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Luttes de classe au Canada - Class Struggle in Canada

vendredi 14 novembre 2014, par Robert Paris

Luttes de classe au Canada - Class Struggle in Canada

Les dernières grèves au Canada

Strikes in Canada

Les dernières luttes de classe au Canada

Québec : les syndicats prêts à imposer les coupes dans les retraites

Dans une entrevue au quotidien montréalais La Presse, le président de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), Daniel Boyer, a fait savoir que les syndicats étaient prêts à collaborer avec le gouvernement libéral du Québec pour imposer des coupures massives dans les régimes de retraites des employés municipaux.

« Nous, on est prêt à mettre de l’eau dans notre vin », a affirmé Boyer, en ajoutant que « la pire des choses est de ne rien faire », et qu’il était « conscient de la problématique des régimes de retraite ».

Il s’agit d’une sérieuse mise en garde pour les employés municipaux et l’ensemble de la classe ouvrière. Si les travailleurs ne prennent pas en main la lutte contre le projet de loi 3 des libéraux, les chefs syndicaux vont la torpiller.

La déclaration de Boyer fait écho à celle de Marc Ranger, le porte-parole de la coalition syndicale en charge des négociations actuelles. « Il n’y a pas de sujets tabous, du moment que tout se fait par la négociation », a déjà affirmé ce dernier. « Nous sommes prêts à mettre plus d’argent » dans les cotisations, a-t-il précisé, et à « revoir certains bénéfices et les critères de l’âge de la retraite ».

Ces propos démontrent une fois de plus que les syndicats acceptent de faire payer les travailleurs pour la crise du système capitaliste. La FTQ et le Syndicat canadien de la fonction publique – qui représentent la grande majorité des employés municipaux – ont récemment proposé de revoir « tous les régimes dont le degré de capitalisation est inférieur à 85 pour cent ».

La campagne contre les employés municipaux aura des impacts non seulement au Québec, mais aussi dans le reste du Canada. Une défaite des travailleurs municipaux ne pourra que faciliter la tâche au gouvernement fédéral de Stephen Harper qui a mis la « réforme » des retraites au centre de son programme d’austérité.

Il devient de plus en plus évident que l’assaut sur les retraites des employés municipaux du Québec sera utilisé par la classe dirigeante canadienne comme fer-de-lance d’une offensive sur l’ensemble des acquis sociaux de la classe ouvrière. Face à ce danger, les syndicats font tout pour isoler la lutte des employés municipaux et empêcher qu’elle ne s’étende aux travailleurs des autres secteurs et ailleurs au pays.

Depuis les derniers mois, il ne passe pratiquement pas une semaine sans que le gouvernement libéral du Québec n’annonce de nouvelles coupures dans les services publics et les emplois. Le mois dernier, le premier ministre Philippe Couillard a comparé la situation actuelle aux crises de 1982 et de 1997, qui avaient mené à une réduction massive des salaires et des emplois dans les réseaux de l’éducation et de la santé par les gouvernements péquistes de René Lévesque et Lucien Bouchard.

Utilisant le même vieux prétexte de l’« équilibre budgétaire », le gouvernement libéral a mis la hache en éducation, dans les soins de santé, les garderies, les universités puis dans les régimes de retraites des employés municipaux.

Ces mesures font partie du plan de réduction de 4 milliards de dollars dans les dépenses sociales qui a été annoncé dans le budget d’austérité adopté au printemps. Le gouvernement libéral a mis sur pied une Commission sur la révision permanente des programmes dont l’objectif est de réviser « tous » les programmes sociaux pour trouver des économies de 3,2 milliards.

Il ne fait aucun doute que le gouvernement prévoit aussi des coupes massives dans les salaires et conditions de travail du demi-million d’employés des secteurs public et parapublic dont les conventions collectives arrivent bientôt à échéance.

Dans la mesure où les bureaucrates syndicaux se permettent de critiquer le projet de loi 3, c’est parce qu’ils reconnaissent l’immense colère des travailleurs. Mais leurs critiques viennent du fait que ce projet de loi mine leur place à la table des négociations, menaçant ainsi leur position sociale privilégiée en tant que police industrielle et politique de la classe dirigeante. Comme le note la FTQ, « le projet de loi 3 empêche la tenue d’une véritable discussion entre l’employeur et les représentants des travailleurs ».

Ce que les syndicats cherchent par-dessus tout c’est de se présenter à l’élite comme de bons partenaires pour imposer les mesures d’austérité. Boyer s’est d’ailleurs vanté des contrats de concession adoptés dans le secteur municipal ce printemps comme preuve de l’utilité des syndicats. La réalité est que les syndicats ont présenté aux travailleurs l’important recul dans les régimes de retraites comme le prix à payer pour une hausse salariale d’à peine 2 pour cent par an pour les trois prochaines années.

Cette récente trahison rappelle l’année 1996-97 où les syndicats eux-mêmes avaient conseillé au gouvernement péquiste de Lucien Bouchard de mettre en place un programme de retraites anticipées, qui devait mener à l’élimination de dizaines de milliers d’emplois dans l’éducation et la santé au nom du « déficit zéro ».

Il existe une profonde opposition au sein de la classe ouvrière face à ces attaques, qui s’est exprimée le 20 septembre dernier alors que plusieurs dizaines de milliers de travailleurs de la province ont manifesté à Montréal contre les coupures dans les retraites des employés municipaux. Cette opposition, toutefois, ne trouve pas d’expression politique.

Les syndicats sont les principaux responsables de cet état de fait. Au cours des dernières décennies, les syndicats pro-capitalistes ont imposé les concessions et les coupures d’emplois exigées par le grand patronat. Chaque fois que les travailleurs ont voulu résister, menaçant de sortir du cadre imposé par les syndicats, les bureaucrates syndicaux sont intervenus pour étouffer leurs luttes au nom de la « paix sociale ». Au même moment, ils ont subordonné les travailleurs du Québec au parti de la grande entreprise qu’est le Parti québécois et les ont isolés de leurs frères et sœurs de classe du reste du Canada.

Les centrales syndicales ont joué le même rôle traitre lors de la grève étudiante de 2012. Tout au long du conflit, les syndicats ont refusé de mobiliser les travailleurs en défense des étudiants opposés à la hausse des frais de scolarité du Parti libéral de Jean Charest, laissant ces derniers seuls face à la répression d’état.

Lorsque la grève menaçait de s’étendre à la classe ouvrière, les syndicats, avec l’appui des associations étudiantes et de Québec Solidaire, ont consciemment détourné le mouvement derrière l’élection du Parti québécois pro-indépendance. Une fois au pouvoir, le PQ est allé de l’avant avec des coupures encore plus draconiennes que ses prédécesseurs libéraux, y compris une hausse permanente des frais de scolarité, ainsi que l’imposition d’une loi spéciale qui criminalisait la grève de 75.000 travailleurs de la construction.

L’argument qu’ « il n’y a pas d’argent » est un mensonge de l’élite dirigeante que les syndicats tentent de vendre aux travailleurs pour justifier les concessions qui leur sont imposées. La réalité est que les abondantes richesses sociales créées par le travail de la classe ouvrière sont transférées dans les poches d’une infime minorité, notamment par une réduction massive de l’impôt sur les riches et la grande entreprise.

La lutte des employés municipaux contre le projet de loi 3 peut servir d’étincelle à une vaste contre-offensive de la classe ouvrière pour la défense de tous les services publics. Mais pour ce faire, les travailleurs doivent rompre politiquement avec les syndicats qui les contrôlent et former des comités ouvriers indépendants voués à une lutte contre l’ensemble du système de profit.

Montréal : chasse-aux-sorcières contre des employés municipaux opposés aux coupes dans les retraites

La ville de Montréal, appuyée par le gouvernement du Québec et les médias de la grande entreprise, a lancé une véritable chasse-aux-sorcières contre des dizaines de travailleurs municipaux opposés aux coupes dans les régimes de retraite.

En mobilisant son appareil de répression, la classe dirigeante veut montrer sa détermination à imposer aux employés municipaux une « réforme » draconienne des retraites. Et elle est prête à utiliser des méthodes autoritaires pour imposer le programme d’austérité dont fait partie l’assaut sur les retraites.

Le 18 août dernier, une centaine d’employés municipaux et quelques chefs syndicaux locaux ont manifesté pour s’opposer au projet de loi 3 du gouvernement libéral de Philippe Couillard. Les manifestants ont pénétré dans l’hôtel-de-ville de Montréal lors d’une séance du conseil municipal et ont fait voler en l’air des verres d’eau et des papiers qui se trouvaient sur les bureaux des conseillers. Les manifestants ont ensuite tapissé la salle du conseil avec des collants, des cartons et une banderole adressée au maire de Montréal, marquée « Coderre voleur ».

L’élite dirigeante et les médias ont lancé une campagne virulente contre les employés municipaux pour tenter de les présenter comme des « violents » et discréditer leur lutte légitime contre les coupes sauvages dans les régimes de retraite. Avant même qu’une enquête ne soit menée, la vice-présidente du comité exécutif à la Ville de Montréal a affirmé que des gens allaient « perdre leur emploi ». De son côté, le maire Denis Coderre a déclaré que « l’intimidation et la violence ne sont pas des façons de faire dans une société démocratique ».
Au début du mois, le Service de police de Montréal a annoncé que des accusations criminelles seront portées contre 44 employés municipaux, principalement des pompiers, pour attroupement illégal, méfaits et voies de fait. Les chefs syndicaux locaux des pompiers et des cols bleus de Montréal ont aussi été inculpés.

De plus, le maire Coderre a annoncé que 63 autres employés municipaux étaient visés par une enquête disciplinaire. Ceux-ci s’exposent à des sanctions pouvant aller jusqu’au congédiement. Déjà, 39 des 63 employés ont été suspendus sans solde « en raison de la gravité des gestes posés ».

En plus des accusations criminelles portées contre les employés municipaux, la ville de Montréal est présentement devant la Commission des relations du travail pour plaider que 2320 travailleurs municipaux auraient privé les citoyens de services essentiels pendant 15 minutes lorsqu’ils ont quitté leur poste pour prendre part à une manifestation le 17 juin dernier. Le commissaire pourrait imposer aux syndicats des compensations financières et d’autres mesures anti-démocratiques pour ce que le gouvernement qualifie de « grève illégale ».

En qualifiant les actions des travailleurs d’une « atteinte à la démocratie », l’élite dirigeante met la réalité la tête en bas. En fait, ce ne sont pas les employés municipaux qui contournent la loi, mais bien le gouvernement libéral. Avec son projet de loi 3, le PLQ annule les contrats actuels et force la restructuration des régimes de retraite, une mesure qui aura un impact dévastateur sur les conditions de vie de milliers de travailleurs municipaux.

En visant les employés municipaux aujourd’hui, ceux des secteurs public et parapublic demain, la classe dirigeante signale qu’elle veut faire payer les travailleurs pour la crise du système capitaliste mondial. Le nouveau gouvernement libéral a annoncé que les dépenses sociales seront drastiquement réduites et que des programmes entiers sont voués à disparaître. Le premier ministre du Québec Couillard a comparé la situation actuelle aux crises de 1982 et de 1997, la première étant marquée par une réduction massive des salaires dans le secteur public, et la seconde par l’élimination de dizaines de milliers d’emplois dans l’éducation et la santé.

