombreux termes commençant par "g" (guerre, guérir, garçon, gagner, garder, gâteau...).

Le peuple des Francs fait partie du sous-groupe linguistique dit bas-allemand, "bas" signifiant « du nord, proche de la mer, des basses terres », puisque les historiens localisent les premiers Francs en ces lieux. Cependant, les linguistes désignent également sous le nom de « franciques », aussi bien certains dialectes bas-allemands que moyen-allemands et allemands supérieurs. Leur point commun est d’être parlés dans des régions ayant été autrefois colonisées par les Francs. On préfèrera donc pour décrire la langue initiale et historique le terme de « vieux bas francique ». Il ne faut pas confondre le terme francique avec celui de franconien qui désigne en français, uniquement le dialecte haut-allemand de Franconie, à savoir le francique oriental. Si la plupart des Francs du premier millénaire parlaient des dialectes bas-allemands, Charlemagne (ayant de par sa mère des origines rhénanes) et les siens parlaient des dialectes haut-allemands.
Antérieurement à Charlemagne, les Francs s’exprimaient donc dans une langue (peut-être différents dialectes) que les spécialistes rattachent au groupe linguistique dit bas allemand, auquel appartiennent également le néerlandais et le flamand, entre autres. On a cru longtemps que ce francique-là n’avait pas de forme écrite. Cependant, la découverte de l’inscription runique de Bergakker qui daterait des années 425-450 pourrait démentir ce postulat. Il en subsiste également quelques mots et phrases, par exemple dans la Lex Salica, la Loi salique. Grégoire de Tours lui-même n’en cite que deux termes tout au plus.
Les pays d’élection des Francs au temps de Clovis étaient le nord de la Belgique, région connue de nos jours comme la Flandre et le sud des Pays-Bas actuels. On sait par exemple que le général Julianus (plus tard l’empereur Julien l’Apostat) les a admis dans les régions de la Betuwe et la vallée de l’Escaut en 358.
Ces Francs ne constituaient pas un peuple bien précis : par conséquent il devait y avoir plusieurs variantes linguistiques, soit des dialectes. Il y avait un groupe occidental, les Saliens qui se sont fondus dans des territoires de parler roman (devenue par la suite la langue d’oïl) . Il y avait aussi un groupe oriental, les Ripuaires. La Flandre moderne connaît encore quatre dialectes bien distincts. Sous Charlemagne, les Francs de la région rhénane s’étaient davantage répandus parmi les autres peuples germaniques. Ils gardèrent une langue germanique dans des territoires où les variantes linguistiques étaient déjà du bas-allemand, du moyen-allemand et de l’Allemand supérieur.

Quatre peuples germains ont envahi la Gaule après la chute de l’Empire romain, mais seuls les Francs ont significativement marqué le français. Bien plus en tout cas que les Alamans (implantés en Alsace), les Wisigoths (dans le Midi) et les Burgondes (en "Bourgogne"). Mais leur influence restera circonscrite au nord du pays, où elle affectera la phonétique, le lexique et même la syntaxe des parlers d’oïl (d’où est issu notre français). En revanche, elle sera à peine décelable sur les langues d’oc (gascon, provençal, languedocien...), restées plus proches du latin d’origine. Si bien qu’il y a aujourd’hui plus de différences entre les langues d’oc et les langues d’oïl qu’entre le castillan et l’italien, notent Jacqueline Picoche et Christiane Marchello-Nizia dans Histoire de la langue française (Nathan Université).

La langue des Goths cesse d’être couramment utilisée à partir de la seconde moitié du VIe siècle en raison des défaites wisigothes face aux Francs, de la destruction des Goths d’Italie (les Ostrogoths). La conversion au catholicisme des Wisigoths et l’immersion minoritaire au sein d’une population très romanisée favorisèrent cette disparition.

Les Germains, cependant, n’auront pas tout perdu. Dans certaines régions voisines de leur pays d’origine, ils seront suffisamment nombreux pour imposer leur parler et faire reculer le latin. C’est pourquoi, aujourd’hui encore, trois idiomes germaniques sont pratiqués en France : l’alsacien, le flamand et le francique lorrain(ou "platt"), la langue la plus proche de celle que parlait Clovis !
Les Goths (originaires du sud de la Suède) passent en France deux ans après la mort d’Alaric. Leur langue était proche de l’allemand actuel. Les Goths, avec à leur tête Alaric, vont commettre le sac de Rome en 410. Puis ils s’installent dans la région de Toulouse. Clovis, à la tête des Francs, les bat à Vouillé (près de Poitiers) en 507 : ils se replient alors au-delà des Pyrénées et fondent un royaume en Espagne (auquel est joint l’actuel Languedoc qui portera le nom de Gothie) dont la capitale est Tolède. Ce royaume dure jusqu’en 711 et succombe devant les Arabes. Comme les Francs en Gaule, les Goths ne vont plus parler leur langue.

Le français n’était au Moyen Age qu’un parler parmi d’autres, appelé le « françoys », « franceis », ou « françois » prononcé progressivement [frãntseis], [frãntsois] puis [frãswe]).

Entre 1000 et 1200, la langue dite « française » était plus parlée en Angleterre qu’en France du fait de l’occupation armée de la grande île par des Normands venus de France ! C’est seulement en 1385 que l’Angleterre adopte l’ « anglais » plutôt que « le français » comme langue officielle.

Le terme « français » pour parler de la langue ne provenait pas d’un pays appelé « France » mais d’un peuple franc qui était un peuple dit « germain » donc originaire de déplacements de populations venues de l’Est…

La période qui s’étend de la fin du XIe siècle au début du XIVe siècle correspond à une période de rayonnement du français médiéval. Le français devient une langue internationale, parlée dans toutes les cours des royaumes d’Europe, ce qui laissa des marques dans toutes les langues européennes. Elle devient la « lingua franca » du monde, les lois sont rédigées en français, la diplomatie se fait en français. Mais la population de ce qui sera la France ne parle pas souvent le « français »… Le petit peuple ne parle que des dialectes locaux. Les élites locales parlent d’autres langues. Les érudits parlent le latin. Et il n’y a pas une seule langue française mais un parler français de Paris, un parler français de Normandie, un autre de Picardie ou de Bourgogne… Toutes ces langues d’oïl étaient également parlées dans la partie nord de la France.

