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La preuve de l’inconscient freudien par l’hypnose

mercredi 3 septembre 2014, par Robert Paris

Avertissement : il ne s’agit nullement dans ce texte de dresser une identité entre hypnose et psychanalyse, ni pour leurs procédés thérapeutiques, ni pour leur analyse de l’inconscient, ni pour leur manière de rendre conscientes les pensées inconscientes. Cependant, nous tenterons de montrer que les deux domaines s’appuient mutuellement et ont en commun l’existence objective d’un inconscient du même type et du même type de relations entre conscience et inconscient.

« Vous savez beaucoup plus de choses que vous savez que vous ne savez. »

Milton H.Erickson

La preuve de l’inconscient freudien par l’hypnose

L’hypnose fait clairement appel à la notion d’inconscient et à l’effort pour faire venir au niveau conscient des sentiments et des faits restés inconscients. Quelle que soit la technique d’hypnose adoptée, il s’agit de mettre un patient dans un état où sa parole, ses réponses à l’hypnotiseur, permettront de mettre à jour ces sentiments ou ces faits jusque là ignorés. La question posée est donc : est-ce qu’il s’agit du même concept d’ « inconscient » que dans la thèse freudienne de la psychanalyse ?

Sygmund Freud n’a pas étudié l’hypnose, même s’il lui arrivé, étant jeune, de travailler avec des spécialistes de l’époque de ce domaine. Il a certainement vu la connexion entre les phénomènes se produisant sous hypnose et la psychanalyse mais il n’a pas trop développé cette question. Il tenait à développer un domaine scientifique d’étude des maladies névrotiques, totalement indépendante d’autres domaines de la médecine.

Un premier point commun frappe : les deux ont pour but de faire revenir à la surface des pensées et sentiments enfouis ou inhibés. Un autre point commun d’importance : les deux sont fondés sur la parole du malade. Un troisième point commun : les deux supposent une histoire perturbée qui continue à agir sur la personne, de manière cachée et la nécessité de la mettre à jour, de la rendre consciente pour se soigner. Dans les deux cas, il s’agit d’une science, d’une thérapie, d’une conception médicale, et non d’une mystique, ni d’une magie, ni d’une recherche de force du mal ou de forces du bien… Les deux domaines sont reconnus aujourd’hui par la médecine et n’ont plus l’odeur de soufre d’autrefois. De nombreux médecins sont psychanalystes (souvent à la fois psychiatres et psychanalystes). Les hôpitaux utilisent l’hypnose pour opérer des malades que l’on ne peut pas anesthésier.

Tout comme lors de l’analyse psychanalitique, la personne conserve sa conscience mais sa parole dépasse sa pensée consciente, inhibée, dirigée…

Freud a très peu pratiqué l’hypnose puis l’a définitivement abandonnée, estimant que la technique employée n’était pas encore assez au point. Cependant, il areconnu un lien avec ses études psychanalytiques suivantes.

Freud le rappelle lui-même ses liens avec l’hypnose dans son « Introduction à la psychanalyse » :

« Dans notre technique, nous avons seulement abandonné l’hypnose pour redécouvrir la suggestion sous la forme du transfert. »

Ce n’est pas un hasard si la notion clef de Milton H. Erickson, l’un des plus grands spécialistes de l’hypnose, est celle de l’inconscient. Il définit l’hypnose comme un dialogue du patient avec lui-même dans lequel le patient peut accéder à des niveaux inconscients de sa propre personnalité, niveaux auxquels il doit accéder pour soigner sa pathologie.

La méthode d’Erickson est fondée, comme celle de Freud, sur le langage, sur les mots, sur les analogies, sur les images verbales… Dans les deux cas, la technique est celle de la narration du patient. Dans les deux cas, c’est le patient qui parle et pas, pour l’essentiel, le thérapeute, le psychologue. Dans les deux cas, l’hypnose d’Erikson et la psychanalyse de Freud, la sexualité est considérée comme le centre des préoccupations individuelles. Dans les deux cas, la suggestion est le mécanisme psychologique auquel il est fait appel.
Le thérapeute n’est pas censé soigner en définissant la maladie de manière médicale mais en permettant au malade d’explorer celle-ci librement avec ses propres termes et selon son propre rythme ou son propre mode. Dans les deux cas, le patient réalise un voyage dans son propre passé, passé qu’il réactualise par son appréciation actuelle.
Dans les deux cas, il ne s’agit nullement d’un interrogatoire mais d’une libre parole où le patient raconte ce qui lui plait et où le thérapeute respecte les silences que le patient tient à préserver sur certaines questions. Dans les deux cas aussi, le patient doit être bien installé, allongé dans un fauteuil, sans risque de perturbation extérieure. Dans les deux cas, l’association d’idées, les réponses automatiques, les fautes d’inattention, la parole libre, la mémoire sont sollicitées pour permettre à l’inconscient de s’exprimer. Dans les deux cas, il y a une mémoire inconsciente ou du moins dont on ignore qu’elle peut accéder à la conscience. Dans les deux cas, il ne s’agit nullement de « dons » du thérapeute, de « pouvoirs », de « magie », d’appel à des esprits, à des démons ni à des dieux. Il s’agit dans les deux cas d’une méthode qui s’enseigne, qui n’a rien à cacher, qui n’a pas besoin de camouflages, qui s’expose et s’explique même si, dans les deux cas, on ne connaît pas exactement les mécanismes neuronaux qui fonctionnent. Dans les deux cas, la relation entre le patient et le thérapeute est personnelle. On peut échouer une psychanalyse avec un psychanalyste et la réussir avec un autre comme on peut réussir une hypnose avec un hypnotiseur et la réussir avec un autre. Dans les deux cas, il s’agit d’un processus dans lequel le principe actif vient du patient mais où le thérapeute extérieur est indispensable, ne peut pas être le patient ni un proche. Dans les deux cas, il faut beaucoup d’attention, de patience et une grande écoute du thérapeute….