Depuis des semaines, l’élite et les médias répètent presque mot pour mot les diatribes qu’ils ont employées contre les étudiants lors de la grève de 2012. Ils décrivent les travailleurs municipaux comme des « privilégiés » qui s’accrochent à des retraites trop généreuses de la même manière qu’ils qualifiaient les étudiants d’« enfants gâtés » et d’« égoïstes ». Autant en 2012 qu’aujourd’hui, toute résistance à l’austérité capitaliste est immédiatement dénoncée comme un geste de violence afin de justifier des mesures de répression.

Le droit de grève est la cible de récentes attaques par les élites à travers le Canada. Le gouvernement fédéral du premier ministre conservateur Stephen Harper est intervenu à maintes reprises pour criminaliser les grèves des travailleurs des postes et d’Air Canada au cours des dernières années. Au Québec, un des premiers gestes du gouvernement Couillard lorsqu’il a pris le pouvoir a été d’annoncer qu’une loi spéciale serait immédiatement imposée si les travailleurs de la construction déclenchaient une grève comme à l’été 2013.
Depuis la manifestation du 18 août, la ville de Montréal a annoncé qu’elle intensifierait la sécurité à l’hôtel de ville et lors des conseils d’arrondissements, sans indiquer quand cette mesure prendra fin. Au moins six policiers se trouvent maintenant dans le hall d’honneur de l’établissement lors des réunions hebdomadaires du Comité exécutif.
Comme lors de la grève étudiante, la classe dirigeante dépend des services de la bureaucratie syndicale pour contenir l’opposition des travailleurs. Si quelques chefs syndicaux ont été accusés au criminel, c’est pour rappeler les syndicats à l’ordre et les pousser à collaborer encore plus étroitement avec la classe dirigeante dans son assaut contre les travailleurs.

Malgré les attaques antisyndicales de l’élite, les chefs syndicaux ont démontré à maintes reprises leur volonté d’imposer les concessions dans les retraites en échange d’une place à la table de négociation. Ils se sont distancés de la manifestation du 18 août, qualifiant l’événement d’ « inacceptable » et lançant « un appel au calme ». Michel Parent, le président des cols bleus de Montréal, s’est fait huer par ses propres membres lorsqu’il a dénoncé les « dérapages » survenus à l’hôtel de ville.

Bien que les récentes actions des employés municipaux expriment plus de la frustration qu’une action politique indépendante, elles expriment une immense colère envers la récente attaque sur les pensions et les inégalités sociales croissantes. Les méthodes brutales et anti-démocratiques employées contre les travailleurs municipaux sont un avant-goût de ce qui attend l’ensemble de la classe ouvrière.

Tous les travailleurs et les jeunes doivent venir à la défense des travailleurs municipaux, dans le cadre d’une lutte contre l’assaut généralisé sur les salaires, les emplois et les services sociaux. Par-dessus tout, les travailleurs doivent rompre politiquement avec les syndicats qui les subordonnent au capitalisme et bâtir un parti indépendant voué à la lutte pour le socialisme.

Contre le démantèlement de l’assurance-emploi et de l’aide sociale : Il faut des comités de lutte indépendants des syndicats pour mobiliser les travailleurs contre Harper et Marois

Ce qui suit est le texte d’une déclaration qui sera diffusée par des sympathisants du Parti de l’égalité socialiste (Canada) lors d’une manifestation organisée samedi à Montréal contre les coupes drastiques du gouvernement conservateur canadien dans les allocations chômage.

La manifestation organisée aujourd’hui par la Coalition québécoise contre la réforme de l’assurance-emploi, qui est dominée par les centrales syndicales, n’a rien à voir avec une véritable mobilisation des travailleurs contre l’assaut anti-ouvrier que mènent conjointement les gouvernements Harper et Marois.

Beaucoup de travailleurs sont en colère, et avec raison, face à des mesures gouvernementales qui visent à les appauvrir. Mais de la part des syndicats, cette manifestation est un autre exemple de l’opposition de façade qu’ils affichent tandis qu’ils imposent les concessions exigées par la grande entreprise.

La bureaucratie syndicale est intervenue à maintes reprises au cours des dernières décennies pour torpiller des luttes militantes lancées pour la défense des emplois et des services publics. Son plus récent acte de trahison a été de détourner la grève étudiante de 2012, et l’immense soutien populaire qu’elle a suscité, derrière l’élection d’un gouvernement du PQ, qui impose depuis des compressions budgétaires massives.

La coalition dirigée par les syndicats se limite à de timides appels aux conservateurs de Harper sans remettre en question ce qui motive leur assaut contre les chômeurs : la guerre de classe menée par tous les paliers de gouvernement afin de faire payer les travailleurs pour la crise financière mondiale de 2008.

En fait, les syndicats sont prêts à accepter les nouvelles mesures qui limitent drastiquement l’accès aux allocations chômage.

La semaine dernière, le gouvernement a brutalement coupé les allocations des travailleurs de l’usine de crevettes de Matane qui faisaient du travail partagé, et leur a exigé un remboursement rétroactif de plusieurs milliers de dollars. Le syndicat a immédiatement capitulé devant cette mesure arbitraire et abusive du gouvernement. La CSN a fait savoir dans un communiqué de presse qu’elle a convenu de modifier les horaires de travail, « acceptant, à contrecœur, que près de la moitié des employé-es perdent leur emploi dans le processus ».
La « réforme » de l’assurance-emploi vise à tirer vers le bas les salaires et conditions de travail de toute la classe ouvrière en privant les sans-emplois de revenus pour les forcer à accepter n’importe quel emploi – jusqu’à 70 pour cent de leur salaire précédent et à 100 km de leur lieu de résidence.

Face à cet assaut frontal sur leur niveau de vie, les travailleurs doivent former – dans les usines, les quartiers et les régions – des comités de lutte indépendants des syndicats et prêts à mobiliser toute la puissance sociale des travailleurs en faisant de la lutte contre la « réforme » de Harper le point de départ d’une contre-offensive unifiée des travailleurs du Québec et du Canada pour la défense commune des emplois, des salaires et des services publics.

Cette perspective est diamétralement opposée à la campagne des syndicats visant à forger un supposé « consensus national » contre les mesures de Harper qui dépasserait les divisions de classe.
Cette fiction nationaliste sert à diviser les travailleurs du Québec de leurs frères et sœurs de classe du reste du Canada, et à les subordonner politiquement aux représentants capitalistes que sont les municipalités et les partis d’opposition tels que le Bloc québécois et le NPD. Elle facilite également les efforts du gouvernement péquiste de Pauline Marois visant à utiliser les coupes fédérales dans l’assurance-emploi comme un écran de fumée pour ses propres mesures anti-ouvrières.

Depuis son élection en septembre dernier, le gouvernement Marois a multiplié les attaques contre les travailleurs : dépôt d’un budget comprenant une réduction record des dépenses publiques en quinze ans ; hausse permanente des droits de scolarité ; coupes brutales dans l’aide sociale ; feu vert à une répression policière systématique des opposants à ses mesures d’austérité.

C’est pour camoufler ces mesures de droite que le PQ a mis sur pied une Commission nationale d’examen sur l’assurance-emploi. Sans surprise, cette manœuvre a été chaudement accueillie par la coalition qui est menée par des syndicats dont le rôle consiste depuis des décennies à subordonner la classe ouvrière au parti de la grande entreprise qu’est le PQ.

La lutte contre le démantèlement des programmes d’aide aux chômeurs est une lutte politique contre le programme d’austérité de la classe dirigeante en son ensemble. Elle ne doit pas être menée comme une simple protestation qui accepte l’ordre capitaliste existant.
C’est la grande leçon à tirer de la grève étudiante de 2012. Malgré la mobilisation de centaines de milliers d’étudiants sur plus de six mois, et la tenue de nombreuses manifestations de masse impliquant des couches importantes de la classe ouvrière, cette lutte s’est soldée par un échec.

Le point tournant a été l’adoption du projet de loi 78, qui interdisait en pratique toute manifestation sur n’importe quelle question partout au Québec. Cette violation flagrante des droits démocratiques a provoqué un vaste mouvement d’opposition dans les quartiers ouvriers de Montréal et de plusieurs villes de la province. Craignant l’entrée en lutte des travailleurs comme une force politique indépendante, les centrales syndicales ont réagi en isolant davantage la lutte des étudiants. Elles ont pesé de tout leur poids pour pousser les étudiants grévistes à abandonner la rue pour les urnes, frayant ainsi la voie à l’élection d’un gouvernement péquiste de droite.
Ce détournement a été grandement facilité par la politique de pression de la CLASSE, l’association étudiante militante qui se trouvait à la tête de la grève. Refusant de se tourner vers les travailleurs du Québec et du Canada, la seule force sociale capable d’offrir une alternative progressiste au capitalisme en faillite, la CLASSE a insisté qu’il suffisait aux étudiants d’être assez nombreux dans les rues pour forcer le gouvernement libéral d’alors à reculer.

Devant la vive opposition des syndicats à tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à une mobilisation des travailleurs, la CLASSE a laissé tomber son appel à une « grève sociale », qui signifiait pour elle une plus grosse contestation. Et elle a embrassé en bout de ligne le tournant « vers les urnes » exigé par les syndicats, donnant son propre appui implicite au PQ en appelant à la défaite des « néo-libéraux ».

Les travailleurs doivent tirer un enseignement de cette expérience cruciale. Les mesures anti-ouvrières de Harper au fédéral, et de Marois au provincial, sont l’expression au Canada du programme d’austérité qui est imposé par les classes dirigeantes à travers le monde pour faire porter aux travailleurs tout le poids de la pire crise du capitalisme depuis les années 30.

La lutte contre la « réforme » de l’assurance-emploi requiert la mobilisation la plus large des travailleurs et des jeunes à travers le Canada contre tout le programme d’austérité de l’élite dirigeante. Il faut y opposer le programme socialiste de l’égalité sociale, c’est-à-dire l’établissement d’un gouvernement ouvrier qui utilisera les abondantes ressources disponibles pour satisfaire les besoins sociaux de tous, et non la chasse aux profits d’une minorité.

2013 : La déréglementation, le profit et l’industrie ferroviaire canadienne

Par Carl Bronski

Le déraillement de train de la semaine dernière à Lac-Mégantic, au Québec, et l’explosion des wagons-citernes remplis de pétrole qui a détruit la majorité du centre-ville et tué plus de 50 personnes ont exposé des pratiques inquiétantes dans le transport de matières dangereuses sur le réseau ferroviaire canadien.

Le développement fulgurant du transport de pétrole brut par train au cours des dernières années, combiné à la dégradation continue de l’infrastructure ferroviaire, à la réduction des effectifs et à la déréglementation de l’industrie a amené plusieurs observateurs à soutenir que la tragédie de Lac-Mégantic pourrait très bien se répéter dans d’autres villes à travers le pays.