C’est seulement en 1539 que débute officiellement la francisation de la France avec la proclamation de l’ordonnance de Villers-Cotterêts, signée par François Ier : elle impose le français comme langue du droit et de l’administration en France, en remplacement du latin.

Dans son rapport de juin 1794, l’abbé Grégoire révéla que le français était uniquement et « exclusivement » parlé dans « environ 15 départements » (sur 83). Il lui paraissait paradoxal, et pour le moins insupportable, de constater que moins de 3 millions de Français sur 28 parlaient la langue nationale, alors que sur le territoire de la Nouvelle-France, celle-ci était utilisée et unifiée depuis plus de 100 ans de Bâton-Rouge à Montréal. La francisation du territoire s’est fait au détriment des langues d’Oc et des autres langues d’oil, causant notamment des séquelles psychologiques et des tensions.

Au XVIIIe siècle, comme de nos jours, le patois était chez lui partout où « l’on causait au village ». En 1863, d’après une enquête lancée par Victor Duruy, 8 381 communes sur 37 510, environ le quart de la population rurale, ne parlaient pas français.

Au début du XIXe siècle, le ministère de l’éducation nationale trouvait que la francisation était trop lente, les autorités décidèrent donc de nommer des professeurs d’une autre région pour les rendre incapables de parler les patois et donc les forcer à utiliser le français. Les dialectes cèdent donc progressivement la place à un enseignement du français, la loi Guizot de 1833 amplifie le phénomène de francisation : « l’instruction primaire comprend nécessairement […] les éléments de la langue française. »
Le français était la langue des villes, le patois, la langue des campagnes. En 1972, Georges Pompidou, alors président de la République, déclare au sujet des langues régionales : « Il n’y a pas de place pour les langues et cultures régionales dans une France qui doit marquer l’Europe de son sceau. »

Les noms propres, notamment les noms de lieux proviennent des populations d’ancienne origine qui ont occupé les lieux. On retrouve ainsi des noms de sites tirés du gaulois (du nom d’un des peuples germais qui occupait le nord du territoire), comme Jura et Joux provenant de « juris » qui veut dire mont boisé, ou comme Armorique du gaulois « more » qui signifie mer, ou encore comme Arles dont l’ancien nom était Arelate (are "près de" et late "pays plat". À l’époque de la conquête de la Gaule par les armées romaines de Jules César en 52 av. J.-C., la Gaule était majoritairement peuplée de tribus gauloises qui parlaient des langues celtiques certainement apparentées et probablement mutuellement intelligibles. Il n’existait donc pas une mais plusieurs langues gauloises (i.e. le belge, le gaulois transalpin, le gaulois cisalpin), qui n’étaient que très rarement écrites.

Des noms de lieux proviennent aussi du gaulois comme Paris qui vient du peuple des Parisii qui occupait ce site avant de s’enfuir sous la menace des invasions normandes.

Beaucoup de noms d’arbres sont d’origine gauloise (Alisier, amélanchier, bouleau, chêne, sapin…) et aussi des noms d’objets simples à base de bois (charrette, charrue, balai, barque, billot, branche, berceau, boisseau, charpente, javelot, souche, suie, tonneau, etc…). On voit qu’à l’époque gauloise, la forêt était la richesse primordiale. En fait, les noms d’arbres sont de toutes origines : chêne (gaulois), hêtre (germanique) et peuplier (latin)…

De nombreux mots du vocabulaire des marins sont venus du normand comme boueter, bouquet, crevette, macreuse, pieuvre, pretantaine, quenotte, taquet, varech,…
Beaucoup d’autres mots de la marine sont bien entendu d’origine viking. Savez-vous que crabe, homard viennent du Viking « krabi », « hummar »… ?

Les noms de plusieurs centaines de nos villes et de nos villages sont issus du scandinave ancien. Par exemple, Routot (le domaine de Rolf) ; Elbeuf (la chaumière des puits) ; Ecaquelon (le bois des voleurs) ; Catelon (le bois du bétail ou du chaudron). De même, un certain nombre de noms de famille ont réussi à traverser les siècles et à parvenir jusqu’à nous. Souvenez vous du plus grand coureur cycliste français et normand, Jacques Anquetil. Son nom est un patronyme d’origine scandinave « Askettil » qui signifie le « chaudron des dieux », nom qui était très à la mode à l’époque des Vikings.

Les noms de villes et de communes racontent parfois toute une histoire. Ainsi Gargilesse (dans l’Indre) vient du nom germanique (Wahrginissa) et signifie : « lieu de rassemblement des hors-la-loi en francique » ! Jaude (place centrale de Clermont-Ferrand) est un nom wisigoth qui veut dire vide (ou infertile pour une terre) parce que c’était une banlieue de Clermont vide d’habitants.

Les Noms de Lieux de la France ont des origines phéniciennes, ligures, gauloises, romaines, saxonnes, burgondes, franques et scandinave (danoise, norvégienne ou suédoise) surtout en Normandie…

Noms de régions de ville et de villages d’origine burgonde (Les Burgondes, population germanique, sont demeurés dans les bassins de la Saône et du Rhône, sur les bords du Léman, en Savoie et en Dauphiné) : Savoie (Sapaudia), Bourgogne, et tous les noms en inga ou ingen soit des centaines de sites (communes, hameaux, sites divers, …).