Contrairement à d’autres méthodes médicales, le but n’est pas que le spécialiste spécifie un nom de maladie et un remède mais que le malade trouve sa voie et que cela lui serve de remède.

Dans la psychanalyse comme dans l’hypnose, on dispose d’une thérapie fondée sur des mécanismes spontanés du cerveau. C’est en effet spontanément que les hommes repassent leur passé dans leurs rèves qu’au matin, ils analysent leurs rèves, et parfois en parlent avec des proches. C’est également spontanément que le cerveau passe par des états d’hypnose en plein éveil. Ce sont tous les stades où l’homme est dans une activité automatique, comme lorsqu’il conduit un véhicule, marche, court, écoute ou joue de la musique, etc… Il se rend souvent compte brutalement qu’il ne pensait plus à rien, qu’il était dans un état second, qu’il ne contrôlait plus consciemment. D’où un sentiment brutal du conducteur de réaliser d’un seul coup qu’il ne sait plus s’il est sur la bonne route ou du joeur de musique celui de se demander s’il va se rappeler de la suite de la partition, ou encore du coureur de se demander où il en est de son circuit. En état d’hypnose, l’homme a des réactions parfaitement correctes. Un automobiliste conduira correctement, s’il sait bien conduire mais sa conscience est dans un état de quasi repos. Son inconscient, par contre, est en pleine activité. Bien des gens ignorent pourquoi conduire un véhicule, courir, écouter ou jouer de la musique leur fait temps de bien : c’est parce que leur conscience, trop possessive en temps normal, laisse enfin leur inconscient travailler.

La comparaison des deux thérapies n’est donc pas gratuite…

Dans les deux cas, psychanalyse et hypnose, l’étude neurologique du cerveau a montré l’activation accentuée d’une zone appelée ACC ou Cortex Cingulaire Antérieur. Or, dans les deux cas, on fait appel à des processus inconscients qui semblent activer les mêmes zones du cerveau ou du moins des zones communes.

De plus, hypnose et psychanalyse soignent le même type de maladies neurologiques et psychologiques (dépression, phobie, douleur psychique, névrose, deuil,…). La thérapie cherche à faire venir à la surface le passé et les sentiments inconscients qu’il recèle ou provoque. L’efficacité de l’hypnose est prouvée par l’utilisation en hôpital pour les hypnoses remplaçant l’anesthésie générale avant opération chirurgicale.

Les deux thérapies ont encore en commun de ne pas chercher à soigner les causes mais à s’accommoder avec elles, à les accepter, à les comprendre, à les supporter ou à les analyser.

L’enseignement de la thérapie ne nécessite, dans les deux cas, aucun pouvoir particulier de l’apprenti thérapeute mais un travail, un enseignement, une formation professionnelle. Il ne s’agit ni d’un rituel, ni d’un pouvoir, ni d’un don, ni d’une capacité personnelle. La méthode n’est pas présentée par les vrais thérapeutes comme une panacée ni comme une méthode qui donne nécessairement ni la vérité ni le soin recherché. Cela n’a aucun caractère magique ni religieux ni mystique. Bien sûr, dans ce domaine comme dans d’autres, il y a des arnaques possibles. Mais la médecine n’a pas moins ses profiteurs, ses charlatans et ses imitateurs…

Comme pour la psychanalyse, l’hypnose est confirmée par des études neurologiques.

Qu’est ce que l’état de « transe hypnotique » du point de vue neuronal ?

Au niveau cérébral, les travaux des neurosciences ont permis de mesurer différents « états ».

Ondes delta : de 0,5 à 4 Hz, celles du sommeil profond, sans rêves.
Ondes thêta : de 4 à 7 Hz, celles de la relaxation profonde, en plein éveil, atteinte notamment par les méditants expérimentés.
Ondes alpha : de 8 à 13 Hz, celles de la relaxation légère et de l’éveil calme.

Ondes bêta : 14 Hz et plus, celles des activités courantes. Étrangement, les ondes cérébrales passent au bêta pendant les courtes périodes de sommeil avec rêve (sommeil paradoxal), comme si les activités du rêve étaient des activités « courantes ».
Les ondes Alpha de 8 à 13 Hz sont les ondes de la transe hypnotique. Lorsque vous fermez les yeux et que vous vous installez confortablement allongé, cet état de calme ou de relaxation légère favorise la diminution de la fréquence des ondes du cerveau. Vous avez une meilleure perception de tous vos sens et vous devenez beaucoup plus à l’écoute de votre intuition.

Développons maintenant le rapport entre le transfert psychanalytique et l’hypnose

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