La production de pétrole en Amérique du Nord a constamment augmenté au cours de la dernière décennie en raison du développement massif des sables bitumineux du nord de l’Alberta et de l’exploitation croissante des schistes bitumineux des gisements de Bakken au Dakota du Nord, au Montana, au Manitoba et en Saskatchewan.

Aujourd’hui, environ 10 % de tout le pétrole d’Amérique du Nord est transporté par train, par rapport à 2 % seulement il y a cinq ans. La plupart de ce trafic ferroviaire passe par les principaux centres urbains dans des wagons-citernes réputés pour être susceptibles de perforer dans le cas d’un déraillement. Le train de Lac-Mégantic est passé par Toronto la veille de l’explosion au Québec.

Selon l’Association des chemins de fer du Canada, le transport de pétrole par wagons-citernes au Canada est passé de 500 wagons en 2009 à environ 140.000 en 2013, soit une hausse de 28.000 %. Même si les oléoducs Keystone XL allant de l’Ouest canadien à la côte du golfe américaine et Northern Gateway partant de l’Alberta jusqu’à la côte de la Colombie-Britannique sont éventuellement construits, il est projeté que la production de pétrole au Canada et aux États-Unis excède la capacité des oléoducs d’un million de barils par jour d’ici 2025. Si le gouvernement américain n’approuve pas le prolongement du projet d’oléoduc Keystone XL en Alberta, un projet présentement au point mort, il est estimé que le transport de pétrole par chemin de fer au Canada augmentera d’un autre 42 % d’ici 2017.

Les compagnies ferroviaires canadiennes ont augmenté leurs marges de profit grâce à cet essor du transport. Canadian Pacific a élevé son revenu moyen par wagons de 12 % cette année à la suite d’une hausse des contrats de transport de pétrole. Cette année, la Compagnie des chemins de fer canadiens nationaux a gagné 14 % à la Bourse de Toronto. Montreal Maine and Atlantic (MMA), la compagnie ferroviaire impliquée dans l’explosion à Lac-Mégantic, a maintenu ses profits en utilisant le transport de pétrole pour compenser le déclin des contrats dans le transport du bois d’œuvre.

Bien que les déversements d’oléoduc deviennent un phénomène plus fréquent en Amérique du Nord – en raison des installations vieillissantes, de la réduction de la maintenance et des analyses de risque douteuses basées non sur les préoccupations en matière de sécurité environnementale, mais plutôt sur les exigences de profit des actionnaires des industries pétrolières, financières et de la construction – le danger d’un déversement pétrolier provenant d’un wagon-citerne est toujours considéré de trois à six fois plus grand que provenant d’un oléoduc. Les accidents de train sont plus susceptibles de causer des blessures immédiates et la mort. Les accidents d’oléoducs, toutefois, sont souvent plus importants, impliquant des impacts sur la santé et l’environnement plus importants et à plus long terme.

Les partisans du développement rapide des oléoducs Keystone XL et Gateway – un groupe qui comprend le premier ministre canadien Stephen Harper et son gouvernement conservateur, des éléments importants au sein du Congrès américain et de l’administration Obama, les grandes compagnies pétrolières et la majorité de l’élite patronale des deux pays – ont cyniquement profité du désastre de Lac-Mégantic afin de prôner les oléoducs comme une alternative sécuritaire à l’expédition toujours croissante de pétrole brut par train.
En exploitant cruellement cette tragédie, cependant, aucun de ces partisans n’a fait mention du fait que le pétrole contenu dans le train à Lac-Mégantic était du pétrole provenant des schistes bitumineux du Dakota du Nord – du pétrole qui ne sera jamais desservi par un oléoduc en raison de la courte « durée de vie » d’environ douze ans du gisement de Bakken. En fait, avec ou sans le nouvel oléoduc, le transport de pétrole par train va continuer de croître.

En réalité, la croissance des risques associés au transport de pétrole par train ou oléoduc est le produit d’un système économique qui met les profits devant le bien-être de la population.

La sécurité ferroviaire au Canada a été déréglementée sous les gouvernements libéraux et conservateurs successifs depuis les années 1990. Aujourd’hui, les compagnies ferroviaires mènent largement leurs propres inspections d’équipements, de pratiques et d’infrastructures. Cette soi-disant autoréglementation est simplement une carte blanche pour que les compagnies continuent de couper les coins ronds en matière de sécurité pour améliorer leurs résultats financiers. Des pratiques similaires ont été instituées dans les normes de l’industrie agroalimentaire, ce qui a entraîné des épidémies et causé la mort au cours de la dernière décennie.

En dépit de la hausse dramatique du transport de matières dangereuses, le financement destiné à Transport Canada au niveau des inspections a été réduit. Le budget total alloué au département du transport par les conservateurs de Harper a été réduit de 30 % au cours de la dernière année seulement. En 2011, un rapport du vérificateur général concluait que « Transport Canada n’a pas conçu ni implanté les pratiques de gestion nécessaires pour contrôler la conformité réglementaire » du transport des produits dangereux.
Les recommandations du Bureau de la sécurité des transports du Canada aux compagnies ferroviaires au niveau de la mise à jour des technologies de sécurité ne sont pas mises en œuvre. Les avancées technologiques, par exemple, permettent l’installation de dispositifs de commutations automatiques qui permettraient de rediriger d’urgence des trains – comme celui de Lac-Mégantic – vers des embranchements sécuritaires.

Le remplacement des wagons-citernes DOT-111, qui ont tendance à se perforer – le type de véhicule le plus fréquemment utilisé dans l’industrie, et celui utilisé par MMA dans le train à Lac-Mégantic – se fait à pas de tortue. Sous les pressions des compagnies, qui se plaignent des dépenses liées à l’élimination des DOT-111, le gouvernement a stipulé qu’ils n’ont à être remplacés par des wagons-citernes plus sécuritaires, aux murs plus épais, que lorsqu’ils sont mis hors service.
Les pressions de rentabilité forcent les compagnies à mener des opérations « minceur », réduisant les effectifs et augmentant les horaires de travail tout en lésinant sur l’entretien des infrastructures. Le train de Lac-Mégantic, par exemple, était supervisé par un seul conducteur responsable de 72 wagons et de cinq locomotives. Il a arrêté le train pour la nuit sur des rails usés après un quart de travail éreintant de 12 heures et a, en conformité avec les règles, apparemment laissé le train sans surveillance avec un moteur de locomotive partiellement opérationnel afin de maintenir les freins pneumatiques. La perte des freins pneumatiques, possiblement due à un feu qui s’était déclenché dans une locomotive sans surveillance en marche, pourrait expliquer pourquoi le train s’est déplacé et a dévalé la pente vers Lac-Mégantic.

Ed Burkhardt, le président de la MMA, a fait campagne pour des « équipes » d’une seule personne, dans laquelle un conducteur est responsable de conduire le train (soit manuellement ou par télécommande) et de faire le travail au sol. Mercredi, Transport Canada révélait qu’en 2012 il permettait à MMA de devenir la deuxième compagnie seulement à pouvoir effectuer du transport ferroviaire avec des équipes d’un seul homme au Canada. Transport Canada a aussi dit que, bien que cela soit rare, il n’y a pas de réglementation empêchant une compagnie de laisser un train en marche sans surveillance.

Burkhardt a fait fortune en supervisant la privatisation et la rationalisation des opérations ferroviaires en Nouvelle-Zélande, en Grande-Bretagne et Europe.

Au cours de la dernière décennie, plusieurs petits déraillements à basse vitesse sur des voies ferrées de la MMA mal entretenues ont causé des déversements de produits chimiques. Selon un rapport du Wall Street Journal, depuis 2000, les trains de la MMA ont déversé des produits chimiques à sept reprises, incluant un déversement de 13.000 litres de carburant diesel à Frontenac, juste à l’est de Lac-Mégantic, le mois dernier. En tout, le Bureau de la sécurité des transports rapporte 129 accidents, tant majeurs que mineurs, et 77 déraillements de trains de la MMA depuis 2003.

La préoccupation principale des patrons des chemins de fer pour la rentabilité a possiblement été le mieux illustrée par la direction du Canadian Pacific au cours du récent effondrement du Bow River Bridge près de Calgary, en Alberta. Lorsque le pont centenaire mal entretenu s’est effondré dans la rivière suite à une forte crue, des wagons du CP remplis de distillat de pétrole toxique menaçaient de s’écraser au fond du ravin. Le président du CP, Hunter Harrison, avait rejeté l’idée que le pont soit inspecté lorsque la crue commençait à monter. Fermer le pont, a-t-il soutenu, aurait « compromis les affaires ».

Au cours des derniers jours, les présentateurs des réseaux télévisés et leurs équipes de tournage sont descendus à Lac-Mégantic pour filmer d’un ton solennel les conséquences de l’événement. Les rapports de la police sont diffusés en entier, les experts ferroviaires et les témoins sont interviewés. On peut voir les parents et les enfants en deuil. Peu d’attention, toutefois, est donnée aux causes systémiques sous-jacentes à la tragédie de Lac-Mégantic et à la liste croissante de désastres de santé publique qui ont secoué le Canada au cours des 15 dernières années – y compris l’empoisonnement en 2000 du réseau d’eau potable de Walkerton, l’épidémie de SRAS en 2003 et l’épidémie de listériose en 2008.

Depuis l’explosion de samedi dernier, le président de MMA Ed Burkhardt a cherché à maintes reprises à rejeter le blâme en parlant d’actes de « sabotage », des erreurs du service d’incendies, et des méfaits du conducteur du train. C’est finalement une citoyenne sous le choc qui a dit ce que personne des réseaux télévisés n’a osé dire. Lorsqu’on lui a demandé d’expliquer la cause de la tragédie, elle s’est tournée vers les caméras et a crié : « L’argent ! L’argent ! L’argent ! »

2011 : Le gouvernement conservateur se prépare à adopter une loi pour rendre illégale la grève des travailleurs d’Air Canada

Par Keith Jones

Seulement quelques heures après que 3800 agents de réservation et du service à la clientèle d’Air Canada ont débrayé pour s’opposer aux demandes patronales exigeant des concessions radicales, le gouvernement conservateur du Canada a signalé qu’il allait introduire une loi dès jeudi afin de rendre illégal et de criminaliser le mouvement de revendication.

S’adressant à la Chambre des communes mardi après-midi, la ministre du Travail Lisa Raitt a dit que le gouvernement donnerait bientôt au parlement l’avis de 48 heures requis de son intention de présenter une loi qui forcerait les travailleurs d’Air Canada à retourner au travail.
Affirmant que le mouvement de revendication à Air Canada pourrait mettre en péril la « fragile » économie canadienne, Raitt a dit que « les Canadiens nous ont donné un mandat fort, pour compléter notre reprise économique, c’est donc pour cette raison que nous allons aviser ce soir de notre intention de présenter cette loi, afin d’assurer la continuité du service aérien pour les passagers ».

Que Raitt prétende disposer d’un « mandat fort », c’est-à-dire un soutien populaire de masse, sert à intimider les travailleurs. En fait, les conservateurs ont reçu le soutien de moins du quart des Canadiens lors des dernières élections fédérales.