Noms de régions de ville et de villages d’origine saxonne : par exemple tous les noms en « Gran » comme Granville, Graignes, Guernesey, Grania, …

Noms de régions de ville et de villages d’origine normans : par exemple tous les noms en « ham » (hameau) comme Ouistreham, Etréham, Le Ham, etc…

Noms de régions de ville et de villages d’origine suédoise : par exemple, les noms en « bec » (back voulant dire ruisseau) comme Bolbec, Caudebec, etc…ou encore les noms en « beuf » (cabane, chaumière) comme Elbeuf, Criquebeuf, etc… ou bien les noms en « gard » (jardin), en « dal » (vallée)…

Noms de régions de ville et de villages d’origine wisigoth : les noms ayant un suffixe -ens, -enx, -ans et –ein…comme Guitalens, Mourenx, Argein, Aucazein, etc…

Noms de régions de ville et de villages d’origine gauloise : Paris (des parisii qui l’habitaient), Périgueux (des Pétrocoriens qui y résidaient), Lyon (de Lugdunum, Lug étant le principal dieu celte), Rouen (de Rotomagus, magus étant le marché), etc….

Noms de régions de ville et de villages d’origine viking

Noms de régions de ville et de villages d’origine basque : par exemple, les noms se terminant en « osse » (venant de ossum) comme Biscarosse, Seignosse, etc…
Noms de régions de ville et de villages d’origine Ligure : par exemple, les noms se terminant en « osque » comme Manosque, Gréasque, Turbiasque, Monégasque…
Noms de régions de ville et de villages d’origine grecque comme Nice et Antibes. Agde (Agathê = bonne), Nice (Nikaia = victorieuse), Antibes (Antipolis = la ville d’en face, face à Nice), ou encore Leucate (Leukatês, dérivé de leukos = blanc). Même origine grecque pour Monaco (Monoikos, terme évoquant la solitude, interprété différemment selon les auteurs : soit la maison solitaire, soit un site dédié à Héraklès Monoikos).

Il y a même des noms d’origine plus ancienne encore (préceltique) :

• (ah)ar (hydronyme) : Arc, Hérault, Arve, Arrondine…

• ahuar (hydronyme) : Avre , Aulne, Gard, Var

• atur (hydronyme) : Adour, Yerre, Hyères .

• dur, dor (hydronyme) : Durance, Drôme, Dordogne, Doire , Doron , Dranse …

• el (hydronyme) : Ill , Ille, Ellé, Élez.

• rod (hydronyme) : Roanne, Rhône…

• (k)ar (relief) : Carnac, Arradon, Arzal, Arles, Aravis, Arize, Ares, Armenaz, Archamps…

• cal(a) (relief) : Cassis, Galibier, calanque, chalet…

• calm (relief) : La Chaux , Chaumes, Montcalm…

• cant (relief) : Cantal

• clap (relief) : la Clape…

• kuk (relief) : Cucq, Cocumont, Montcuq

Quelques-unes des racines gauloises (celtes) les plus employées :

• briga (= hauteur, puis château fort) : La Brigue, Vandœuvres, Vendeuvre (Vindobriga avec vindo-, blanc).

• briva (= pont) ou variante bria, lénition de /w/ attestée en gaulois : Brive, Chabris, Samarobriva (ancien nom d’Amiens), Briva Isara (ancien nom de Pontoise), Briovera (ancien nom de Saint-Lô), etc..

• cassanos (= chêne) : Le Chesnay, parmi 221 toponymes en France (cela dit, le suffixe -etu(m) > -ay / -eta > -aie est probablement latin).

• ceton, ceto (= bois) : qui devait évoluer en ce(t) ou ci(t), latinisé en cetum ou citum que nous retrouvons dans de rares noms de localités : Margouët-Meymes (Gers). Et comme noms de hameaux dans le Gers on retrouve Margouet à Ramouzens et Margoy à Panassac ; en Haute-Garonne, Margoy à Aspect ; dans les Basses-Pyrénées, Marcoueyt à Puyoo. Dans le Puy-de-Dôme, on trouve aussi Marcoué à Saint-Hérent et Marcoueix à Pontaumur ; dans le Pas-de-Calais, Marquoy à Robecq, et aussi à Françay dans le Loir-et-Cher ; dans la Sarthe, Marcoué à Saint-Longis ; dans la Gironde, Coimères (au centre d’une région boisée entre Langon et Bazas et non loin de Lados) serait un pluriel de Ceta-Mara « grand bois » avec les composants dans le même ordre qu’en breton dans Coat-Meur. De Ceto-Maron viennent peut-être Kaymard à Pruines, et le Pic de Kaymard à La Fouillade.

• condate (= confluent) : Condé , Condat , Candes, Condate (ancien nom de Rennes dont le nom actuel a cependant une autre origine).

• dunon, latinisé en dunum (= colline, puis forteresse) : Lyon (Lugdunum), Verdun (Virodunum), Autun (Augustodunum).

• duron > durum (= forum, marché) : Nanterre (Nemetodurum), Bayeux (Augustodurum)

• ialo(n) (= espace découvert, terre défrichée puis village) : utilisé comme suffixe, ce terme est à l’origine de la plupart des noms de localités terminés par -euil ou -ueil dans le Nord (Argenteuil, Auteuil, Verneuil ) et -jouls ou -jols dans le Sud (Tréjouls, Marvejols).

• mantalon / mantol (= chemin, voie, route) : Petromantalum (« Quatre-routes », carrefour, ancien nom de Saint-Clair-sur-Epte et Pierremande), Manthelon, Manthes, Monthelon .

• magos ou magus (= champ, puis marché) : Caen (Catumagos), Rouen (Rotomagus), Augustomagus (aujourd’hui Senlis), Carentan, Charenton , Argentan, Argenton .

• nanto (= vallée ou ruisseau ou rivière) : Nans, Nantua, Mornant, Nancy, Nandy, Nangy, Nance, Nances, Nangis, Nançois, Nanteuil , Nant, Nans-sous-Sainte-Anne, Nans, Les Nans.

• nemeton, latinisé en nemetum (= temple, lieu sacré) : Augustonemetum (un des anciens noms de Clermont-Ferrand), Nanterre (Nemetodurum).

• randa (= la frontière) : tous les Randons, Randens, Arandons, Chamarande, rivière Égrenne de Egoranna, variante de Egoranda (*egor, eau), etc.