Mais leur action rapide contre les grévistes d’Air Canada souligne qu’ils vont utiliser leur nouvelle majorité parlementaire pour intensifier de façon significative l’assaut de la grande entreprise sur la classe ouvrière. Déjà, dans le budget fédéral présenté la semaine dernière, les conservateurs ont réaffirmé leur intention de réduire les dépenses fédérales discrétionnaires par habitant par plus de 10 pour cent d’ici l’année financière 2014-15. Puis, Postes Canada, une entreprise fédérale gouvernementale, a imposé un lock-out partiel à ses 48 000 facteurs, commis, trieurs et livreurs dans le but de réduire les salaires et les avantages sociaux des nouveaux employés, sabrer les prestations d’invalidité à court terme et imposer des suppressions de postes et un dangereux nouveau rythme de travail aux facteurs.
Air Canada, le plus important transporteur aérien du Canada, cherche à imposer d’énormes concessions à ses 3800 agents de réservation et du service à la clientèle, dont le représentant de négociation collective est le syndicat des Travailleurs canadiens de l’automobile (Syndicat national de l’automobile, de l’aérospatiale, du transport et des autres travailleurs et travailleuses du Canada, TCA) Local 2002, et à ses mécaniciens, bagagistes, à son personnel de bord et à ses pilotes, lesquels sont représentés par un autre syndicat.

Ces concessions s’ajouteraient aux nombreuses autres que les syndicats ont faites aux compagnies aériennes privées au cours de la dernière décennie.

Pour ce qui est des agents de réservation et du service à la clientèle, Air Canada demande que tous les employés actifs inscrits au régime de retraite à prestations déterminées de la compagnie reçoivent des prestations de retraite 35 à 40 pour cent inférieures à celle des retraités. Les nouveaux employés seraient forcés de participer à un régime de cotisation de retraite, lequel éliminerait toute obligation future de l’employeur et rendrait les revenus de retraite des travailleurs complètement dépendants des fluctuations du marché boursier. Air Canada demande aussi que l’âge et les années de service où les employés peuvent prendre leur retraite sans pénalité soient haussés de 5 ans.

Les patrons d’Air Canada reçoivent des salaires de plusieurs millions de dollars et ont des retraites bien garnies, malgré tout, le chef de l’exploitation d’Air Canada, Duncan Dee, a dit à la radio de la CBC mardi que la compagnie devait couper les prestations de retraite de ses employés afin qu’elle demeure « compétitive », c’est-à-dire une source de grands profits pour les actionnaires. Dee a affirmé, « les entreprises du secteur public dans ce pays s’orientent généralement vers des régimes de retraite à cotisations déterminées… La seule façon d’assurer la viabilité à long terme d’Air Canada… est de faire des changements adaptés à notre époque. »

Air Canada soutient aussi que les syndicats doivent accepter que les employés d’une nouvelle compagnie aérienne à bas coût en processus de création aient des salaires et des avantages sociaux moindres que ceux des autres travailleurs.

Selon le syndicat des TCA, ses membres à Air Canada ont subi des coupes de 10 pour cent de leurs salaires réels au cours de la dernière décennie. Néanmoins, la compagnie aérienne a sèchement rejeté les demandes des travailleurs pour une hausse salariale considérable.
Le week-end dernier, Air Canada dépensé des dizaines de milliers de dollars en publicités pleine page dans les principaux quotidiens du pays afin de clamer sur un ton provocateur que la compagnie avait des plans de « contingence » pour maintenir la totalité de ses opérations durant une grève. Mardi, ces plans ont été mis en oeuvre quand Air Canada a déployé ses cadres et des centaines de briseurs de grève – certains d’entre eux proviendraient de Garda World Security (une multinationale active en Irak) – pour faire le travail des grévistes.
Mardi matin, certains pilotes et agents de bord d’Air Canada ont refusé de franchir les piquets de grève établis par les agents en grève du service à la clientèle à l’aéroport Trudeau de Montréal. Mais ils ont finalement traversé, après que des cadres sont venus les escorter jusqu’à leur lieu de travail.

Bien qu’on exige de tous les travailleurs d’Air Canada des concessions semblables, aucun des syndicats censés les représenter n’a exigé que les piquets de grève des agents de réservation et du service à la clientèle soient respectés. Et ils n’ont certainement rien fait pour organiser une grève commune contre les concessions.

Ce refus évident d’adhérer aux principes les plus élémentaires de la solidarité ouvrière vient mettre en évidence le fait que les syndicats sont opposés à toute lutte sérieuse contre Air Canada, parce qu’ils savent qu’une telle lutte entraînerait une véritable confrontation avec le gouvernement Harper et l’ensemble de l’élite dirigeante du Canada. Comme les patrons de la compagnie aérienne, les syndicats acceptent que le gagne-pain des travailleurs soit subordonné aux profits et à la valeur des actions.

Les TCA ont réagi à l’attaque flagrante du gouvernement conservateur contre les agents de réservation et du service à la clientèle en indiquant qu’ils étaient impatients d’en arriver à une entente avec la compagnie aux dépens des travailleurs d’Air Canada.

Le président des TCA Ken Lewenza a fait un commentaire qui allait de soi en indiquant que la rapidité avec laquelle le gouvernement agit pour rendre la grève des travailleurs d’Air Canada illégale montre que les propriétaires de la plus grande compagnie aérienne canadienne et le gouvernement agissent de concert pour imposer des concessions. « La rapidité avec laquelle ce projet de loi a été présenté, a dit Lewenza, indique qu’il y a une véritable collusion entre le gouvernement fédéral conservateur et Air Canada, visant à arracher les droits des travailleurs. »

Mais plutôt que de s’opposer à cette collusion en appelant à une action revendicative de la part de tous les travailleurs d’Air Canada et à la mobilisation de toute la classe ouvrière contre le gouvernement Harper, Lewenza a annoncé que les TCA étaient déterminés à en arriver à un accord avec Air Canada dans les 48 prochaines heures – et ce, dans des conditions où l’employeur bénéficie de la menace d’une loi qui forcerait le retour au travail, ce qui lui permet d’intimider davantage les travailleurs. Selon une déclaration des TCA rendue publique mardi soir, « Lewenza a affirmé qu’il était possible de conclure une entente avec Air Canada dans les 48 prochaines heures, avant que la loi ne devienne effective. »

Le syndicat prend donc lui-même la responsabilité de réprimer la lutte des travailleurs d’Air Canada. Tout en déplorant publiquement la collusion entre la compagnie et le gouvernement, il se sert de la menace d’une loi antigrève pour défendre qu’il n’a d’autre choix que d’abandonner les demandes légitimes des travailleurs.

Pour que les travailleurs d’Air Canada ne subissent pas un autre recul amer, ils doivent s’emparer de la direction de leur lutte en la soutirant aux TCA. Par le développement de comités ouvriers de la base, organisés indépendamment de l’appareil syndical et en opposition à lui, les travailleurs doivent faire de cette grève le fer de lance d’une offensive politique et industrielle de la classe ouvrière contre toutes les suppressions d’emplois et baisses de salaire et en défense des droits des travailleurs et des services publics.

S’inclinant devant le gouvernement conservateur, les syndicats et leurs alliés dans le Nouveau Parti démocratique (NPD) ont entrepris de mettre un terme à deux grèves nationales anti-concessions impliquant plus de 50 000 travailleurs.

Les conflits à Air Canada, la plus importante compagnie aérienne du pays, et à la société d’État Postes Canada, tous deux provoqués par l’employeur, sont perçus par la grande entreprise canadienne comme étant cruciaux pour leur plan d’attaque sur les conditions de vie des travailleurs et les services publics.

Déjà, le syndicat des Travailleurs canadiens de l’automobile (TCA) a forcé le retour au travail pour 3800 agents de réservation et du service à la clientèle après avoir accepté des coupes dans les retraites et une structure à deux vitesses pour les avantages sociaux.
Au même moment, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) a clairement indiqué qu’il mettrait bientôt fin à tout mouvement de revendication des 48 000 facteurs, trieurs, camionneurs et commis et accepterait des concessions sans précédent.
Seule la forme que va prendre la capitulation du STTP reste à déterminer. Soit il va ordonner aux postiers de se soumettre docilement à une loi des conservateurs forçant le retour au travail et permettre à un arbitre nommé par le gouvernement d’imposer les concessions, soit – comme viennent de le faire les TCA – il va se servir du prétexte de l’adoption imminente d’une loi antigrève pour trahir ses membres et imposer lui-même les concessions.

Les postiers peuvent et doivent empêcher cette trahison. Mais pour y parvenir, ils doivent relancer leur lutte contre les concessions sur une base totalement différente, en reconnaissant d’abord qu’ils font face à une lutte politique.

Bien que le gouvernement conservateur de Stephen Harper n’est intervenu directement que récemment contre les travailleurs d’Air Canada et de Postes Canada, il complote depuis longtemps avec les directions de ces deux sociétés sur la nature des concessions à imposer.

En 2009, le gouvernement conservateur a « secouru » Air Canada dans une opération de restructuration où les syndicats ont fait d’importantes concessions dans les conventions collectives. Le gouvernement insistait alors sur le fait que la compagnie devait agir rapidement pour réduire la dette dans son régime de retraite. Cette demande du gouvernement a mené directement aux efforts actuels de la compagnie aérienne pour attaquer les pensions des travailleurs.
Dans le cas de Postes Canada, le gouvernement fédéral est le patron et le propriétaire. Les conservateurs, poursuivant l’oeuvre de leurs prédécesseurs libéraux, ont imposé à Postes Canada un modèle d’affaires visant à achever la transformation de ce service public en une société privée à but lucratif.

Si le gouvernement Harper est intervenu si agressivement pour criminaliser la résistance des travailleurs aux demandes de concessions, c’est parce qu’il anticipe le développement de l’opposition populaire. À peine six semaines après avoir obtenu une majorité parlementaire, il s’apprête à utiliser les pouvoirs répressifs de l’État pour imposer le programme de la grande entreprise.

La trahison des TCA

Mardi et mercredi, en l’espace de 24 heures, le gouvernement Harper a déclenché le processus visant l’adoption d’une loi qui rendrait illégal tout mouvement de revendication des postiers et des travailleurs d’Air Canada et donnerait le mandat de dicter ses conditions à des arbitres nommés par lui.

Le gouvernement a indiqué qu’il allait priver les travailleurs d’Air Canada de leurs droits fondamentaux le jour même où ils sont sortis en grève, soutenant que leur grève mettait en danger la reprise économique. Les TCA, le plus grand syndicat industriel du pays, ont réagi à l’annonce du préavis obligatoire de 48 heures avant la promulgation d’une loi antigrève en déclarant qu’ils étaient déterminés à obtenir une entente « négociée » avec la compagnie aérienne.
Hier, le syndicat a accepté une convention collective remplie de concessions. Celle-ci va certainement se révéler encore pire lorsque tous les détails seront connus. Les travailleurs d’Air Canada n’ont même pas eu l’occasion de lire les conditions de l’entente de quatre ans, et encore moins de se prononcer par un vote, avant d’être forcés de se présenter au travail.

Le syndicat, qui avait précédemment admis que les salaires réels de ses membres avaient chuté de 10 pour cent durant la dernière décennie, présente comme une victoire l’entente qui accorde des hausses salariales de deux pour cent, soit environ le taux d’inflation, pour les trois premières années, et de trois pour cent pour la dernière année du contrat.

Sur les retraites, l’élément au coeur du conflit, les TCA ont fait de larges concessions – des concessions qu’ils ont tout de même tenté de qualifier de « modestes ». Ils ont accepté qu’à partir de 2013 les nouveaux retraités allaient voir leurs prestations diminuer et que les nouveaux employés ne bénéficieront pas du régime actuel. Un arbitre doit déterminer la structure et le financement du régime de retraite pour les nouvelles embauches.

De plus, l’accord des TCA sert de référence à la baisse pour les 20 000 travailleurs et plus d’Air Canada (les mécaniciens, les manutentionnaires de bagages, les agents de bord et les pilotes) qui font face eux aussi à des demandes de concessions semblables.
Sans surprise, le gouvernement a louangé l’accord des TCA. La ministre du Travail Lisa Raitt a fait remarquer, à juste titre, qu’il suivait la ligne qu’elle avait proposée en annonçant que le gouvernement s’apprêterait à adopter une loi forçant le retour au travail si une entente n’était pas conclue entre le syndicat et Air Canada avant 48 heures.

« Si la direction d’Air Canada et le syndicat pensent être rendus à un point où les négociations achoppent sur un élément majeur qui ne pourra être réglé rapidement – et cela semble être le cas pour la question des retraites – ils peuvent de façon volontaire confier cette question à un arbitre de leur choix », a dit Raitt mardi dernier.

Trahison des postiers à venir

Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) suit exactement la même trajectoire. Il exhorte Postes Canada à réduire quelque peu ses demandes de concessions et à accepter le syndicat comme véritable partenaire. À cette fin, de hauts dirigeants syndicaux ont rencontré jeudi le président de Postes Canada, Deepak Chopra.
Mais la direction du STTP sait aussi que les travailleurs des postes de la base sont indignés par les provocations et les demandes de concessions de la compagnie, dont un système à deux vitesses pour les salaires et les avantages sociaux, un régime d’assurance invalidité à court terme régressif et un nouveau système de tri dangereux pour les travailleurs qui entraînera des pertes d’emploi.

La direction du STTP pourrait finalement tirer la conclusion que ses intérêts seraient mieux servis en ne prenant pas directement la responsabilité de l’imposition des demandes de Postes Canada.
Une chose que le STTP rejette est l’organisation d’une lutte contre le gouvernement. Le président du STTP, Denis Lemelin, a déjà envoyé des communiqués de presse qui ne sont rien de moins qu’un requiem pour le mouvement de revendication et la lutte anti-concessions des postiers. Ces communiqués demandent aux travailleurs d’être « fiers » de leur grève et soutiennent que le STTP va continuer à lutter même si une entente ne peut être conclue avec Postes Canada.

D’entrée de jeu, le STTP était déterminé à éviter toute confrontation avec le gouvernement Harper. C’est ainsi qu’il a justifié le recours à la stratégie inefficace de grèves tournantes régionales d’une journée.

De manière prévisible, ce refus de mobiliser la puissance industrielle des postiers n’a fait qu’encourager Postes Canada et le gouvernement Harper. Maintenant que cette confrontation inévitable est tout près, le STTP prépare sa capitulation.

Pour ce qui est du Congrès du travail du Canada (CTC) et du NPD, ils n’ont pas fait de déclaration, pas même pour la forme, en appui à la lutte des postiers avant que les conservateurs indiquent qu’ils allaient la rendre illégale, et ce, même s’ils admettent qu’ils s’attendaient à ce que le gouvernement Harper agisse ainsi. Autrement dit, les chefs du CTC et du NPD ont fait en sorte que les postiers ne sachent pas dans quel genre de lutte ils s’embarquaient. Les travailleurs, mal préparés, ont été désarmés politiquement par cette direction.

Maintenant, le CTC et le NPD travaillent de concert avec le STTP pour organiser divers rassemblements et manifestations. Le but officiel de ces mouvements est de s’opposer aux attaques du gouvernement sur les droits des travailleurs. Mais leur véritable objectif est de dissiper la colère des postiers pour les faire retourner au travail et maintenir la domination du syndicat.

En 1978, quand le STTP avait défié une loi de retour au travail, le CTC et le NPD avaient refusé d’organiser des protestations en soutien des postiers, même au moment où le premier ministre libéral Trudeau les menaçait de licenciements collectifs, faisait arrêter le président du STTP et ordonnait à la GRC (Gendarmerie royale du Canada) de faire des rafles dans les bureaux des syndicats à travers le pays. La principale fédération ouvrière du pays et les sociaux-démocrates ont collaboré avec le gouvernement pour isoler et mettre fin à la grève, car ils craignaient la possibilité d’une grève générale et le tort que ça aurait pu causer au capitalisme canadien.

Dans les trois décennies suivantes, les syndicats et le NPD se sont radicalement tournés vers la droite et se sont intégrés davantage à la grande entreprise. Tandis que les syndicats servent d’hommes de main à la direction, imposant des concessions et étouffant les grèves, le NPD participe au démantèlement des programmes d’aide sociale qu’il présentait jadis comme la preuve que le capitalisme pouvait être réformé.

En s’opposant aux efforts combinés des TCA, du STTP, du CTC et du NPD qui visent à mettre fin aux luttes des travailleurs d’Air Canada et des postiers, les travailleurs doivent reconnaître que ces organisations ne peuvent être réformés ou poussées à gauche. Seulement par le développement de comités ouvriers de la base, organisés indépendamment de l’appareil syndical et des politiciens sociaux-démocrates, et en opposition à eux, sera-t-il possible d’organiser un mouvement pour défier la loi spéciale du gouvernement Harper et faire de la lutte des postiers le fer de lance d’une offensive politique et industrielle de la classe ouvrière contre toutes les attaques sur les emplois et les salaires et en défense des droits ouvriers et des services publics.

La diffamation des postiers par les médias – selon ces derniers, ils seraient « surpayés » – correspond aux désirs de la grande entreprise de faire un exemple d’un groupe de travailleurs du secteur public. La grande entreprise veut que les avantages sociaux des travailleurs du secteur public soient réduits afin de faire de même pour l’ensemble de la classe ouvrière. Mais ceux qui exigent ces coupes prévoient aussi qu’en intimidant les travailleurs du secteur public, il sera beaucoup plus facile de démanteler les services essentiels qu’ils procurent.
Les larges désirs réactionnaires qui motivent les attaques du gouvernement Harper sur les postiers indiquent qu’il y a des enjeux de taille pour toute la classe ouvrière dans cette lutte. Ils laissent aussi entrevoir la stratégie que les travailleurs doivent adopter.
Les postiers et les travailleurs d’Air Canada doivent faire de leur lutte le fer de lance d’une mobilisation industrielle et politique de toute la classe ouvrière contre le gouvernement Harper, en défense des emplois, des retraites, des droits ouvriers et des services publics. Une telle mobilisation serait le premier pas pour l’émergence d’un mouvement politique indépendant de la classe ouvrière ayant pour but de porter au pouvoir un gouvernement ouvrier qui organiserait la vie économique pour satisfaire les besoins sociaux, et non pour enrichir une poignée de banquiers et de riches patrons.

2010 : un pour cent de la population, mais un tiers de l’augmentation de tous les revenus depuis 1987

Par Keith Jones

Une étude récente démontre que les inégalités sociales au Canada atteignent maintenant une ampleur jamais vue depuis les années 1920. En d’autres mots, les inégalités sont comparables à ce qui prévalait avant les grandes luttes sociales qui ont donné naissance aux syndicats industriels de masse et qui ont forcé les gouvernements et la grande entreprise à mettre en place un filet de sécurité sociale.
Publié par le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) et rédigé par l’économiste du CCPA Armine Yalnizyan, La montée des 1 pour cent le plus riche au Canada montre que « plus vous vous trouvez haut dans l’échelle des revenus, plus rapide est l’enrichissement ». « Que l’économie ait été en croissance ou en déclin » au cours des trois dernières décennies « l’ascension des riches a été irrésistible ».

Des études précédentes montrent que depuis la crise économique du début des années 1980, la vaste majorité des Canadiens n’ont eu aucune ou qu’une petite augmentation de leurs revenus une fois l’inflation prise en compte. Pourtant au cours des trente dernières années la production économique du Canada a plus que doublé en termes réels.

L’importance de la nouvelle étude du CCPA réside dans le fait qu’elle va bien au-delà des études de Statistique Canada qui divise ses résultats en tranche de 10 et 20 pour cent de la population et démontre jusqu’à quel point la section la plus riche de la population — soit les 1 pour cent, les 0,1 pour cent et les 0,01 pour cent des salariés se trouvant au sommet — a monopolisé les gains provenant de la croissance économique.

Voici quelques unes des conclusions de La montée des 1 pour cent le plus riche au Canada :

• Les Canadiens formant les 1 pour cent le plus riche se sont approprié 32 pour cent, soit près du tiers, de toute la croissance économique des vingt années allant de1987 à 2007.

• Cela représente 4 fois plus que les 8 pour cent de la croissance économique que le 1 pour cent des Canadiens le plus riche s’était partagée durant les années 1960.

• En 2007, le 1 pour cent le plus riche a eu 13,8 pour cent de tous les revenus d’emploi des Canadiens. Cela représente près du double de sa part de 7,7 pour cent de 1977.

• Durant la période allant de 1977 à 2007, la part de tous les revenus d’emploi approprié par le 0,1 pour cent le plus riche des Canadiens, quelque 24 600 personnes, a presque triplé pour atteindre 5,5 pour cent.

• Les 2460 plus hauts salariés ont plus que quintuplé leur part des revenus d’emploi au cours des trois dernières décennies. Comptant pour seulement 0,01 pour cent de la population, ils se sont accaparé 2,6 pour cent des revenus totaux d’emploi en 2007, « la plus importante part enregistrée à ce jour ».

• Le revenu annuel moyen du 0,01 pour cent le plus riche est passé de 640.000 $ en 1982 à plus de 3,8 millions $ en 2007.

• En 2007, il est estimé que 10 pour cent des Canadiens ont obtenu 41 pour cent des revenus de marché alors que 90 pour cent de la population n’avaient, eux, que 59 pour cent des revenus.

L’étude du CCPA soutient que les trois dernières décennies ont été le témoin d’un « stupéfiant renversement d’une tendance à long terme ». De la période qui va du début de la Seconde Guerre mondiale jusqu’en 1977, la part du revenu du 1 pour cent le plus riche avait été réduit de presque la moitié, chutant de 14 pour cent à 7,7 pour cent. Mais, en 2007, le 1 pour cent des Canadiens le plus riche gagnait à nouveau 13,8 pour cent de tous les revenus de marché incluant une part de 15,7 pour cent des gains de capitaux (montant qui n’était pas taxable avant 1971 et donc non déclaré).