• ritu-, rito- (= gué) : Bédarrides, Chambord, Niort, Limoges (Augustoritum), Jort (Divoritum), Le Gué-de-Longroi (tautologie). À noter la survie tardive de rito- dans le Nord de la France (Normandie, Picardie, Nord) sous la forme -roy / -rois dans Val-du-Roy (Seine-Maritime, jadis Waudenroy) ; Longroy (Seine-Maritime) ; Gerberoy (Oise) ; Maurois (Nord) ; Lonrai (Orne), etc.

• uxellos, ouxellos (= élevé) : Oissel, Oisseau, Ussel , Issoudun (Uxellodunum), etc.

• verno (= aulne) : Vernon, parmi 230 toponymes en France.

• vidu- (= arbre, bois) ; vidua (= forêt) : Veuve, Voves, Savoie (*sapavidia), Vion , etc.
Noms de ville, villages et sites d’origine germanique :
De nombreux appellatifs germaniques liés au relief, à la végétation ou à l’habitat sont également utilisés et presque tous situés au nord de l’Hexagone. En voici quelques-uns :
• *alach (= maison, temple) : Neaufles-Auvergny, Bouafles, Boffles, etc.

• afisna / avisna (= pâturage) : Avesnes, Avoine

• berg (= montagne, colline) : Berg, Kaysersberg, Berck, Barc, Barques, Bergues, etc.

• bakiz (= cours d’eau, ruisseau) : Forbach, Merlebach, Roubaix, Wambez, Rebets, Hambye..

• born / bron (= fontaine, source) : Cadenbronn, Brognard, etc.

• bur (= hutte, habitation) : Bures , Beure, Buire, etc.

• burg (= place-forte, puis ville) : Strasbourg, Cabourg, Hombourg, etc.

• dorp (= village) : Torpes , Brouderdorff, Grosbliederstroff, etc.

• fara (= famille, puis domaine) : La Fère, Fèrebrianges.

• ham / haim/ hem, -ain, -(s)ent (= maison, puis hameau, village) : Molsheim, Hames, Hamel, Ouistreham, Huppain, Inxent, Hubersent, etc.

• ham (= méandre de rivière) : Hambye, Hambach

• hlar (= lande, friche. Cf. vieux français larris) : Flers, Mouflers, Meulers, etc.

• horwi / horwa (= marécage, bourbier) : Le Horps, Les Horbes, La Hourbe

• husiduna ou husdinga (= maison sur une hauteur) : Hodeng, Houdan, Hesdin. Cf. Heusden , Huisduinen

• marka (= limite, frontière) : Marcq-en-Barœul, Marques, Marcambye, etc.

• *mari / *meri (= mare, étang) : Cambremer, Mortemer , Longemer, Gérardmer, etc.

• ruda / riuti (= défrichement) : Rhodes, Rœux, Rouhe, Ruitz, -rott

• skauti (= hauteur, déclivité, pente) : Écos, Écots, Écot..Cf. Schoten, Schoos

• stall (= établissement) : Darnétal, Danestal, Durtal, Durstel.

• werki (= ouvrage défensif) : La Guerche, La Guierche, Garches

50% des mots les plus couramment parlés dérivent du latin comme animal, plante, lavabo, examen, prospectus, famille, agenda, humus ou mica.

Avant les grandes invasions, des mots germaniques apportés par les Francs, les Wisigoths, les Burgondes se sont mêlés au latin parlé.

Ce sont des centaines de mots qui ont été fournis au français par les envahisseurs germaniques. Ces emprunts couvrent tous les domaines : des noms de couleur (bleu, blanc, gris, brun, blond, fauve...), des noms de produits de la terre (aulne, hêtre, haie, blé, gazon, framboise, groseille...), des noms d’animaux (martre, renard, chouette, mésange, écrevisse, hareng...). Parmi ces mots d’origine germanique ancienne, on trouve en outre à la fois des termes belliqueux, comme guerre ou flèche ou des verbes comme blesser et haïr, et des mots pacifiques comme trêve, aubaine ou les verbes épargner et guérir.
Il s’agissait là essentiellement de l’apport des Francs, qui sont allés jusqu’à donner son nom à la France et à la langue française.

Le peuple des Francs fait partie du sous-groupe linguistique dit bas-allemand, "bas" signifiant « du nord, proche de la mer, des basses terres », puisque les historiens localisent les premiers Francs en ces lieux. Cependant, les linguistes désignent également sous le nom de « franciques », aussi bien certains dialectes bas-allemands que moyen-allemands et allemands supérieurs. Leur point commun est d’être parlés dans des régions ayant été autrefois colonisées par les Francs. On préfèrera donc pour décrire la langue initiale et historique le terme de « vieux bas francique ». Il ne faut pas confondre le terme francique avec celui de franconien qui désigne en français, uniquement le dialecte haut-allemand de Franconie, à savoir le francique oriental. Si la plupart des Francs du premier millénaire parlaient des dialectes bas-allemands, Charlemagne (ayant de par sa mère des origines rhénanes) et les siens parlaient des dialectes haut-allemands.
Antérieurement à Charlemagne, les Francs s’exprimaient donc dans une langue (peut-être différents dialectes) que les spécialistes rattachent au groupe linguistique dit bas allemand, auquel appartiennent également le néerlandais et le flamand, entre autres. On a cru longtemps que ce francique-là n’avait pas de forme écrite. Cependant, la découverte de l’inscription runique de Bergakker qui daterait des années 425-450 pourrait démentir ce postulat. Il en subsiste également quelques mots et phrases, par exemple dans la Lex Salica, la Loi salique. Grégoire de Tours lui-même n’en cite que deux termes tout au plus.
Les pays d’élection des Francs au temps de Clovis étaient le nord de la Belgique, région connue de nos jours comme la Flandre et le sud des Pays-Bas actuels. On sait par exemple que le général Julianus (plus tard l’empereur Julien l’Apostat) les a admis dans les régions de la Betuwe et la vallée de l’Escaut en 358.
Ces Francs ne constituaient pas un peuple bien précis : par conséquent il devait y avoir plusieurs variantes linguistiques, soit des dialectes. Il y avait un groupe occidental, les Saliens qui se sont fondus dans des territoires de parler roman (devenue par la suite la langue d’oïl) . Il y avait aussi un groupe oriental, les Ripuaires. La Flandre moderne connaît encore quatre dialectes bien distincts. Sous Charlemagne, les Francs de la région rhénane s’étaient davantage répandus parmi les autres peuples germaniques. Ils gardèrent une langue germanique dans des territoires où les variantes linguistiques étaient déjà du bas-allemand, du moyen-allemand et de l’Allemand supérieur.
Dans les Serments de Strasbourg, datant de 842, peu après la mort de Charlemagne, le texte en theodisca lingua est rédigé dans un francique rhénan de l’époque, rattaché au moyen-allemand (Mitteldeutsch). Ainsi le francique rhénan était la langue maternelle de Charlemagne, parce que cet empereur Franc avait vécu sur les terres rhénanes, et non parce que la langue initiale des Francs auraient été le francique rhénan.
Par conséquent, déjà à l’époque carolingienne, le terme francique est une notion historique qui ne correspond pas à un groupe linguistique germanique unique, ni même à une zone géographique distincte.