Si énorme que soit ce renversement, il y a un second élément dans la montée des riches qui est presque aussi significatif. Comme le démontre Yalnizyan dans la seconde partie de son étude, les riches ont non seulement monopolisé les gains de revenu, ils ont également bénéficié de diminutions importantes des taux de taxations sur leurs revenus et sur leurs gains en capitaux.

Conformément à l’assaut mené par la bourgeoisie contre les services publics et les programmes sociaux, les gouvernements à tous les niveaux et de toutes tendances, incluant les soi-disant sociaux-démocrates du NPD et le Parti québécois, ont coupé les impôts durant les deux dernières décennies. Mais la diminution des impôts sur les revenus les plus élevés a été plus importante que pour la plupart des autres Canadiens.

En 1948, le taux marginal d’imposition le plus élevé était de 80 pour cent et s’appliquait aux revenus taxables de 250 000 $ et plus, l’équivalent aujourd’hui d’un revenu de 2,37 millions $. En 2009, le taux marginal d’imposition le plus élevé était de 43 pour cent et s’appliquait à tous les revenus dépassant 126 264 $.

En 2000, le 1 pour cent le plus riche de tous les Canadiens payait en moyenne 33 pour cent en impôts (obtenu en combinant tous les impôts sur le revenu, les salaires et les gains en capitaux et corporatifs), comparativement à un taux d’imposition moyen de 71 pour cent en 1943.

Depuis, les gouvernements fédéraux libéraux de Chrétien-Martin et conservateur de Harper et toutes les provinces ont imposé des réductions massives de taxes bénéficiant aux sections les plus privilégiées de la société. Ces réductions étaient si biaisées, qu’en 2005, toutes taxes considérées, « le 1 pour cent le plus riche était taxé à un taux légèrement inférieur au taux imposé aux 10 pour cent le plus pauvre des contribuables ».

L’impact combiné de la hausse dramatique des inégalités des revenus et les diminutions massives d’impôts pour les riches n’est pas qu’un simple « retour vers le passé ». « Aucune des générations des Canadiens riches précédentes », affirme Yalnizyan, « ne s’était accaparé une part si importante des gains de la croissance économique dans l’histoire. »

L’étude du CCPA se termine en 2007 faute de données, soit avant la crise mondiale du capitalisme qui a envoyé des centaines de milliers de travailleurs au chômage ou encore les a forcés à accepter de travailler à temps partiel ou à accepter des diminutions de salaire et d’autres concessions.

La croissance des inégalités des revenus a approfondi l’écart déjà vertigineux entre l’élite capitaliste canadienne et le reste de la population. Une étude récente par Investor Economics, une firme de consultation privée, estime que 3,8 pour cent des ménages canadiens détiennent 67 pour cent de toute la richesse financière de l’ensemble des ménages canadiens.

L’étude de Yalnizyan est une démonstration statistique de l’impact à sens unique de la guerre de classe que la bourgeoisie canadienne a menée au cours des trois dernières décennies. Bien que la classe ouvrière ait tenté de contre-attaquer, ses luttes ont été étouffées et trahies par les syndicats et les sociaux-démocrates du NPD.
Compte tenu des liens étroits existants entre le CCPA et la bureaucratie syndicale, il n’est pas surprenant que son étude se termine par l’expression l’illusion désespérée d’un retour aux conditions prévalant durant la période d’essor économique d’après-guerre alors que les revenus des travailleurs augmentaient significativement en terme réel et que la société devenait marginalement plus égale.

« Les excès de la période de l’Âge d’or [d’avant la Première Guerre mondiale] », écrit Yalnizyan, « ont provoqué son propre effondrement et ont provoqué, en réponse, une vague de politiques publiques qui a contribué à la redistribution de la richesse au moyen une taxation équitable des salaires décents dans le but de grossir les rangs de la classe moyenne, de réduire la pauvreté et de garder un couvercle sur les inégalités de revenus au Canada.

« Alors que l’histoire se répète, la réponse au nouvel Âge d’or du Canada pourrait bien être la même. »

Le compte-rendu biaisé d’Yalnizyan sur la naissance de l’État providence ignore la réalité de l’effondrement du capitalisme dans la première moitié du vingtième siècle, une période de convulsion sociale incluant deux guerres mondiales et la grande dépression. Il ignore également la lutte de classe, incluant la Révolution russe de 1917 et les nombreux mouvements révolutionnaires de la classe ouvrière à travers le monde qui ont été étouffés par la social-démocratie et le stalinisme.

La croissance de l’inégalité sociale au Canada et à travers le globe est enracinée dans la résurgence des contradictions fondamentales du capitalisme, un système dans lequel la vie socio-économique est subordonnée aux impératifs de profits d’une infime minorité. La mobilisation de la classe ouvrière comme force politique indépendante avec pour objectif la réorganisation radicale de la vie économique plaçant les principaux leviers économiques sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière est la seule base progressiste sur laquelle ces contradictions peuvent être résolues. Ce n’est qu’à ce moment que la production et l’emploi pourront être basés sur les besoins sociaux et que les énormes avancés de la productivité du travail pourront profiter à l’humanité dans son ensemble.

Messages

  • Des étudiants lancent un appel à une « grève sociale »

    Fortes de l’atteinte de leur seuil critique de 30 000 grévistes, des associations étudiantes, regroupées pour la plupart au sein de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSE), appellent l’ensemble de la société à se joindre à leur mouvement contre l’austérité budgétaire et l’exploitation des hydrocarbures.

    Quelque 20 000 représentants étudiants de l’Université du Québec à Montréal, ainsi que des représentants de l’Université de Montréal et de l’Université Laval ont ainsi invité la population - syndicats, groupes communautaires et féministes - à venir grossir les rangs de leur manifestation du 21 mars prochain, au parc Émilie-Gamelin.

    Ils ont l’intention de tenir une manifestation, au même endroit, tous les samedis suivants.

    Les étudiants réclament que le gouvernement revienne sur l’ensemble des mesures d’austérité adoptées depuis son accession au pouvoir et qu’il décrète un moratoire sur l’exploitation des hydrocarbures dans la province.

    Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, estime pour sa part que l’exercice de compressions du gouvernement vise précisément à assurer un meilleur avenir pour les jeunes.

    « On veut s’assurer que les jeunes vont avoir accès à des services publics de qualité et avoir accès à de bons emplois », a-t-il dit en entrevue au Réseau de l’information vendredi. Il soutient aussi que le gouvernement « partage les mêmes objectifs de développement durable » que les étudiants.

    Les représentants étudiants tiendront d’autres votes de grève au cours des prochains jours, comme celui du Cégep Marie-Victorin le 1er avril.

    Plusieurs associations étudiantes seront en grève du 23 mars au 7 avril, alors que d’autres ont décidé de tenir deux journées de grève ponctuelles, les 23 mars et 2 avril. La première journée doit être marquée par des « actions », et une manifestation est prévue pour le 2 avril.

    Les étudiants tiendront des votes de reconduction de grève dans leurs associations respectives dans la semaine du 7 avril.

    Les associations ont atteint le seuil critique de 30 000 étudiants s’étant prononcés pour la grève, mercredi dernier, en ralliant un total de 30 155 grévistes regroupés au sein de 22 associations sur 6 campus.

    L’atteinte de ce seuil constituait une condition au déclenchement de la grève pour plusieurs associations.

  • Une première association étudiante est en grève générale illimitée. L’Association facultaire étudiante des arts de l’UQAM (L’AFEA-UQAM) a déclenché cette grève à l’issue d’un vote favorable qui a eu lieu au cours d’une assemblée extraordinaire à la salle de spectacle La Tulipe, lundi.

    L’association devait être en grève à partir de 21 mars, mais conformément à ce qui avait été adopté en février, une assemblée générale de déclenchement se tiendrait dès que le plancher de 30 000 étudiants grévistes repartis sur au moins 3 campus était atteint.

    En date de lundi, 34 associations étudiantes ont voté un mandat de grève reconductible, selon le site printemps2015.org qui calcule 36 742 étudiants grévistes.

  • Plus de 400.000 travailleurs du secteur public québécois ont entamé cette semaine leurs premiers de six jours de grève sur une base « rotative et régionale » proposés par le Front commun syndical et adoptés à forte majorité par les membres.

    Les employés de l’État – préposés dans les hôpitaux, infirmières, fonctionnaires, enseignants, employés de soutien, professeurs de cégep – s’opposent aux coupures du gouvernement libéral de Philippe Couillard dans les services publics, qui sapent leurs conditions de travail et leur niveau de vie.

    Les libéraux exigent un gel de salaire de deux ans suivi d’une augmentation sous l’inflation pendant trois ans, la hausse de l’âge de la retraite à 62 ans et une réduction des prestations de retraite. À cela s’ajoutent une diminution de l’embauche et une augmentation des cadences.

  • Les coupures dans les services publics et l’assaut sur les travailleurs qui offrent ces services font partie de tout un programme d’austérité défendu par la classe dirigeante québécoise et canadienne. Le gouvernement libéral est déterminé à infliger une défaite aux employés de l’État afin d’ouvrir la voie au démantèlement des programmes sociaux et à un assaut accéléré sur le niveau de vie de toute la classe ouvrière.

    À ce point-ci, le gouvernement Couillard préfère se servir des syndicats pour endormir les travailleurs de la base et imposer l’austérité par une entente « négociée ». De manière prévisible, le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, a annoncé qu’il réduisait certaines demandes périphériques (la pénalité pour retraite anticipée resterait à 4,2% au lieu de passer à 7%), une manœuvre que les dirigeants syndicaux ont accueillie avec enthousiasme.

    Toutefois, les libéraux se tiennent prêts à adopter une loi spéciale au moindre signe que les syndicats n’arrivent plus à étouffer l’indignation des membres de la base.

    La semaine dernière, avant même que le mouvement de grève ne soit déclenché, le gouvernement a présenté une motion exigeant que les services de garde en milieu scolaire demeurent ouverts malgré la grève. Bien que la motion n’ait pas été adoptée, le gouvernement voulait montrer qu’il n’hésiterait pas à abolir le droit de grève d’une importante section de travailleurs.

    Les tribunaux se préparent aussi à épauler les efforts de l’élite dirigeante pour priver les travailleurs de leurs droits démocratiques. La Commission des relations du travail a récemment donné raison à un centre de santé des Laurentides, au nord de Montréal, qui demandait l’interdiction d’un moyen de pression bénin employé par certaines infirmières – le refus de porter une carte d’identité – sous le prétexte fallacieux que cela pouvait « mettre en danger la sécurité des patients ».

  • Le front commun intersyndical, qui représente 400 000 des 500 000 employés de l’État, a tenu sa quatrième journée de grève début décembre, mais cette fois-ci, elle concernait l’ensemble du Québec, non plus région par région.

    L’épreuve de force opposant le gouvernement Couillard et les syndicats représentant près d’un demi-million d’employés des secteurs public et parapublic s’est transporté dans les rues de Montréal, de Québec et d’autres villes de la province, mercredi, à l’occasion d’une journée de grève nationale qui a paralysé la plupart des écoles, des établissements de santé et des ministères.

    « C’est la plus grande grève nationale depuis 1972 dans le secteur public », a affirmé le président de la CSN, Jacques Létourneau, dans un point de presse donné à Montréal aux côtés de son homologue de la FTQ, Daniel Boyer, et de la porte-parole du Secrétariat intersyndical des services publics, Lucie Martineau.

    Le front commun n’avait pas renoncé à sa journée de grève, bien que des ententes de principe sectorielles aient été conclues, au cours des derniers jours, par ses syndicats membres représentant les employés du soutien scolaire, des fonctionnaires et ouvriers, ainsi que des professeurs de cégep.

    Les journées de grève et de mobilisation pourraient se poursuivre après le temps des Fêtes. Depuis lundi, les travailleurs de la santé du Saguenay-Lac-Saint-Jean passent au vote pour se doter d’un mandat de grève de 10 jours. Le résultat sera connu jeudi soir.

    Les syndicats affiliés à la FSSS-CSN se réunissent en assemblée générale afin de prendre connaissance du rapport des négociations en cours avec le gouvernement.

    En cas de grève, tous les services de santé de la région seront touchés : les six hôpitaux, les CLSC, les CHSLD, les centres jeunesse et les centres de réadaptation en déficience intellectuelle.

  • Au Canada, un exemple saisissant de manipulation de la question du terrorisme !!!

    Dans le cadre d’un verdict accablant, la juge de la Cour suprême de la Colombie-Britannique, Catherine Bruce, a statué la semaine dernière que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a contrevenu à la loi et a « fabriqué » un complot terroriste. Cette opération pour inciter à commettre un crime s’est déroulée sur plusieurs mois et s’est terminée par l’arrestation d’un couple de Vancouver qui a ensuite été condamné à la prison à vie.

    John Nuttal et Amanda Korody ont été arrêtés le 1er juillet 2013 et accusés d’avoir posé des bombes autour du Parlement de la Colombie-Britannique à Victoria.

    La juge Bruce a montré que le couple n’aurait jamais mené une telle action s’il n’avait pas été activement encouragé et pressuré par des taupes de la GRC. « Ce n’était pas un cas où la police tentait de perturber une entreprise criminelle en cours », a écrit Bruce dans son document de 210 pages. « Les crimes commis par les accusés ont plutôt été provoqués par la police et n’auraient pas eu lieu sans leur participation. Dans tous les cas, c’était un exemple manifeste de crime fabriqué par la police. »

    Des taupes de la police se faisant passer pour des islamistes extrémistes se sont liées d’amitié avec les deux membres du couple isolé, récemment convertis à l’islam, et les ont encouragé à passer à l’acte après qu’ils aient fait des déclarations pour dénoncer le massacre de musulmans dans les guerres menées par les États-Unis, et menacer de lancer une djihad et de mourir en martyrs pour l’Islam. Par la suite, la police a suggéré et a facilité le complot consistant à poser une bombe au parlement, ôtant des obstacles que les policiers ont eux-mêmes reconnu que Nuttall et Korody n’auraient pu surmonter à eux seuls. Les taupes sont allées jusqu’à les menacer lorsqu’ils paraissaient hésitants à aller de l’avant.

    La juge Bruce a estimé que l’« Opération Souvenir », qui a impliqué plus de 240 agents de la GRC et coûté 900 000$ en heures supplémentaires, violait le Code criminel et salissait l’image de la justice.

    La juge Bruce a décrit les affirmations de la police que Nuttall et Korody constituaient un grave danger pour la sécurité publique comme étant « plutôt grotesques ». Elle a ajouté : « J’estime que la GRC a facilité de façon consciente une activité terroriste en fournissant de l’argent et d’autres services aux accusés qui ont aidé et facilité les activités terroristes ».

    « Le spectre que les accusés soient condamnés à la prison à vie pour un crime que la police a fabriqué, en exploitant leurs faiblesses, en leur inculquant la peur d’être tués s’ils reculaient... est un affront à notre conception fondamentale de la justice. »

    La Couronne a annoncé qu’elle va faire appel du verdict de la juge Bruce.

  • Malgré le jugement de Bruce et l’annulation des peines de prison à vie pour les deux accusés, Nuttall et Korody ont été brutalement arrêtés de nouveau après quelques heures. Ils ont comparu devant un juge de la Cour provinciale le même jour que le verdict de Bruce et ont été contraints de signer des engagements à ne pas troubler la paix publique, un pouvoir draconien que l’État peut utiliser pour restreindre les activités de prétendus suspects terroristes même s’ils n’ont pas été trouvés coupables d’un crime. Nuttall et Korody ne pourront accéder à certains lieux, y compris le Parlement, des synagogues et des centres culturels juifs, ils ne pourront visiter certains sites web et ils devront régulièrement se rapporter à un agent de probation.

    Dans ses commentaires aux médias, l’avocat de la Couronne, Peter Eccles, a affirmé que le verdict de la juge Bruce nuirait aux efforts de la police pour traquer des gens soupçonnés de terrorisme et a tenté de faire un lien entre Nuttal et Korody et les récentes horribles attaques commises par des personnes agissant seules en Allemagne et en France, même si la Cour venait tout juste de statuer qu’il n’y avait aucune preuve que le couple avait l’intention de mener une telle attaque. Il a déclaré : « Comme nous l’avons vu dans les six dernières semaines, les personnes agissant seules sont sans aucun doute le plus grand défi auquel fait face la police ». Ce discours alarmiste ne mentionne pas que les individus qui mènent de telles attaques ont souvent été désorientés, aliénés et parfois radicalisés par les politiques agressives de guerre, de répression des réfugiés et d’attaques contre les droits démocratiques.

    Le pouvoir qu’a l’État d’utiliser des engagements à ne pas troubler la paix publique a été élargi avec la Loi C-51. Cette loi digne d’un État-policier a été rapidement adoptée au Parlement par l’ancien gouvernement conservateur, avec l’appui des Libéraux qui étaient dans l’opposition, après les attaques sur des membres des forces armées à Ottawa et St-Jean-Sur-Richelieu en octobre 2014 qui ont fait deux morts. Pour remplir sa promesse électorale, le gouvernement libéral de Justin Trudeau a promis de faire des changements superficiels à la loi, notamment en mettant sur pied un comité parlementaire de supervision, mais veut laisser intact le système d’engagements à ne pas troubler le paix publique.

    La condamnation de « terrorisme » prononcée contre Nuttall et Korody a été un élément important de la campagne de droite, antidémocratique, menée par l’élite politique et les médias l’an dernier pour forcer l’adoption de la loi C-51 au parlement sans le moindre débat public sérieux.

    Plus généralement, l’invocation constante de la menace « terroriste » est utilisée pour habituer la population à un assaut radical sur ses droits démocratiques fondamentaux, ainsi que pour légitimer l’implication de plus en plus importante du Canada dans des opérations militaires au Moyen-Orient en alliance avec les États-Unis.

  • Les travailleurs de la fonction publique s’abstiendront de travailler les soirs et les fins de semaine sauf pour assurer le maintien des services essentiels.

    Parmi les professionnels qui seront en grève dans la région, on retrouve, entre autres, des ingénieurs forestiers, des biologistes et des agents de développements économiques.

    « Ce qui va être affecté par la grève, c’est surtout la capacité des hauts dirigeants à faire fonctionner la machine. Vous savez que les mises à jour informatiques se font toujours le soir et la nuit. L’informatique prend beaucoup de place dans nos vies, mais elle en prend beaucoup aussi dans la vie du gouvernement. Donc, ça constitue des casse-tête importants pour plusieurs ministères et organismes. Il y a les attachés de communication qui doivent préparer des notes aux ministres avant qu’ils parlent aux journalistes », explique le président du SPGQ, Richard Perron.

    D’après Richard Perron, les négociations avec le Conseil du trésor sont présentement au point mort.

    Les membres de la SPGQ sont sans convention collective depuis le 31 mars 2015.

  • Un travailleur en grève qui faisait du piquetage face à l’usine de transformation du zinc CEZinc a été blessé après qu’un cadre de la compagnie l’eut heurté volontairement avec sa voiture mardi en début de soirée.

    L’accident est survenu au feu de circulation qui est placé devant l’usine CEZinc sur le boul Gérard-Cadieux à Salaberry-de-Valleyfield (Canada). Le gréviste manifestait avec une pancarte lorsqu’un conducteur a décidé de passer malgré la présence du travailleur devant la voiture.

    L’homme a subi des blessures aux jambes, mais sa vie ne serait pas en danger. Rapidement les policiers et les ambulanciers sont intervenus. Du côté de la Sûreté du Québec, la sergente Ann Mathieu confirme que les policiers sont intervenus pour une collision impliquant une voiture et un piéton, mais ne peut commenter la situation présentement.

  • Le premier ministre libéral du Québec, Philippe Couillard, a signifié clairement que son gouvernement agira rapidement pour mettre un terme à une possible grève dans l’industrie de la construction, qui compte 175.000 travailleurs.

    Évoquant de manière à peine voilée le recours à une loi spéciale, Couillard a déclaré : « Les activités de construction sont un aspect vital de notre économie au Québec. Comme premier ministre, je ne resterai pas les bras croisés devant un ralentissement des activités avec des conséquences économiques importantes sans agir. »

    Inquiète qu’une grève parmi les travailleurs de la construction, une section historiquement combative des travailleurs, puisse rapidement devenir le fer de lance d’un mouvement plus large de l’ensemble des travailleurs contre l’austérité capitaliste, la classe dirigeante québécoise est déterminée à tuer dans l’œuf toute rébellion de ces travailleurs. L’industrie de la construction représente 12 pour cent de l’économie québécoise.

    Les déclarations de Couillard sont survenues moins de 24 heures après que tous les secteurs de l’industrie (la construction résidentielle, le génie civil et la voirie, l’industriel ainsi que l’institutionnel et le commercial) ont voté à plus de 93% en faveur d’une grève, qui pourraient survenir dès le 22 ou le 24 mai. Tous les travailleurs de la construction sont affiliés à l’Alliance syndicale, un regroupement de plusieurs syndicats en construction.

    Les travailleurs de la construction, qui ont déjà fait d’importantes concessions au niveau des salaires et des conditions de travail en 2013-2014, s’opposent aux exigences du patronat, qui réclame « des gains de flexibilité et de productivité ». Parmi les demandes patronales, on trouve le paiement des cinq premières heures supplémentaires à temps et demi plutôt qu’à temps double et la possibilité de faire travailler les ouvriers à temps simple le samedi en cas de journée perdue par le mauvais temps au cours de la semaine.

    Malgré leurs critiques verbales, les chefs syndicaux n’ont aucune intention de défendre les acquis de leurs membres ni de faire d’une grève le catalyseur d’un plus vaste mouvement de la classe ouvrière en défense des salaires et des emplois.

    La Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), qui regroupe plus de 600.000 membres et à laquelle une importante partie des travailleurs en construction est affiliée, ne donne aucun détail des demandes syndicales. Mais plus significativement encore, l’Alliance syndicale n’a pas réagi aux propos de Couillard pour une loi spéciale.