Voici quelques mots d’origine francique, la langue des Francs, ayant contribué à la formation de la langue française. Le vieux bas francique, dont ils sont issus la plupart du temps, se perpétue pour l’essentiel dans le néerlandais.
Les étymons hypothétiques, reconstitués à partir de mots tirés de différentes langues-sœurs, sont précédés d’un astérisque (*).

• Mé (préfixe) *misi- (cf. allemand miß-, anglais mis-) : mépriser, médire, etc.

• ban et ses dérivés (bannir, banal) < ban, territoire soumis à une autorité, interdiction, déclaration publique

• bande < *binda « lien » ; cf. allemand binden « lier, engager »

• bâtir, bastille < *bastjan « nouer avec des morceaux d’écorce » de *basta « écorce de bouleau en lamelle », « ficelle de chanvre », « matériel de construction » ; cf. allemand Bast, néerlandais bast (écorce)

• beffroi < *bergfrid, littéralement « veille, protection (berg) & paix (frid) » ; cf. allemand Friede « paix »

• bleu < *bláwu (cf. forme féminine en ancien français blève) < *blao ; cf. l’allemand blau

• cresson < *kresso « plante comestible » ; cf. allemand Kresse

• danser < *dansôn « tirer », « traîner »

• dard < *daroth « arme de jet » ; cf. vieil anglais darod. L’anglais dart vient du français.

• détacher, attacher < *stakka « pieu », bâton pointu) ; cf. moyen néerlandais stake « perche », néerlandais staak, anglais stake

• épieu < *speot cf. néerlandais spie, allemand Spieß

• épier < *spehôn « observer avec attention » ; allemand spähen (L’anglais to spy vient du français)

• escrime < italien scrima « art de manier l’épée » (d’où es- initial), emprunté lui-même à l’ancien français escremie « combat » (< escremir « combattre ») < *skĭrmjan « défendre », « protéger en combattant ») ; cf. néerlandais schermen, allemand schirmen

• étal, étalage < *stal « position » ; néerlandais stal, allemand Stall

• éperon < *sporo ; cf. l’allemand Sporn « éperon »

• échanson < *skankjo ; cf. loi salique scancio, allemand schenken « offrir »

• gars / garçon < *wrakkjo ; cf. anglais wretch « scélérat » ou « pauvre diable »

• fief < *fehu ; cf. néerlandais vee, allemand Vieh, anglais fee

• frais < *frisk ; néerlandais fris, allemand frisch

• framboise < *brambesa ; cf. néerlandais bes, anglais berry « baie », bramble (berry) « mûre », allemand Brombeere « mûre »

• fauteuil < *faldistôl ; cf. l’allemand falten « plier » et Stuhl « chaise »

• galop(er) < *walalaupan bien (wala), courir (laupan) ; cf. néerlandais wel lopen « bien courir », allemand wohl et laufen, même chose.

• gant < *want « moufle, mitaine » ; cf. néerlandais want. Les Francs avaient l’habitude de remettre une paire de gants en symbole de la remise d’une terre. Gant était dès le début un terme juridique de l’investiture.

• garant < *garir < *warjan « désigner quelque chose comme vrai », cf. néerlandais ware « vrai », allemand wahr, idem

• gris < *grîs ; NL = grauw, grijs, D = grau

• guerre < *werra ; néerlandais war n’est qu’utilisé dans l’expression in de war « être confus » ; vieux haut allemand werra, allemand wirren « troublé, confusément », (sich) wehren « (se) défendre » (l’anglais war vient du normand werre, variante de « guerre »)

• guetter (anc. guaiter) < *waktan ; cf. néerlandais wachten « attendre »

• jardin < *hortus gardinus « jardin clôturé » < *gart ou *gardo « clôture » ; cf. néerlandais gaard, allemand Garten, anglais yard. L’anglais garden est issu du normand gardin.

• harangue < *harihring, littéralement « troupe, armée (hari) & assemblée (hring) » ; cf. allemand Heer « armée »

• hardi(r) < *hardjan « rendre dur » ; cf. néerlandais, anglais hard, allemand hart

• haubert < *halsberg, littéralement « cou (hals) & protection (berg) » ; cf. allemand Hals « cou » et bergen « protéger, porter secours »

• hêtre < *haistr ; cf. néerlandais heester « arbrisseau »

• haïr / haine < *hatjan ; cf. anglais to hate, allemand hassen

• heaume < *helm « casque » ; cf. l’anglais helm (l’anglais helmet est issu du vieux français helmet « heaumet ») et l’allemand Helm

• honnir / honte < *haunjan / *haunita ; cf. néerlandais honen « déshonorer », allemand höhnen « railler », moyen néerlandais hoonde « déshonneur »

• houx < *hulis ; cf. néerlandais hulst « houx »

• loge < *laubja « hutte de feuillage » ; cf. allemand Laub

• maçon < *makjo ; cf. néerlandais maken, allemand machen, anglais to make « faire », mais aussi anciennement « bâtir, ériger »

• marais < *marisk ; cf. l’anglais marsh et l’allemand Marsch

• maréchal < *marhskalk « gardien (skalk) des juments (maren) » ; cf. néerlandais maarschalk (rang militaire), merrie (jument)

• marque (de marquer) & marche (frontière)< *marka cf. l’anglais mark et l’allemand Mark

• randonner, -ée < dérivé de l’ancien français randon (cf. anglais at random, d’origine française), de l’ancien français randir « courir avec rapidité » < *rant ; cf. allemand rennen « courir », rannte « courait », anglais ran « courait »

• rang < *hring « anneau, cercle, assemblée militaire » ; cf. l’allemand Ring

• renard < Reginhart « de bon conseil » ; a remplacé « goupil » dans le vocabulaire courant suite au succès du Roman de Renart.

• trêve < *treuwa « contrat, convention » ; cf. l’allemand Treue « fidélité »

• trotter < *trottôn « courir » ; cf. allemand et néerlandais trotten, etc…

Les Francs vont réintroduire dans le bas latin de la Gaule du nord, deux phonèmes qui n’existaient plus dans cette langue, à savoir : le /h/ et le /w/. Il s’agit d’une conséquence directe du bilinguisme germanique / latin. Ainsi, non seulement les termes empruntés directement au francique conserve le [h] initial (devenu h « aspiré » en français moderne, cf. haine, honte, etc.) ou le [w] (conservé tel quel dans les dialectes d’oïl septentrionaux et passé à g(u)- dans le reste du domaine d’oïl, cf. guerre, guetter, etc.), mais de plus, des termes issus pour l’essentiel du latin vulgaire vont être dotés de ces nouveaux phonèmes. On trouve donc de nombreux mots qui illustrent ce cas de figure :
• haut < AF halt < L altus, influence du francique *hauh ou *hōh ; (≠ italien, espagnol alto / occitan naut)

• herse < latin hirpex, hirpicis « herse (instrument aratoire) », le h aspiré initial est lié à l’influence du mot houe < francique *hauwa « houe, pioche, binette » ; cf. moyen néerlandais houwe de même sens (≠ occitan èrpia « herse » issu directement du latin)

• gâter < AF guaster « dévaster, piller » < L [de]vastare, influence du francique *wôstjan « dévaster, ravager, ruiner ». L’ancien normand a wast « terre dévastée » > inculte, toponymes en -vast et wastine > vatine « mauvaise terre », AF gast, AF gastine « terrain inculte, inhabité ; pillage, ruine » > français gâtine. Dévaster est un emprunt savant au latin classique :

• gaine < AF guaïne < L vagina, influence du francique *wagi « vase, écuelle » (cf. emprunt savant vagin directement au latin vagina)

• gué < L vadum, influence du francique *wad, ou directement du francique *wad « endroit guéable » (ancien normand, picard, wallon wei, wez, normand vey)

• guêpe < L vespa, influence du francique *waspa (cf. picard wespe, ancien normand wespe > mod. vêpe ; ≠ occitan vèspa ; italien vespa ; espagnol avispa issus directement du latin)

• guivre, vouivre < AF wivre, guivre « vipère, serpent » < L vipera, influence du francique sur l’initiale cf. vieux haut allemand wipera. Vipère remonte directement au latin, variante peut-être régionale ou emprunt savant.

• gui < L viscus, influence de *wihsila « griotte » à cause de l’aspect de ses fruits avant maturité (≠ Occitan vesc ; italien vischio, issus directement du latin)

Certains termes n’ont pour origine francique que le radical ou l’affixe, les autres éléments étant issus du latin :

• assener < ad-(latin) + *sinnu « sens » (cf. aussi « forcené », jadis forsené mot-à-mot « au-delà du (bon) sens ») ; ancien français sen distinct du mot sens (< SENSU), les champs sémantiques en étaient différents. cf. allemand Sinn « sens »

• effrayer < ex- (latin) + *frid « paix » + -are (latin), mot-à-mot « sortir de la paix »

• émoi (verbe anc. français émoyer) < ex- + *mag + -are « pouvoir

• préfixe *fir- (cf. allemand ver-), confondu avec le latin fors, d’où (se) fourvoyer, forban (du vieux français forbannir), forcené (anciennement forsené), etc.

Il existe d’autres cas pour lesquels le ou les étymons originels sont plus complexes à restituer dans la mesure où l’ancien bas francique est une langue hypothétique, les mots peuvent avoir été altérés sous diverses influences et les attestations anciennes sont lacunaires :

• bousculer < peut-être AF bouteculer, composé de bouter < francique *bōtan « pousser, frapper » que l’on peut déduire du moyen bas allemand bōten et du vieil anglais beatan, associé à culer « pousser avec le cul » < cul + -er, cul < latin culus. L’altération de bouteculer en bousculer a dû se faire par analogie avec pous- de « pousser » ou autrement.

• puits < AF puy, puis < L pŭtĕus. Régulièrement on attendrait *poiz, forme attestée uniquement dans la toponymie, d’où influence probable du francique *putti (cf. vieux haut allemand putti ; ≠ occitan potz, italien pozzo, espagnol pozo). Cette hypothèse est renforcée par des toponymes du type Estaimpuis (Haute-Normandie, Estanpuiz 1137) et Estaimpuis (Belgique, wallonie, Hainaut, Stemput XIIe siècle) correspondants exacts du néerlandais Steenput « puits de pierre » ou « puits maçonné. » L’élément E[s]taim- s’expliquant vraisemblablement par le vieux bas francique *stein « pierre » (cf. allemand Stein, néerlandais steen, même sens)

• fraise < ancien français fraie et freise < L fraga (latin classique fragum, italien fragola), adjonction en ancien français de la syllabe finale -se [zə] de frambose, *frambaise > framboise, terme issu du francique *brambasi « mûre » (cf. vieux haut allemand brāmberi > Brombeere « mûre » ; anglais bramble berry ; *basi « baie » cf. gotique -basi, néerlandais bes « baie »). Le passage de [b] initial à [f] s’explique probablement par l’attraction du [f] de fraise (Le portugais framboesa et l’espagnol framboesa « framboise » sont des emprunts au français11 ; ≠ occitan fragosta).