    Ce silence indique que, comme lors des dernières négociations collectives, les syndicats de la construction s’apprêtent à utiliser la menace d’un décret pour justifier leur capitulation et imposer les demandes du patronat.

    C’est précisément ce que la bureaucratie syndicale a fait en 2015-2016 avec plus d’un demi-million de travailleurs du secteur public qui luttaient contre l’austérité imposée dans les dernières décennies et les conséquences désastreuses sur la qualité des services publics et les conditions de travail. Après avoir maintenu un silence radio pendant des mois sur la possibilité d’une loi spéciale, les syndicats l’ont utilisée à la dernière minute pour forcer leurs membres à accepter les ententes au rabais.

  • Les 175 000 travailleurs de la construction et les 1400 ingénieurs du gouvernement sont en voie de faire la grève à compter de mercredi.

    La ministre du Travail du Québec, Dominique Vien, somme les représentants patronaux et syndicaux d’en arriver à une entente négociée dès ce soir, à défaut de quoi elle menace de recourir rapidement à une loi spéciale antigrève.

  • Le gouvernement du Québec est encore une fois en train de criminaliser une grève des travailleurs de la construction. L’Assemblée nationale se rencontre ce matin pour adopter une loi d’ « urgence » qui enlève aux 175 000 travailleurs syndiqués de la construction leur droit de faire grève et qui les menace de sanctions sévères s’ils ne retournent pas immédiatement au travail.

    En 2013, le gouvernement du Parti québécois avait rendu illégale une grève de 75 000 travailleurs de la construction. Cette fois, c’est le rival fédéraliste du PQ, les libéraux du premier ministre Philippe Couillard, qui donnent leur appui aux patrons de la construction dans leur tentative d’imposer des reculs majeurs, incluant des horaires « flexibles » et des coupes dans le paiement des heures supplémentaires.

    Les travailleurs de la construction sont la cible immédiate de la loi anti-grève des libéraux. Mais c’est toute la classe ouvrière qui est sous attaque. Au Québec, comme partout au Canada et dans le monde, la grande entreprise et l’establishment politique poursuivent un programme de guerre de classe : l’austérité et la guerre. Pendant que la grande entreprise demande sans cesse plus de concessions et des accélérations de cadence, leurs larbins politiques s’affairent à démanteler les services publics vitaux, comme la santé et l’éducation, et à sabrer les retraites et les prestations de chômage.

    Et, quand les travailleurs résistent, leurs grèves sont rendues illégales ou, comme dans le cas de la grève étudiante de 2012, la police anti-émeute est déployée contre eux. Les gouvernements fédéraux et provinciaux, peu importe leur couleur, ont adopté une série de lois anti-grèves – y compris contre les travailleurs de Postes Canada, d’Air Canada, de CP Rail, du transport en commun de Toronto ainsi que les professeurs de l’Ontario et de la Colombie-Britannique. En pratique, la classe dirigeante canadienne a répudié et aboli le plus élémentaire des droits des travailleurs, le droit de faire la grève.

  • L’extrême droite tient le pavé au Canada.

    Lire ici

  • La police de Québec a déclaré la manifestation, qui est en cours à la haute-ville, près du parc de la Francophonie, d’illégale.

    De plus, l’anti-émeute est déployé et plusieurs projectiles, dont des pièces pyrotechniques, ont été lancés envers les policiers.

    Le SPVQ a déclaré à l’aide d’un porte-voix que "Cette manifestation est déclarée illégale, car des actes de violence ou de vandalisme ont été commis" Le Service de police a donc demandé à tous ceux et celles qui sont sur place doivent de se disperser immédiatement.

  • La Société de transport de Lévis pourrait ainsi vivre la première grève générale de son histoire, dès le 28 août, à 5 h du matin.

    Après une trentaine de rencontres infructueuses, le président du syndicat des chauffeurs d’autobus de la Rive-Sud mentionne qu’une décision devrait être prise au plus tard mercredi soir.

    Les deux parties ont eu une rencontre lundi et deux autres sont prévues, qui doivent avoir lieu mardi et mercredi.

    « Si on ne s’entend pas mercredi soir, il n’y aura pas d’entente. On n’a jamais fait la grève de notre vie, mais, sur le plan financier, on peut tenir au même salaire pendant des mois. On peut tenir très longtemps » indique-t-il.

  • Pearson ground crew strike continues after union votes 98% against Swissport contract offer.
    The union representing some 700 baggage handlers, cabin cleaners and other ground crew has voted overwhelmingly against a contract offer by Swissport, meaning workers won’t be ending their work stoppage, which has gone on four weeks already.

    Teamsters Local 419 says 98 per cent of its members voted to reject the deal.

    "Swissport’s new offer was almost identical to what our members rejected in the first place," explained Harjinder Badial, vice-president of the local, in a statement Wednesday night.

    "The fact that the company is still refusing to address the issues that led to a strike is a slap in the face for our members and travellers at Pearson."

    The company is still attempting to impose a three-year wage freeze on the majority of its workers, cut benefits, and gain the right to change schedules on short notice, said the statement.

  • Workers at the Hotel Grand Pacific on Victoria’s Inner Harbour have voted 85 per cent in favour of a strike if they don’t have a deal in place by the end of this month.

    “Other hotels in B.C. have signed onto a pattern agreement, but the Hotel Grand Pacific refuses to join the norm,” said Jerry Dias, Unifor national president. “Local 114 members deserve what other hotel workers have achieved, so the Grand Pacific is risking a major customer service interruption to buck the trend.”

    The existing contract covers about 150 workers in housekeeping, culinary, groundskeeping, serving, guest relations, maintenance, and engineering.

    That deal expires Sept. 1.

    Hotel general manager Reid James said he wasn’t all that concerned about the state of negotiations, which he pointed out continue this week with a mediator.

    “We met with the union in June for a couple of days and we really didn’t get far into the collective agreement as they were bargaining with hotels in Vancouver at the same time,” he said.

    The union appears to be dangling a disruption over the Labour Day long weekend as an incentive to get a deal done.

  • Une semaine de grève à la mine d’IOC, à Labrador City (Sept-Îles)

    Plus de 1000 travailleurs sont en grève.

    La grève des travailleurs de la mine d’Iron Ore Company, à Labrador City, dure depuis maintenant plus d’une semaine. Ils ont débrayé après avoir voté à 92 % en faveur d’une grève, la semaine dernière.

    Ils ont dû braver une température de moins 30 degrés jeudi, et ils doivent s’ajuster à vivre avec une paie de grève bien inférieure à leur salaire habituel.

    Ils touchent 350 $ par semaine et leur moral commence à être mis à rude épreuve.

    « C’est probablement la pire journée jusqu’à maintenant, disait jeudi le gréviste Peter Dunn. Mais tout le monde s’est présenté et la solidarité règne. »

    Malgré le froid, les grévistes sont tenaces.

    « Je refuse de croire que nous perdons notre temps ici à geler, disait la gréviste, Nora King. C’est ce qu’il faut faire pour obtenir ce que nous devons obtenir. »

    Steve Baker a déjà vécu une grève de 16 semaines à la mine Wabush.

    « On a tous des paiements à faire, on a tous des factures, dit-il, mais on va survivre. »

  • Quelque 3000 chefs de train et ingénieurs de locomotive qui travaillent pour le Canadien Pacifique, membres du syndicat des Teamsters, ont voté pour la grève à 95%.

    Le principal point en litige vient des exigences de l’entreprise en matière de disponibilité des ingénieurs de locomotive et chefs de train, ce qui entraînerait beaucoup de fatigue, voire d’épuisement, a expliqué M. Monette. Plusieurs griefs ont été déposés en la matière. Le syndicat revendique donc des horaires plus flexibles et prévisibles.

    « CP exige que les travailleurs soient disponibles 24 heures sur 24, sept jours sur sept et les pousse souvent à travailler bien au-delà de leur point d’épuisement. Concrètement, on parle de travailleurs qui seraient en train d’opérer des trains alors qu’ils sont debout depuis 18, 19, voire 20 heures. Et c’est très dangereux », a illustré M. Monette.

  • Les chauffeurs d’autobus scolaires de Chicoutimi et des environs ont voté à 100 % pour un mandat de grève générale illimitée. Ils refusent de consentir à une baisse de salaire de 10 % puisqu’ils estiment que l’employeur a toujours une marge de manoeuvre. Ce vote de grève vise aussi à faire pression sur le gouvernement. Les syndiqués demandent à Québec des enveloppes dédiées, fermées et bonifiées pour le transport scolaire. « On ne sera pas tout seul, jusqu’au 27 avril, d’autres syndicats vont voter pour ces mandats-là et ça se peut que ce soit tout le monde ensemble qu’on aille vers une grève », note Michel Gauthier.

    La soixantaine d’employés d’Intercar à Jonquière, qui ont quant à eux manifesté la semaine dernière, tiendront un vote de grève générale illimité la semaine prochaine. Les chauffeurs d’autobus scolaires ont tenu des virées jaunes un peu partout au Québec, lundi. Dans la région, une centaine d’autobus ont sillonné les rues de Chicoutimi, Jonquière et Alma dans le cadre de cette manifestation organisée par la CSN.

    Cette initiative vise à dénoncer les conditions de travail dans le transport scolaire et à réclamer du gouvernement qu’il en améliore le financement.

    La grève générale des autobus scolaire plane...

  • Des centaines d’infirmières et d’infirmiers se sont rassemblés au centre-ville de Vancouver, jeudi, pour demander d’être protégés contre la violence dans leur milieu de travail.

    Le Syndicat des infirmières et des infirmiers de la Colombie-Britannique s’inquiète de l’augmentation du nombre de blessures physiques et psychologiques que le personnel infirmier subit dans les hôpitaux.

    « La violence dans le milieu de la santé est inacceptable, déclare Christine Sorensen, présidente du syndicat. Cela ne fait pas partie du travail des infirmières, mais elles vivent cela tous les jours. »

    En avril, le ministère du Travail a permis que, pour certains corps de métiers, les cas de trouble de stress post-traumatique soient d’emblée reconnus comme liés à leur travail. Les pompiers, les policiers, les ambulanciers, les shérifs et les agents de correction sont concernés par ce changement. Pas les personnels de santé !!!

  • L’idée stratégique géniale de la grève perlée n’est pas utilisée partout dans le monde !!!

    Une grève générale illimitée a été déclenchée mardi soir par les 3000 chefs de train et mécaniciens du Canadien Pacifique dans l’ensemble du pays. Mais les syndicats canadiens se sont arrangés pour qu’elle ne touche que les trains de marchandises, que le réseau du Canadien Pacifique et même pas en entier puisque les 360 agents d’entretien de la signalisation du Canadien Pacifique, qui s’occupent notamment des passages à niveau, n’y sont pas appelés.

    Les trains de passagers ne sont pas affectés, que ce soit à Montréal, Vancouver ou Toronto.

    Pour éviter toute généralisation des grèves, les syndicats de l’électricité ont annulé la grève générale illimitée prévue...

    En France, les syndicats n’estiment plus la grève générale illimitée !!!

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