• guerdon « récompense » < AF gueredun < francique *widarlōn, dont la finale -lōn a été remplacée par -don, du latin donum « don »

• loup-garou, de loup (< latin lupus), ajouté plus tardivement à garou (composé explicatif) < francique *werwolf « loup-garou » cf. allemand Werwolf, moyen néerlandais weerwolf, werwolf cf. aussi normand varou « loup-garou ».

Plus tard, au Xe siècle, d’autres Germains s’installèrent en Normandie, le "pays des hommes du Nord". On les appelle les Vikings. Leur langue laissera peu de traces dans la langue française (joli, duvet ou turbot, par exemple) mais de nombreux noms de lieux, comme :

• Honfleur, Harfleur, Barfleur, où –fleur signifie "baie, crique"

• Appetot, Robertot, Yvetot, où –tot signifie "village"

• Houlbec, Caudebec, où –bec signifie "ruisseau".

Savez-vous qu’un très grand nombre de mots du vocabulaire normand sont d’origine scandinave ?

En effet, les Vikings, en peuplant la Neustrie (nom porté par la Normandie avant les Vikings) et en fondant le duché de Normandie en 911, ont apporté avec eux, en plus de leurs navires, leur langue et son vocabulaire. Une partie de ce vocabulaire est ensuite restée dans notre langue normande et est parvenue jusqu’à nous en traversant les siècles.
Ainsi une kanne à lait, mot que tout le monde connaît à la campagne vient de « kanna », qui en vieux scandinave signifie « récipient ». De même le mot bru (la belle fille) vient de « brydh » qui veut dire « la fiancée ».

Cette imprégnation du parler normand par le vocabulaire et la grammaire scandinave (viking) s’est faite dans de nombreux domaines. Par exemple :

La description du paysage : ainsi, le mot « bec » (le Bec- Hellouin) tire son origine du mot « bekkur » qui en Viking signifie « ruisseau », ou bien le mot « mare » qui vient du scandinave ancien « marr » signifiant « étendue d’eau ». Et Dieu sait si les mares sont nombreuses en Normandie.

Les noms de plusieurs centaines de nos villes et de nos villages sont issus du scandinave ancien. Par exemple, Routot (le domaine de Rolf) ; Elbeuf (la chaumière des puits) ; Ecaquelon (le bois des voleurs) ; Catelon (le bois du bétail ou du chaudron). De même, un certain nombre de noms de famille ont réussi à traverser les siècles et à parvenir jusqu’à nous. Souvenez-vous du plus grand coureur cycliste français et normand, Jacques Anquetil. Son nom est un patronyme d’origine scandinave « Askettil » qui signifie le « chaudron des dieux », nom qui était très à la mode à l’époque des Vikings.

La vie paysanne. Ainsi, mettre une vache au tierre, tierrer, détierrer provient du mot « tjödr » en vieux scandinave qui signifie « corde à chevaux ».
La mer et la pêche. Savez-vous que crabe, homard viennent du Viking « krabi », « hummar »… ?

La marine et la construction navale. Rien d’étonnant à ce que les Vikings, grands navigateurs qui sont allés en Islande, au Groënland et jusqu’en Amérique, aient fortement influencé notre vocabulaire. Par exemple, les mots bateau, étrave, quille, mât, hauban… sont issus du scandinave ancien.

Le droit et la justice. Ainsi, le mot meurtre non seulement est d’origine Viking, mais correspond à un degré dans la hiérarchie des crimes du droit scandinave.
La botanique aussi mais à un degré moindre. Par exemple, les dogues, mauvaises herbes bien connues des Normands. Et bien le mot vient de « doga » qui signifie « mauvaises herbes » en norrois (langue scandinave ancienne).

Tout ce vocabulaire d’origine scandinave qui a envahi pratiquement tous les domaines de l’activité humaine du Moyen Âge montre bien que les Vikings, qui étaient de grands guerriers et des conquérants étaient aussi et peut-être avant tout des marins, des pêcheurs, des paysans et des commerçants apportant avec eux technologies et vocabulaire correspondant.

Au cours de leur progression et de leur installation en Normandie, les Vikings vont avoir besoin de s’orienter, se repérer et donc de donner des noms au paysage et aux repères qu’ils utilisent pour se diriger. La pénétration des Vikings en Normandie va donc s’accompagner d’une pénétration de termes norrois (langue des Vikings) décrivant le paysage dans le parler local. Tout d’abord, il leur est nécessaire de s’orienter par rapport à des repères fixes et aux étoiles. Et donc « Nordi, Sudri, Estri, Vestri », mots vikings désignant les 4 grandes directions vont devenir normands sous la forme Nord, Sud, Est, Ouest. Les Vikings arrivant par la mer, il leur est indispensable pour leur orientation et leur sécurité de donner des noms aux îles, courants, rochers… qu’ils vont rencontrer. C’est donc en premier lieu le paysage maritime qui est décrit. Ainsi le terme normand havre ou hable qui désigne un port, un refuge vient de « Häfn » ou « Höfn » qui en norrois signifie « port ». Par exemple, le Havre de Grâce, le Havre de Goury, le Hable de Dieppe.

Un raz en normand est un courant rapide. Il dérive de « Ras » en norrois qui veut dire « courant, chenal ». Exemple le Raz Blanchard.

Sound, un détroit , vient de « Sund » (même sens). Exemple le Sound de Chausey.

Le nez : un cap, un promontoire vient de « Nes » : « un cap ». Exemple le nez de Jobourg.

Les grunnes qui sont des hauts fonds par chez nous, a pour origine « Grunnr » en norrois : « fonds marins, hauts fonds ».

Les mielles : dunes de sable. Le mot est issu de « Melr » : « dune ».

Crique vient de « Kriki » (même sens).

Cliff : falaise en vieux normand, vient de « Kliff » (même sens).

Quet, un rocher en mer vient de « Sker ».

Ecore, une berge escarpée vient de « Skorr » : « crevasse ».

Homme, Hommet, Houlme, Hou désignent en normand un îlot. Ces mots dérivent de « Holmr » : « un îlot » en norrois.

Houl, un creux dans les rochers vient de « Hol » : « creux ».

Estran en normand : partie de la grève ou de la plage comprise entre marée haute et marée basse vient de « Strand » : « grève, plage ».

Dranguet, rocher pointu isolé en mer vient de « Drangr ».

Ber, un rocher vient de « Berg » : « rocher ». Etc…

Passons maintenant à la description du reste du paysage.

Une hague qui est une prairie ouverte en normand a pour origine norroise « Hagi » : « enclos, pâturage » ou « Haka » : « promontoire ».

Nos nombreuses mares dérivent du norrois « Marr » qui d’abord désigne « la mer » puis ensuite « une étendue d’eau ».

Dalle, une vallée en vieux normand vient de « Dallr », « une vallée » en norrois.
Dick : levée de terre, talus, fossé vient de « Deki » (même sens). Ce mot est peut-être à l’origine du mot français digue.
Banque est aussi une levée de terre , dont l’origine est « Bank » (même sens).

Une londe est un bois, une forêt. Le mot vient de « Lundur » : « petit bois ».

Un bec en normand est un ruisseau. Ce mot dérive de « Bekkr » : « un ruisseau » en norrois.

Flet ou fliet, un ruisselet vient de « Fljot » : « ruisselet ».

Hogue, une hauteur, un tertre vient de « Haugr » qui a le même sens.

Une houlette : un trou de lapin vient de « Hol » : « creux ».

Un thuit est un essart, une portion de forêt récemment défrichée. Le mot vient de « Thveit » (même sens).

La gare : la berge d’une rivière vient du norrois « Värr ».

Eiki le chêne, boki le bouleau, Eski le frêne, lind le tilleul… Etc…

L’origine des mots indique des influences multiples qu’il est loin d’être facile de détecter : pintade de l’anglais, épinards de l’arabe, saucisson du persan, abricot de l’italien, cake du portugais !!!

Bien des gens expliquent que la langue française est indo-européenne mais très peu de mots ont une origine aussi ancienne…D’autre part, cette origine prétendument aryenne et unique est un mythe ! Aussi loin que l’on remonte, il n’y a pas d’origine unique des peuples, de leur civilisation ni de leur langue…

L’archéologue français Jean-Paul Demoule parle plutôt de mythe, pour qualifier la position des tenants de l’existence des Proto-Indo-Européens. La position de Demoule serait la suivante : l’obligation de reconnaître une parenté linguistique, l’existence d’une famille de langues indo-européennes, ne suppose pas nécessairement une origine unique et commune, et la recherche de la région d’origine est gravement obérée par la difficulté à distinguer vocabulaire commun et emprunts. Au modèle de l’arbre généalogique il faudrait donc substituer celui du réseau : « C’est l’ensemble du modèle linguistique arborescent qui devrait, au vu des recherches ethnolinguistiques et ethnohistoriques les plus récentes et après plus d’un siècle d’utilisations incertaines, faire l’objet d’un réexamen sérieux et pluridisciplinaire »17. Demoule explique donc les ressemblances linguistiques et culturelles à partir des contacts et emprunts qui ont pu avoir lieu durant des millénaires. Du point de vue linguistique, il s’appuie sur les travaux de Troubetskoï et les études des pidgins et des créoles.

On retrouve cependant quelques mots d’origine indo-européens : père, mère, fille, frère, sœur, soleil, cheval, vache ou loup.

La langue a gardé des traces des nombreux peuples qui ont occupé le territoire :

Les Aquitains et les Ibères dans le sud-ouest, les Ligures dans le Sud-Est (d’où le mot gave, chamois, chalet, luge), les Lingons à l’Est, les Gaulois au Nord (d’où chêne, bouleau, tonneau, sillon, char, charrue, bièvres – pour le castor, aballo ou avallon pour la pomme.

Si, à partir de cette époque, la langue française a réussi à se répandre et à s’imposer hors de l’Île-de-France, c’est en grande partie parce qu’elle a pu bénéficier de l’apport de toutes les langues qui s’étaient développées dans le pays : langues issues du latin (oc, oïl, francoprovençal, catalan, corse), langues germaniques (flamand, francique lorrain, alsacien), langue celtique (le breton) et langue basque, celle qui a précédé toutes les autres sur le territoire. Les quelques exemples qui suivent témoignent de la diversité de ces apports.

• alsacien : choucroute, quetsche, quiche...

• basque : bizarre...

• béarnais : béret...

• champenois : avoine, oie...

• corse : maquis...

• francoprovençal : échantillon, guignol, moutard...

• franc-comtois : gamin, pitre...

• gascon : cadet, cèpe...

• languedocien : cassoulet, palombe...

• normand : brancard, brioche, câble, vareuse...

• parlers de l’Ouest : aubépine, cagibi, lessive, palourde...

• parlers du Centre : luron, rillette...

• provençal : abeille, amour, charade, cigale, escargot, gambader, langouste, pinède, salade, sole, terrasse, velours...

Mots d’origine arabe : abricot, acheter, adobe, alambic, alcali, alcazar, alcool, alchimie, algèbre, algorithme, alezan, amalgame, ambre, argan, arsenal, artichaud, etc, etc…

Les mots français d’origine arabe

Les mots d’origine celte

Les mots d’origine anglaise

Les mots d’origine espagnole

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